Dictionnaire de théologie catholique/PERSÉVÉRANCE-VERTU

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 12.1 : PAUL Ier - PHILOPALDp. 635-636).

PERSÉVÉRANCE. — « Le mot de persévérance, dit saint Thomas d’Aquin, s’emploie en trois sens différents. Parfois, il désigne une disposition de l’âme, par laquelle un homme demeure fermement attaché à la vertu, malgré les épreuves qui l’assaillent… Ou bien encore la persévérance est une disposition d’après laquelle quelqu’un a l’intention de persévérer jusqu’au bout dans le bien… Enfin, la persévérance, c’est la continuation effective du bien jusqu’au terme de la vie. » Sum. theol., I a -II ; l ?, q. cix, a. 10. Les deux premiers sens se rapportent à la vertu de persévérance, partie de la vertu cardinale de force. Le dernier sens, exprimant l’exercice actuel de la vertu de persévérance, pose le problème théologique de la grâce de la persévérance. D’où deux divisions dans cet article.
I. Persévérancevertu.
II. Persévérance-grâce.

I. PERSÉVÉRANCE-VERTU. -
1° La vertu ;
2° les vices opposés.

I. La vertu (saint Thomas. Il’-II-f, q. cxxxvii).

— 1° La persévérance est une vertu. —

Sans doute, la persévérance n’a pas pour objet un bien particulier ; mais son objet formel est distinct de celui des autres vertus. Il s’agit, en effet, de persister dans le bien longtemps et jusqu’au bout. Ainsi, la persévérance est une vertu spéciale qui a pour fonction de supporter, autant qu’il est nécessaue, la durée dans les œuvres des vertus précédentes et de toutes les autres ». S. Thomas, loc. cit., a. 1 ; cf. In III*™ Sent., dist. XXXIII, q. iii, a. 3, qu. 1, ad 4 ura.

C’est une partie de la vertu de force.


Elle pratique une fermeté analogue à celle que comporte la vertu de force. Mais cette fermeté ne s’affirme pas. comme dans la force, à l’égard même du danger de mort. Il s’agit, en effet, uniquement de supporter la difficulté qui vient de la durée de la vertu. La persévérance est donc une vertu annexe de la force. Saint Thomas, id., a. 2 ; cf. q. cxxviii, a. un. ; In 777um Sent., dist. XXXIII, q. iii, a. 3, qu. 1, 2. 4.

Elle ne doit pas être identifiée avec la constance.


Constance et persévérance ont la même fin : la fixité dans le bien. Mais la difficulté que chacune doit surmonter n’a pas la même cause ; celle qui fait l’objet de la persévérance vient de la durée même du bien ; celle qui fait l’objet de la constance vient de tout obstacle extérieur, quel qu’il soit. La persévérance se rapproche davantage de la force, parce que la difficulté provenant de la durée est plus essentielle à l’acte bon que celle qui vient du dehors. Saint Thomas, id., a. 3.

4° En tant que vertu infuse, elle exige le don de la grâce habituelle. —

Simple application particulière du principe général de la connexité des vertus infuses et de la grâce. Saint Thomas, id., a. 4.

II. Les vices opposés (saint Thomas, II a -I I 3 ?, q. cxxxviii). —

La mollesse.

« Ce qui fait de la

persévérance une vertu, c’est l’attachement au bien, malgré l’endurance prolongée des difficultés et des souffrances. A quoi s’oppose directement la facilité de se détacher du bien à cause de quelques difficultés qu’on est incapable de supporter ; ce qui correspond bien à l’idée de mollesse, car on appelle mou ce qui cède à la moindre pression. » Saint Thomas, loc. cit., a. î ; cf. Ethicorum. t. VII, lect. 7.

L’opiniâtreté.


Ce vice est l’excès opposé : les opiniâtres sont ceux qui persévèrent dans leur opinion plus qu’il ne faut : < La persévérance est une vertu, parce qu’elle se tient dans le juste milieu, tandis que l’opiniâtreté pèche par excès et la mollesse, par défaut ». Id., a. 2.