Dictionnaire de théologie catholique/UTRECHT (ÉGLISE D') XII. Le rétablissement de la hiérarchie catholique en Hollande en 1853

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 447-448).

XII. Rétablissement de la hierarchie catholique en Hollande (1853). —

Dès que les catholiques de Hollande obtinrent au xviie siècle le libre exercice du culte, il fut question à Rome de rétablir la hiérarchie, mais les libéraux, les protestants et l'Église d’Utrecht s’opposèrent constamment à cette restauration. Au milieu du xixe siècle, les démarches devinrent très actives. Des échanges de notes entre l’internonce apostolique, Belgrado, et le ministre des affaires étrangères, van Sonsbeeck (9 décembre 1851-14 août 1852), avaient abouti à cette conclusion : rien ne s’oppose à ce que le Saint-Siège organise librement l'Église catholique en Hollande, pourvu qu’il reconnaisse que le gouvernement des Pays-Bas est libéré de tous les engagements résultant des concordats de 1 827 et de 1 84 1. Par les Lettres apostoliques Ex qua die du 4 mars 1853, le pape Pie IX. rétablissait donc la hiérarchie dans les Pays-Bas et il nommait un archevêque à Utrecht et quatre évêques à Bréda, Haarlem, Bois-le-Duc et Ruremonde. Voir Ami de la religion des 5 et 7 mai 1853, p. 286-292, 310-318. Mais des difficultés surgirent bientôt.

Le gouvernement aurait voulu avoir communication préalable des Lettres apostoliques, non point, disait-il, pour s’ingérer dans une affaire où il n’avait aucun droit d’intervenir, mais pour fixer l’attention du Saint-Siège sur des projets qui pouvaient donner lieu à des difficultés. C’est ainsi, disait le ministre, que nous aurions déconseillé sans doute d'ériger un siège archiépiscopal dans une ville, connue par l’intolérance de ses habitants. Nous aurions montré le danger qu’il y avait à représenter le rétablissement de l'épiscopat comme une conséquence nécessaire des progrès du catholicisme dans les Pays-Bas et à rattacher cette mesure à la situation du pays, antérieure au xvie siècle. Nous aurions insisté sur la nécessité de s’abstenir de toute expression qui pût blesser, même de loin, la susceptibilité irritable des croyances opposées. C’est pourquoi il redoute des oppositions.

Des adresses et des pétitions furent de fait répandues dans les moindres villages par les protestants, qui se montrèrent indignés de ce que les Lettres apostoliques appelaient « hérésies » toutes les doctrines qui s'étaient séparées du catholicisme. Des mots violents furent dits contre « le papisme et l’ultramontanisme ». Les débats parlementaires furent très agités. Par une lettre du 1 er juin 1853, le cardinal Antonelli déclara que le pape n’avait jamais promis de communiquer les Lettres apostoliques avant leur publication ; d’ailleurs, l'établissement de la hiérarchie était une conséquence naturelle du droit garanti par la loi fondamentale du royaume, à savoir que chaque communauté religieuse était libre de se donner l’organisation qui lui convenait. Ami de la religion, Il juillet 1853, p. 81-85. La question des serments des évêques, soulevée par le ministère van Hall, en mai-juin 1853, après quelques discussions, fut définitivement réglée. Ibid., 26 juillet 1853, p. 203-211, et 17 janvier LS54, p. 129-136. Le rétablissement de la hiérarchie continua à provoquer une vive résistance dans quelques milieux protestants, qui fondèrent une société dont 2425 UTRECHT (ÉGLISE D'). CONTRE LES DOGMES NOUVEAUX 2426

le but était de neutraliser l’influence naissante du catholicisme dans les Pays-Bas. C’est VEvangelische Maalschappij. En 1928, cette société a célébré le 75e anniversaire de sa fondation par la publication de Rome-Dordt. À côté de libéraux et d’incroyants, on y trouve quelques vieux-catholiques, parmi lesquels H. van Vlijmen, évêque de Haarlem, et van Riel, alors professeur au séminaire d’Amersfoort. Ce dernier exalte les mérites de Luther, qui « a découvert le premier l’idée d’une justice divine, pleine de miséricorde ». Quelques articles s’occupent de l'Église catholique dont ils critiquent l’organisation.

D’autre part, le journal des vieux-catholiques hollandais, créé en 1885, Oud-Katholiek, publia en 1903, à l’occasion du cinquantenaire de la même société, une série d’articles, qui furent réunis en volume sous le titre : Het genaamd herstel der biisclwppelijk hiérarchie (le prétendu rétablissement de la hiérarchie ecclésiastique). Ces articles, après avoir renouvelé les protestations contre l’acte de Pie IX, exposent ce principe : de nouveaux diocèses ne peuvent être créés qu’après entente avec le pouvoir civil, et un changement dans les diocèses ne peut être fait que pour de justes motifs.

Du point de vue catholique, le P. Albers, à l’occasion du même cinquantenaire publia, en 1903, une histoire du rétablissement de la hiérarchie, Geschiedenis van het herstel der hiérarchie in de Nederlanden, 2 vol. in-8°, Nimègue, 1903-1904. Les catholiques célébrèrent aussi le 75e anniversaire de la restauration de la hiérarchie par des articles publiés dans VHislorisch Tydschrift de 1928, t. vii, p. 189-312. M. J. Willox publia un grand nombre de documents relatifs au rétablissement de la hiérarchie en 1853 et il a complété le grand ouvrage du P. Albers.