Dictionnaire de théologie catholique/ORIENTALE (MESSE) IV. La messe dans le rit alexandrin

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.2 : ORDÉRIC VITAL - PAUL (Saint)p. 171-175).

IV. La messe dans le rit alexandrin. — 1° La prothèse. —

Comme dans le rit persan, le prêtre copte prépare le pain du sacrifice dans le four liturgique, contigu à l'église. Les Abyssins vont encore plus loin dans la préparation, puisqu’ils commencent par battre le blé offert par les fidèles. Cf. Le Brun, t. ii, p. 553. Le pain est fermenté, excepté le 12 juin pour les

coptes et le jeudi saint pour les Abyssins. Ces derniers utilisent ! e vin extrait de raisins secs. Le Brun, t, ii, p. 480 et 558.

D’après le Dict. d’archéol., t. i, col. 1189, la prothèse solennelle n’a été empruntée aux autres rits que depuis le XIIIe siècle.

Le prêtre s’habille, en récitant le ps. xxix, Exaltabo te Domine, et le ps. xcii, Dominus regnavit. Il fait une prière au Christ miséricordieux pour qu’il le rende digne de se présenter au service divin. Soins sine peccalo, et potens ad remissionem peccatorum coneedendam.

Le célébrant choisit une hostie, la baise et la met dans un voile en soie, il se lave ensuite les mains et à trois reprises en récitant le ps. l, 9-10, Asperges me, et le ps. xxv, 6-12, Lavabo. Il prend l’hostie sur la paume de sa main et dit :

Deus…da nobis, ut sacrificiumnostrum.coram te.acceptum sit, speciatim pro peccatis meis, et pro insipientiis plebis tuæ quia purum est, sicut donum Spiritus Sancti tui, per Christum Jesum, Dominum nostrum. Eucholoqe des copies ou livres des trois liturgies, de saint Basile le Grand, de saint Grégoire le Théologien et de saint Cyrille, Rome, 1736, p. 10.

Il fait une prière en nommant la personne à l’intention de laquelle il célèbre, et désigne l’intention.

Messe des catéchumènes.

1. La grande entrée. —

Le diacre porte sur la tête les burettes bien enveloppées dans un voile de soie, le célébrant fait de même pour l’hostie et tous deux, précédés de deux acolytes tournent une fois autour de l’autel, en chantant une hymne de louange à la Sainte Trinité et pro pace et œdificatione unius, unicæ, sanctæ, catholicæ upostolicœque Ecclesiæ Dei. Amen ; pro Mis qui ofjerunt et pro qui bus offertur.

Arrivé à l’autel, le prêtre fait trois signes de croix, à la fois, sur le pain qu’il tient de la main gauche et sur les burettes que présente le diacre, de l’autre côté de l’autel. Comme dans le rit persan, le prêtre verse du vin dans le calice, y ajoute quelques gouttes d’eau et vide enfin dans le calice toute la burette de vin. L’idée de consacrer tout le vin viendrait du fait que ce vin a été destiné au sacrifice et a été béni solennellement pour cela.

Le prêtre salue le clergé et l’assemblée par le Dominus vobiscum ; il récite ensuite une prière d’action de grâces.

2. La prière diaconale.

Le diacre invite le peuple : orale ; le peuple répond : Kyrie eleison, ainsi qu'à la prière du diacre Orale ut Deus misereatur nostri… el exaudiat nos et accipial oraliones sanctorum… Alors, le prêtre adresse une prière dans le même sens, et par des signes de croix sur lui, le peuple et le saint autel, mensa, il fait une sorte d’exorcisme.

Les Abyssins font de longues oraisons sur chacun des vases sacrés et des instruments. La prière sur l’hostie est la même que chez les maronites :

Domine Deus noster qui suscepisti sacrificium Abel… Noe… Abrahae… et minuta vidiise in sanctuario, suscipias oblationem et sacrificium servorum…

En versant le viii, le prêtre rappelle les noces de Cana. Suit une oraison pro illis qui altulerunt munera et pro illis qui voluerunt offerte et non poluerunt.

3. L' offertoire. — Le prêtre désigne avec la main le pain et le vin chaque fois qu’il en parle.

Domine Jesu Christe, Fili unigenite, Verbum Dei Patris eique consubstantiale, et coseternum et Spiritui Sancto ; tu es panis vivus, qui descendisti de cælo, et prsevenisti nos, impendistique animam tuam perfectam et absque vitio, pro vita mundi ; rogamus obseeramusque bonitatem tuam, o amator hominum, ostende faciem tuam super hune panem, et super hune calicem, quos super mensam liane tuam sacerdotalem posuimus ; benedic eos f, sanc tifica eos f, et consecra eos f ; transfer eos, ita ut panis quidem hic fiât corpus tuum sanction et hoc mistum in hoc calice, sanguis tuus pretiosus, ut sint nobis omnibus pra : sidium, medecina, salus animarum, corporum, spirituumque : quia lu es Deus noster, tibique debetur laus et potestas, cum Pâtre tuo bono et Spiritu vivilicante, tibique consubstantiali, nunc et semper et in omnia siecula sœculorum. Amen. Euchologe, p. 24-27 ; Renaudot, op. cit., t. i, p. : i.

Le prêtre couvre les oblats des trois voiles habituels à la liturgie orientale, baise l’autel et descend pour donner l’absolution.

Il est à remarquer que la prière de l’offertoire a l’allure d’une épiclèse, mais elle est adressée au Fils. Le célébrant n’entend certainement pas consacrer par cette prière ; mais il expose simplement le but de son action, comme il exprime par la vraie épiclèse ce qui s’est fait.

En parlant du mélange qui se trouve dans le calice, le prêtre veut parler du mélange de vin et d’eau et non pas du mélange de plusieurs espèces de viii, comme on l’a prétendu à propos de la liturgie byzantine. Cf. Charon, op. cit., p. 88.

  • 4. L’absolution. — Le prêtre se retourne vers le

peuple et le clergé et développe méthodiquement l’origine du pouvoir des clefs : Le Christ l’a pratiqué et l’a communiqué à ses apôtres et à leurs successeurs. Il demande au Christ de pardonner les péchés de toute l’assemblée. Ce disant, il bénit le clergé, le peuple et trace sur lui-même un signe de croix. Un fait curieux est qu’il se donne l’absolution :

Servi tui hodie in ministerio constituti, sacerdos (vel sacerdotes) f, diaconus ")', clerus t> omnis populus t, et infirmitas mea t. absoluti sint, ex ore sanctae Trinitatis, Patris, Filii et Spiritus Sancti, et ex ore unius, unicæ sanctæ catholica ? et apostolicæ Ecclesia ;  : ex ore duodecim apostolorum, et ex ore contemplativi evangelista ? Marci, apostoli et martyris, ut etiam patriarcha* sancti Severi, et doctoris nostri sancti Dioscori, sancti Joannis Chrysostomi, sancti Cyrilli, sancti Basilii et sancti Gregorii, neenon ex ore trecentorum decem et octo Nicæse congregatorum et centum quinquaginta qui Constantinopoli, centum qui Kphesi : ut etiam ex ore venerandi patris nostri archiepiscopi anba N. ejusque in ministerio apostolico consortis venerandique patris episcopi anba N. et ex ore humilitatis mea ? qui peccator sum, quia benedictum et gloria plénum est nomen sanctum tuum, Pater, Fili et Spiritus Sancte, nunc et semper… Cf. Euchologe, p. 29-34 ; Renaudot, t. i, p. 3-4.

5. Prière de l’encens et litanie.

L’assemblée agenouillée pendant l’absolution se lève pour les litanies et l’encensement. Le diacre désigne l’intention de la prière et le prêtre évolue devant l’autel ; en se tenant d’une manière ou d’une autre, il prie pour la paix de l'Église, pour l'évêque et pour l’assemblée. L’encensement est accompagné de nouvelles prières ou demandes ; on encense l’icône du Christ, de laVierge, l'évêque et les prêtres.

6. Lectures.

Outre l'évangile, on fait trois lectures ; la première de saint Paul, la seconde des épîtres catholiques et la troisième des Actes. Le sousdiacre lit la seconde laissant les deux autres au diacre ; chaque lecture est faite en deux langues ; d’abord en copte, ensuite en arabe ; pendant chaque lecture en langue arabe le prêtre prie pour que Dieu, par l’intercession de l’apôtre, donne au peuple l’intelligence de sa parole sainte. Les uniates laissent tomber, à la messe quotidienne, la lecture des Actes et des épîtres catholiques.

A la fin de la lecture de l' « Apôtre », le diacre salue le président (évêque ou patriarche) par la finale de l'épître aux Galates : GraliaDomini noslri Jésus Christi vobiscum… Le sous-diacre termine la seconde lecture

Nolite diligere mundum neque ea quæ in mundo sunt. Mundus transit et concupiscentia ejus ; qui facit voluntatem Dei manet in œternum. I Joa. ii, 15-17.

Avant la lecture des Actes, le prêtre encense et fait les mêmes demandes qu’au premier encensement. Les coptes lisent quelquefois le « synaxairc » (martyrologe) au lieu des Actes des apôtres. Cet usage se trouvait dans le rit ambrosien et gallican, où les Gesta sanctorum remplaçaient la lecture de TAncien Testament. Cf. art. Ambrosien (Rit), t. i, col. 964. 7. Trisagion.

Le peuple chante le trisagion, après la lecture des Actes. Les monophysites gardent la formule introduite à Antioclie : qui crucifixus es pro nobis.

8. Lecture de l'évangile. — Avant que le diacre ne lise l'évangile, on récite un psaume de David, et le prêtre fait de nombreux encensements à l'évangile, à l’autel, au président et aux fidèles, le célébrant félicite les fidèles de voir et d’entendre ce que les patriarches de l’Ancien Testament n’ont ni vii, ni entendu. Alors le diacre avertit l’assemblée de se tenir debout. La procession autour de l’autel avec l'évangile est mentionnée par Mgr Rahmani, op. cit., p. 436.

Une cérémonie propre au rit alexandrin est la reconnaissance de l'évangile par tout le clergé et son adoration.

Le diacre : Orate pro Evangelio.

Chaque prélre baise l'évangile : adoro Evan^elium.

La lecture se fait à l’ambon. Le célébrant encense encore à plusieurs reprises l’autel, l'évangile et le peuple. Gomme pour les autres lectures, le prêtre fait une prière pendant la lecture arabe de l'évangile. La lecture terminée, le diacre présente l'évangile à baiser, d’abord au clergé, puis au peuple.

9. Prières des catéchumènes.

Le prêtre prie pour

les malades, les voyageurs, le roi, les défunts, ceux qui ont fait quelque offrande, pour les prisonniers et les esclaves.

Pour la période des crues du Nil, il ajoutera : Mémento, Domine aquarum fluminis et benedic illis, augens illas juxta mensuram suam.

Aux périodes respectives des semailles, de la moisson et de la cueillette des fruits, il fait des prières à ces intentions et termine par une prière pour les catéchumènes.

Mémento, Domine, catechumenorum populi tui, miserere eorum, confirma eos in fide tua, et reliquias omnes cultus idolorum au Ter ab eorum cordibus ; legem tuam, timorem tuum, praccepta tua, veritates tuas et mandata tua statue in cordibus eorum ; da illis firmam cognitionem Verbi quo per catechesin instituti sunt ; utque statuto tempore digni évadant, lavacro regenerationis, in remissionem peccatorum suorum, præpara eos, habitaculum Spiritui sancto tuo, per gratiam.

Renaudot, t. i, p. 8-9.

Le diacre invite le peuple à prier pour chacune de ces intentions, ou bien il les groupe par trois et invite trois fois : flectamus genua, leuate ; et le peuple répond Kyrie eleison.

Actuellement ces invitations ne se font qu’en temps de carême, comme le vendredi saint dans la liturgie romaine. Ce n’est pas le seul point de contact entre ces deux liturgies. Une étude pour relever les traits de ressemblance entre elles est à faire. Mgr Rahmani a donné un essai dans son livre, Les liturgies orientales et occidentales, p. 618-653.

Le renvoi des catéchumènes n’existe plus, alors que l’on trouve une longue prière pour eux. Mais le renvoi de tous les non communiants semble avoir existé normalement à cet endroit et par là même la messe des catéchumènes se termine.

Messe des fidèles.

 1. Préliminaires. —

Prière du voile. — Cette prière est faite par le célébrant

derrière le voile de l’iconostase, d’où son nom de prière du voile ; les intentions y sont tout à fait générales : pour le bien et la paix de toute l'Église.

Prière des fidèles. — Dans le rit alexandrin on trouve la marche normale de la liturgie primitive soit orientale soit occidentale avec deux prières distinctes, l’une pour les catéchumènes avant leur renvoi, l’autre pour les fidèles alors qu’ils sont seuls à l'Église. Les deux prières ont le même thème et sont exécutées de la même manière : invitation du diacre, prière du prêtre, le peuple s’y associant, par le Kyrie eleison. On prie pour l’unité de l'Église — cette idée est fréquemment reprise dans la liturgie présente — pour toute la hiérarchie et pour la réunion des fidèles ; le célébrant encense et offre l’encens.

Credo. — Le Credo est récité par toute l’assemblée, suivant la formule de Nicée-Constantinople. Les uniates y ont ajouté le Filioque.

Baiser de paix. — A l’invitation du diacre, le prêtre prie pour la paix de l'Église et son unité dans un même corps ; le baiser de paix — on l’a vu pour la liturgie arménienne — est un signe de cette unité du corps mystique. Le diacre invite l’assemblée à se donner le saint baiser et à purifier le cœur de tout mal.

Dans le rit abyssin le diacre dit :

Orate pro pace perfecta et arnica salutatione apostolica : Amplectimini invicem ; qui non communicatis exite : Qai comnunicatis, amplectimini invicem in plenitudine cordis vestri. Qui communicaturus est custodiat se a malo. Renaudot, t. i, p. 486.

Donc, dans le rit abyssin, le baiser de paix est au début de la messe des fidèles puisque la prière des fidèles vient après.

Les avertissements du diacre avant le baiser de paix montrent bien que, dans la liturgie orientale, le baiser est ordonné à la communion comme dans la liturgie romaine, bien qu’il soit placé avant la consécration ; en ciîet les assistants au sacrifice sont les communiants, et la communion est une partie du sacrifice ; d’ailleurs les paroles du diacre sont claires et le montrent assez.

2. L’anaphore.

Le rit alexandrin avait une anaphore propre, attribuée à saint Marc et retouchée par

saint Cyrille ; à cause de ses relations avec le rit jacobite, il lui en emprunta plusieurs autres, dont il ne conserve actuellement que deux : une attribuée à saint Basile et qui est l’anaphore la plus usitée, l’autre à saint Grégoire. Quant au rit abyssin, il conserve douze anaphorcs : une de Notre-Seigneur, l’une de la sainte Vierge, des Pères du concile de Nicée, etc. ; celle qui est la plus communément employée est intitulée ; -< Anaphore des douze apôtres ». Le Brun, t. ii, p. 561 sq.

Ces anaphores, quoiqu’elles ne soient intitulées anaphore, que depuis le dialogue de la préface, ont cepen dant des prières propres pour la messe des fidèles : prière du voile, du baiser de paix.

Pré/ace. — Le diacre invite l’assemblée, à s’approcher, à se bien tenir, à regarder l’Orient (l’autel est toujours du côté de l’Orient). Puis commence le dialogue commun à la liturgie romaine et orientale. Une variante se trouve dans le texte arabe qui est très usitée chez les coptes ; dans la liturgie de saint Basile, le célébrant demande : « O ù sont vos esprits ? » La liturgie de saint Grégoire demande : « Où sont vos coeurs ? »

Après le dignum et justum est — où le sacrifice universel est rappelé (Malachie, i, 11) — le célébrant commence une litanie ; c’est encore un point caractéristique du rit alexandrin.

Litanie. — Cette litanie est propre à l’anaphore de saint Cyrille, pour la place mais non pour le thème ; ce sont les mêmes intentions que nous avons vues à la prière de l’encens et à celle des" catéchumènes et

des fidèles. D’abord le prêtre fait une courte prière à Dieu eu désignant l’intention, le diacre exhorte les fidèles à prier pour l’intention ; alors le prêtre fait à haute voix la prière et le peuple s’y joint par le Kyrie eleison.

Lorsque le célébrant arrive au mémento des patriarches et évêques, on fait la lecture des diptyques. Le prêtre encense, tandis qu’il récite à voix basse certaines prières qu’il termine par une eephonèse.

Sanctus. — Le Sanclus est amené normalement ; il est récité par le peuple sous deux formes différentes. Le célébrant se lave les mains en récitant le ps. l, 9 et 10, xxv, 6, comme dans le rit arménien.

Paroles de la consécration. — Le Vere sanctus, en reprenant le thème du Sanctestament une prière qui ressemble fort à une épiclèse.

Impie hoc sacrificium tuum Domine, benedictione quae a te est per illapsum super illam Spiritus tui sancti f : (le peuple) Amen : et benedictione benedic t (le peuple) : Amen : et purificatione purifica t (le peuple) : Amen, hsce dona tua veneranda proposita coram te, hune panem et hune calicem. Renaudot, t. i, p. 45.

L’anaphore de saint Grégoire est adressée tout entière au Fils, cette prière, aussi bien que les paroles de la consécration et que la grande épiclèse.

Et le peuple, presque à chaque mot important, dit : Credimus ou Amen ; pour mieux manifester sa foi, il répétera trois fois de suite : Amen.

Voici les paroles de l’institution d’après l’anaphore de saint Cyrille. Celles de l’anaphore de saint Basile n’en diffèrent que par de légères variantes.

… Ea nocte qua tradidit se ipsum, ut pateretur pro peccatis nostris, ante mortem, quam propria sua voluntate suscepit pro nobis omnibus.

Populus : credimus.

Sacerdos : Accepit panem in manus suas sanctas, immaculatas, puras, beatas et vivificantes et suspexit in cœlum, ad te Deum, Patrem suum et omnium Dominum, et gratias egit.

Populus : Amen.

Sacerdos : Kt benedixit illum f. P : Amen.

S : Et sanctificavit illum t. P : Amen.

.S : Et fregit illum et dédit illum suis discipulis sanctis, et apostolis puris dicens : « Accipite, manducate ex eo, vos omnes. Hoc est corpus meum quod pro vobis frangitur, et pro multis tradetur in remissionem peccatorum ; hoc facite in meam commemorationem. »

P : Amen.

S : Similiter et calicem post cenam, miscuit vino et aqua et gratias egit.

P : Amen.

S : Et benedixit eum f. P : Amen.

S : Et sanctificavit eum t. P : Amen.

S : Et gustavit, deditque eum suis prreclaris, sanctis discipulis et apostolis dicens : « Accipite, bibite ex eo vos omnes : Hic est sanguis meus' novi Testamenti, qui pro vobis effunditur et pro multis dabitur in remissionem peccatorum : Hoc facite in meam commemorationem. »

P : Amen. — Renaudot, t. i, p. 45-46.

En remplaçant la troisième personne par la seconde, on aura les paroles de la consécration de l’anaphore de saint Grégoire.

Le prêtre abyssin dit :

… Hic panis est corpus meum quod pro vobis frangitur in remissionem peccatorum. Amen. »

Le peuple répond : Amen (ter), Credimus et certi sumus, laudamus te, Domine Deus noster, hoc est vere, et ita credimus, corpus tuum. »

… Hic est calix sanguinis mei. » Nouvelle profession de foi des fidèles. Renaudot, t. i, p. 490.

Pour la question du hic panis, cf. Le Brun, op. cit., t. ii, p. 549-552.

Déjà en prononçant fregit, le célébrant divise l’hostie en trois parties qu’il replace comme si l’hostie restait intacte. Cf. Le Brun, t. ii, p. 492.

Anamnèse. — Le célébrant commence par donner l’ordre du Christ dans le style direct ; ensuite le prêtre et le peuple font chacun l’anamnèse.

Épiclèse. — Dans la liturgie de saint Grégoire, la prière est adressée au Christ pour que lui-même opère le changement du pain et du vin ; dans les autres anaphores on demande au Père d’envoyer l’Esprit Saint pour le même changement. Le peuple répond toujours par une profession de foi et par l’Amen. Dans le rit abyssin la demande de changement des espèces est faite pour les deux à la fois. Mais, dans toutes les anaphores, le changement n’est demandé, qu’en vue de la sanctification des âmes, et de leur transformation.

Litanies et diptyques. — Les deux anaphores de saint Basile et de saint Grégoire ont leurs litanies et leurs diptyques à ce moment, puisqu’elles ne les ont pas au milieu de la préface ; l’anaphore de saint Cyrille les a à la préface ; par conséquent elle ne les répète plus après l'épiclèse.

Les Abyssins ne les ont, ni à la préface, ni à ce moment-ci.

3. Communion.

a) Consignation et fraction. — Le prêtre fait un signe de croix sur l’hostie avec son doigt qui touche l’hostie ; il fait de même un signe de croix dans le précieux sang, et avec son doigt tâché de sang il refait un autre signe sur l’hostie. Une prière d’action de grâces accompagne ce rite. Il fait précéder et accompagner le rite de la fraction d’une longue prière appelée prière de la fraction.

Les fragments détachés sont disposés en forme de croix, comme dans la liturgie gallicane.

b) Le Pater. — La prière de la fraction introduit le Pater que le peuple récite ; le célébrant en fait l’embolisme. La formule du Pater est celle de la liturgie romaine : il n’a pas la finale que l’on rencontre dans la liturgie d’Antioche.

c) Adoration du Père céleste et nouvelle absolution. —

Le diacre : Inclinate capita vestra Domino. Le peuple : Coram te Domine.

La prière d’adoration que le célébrant adresse au Père est une préparation à la communion.

Le diacre : Attendamus Deo eum timoré.

Le prêtre (continuant à s’adresser au Père) : … Tu es qui dixisti Petro patri nostro, per os Filii tui unigeniti Domini Dei et Salvatoris nostri Jesu Christi : « Tu es Petrus et super hanc Petram aedificabo Ecclesiam meam, et portée inferi non prævalebunt adversus eam, et dabo tibi claves regni caplorum : quod ligaveris super terram, erit ligatum in cœlis et quod solveris super terram erit solutum in cælis. » Sint etiamnum, Domine, patres et fratres mei absoluti ex ore meo, per Spiritum Sanctum tuum… O Domine, absolve nos et populus tuus absolutus sit. Renaudot, t. i, p. 21-22.

Cette prière se trouve aussi dans la liturgie grecque d’Alexandrie, attribuée à saint Basile. Benaudot, op. cit., p. 77. La liturgie éthiopienne a de même cette prière préparatoire à la communion, avec le texte de la primauté de Pierre comme fondement du pouvoir de remettre les péchés. Cf. Benaudot, 1. 1, p. 491-492.

d) Mémento des vivants et des morts. — Les intentions que le célébrant et le diacre avaient recommandées dans les différentes litanies sont reprises, encore une fois.

e) Élévation. Nouvelle consignation, fraction et commixtion. — L'élévation de l’hostie se fait comme dans toutes les liturgies orientales au Sancla sanctis qui n'était qu’une invitation à la communion. Le peuple à l’avertissement du diacre de faire attention et d’adorer avec crainte, s’est incliné très profondément, en disant Kyrie eleison : unus Pater sanctus, unus Filius sanctus … Le prêtre adore, puis plonge la grande hostie, despoticon, dans le précieux

sang ; il y fait trois signes de croix ; il fait de même sur les autres hosties avec le despoticon imbibé de précieux sang. Il aurait consigné le précieux sang avec le corps du Christ et ce dernier avec le sang. Ayant terminé toutes les consignations requises, il remet le despoticon dans le calice, et achève la fraction des hosties.

I) Communion. — Le prêtre fait un acte de foi à la présence réelle.

Credo, credo, credo et confiteor, usque ad extremum vitæ spiritum, hoc esse corpus vivifîcum Filii tui unigeniti Domini Dei et Salvatoris noslri Jesu Ghristi : accipit illud ex omnium nostrum Domina, Deipara, diva et sancta Maria et unum illud fecit cura divinitate sua, sine confusione, commistione aut alteratione. Renaudot, t. i, p. 23.

En récitant cette profession de foi, il remet l’hostie qu’il avait en main dans la patène et en prend une autre. C’est, peut-être, pour exprimer que sa foi n’est pas relative à telle hostie en particulier mais bien à toutes les hosties consacrées. Le peuple récite le ps. cl, Laudale Dominum in sanctis ejus.

Avant de communier, le célébrant baise l’hostie. Suivant la hiérarchie, le clergé communiant reçoit le précieux sang directement du calice ou bien dans une cuillère. C’est le diacre qui donne la communion sous l’espèce du vin. La communion se donne aussi sous les deux espèces à la fois, dans une cuillère, ou bien par fragments d’hostie imbibés du précieux sang. La communion des tout petits enfants se fait sous la seule espèce du vin ; le prêtre plonge son doigt dans le calice, touche l’hostie et donne son doigt à sucer à l’enfant.

Le reste des saintes espèces est distribué au clergé.

g) Prière d’action de grâces. — Après les ablutions, le diacre invite l’assemblée à se tenir debout et à incliner la tête pour la prière d’action de grâces ; le prêtre rend grâces à Dieu et impose les mains à toute l’assemblée, en récitant une longue prière, dont le sujet est le même que celui des litanies. Le diacre proclame ce que le prêtre vient de dire dans le renvoi : Gralia Dei et Domini nostri Jesu Christi sit vobiscum… Ite in pace.

On récite à la fin de la messe le ps. xlvi, Omnes génies plaudile mnnibus.

La distribution de pains bénits se fait à ce moment comme dans la liturgie byzantine.