Dictionnaire de théologie catholique/UNITÉ DE L'ÉGLISE II. Les Pères

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 325-334).

II. Les Pères.

Pères apostoliques.

Cette double préoccupation des apôtres se retrouve chez les Pères apostoliques, qui ne manquent pas de rappeler la doctrine du corps mystique.

I. Didache et épître de Barnabe.

Dans ces deux écrits sont indiqués le baptême, rite initiateur de l’Église, et le culte du dimanche : deux points qui marquent l’unité de foi. Did., vii, 1-3 ; xiv, 1 ; Barn., xi, 1, 11 ; xv, 9. La Didachè indique plus particulièrement la réalisation du sacrifice unique et universel, prédit par Malachie, xiv, 3 ; elle fixe certains points de la liturgie eucharistique, ix, 1-3 ; x, 1-4, rappelant en particulier que seuls les baptisés peuvent participer à la communion, ix, 5. Ces enseignements dog matiques et disciplinaires sont connexes à la pensée de l’unité de l’Église : « Comme ce pain que nous rompons était dispersé (à l’état de grains) sur les collines et, une fois recueilli, est devenu un, qu’ainsi votre Église soit rassemblée en votre royaume des extrémités de la terre. Souvenez-vous, Seigneur, de votre Église, pour la délivrer de tout mal et la perfectionner dans votre amour ; sancti fiez-la, rassemblezla des quatre vents du ciel. » ix, 4 et x, 5. L’anaphore de Sérapion (iv siècle) qui s’inspire de ce passage, demande à Dieu de faire ce rassemblement « dans l’Église catholique, une et vivante ». iv, 4. Cf. Kirch, Enchiridion fontium, n. 479 ; cf. Funk, Didascalia, 1905, t. ii, p. 175. Dans l’Église tout doit se passer dans la soumission aux évêques et aux diacres, chargés de la liturgie eucharistique, xv, 1. Rappel de l’unité de gouvernement dans un christianisme « autonome, communautaire, autoritaire ». Cf. Batiffol, L’Église naissante, Paris, 1909, p. 131.

2. Épitre de saint Clément.

La comparaison du corps humain avec la prééminence de la tête sur les membres, se trouve expressément aux c. xxxvii, xxxviii. Clément reproche aux Corinthiens leurs disputes, leurs colères, leurs dissensions, leur guerre fratricide, xlvi-xlvii, et il leur rappelle l’obligation de maintenir l’unité du corps mystique conformément aux enseignements de l’apôtre Paul, xlvii, 1, 6-7 ; cf. xlvi, 7. Les fidèles sont un peuple, sOvoç, que Dieu s’est choisi ; dans leurs actes, ils doivent se revêtir d’unanimité : èv8uaw[i.e6x tyjv ô^évoiav, xxx, 3 ; cf. xxix, 1-3 ; xxxiv, 7. Pour maintenir cette unité, la charité est indispensable, xlix, 5.

Une des garanties de l’unité est la soumission aux presbytres, i, 3 ; lvii, 1 ; cf. lxiii, 1 ; liv, 2 ; et plus généralement le respect de la hiérarchie apostolique. xl, xlii. La discipline ecclésiastique est comparable à la discipline militaire, xxxvii, 2-3 ; les uns doivent commander, les autres obéir, chacun à son rang. A l’ôu, 6voia qui doit réunir les fidèles correspond la rcoaSêta, c’est-à-dire l’éducation, la formation qu’ils doivent recevoir des chefs pour réaliser l’unité dans l’Église, lvi, 2 ; cf. lvii, 1-2. L’objet de cette unité dans la discipline, ce sont les préceptes du Seigneur et la foi reçue, ii, 8 ; iii, 4 ; xiii, 1, 3 ; xx, 1, 10 ; xlix, 1 ; lviii, 2 ; lxii, 3 ; lxiii, 1 : « Abandonnons les recherches vides et vaines et venons au glorieux et vénérable « canon » de notre tradition. » vii, 2.

Le seul fait de l’intervention de la communauté romaine dans les troubles de Corinthe, provoquée ou spontanée, atteste la supériorité de l’Église de Rome. Voir Clément I er de Rome, t. iii, col. 53. Cf. Duchesne, Églises séparées, Paris, 1896, p. 126, et, avec quelques nuances discutables, Sohm, Kirchenrecht, 1892, p. 160. On lira tout particulièrement G. Bardy, La théologie de l’Église de saint Clément de Rome à saint Irénée, Paris, 1945, c. i-ii ; spécialement, en ce qui concerne S. Clément, p. 107-113.

3. Saint Ignace d’Antioche.

L’unité de l’Église est mise en un relief saisissant : il est clair que l’autorité s’affirme dans l’Église parce qu’elle est, pour Ignace, dans la constitution même voulue par le Christ.

L’unité s’affirme d’abord pour chaque Église particulière, dans laquelle les fidèles doivent être étroitement unis à l’évêque, au presbytérium et aux diacres. Ephes., iv, 3 ; v, 2 : vi, 2 ; Magn., i, 2 ; iii, 1 ; vi, 1 ; vii, 2 ; xiii, 1-2 ; Trait, ii, 1 ; iii, 1 ; Philad., m. 2 ; vu, 1-2 ; Smyrn., viii, 1 ; ix, 1 ; Polyc, vi, 1. Pas de déserteur dans les fidèles enrôlés au service du Christ’. Polyc, vi, 2. Les fidèles forment un chœur symphonique, accordant leurs voix pour chanter par le Christ les louanges du Père. Ephes., iv, 1. Chaque Église particulière devient ainsi une « charité « (iy&izr, ) ; cf. Trall., xiii, 1 ; Rom., ix, 3 ; Philad., xi, 2 ; Smyrn., xii, 1. Cette union dans la charité cimente une unité parfaite qui s’étend, par Jésus-Christ, évêque de tous, à l’Église universelle. Magn., viii, 1-2 (pour l’union en général) ; Philad., iv ; cf. Ephes., xx, 2 (pour l’union dans l’eucharistie). Là où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique (ôtou av XptaToç’ItjctoGç, èxst r) xaGoXtxY) èxxX-rçata). Snujrn., viii, 2. Toutefois, les apôtres et les Églises apostoliques ont une autorité particulière. L’autorité des apôtres est bien supérieure à celle qu’Ignace a comme évêque. Cf. Trall., iii, 3 ; Rom., vi, 3. En plaçant très haut l’autorité de Pierre et de Paul, Ignace semble considérer l’Église romaine comme douée d’une prééminence, Rom., début, non seulement dans les œuvres de charité, mais dans le’gouvernement effectif des autres Églises. Sur l’interprétation de 7rpoxaGr)[j.ïV7) ttjç àyâTc^ç, voir Ignace d’Antioche (Saint), t. vii, col. 708-709 ; Funk, Kirchengeschichtliche Abhandlungen, t. i, Paderborn, 1897, p. 2-12 ; Dom Chapman, Saint Ignace d’Antioche et l’Église romaine, dans Rev. bénéd., t. xiii, 1896, p. 385-400 ; Bardy, op. cit., p. 113-117.

L’union étroite des fidèles de chaque Église particulière avec leur évêque, des fidèles de l’Église universelle avec le Christ suppose l’unité dans la foi. Les doctrines perverses doivent être éloignées de ceux qui « sont les pierres du temple du Père… portées en haut par l’instrument de Jésus-Christ, la croix, et qui ont l’Esprit-Saint comme câble les reliant au ciel ». Ephes., ix, 1. Contre l’erreur, ils doivent persévérer fermes dans la foi, ibid., x, 2 ; user seulement de l’aliment chrétien et s’abstenir de toute herbe étrangère, c’est-à-dire de l’hérésie. Trall., vi, 1 ; cf. Philad., III, 1. Qui s’attache au schisme sera exclu du royaume de Dieu. Philad., iii, 3. C’est par la pénitence qu’on peut revenir à l’unité de l’Église, ibid., 2 ; et le pardon n’existe que dans la conversion à l’unité de Dieu dans la communion de l’évêque. Philad., vii, 2.

I. Saint Polycarpe.

L’épître indique en passant l’unité et la stabilité de la vraie foi, qu’il faut retenir telle qu’elle nous fut transmise, sans égard aux doctrines erronées, iv, 2 ; vii, 2. Elle marque l’obligation d’être soumis aux prêtres et aux diacres, comme à Dieu et au Christ, v, 3. La foi est fondée sur les « saintes Écritures », cf.xii, 1, c’est-à-dire sur l’Ancien Testament et sur l’enseignement authentique du Seigneur et des apôtres, l’enseignement tel qu’il a été transmis dès le commencement. Batiffol, op. cit., p. 198.

Le Martyrium Polycarpi souligne plus expressé- j ment l’unité de communion qui doit régner dans l’Église universelle. Dans l’inscription, l’auteur adresse son salut non seulement à l’Église de Philomélium, mais à toutes les communautés de la sainte Église catholique sur toute la terre. » Plus loin, c. xxx, Jésus-Christ est qualifié de « pasteur de l’Église catholique dans tout l’univers ».

5. Le Pasteur d’Hermas, — Dans les Visions et dans les Similitudes, la « tour » figure l’Église. Vis., III, m, 4., cf. SÙIL, IX, xiii, f. Sur l’organisation de l’Église, voir l’art. Hermas, t. vi, col. 2281. L’unité de l’Église est fortement accusée. La tour est bâtie sur les eaux, .illusion évidente au baptême. Vis., 1 1 1, v, 1. Mais elle est construite aussi sur une large pierre une porte : la pierre est le Christ, fondement sur lequel s’appuie toute l’Église et les fidèles qui en font partie.Sim., IX, iv, 2 ; cf.xii, 1 ; xiv, 4-0. Si le symbole de la porte est ajouté ici à celui de la pierre, i est qu’on ne peut entrer dans le royaume de Dieu qu’après être passé par la porte (du baptême), Sim., IX, xii, 5, désignée un peu plus loin par l’eau dans laquelle descendent ceux quisonl mort s (à la grâce) ci dont ils sortent vivants. Sim., IX, xvi, 3-4, Com posée ainsi de justes qui s’appuient sur la pierre fondamentale du Christ, la tour est tellement une qu’elle apparaît un monolithe. L’expression se lit à deux reprises, Sim., IX, ix, 7 ; xiii, 5 ; cf. Vis., III, ii, 6.

Dans cette unité s’adaptent parfaitement les pierres cubiques et blanches, figurant les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres, qui ont pratiqué la sainteté et rempli dignement leur ministère, ainsi que les martyrs et les justes. Vis., III, v, 1-4 ; cf. Sim., IX, xvi, 5-7. D’autres pierres gisent au pied de la tour ; ce sont les pécheurs qui ne pourront entrer dans la tour qu’après pénitence et préparation suffisantes. Vis., III, v ; cf. Sim., VIII, vi, 4-5 ; 7 et 8. Quoi qu’il en soit d’une pénitence possible pour ces derniers, il est certain que nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu que revêtu du Saint-Esprit, Sim., IX, xiii, 2, symbolisé par les vierges qui entourent l’Église, ibid., ix, 5 ; cf. Vis., III, viii, 12 (allusion à la parabole du festin nuptial, Matth., xxii, 12).

Toutes les nations de l’univers, par la foi, sont appelées à faire partie des enfants de Dieu ; mais c’est toujours dans l’unité de pensée, de sentiments, de foi, de charité. Aussi la structure de la tour apparaît-elle resplendissante d’une seule couleur comme le soleil ; ceux qui en font partie ne font qu’un seul corps. Sim., IX, xvii, 4-5. Voir Bardy, op. cit., p. 117121.

6. Fragments d’auteurs.

La doctrine de ces fragments corrobore l’enseignement de l’Église naissante sur son unité.

Papias ne veut retenir que ce qu’il a appris des « anciens » et il oppose les « bavards » aux « anciens » qui enseignent le vrai : ce qu’il veut, c’est l’enseignement authentique de Jésus, connu par les traditions des apôtres. Cf. Eusèbe, H. E., III, xxxix, 3-4. 7 ; cꝟ. 14, P. G., t. xx, col. 297 A ; 300 C. Voir également KY)puyu.a Ilérpou, édit. Dobschiitz, p. 21. Cf. Batiffol, op. cit., p. 206, note 1.

Hégésippe veut vérifier « la saine tradition de la prédication apostolique ». Eusèbe, II. E., IV, viii, 2, col. 321 B. Comparant l’Église de Corinthe et celle de Rome, il établit leur succession également apostolique et, par là, l’unité de leur foi. Ibid., xxii, 3. col. 377 C. Pareillement, l’Église de Jérusalem remonte à Jacques, qui en est le premier anneau, n. 4, col. 380 A. Les sectes qui se sont séparées « introduisirent chacune leur opinion particulière…, ont divisé l’unité de l’Église ». ibid., 4-6, col. 381 A. Enfin, de tous les évêques qu’Hégésippe a rencontré en allant à Home, il affirme avoir recueilli l’expression d’une foi identique chez tous. Ibid., xxii, 1, col. 377 C.

L’épitaphe d’Abercius rend aussi témoignage a l’unité de la foi et à la « royauté » de Rome. Le peuple qui porte un sceau brillant (le peuple des baptisés) possède la même foi et le même culte que lui. Voir Aiiercius, t. i, col. 62.

La finale de Vépître à Diognète montre aussi l’unité de la foi remontant au Christ et transmise de proche en proche par la tradition. Voir DioonèTE (Épttre à), t. iv, col. 1367.

Pour l’auteur de la // » démentis, en faisant la volonté du Père, il faut aussi appartenir à l’Église, épouse du Christ, xiv, 1, et garder fidèlement l’empreinte baptismale. VI, 9 ; vii, 6 ; viii, 6.

Denys de Corinthe adressa à diverses Églises des i épîtres catholiques ». Eusèbe, II. L’.. IV. XXIII, 1. col. 384 R. Dans celle aux l.acédémoniens, il fait une catéchèse d’orthodoxie, traitant do la paix et de l’unité. S’adressant aux chrétiens de Nicomédle, il défend le « canon de la vérité. Des Athéniens, il blâme le relâchement dans la foi. D’ailleurs, dans le fait d’écrire aux autres Églises. « on voit quelles

relations unissaient les Églises les unes aux autres ; comment aussi l’épiscopat monarchique était en

vigueur dans chaque Église ; comment les évêques étaient heureux de se soutenir et de se conseiller mutuellement, avec le constant souci d’animer partout l’attachement à l’unité, à la droite foi, au canon de la vérité, à la détestation de l’hérésie. » Batilïol, op. cit., p. 220. Dans la lettre aux Romains, cf. Eusèbe, ibid., 10, col. 388 B, l’Église de Rome est exaltée pour sa charité qui s’étend à toutes les autres Églises. Le pape Soter y apparaît comme exerçant la bienveillance d’un père à l’égard de ses enfants.’Soter avait envoyé à Corinthe une lettre aujourd’hui perdue. Mais l’Église de Corinthe « la lisait toujours ; comme une admonition, ainsi que la première, celle qui avait été écrite par Clément ». Ibid., 1 1, col. 388 C339. Indice de la primauté romaine. Voir Bardy, op. cit., p. 104-106.

2° Les Pères apologistes. - - Les apologistes n’ont pas tous envisagé la question de l’Église et de son unité.

1, Saint Justin. — S’il parle rarement de l’Église, il a du moins le sentiment d’une double unité dans l’Église. Tout d’abord, unité dans la foi, résultant de la continuité doctrinale issue des apôtres, / a Apol., xiii, 1 ; xiv, 4 ; xxiii, 1 ; xli, 9 ; lxvi, 3, P. G., t. vi, col. 345 B ; 349 A ; 421A ; 430 A. Cette unité dans la foi engendre une union de sentiments et d’affections se traduisant entre chrétiens par l’appellation de « frères », par la prière pour les nouveaux baptisés et pour tous les autres afin que Dieu les maintienne dans l’observance fidèle des prescriptions, enfin, par la communion à la même eucharistie, ibid., lxv, col. 428 AB. Dans le Dialogue, il résume sa pensée sur l’unité en une phrase suggestive : « C’est à ceux qui croient en lui, qui lui sont unis dans une même âme, une même Synagogue et une même Église (les deux termes sont ici synonymes) que le Verbe de Dieu parle comme à sa fille l’Église qui est constituée de par son nom et participe à son nom, car tous nous nous appelons chrétiens. » DiaL, lxiii, 5, col. 621 B. Cf. Justin (Saint), t. viii, col. 2251-2252. D’une autre manière Justin affirme l’unité dans l’Église : pour lui, cette unité se manifeste dans le seul qualificatif de catholique, qui appartient aux seuls membres de la communauté chrétienne, tandis que tous les dissidents portent, par leur nom même, l’indication de leur particularisme et de leur défection de l’unité. DiaL, xxxv, col. 552 B. Voir Bardy, op. cit., p. 58-60.

2. Saint Irénée.

À l’unité d’une foi reçue des prophètes et des apôtres, Irénée oppose les errements des hérétiques, incapables de professer le même sentiment sur un point de la foi : c’est qu’ils ne sont pas fondés sur la pierre unique. Cont. hær., III, xxiv, 1-2, P. G., t. vii, col. 966-967. Au contraire, l’Église professe partout et toujours la même foi, comme si, dispersée dans le monde, elle habitait une maison unique. Elle n’a qu’un cœur, qu’une âme, qu’une bouche. Elle illumine de la même clarté les peuples les plus divers ; mais, comme le soleil est partout le même, ainsi la prédication de la vérité apporte partout la même lumière. Parce que la foi est partout la même, ni celui qui peut en parler plus abondamment ne peut y ajouter, ni celui qui est moins instruit, ne peut en retrancher. I, x, 2, col. 552 A-553 B.

Ainsi l’unité et la continuité de la foi dans l’Église montre que celui qui délaisse ce flambeau (ztctuilu^oç) tombe nécessairement dans l’erreur. Les hérétiques « cherchant toujours la vérité, ne la trouvent jamais ». Il faut donc les fuir et se réfugier dans l’Église. V, xx, 1-2, col. 1177-1178. C’est là seulement qu’on trouvera la vérité reçue des apôtres. III, iv, 1, col. 855 AB. Les apôtres sont le duodecaslylum firmamentum Ecclesix, fondement posé par le Christ lui même, IV, xxi, 3, col. 1045 B. Pour savoir où se trouve la vérité, il sudit d’énumérer la liste des évêques de l’Église la plus grande, la plus ancienne, la plus connue, fondée par les deux apôtres Pierre < t Paul, l’Église de Home. III. iii, 2, col. 848 B. Sur la prééminence de Rome d’après Irénée, voir ici t. vii, col. 2430 sq. ; cf.L. Spikowski, La doctrine de V Église dans saint Irénée, Strasbourg, 1927. c. V. Irénée se montre sévère à l’égard de ceux qui, considérant leur propre utilité plutôt que l’unité de l’Église, déchirent et divisent le corps du Christ, s’efforçant, dans la mesure où ils le peuvent, de le tuer. IV, xxxiii, 7, col. 1076 AB. Puis, revenant à la vraie sagesse (yvo>aic, ) qui découle de la doctrine des apôtres, reçue par la succession légale des évêques, il déclare que cette succession est comme « le caractère du corps (mystique ) du Christ ». Ibid., 8, col. 1077 B. Car l’Église est un corps, dont le Verbe est la tête, comme le Père est la tête du Fils et le Saint-Esprit est en chacun des fidèles. V, xviii, 2, col. 1173 A. L’Église visible à laquelle nous appartenons est quelque chose d’organique, -h àpjçaïov TÏjç IxxXTjOtaç crûa-r^ua. Le schisme est donc une faute contre l’unité et doit être jugé avec une rigueur impitoyable : malheur à qui déchire le corps du Christ. IV, xxxiii, 7, col. 1076 B. Voir Bardy, op. cit., c. iv, p. 183-210.

3. Tertullien.

Pour Tertullien, l’Église, apostolique par son origine, se maintient une et identique à elle-même en se propageant. Les Églises, si nombreuses soient-elles, ne sont que cette première Église, fondée par les apôtres et dont elles dérivent toutes. Toutes sont la première Église, toutes sont apostoliques, puisque toutes démontrent pareillement leur unité, puisqu’entre toutes, il y a communication de paix, appellation de fraternité et mutuel témoignage d’hospitalité. Præscr., xx, P. L., t. n (1840), col. 32 B. Sans cette communauté d’origine et de tradition, l’unité dans la doctrine serait inexplicable. Ibid., xxviii, col. 40 B. En raison de leur commune origine apostolique, toutes les Églises chrétiennes doivent entre elles garder la communion. Ibid., xxxii, col. 44 C. Voir aussi, nonobstant la tendance montaniste, le De virginibus velandis, t. ii, col. 890 C-891 A.

De plus, les fidèles sont unis entre eux, comme les Églises, par les liens de la charité : « Nous formons un corps par l’unité de religion, de discipline d’espérance. » Apol., xxxix, t. i, col. 468 A. Cette communauté se traduit dans la prière, la lecture des mêmes Écritures, les exhortations et les corrections mutuelles, les aumônes librement apportées, col. 469-470, « de telle sorte qu’on est obligé de dire de nous : < Voyez « comme ils s’aiment. » Col. 471 A. Tertullien insiste également sur cette communion des saints qui fait des épreuves de chaque membre les épreuves du corps entier : chaque membre, c’est l’Église, et l’Église, c’est le Christ. De ptenit., c. x, col. 1245 B.

Enfin, il rappelle la prééminence des Églises apostoliques, notamment de celle de Rome, Præscr., xxxii, t. ii, col. 44 C. Habes Romain unde nobis quoque auctoritas est Église particulièrement heureuse, puisque les apôtres lui ont infusé leur doctrine avec leur sang, xxxvi, col. 49 AB : cf. Adv. Marcioncm, iv, 5, col. 366 C. C’est à Pierre que le Christ a laissé les clefs pour les donner, par lui, à l’Église. Scorpiace, x, col. 142 C. Dans chaque Église particulière, l’unité de gouvernement a pour conséquence la place unique réservée à l’évêque, sous l’autorité duquel se trouvent prêtres, diacres et simples fidèles. De baptismo, xvii, P. L., t. i, col. 1218 A. Sur l’ecclésiologie de Tertullien, voir K. Adam, Der KirchenbegrifJ Tertullians, Paderborn, 1907.

4. Saint Cyprien.

L’unité de l’Église est un des points fondamentaux de la théologie de saint Cyprien. Voir Cyprien (Saint), t. iii, col. 2107-2168 et Primauté, t. xiii, col. 273-275. Novatien est rejeté par Cyprien du seul fait qu’ « il enseigne hors de l’Église ». Pj>ist., i.n (lv), 24 ; et il a été combattu par d’autres, parce qu’il a déchiré l’Église. Cf. Denys d’Alexandrie, dans Eusèbe, II. E., VI, xlv, P. G., t. xx, col. 633 ; cf. VII, viii, col. 652-053. Voir ici Novatien, t. xi, col. 839-840.

I.e De unitate Ecclesix n’avait pas pour but de montrer l’unité de l’Église. Cyprien a voulu défendre l’unité de chacune des Eglises dont est formée l’Eglise universelle, unité qui s’incarne dans l’autorité de l’évêque unique. Le problème de l’union entre les différentes Églises grâce à une autorité plus liante n’est pas son objet. Un passage célèbre du De Ecclesia, c. iv, semble cependant affirmer la primauté romaine.

De ce passage, on a discuté l’authenticité. Certains critiques le considéraient comme une interpolation faite

in v’siècle. Cf. II. Koeh, Cyprian unit der rômische Primai,

dans Texte und Unlersuehungen, t. xxxv, fasc. 1, Leipzig, 1910 ; Cathedra Pétri, dans Zeitschrift jiirdieneutestamentliche Wissenschafl, Giessen, 1930, p. 407 ; Benson, Cyprian, his ii/e, his lime, his work, Londres, 1897, p. 180 sq. ; Loofs, Dogmengeschichte, Halle, 1906, p. 209 ; et, parmi les catholiques, A. Ehrhard, Die altchristliehe Literatur und ihre Erforschung non 1*84 bis 1900, Fribourg-en-B., 1900, p. 470 ; Tixeront, Hist. des dogmes, t. i, p. 381 sq. D’autres admettaient l’authenticité, tout en acceptant un remaniement de texte. Voir Batiffol, L’Église naissante, Excursus E, Les deux éditions du De unitate Ecclesiee, p. 440 sq. Cf. Hum Chapman, Les interpolations dans le traité de Saint Cyprien sur l’unité de l’Église, dans la lietnie bénédictine, t. xix, 1902, p. 246 sq. ; 357 sq. ; et t. xx, 1903, p. 26 sq.j Otto Ritschl, Cyprian von Carthago und die Verfassung der Kirche, Ciad lingue, 188.">, p. 95 sq. Plus récemment, Van den Eynde, La double édition du De unitate ni Cyprien, dans Bev. d’hist. ecelés., t. xxix, 1933, p. 5-24 ; et J. Lebreton, même titre, dans les Beeherehes de science religieuse, t. xxiv, 1934, p. 456-467. Le remaniement s’expliquerait, soil que Cyprien ait atténué la rédaction romaine < antérieure, quand il fut en délicatesse avec le pape Etienne (Van den Eynde), soit que Cyprien, ayant d’abord rédigé le De unitate pour combattre seulement le schisme africain, ait au contraire accentué son texte primitif quand il envoya son livre à Home, en visant le schisme romain ( Lebreton l.

Le P. Lebreton a donné une nouvelle synthèse de la question. Les écrivains chrétiens d’Afrique, dans l’Histoire de l’Église de Fliche-Martin, t. ii, 1939, p. 411-113. En oiei la conclusion :

Épiscopaliste incontestable, préoccupé d’abord de l’unité intérieure de chaque Eglise, que ses pasteurs doienl défendre de l’hérésie, du schisme et des dissensions, saint Cyprien a insisté surtout sur le rôle de l’évêque ; niais, en certaines circonstances, il a été amené à dire que parmi les Eglises, il y en avait une qui était la première I ! i’.mille le symbole de l’unité de toutes les autres, parce qu’on pouvait, en remontant la série de ses évêques, non Seulement arriver ; i un apôtre connu, déterminé, certain, mais : i celui en la personne de qui, précisément, l’unité avait d’abord reposé. Si celle Eglise a ainsi une position spéciale, n’existe-t-ii pas, pour l’ensemble des Églises constituant l’Église universelle, une obligation, que Cyprien D’à pas plus niée que formulée, de se conformer a elle, COnvenire, selon le mot de saint Irénée, en matière de foi, s : ms que celle obligation ait paru solidaire d’un droit de commandement souverain, que Cyprien a rejeté en matière disciplinaire ?’'est là la conclusion d’historiens, à la fois comme Harnack, Dogmengeschichte, t. i. I" édit., Leipzig, 1909, p. il ? sq., et comme Punk, Theologische Revue,

t. VIII, 1909, p. 122. ou Batiffol, L’ÉgliSt naissante (édit.

de 1927, p. 399 sq.), qui, se refusant à suivre la thèse de

l’Interprétation strictement épiscopalienne de Koeh,

on il Loofs, Tixeronl et Ehrhard, font peut-être

Il n moins romain que dom Chapman et lïilschl,

ni qu’il a reconnu à l’Église de Rome, a

défini de primauté d’ordre juridictionnel, l’autorité d’ui

centre réel et vivant d’unité, entendons essentiellement de’oi. pour l’Église imiv i

Voir aussi d’.sies, i.a théologie de saint Cyprien, Paris,

MCI, Dl fHÉOL. (..V I IIOL.

1922 ; B. Poschmann, Ecclesia principalis, Ein kritischer Beitrag zur Fraye des Primats bei Cyprian, Brestau, 1933, et, dans le sens le plus « romain », T. Lapelena, Pelrus oriyo unitatis apud S. Cyprianum, dans Gregorianum, t. xv, 1934, p. 500 ; t. xvi, 1935, p. 196. Le traité De l’unité de l’Église catholique a été traduit en français par P. de Labriolle, avec introduction et notes, Paris, 1942.

3° Les Pères Grecs, du m’au ie siècle. — Vu les

j divergences qui séparent l’Église romaine et les

. Églises orientales relativement à l’unité de l’Église,

il convient d’interroger les principaux Pères grecs sur

ce sujet.

1. Clément d’Alexandrie.

Deux moyens lui semblent indiqués, qui permettent de discerner de l’hérésie la vraie foi, Slrom., VII, 16 et 17 : recourir à l’Écriture afin d’y puiser l’indication d’un jugement sûr ; examiner l’antériorité de l’enseignement de l’Eglise sur celui des hérétiques. C’est à ce dernier propos surtout que Clément exprime son sentiment sur l’unité de l’Église. Voir Batiffol, L’Église naissanté, p. 306-316.

L’Église terrestre est universelle, mais une ; c’est l’Eglise « totale » et de cette Église totale le Christ est la couronne, ttjç auu.Trâar ; Ç èxxÀTjatoci ; oTsçavoç ô Xpio-TÔç, Pœdag., ii, 8, P. G., t. viii, col. 480 B ; cf. Strom., fil, 11, col. 1175 B ; IV, 8, col. 1272 A. Cette Église, une et universelle, apostolique par son origine et sa doctrine, est « l’antithèse vivante et triomphante de l’hérésie ». Voir sur Eph.. iv, 11. Pœdag., i, 5, col. 269 C ; sur Prov., ix, 12, Slrom., i, 10, col. 812 C. L’Église est l’épouse légitime de Dieu, Slrom.. III, 12, col. 1180 B ; les hérésies l’assaillent du dehors. L’Église est la vérité, les hérésies ne sont que l’opinion ; elles sont d’une école plutôt que de l’Église. Strom., VII, 15, P. G., t. ix. col. 528. Le principe de cette vérité est l’enseignement du Seigneur, principe au-dessus de toute discussion. Strom., VII, 16, col. 532. Ainsi l’enseignement du Christ est l’unique et nécessaire fondement ; cf. Cohort. ad Gentes, ii, P. G., t. viii, col. 288 sq., et la seule gnose recevable est rèxxÀ7]at.ao-7(, XY) "fvûsTiç, Slrom.. VII, 16, t. ix, col. 544 A.

Les hérésies, qu’elles soient anciennes ou récentes, sont donc des nouveautés et des altérai ions par rapport à l’Église, « plus âgée et plus véritable », -rf ( ç 7rp0Y£veaTa-r-/)< ; xoci, -y.rfùzes-y.-rr i c, èxx/// ; rsîaç : c’est a cette Église ancienne et véritable que sont inscrits les vrais justes. Dieu étant unique, le Seigneur étant unique, ce qui est vénérable sera loué d’être unique, imitant en cela son principe qui est unique. L’Église est donc associée à la nature de l’unité, cette Église unique, que les hérétiques essaient de diviser en multiples hérésies. Donc, « en hypostase, en idée, en principe, en excellence, unique est l’ancienne el catholique Église dans l’unité d’une foi unique qui est selon les Testaments (ou plutôt selon le Testament unique, mais adapté aux différentes époques dans Lesquelles la volonté divine rassemble par le seul Seigneur (Jésus-Christ) tous ceux que Dieu a prédestinés ». L’excellence de l’Église, comme le principe de sa constitution, est dans son unité, el elle est au dessus de tout, sans qu’il y ait rien de semblable ou d’égal à elle. Slrom., VII, 17, t. i. col. 552. Voir Clément d’Alexandrie, t. iii, col. 107.

2. Origine, - Origène n’a jamais abordé pour lui-même le problème de l’unité de l’Église ; niais il l’a senti et évu. Voir OrIOÈNB, t. xi. col. 1153-115 1. Il affirme expressément que l’unité de la foi faii l’unité de la chrétienté, (lu peuple gui in sacramentis Chrisit confœderaltu est. in Num., homil. >. 9. P. <, .. t. xii. col. 701. Cette unité a pour base la prédication apos tolique, dans laquelle l’Église n’a qu’une doctrine, latins Ecclesia una tententia, De princ, I, t, .s. t. m.

T.. 69. col. 119. Telle est la foi « droite » de l’Église, In Rom., i, 19, t. xiv, col. 870 ; en face de laquelle la doctrine des hérétiques est de la « fausse monnaie », In ps. XXXVI, nom. iii, 11, t.xii, col. 1347, Si l’Église est comparable à l’arche de Noé dans laquelle il faut être pour se sauver, c’est que ceux qui sont dans l’Église ont tous la irtême foi et sont purifiés par le même baptême, bien que tous n’en profitent pas également. In Gen., hom. ii, 3, t.xii, col. 168 B. Ainsi l’Église, ayant reçu la lumière du Christ, est elle-même une lumière qui éclaire : le Christ est la lumière des apôtres et les apôtres sont la lumière du monde. Ibid., hom. i, 5, 6, col. 150 C-151 A. L’Église est pour ainsi dire entourée du mur de la vérité du Verbe. In Jer., hom. v, 16, t. xiii, col. 320 C.

Sur l’unité de communion, on trouve chez Origène de belles affirmations, s’inspirant surtout de la comparaison paulinienne du corps et des membres, le Christ étant principe de vie pour son corps, l’Église. Cont. Celsum, IV, 48, t. xi, col. 1373 B. Cf. In epist. ad Rom., t. V, n. 9, t. xiv, col. 1046 A ; In Luc, hom. vi, t. xiii, col. 1819 AB ; In Joa., x, 20, t. xiv, col. 369 D-372 A ; 27, col. 393 B. Dans l’Église, l’évêque est le surveillant-né de cette unité tangible. In Jesu Nave, hom. vii, 6, t.xii, col. 862 ; cf. In Matth. com., ser. 14, t. xiii, col. 1620. Les Églises dispersées constituent une unité mystique : elles sont « le corps entier des synagogues de l’Église ». In Matth., xiii, 24, t. xiii, col. 1157. C’est ainsi qu’Origène parle de 1’ « œcuménicité » de l’Église de Dieu, Selecta in ps., xxxii, 8, t.xii, col. 1305 ; qu’il l’appelle « le cosmos du cosmos », In Joa., vi, 38, t. xiv, col. 301 ; qu’il la compare à une maison unique, Cont. Gels., VI, 48, t. xi, col. 1378 ; cꝟ. 79, col. 1417.

Quant à l’unité d’autorité et de gouvernement, le commentaire In Matth. (c. xvi, ꝟ. 18), xii, 10-11, ’t. xiii, col. 996-1005, semble ne pas accorder à Pierre de rôle spécial comme fondement de l’Église, les apôtres partageant avec lui ce rôle ; bien plus, tout le peuple chrétien étant lui-même « Pierre », c’est-à-dire pierres vivantes dont se compose l’Église de Dieu. On n’oubliera pas que cette interprétation, à la fois littérale et allégorique, a un fondement dans I Pet., ii, 4. Voir Origène, col. 1554.

On sait par ailleurs que Denys d’Alexandrie, un des plus fervents disciples d’Origène. dénoncé à Denys de Rome, s’explique dans une apologie en quatre livres. Cf. S. Athanase, De sententia Dionysii, 13, P. G., t. xxv, col. 500.

3. Cette doctrine de l’unité de foi et de communion se retrouve en un curieux fragment du Ilepl èxxA7)a[a< ; attribué à Anthime de Nicomédie († 302) : « Comme il y a un Dieu, un Fils de Dieu, un Esprit-Saint, ainsi Dieu a créé un homme unique, un cosmos unique, et il y a une Église catholique et apostolique et un baptême pour tout le cosmos : Mioc toÎvuv xaôovix ?) xai. à7ro<rroXix7) èxxATjata lem xotG’oay)ç oïxo’j[iiv7]< ;, , qui garde aujourd’hui encore la foi qu’elle a reçue des apôtres… Mais les hérésies n’ont reçu (leur doctrine) ni des apôtres, ni des disciples des apôtres, ni des évêques successeurs des apôtres…, et elles ne sont point établies partout… et leurs Églises ne sont point appelées catholiques. » Publié par G. Mercati, Note di letteralura biblicae cristiana antica, Rome, 1901, p. 95-98.

On trouve également chez Eusèbe de Césarée quelques formules qui lui sont personnelles et qui rappellent celles d’Origène : « Il n’y a qu’un jour du Seigneur pour nous éclairer dans son unique maison qu’est l’Eglise, répandue à travers tout le monde. » Demonstr. evang., IV, xvi, P. G., t. xxii, col. 313 A.

4. Saint Athanase.

Quoique leur attention fût principalement concentrée sur l’arianisme, les Pères

du ive siècle ne manquent pas de manifester leur pensée sur l’unité de foi et l’unité de communion dans l’Église universelle, la reconnaissance de la primauté romaine étant plutôt dans les faits (recours doctrinaux ou disciplinaires à l’autorité suprême) que dans l’enseignement didactique.

Pour Athanase, 1’ « Église catholique » — l’expression est courante chez lui — est un tout organique, ayant ses chefs, les évêques, Epist. encycl., n. 6, P. G., t. xxv, col. 236 A ; Apol. cont. arianos, 11, col. 268 C ; De decrelis, 3, col. 428 C ; De synodis. 12.’t. xxvi, col. 761 D, etc., et dont les fidèles sont les membres. Epist. encycl., 1, t. xxv, col. 223 C. Eidèles et pasteurs doivent se maintenir dans l’unité de l’Église. Epist. heort., v, 4, t. xxvi, col. 1382 A. Cette unité implique une commune foi de tout le troupeau sous la conduite du chef suprême, Notre-Seigneur Jésus-Christ, Tomus ad Antioch., 8, t. xxvi, col. 805 C ; et cette foi est la foi de l’Église catholique, Ad Jovianum, 1, ibid., col. 813 C ; De decretis, 1, t. xxv, col. 416 A ; De synodis, 3, t. xxvi, col. 685 C, dont l’unité s’affirme dans l’espace, c’est-à-dire dans toutes les Églises particulières, Epist. encycl., 1, t. xxv, col. 225 A ; Ad Jovianum, prseamb., t. xxvi, col. 813 B ; De synodis, 10, col. 696 B ; 11, col. 700 C ; ou encore dans le temps, parce que cette foi, toujours identique à elle-même, remonte aux apôtres et au Christ. Ad Serap., ii, 8, col. 620 C ; Epist. encycl., 1, t. xxv, col. 225 A ; Epist heort., ii, 7, t. xxvi, col. 1370 CD ; cf. De synodis, 3, col. 685 AC ; 10, col. 697 A. C’est cette foi qu’il faut garder, même au prix de la vie. Epist. ad episc. JEgypt. et Lybise, 21, t. xxv, col. 588.

On trouve sous la plume d’Athanase la remarque déjà formulée par Justin, voir col. 2183. Parce que la foi des chrétiens remonte au Christ, ils n’ont pas d’autre nom que celui de chrétiens ; tandis que les hérétiques portent le nom du fondateur de leur secte, laquelle, bien postérieure au Christ, ne peut représenter la doctrine du Christ. Cont. arianos, or. i, 3, t. xxvi, col. 16-17. Aux inventions hérétiques, il suffit de répondre : ce n’est pas là la foi de l’Église catholique, la foi des Pères. Epist. ad Epicl., 3, t. xxvi, col. 1056 B.

A plusieurs reprises, Athanase parle de l’évêque de Rome et de l’Église romaine. Le siège de Rome est rà7TooToXtx6( ; Opôvoç, Hist. arian., 35, t. xxv, col. 733 C. Sans aucun doute, il lui accorde donc, tout au moins en matière de foi, une primauté réelle. Cf. De synodis, 10 (n), t. xxvi, col. 697 A ; 44, col. 769 AB. Les Églises d’Orient n’ont-elles pas recouru à Rome pour y porter leurs conflits ? Apol. cont. arian., 20, t. xxv, col. 280 CD, et le pape Jules est intervenu avec autorité, 21 sq., col. 281 B, autorité qu’il affirme tenir des apôtres Pierre et Paul. Ibid., 35, col. 308 B ; cf. Primauté, col. 278-279 et Athanase, t. i, col. 2174-2175.

5. Didyme l’Aveugle s’est peu occupé de l’unité de l’Église. Il n’hésite cependant pas à qualifier Pierre de « coryphée des apôtres », De Trin., t. I, c. xxvii, P. G., t. xxxix, col. 408 A ; et à affirmer qu’à sa profession de foi en la divinité du Sauveur, Jésus a répondu en l’établissant pierre fondamentale des Églises. C. xxx, col. 417 B. Ceux qui partagent la foi de Pierre entreront dans le royaume des cîeux, dont Pierre détient les clefs ; les autres se verront fermer cette entrée au bonheur. Pierre a également reçu, et les autres (apôtres) par lui, le pouvoir de rejeter les apostats, mais aussi de les réconcilier s’ils viennent à résipiscence, col. 419 C. Sur la primauté de Pierre, voir t. II, c. x, col. 640 D.

6. Saint Basile.

Pour Basile, la raison première de l’unité de l’Église, c’est que l’Église a pour époux et pour chef le Christ. Et pour s’attacher à l’épouse du Christ, il ne faut pas accueillir les semences de doctrines étrangères et ne pas s’écarter de la discipline ecclésiastique. Homil. in ps. xliv, 10, 11, P. G., t. xxix. col. 409 C, 412 BC.

L’Église est mère et nourrice de tous. Epist., xli, 1, t. xxxii, col. 345 A. C’est dans l’Église qu’il faut s’inscrire si l’on veut être inscrit au livre des élus. Or. in sanc. bapt., 7, t. xxxi, col. 440 A. Ainsi se réalisera la prière du Christ à la dernière Cène, ut in nobis unum sint. Epist., viii, 7, t. xxxii, col. 260 B. Et, sur cette pensée fondamentale, se développe la doctrine du corps mystique : l’Église est le corps du Christ, dans l’unité de l’Esprit. De Spir. sancto, 61, col. 181 B ; cꝟ. 39, col. 141 A. Aussi une véritahle communion spirituelle doit en réunir les membres dans une mutuelle sympathie, xaxà ttjv TrvsufxaTtKTjv xoivcovtav tîjç au(X7roc0e[aç, puisque, unis en un seul corps, les membres sont baptisés dans le même esprit. De Spir. sancto, 61, col. 181 B ; cf. Epist., xc, 1, col. 473 B. Tous les membres du corps n’ont qu’un seul Seigneur, une seule foi, une seule espérance ; ils sont tous solidaires ; la tête ne peut se passer des membres, la main de l’autre main, le pied a besoin de l’autre pied. Epist., cem, 3, col. 741 B ; cf. ccxliii, 1, col, 904 A. Et, quand un membre souffre, tous souffrent. Epist., ccxlii, 1, 2, col. 900901 ; cf. ccxliii, 4, col. 908 C. Rien ne saurait être plus agréable à Dieu que cette harmonie des membres du corps du Christ. Epist., lxx, col. 433 B.

Cette union existe entre les Églises particulières : appartenant au seul Christ, elles ne forment qu’un peuple et une seule Église répandue en des régions multiples. Epist., clxi, col. 629 B ; cf. cxxxiii, col. 569 C. Aussi, écrivant aux évêques de Gaule et d’Italie, Basile déclare que l’Église universelle étant le corps du Christ, les Églises même les plus éloignées demeurent voisines et doivent se soutenir entre elles. Epist. ccxliii, 1, col. 904 A ; cf. Epist., ccxlii, 3, col. 901 AB ; ccxliii, 4, col. 909 AB. Il demande qu’on revienne à cette unité de charité qui groupe les membres du même corps dans une mutuelle correspondance. Epist., clxiv, 1, col. 636 A.

Maison de Dieu, l’Église doit s’appuyer sur le fondement solide de la foi, Jésus-Christ. Homil. in ittud : Attende libi ipsi, 4, t. xxxi, col. 205 BC. Ce sont les opinions erronées qui déchirent sans pitié l’Église. De judicio Dei, 1, col. 653 A. Cette foi se trouve dans la vérité transmise des apôtres. Adv. Eunom., i, 1, t. xxix, col. 500 A. Donc, unité dans cette foi antique et soumission à l’autorité de l’Église. Epist., xc.ii, 3, t. xxxii, col. 484 A : cf. exiv, col. 528 C. Il est donc nécessaire d’éloigner hérétiques et semeurs de zizanie, col. 529 A ; cf. Adv. Eunom., lor. cit., cl d’éviter le schisme Epist., lxix, 2, col. 433 A.

7. Saint Ci/rille dr Jérusalem. — Saint Cyrille expose aux catéchumènes les grandes lignes de l’article fie son symbole, ’/ in unam sanctam catholicam Ecclesiam. Voir surtout Cal., xviii, 22 sq. l’arec que l’Église, épouse du Christ et mère des fidèles, est à la fois une et catholique, elle les appelle tous dans son unité (rcàvraç êxxaXsîo6at xal ô(XOÛ auvàveiv), 24, 26. P. (, ., t. xxxiii, col. mu l’, , uns B ; cf. Pro "L. 13, col. 353 B. Les Églises sont multiples dans le monde ; mais c’est la même Église des chrétiens qu’on trouve partout, celle dont le Christ a dit à Pierre : Sur cette pierre, je bâtirai mon Église. Col., wiii. 25. col. loi ;, |’, . Cette Église jouit d’une puissance qui ne connait pas de limites dans le inonde. 27, col. 10 10 A. C’est d’elle qu’il faut tenir le Livres saints. Col., iv. 33, col. 196 A ; cꝟ. 35, (ol. I" C ; les dogmes aussi. Cal., v. 12. col. 520 Bj

cf. xviii, 2 : ’.. col. 1044 l’.. Son autorité est souveraine

en matière de f (, j e| de morale, surtout pour la récon

ciliation des pécheurs. Ibid. Enfin, la plupart des catéchèses enseignent ou supposent que c’est uniquement par le baptême qu’on appartient à l’Église.

8. Saint Grégoire de Nazianze.

Lui aussi enseigne que l’Église est le corps du Christ, Epist., xli, P. G., t. xxxvii, col. 85 A ; corps organique dans lequel chaque membre doit être à sa place et se tenir uni aux autres membres pour le bien de tout le corps. La comparaison du corps et des membres est longuement développée dans l’Or, xxxii, n. 10, t. xxxvi, col. 185 BC ; cf. Or., ii, 2, 44, t. xxxv, col. 409 B, 452-453. Bien que répandue sur toute la terre et prodigieusement développée dans le temps, l’Église est, soit ancienne, soit nouvelle, toujours la même. Or., iv, 67, t. xxxv, col. 588 C. Qui brise cette unité doit être considéré comme un être pernicieux. Or., xxxvi, 10, t. xxxvi, col. 277 B. Le nom de Pierre a été imposé à Simon pour marquer qu’il est le fondement de l’Église par sa foi. Or., xxxii, 18, t. xxxvi, col. 193 C. A Pierre ont été confiées les clefs. Carmina, poemata moralia, ꝟ. 489, t. xxxvii, col. 559 A.

9. Saint Grégoire de Nysse.

Ce mystique ne parle qu’accidentellement du Christ, chef de l’Église, dans son Discours sur les vertus et la perfection du chrétien, P. G., t. xlvi, col. 253 C, 272 D ; à l’Église il applique la comparaison paulinienne du corps et des membres. Ibid., col. 273 A. L’unité de foi est supposée dans l’Église par ce qu’il dit de la génération des enfants de Dieu par la foi, dans le baptême qui leur donne l’Église pour nourrice : la doctrine de l’Église et ses institutions sont « les deux mamelles qu’ils doivent sucer ». Discours sur la résurrection du Christ, col. 604 D.

10. Saint Épiphane. — Il parle plus longuement de l’unité de l’Église dans son Exposition de la foi : « L’Église, engendrée par une foi unique et mise au jour par l’Esprit-Saint, est une par cet Esprit qui est lui-même un ; une par la foi qui l’a engendrée. » Elle est l’unica sponsa. Les autres sociétés religieuses qui l’ont précédée ou suivie ne sont que des concubines, n. 6, P. G., t. xlii, col. 781 D-784 A. « Voie royale », « chemin de la vérité », l’Église offre à ses fils « une règle de foi certaine ». Hier., lix, 12, 13, P. G., t. xli, col. 1036 D, 1037 A. Dans l’Église répandue par toute la terre, Hær., lxi, 2, col. 1041 B, règne la même concorde, la même espérance, la même foi parmi ses membres, quelle que soit la force ou la position de chacun. Ibid., 3, col. 1041 D-1044 A. A la comparaison du corps, Épiphane substitue celle du navire, dont les occupants ont différents emplois, tous concourant au bien commun, mais d’où sont exclus pécheurs et indignes. Ibid., 3-4, col. 1044 A1045 A. Les formules les plus expressives sont employées pour marquer cette unité : la force de la doctrine transmise reste la même partout ; les chrétiens habitent partout comme dans une maison unique, n’ayant qu’un esprit, un cœur, une bouche. Les Kgliscs de Germanie, d’Espagne, de Gaule, d’Orient, d’Egypte, de Lybie ont la même foi. Hier., xxxi, 31, col. 533 CD. Cette foi unique est l’unique soleil qui, tout en restant le même, éclaire toutes les parties du monde : le savant, l’ignorant, l’enfant, celui qui commande et celui qui obéit, tous ont la même foi. Col. 536 A. Et cette foi de l’Église est tellement une qu’elle remonte, dans son germe, aux débuts du inonde. Hær., i-iv, 3. t. xli, col. 181 B.

Cette dernière pensée est plus longuement développée dans l’Ancoratus, n. 82. P. (’, .. t. xlhi, col. 172 AB, » la même foi s’étant conservée depuis la Loi. les prophètes, les évangiles, les apôtres, les temps

apostoliques Jusqu’à nos temps.. La même foi. la

même espérance, notre salut ont ainsi persévéré dans la vérité.

Dans les professions de foi qui terminent VAncoratus, Épiphane insiste sur la nécessité de garder l’unité de l’Église dans l’unité du baptême et de la foi, image de l’unité des trois personnes dans une même divinité, n. IIS, col. 232 ; cf. n. 119, col. 232 D233 A. L’hérésie rompt cette unité : tout Y Adv. hsereses eu est un éloquent témoignage.

11. Saint Jean Chrysostomc. — S’il parle souvent de l’Église, son tempérament de moraliste et d’orateur le détourne habituellement des considérations dogmatiques. Dans l’Église, il considère surtout l’unité de communion qui doit établir entre les fidèles les liens d’une mutuelle charité sous la direction d’un chef unique, Jésus-Christ. L’union dans la charité est le signe de l’unité de foi ; c’est par la pratique de cette charité que le corps de l’Église se nourrit dans les bons oflices des membres entre eux. In Gen., hom. ix, P. G., t. liv, col. 623. L’Église n’a que faire des différences de situation, de fortune, de dignité ; à tous elle offre la communauté de la doctrine. In ps.XLVin, 2, P. G., t. lv, col. 223. Dans son universalité et au milieu des persécutions, elle reste ferme et unie, bâtie qu’elle est sur le roc, selon la promesse faite à Pierre, et cette fermeté se manifeste, après la résurrection du Sauveur, dans la fermeté de Pierre, le > coryphée » de tous. In Matth., hom. liv, n. 2, 3, t. lviii, col. 533-53fi.

L’unité est essentielle à l’Église, nonobstant la dispersion de ses membres dans le monde ; car la foi ne leur vient pas d’eux, mais elle leur a été donnée au nom de Jésus-Christ. Partout où ils se trouvent, les chrétiens du monde entier — et pas seulement les fidèles d’une même Église, comme celle de Corinthe — n’ont qu’un maître et doivent s’unir en ce seul maître. In I Cor., hom. i, n. 1, t. lxi, col. 13-14. Interprétant I Cor., xii, 12 sq., Chrysostome fait un magnifique commentaire de l’unité du corps mystique, symbolisée dans l’unité du corps humain :

Il en est de même du corps de Jésus-Christ qui n’est autre que l’Église. De même que la tête et le corps constituent un seul homme, de même le Christ et l’Église forment un seul tout… Comme notre corps est un, bien qu’il se compose de plusieurs parties diverses, ainsi nous sommes tous un dans l’Église. Elle se compose d’un grand nombre de membres, elle aussi, mais tous ses membres forment un seul corps… C’est le même Esprit qui nous a faits un seul corps et qui nous a régénérés ; celui-ci n’a pas été baptisé dans un Esprit et celui-là dans un autre. Ce n’est pas seulement l’auteur du baptême qui est un ; un encore est le but pour lequel nous fumes baptisés. Nous l’avons été, non pour former des corps différents, mais pour que nous gardions tous avec fidélité l’union qui fait de nous un seul corps. In 1 Cor., hom. xxx, n. I, t. lxi, col. 250-251. Voir également, sur ce thème général, la suite dans le texte et, de plus, hom. xxxi, n. 1, 4, col. 257-258, 262-264 ; In Eph., hom. x, n. 1, t.. lxii, col. 75-76.

L’unité de ce corps lui vient primordialement de son chef unique le Christ, principe d’unité sous six aspects différents : 1. Conformité de nature : « L’Église lui a paru plus digne d’amour que les cieux eux-mêmes, car, dans l’incarnation, il a pris, non un corps céleste, mais la chair de l’Église (le corps humain) ». Serm. untequam iret in exilium, 2, t. lii, col. 429 ; cf. In PhiL, hom. vii, 2, t. lxii, col. 231 ; In Col., hom.xii, 6, col. 389. Et, par là, le Christ a élevé l’Église jusqu’à lui : « Le Christ a pris mon corps pour que je reçoive en moi son Verbe ; s’unissant à ma chair, il me confère son Esprit. » In nativ. Christi, 2, t. lvi, col. 389. Cf. De Pentecoste, hom. i, 5, t. l, col. 461. L’Église devient ainsi conforme au Christ et, s’attachant à lui comme le corps à la tête, est remplie de sa divinité. In Col., hom. vi, 2, t. lxii, col. 339. — 2. Prééminence du Christ en raison de sa divinité, In I Cor., hom. xxvi, 2, t. lxi, col. 214, et de son humanité, qui l’a fait le nouvel Adam, chef de

tout le genre humain. In Col., hom. iii, 2 et 3^t. lxii, col. 320. Aussi le Christ Sauveur dirige toute son Église. In Eph., hom. iii, 2 et 3, t. lxii, col. 26 ; cf. In I Cor., hom. xxvi, 3, t. lxi, col. 215. — 3. Influx vital surnaturel : le Christ est la racine ; nous sommes les rameaux qui fleurissent sur lui. Ad illum. cal., il, 2, t. xlix, col. 233 ; In S. Rom. mart.. i, 3, t. L. col. (il 6 ; De ferendis reprehens. et de mutât, nominum. m, 4, t. li, col. 139 ; De cupt. Eulr., 8, ibid., col. 403,

— 4. Union aux membres et prolongement du Christ dans l’Église, In Eph., hom. iii, 2. t. lxii. col. 26 : In I Cor., hom. viii, 4, t. lxi, col. 72-73. Et cette union a son principe dans la divinité qui se communique par l’Esprit-Saint à tous les membres. In Eph., hom. xi, 3 et 4, t. lxii, col. 84-85 ; mais aussi dans l’humanité qui « récapitule » tout dans le Christ, hom., i, 4, t. lxii, col. 16. — 5. Communion mutuelle : la plénitude de la tête est le corps ; celle du corps est la tête. In Eph., hom. iii, 2, t. lxii, col. 26 ; l’une et l’autre se complétant pour former comme un nouveau Christ, Christ et Église unis. In Eph., hom. iii, 2 ; x, 3 ; In Col., hom. vi, 2 ; In I Cor., hom. xxx. 2, t. lxii. col. 26, 139, 339 ; t. lxi, col. 250. — 6. Mariage spirituel : la doctrine de Chrysostome présente ici des aspects successifs dont la synthèse ne manque pas d’une réelle beauté ; avant le Christ, l’Église est le genre humain pécheur ; de cette mère qui a forniqué avec le péché, Jésus n’a pas eu horreur de recevoir la nature humaine. Quales ducendæ sinl uxores, iii, 2, t. li, col. 227-228 ; In Matth., hom. iii, 4. t. lvii. col. 35. Mais, nouveau Booz, il aura pitié de cette très misérable Ruth et la prendra pour épouse en lui rendant, par son sacrifice sur la croix, une virginité immaculée. In Matth., hom. iii, 4 ; lxv, 2, t. lvii, col. 35-36, t. lviii, col. 619 ; In Col., hom. iii, 3, t. lxii, col. 320 ; In illud : Pater, si possibile est, 2, t. li, col. 34-35 ; In Eph., hom. xx, 1, 2, t. lxii, col. 136137. Spirituellement (en esprit), le Christ et l’Église ne font qu’un. Ibid., 4, col. 140. Les fruits de cette union sont admirables : de même qu’Eve est sortie du côté d’Adam, ainsi les chrétiens sont sortis du côté du Christ par l’eau (du baptême) et le sang (de l’eucharistie). Quales ducendæ sinl uxores, iii, 3, t. li, col. 229 ; In Joa., hom. lxxxv, 3, t. lix, col. 463 : TtàvTsç sv èa[izv inb tTjç TrXsupaç toû Xpicrroû : In Col., hom. vi, 4, t. lxii, col. 342-343.

De ce corps du Christ les membres sont, à proprement parler, les seuls chrétiens. In Eph., hom. x, 1, t. lxii, col. 75 ; In Rom., hom. iii, 4, t. lx, col. 416 ; In Col., hom. i, 1. t. lxii, col. 301 ; In I Cor., hom. xxvi, 2, t. lxi, col. 214, etc. Cf. S. Tromp, De corpore mystico et actione catholica ad mentem S. Joannis Chrysostomi. I. De Ecclesia Christi corpore, dans Gregorianum, t. xiii, 1932, p. 178 sq.

12. Saint Cyrille d’Alexandrie. — Ajoutons quelques notes brèves aux indications fournies sur l’ecclésiologie de Cyrille d’Alexandrie, t. iii, col. 2517-2518.

L’unité de l’Église est fréquemment affirmée : le temple unique de Jérusalem, l’unique tabernacle figurent l’unité de l’Église. In Lev., ii, P. G., t. lxix. col. 552 C. L’Église a pour chef le Christ. De adoratione in spiritu et veritate, xiii, t. lxviii. col. 815 A : le Christ en est le fondement et la base, lui, la pierre angulaire, In Is., t. IV, or. ii, t. lxx. col. 968 D ; cꝟ. 1. V (c. liv, ꝟ. 13). col. 1212 CD ; Ado. Xcslnriiim, t. V, v, t. lxxvi, col. 237 13. Elle est donc le bercail du Christ (un seul troupeau, un seul pasteur). In Gen., 1. VI. n. 4, t. lxix, col. 296 A ; cꝟ. t. IV, n. 11, col. 224 A ; In Is., 1. III (c. xxxiii, ꝟ. 15-17), t. lxx, col. 729 C. Elle est établie sur le roc de Pierre, à qui Dieu a promis d’être le fondement de son Église. Id., t. III, n. 3. col. 729 D ; cf. De Trinitate. dial. îv. t. lxxv. col. 865 BC ; In Matth., (c. xviii. v. 18), t. lxxii, col. 424 B. Par la prédication apostolicpie l’Église s’est répandue dans le monde : le baptême est inséparable de la foi, unissant les néophytes en Dieu et tous les fidèles entre eux dans l’unité du Christ et de l’Église. Comme il n’y a qu’un Christ, il n’y a qu’une foi et un baptême ; dans cette foi tous les fidèles doivent demeurer unfs ; s’en séparer, comme font les hérétiques, c’est se perdre : les sarments détachés du cep ne peuvent vivre. In Ls., e. lxii, . 3, t. lxx, col. 1368 D ; cf. In Oseam, 55, t. lxxi, col. 1 45 BC ; In Nahum, 13, ibid., col. 801 C.

Saint Cyrille développe aussi la doctrine du corps mystique : le Christ ne peut être divisé (I Cor., i, 13) ; ceux qui le reçoivent dans l’eucharistie ne font qu’un corps (ibid., x, 17) et ce corps est indivisible. Le Christ est la tête et l’Église est le corps composé des membres. Toutes les nations sont appelées à faire partie du Christ (Eph., iii, 5-C ; iv, 14-16). Ainsi nous sommes tous « concorporels » les uns aux autres dans le Christ et avec lui. In Joa., t. XI, c. xi, t. lxxiv, col. 56(1-561. Le Christ, un et entier en nous, unit les uns aux autres dans la concorde et, par lui-même, nous unit à Dieu dans l’Esprit. De adoratione in spiritu et verilale, t. XV, t. lxviii, col. 972 AB. Cf. In Joa., t. XI, c. xi (unité dans l’esprit et la charité), t. lxxiv, col. 561 AB ; t. X, c. n (unité par l’eucharistie), col. 341-344. Voir aussi Glaph. in Gen., vi, 3, t. lxix, col. 296 et le commentaire sur Jean, xv, 5, In Joa., t. X, col. 360 D-368 D. Cf. H. du Manoir, L’Église, eorps du Christ, chez saint Cyrille d’Alexandrie, dans Greyorianum, t. xix, 1938, p. 573sq.

Conclusion. — Cette enquête sur les Pères grecs peut s’arrêter ici, car l’ecclésiologie de saint Jean Damascène a été suffisamment exposée, t. viii, col. 715 sq. Les Pères grecs, avant le schisme, restent de tous points fidèles aux enseignements apostoliques. Pour eux, l’unité de l’Église est : 1. l’ne unité de foi, fondée sur un enseignement doctrinal unique, un dans l’espace parce qu’il est le même dans toutes les Églises particulières ; un dans le temps parce qu’il remonte au Christ par les apôtres ; et cette unité est telle que les attaques de l’hérésie et les controverses n’ont pu la faire dévier de l’authentique tradition. — 2. I ne unité de communion entre les fidèles, entre les Églises particulières, par la charité dans le Christ, sous la direction de l’Esprit-Saint, de Jésus-Christ lui-même, demeuré chef invisible de l’Église, ainsi que des chefs visibles qui sont les évêques, successeurs légitimes des apôtres. — 3. L’ne unité de gouvernement, fermement affirmée en ce qui concerne chaque Église particulière. L’unité monarchique de l’Église universelle sous un seul pasteur suprême est explicitement affirmée en ce qui concerne le coryphée » des apôtres, Pierre, a qui Jésus a fait des promesses solennelles. Cette primauté effective a-t-elle passé aux successeurs de Lierre, les évêques de Rome ? Les Pères grecs n’ont pas de théorie à ce sujet, mais le respect particulier qu’ils professent à l’égard de l’Église romaine, les recours qu’ils ont à son autorité, montrent bien qu’ils reconnaissent aux successeurs de Pierre les mêmes privilèges qu’à Lierre lui-même. Voir Primauté, t. xiii, col. 276-288, et la démonstration historico-apologétique de Mgr d’Herbigny, Theologica <u Ecclesia, Paris, 1021, § 285-310.

I" Les Pères latins, de suint Cyprien à saint Lu gusiin. i. Saint Hilaire, Quelques mois com plèteront l’art. Hilairk (Saint), t. vii, col. 2454-2 155.

L’unité du corps mystique du Christ relient l’ai lention d’Hilaire. In ps.. i /II. 9, P. /… t. ix. col. 715 AB. Il explique que cette unilé n’est pas réalisée par la confusion on la juxtaposition des membres.

mais par la communion de foi, la communion de charité, la i oncorde « les œuvres et des volontés, par le don

unique du mystère divin (l’eucharistie) en tous et en chacun des fidèles. In ps. CXXi, n. 5, col. 662 CD 663 A ; cf. In ps. CXXX, 23. col. 741 B. Ainsi, bien que chaque cité ait son Église, l’Église reste une et l’unité subsiste en la pluralité. In ps. xi V, 3, col. 301 A ; cf. In ps. c.i. va/, 14, col. 736 C. La comparaison du navire revient à plusieurs reprises. In Matth., vii, 0. 10 ; xiv, 14, col. 957 B, 958 A, 1001 D-1002 A.

On se sépare du corps du Christ par le péché, In ps. CXXI, 5, col. 663 A ; cf. In ps. cxviil, lit. xvi, 5, col. 607 BC ; mais encore et surtout par l’hérésie, De Trinitate, t. VII, n. 4, t. x, col. 202 AG-203 A. A l’hépsie, Hilaire oppose la fermeté, la stabilité de la foi de l’Église. Ibid. C’est que l’Église est la bouc lie du Seigneur, In ps. cxxxvt I. 20. col. 807 D ; sa foi est la foi de Pierre et, si cette foi pouvait changer, c’est que l’Église changerait elle-même, elle à qui Jésus cependant a promis que « les portes de l’enfer ne prévaudraient pas ». De Trin., t. VI, n. 38, col. 188 C-189 A. La foi de Pierre est exaltée ; cf. In Matth., vi, 0 ; xvi, 7, t. 1.x, col. 956 B ; 1010 À et Hilairk (Saint), col. 2455 ; le siège de Rome hérite de cette fermeté et c’est à lui que s’adressent les prêtres de toutes les nations. Fragm. histor., ii, 9, t. x, col. 639 C.

2. Saint Ambroise.

Ici, les traits ne manquent pas, dont la synthèse forme une esquisse déjà précise.

L’Église est une, rassemblant en elle tout le peuple chrétien, In Hexam., iii, 1-3, 5, P. L., t. xiv (1845), col. 155 CD-156 C ; en elle, comme en un seul corps, Dieu a uni tous les peuples. In ps. /, 50, col. 948 B. Sur l’Église, corps du Christ, voir Apol. David, 60, col. 876 C ; In ps. XXXIX, 11 ; LXI, 16, col. 1061 C ; 1173 B. Tandis que les hérétiques déchirent ce corps, la charité en unit les membres. De incarn., 10, t. xvi, col. 820 C ; In ps. lxhi, 17, t. xiv, col. 1008 1). Le fondement de l’unité de l’Église est son union au Christ comme épouse. In Luc, t. VIII, 9, t. xv, col. 1767 D ; In ps. XXXV}, 57, t. XIV, col. 986 B ; De benedict. patriarch., 22, col. 680 D-681 A. Le symbole de la barque revient aussi, De Abraham, IL 11. col. 460 C ; ainsi que la figure de l’arche de Xoé. In Luc., t. II, 92 ; t. III, 23, 48, t. xv, col. 1587 B ; 1598 li ; 1610 B.

C’est donc a l’Église, colonne et fondement de la vérité. De Jacob et vita beata, I. IL 3 I. t. xiv, col. 628 A. qu’il faut demander la vraie foi ; une Église particulière qui rejetterait cette foi et ne reposerait pas sur le fondement apostolique, doit être abandonnée. In Lue., t. VI, 68, I. xv. col. 1685 D-1686 A. D’une

Église unique dérivent toutes les autres. Ibid., I. Y.

78, col. 1636 A.

Cette unilé est dépendante de l’épiscopat : ubi est Ecclesia, nisi ubi virga et gratta /lord sacerdotalis ? De Isaac, 64, L xiv, col. 526 ; mais elle est indépendante du pouvoir civil : « L’empereur est dans l’Église ; il n’est [las au-dessus de l’Église. » Cont. Auxenl.. 36. t. xvi, col. 1018 B ; cf. Epist., xx, 8. 10 ; i.vn. N. col. 997 A. 000 C, 1176 C.

L’Église romaine est gardienne de la Toi apostolicpie (du symbole des apôtres). Epist., XI. ii, 5, 12, col. 1125 li. On n’a de part a l’héritage de Lierre qu’en restant uni à son siège. Dr psenit., I. I. 33, col. 176 IL cf. Epist., xi. I. col. 952 A : De excessu jndris sui Salyri, t. I, 17. col. 1306 AB. Par sa confession. Pierre

a mérité d’être choisi connue pierre fondainent aie de l’Église ; les pcirles de l’enfer ne prévaudront pas : ubi Petrus, ibi Ecclesia. In ps. L, 30, t. xiv, col. 1082 A. Cf. Batiffol, Le catholicisme de saint Augustin, t. i. Paris, 102 « i, Lxcursus A. p. I I S sep

i. Saint Jérôme. Jérôme retient lui aussi la

comparaison du corps. Epist., LU, 0, P. L., I. xii. col. 535 ; Adv. Pelag., t. I, 16, t. xxiii, col. 510. Le Christ est le chef de ce corps ; si un membre souffre, les autres membres souffrent également ; vouloir se retirer du corps, c’est se révolter contre le chef. Adv. Pelag., i, 18, col. 512. Aussi l’Église, mère unique de tous les vivants, engendre tous les chrétiens. Epist., cxxiii, 12, t. xxii, col. 1533. Répandue dans tout le monde, elle reste unie par le même Esprit. In Michœam, t. I, c. i, ꝟ. 10 sq., t. xxv, col. 1162 B. Cette unité s’appuie sur les « sommités » (apostoliques), choisies par le Christ. In Is., t. I, c. ii, ꝟ. 2, t. xxiv, col. 43 D-44 A ; cꝟ. t. XVII, c. xliii, ꝟ. 7, col. 614 A. — Sur l’unité de foi et la tradition apostolique, sur la primauté romaine, voir Jérôme (Saint), t. viii, col 977, 978-979. Sur les difficultés soulevées contre l’Église monarchique, voir col. 965-976.

4. Saint Optât de Milève.

La controverse donatiste a mis en relief le dogme de l’unité de l’Église. Sur le donatisme, voir t. iv, col. 1701. Avant le donatisme, la paix et l’unité régnaient dans l’Église. De schismate, t. II, 15, P. h., t. xi, col. 966-967. Cette unité a été brisée par les donatistes qui ne peuvent se flatter de représenter à eux seuls l’Église catholique, confinés qu’ils sont en Afrique. Voir ici t. iv, col. 1723. Tandis que la catholicité de l’Église ne nuit en rien à son unité, tandis que, par leurs erreurs, les donatistes se séparent de l’Église, les différentes cathedræ des catholiques, malgré leur distinction, ne peuvent être séparées les unes des autres : tels, les doigts de la main. Un même esprit les unit dans le même corps. De sehism., t. II, 5, col. 958 B. Elles sont unies entre elles par leur attachement à la chaire de Pierre, in qua una cathedra unitas ab omnibus servareiur. Schismatique et pécheur quiconque opposerait une autre chaire à cette chaire unique et singulière. Ibid., 3, col. 947 A ; cꝟ. 4, col. 955 A ; t. VI, 3, col. 1070 AB. Optât révèle ici sa conception de l’unité catholique : « L’Église est une société visible réalisée par un commerce de lettres et qui a pour centre l’évêque de Rome, avec qui et par qui tout le collège des évêques est uni », cum quo nobis totus orbis commercio formatarum in uno communionis societate concordat. De sehism., t. II, 3, col. 949 A.

5. Saint Augustin.

Contre les donatistes, Augustin, comme Optât, recourt à l’argument de l’universalité de l’Église ; mais, si loin que s’étende sur terre l’Église, son unité reste intacte : Ecclesia unitatis orbis terrarum. Enarr. in ps., xxxix, 20, P. L., t. xxxvi, col. 446 ; cf. Epist., lxxxvii, 2 ; cxl, 43, t. xxxiii, col. 297, 556. Les Églises locales sont nombreuses, mais une est l’Église ; nombreux, les fidèles, mais une l’épouse du Christ, tout comme beaucoup de fleuves se fondent en un seul fleuve. Enarr., lxiv, 14 ; lxvii, 11, t. xxxvi, col. 783, 818. Rome est fille de rois, Carthage, fille de rois ; des villes et des villes sont filles de rois et toutes ensemble ne font qu’une seule reine. Enarr., xliv, 23, col. 509. L’Église est la tunique sans couture du Christ, symbole d’unité : in Ma veste unitas commendata est. Serm., cclxv, 1, t. xxxviii, col. 1222 ; cf. Enarr., evi, 14, t. xxxvii, col. 1428 ; In Joa., tract, cxviii, 4, t. xxxv, col. 1949. Grâce à l’Église, l’univers est devenu un chœur, le chœur du Christ chantant à l’unisson de l’Orient à l’Occident. Enarr., cxlix, 7, t. xxxvii, col. 1953. L’unité du culte est l’expression de l’unité des âmes : unité dans la prière, les jeûnes, les chants ; cf. Enarr., xxi (n), 24, t. xxxvi, col. 177 ; xlviii, 2, col. 543544 ; lxxv, 10, col. 964 ; xcix, 12, t. xxxvii, col. 1278 ; evi, 13, col. 1426 ; cxxv, 9, col. 1663 ; cxlix, 2, col. 1949 ; Serm., ccix, 1, t. xxxviii, col. 1046 ; ccx, 8, col. 1051 ; De vera religione, 5, t. xxxiv, col. 121123. À l’inverse de la confusion de Babel, l’unité de la langue est reconstituée dans l’Église par l’Esprit Saint, car la foi donne à tous les cœurs le même langage. Enarr., liv, 11, t. xxxvi, col. 636 ; Serm., cclxvi, 2 ; cclxvii, 3 ; cclxviii, 1 ; cclxix, l, t. xxxviii, col. 1225, 1232, 1233, 1234.

L’unité de l’Église est celle d’un édifice, dans la construction duquel les nations entrent comme des pierres vivantes, constituant le corps du Christ. Serm., cxvi, 7, t. xxxviii, col. 661 ; cf. Epist., CXLII, 1-2 ; clxxxvii, 20-21, 33, t. xxxiii, col. 583-584, 839-840, 845 ; Enarr., cxxvi, 3, t. xxxvii, col. 16681669. Ainsi les baptisés, peuple de sanctifiés, sont le corps dont la tête est le Christ. Enarr., lxxxv, 4, col. 1084-1085 ; cf. xxx (n), 4 ; xxxvi (m), 4 ; lxviii (i), 11, t. xxxvi, col. 232, 385, 850. Il y a entre la tête et le corps comme une unité de personne, unus in uno sumus. Enarr., xxvi (n), 23, t. xxxvi, col. 211 ; cf. xxix (il), col. 221 ; xci, 11 ; ci (i), 18 ; cm (i), 2, t. xxxvii, col. 1178, 1304, 1336. L’Église est la plénitude du Christ, caput et corpus. De civ. Dei, t. XXII, xvin, t. xli, col. 779-780. C’est la charité qui unit les pierres vivantes de l’Église, et réalise en l’Église la paix. Serm., cxvi, 7 ; cccxxxvi, 1, t. xxxviii, col. 661, 1471 ; cf. Enarr., xxx (n), 4 ; lv, 3, t. xxxvi, col. 232, 648 ; cxlix, 2, t. xxxvii, col. 1949 ; Serm., ccclxi, 14, t. xxxix, col. 1606. D’autres images représentent l’unité des membres avec le corps et avec le chef sous un autre jour : l’Église est tirée du côté du Seigneur transpercé. Serm., cccxxxvi, 5, t. xxxviii, col. 1474 ; Enarr., cm (iv), 6 ; cxxvi, 7, t. xxxvii, col. 1381, 1672 ; In Joa., tr. cxx, 2, t. xxxv, col. 1953 ; De Gen. cont. Manichœos t. II, 37, t. xxxiv, col. 215 ; De civ. Dei, t. XXII, xvii, t. xli, col. 778. Autre image : le Christ est l’époux, l’Église, l’épouse ; les deux ne font qu’un. Serm., xci, 8, t. xxxviii, col. 571 ; cccxli, 12, t. xxxix, col. 1500 ; Enarr., xxx (i), 4, t. xxxvi, col. 227 ; ci (i), 2, t. xxxvii, col. 1293. L’unité des membres est encore affirmée dans leur unique source d’existence : comme Adam et Eve nous ont tous engendrés pour la mort, ainsi le Christ et l’Église nous ont tous enfantés pour la vie éternelle. Serm., xxii, 10 ; cxxi, 4 ; ccxvi, 8, t. xxxviii, col. 154, 680, 1081 ; cccxliv, 2, t. xxxix, col. 1512 ; cf. Serm., exen, 2, t. xxxviii, col. 10121013. Aussi l’Église est-elle « la mère des vivants ». De nupt. et conc, t. II, 12, t. xliv, col. 443 ; Enarr., cxxvi, 8, t. xxxvii, col. 1673.

L’unité de l’Église a pour armature l’autorité enseignante et disciplinaire des pasteurs : « Ne résiste pas à ton évêque. » Epist., xxxvi, 32, t. xxxiii, col. 151 ; cf. Epist., ccxxviii, 5, 7, 8, 11, ibid., col. 1015, 1016, 1017-1018 ; De civ. Dei, t. XX, c. ix, 2, t. xli, col. 673 ; Serm., cxlvi, 1 ; cccxl, t. xxxviii, col. 796 ; 1483-1484 ; Enarr., evi, 7 ; cxxvi, 3, t. xxxvii, col. 1422, 1669.

Hérésies et schismes sont des sectes éphémères, conventicules secrets et obscurs. Qusest. evang., i, 38, t. xxxv, col. 1330. Le schisme est une sécession introduite dans la communauté par un dissentiment préalable ; l’hérésie est un schisme invétéré. Cont. Crescon., II, 9, 10, t. xliii, col. 471-472. Hérétiques et schismatiques n’appartiennent plus à l’Église. De fi.de et symbolo, 21, t. xl, col. 193 ; De civ. Dei, t. XVIII, c. li, t. xli, col. 613-614 ; Enarr., cxvi, 6, t. xxxvii, col. 1494 ; Serm., xlvi, 14 ; clxxxi, 3 ; cclii, 4, t. xxxviii, col. 278, 980, 1174. Ce sont des branches coupées de la vigne, retranchées de l’unité. De cal. rud., 48, t. xl, col. 343 ; cf. Serm., lxvi, 18 ; cclii, 4, t. xxxviii, col. 280, 1174. Sans doute l’Église ne retranche pas de son unité tous les pécheurs ; un grand nombre n’en seront chassés qu’à la mort. Serm., ccxxiii, 2, col. 1092 ; cf. Epist., cxlix, 3, t. xxxiii, col. 631 ; cependant déjà certains sont excommuniés et chassés hors de l’unité, comme Adam et Eve furent chassés du paradis. De Gen. ad lit., t. XI, 54, t. xxxiv, col. 451-452 ; Enarr., liv, 9, t. xxxvi, col. 633 ; De correp. et grat., 46, t. xliv, col. 944 ; In Joa., tr. xlvi, 8, t. xxxv, col. 1732. Malheur à qui est retranché de l’unité, à qui hait l’unité. In Joa., tr. x, 8 ; xii, 9, t. xxxv, col. 1471, 1485.

Mais, pour combattre directement les donatistes, Augustin reprend l’argument qu’ils sont séparés du centre de l’unité catholique. Ps. cont. part. Donati, t. xliii, col. 30. Cécilien est légitime par le seul fait qu’il est en communion avec l’Église romaine. Epist., xliii, 7, t. xxxiii, col. 163. Les catholiques africains sont en communion avec toute la catholicité ; et cette unité leur donne toute sécurité. Les donatistes, eux, sont en rupture d’unité. Le Christ n’a pas conservé son Église uniquement chez les donatistes. Epist., xlix, 3, col. 190 ; cf. Cont. epist. Parm., t. I, 5, t. xliii, col. 37 ; t. III, 24, 28, col. 101, 104-105. Péchant contre l’unité les donatistes peuvent être accusés de schisme. Cont. lit. Petit., t. II, 37, col. 270. Il ne sont en communion ni avec le siège de Pierre où siège aujourd’hui Anastase, ni avec celui de Jérusalem, où siège Jean, et ils osent appeler « chaire de pestilence » la chaire apostolique. Ibid., t. II, 118, col. 300. Sans cette communion, pas de charité, car la charité ne peut exister que par l’unité de l’Église. Ibid., t. II, 172, col. 312. L’autorité exceptionnelle du siège de Rome a été invoquée contre les donatistes jusqu’aux environs de 400. Cf. P. Batifîol, Le catholicisme de saint Augustin, excursus B, p. 192-209. Voir Psalm. cont. purtem Donati, toc. cit. ; Epist., lui, 1-3, t. xxxiii, col. 195-197 ; xliii, 7 (Ecclesiæ romanæ in qua semper apostoticæ cathedra ? viguit principalus), col. 163 ; Serm., lxxvi, 3 (Petrus in ordine aposlolorum primus et præcipuus in quo figurabatur Ecclesia), t. xxxviii, col. 481 ; cf. De baptismo, t. II, 2, t. xliii, col. 127. Lu dehors de la controverse donatiste, l’affirmation de la primauté romaine, centre et condition de l’unité, se retrouve fréquemment. Voir Cont. epist. jundam., 5 (les brebis confiées à Pierre), t. xlii, col. 175 ; cf. Scrm., ccxcv, 4, t. xxxviii, col. 1349. Pierre est le premier apôtre par son appel, Serm., ccxcix, 2, col. 1368 ; par le rang que lui donne l’Évangile, Serm., cxlvii, col. 797 ; cf. In Joa., tr. lvi, t. xxxv, col. 178.x. Il a une primauté qui constitue une préférence sur les autres et fait de lui le représentant de l’Église. In Joa., tr. cxxiv, 5, col. 1973-1974. Aussi est-il le pastor Ecclesiæ et on peut le comparer à Meuse. Cont. Faust., t. XXII, c. i.xx, t. xlii, col. 445. Si lis Églises d’origine apostolique ont la préséance, cf. ibid., t. XI, c. ii, col. 246 ; Cont. Cresconium, I. III, c. lxiv, n. 71, t. xliii, col. 535, l’Église de Rome, la cathedra Pétri, est vraiment le centre du monde il li demeure, même après la prise de Rome par.Marie. Sur tous ces points, voir Batiffol, Saint Augustin, Pelage ri h siège apostolique, dans Rev. bibl., 1918, p. 568.

Mais c’est après 411, dans la controverse pélaglenne, qu’Augustin affirme surtout la primauté doctrinale et disciplinaire de Home. Le recours à l’autorité romaine est alors fréquent. Voir ici PÉLA-QIANISME, t. xii. col. 694-702. Aux démarches des évoques africains. Innocent répondit par trois lettres du 21 janvier 115, dans lesquelles il établit nettement l’autorité suprême de l’évêque de Rome et marque l’antiquité de la coutume qu’ont les autres évêques de l’adresser au Siège apostolique quand l’intérêt commun de toutes les Églises est en jeu. Voir Batiffol, Le catholicisme de saint Augustin, p. 303 sq. Pour Au gustin, I' affaire > est alors terminée ; puisse l’erreur elle même disparaît re. Serin.. CXXXI, 10, t. xxxviii, col. 734. Augustin considère lui-même l’Église romaine comme l’arbitre des controverses en malien de foi. Cont. duas epist. Pelag., t. II, 5 ; Cont. Julianum, t. I, 13, t. xliv, col. 574, 648. Cf. Epist., clxxxvi, 2, 29,.t. xxxiii, col. 816-817 ; 826.

Enfin, quel que soit l’appui qu’Augustin ait reçu, ou sollicité, de la puissance séculière pour réprimer l’hérésie, l’évêque d’Hippone maintient le principe de l’indépendance de l’Église à l’égard de l’État : « L’Église appelle à elle les hommes de toutes les nations et de toutes les langues : elle ne s’inquiète pas de la diversité des usages, des lois, des institutions. .., elle s’y adapte. Elle sait que, dans leur diversité, ces lois ont pour unique fin la paix terrestre, et elle ne leur demande qu’une chose, qui est de ne pas contrarier la religion qui enseigne à- honorer le Dieu unique, souverain et véritable. » Batiffol, op. cit., p. 340-341. On consultera également P. Batiffol, Cathedra Pétri, Paris, 1938 ; J.-A. Mœhler, L’unité dans l’Église… d’après l’esprit des Pères des trois premiers siècles de l’Église, tr. fr., Paris, 1938.

Conclusion. — À tous les Pères, l’unité apparaît comme une propriété essentielle de l’Église, bien plus, comme une marque de sa vérité. L’Église est une, non seulement en tant que tous ses membres tendent au même but ; « mais elle est une, en un sens plus élevé, parce qu’elle est l’union surnaturelle et particulière des fidèles avec le Christ : en sa qualité de « Christ continué », elle aspire à le reproduire lui-même et à représenter une certaine unité de l’humain et du divin… Une telle unité doit être réalisée par Dieu, c’est-à-dire par le Saint-Esprit, qui, de même qu’il est le lien de cohésion dans la Trinité divine, est aussi l’âme et le principe formel de l’Église et, si l’unité doit rendre l’Église visible pour ainsi dire divine et manifeste à tous comme uniquement vraie, elle doit donc éclater au dehors. » Schwane, Hist. des dogmes, tr. fr., Paris, 1903, t. iii, p. 345.

La conclusion de Schwane sera aussi la nôtre : « L’Église avait, à l’époque patristique, comme dans tous les temps, l’unité comme un diadème solide et brillant autour de son front, et, à la vérité, non seulement l’unité de la foi, mais aussi l’unité de l’amour et de l’obéissance, en face d’une autorité visible, identique et unique. »