Dictionnaire de théologie catholique/URBAIN IV

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 379-386).

URBAIN IV, pape du 29 août 1261 au 2 octobre 1264. — Alexandre IV était mort à Viterbe le 25 mai 1261. Les cardinaux, qui n’étaient plus que huit, ne parvinrent pas à s’entendre sur le choix d’un successeur pris dans le Sacré-Collège. En fin de compte, après trois mois d’attente, ils unirent leurs voix sur un personnage du dehors, le patriarche latin de Jérusalem, qui séjournait en Curie pour diverses affaires concernant la Terre sainte. Le 29 août, Jacques Pantaléon devenait ainsi le pape Urbain IV ; il fut couronné le dimanche suivant, 3 septembre, dans l’église des dominicains de Viterbe. Urbain demeurera dans cette ville une année environ, puis se transportera à Orvieto, où s’écouleront les deux dernières années de son pontificat. Il ne mettra pas le pied à Rome, où la souveraineté pontificale était toujours précaire.

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URBAIN IV

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Né à Troyes, d’une famille extrêmement modeste

— son père était savetier — Jacques s’était élevé par son mérite aux plus hautes situations. Vers 1245, on le trouve déjà investi d’un canonicat à Laon, où il semblerait bien qu’il se soit formé. Un peu plus tard il est archidiacre de Liège ; c’est en cette qualité qu’il est envoyé en 1247 par le pape Innocent IV en Pologne, Prusse et Poméranie. Devenu pape, il approuvera les décisions d’un concile qu’il réunit en ces régions en 1248 et où figuraient les évêques de Gniezno, Brestau, Cracovie et celui de Cujavie. Cf. Potthast, Rcgesta, n. 18 553. Rentré en France il devient archidiacre de Laon ; en 1252 il est élu évêque de Verdun ; c’est là qu’Innocent IV va le chercher pour lui confier une légation en Terre sainte. Alexandre IV met le couronnement à cette mission en le créant patriarche de Jérusalem le 9 avril 1255. Actif, intelligent, énergique, sachant très exactement ce qu’il voulait, décidé à faire prévaloir sa volonté, le nouveau pape faisait contraste avec son prédécesseur Alexandre IV qui n’avait pas réussi, dans son pontificat de sept ans, à liquider une seule des grandes affaires qui étaient pendantes depuis la mort d’Innocent IV.

La plus importante, du moins aux yeux de la Curie romaine, était la question du royaume de Sicile. On a dit à l’art. Innocent IV, t. vii, col. 1986, comment les morts successives de Frédéric II (1250) et de son fils Conrad (1254) avaient laissé l’Église romaine arbitre de la succession. Au principe, Innocent IV avait accepté la tutelle du jeune Conradih, que son père, Conrad, lui avait confiée en mourant ; il avait institué Manfred, un bâtard de Frédéric- II, vicaire de l’Église romaine dans le royaume. Mais celui-ci n’avait pas tardé à reprendre à l’endroit du Saint-Siège l’attitude de son père. Innocent IV en avait été la victime. Alexandre IV, dès le début de son pontificat, avait donc excommunié Manfred et abandonné définitivement l’idée de mettre Conradin en jouissance de l’héritage paternel. Le royaume de Sicile étant vassal du Saint-Siège, il était loisible au pape, pensait-il, d’en donner l’investiture à qui bon lui semblerait ; les circonstances paraissaient, d’ailleurs’, justifier l’exhérédation des descendants de Frédéric II. La Curie revenait ainsi à une idée qu’avait déjà caressée Innocent IV, avant que l’acte de Conrad l’eût fait tuteur du jeune Conradin : chercher dans les familles royales d’Occident un cadet assez ambitieux pour désirer une couronne, assez énergique pour conquérir celle-ci de haute lutte. Innocent avait pensé soit à Charles d’Anjou, frère de saint Louis, soit à Richard de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre Henri III, soit à l’un des fils de ce dernier, le jeune Edmond. On revint à l’idée de la candidature anglaise sous Alexandre IV, mais avec mollesse ; rien n’était décidé, encore que des négociations eussent été engagées, quand ce pontife mourut.

Urbain IV allait mener l’affaire avec beaucoup plus de résolution. Il fallait d’abord écarter Conradin ; plusieurs prélats allemands s’intéressaient à la cause de cet enfant, en qui ils voyaient un candidat possible soit pour la couronne Impériale, soit tout au moins pour le trône de Sicile. Ils sont vigoureusement rabroués. Voir Potthast, op. cit., n. 18 347, à Fbcrhard de Constance ; n. 18 348, à W’crner de Mayence (les deux lettres du’. « juin 1262). En même temps, après une tentative de réconciliation avec.Manfred, qui

manquait départ ri d’autre de sincérité, on commence

le procès de celui-ci ; le Il novembre 1262 une cm clique annonçait a la chrétienté que [’ex-prince de Tarente on évitait de lui donner le titre de roi, bien qu’il se fiil f ; iil ronronner à Païenne en août 1258 avait été. le jour du jeudi saint, cité à com paroir pour le 1 er août devant le pape ; qu’il avait demandé des sûretés, mais qu’on l’attendait toujours, encore que des assurances très précises lui eussent été faites. Potthast, n. 18 428. Un an plus tard une autre encyclique constatait que la citation n’avait pas encore produit d’effet, lbid, , n. 18 709. Au fait le pape n’attendait rien de cette procédure judiciaire. Dès avril 1262, Urbain exposait à Jacques, roi d’Aragon, qui avait cherché à interposer sa médiation, les raisons pour lesquelles il était impossible à l’Église romaine de se réconcilier avec le soi-disant roi de Sicile, lbid., n. 18 283. Dès ce moment aussi un agent du pape, le notaire pontifical Albert, déjà mêlé aux négociations d’Innocent IV avec la France, était à la cour de saint Louis, dont il essayait d’arracher le consentement à la candidature de Charles d’Anjou. Ce n’était pas chose aisée. L’équité du saint roi se révoltait à la pensée que l’on pût priver un orphelin innocent ci’un héritage qui lui revenait de droit ; sa prudence s’alarmait aussi de ce que après avoir fait des ouvertures à la cour d’Angleterre, l’on abandonnait ce projet et l’on se rabattait sur un prince français. Dans une longue dépêche adressée à Maître Albert (fin de 1262), le pape exposait les arguments qu’il fallait développer pour vaincre les scrupules du roi : « Que le roi se rassure, écrivait Urbain IV, nous ne voulons pas mettre son âme en péril ; il doit penser que nous et nos frères les cardinaux nous sommes aussi soucieux de notre salut qu’il l’est du sien et que nous n’entendons pas dans cette affaire offenser Dieu. » lbid., n. 18 440. Les scrupules du roi de France furent finalement levés ; s’il n’approuva jamais expressément l’entreprise, il la toléra ; on lui fit croire sans doute qu’elle pourrait être avantageuse à la cause de la croisade contre les infidèles à laquelle il pensait toujours. En fin de compte il autorisa le cardinal de Sainte-Cécile, Simon de Brie, le futur Martin IV, à prêcher en France la croisade pontificale contre les gibelins de Sicile et à faire lever sur le clergé les subsides destinés à couvrir les frais de l’expédition. Sur cette légation de Simon de Brie, nombre de pièces au registre (début de mai 1264) : n. 18 891, commission à Simon, de prêcher la croisade contre Manfred ; 18 871-18 887, pouvoirs divers accordés au légat ; 18 889, lettre de recommandation pour saint Louis.

! Dans l’entretemps Maître Albert avait négocié avec Charles d’Anjou au sujet des conditions qui étaient

mises, de part et d’autre, à l’offre et à l’acceptation de

la couronne de Sicile. Cf. ibid., n. 18 567 sq. (17 juin

1 1263 : projet de traité envoyé à Albert ; le texte dans Guiraud, Les registres d’Urbain IV, t. ii, p. 269-270) ; 18 576 ; 18 579 (fin juin 1263) ; nouvelles conditions mises par Charles. 18 768 ; 18 773 (janvier 1261). Le pape inféoderait à Charles le royaume de Sicile, et les pays en deçà du détroit, moins Bénévent. Cet Étal formerait un tout indivisible, pour lequel le souverain paierait un cens annuel de 10 000 onces d’or. Aussitôt maître du royaume, il verserait à la Chambre apostolique une somme de 50 000 marcs d’esterlins ; ferait tous les trois ans, au pape, l’hommage symbolique d’une haquenée blanche. Le droit de succession serait limité à la ligne directe. Pour ce qui était de l’Église sicilienne, le pape stipulait la liberté absolue des élections ecclésiastiques et les privilèges d’exemption d’impôt et de for dans toute leur étendue ; l’abolit ion de la régale. Bief l’Église romaine entendait reprendre le haut domaine en Sicile. Des mesures étaient pré vues en faveur de la population sicilienne : rappel des bannis, restitution de leurs biens. Institution de commissions pontificales qui connaîtraient des lili^cs. routes précautions étaient prises pour que jamais ne pût se rétablir cette union du royaume avec l’empire. qui avait, depuis la fin du nme siècle, causé tant de

soucis au Saint-Siège. Il était formellement interdit au futur roi de Sicile de briguer ou d’accepter la couronne impériale ou, sous peine de déchéance ipso facto, la royauté des Romains et la royauté d’Allemagne. Il ne pourrait pas davantage aspirer à la domination dans une des provinces italiennes de l’empire, Toscane ou Lombardie. Dans l’État pontilical il ne pourrait revendiquer aucun droit, exercer aucune charge : podestalie, capitainerie, rectorat ou sénat. À toute réquisition, il fournirait au pape trois cents chevaliers pour un service de trois mois ou une Hotte. Kn même temps un terme était fixé à Charles, passé lequel il pourrait être déclaré forclos. Dans un délai d’un an après la conclusion du traité, il devrait avoir quitté la Provence avec une armée, trois mois " après, être rendu sur les frontières du royaume. En échange le pape précisait le concours qu’il devrait lui-même fournir : la protection apostolique était assurée au prince et à ses compagnons pendant la durée de la guerre ; la croisade contre Manfred serait prêchée dans le royaume de France et le royaume d’Arles, où une décime sur les revenus ecclésiastiques serait perçue pendant trois ans. Cf. Jordan, L’Allemagne et l’Italie, p. 352-354 ; comparer ce qui a été dit ici à l’art. Innocent IV, t. vii, col. 1986.

Le traité n’était pas encore signé qu’une des clauses prévues allait se trouver caduque. En août 1263, Urbain IV annonçait à Maître Albert que le conseil des boni homines de Rome avait nommé Charles « sénateur » de la Ville, lui remettant ainsi l’autorité suprême dans la capitale. Le pape se réjouissait de cette désignation ; il ne laissait pas de faire remarquer que la seule autorité légitime dans Rome c’était la sienne et que, si Charles acceptait la dignité offerte, il devrait prêter, entre les mains de Maître Albert, le serment de ne la point garder contre la volonté du pape. Potthast, n. 18 621 ; cꝟ. 18 750, 18 858, 18 870. Diverses retouches furent faites au traité dans les mois qui suivirent. L’une ramenait le cens annuel à 8 000 onces d’or ; l’autre, plus importante déclarait que le royaume serait héréditaire même en ligne collatérale. Le 15 août 1264 le cardinal légat traitait définitivement avec Charles. Tous les obstacles étant enfin levés et les moyens financiers ayant été prévus, il fut entendu que Charles partirait pour sa « croisade » en 1264. De nouveaux délais vinrent encore retarder l’expédition. Urbain IV n’en verrait pas le déclenchement. Il porte néanmoins devant l’histoire la responsabilité de ce choix, avec les conséquences funestes qu’il eut pour l’Église. La « politique angevine » devait être la croix de tous les successeurs d’Urbain IV.

Connexe à la question de la succession de Sicile était celle du Saint-Empire. Depuis la mort de Frédéric II, il n’y avait plus d’empereur. Jamais l’Église n’avait reconnu non plus comme roi des Romains, c’est-à-dire comme candidat à la couronne impériale, le fils de Frédéric, Conrad IV. À ses yeux, le vrai roi des Romains était Guillaume de Hollande, qu’Innocent IV avait jadis opposé à Frédéric II. Quand Guillaume meurt (28 janvier 1256), l’Allemagne est si divisée que l’élection est d’abord retardée pendant un an ; elle a lieu le 13 janvier 1257, mais elle aboutit à un double choix ; d’une part Richard de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre, Henri III, d’autre part Alphonse X de Castille ; sans compter que le jeune Conradin, petit-fils de Frédéric, conservait des partisans. Richard accepte l’offre qui lui est faite et se fait sacrer roi des Romains à Aix-la-Chapelle, le 17 mai 1257 ; mais il ne tardera pas à rentrer dans son pays et ne fera jamais, et dans la région rhénane seulement, que de rares et courtes apparitions. Quant à | Alphonse, il ne mettra pas le pied en Allemagne, j

L’Eglise romaine, elle, ne semblait prendre aucun intérêt à cette afîaire. Au cours du siècle qui venait de s’écouler elle avait trop souffert de l’Empire pour s’intéresser à sa reconstitution. Alexandre IV évita de prendre parti entre les deux concurrents. Urbain IV fit de même ; du moins, nous l’avons vii, fut-il très ferme pour éliminer la candidature de Conradin. La race de Frédéric avait dans le sang la haine contre l’Église romaine ; ce serait un crime de favoriser son retour à la tête de l’Allemagne. Outre les deux lettres aux prélats allemands signalées plus haut, voir une lettre au roi de Bohême, Oltokar, dans Potthast, n. 1 8 340 quin 1262). Cette missive suppose que les électeurs vont incessamment se réunir et que l’on considère donc comme non avenue l’élection de janvier 1257. Mais les deux compétiteurs n’avaient pas renoncé à leur droit. Au début du pontificat d’Urbain, Alphonse de Castille avait fait demander au pape de le sacrer empereur. Urbain répondit le 17 avril 1262 ; il faisait remarquer à son correspondant que la question n’était plus intacte ; qu’en dépit de l’affection que le Saint-Siège avait pour lui, il ne pouvait pas ne pas tenir compte des prétentions de Richard de Cornouailles. Au reste les deux prétendants n’avaient point obéi aux suggestions qui leur avaient été faites de venir débattre contradictoirement leur cause devant le pape. Ibid., n. 18 272. Le 7 août 1263, Urbain reconnaissait à l’un et à l’autre des deux princes le droit de se nommer : « roi élu des Romains ». Richard protesta vivement : il avait le droit de s’intituler « roi couronné des Romains ». Trois lettres parties d’Orvieto le 31 août suivant essayèrent de calmer l’impatience du prince anglais. Urbain y déclarait que le plus vif désir de l’Eglise romaine était de voir se terminer une vacance préjudiciable à tous les intérêts. En fin de compte il demandait aux deux compétiteurs de se soumettre à l’arbitrage du Saint-Siège en envoyant à la Curie leurs procureurs pour le 2 mai de l’année suivante. Ibid., n. 18 633-18 635. Rien ne devait suivre cette citation. En dépit de ses dires, Urbain n’était d’ailleurs pas pressé de mettre un terme à l’interrègne, qui se prolongerait jusqu’à l’élection de Rodolphe de Habsbourg (1 er octobre 1273).

Les deux questions de la succession de Sicile et de l’élection d’un roi des Romains, Urbain IV les avait trouvées dans l’héritage d’Alexandre IV. La reprise de Constantinople par les Grecs de Michel Paléologue (25 juillet 1261) en posait une autre : celle de l’attitude à prendre à l’endroit de l’empire byzantin restauré. Fallait-il essayer de rétablir l’empire latin et de rejeter les Grecs en Asie, prêcher contre ceux-ci une nouvelle croisade et renouveler l’expédition de 1204 ? Ne valait-il pas mieux s’incliner devant le fait accompli et le faire servir à la réalisation de l’union des Églises ? Au temps d’Innocent IV déjà, des pourparlers avaient eu lieu avec Jean Ducas Vatatzès, l’empereur de Nicée, qu’avait interrompus la mort presque simultanée du pape et de l’empereur. Rentré à Constantinople, le nouveau souverain, Michel Paléologue n’avait-il pas intérêt à se rapprocher de l’Église romaine, ne fût-ce que pour détourner de son empire reconquis une nouvelle croisade ? On se le demanda sans doute à la Curie ; en tout cas on évita de prendre une attitude tranchante à l’endroit du basileus..La première lettre connue d’Urbain IV à Michel Paléologue, où le pape demande réparation pour un préjudice matériel causé à deux bourgeois de Lucques, est courtoise dans le fond et la forme. Ibid., n. 18 158 (22 novembre 1261). En 1262, de fait, Paléologue envoie une légation à la cour pontificale. C’est avec effusion qu’Urbain l’en remercie, lui promettant d’envoyer sous peu « des apocrisiaires » à Constantinople pour y traiter de l’union des Églises. Ibid.,

n. 18 399 (date incertaine, seconde moitié de 1262). Le départ de cette mission fut retardée. La Curie s’était alarmée des attaques dirigées par les forces impériales contre Guillaume de Villehardouin, prince d’Achaïe. À plusieurs reprises il fut question de prêcher la croisade contre les Grecs schismatiques. Ibid., n. 18 332 sq. Une lettre à saint Louis, dans le même sens, est du 5 juin 1262. Ibid., n. 18 350. À une nouvelle démarche de Paléologue, où sans doute il était demandé du secours à l’Occident, Urbain répondait le 28 juin 1263 : La mission pontificale, composée de trois frères mineurs, allait incessamment partir ; si le souverain revenait à l’Église romaine, ce ne serait pas seulement le concours des Génois que le pape lui procurerait, mais l’appui de tous les princes orthodoxes. Ibid., n. 18 605 : cf. n. 18 609 et 18 615 à Guillaume de Villehardouin. En fait l’ambassade d’Urbain IV ne partirait qu’en juin 1264. Ibid., n. 18 951 (22 juin 1264) ; le pape n’aurait pas la satisfaction d’en voir l’aboutissement. Contrariée par les intrigues de Charles d’Anjou, la politique d’union avec les Grecs n’aboutirait — et de quelle façon éphémère ! — que sous Grégoire X, au IIe concile de Lyon. Du moins Urbain IV en avait-il posé les principes.

La question d’Orient se compliquait de celle de la Terre sainte, où peu à peu s’effritaient les derniers restes des États chrétiens. Urbain IV, jadis patriarche de Jérusalem, où d’ailleurs il n’avait pu mettre le pied, ne pouvait se désintéresser du sort des dernières possessions latines. Nombre de ses bulles sont adressées aux collecteurs des décimes qui devaient financer une nouvelle expédition en Terre sainte ; cf. n. 18 351, 18 789. Il n’est pas jusqu’aux lointains évêques du nord de l’Europe qu’Urbain ne stimule ; il met sur le même pied le péril dont l’invasion mongole menace la Terre sainte et celui qui s’est abattu du fait de ces mêmes Mongols sur la chrétienté occidentale. La présence de ceux-ci dans l’Est de l’Europe le préoccupe singulièrement. Il voudrait empêcher toute collusion du roi de Hongrie, Bila, avec les conquérants. Potthast, n. 18 791 sq. ; n. 18 356 (9 juin 1262). Mais l’attention du pape était trop dispersée pour que rien d’efficace pût se produire. Outre la croisade d’outre-mer, bien d’autres expéditions étaient prévues au même moment. Les régions demeurées païennes dans le Nord de l’Europe préoccupaient la Curie. II est fréquemment question, comme au temps d’Innocent IV. de la croisade plus ou moins continue qui se menait en Prusse, en Livonie, en Courlande. Ibid., n. 18 537 et bien d’autres. Cette complète était a la charge des ordres militaires. De son côlé, le loi de Bohême, Oltokar, recevait mission de combattre Lithuaniens et Russes schismatiques <u nord. Ibid., n. 18 217 : 18 937. D’avance l’autorité pontificale lui concédait les territoires qu’il pourrait conquérir sur ses voisins ; il devrai ! néanmoins respecter les droits

que les chevaliers I eut (iniques s’étaient acquis en ces

régions. Les Coumanes qui occupaient une partie de la Hongrie étaient menacés eux aussi d’une croisade s’ils ne se convertissaient ou s’ils n’observaient pas Strictement les promesses de leur baptême.

N. ix 9711. Ces diverses entreprises, y compris l’expé

dition de Sicile, étaient expressément décorées du nom de croisade : des lors ceux qui y prenaient part étaient gratifiés des mêmes privilèges temporels et spirituels jadis réservés a ceux qui faisaient le grand pèlerinage (passagium) de Terre sainte. Ce n’était pas le meilleur moyen pour faire refluer sers le loin beau du Christ, les ressources financières et les lionnes

volontés.

Nous avons dit un mol des relations d’Urbain I avec saint Louis. Elles furent, dans l’ensemble, ext ré mement coidiales, encore que le roi de France ne fùl

pas toujours disposé à entrer dans toutes les vues de la Curie romaine. Avec Henri III d’Angleterre les rapports furent également bons. Sans doute relèvet-on de temps à autre quelques impatiences de la Curie. Elle proteste contre les exactions en Irlande de certains officiers royaux, contre des infractions au principe de l’immunité ecclésiastique, surtout contre les retards apportés au paiement des redevances dues au Saint-Siège. Ibid., n. 18 148, 18 149 (novembre 1261) ; n. 18 182 (décembre 1261). La politique d’Urbain en faveur de Charles d’Anjou, au détriment d’Edmond, fils du roi, à qui Alexandre IV avait fait des ouvertures, risquait bien de lui aliéner le souverain de l’Angleterre. On prit toutes les précautions pour faire accepter ce changement de front. Cf. ibid., n. 18 602 ; 18 603. D’ailleurs la « guerre des barons » allait obliger le roi à recourir aux bons offices du pape, comme il recourait à la médiation de saint Louis. Dès septembre 1263, Urbain avait encouragé le roi d’Angleterre à résister à la noblesse. Ibid., n. 18 662. En novembre de la même année des instructions très fermes étaient données au légat apostolique, Guy le Gros, cardinal-évêque de Sabine, le futur Clément IV ; si la rébellion des prélats et des barons contre le roi le rendait nécessaire, il ne devrait pas hésiter à prêcher contre eux la croisade. Ibid., n. 18 724. Peu après, le 23 janvier 1263, le roi de France rendait à Amiens la sentence arbitrale que les deux parties avaient sollicitée de lui. Cette sentence annulait les » provisions d’Oxford », comme ayant porté atteinte au droit et à l’honneur royal et causé beaucoup de trouble dans le royaume ; au reste, continuait saint Louis, le pape les avait déjà cassées (il s’agit d’Alexandre IV, cf. Potthast, n. 18 098). Cette « mise d’Amiens », le pape Urbain IV la prit entièrement à son compte, soit dans une lettre au roi Henri III, soit dans des missives adressées par l’intermédiaire de l’archevêque de Cantorbéry au clergé d’Angleterre et même à la chrétienté tout entière. Ibid., n. 18 831 (16 mars 1261). n. 18 832, 18 836, 18 838 sq. (même date). Ni la sentence arbitrale de saint Louis, ni la décision pontificale ne furent d’ailleurs acceptées par l’opposition anglaise. La guerre civile ne tarda pas à se déclencher ; Urbain IV n’en verrait pas la fin. Du moins avait-il joué, dans la circonstance, un rôle analogue à celui d’Innocent III lors des troubles qui valurent à l’Angleterre la Grande Charte. Voir l’art. Innocent III. I. vii, col. 1967.

En définitive, la Curie romaine continuait à s’inspirer des grandes traditions du début du siècle ; elle entendait bien ne pas s’occuper seulement des affaires strictement ecclésiastiques, mais dire son mol dans toutes les grandes questions politiques de l’époque. Il ne faudrait pas conclure que les premières fussent négligées au profit des secondes. Le registre d’Urbain IV témoigne assez de la multiplicité des affaires qui refluaient à la Curie et des initiatives que prit le pape en matière religieuse. Mentionnons au moins l’impulsion donnée à l’Inquisition, n. 18 253 sq., 18 122, etc., etc., les faveurs témoignées aux nouveaux ordres religieux, Carmel, n. 18 125 sq., ermites de Saint-Augustin, n. 18 181 ; l’approbation donnée aux chevaliers de Marie, qui venaient de se constituer à Bologne, 11. 18 195 (23 décembre 1261) : l’octroi de nombreuses indulgences, d’ailleurs seulement partielles. Signalons aussi la canonisation, le 19 février 1262, de saint Richard, évêque de Chichester, mais surtout, à la fio du pontificat, l’institution de la fête du Saint Sacrement. N. 18998 et 18999 (Il août 1261). De cette institution le pape prévenait, le 8 septembre suivant, une sainte recluse de Saint-Martin de Liège, qui avait

demandé la célébration d’une fête annuelle en l’hon neur du Corpus Christi, n. 19 016 ; le texte des deux

pièces est dans Mansi, ConciL, t. xxiii, col. 1076 et 1077.

Quelques jours plus tard, Urbain IV quittait Orvieto, où il ne se sentait pas suffisamment en sûreté, pour Permise ; il était déjà malade et le trajet dut se faire en litière. À peine arrivé il expirait, le 2 octobre 1 2(54. Il fut inhumé dans la cathédrale Saint-Laurent. Quand la cathédrale fut réédifiée au xiv siècle, les monuments d’Innocent III, Urbain IV et Martin IV furent sacrifiés. Les restes des trois papes ont été réunis, depuis 15115, dans un tombeau commun.

I. Sources.

Potthast, Regesta pontificum Romanorum, t. ii, p. 1474-1541, un certain nombre des documents signalés se retrouvent in extenso dans les Annales ecclesiastici de Kaynaldi ; voir aussi J. Guiraud, Les registres d’l T rbain IV, 3 vol. ; il y a une biographie ancienne, en vers médiocres, de Thierry de Vaucouleurs, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. iii, 2e partie ; tenir compte également des nombreuses chroniques contemporaines, dans Muratori, ibid., et dans les Monumenta Germania’historiea.

II. Travaux.

Aucune monographie d’ensemble ; se reporter aux ouvrages généraux mentionnés aux bibliographies d’Innocent IV, Alexandre IV, Clément IV. Ces travaux déjà anciens auxquels on ajoutera Hampe, Urban IV. und Manfred, 1905, et Kempf, Gesch. des Reiches wàhrend des grossen Interregnums (1245-1273), 1893, sont annulés par ceux de E. Jordan, Les origines de la domination angevine en Italie, Paris, 1909, et L’Allemagne et l’Italie aux A’// « et XIIIe siècles. Histoire du Moyen Age, publiée sous la direction de G. Glotz, t. iv, l re partie, Paris, 1939 ; pour la question anglaise voir Ch. Petit-Dutaillis, L’essor des États d’Occident, même collection, t. iv, 2e partie, Paris, 1937, p. 196-217.

É. Amann.


URBAIN V (Le bienheureux), pape du 28 septembre 1362 au 19 décembre 1370. — Guillaume de Grimoard naquit, en 1310, au château de Grisac (Lozère), de Guillaume, sire de Grisac, Bedouès, Bellegarde, Montbel et Grasvillar, et d’Amphélise de Montferrand. Après avoir étudié à Montpellier et à Toulouse, il entra au prieuré bénédictin de Chirac, fit profession à l’abbaye Saint-Victor de Marseille et suivit ensuite les cours des universités de Toulouse, Montpellier, Avignon et Paris. Le 31 octobre 1342 il obtint le doctorat en droit canonique et professa dans diverses universités. Ses talents lui valurent la charge de vicaire général de Pierre d’Aigrefeuille, évêque de Clermont et d’Uzès. Cf. J.-H. Albanès, Pierre d’Aigrefeuille, évêque d’Avignon, de Vabres, de Clermont, d’Uzès et de Mende, Marseille, 1877, p. 13-19. Peu après sa nomination comme abbé de Saint-Germain d’Auxerre (13 février 1352), Clément VI l’envoya en ambassade près de Jean Visconti, archevêque de Milan. Il s’agissait de presser l’exécution du traité du 27 avril qui accordait à celui-ci pour dix ans le vicariat de Bologne contre le versement de 100 000 florins et un tribut annuel de 12 000. Le pape, qui n’ignorait rien des menées astucieuses du prélat avait donné ordre de ne lui concéder l’investiture que si étaient rendues les villes de Bettona et d’Orvieto prises par un de ses lieutenants. Guillaume Grimoard s’acquitta facilement de sa mission : parvenu le 8 septembre à Bologne, il présida, le 2 octobre, la cérémonie de l’investiture. Le 19 octobre, il concédait le vicariat de Ferrare au marquis d’Esté Aldobrandino. Sur son ambassade, P. Lecacheux a réuni un dossier de documents : La première légation de Guillaume Grimoard en Italie quilletnovembre 1352), dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. xvii, 1907, p. 409-439.

En 1354, Guillaume de Grimoard se rendit de nouveau en Italie avec mandat de régler la bonne répartition des offrandes faites par les fidèles au maîtreautel de la basilique Saint-Pierre de Borne contrairement aux agissements du chapitre. En 1360, il communiquait au légat Albornoz les ordres de la cour

pontificale au sujet du Bolonais. La chronique de Bimini relate que Barnabe Visconti lui réserva un fort mauvais accueil. Enfin, en 1362, il était chargé de défendre les droits que possédait le Saint-Siège dans le royaume de Naples. Au cours du voyage lui parvint la nouvelle que les cardinaux l’avaient élu pape le 28 septembre 1362. À cette époque il n’était qu’abbé de Saint-Victor, à Marseille. Débarqué dans ce port le 27 octobre, il fut intronisé à Avignon le 31 et couronné le 6 novembre.

Durant tout son pontificat Urbain V se conduisit en religieux soucieux de pratiquer la règle bénédictine. Les actes de sa béatification permettent’de connaître par le menu ses occupations journalières. Le pape partageait son temps entre la prière, l’étude et l’administration de l’Église. Son aménité et l’éclat de ses vertus lui attirèrent l’estime générale des contemporains. Pétrarque a accumulé les louanges dans une de ses lettres séniles, t. VII, ep. i.

Urbain V se montra grand protecteur des lettres et des sciences. A Trets, à Manosque, à Saint-Germain-de-Calberte, à Saint-Boinan, à Jigean, à Orange, à Vienne, à Cracovie, il érigea des studiu. A Padoue il fonda une faculté de théologie, à Montpellier le collège des douze médecins réservé à des étudiants originaires du Gévaudan et celui de Saint-Pierre ; à Bologne, un autre pour les étudiants pauvres. Les universités d’Orléans, d’Orvieto, de Toulouse et de Paris reçurent de nouveaux et salutaires statuts. Voir M. Fournier, Les statuts et privilèges des universités françaises, Paris, 1890 ; H. Denifle et E. Châtelain, Charlalarium universitatis Parisiensis, Paris, 1891-1894, t. n et m ; G. Brotto et G. Zonta, La facoltà teologica dell’università di Padova, Padoue, 1922.

Urbain V fut aussi grand bâtisseur : il embellit le palais apostolique à Avignon, construisit en partie l’enceinte fortifiée de cette ville restaura l’abbaye Saint-Victor de Marseille et maintes églises romaines, réédifia la cathédrale de Mende, érigea des collégiales à Quézac et à Bédouès, éleva le clocher du prieuré de Chirac.

Ses libéralités, à vrai dire, eurent pour résultat d’obérer fortement les finances pontificales au point de l’obliger à emprunter aux cardinaux et à lever sur le clergé des impôts trop lourds en un temps où la guerre ravageait la France.

Soucieux de réfréner les abus qui sévissaient à sa cour, il mit un frein à la cupidité des procureurs et des avocats, réglementa les services de la Chambre apostolique, diminua de moitié le taux de la décime qui servait de base à la perception de l’annate et combattit le cumul des bénéfices. Sous son impulsion furent tenus plus régulièrement des conciles provinciaux.

La politique lui créa de sérieux tracas en Italie où Barnabe Visconti travaillait à arrondir ses domaines aux dépens de l’Église. Urbain V eut d’abord la sagesse d’écouter les conseils du légat Albornoz, qui prônait la guerre à outrance contre un tyran déloyal. La prédication de la croisade (4 mars 1363) réussit à merveille. Des renforts parvinrent d’Allemagne, de Pologne, d’Autriche et de Hongrie. Le sort de Barnabe eût été facilement réglé, si le pape n’avait subitement changé de tactique. Subissant l’influence des cardinaux et obéissant aux suggestions des ambassadeurs du roi de Chypre, il sacrifia Albornoz (26 novembre 1363) et chargea le cardinal Androin de la Boche de conclure la paix : le 3 mars 1363 un traite quelque peu déshonorant restitua à l’Église toutes les forteresses du Bolonais et de la Bomagne occupées jusque-là contre tout droit par Barnabe, moyennant le paiement d’une énorme indemnité de 500 000 florins.

L’initiative malencontreuse prise subitement par le pape s’expliquait par le dessein généreux d’organiser non plus la conquête des Lieux saints, devenue chimérique, mais une guerre défensive contre les invasions ottomanes, et subsidiairement de débarrasser la France et la Provence des bandes de soudards qui les infestaient. N’avait-il pas prêché lui-même la croisade et donné la croix aux rois de France et de Chypre ? La sainte entreprise se trouva irrémédiablement coinpromise par la mort de Jean II le Bon, qui avait reçu le titre de capitaine général. Pierre de Lusignan partit seul en campagne contre le Soudan d’Egypte, et prit Alexandrie le 10 octobre 1365. Ses prouesses restèrent sans lendemain et compromirent plutôt l’avenir. Une bulle du 25 janvier 1366 annonça la conclusion d’un pacte entre Louis roi de Hongrie, Pierre de Lusignan et les hospitaliers en vue de chasser les Turcs de Romanie. Rinaldi, Annales ecclesiastici, an. 1366, § 1-2. Jean V Paléologue reçut avis que le moment était venu de réaliser l’union religieuse de l’Orient et de l’Occident. Cette fois encore les plans élaborés en Avignon demeurèrent vains par la faute du roi de Hongrie qui ne visait qu’à s’agrandir aux dépens de la Serbie et de la Bulgarie. Bien autrement féconde fut l’expédition d’Amédée VI, comte de Savoie, qui aboutit à la prise de Gallipoli, le 23 août 1366. Les perspectives d’union devinrent plus certaines. Une ambassade byzantine vint à la cour pontificale. Des laborieux pourparlers qui furent tenus à Home à partir du mois d’octobre 1367 sortit la décision capitale qu’une visite personnelle de l’empereur grec au chef de l’Église latine s’imposait. Le transfert de la papauté des bords du Rhône sur les rives du Tibre portait déjà ses fruits les meilleurs. Pour l’accomplir Urbain V avait dû déployer une rare fermeté de caractère. Aux Romains qui l’avaient sollicité de revenir parmi eux, il avait répondu, le 23 mai 1363, que cela ne tarderait pas. Actuellement « des empêchements de la plus haute importance » s’opposaient à la réalisation de ses desseins. Il exprimait le vœu que « le Très-Haut lèverait tous les obstacles ». Les objections ne manquaient pas à un retour en Italie : c’étaient d’abord les troubles qui agitaient ce pays, puis la répugnance des cardinaux à quitter la douce Provence et surtout l’opposition très nette du roi de France. En septembre 1366, la conclusion de la paix avec Barnabe Visconti et la pacification « lu reste de l’Italie opérée par le cardinal Albomoz aplanissaient toutes difficultés. D’autre part, les incursions des grandes Compagnies à proximité du Cotntal Venaissln rendaient précaire le séjour en Avignon. Des ordres furent donnés d’aménager la forteresse de Viterbe jugée inexpugnable, sans doute afin que la cour pontificale y trouvât un sûr abri en attendant que les jardins du Vatican fussent remis en culture et les palais pontificaux restaurés. A. Tbeiner, Codex diplomaticus domina temporalis Sanctm Sedis, Borne, 1862, t. ii, doc 382, 408, 413, 416-419. Quand (.harles V apprit qu’Urbain V préparait son départ, il lui envoya une ambassade solennelle pour le prier d’j surseoir. Le pape ne se laissa pas fléchir, quoiqu’il n’eût pour soutien que son frère Anglic et Philippe

de Càbassole.

Des Incidents tragiques marquèrent le séjour de la COUr pontificale à Yiterbe où elle était parvenue le U juin 1367. Au cours d’une émeute provoquée par une cause futile, le sang coula dans les rues de la ville (5 septembre). Les habitants attaquèrent les familiers des cardinaux, puis bientôt ceux-d mêmes. Le pape fut assiégé dans la citadelle. Le 13 septembre, la

révolte est enfin réprimée, el i rbaln V peut songer- à gagner Rome sous la protection d’une nombreuse escorte. Cf. Albanès-Chevalter, Actes anciens, p. 07.

A Rome d’importants événements eurent lieu tels que le couronnement de l’impératrice (1 er novembre 1368) et la canonisation d’Elzéar de Sabran (15 avril 1369). Le plus mémorable fut la conversion de Jean V Paléologue, empereur de Constantinople. L’abjuration s’effectua dans la chambre supérieure de l’appartement occupé par le cardinal Nicolas de Besse à l’hôpital San-Spirito en présence de quatre cardinaux, le 18 octobre 1369. Fn plus de la profession de foi imposée à tous les schismatiques orientaux, on exigea d’abord « l’engagement de rester fidèle à la foi » de l’Église romaine, puis l’abjuration explicite du schisme. Toutes précautions furent prises pour que l’acte impérial constituât une acceptation intégrale de la doctrine romaine relativement aux litiges existant jusqu’à ce jour entre Rome et Byzance ; la primauté du pape fut. en particulier, clairement définie. Bien plus, une seconde chrysobulle signée par l’empereur écarta la moindre trace d’ambiguïté : elle sti pula que par Église romaine il fallait entendre celle » que dirigeait actuellement le pape Urbain V et qu’avaient dirigée les pontifes romains, ses prédécesseurs, ainsi que le comprenaient les chrétiens catholiques habitant les pays occidentaux ». Ces formules révèlent comment la cour pontificale connaissait parfaitement les subterfuges dialectiques dont usaient les Grecs, qui s’appelaient * Romains > et regardaient leur Église comme » catholique ».

Le 21 octobre, la proclamation publique de la conversion du basileus fut l’occasion d’une grande cérémonie religieuse célébrée à Saint-Pierre par le pape. Elle ne pouvait promouvoir l’union de l’Occident et de l’Orient qu’à la condition que les sujets impériaux imitassent leur maître. Or, Urbain V nota que, dans la suite de Jean Paléologue, ne figurait aucun représentant de la noblesse, de la ville de Constantinople et du clergé grec. Cette abstention l’inquiéta grandement. Afin d’assurer le succès final, il comprit que tout dépendait de la solution d’une question politique, à savoir des secours que fournirait en armes et en argent l’Occident contre la menace ottomane. Dans l’impossibilité où il se trouvait personnellement de procurer les unes et les autres, il multiplia les efforts pour engager les grandes Compagnies à passer outre-mer. Mais, si quelques routiers accompagnèrent l’empereur, leur nombre fut dérisoire. Peut être Urbain V eût-il fait avancer davantage la cause de l’union, si, comme le réclamaient les orthodoxes, un synode gréco-romain avait été convoqué. Le pape opposa un refus énergique, sous prétexte qu’un conci liabule serait totalement vain et qu’il ne donnerait lieu qu’à des » discussions curieuses - et périlleuses pour la foi. Quiconque désirait éclairer ses doutes n’avait qu’à se rendre « humblement » près de lui. D’ailleurs, le Saint-Père pratiqua une méthode quelque peu périlleuse, en ne songeant qu’à organiser une Église latine dans l’Empire grec. N’était-ce pas la. de sa part, un défaut de compréhension des milieux tirées qui tenaient essentiellement à garder leurs rites’.' Urbain V entreprit une ouvre plus féconde, en organisant une propagande Intense dans tout l’Orient en faveur de l’union et en créant des centres de missions qui furent confiés surtout aux frères mineurs.

Malgré la splendeur des lot es qui égayèrent les Romains, un profond malaise régnait à la cour pontificale OÙ, depuis le départ d’Avignon, deux partis s’étaient constitués : les Italiens craignaient qu’il bain ne retournai sur les rives du Rhône, tandis que les Français l’y engageaient vivement, les uns el les autres se détestaient cordialement el échan geaient des traits venimeux dont la littérature con temporalne a gardé de nombreux exemples La correspondance de Colucclo Salutati laisse entrevoir qu’un « bataillon de chapeaux rouges » opérait une forte pression sur la personne du pape et l’inclinait à quitter l’Italie. Éd. F. Novati, I. II, viii, lettre du 1 janvier 1369. Le souvenir de l’émeute de Viterl>e était habilement exploité, à tel point que Pétrarque cherchait à en diminuer l’importance en la nommant dédaigneusement une « motiuncula ». Opéra, p. 853. Les cardinaux, prétendait encore Coluccio Salutati, « s’aiguisaient » à la lutte et, selon Pétrarque, des « chuchoteurs » obsédaient le souverain pontife. Est-il donc vrai, comme le grand humaniste l’affirme, qu’UrbainV céda au découragement et se montra versatile, faible, docile à suivre les conseils pusillanimes et intéressés de son entourage, victime de son attachement à la France ? Opcru, p. 926-928 (lettre à Francisco Bruni, du 29 juin 1371).

Certes il n’est point facile de déterminer avec précision les divers motifs qui inspirèrent la conduite du pape. Tout au plus le Saint -Père nous a-t-il renseigné en termes vagues : « Nous nous proposons, écrivait-il le 26 juin 1370, de retourner outre monts avec l’aide du Seigneur non seulement pour l’utilité de l’Église universelle, mais encore pour des causes urgentes. » Rinaldi, Annales ecclesiastici, an. 1370, § 19. Au fond Urbain V, sans le dire, estimait qu’il lui serait plus facile, en terre provençale, de rétablir la paix entre France et Angleterre. S’il affirmait que, durant son séjour de trois ans parmi les Romains, il avait vécu en bonne harmonie avec eux, il terminait sa lettre consolatoire par une exhortation à persévérer dans la soumission « afin que si nous et nos successeurs nous voulions pour des causes utiles revenir à Rome, nous ne soyons en rien détourné de ce dessein par un mauvais état de choses ». À bien le lire, le pape prodiguait de bonnes paroles au début et finissait par exprimer des reproches voilés à cause du passé. En effet, au printemps de 1370, les Romains avaient lié partie avec les Pérugins révoltés et le pape avait dû se réfugier à Viterbe, comme l’indique son itinéraire (Baluze, Vitse, t. iv, p. 136), « avec de nombreuses troupes » pour combattre le préfet de Rome, François di Yico. La rébellion de Pérouse dominée, tout danger ne disparut pas ; car le Patrimoine se trouva menacé d’une invasion par suite de l’arrivée sur ses confins de routiers gagés par Barnabe Visconti. Que l’Italie fût redevenue peu hospitalière pour la papauté, Pétrarque se vit contraint de le constater quand il fait tenir à la péninsule personniliée ce discours éploré : « Oui, je dois avouer que j’avais engendré plusieurs fils méchants… J’étais blessée d’ulcères mortels. Tu es descendu vers moi pour panser mes blessures ; …tu as commencé à verser l’huile et le vin. Et puis, alors que mes plaies ne sont pas encore bandées ni pénétrées par le baume, tu te retires de moi. Tu avais commencé à couper les chairs putrides avec le fer, et puis, comme tu le plongeais plus loin, tu as trouvé peut-être des parties qui t’ont semblé incurables. » II. Cochin, La grande controverse de Rome et d’Avignon, p. 12-13. Un chroniqueur précise davantage : « Il [Urbain V] laissa le duché en guerre, et [le pays] de Rome à Urbino, de Bologne à Parme [également] livré à la guerre, à la faim et à des soucis financiers. » Cronaca Riminese, dans L. Muratori, Rerum ilalicarum Scriptorcs, t. xv, col. 912. Ainsi tombe la vaine tentative de récents écrivains qui s’efforcent de minimiser l’insécurité que présentait, en 1370, un séjour à Rome ; cf. Ada Alessandrini, // ritorno dei papi da Avignonee Santa Catarina da Siena, dans Archivio delta società Romana di storia patria, t. i.vi (19331934), p. 15. Que les contemporains aient vitupéré contre Urbain V, cela se conçoit, mais les faits ne peuvent se supprimer et prouvent contre les Italiens ; voir la lettre acrimonieuse et injurieuse des Floren tins adressée le 4 janvier 1376 aux Romains, imprimée dans la 4e édition française de L. Pastor, Histoire des papes, t. i, p. x, Paris, 1911, et une lettre de Pétrarque du 2 !) juin 1371, dans Opéra, p. 920-928.

Le 5 septembre 1370 le Saint-Père s’embarqua à Oorneto, il aborda à Marseille le 10 et s’en fut. onze jours après, en Avignon. Le l’.t décembre, il mourait dans la maison de son frère Anglic où il avait voulu, par humilité, être transporté. Enterré à Notre-Dame-des-Doms le 21 décembre, son corps fut transféré à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille le 5 juin 1372. L’épitaphe a été donnée, d’après Ciacconio, par L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. ii, p. 494. Le dessin du tombeau du pape a été reproduit par E. Miintz, dans Revue archéologique, 1889, t. ii, planche xxiv et par les bollandistes, Propglœum maii, p. 93**. L’Église béatifia Urbain V le 10 mars 1870.

I. Chroniques.

La nouvelle édition que j’ai donnée des Vitse paparum Avenionensium de Baluze (Paris, 19161928) contient six extraits de chroniques du xive et du xve siècles. La deuxième vie et la sixième sont seules originales et dues à des contemporains ; cf. mon Étude critique sur les Vitie paparum Avenionensium d’Élienne Baluze, Paris, 1917 et M. Prou, Journal des savants, 1918, p. 225 et 295. Le Petit Thalamus constitue une source de premier ordre. Albanès et Chevalier l’ont édité à nouveau dans Actes anciens et documents concernant le bienheureux Urbain V, Paris, 1897, t. i, p. 88-98. Le t. iv, p. 131-137 des Vitse paparum Avenionensium renferme le texte d’une chronique latine de 1367-1370 reportée dans celle de Bertrand Boysset et qui affecte la forme d’un itinéraire ; Cronache dei secoli XIIIe XIV, dans Documenti di storia ilaliana, t. vi, 1876, p. 207-481 (édition du Diario anonimo Fiorenlino par A. Gherardi, qui concerne la guerre soutenue par l’Église contre Barnabe Visconti).

II. Sources littéraires.

F. Novati, Epistolario di Coluccio Salutati, Rome, 1891-1911, 4 vol. ; Pétrarque, Opéra, éd. de Baie, 1581 ; Magistri Johannis de Hysdinio invectiva contra Franciscum Petrarcham et Francisci Petrarchse contra cujusdam Galli ealumnias apologia, éd. Enrico Cocchia, Naples, 1920 ; H. Cochin, La grande controverse de Rome et d’Avignon au XI Ie siècle. Un document inédit, dans Études italiennes, t. iii, 1921, p. 1-14, 83-94 (réplique inédite à l’Apologie de Pétrarque).

III. Lettres pontificales.

P. Lecacheux, Urbain V ( 1362-1370 j. Lettres secrètes et curiales se rapportant à la France, Paris, 1902-1906, 2 fasc. parus ; Bulles du pape Urbain V concernant le diocèse d’Avranches, dans Revue de l’Avranchin, t. xi, 1902, p. 81-95 ; A. Cabassut, Notices sur dix-huit manuscrits d’origine montpelliéraine conservés à Cambridge, dans Mémoires de la société archéologique de Montpellier, 2e série, t. viii, 1922, p. 215-224 ; A. Fierens, Suppliques d’Urbain V, Paris, 1914 ; M. Dubrulle, Registre d’Urbain V, Paris, 1926, 1 fasc. paru (Lettres communes) ; F. Cerasoli, Urbano Ve Giovanna 1 di Napoli, dans Archivio storico per le provincie Napoletane, t. xx, 1895, p. 72-94, 171-205, 357-394, 598-645 (textes très fautifs) ; R.-R. Post, Supplieken gericht aan de pausen Clemens VI, Innocenlius VI en Ùrbanus V (1342-1366), dans les Sludien van hét Nederlandsch historisch Institut te Rome, t. ii, La Haye, 1937 ; A. Fierens et C. Tihon, Lettres d’Urbain V, Rome, 1928-1932, 2 vol. ; Monumenla Poloniee Vaticana, t. iii, Analecta Vaticana 1202-1366, éd. J. Ptasnik, Cracovie, 1914 ; C. Eubel, Bullarium franciscanum, Rome, 1902, t. vi (très important pour l’histoire des missions sous Urbain V) ; M". Prou, Étude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V, Paris, 1888 (90 pièces de grand intérêt sont imprimées en appendice).

IV. Documents sur la question de l’union des Églises grecque et romaine. — M. O. Halecki a donné une bibliographie très complète du sujet dans un livre excellent : Un empereur de Byzance à Rome.’ingt ans de travail pour l’union des Églises et pour la défense de l’Empire d’Orient, 1355-1375, Varsovie, 1930.

V. Documents financiers.

J.-P Kirsch, Die Rûckkehr der Pàpsle Urban V. und Gregor XI. von Avignon nach Rom, Paderborn, 1898 ; K.-H. Schafer, Die Ausgaben der apostolisehen Kammer unler tien Pàpsten Urban V. und Gregor XL, Paderborn, 1937 ; E. Gôller, Invenlarium ins

trumentorum Camene Apostolica’. Verzeichniss der Schuldurkunden des pàpsllichen Kammerarchivs aus der Zeit Urbans V, dans Romisehe Quarlalschrift, t. xxiii, 1909, p. 65-109 ; R. Michel, La défense d’Avignon sous Urbain V et Grégoire XI, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. xxx, 1910, p. 129-154.

VI. Sources hagiographiques.

Albanès-Chevalicr (Actes anciens, t. i) ont public les procès-verbaux de l’enquête instruite à Marseille en 1376-1379 sur les miracles opérés par l’intercession d’Urbain V et le texte du procès de canonisation ordonné par Clément VII en 1382 ; cf. aussi Analecta bollandiana, t. xxvi, 1907, p. 305-316 ; J.-H. Albanès, Oraison funèbre du pape Urbain V prononcée le jour de ses funérailles (21 décembre 1370) dans l’église N.-D.-des-Doms à Avignon par le cardinal Guy de Boulogne, Marseille, 1870 ; S. Rituum congregatio Massilien. Confirmalionis cultus ab immemorabili tempore pra’slili Urbano papee V sancto nuncupato, Rome, 1870 ; C. Kothen, Urbain V, translation de ses restes à Alarseille, son tombeau dans l’église du monastère Saint-Victor, dans Revue de Marseille, t. iii, 1857, p. 537-547 ; Béatificaiton du pape Urbain V, pièces à présenter à la Sacrée Congrégation des Rites, Paris, 1866.

VII. Sources documentaires sur les libéralités du pape. — M. Cbaillan, Le studium d’Urbain V de Trets au XIV siècle, dans Mémoires de l’académie d’Aix, t. xvii, 1898, p. 113-256 ; Le studium d’Urbain V à Manosgue, Aix, 1904 ; Documents nouveaux sur le studium du pape Urbain V à Trets-Manosque ( 1364-1367), dans Mémoires de l’académie des sciences d’Aix, t. xix, 1908, p. 89-93 ; La vieille église de Saint-Victor de Marseille et le pape Urbain V, Marseille, 1909 ; Registre des comptes pour le collège papal Saints-Benoît-et-Germain à Montpellier (13681370), Paris, 1916 ; Le studium d’Urbain V à Saint-Germain-de-Calberle, dans Bulletin trimestriel de la société d’agriculture de la Lozère, Archives Gévaudaises, t. iii, (1915-1916), p. 73-107 ; Le studium d’Urbain V à Saint-Roman, dans Mémoires de l’académie de Nîmes, 7e série, t. xxxix, 1918-1919, p. 5-42 ; Le studium d’Urbain V à Gigean, dans Mémoires de la société archéologique de Nîmes, 2e série, t. viii, 1920, p. 107-214 ; Comptes journaliers de Guillaume Sicard, administrateur du collège SS.-Benoît-et-Germain à Montpellier, ibid., p. 167-214 ; Documents sur Villeneuve, Poussan, Balarue : dotations du studium de Gigean (1364-1365), dans Mémoires de la société archéologique de Montpellier, 2’série, t. viii, 1922, p. 309-343 ; P. Despetis, La cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, dans Cahiers d’histoire et d’archéologie, t. VI, 1933, p. 101-123, 324-341, 519-534 ; L. Guiraud, Les fondations du pape Urbain V à Montpellier : le collège des douze médecins ou collège de Mende, Montpellier, 1889 ; Le collège Saint-Tienoît ; le collège Saint-Pierre, le collège du pape, 2e période, Ibid., 1890 ; Le monastère Saint-Benoît et ses diverses transformations depuis son érection en cathédrale en 1536, ibid., 1891 ; Ch. Porée, Notice sur la construction de la cathédrale de Mende, dans Bulletin archéologique du comité des travaux historiques, 1903, p. 72-79, 105-107 ; F. Mimtz, Le pape Urbain V. Essai sur l’histoire des arts à Avignon au A 1 1e siècle, dans Revue archéologique, 1889, t. a, p. 403-412, et 1890, t. i, p. 378-402.

VIII. RÈGLES DE CHANCELLERIE. - E. von Ottenthal, Die pdplslichen Kanzleiregeln von.lohannes NX II. bis Nïcolaux V., Inspruck, 1888, p. 14-48 ; M. Tangl, Die pupstlichen Kanzleiordnungen von 1200-1600, Inspruck, 1894.

IX. Documents d’ordre divers. — J.-H. Albanès, Entrée solennelle du pape Urbain à Marseille en 1365, Marseille, 1865 ; l.. Duhamel, Une ligue au XI Ve siècle, dans Bulletin historique et archéologique de Vauctuse, i. ii, 1880, p. 90-109 (contre lis grandes Compagnies) ; F.-X. Glaschroder, Notizen ûber Urbans V. Romreise 1367-1370 ans dem Klosterarchio oon S, Victor ni Marseille, dans Romisehe Quortalschrift, t. iii, 1898, p. 299-302 (récll de la visite du pape » ; il. Otto, UngedruckU Aktenstûcke nus <tcr Zeit

harls IV., dans QuellOl uiid 1 urschungen, I. ix, 1900,

p. 57-87 ; lî. l’asti’, lnlorno alla morte di Urbano V, dans Scuola caltoHca, oct. 1932, p. 251-255 ;  !.. Pastor, Ungedruckte Akten znr Geschichle d<r Pttpste vomehmlich Im XV, , XVI. and n. Jahrhundert, Prlbourg, 1904, t. r, p. 101 ". (témoignage de Prancesco Aguzzonl, selon lequel un schisme falllll éclater sons l rbaln V).

X. Travaux, ii n’existe aucune biographie complète d’Urbain v. Le livre d’F. de LanouveUe (Le bienheureux i rhum ri in chrétienté au milieu du. 1 1’siècle, Paris, 1929) représente une synthèse dénuée de notes. Plus. i. mable est le livre de M. Chaillan, Le bienheureux Urbain V, Parisj » 1911 (Collection Les Saints) ; H. Denifle, La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent ans, Paris, 1899, t. n ; Zur Geschichle des Cultes Urbans V., dans Archiv fur Literatur-und Kirchen-Geschichte, t. iv, 1888, p. 349-352 ; P. Balan, La ribcllione di Perugia nel 1368e la sua sotlomissione nel 1370 narrata secondo i documenti degle Archivi Vaticani, dans Studie documenli di storiae di diritto, Rome, 1880 ; P. Agulhon, Quelques mots sur deux arrière-petits-neveux d’Urbain V, les Borbal de Combrel, dans Bulletin trimestriel de la société d’agriculture de la Lozère, Chronique et mélanges, t. ii, 19091915, p. 129-130 ; F. Filippini, // cardinale Egidio Albornoz, Bologne, 1933 (ouvrage très insuffisant) ; G. Romano, La guerra Ira i Visconlie la Chiesa (1360-1376), Pavie, 1903 ; O. Vancini, Bologna délia Chiesa (1350-1377), Bologne, 1907 ; R. Delachenal, Histoire de Charles V, Paris, 1916, t. ni ; R. Davidsohn, Tre orazioni di Lapo di Castiglionchio, ambascialore fiorentino a papa Urbano Ve alla curia in Avignone, dans Archivio storico ilaliano, t. xx, 5e série, 1897, p. 225-246 ; V.-L. Bourrilley, Duguesclin et le duc d’Anjou en Provence (1368), dans Revue historique, l. ciii, 1926, p. 161-180 ; L.-H. Labande, Bertrand du Guesclin et les Étals pontificaux de France, dans Mémoires de l’académie de Vauctuse, 2e série, t. iv, 1904, p. 43-80 ; L.-H. Labande, Le palais des papes et les monuments d’Avignon au XI Ie siècle, Marseille, 1925 ; Yves Renouard, Les relations des papes d’Avignon et des compagnies commerciales et bancaires, de 1316 à 1378, Paris, 1941, p. 280-365 (avec documents en appendice ; détails sur les libéralités du pape) ; G. Mollat et Ch. Samaran, La fiscalité pontificale en France au.XI V siècle, Paris, 1905 ; O. Halecki, Un empereur de Bgzance à Rome. Vingt ans de travail pour l’union des Églises et pour la défense de l’Empire d’Orient, 1355-1375, Varsovie, 1930 ;.1. Delaville’e Roulx, La France en Orient au XIVe siècle, Paris, 1886 ; N. Jorga, Philippe de Mézières et la Croisade au XI Ie siècle, Paris, 1896 ; La vie de S. Pierre Thomas, par Philippe de Mézières, éditée dans les Acla sanctorum, janvier, t. ii, p. 995-1022 ; E. Duprè Theseider, / papi di Avignonee la Questione romana, Florence, 1939, p. 122-156 (n’apporte rien de nouveau sur le retour d’Urbain V soit à Rome, soit à Avignon ; le livre est destiné au grand public) ; G. Monticelli, Chiesae llalia durante il pontificato Avignonese, Milan, 1937, p. 112-115, 307-311) (même caractéristique) ; J.-H. Albanès, Abrégé de lu me et des miracles du bienheureux Urbain V, Paris, 1872 ; Th. Roussel, Recherches sur la vie et le pontificat d’Urbain V, Paris, 1840.

G. Mollat.