Dictionnaire de théologie catholique/UTRECHT (ÉGLISE D') XVI. Les transformations de l'Église d'Utrecht

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 450-453).

XVI. Les transformations de l'Église d’Utrecht.

Depuis 1870, l'Église d’Utrecht a donc pris une position internationale, car depuis cette époque, elle est devenue le refuge (le tous ceux qui sont opposés à l’infaillibilité pontificale ; les protestants eux-mêmes s’intéressent de plus en plus à cette petite Église qui évolue dans leur direction. Cette évolution est favorisée par les vieux catholiques, avec lesquels l'Église d’Utrecht a des rapports étroits.

Elle s’est manifestée d’abord dans la liturgie. En cela l'Église d’Utrecht est restée ndèle à la tradition de l’oit Royal. Beaucoup de ces Messieurs furent des traducteurs de la Bible et des offices liturgiques ; il sullil (le citer les propositions 83, 84, 85 et 86 de Quesnel pour constater une tendance 1res accentuée

vers la lecture de la Bible et la célébration des offices

en langue vulgaire. Depuis longtemps déjà, l'Église d’Utrecht avait traduit en langue vulgaire une partie 2431

UTRECHT (ÉGLISE D'). SES TRANSFORMATIONS

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du rituel, et, eu certaines régions, on célébrait les offices en hollandais. Une commission fut nommée pour régler cette réforme. En 1887, Heykamp permit au curé de Nordstram de célébrer la messe dans la langue du pays et cette réforme commença aussitôt à se répandre. Au congrès de 1895, l’archevêque d’Utrecht, van Gui, parlant au nom de ses sulïragants et de son clergé, exprima le vœu que les ollices liturgiques fussent célébrés en langue vulgaire et une commission fut nommée pour réaliser ce vœu. En 1899, Mgr Sjit, évêque de Deventer, célébra la messe en hollandais, à l’occasion d’une cérémonie de confirmation à Rotterdam : il avait composé et fait imprimer lui-même cette traduction, dont quelques parties s’inspirent nettement du protestantisme. Les prières habituelles sont conservées au début de la messe ; mais au Conflteor, les mots toujours Vierge sont supprimés. La prière du prêtre, quand il baise l’autel, est traduite : Nous vous prions avec vos saints, afin que vous pardonniez nos péchés. On supprime « les mérites des saints dont les reliques sont ici ». La croyance à la virginité de la sainte Vierge, le culte des reliques et la réversibilité des mérites semblent exclus. Le Kyrie eleison est également traduit en hollandais.

Dans la prière Suscipe, sancte Pater, tandis que le prêtre prie pro omnibus fidelibus christianis, Mgr Sjit traduit : « Je vous offre le sacrifice pour tous ceux qui croient au Christ. » Au canon de la messe, les noms des pontifes et des martyrs romains sont remplacés par les noms de saints nationaux : Willibrord, Boniface, Grégoire, Bavo, Lehninus. Au Nobis quoque peccatoribus, tous les noms des saints sont supprimés. Cependant le nom du pape est conservé au canon.

D’autres messes ont été traduites, mais ces traductions n’ont pas le caractère officiel. Le Il novembre 1900, pour la première fois, semble-t-il, lors d’une ordination sacerdotale, et le 22 avril 1906, lors de la consécration épiscopale de Mgr van Thiel comme évêque de Haarlem par Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, les prières liturgiques furent dites en hollandais. En 1909, Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, Mgr Thiel, évêque de Haarlem et Mgr Sjit, évêque de Deventer, publièrent une lettre collective qui présentait la réforme liturgique comme facultative ; mais ils désiraient la voir se répandre dans leurs diocèses. En 1909-1910, un missel et un vespéral furent édités en hollandais. Dans le missel, on supprime le graduel, V Alléluia, le trait, les antiennes de l’offertoire et de la communion. Après le Nobis quoque peccatoribus, la phrase per quem omnia est supprimée, ainsi que Hœc commixtio avant l’Agnus Dei. On ne mentionne plus le pape au canon, et au Credo le Filioque est supprimé.

La communion sous les deux espèces, existe dans la plupart des églises des vieux-catholiques, afin de restaurer la pratique ancienne, conservée dans les Églises orientales, même dans celles qui sont unies à Rome ; l'Église d’Utrecht ne l’a pas encore adoptée û'une manière générale. Au sujet de la communion elle-même, il y a quelque désaccord. Dans une réunion sacerdotale du 15 mai 1889, certains membres firent remarquer que de grands saints ne communiaient que rarement, pas même une fois l’an ; ainsi le saint diacre Paris resta deux ans sans communier. Les règles adoptées par le IVe concile du Latran, d’après Fleury, étaient dirigées contre les albigeois et le concile de Trente se borna à donner des conseils. D’autre part, Mgr Sjit, dans sa traduction de la messe en 1899, dit que les assistants, pour participer entièrement au sacrifice, devraient tous communier. En fait, les fidèles communient à Pâques ; quelquesuns communient aux principales fêtes, mais les curés n’insistent pas sur l’obligation de communier. Eux mêmes célèbrent la messe le dimanche ; quelques-uns seulement célèbrent la messe une ou deux fois dans la semaine.

La question du célibat ecclésiastique est restée longtemps indécise. Les Églises orientales, même celles qui sont unies à Rome, les Églises orthodoxe et russe admettent l’usage du mariage pour les prêtres mariés avant l’ordination ; et, en fait, la plupart de leurs prêtres sont mariés. Les Églises anciennes-catholiques d’Allemagne et de Suisse ont accordé aux prêtres la liberté de se marier. L'Église d’Utrecht a longtemps maintenu l’obligation du célibat sacerdotal, mais ses relations avec les vieux-catholiques l’ont amenée peu à peu à modifier ses traditions. Van Thiel, alors président du séminaire d’Amersfoort, devenu évêque d’Haarlem en 1906, vint en 1903 à Paris, comme délégué de l’archevêque d’Utrecht, pour prendre possession de l'église vieille-catholique de Paris. Dans son discours, il parla du célibat des prêtres et il dit : « Il n’est pas permis à un prêtre de se marier et de garder ses fonctions ecclésiastiques. Cependant c’est à l’autorité légitime de juger si les circonstances ne permettent pas à un prêtre de contracter mariage et d’exercer en même temps son ministère sacré. Notre-Seigneur n’a pas vii, dans le mariage un obstacle à l’apostolat… Le célibat eccléciastique est une vieille coutume de discipline que l’autorité compétente seule peut changer. »

M. Berends, alors curé de La Haye, qui devint évêque de Deventer en 1929, bénit, en 1903, le mariage de son collègue M. Metelbeck, curé vieux-catholique de Cullembourg ; mais celui-ci, devant les protestations des fidèles de sa paroisse, dut donner sa démission et il entra dans le commerce. Le 25 octobrt 1903, M. Wijker, curé d’Oudwater, dans une conférence faite à Utrecht sur les réformes désirables, condamna le célibat des prêtres, et souleva les applaudissements de son auditoire. Le 28 avril 1908, Mgr Gui, archevêque d’Utrecht, dans l'église Sainte-Gertrude d’Utrecht, avec l’assentiment de ses deux collègues de Haarlem et de Deventer et l'évêque vieux-catholique de Bonn, donna la consécration épiscopale à un prêtre anglais marié, Harris-Arnold Mathev. Celui-ci a lui-même consacré deux prêtres mariés, HerbertIgnace Beale et Arthur-Guillaume Howart, du clergé de Nottingham ; il fit connaître cette double consécration épiscopale au pape Pie X, qui, par le bref Gravi jamdiu scandalo du Il février 1911, excommunia le consécrateur et les deux consacrés et les déclara vitandi.

Cependant à Utrecht, la question de droit fait des progrès. Au séminaire d’Amersfoort, on enseigne positivement que les prêtres peuvent se marier, mais alors ils ne peuvent continuer leur ministère ; le docteur Johan Richterich, dans la Revue internationale de théologie, t. xvi, 1918, p. 740-757, et t. xvii, 1919, p. 2853, s’applique à montrer que le mariage des prêtres est une simple question de discipline, qui restaure l’ancienne coutume de l'Église. Enfin la lettre collective des évêques de Hollande, publiée dans le OudKatholiek du 18 novembre 1922, après des considérations générales sur le célibat des prêtres, « dont saint Paul peut être regardé comme partisan », conclut : « Après mûre réflexion, nous avons décidé de ne plus exiger le célibat de nos prêtres en fonction ; nous leur donnons la liberté d’agir en ce cas d’après l’inspiration de leur conscience ; à partir du moment où cette lettre parviendra à leur connaissance, la loi du célibat devra être regardée comme suspendue… Nous nous réservons de fixer les conditions auxquelles les prêtres devront satisfaire afin de pouvoir contracter mariage. » Documentation catholique du 10 février 1923, col. 338-339. 2433 UTRECHT (ÉGLISE D'). LES « CONGRÈS INTERNATIONAUX

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XVII. La conférence d’Utrecht et les congrès internationaux. —

Depuis que les vieux-catholiques, pour avoir un épiscopat, avaient fait appel à l'Église d’Utrecht, celle-ci était entraînée dans un mouvement irrésistible par ses alliés, plus hardis et plus actifs : on y a sensiblement modifié quelques points de la discipline que l’on avait jusque-là conservés ; d’ailleurs les évêques hollandais savent que, si le dogme est immuable, la discipline peut changer, pour des raisons graves ; et c’est pourquoi ils n’avaient pas été choqués de ces innovations, dont quelquesunes avaient été assez vite adoptées. Ces changements n'étaient donc pas un obstacle à l’union, qui doit conserver l’unité dans les choses nécessaires, mais admettre la variété dans les choses douteuses et la charité en tout et pour tout.

En 1889, l’archevêque d’Utrecht, Heykamp, convoqua à Utrecht, pour une conférence, ses deux suffragants de Deventer et d’Haarlem et les deux évêques vieux-catholiques, Reinkens et Herzog, avec les principaux théologiens des deux partis.

Cette conférence se tint le 24 septembre 1889, sous la présidence de l’archevêque d’Utrecht ; elle avait pour but de constater et de sceller l’union des Églises d’Utrecht avec les Églises vieilles-catholiques de Suisse et d’Allemagne ; elle décida que des « congrès internationaux » auraient lieu de temps à autre ; désormais, la communion ecclésiastique serait pleine et entière, de sorte que le clergé d’un diocèse pourrait passer dans un autre et les évêques ne pourraient conclure d’accords avec d’autres, sans en avoir d’abord conféré avec leurs confrères. Les prélats réunis rédigèrent une proclamation collective à l'Église universelle, pour résumer les principes religieux, qui, disent-ils, « nous ont servi et nous serviront toujours dans notre ligne de conduite : 1° Nous avons tenu fermement à ce dogme vieux-catholique que Vincent de Lérins a exprimé en ces termes : id teneamus quod u bique., quod semper, quod ab omnibus creditum est ; hoc est enim vere proprieque catholicum. Nous persistons dans la foi de l'Église primitive, telle que les symboles l’expriment et telle qu’elle fut énoncée dans les dogmes reconnus par les synodes œcuméniques des premiers siècles. — 2° Nous repoussons les décrets du Vatican, promulgués le 18 juillet 1870, sur l’infaillibilité et l'épiscopat universel. Ces décrets qui proclament l’omnipotence spirituelle du pape de Rome sont en contradiction flagrante avec les croyances de l'Église primitive et bouleversent l’ancienne constitution canonique. Cela ne nous empêche pas de reconnaître la primauté historique, titre que plusieurs conciles oecuméniques et des Pères ont décerné à l'évoque de Home, lorsqu’ils l’appellent, avec l’asgentiment de l'Église entière, primas inter pures..i" Nous rejetons aussi le dogme de l’immaculée-conception, établi depuis 1854, par le pape l’ie IX, au mépris des s ; i j ti t es Écritures, et contrairement à la tradition des premiers siècles. — 4° Nous répudions encore toutes les doctrines romaines récentes. 1rs bulles Unigenitus, Auctorem fidei, le Syllabus de 1864, etc., en tard qu’elles dérogent au dogme de l'Église primitive. Nous ne les reconnaissons pas Comme règles de conduite. Nous renouvelons, en outre, toutes les anciennes protestations de l'Église catholique de Hollande contre Home. 5° Nous réfutons les décrets du concile de Trente en matière de discipline et nous n' acceptons les autres que s’ils sont en harmonie avec la doctrine de l'Église primitive. — Considérant que l’eucharistie est la base fondamentale de l’office divin, notre devoir est de déclarer que nous prenons, sous les espèces du pain et du viii, le corps et le sang de Jésus-Christ et que nous voulons conserver aussi fidèlement et intégralement la pure

croyance catholique sur ce sacrement. La célébration eucharistique dans l'Église n’est point une répétition continuelle, un renouvellement du sacrifice expiatoire que Jésus-Christ a offert sur la croix. Non, ce sacrifice a été accompli une fois pour toutes. Le caractère de la cérémonie réside avant tout dans la mémoire du sacrifice qu’elle perpétue. C’est une représentation terrestre et tangible du sacrifice que JésusChrist continue de faire au ciel pour le salut du genre humain, alors qu’il comparaît pour nous devant la face de son Père. Telle est notre conception du sacrifice de l’eucharistie relativement à l’immolation piaculaire de Jésus. — 7° Nous espérons qu’en se tenant fermes aux croyances de l'Église primitive, les chrétiens réussiront à provoquer une entente sur les controverses qui ont amené les schismes. --8° C’est par notre inébranlable attachement au dogme de Jésus-Christ, par notre refus de souscrire aux erreurs qu’y a introduites la spéculation humaine, par notre résistance aux abus religieux et aux ambitions cléricales que nous croyons pouvoir réagir le plus efficacement contre les deux grands maux de l'époque : l’incrédulité et l’indifférence religieuse ».

Conformément à la décision prise le 24 septembre 1889, un premier congrès international se tint à Cologne du Il au 14 septembre 1890 ; les trois évêques hollandais y assistèrent avec les deux évêques vieuxcatholiques : Reinkens et Herzog. L’archevêque Heykamp, qui avait présidé ce congrès, mourut le 8 janvier 1892. Gérard Gui, curé d’Hilversum, fut élu par le chapitre et sacré le Il mai 1892 par Gaspard Rinkel, évêque d’Haarlem, assisté de Reinkens et d’Herzog. Gui assista au second congrès international (13-15 septembre 1892) à Lucerne. Cette fois, les trois évêques anglicans de Dublin, Salisbury et Worcester et un évêque grec, Nicéphore Calogeras, furent présents ; on aborda la question de l’union des Églises. Le général russe Kirieff, qui devait souvent intervenir dans les congrès, insista sur le rôle capital que devaient jouer les anciens-catholiques pour l’union des Églises, car les doctrines religieuses qu’ils professent sont regardées comme exactes, au témoignage de nombreux théologiens russes. C’est à ce congrès que fut décidée la fondation de la Revue internationale de théologie, dont le but serait de répandre les principes et la doctrine de l'Église ancienne-catholique et de faciliter la réunion de toutes les Églises chrétiennes. Elle parut en janvier 1893 et, d’après son fondateur, le professeur Michaud, elle resta toujours fidèle à ce programme (Rev. intern. de théol, de 1907, p. 593-602). Elle s’applique constamment à montrer que le concile du Vatican ne fut, à aucun moment, vraiment œcuménique et que l’infaillibilité pontificale est un faux dogme ; c’est pourquoi aucun accord n’est possible avec les catholiques romains « tant que les faux dogmes définis par la papauté ou sous la pression de la papauté seront maintenus ». Les désirs du congrès eurent quelque écho à l’extérieur. Le 22 octobre 1892, à la 4' séance de la Société des amis de l’instruction religieuse, le professeur Ossinini se réjouissait des

rapports de l'Église russe avec les vieux-catholiques

qui les invitaient i à un travail Ihéologique de la plus haute importance : voir, dans nos croyances, ce qui fait partie du dépôt de la foi obligatoire de l'Église universelle et ce qui n’a qu’une importance locale et temporaire et n’appartient qu'à l'Église locale de Russie. Il faut faire un triage pour séparer le bon grain de l’ivraie… i

Après la mort de Dipendaal. éveque de Deventer. le 22 novembre 1893, l’archevêque Gui consacra Nicolas Barthélémy Splt, cure de Saint Pierre et Saint-Paul à Rotterdam, le 30 mai 1894. Le troisième congrès se Uni a Rotterdam, du 28 au 30 août 1894, sous la

présidence de Jean Thicl, alors supérieur du séminaire d’Amersfoort. Des discours importants sur l’union des Églises furent prononcés par Thiel, par le Russe Yanscheffe et le Suisse Weber. Revue internationale de théologie de 1895, t. ni. p. 797-826.

I.e quatrième congrès, cjui se tint à Vienne (.'il août2 septembre 1.S97) et' auquel assistaient Gui et van Thiel. constata l'échec de toutes les tentatives d’union avec Rome et souligna les dangers de l’ultramontanisme avec la nécessité urgente de défendre les droits des Églises nationales. On encouragea les Tchèques et les Slaves de Bohême à fonder des Églises nationales, indépendantes de Rome et on réprouva la condamnation de la philosophie de Gunther par Pie IX. Revue internationale, t. vi, 1898, p. 219-220. Quelques jours après la clôture du congrès, le 24 septembre 1897, Gui, Herzog, Spit et Weber adressèrent une lettre collective aux prêtres et aux fidèles des Églises anciennescatholiques, unies par la conférence d’Utrecht, pour leur annoncer la constitution, aux États-Unis, d’un diocèse ancien-catholique, parmi les Polonais, sous le titre de diocèse de Chicago. Antoine-Stanislas Kozlowski fut consacré évêque de ce diocèse, le 21 novembre 1897, par Herzog, assisté de Spit et de Weber. D’autre part, les trois évêques hollandais, en 1900, adressèrent aux Églises anciennes-catholiques une lettre pastorale pour rappeler l’origine et l’utilité du carême.

Le cinquième congrès réuni à Bonn (5-8 août 1902) n’aborda aucune question brûlante et se contenta de souhaiter l’union des Églises. Après ce congrès, les contacts entre l'Église d’Utrecht, les vieux-catholiques et les orthodoxes d’Orient devinrent plus fréquents et provoquèrent des discussions plus vives dont on trouve les échos dans la Revue internationale de 1903 et 1904 : quelques orthodoxes reprochant aux vieux-catholiques d’avoir adhéré à l’erreur jusqu’en 1870, c’est-à-dire, jusqu’au moment où ils se séparèrent formellement de Rome. Par conséquent, jusqu'à cette date, seule, l'Église d’Orient avait gardé intact le dépôt de la foi.

Le sixième congrès tenu à Olten (l er -4 septembre 1904) ne provoqua qu’un petit incident liturgique : Mgr Brant, évêque de l'Église épiscopalienne d’Amérique, assista au chœur, avec les ornements épiscopaux. Le septième congrès, à La Haye (3-5 septembre 1907) adressa un appel pressant aux catholiques libéraux, restés attachés à l'Église romaine, « qui croient encore à la chimère d’une réforme favorable au sein de l'Église catholique, avec le concours et sous la juridiction du pape. Le nouveau Syllabus, l’encyclique Paseendi, devraient les éclairer. Il faut agir de l’extérieur et organiser, malgré la hiérarchie, qui est aveugle, une action religieuse active ». Revue internationale, t. xv, 1907, p. 714-716. L'évêque polonais, Kozlowski étant mort le 14 janvier 1907, le congrès approuva l'élection de son successeur, François Hodur, qui vint au congrès et fut sacré le 29 septembre 1907, par l’archevêque d’Utrecht, Gui, assisté de Spit et de van Thiel.

Le huitième congrès, à "Vienne (8-10 septembre 1909), adpota la motion proposée par Herzog : les prêtres, qui auraient fait leurs études dans des institutions catholiques romaines, ne pourraient recevoir un poste de curé qu’après avoir fait de nouvelles études dans des institutions des vieux-catholiques. Rev. intern., t. xviii, 1910, p. 170-173. À ce congrès, fut scellée l’union des 200 000 mariavites de Pologne avec les anciens-catholiques, grâce à l’intervention du général Alexandre Kirief. Le chef des mariavites, Kowelsky, fut sacré à Utrecht, le 4 octobre 1909, par l’archevêque Gui. Les Églises d’Utrecht, d’Allemagne, de Suisse, d’Amérique et de Pologne, déjà

groupées, doivent travailler à gagner les Églises orthodoxes russes et grecques et elles renoncent à tenter une union avec l'Église de Rome, dont elles s'éloignent de plus en plus.

Le neuvième congrès, à Cologne (9-12 septembre 1913) réunit un grand nombre de représentants de diverses Églises anciennes-catholiques et même quelques anglicans, Rev. intern., t. xxi. 1913, p. 133-584 ; de même, le dixième congrès tenu a Berne (2-4 septembre 1925), mais ils n’abordèrent aucune question importante, lieu, intern., t. xxxiii, 1925, p. 193-282.

Le onzième congrès se tint à Utrecht (13-16 août 1928), reçut des anglicans, des orthodoxes russes, serbes, bulgares, grecs. On y proclama l'égalité de toutes les Églises nationales, mais avec un primatus amoris pour l'Église d’Utrecht, qui, pendant des siècles, donna l’exemple d’un al lâchement courageux aux traditions et qui est venue en aide à tous ceux qui ont lutté pour le maintien de leur catholicisme ». On fit l'éloge de Van Espen, que le congrès voulut célébrer, à l’occasion du second centenaire de sa mort, arrivée en 1727.

Le douzième congrès, tenu à Vienne (8-10 septembre 1931) et le treizième tenu à Constance (30 août-3 septembre 1934), virent réunis, avec les évêques hollandais, beaucoup moins de représentants des Églises étrangères ; les membres des Églises de Suisse et d’Allemagne étaient les plus nombreux. Rev. intern., 1931, p. 193-316 et 1934, p. 209-330.

Le quatorzième congrès, à Zurich (25-29 août 1938), réunit, autour des Hollandais, un évêque tchécoslovaque, l’exarque du patriarcat œcuménique de Constantinople, quelques évêques orientaux et R.-G. Parsons, évêque de Southwark, suffragant de l’archevêque de Cantorbéry ; mais aucune question importante n’y fut abordée. Rev. intern., 1938, p. 193330.

De ces quatorze congrès, auxquels l'Église d’Utrecht a prêté son concours, il ne semble pas qu’elle ait beaucoup profité pour son développement doctrinal et son expansion dans le monde.