Dictionnaire de théologie catholique/VARLET Dominique-Marie

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 503).

VARLET Dominique-Marie, évêque de Babylone, et l’un des responsables du schisme d’Utrecht (1678-1742). — On a exposé, ci-dessus, col. 2402 sq. dans quelles conditions ce personnage, certainement un peu bizarre, fut appelé à prêter son concours à l’établissement définitif du schisme de Hollande. On marquera simplement ici son curriculum vitse et sa production littéraire.

Né à Paris, le 15 mars 1678, il fut pieusement élevé et grandit sous l’influence des ermites du Mont-Valérien, non loin desquels son père s’était retiré. Il entre ensuite au séminaire Saint-Magloire, tenu par les oratoriens ; en 1706, il est ordonné prêtre, la même année il prend le bonnet de docteur ; puis quelque temps plus tard reçoit la cure de Conflans-Charenton. Il n’y resta pas longtemps ; s’étant lié aux Messieurs des missions étrangères, il fut séduit par l’idée missionnaire, passa en Amérique, où depuis 17Il il travailla dans la Louisiane, alors soumise à l’influence française et finit par devenir grand vicaire de Québec, ce qui lui donnait juridiction depuis la région des Grands-Lacs jusqu’au Golfe du Mexique. C’est à Québec, où il était allé se reposer, qu’il reçut un bref de Clément XI, en date du 17 septembre 1718, le nommant évêque titulaire d’Ascalon et coadjuteur de Mgr Pidou de Saint-Olon, évêque de Babylone ; il devait se faire sacrer incognito et se hâter de rejoindre l’Orient. C’est ainsi qu’il reçut l’épiscopat, le 19 février 1719, dans la chapelle basse des Missions étrangères à Paris, Massillon était l’un des prélats consécrateurs. L’accès de l’Orient par la Méditerranée n’étant pas facile, Varlet se dirigea vers Amsterdam pour arriver à son poste en passant par la Russie. Lors de son bref séjour en Hollande, on l’apitoya sur le sort des malheureux catholiques hollandais, depuis si longtemps privés d’évêques, et Varlet, qui n’avait aucune juridiction en ces terres, distribua le sacrement de confirmation. Puis d’Amsterdam se dirigeant vers Pétcrsbourg, où il était fin mai 1719, il rejoignit la Volga, qu’il descendit en bateau jusqu’à Astrakhan sur la Caspienne. Le 1 er novembre 1719, il était à Schamaké, première ville de la Perse, où il devait attendre l’autorisation du shah, pour gagner Hamadan, résidence de l’évêque de Babylone. Il fut rejoint au contraire par un message de la Propagande, transmis par l’évêque d’Ispahan, lui apprenant qu’il était suspens de tout exercice d’ordre et de juridiction. A Rome on avait appris ses interventions épiscopales en Hollande, on s’était renseigné sur ses sentiments, qui n’étaient certes pas favorables à la bulle Unigenitus ; d’où la décision prise. Un instant incertain de ce qu’il devait faire, Varlet se décida à rentrer en Hollande par la même voie qui l’avait amené et s’intalla à Amsterdam. Innocent XIII venait de remplacer Clément XI, Varlet tenta de l’instruire, lui et la Propagande, des « irrégularités commises à son égard ». N’ayant pas été écouté, il en appela de ce « déni de justice », en même temps qu’il faisait un solennel appel de la bulle l’niqenitus au futur concile général, 15 février 1723. Il achevait ainsi de se classer parmi les jansénistes en révolte contre le Saint-Siège. Rien d’étonnant dès lors que l’Église d’Utrecht, qui s’orientait de plus en plus dans le sens du schisme déclaré, ait fait appel à lui pour avoir un évêque. C’est ainsi que Varlet fut amené à sacrer Steenoven le 15 octobre 1724, et ultérieurement trois autres archevêques ; cf. col. 2404, 2406, 2407. Sans avoir jamais aucune situation officielle dans l’Église d’Utrecht, il vivra à Amsterdam jusqu’en 1727. Des démarches furent faites par le marquis de Fénelon, ambassadeur de France en Hollande et par l’ambassadeur du Portugal, pour le ramener à l’Église romaine. Elles échouèrent devant son entêtement. Vers la fin de sa vie, il se retira à Rhinwyck où étaient réfugiés les religieux français d’Orval. C’est là qu’il mourut le 14 mai 1742 ; il fut enterré avec les honneurs dus à son rang dans l’église Sainte-Marie d’Utrecht.

La production littéraire de Varlet est toute de circonstance : d’abord les deux Apologies, où il justifie sa conduite dans l’affaire du sacre, l’une parue en 1724, la seconde en 1727 ; elles ont été réunies en un vol. in-4° de 700 p., Amsterdam, 1727. — Lettre à M. l’évêque de Seriez (Soanen), au sujet du concile d’Embrun (tenu en 1727 pour juger Soanen, voir ici t. xiv, col. 2267). — Lettre à un missionnaire du Tonquin sur la Constitution, les miracles, les devoirs d’un missionnaire, 1735. — Lettre sur les erreurs avancées dans quelques nouveaux écrits et en particulier dans les noies du P. Le Courrayer sur l’histoire du concile de Trente (cf. ici t. ix, col. 115) ; Varlet s’y associe aux critiques des évêques de Senez et de Montpellier. — Lettre à M. l’évêque de Senez, en réponse à la lettre qu’il lui avait adressée sur les miracles (du diacre Paris), on sait que Soanen avait pleine foi dans les prétendus miracles opérés à Saint-Médard, Varlet ne partageait pas cette confiance. — Lettre à M. l’évêque de Montpellier sur l’ordonnance de M. l’archevêque de Paris du 8 novembre 1735.

Moréri, Le grand dictionnaire, éd. de 1759, t. x, p. 481 ; Michaud, Biographie universelle, t. xlii, p. 649.

É. Amann.