Dictionnaire de théologie catholique/ORIENTALE (MESSE) II. La messe dans le rit antiochien

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.2 : ORDÉRIC VITAL - PAUL (Saint)p. 153-166).

II. La messe dans le rit antiochien. —

La description en sera faite suivant le rit jacobite, tel qu’il est pratiqué par les uniates, quitte à signaler les divergences dans les rits maronite et persan.

La prothèse.

- Ce nom est donné par les Byzantins, à la cérémonie de la préparation des oblats, nécessaires au sacrifice. C’est dans ce sens qu’il est pris ici.

A l’origine aucune préparation ne se faisait, le diacre recevait du peuple les pains et le vin du sacrifice. Un mémento des diptyques de la liturgie de saint Jacques, en fait foi : Mémento eorum qui oblulerunt oblaliones islas… et eorum pro quibus singuli oblulerunt ; cf. Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, t. ii, p. 35.

Avant la messe, le prêtre ou le diacre se présente, sans aucun ornement, devant l’autel. Il prie le Seigneur de le rendre digne de monter à son autel et pour cela il récite le psaume Miserere, et demande pardon à l'évêque, s’il est présent, au clergé et à toute l’assistance : Orale, (ralres et carissimi, pro me, propler amorem Domini noslri, ut suscipiat oblalionem meam. — En montant les degrés de l’autel, il chante le seul verset de Vlntroibo, et ajoute : In domum luam ingressus sum, procidique coram throno tuo. Rex cœtesle, rcniitle omnia quain te peccavi ; cf. Renaudot, t. ii,

p. 2. C’est ce que fera le prêtre toutes les fois qu’il s'éloigne et s’approche de l’autel, ainsi qu’au début de la messe des catéchumènes et des fidèles.

Celui qui prépare les dons, s’incline baise l’autel au milieu, a droite et à gauche, en disant, d’après le ps. cxvii, -7 : Alliga, domine, festiuitates (agnum) catenis ad cornu ullaris.

Tout acte, le plus minime devient d’une profonde inspiration liturgique et théologique. Le diacre, qui aide le célébrant, allume le cierge de droite — c’est dans les rubriques — en psalmodiant une prière au Verbe de Dieu, Lumière du monde, vraie Lumière ; puis il allume le cierge de gauche en demandant que cette Lumière vienne nous éclairer et purifier.

Celui qui prépare les dons reçoit, à ce moment l’hostie (fermentée) ; il en prend la part du célébrant et de petits morceaux pour la communion des fidèles, dépose le tout sur la patène, et chante : Tamquam ovis ad occisionem duclus est, et sicut agnus coram tondent e… (Act., viii, 32 ; Is., lui, 7). Primogenile Patris ceeleslis, suscipe hune Primogenitum, ex manibus servi lui, imbecillis. La personne du primogenitus est dédoublée. Le Christ est la victime et reçoit ce même sacrifice.

Le servant verse quelques gouttes d’eau dans la burette de vin et la présente à l’officiant qui en verse une partie, dans le calice, en rappelant le sang et l’eau qui ont coulé du côté du Christ.

Chaque geste inspire une prière : en remettant le calice à droite, alors que la patène est à sa gauche, il dit : quid rétribuant…, il récite d’autres versets, en recouvrant chaque don d’un voile ; puis en recouvrant le tout du grand voile.

Le diacre avertit l’assistance, en grec, de se bien tenir. Toute l’assemblée se tient debout avec le célébrant qui demande pardon à Dieu de ses fautes et le prie d’agréer ce sacrifice, quoique offert par des mains indignes de la majesté divine. Le peuple intervient à son tour et demande à Dieu pardon par le chant du Kyrie, d’abord en grec, puis en syriaque. La prothèse se termine par le Pater, récité par toute l’assemblée. [Les Maronites ont toute cette cérémonie avec presque les mêmes prières ; mais la prothèse est réservée actuellement au prêtre. Les ornements, les vases sacrés, l’hostie (azyme), sont les mêmes que ceux des latins. On a remplacé les deux petits voiles par deux pales.

Le prêtre commence par purifier les vases avec la fumée d’encens, il fait encenser l’hostie et demande à Dieu de l’agréer comme il avait accepté l’offrande d’Abel, de Noé, de David et d'Élie : Suspice Domine oblaliones servorum tuorum, quas sepanwerunt et intulerunt propter amorem luum, il demande en retour la bénédiction sur ces personnes et leurs biens. Cf. Renaudot, t. ii, p. 3.

Le mélange de vin et d’eau se fait dans le calice comme chez les latins. Le célébrant fait encenser les trois voiles, avant de couvrir le calice et la patène placés comme à la messe romaine.

Le prêtre descend tous les degrés et fait la confession générale. Il demande pardon et que son sacrifice soit accepté malgré son indignité. Que ce sacrifice soit pour la rémission de ses péchés, de ceux de son père et de sa mère…

Cette confession générale se récitait jadis avant la prothèse, et c'était plus normal. Cf. Missale chaldaicum juxta ritum Ecclesiee nationis maronitarum, édit., de Rome, 1594 ; celle de 1716 a changé cette disposition. Quand la confession est récitée, au bas de l’autel, le prêtre remonte vers l’autel en chantant, comme dans le rit jacobite, Vintroibo ; mais il ajoute chaque fois orale pro me ad Dominum ; il le répète à deux reprises en regardant le diacre et les autres servants, des deux

DICT. DE 1HÉOL. CATHOL.

côtés de l’autel. Et le peuple de répondre : Deus accipiat oblationem luam et misereatur noslri, precibus luis.

Le prêtre prend l’encensoir et encense les oblats, la croix, l’autel et l’assemblée. Le peuple s’unit à lui en chantant le cantique de l’encens : on y demande au Christ, ami des pénitents, d’agréer l’encens, don des fidèles, offert par les mains du prêtre.

Puis tout le peuple chante, avec le prêtre, le Trisagion : Kyrie eleison. Kyrie eleison. Kyrie eleison. Sanctus es Deus, sanctus es forlis, sanctus es immorlalis, miserere nobis, Domine, miserere nobis…La cérémonie se termine, par la récitation du Pater.]

(Dans le rit persan, le prêtre fait de longues prières puis il confectionne l’hostie : il prend de la farine de pur froment, y verse un peu d’huile, et de sel et de l’eau chaude, en y ajoutant un peu de levain de la pâte précédente et un peu de malkâ (pain préparé de la même manière par l'évêque, le jeudi saint). Il fait de ce mélange une pâte, en prend une partie pour lui, y fait un trou qu’il remplit d’huile. Ensuite il détache des petits morceaux qui serviront à la communion des fidèles, et fait cuire le tout, dans un four attenant à l'église, et spécial pour cette cérémonie. La disposition des pains dans le four est indiquée dans les rubriques : en mettant un morceau, à la droite du grand morceau, qui lui servira à la messe, il dit que le voleur de droite est resté voleur jusqu’au bout, puisqu’il vola le ciel.

Le prêtre retire la patène du four, garnit l’encensoir de brasiers pris au four et va vers l’autel, la patène dans la main droite, l’encensoir dans la main gauche, en chantant trois fois le Trisagion, puis une litanie. Il accroche l’encensoir et met la patène dans une niche pratiquée dans le mur à cet effet. Puis il va préparer le calice du côté du diacre. Il verse du vin en disant (par prolepse) que le sang du Christ est reçu dans le calice, ensuite il verse de l’eau toujours en forme de croix, enfin il vide la burette de vin dans le calice en rappelant le souvenir du sang et de l’eau qui ont coulé du côté du sauveur. Cf. Brightman, Liturgies Easlern and Western, t. i, p. 247-252, et ici art. Nestorienne (Église), col. 315-310.]

(Dans le rit syro-malabar, le prêtre purifie la patène et le calice comme dans le rit maronite, fait encenser les voiles et verse du vin à deux reprises comme dans le rit persan.]

La messe des catéchumènes.

La prothèse ne fait

pas partie de la messe des catéchumènes. Elle n’est que la préparation du sacrifice, cependant d’après certaines prières, on suppose déjà que le peuple y est présent. C’est bien là le caractère d’une cérémonie ajoutée à d’autres déjà existantes.

La messe des catéchumènes, ou l’avant messe, a bien, en Orient, son caractère originel. Sa dérivation des usages de la synagogue est mieux indiquée par son invariabilité ; elle sert d’introduction indifféremment à toutes les anaphores.

D’une manière générale, elle comprend des prières faites par le diacre ou le prêtre (prières litaniques), des chants, des lectures, la bénédiction des catéchumènes et leur renvoi. On y trouve encore à présent des prières qui ont l’allure d’un offertoire, le Credo, la prière des fidèles, et par le fait le renvoi des catéchumènes est quelquefois déplacé jusqu’après le baiser de paix. Au début de la messe des catéchumènes, le prêtre se présente à nouveau devant l’autel, et prie pour être digne de présenter le sacrifice. Cette prière revient 1res souvent dans les liturgies orientales.

(Dans le rit maronite, le prêtre commence par prendre les ornements avant la prothèse en vertu du 1 er canon du IIe concile du Liban de 1596 ; cf. Revue des sciences religieuses, 1924, p. 436. Les prêtres des rits

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jacobite et persan, ne prennent les ornements qu’après cette prière du début de la messe des catéchumènes. En enlevant le manteau, le prêtre demanda à Dieu de lui enlever ses péchés ; prenant chaque partie des ornements sacrés, il récite le verset que semble inspirer le geste qu’il fait.]

1. L’offertoire.

Dans plusieurs rits orientaux, on éprouve une vraie difficulté à assigner une place à l’offertoire. Ainsi l’on trouve des prières de la prothèse où le prêtre fait déjà l’offrande. Les formules d’offrande sont, aussi bien dans les prières de la confession générale, que dans les nombreuses litanies diaconales. Une de ces prières attire l’attention comme offertoire, à cause du geste qui l’accompagne. Le prêtre découvre les oblats, prend le disque (patène) et le calice et croise ses mains. La prière qu’il prononce est un mémento des vivants et des morts, des saints, des patriarches des prophètes. Elle rappelle tous les mystères de la vie du Christ. Une oraison pour ses parents, pour ses bienfaiteurs, suit celle dans laquelle il nomme la personne pour qui il offre le sacrifice. Il désigne très explicitement la grâce sollicitée : la guérison, le repos éternel… Deus, tu factus es sacrifteium, et libi sacriftcium offertur ; sascipe hoc sacrifteium ex manibus meis peccatricibus pro anima N… Deus preesta illi requiem…

Le prêtre maronite tient ses mains de trois manières sur les mystèr ; pendant l’offertoire et les litanies ; d’abord les mains ouvertes sont l’une au dessus de l’autre en forme de croix et appuyées sur le grand voile qui couvre les deux oblats. C’est bien un acte de possession et d’offrande comme faisaient les prêtres juifs sur le bouc émissaire. Ce geste, à l’origine, devait être identique à celui des jacobites. Le second geste consiste à les tenir mains jointes et appuyées sur les oblats :

Sancta Trinitas, miserere mei ; sancta Trinitas, miserere mei peccatoris ; sancta et laudanda Trinitas, accipe hoc donum de manibus meis peccatricibus.

Cette prière est renvoyée dans le rit jacobite après le lavabo.

Le prêtre fait le troisième geste, qui est celui de la demande : les deux mains ouvertes sont étendues collées l’une à l’autre, au-dessus des mystères. Dans cette attitude, le célébrant demande pardon dans les mêmes termes, que le prêtre jacobite avant l’offertoire.

2. Les litanies.

On l’a vii, les litanies sont confondues dans le rit jacobite avec les prières de l’offertoire, le prêtre les fait à la fois ; mais il y revient après, au moment des prières de l’encens : souvenir du Christ et de la Vierge, d’abord, puis des morts, des veuves, des orphelins, des malades, des voyageurs, des pécheurs. Dans le rit maronite, on demande en plus d'être délivré des grandes calamités : la chaleur, le froid, les guerres, la famine. Actuellement encore, le diacre maronite invite deux fois le peuple, à la litanie diaconale, qui n’est plus en usage : les deux invitations avant l’offertoire et avant les lectures sont conçues dans les mêmes termes.

Pro tranquillitate et pace totius mundi in Christum credentium, a finibus usque ad fines orbis, pro infirmis et afflictis, et animabus in augustiam dejectis ; pro patribus, fratribus et doctoribus nostris ; pro peccatis, insipientiis et defectibus omnium nostrum, el pro fidelibus def anctis qui a nobis abierunt, cum odoribus imposilis, oramus, Domine. Cf. Renaudot, t. ii, p. 4.

3. L’encensement.

Le rit jacobite continue, pendant l’encensement de l’autel, à commémorer le souvenir de la Vierge, des apôtres… et des défunts et

semble unir l’offrande de l’encens au mémento même, alors que dans le rit maronite l’encensement est accompagné du chant du ps. l : Miserere. Anciennement l’encensement se faisait tout autour de l’autel.

Après l’encensement le prêtre s’inspire du Miserere pour réciter un embolisme dans le même sens.

4. Les hymnes.

Après le Pater le prêtre syrien

occidental chante une hymne au Christ : au Fils unique du Père, à son Verbe immortel qui a bien voulu descendre sur la terre et souffrir pour nous sauver. Vient ensuite le Trisagion : Sanctus es Deus, sanctus es forlis, sanctus es immortalis, miserere nobis. Les jacobites gardent l’addition faite par Pierre le Foulon, en 470 : Qui cruciftxus es pro nobis. Sur son origine, voir plus bas la description de la messe byzantine, et cf. Le Brun, t. ii, p. 351-353, t. iii, p. 145-150 ; Assémani, Bibliolheca orientalis, 1. 1, p. 518 ; Dict. d’archéol., t. vi, col. 1613.

(Dans le rit maronite, le diacre prépare l’assemblée à bien entendre le Trisagion et les lectures ; on saisit ainsi l’importance qu’a prise le Trisagion dans la liturgie.

Stemus decenter in oratione et precibus coram Deo Deorum et Domino Dominorum, coram Rege Regum, coram altari propitiatorio et coram mysteriis præclaris et vivis Salvatoris nostri, cum aromatibus impositis misericordiam tuam imploramus, Domine.

En chantant trois fois le Trisagion auquel le diacre répond miserere nobis, le prêtre encense au-dessus des oblats en forme de croix, puis autour des oblats, vestige de l’encensement tout autour de l’autel. Pendant cet encensement, le prêtre chante un embolisme inspiré par le Trisagion même.]

5. Les lectures.

Dans le rit jacobite on a trois

lectures : une de saint Paul, une des Actes et l'évangile ; chez les uniates, on ne rencontre que la lecture de l'épître et de l'évangile ; de même dans le rit maronite, mais la bénédiction du diacre, avant la lecture de l'épître, fait allusion à une lecture de l’Ancien Testament qui n’existe plus :

Gloria Domino Pauli, Prophetarum et Apostoloruni. Misericordiæ Domini sint super Iectores et auditores et super hanc urbem omnesque habitantes in ea, in sæcula. Amen.

Il semble que cette lecture de l’Ancien Testament ait été remplacée par la. lecture des gesta sanctorum, comme la lecture des actes dans le rit copte par le synaxaire. — Cet usage existait dans l'Église latine. Cf. art. Liturgie, t. ix, col. 834. Dans le rit maronite le prêtre et le diacre chantent alternativement, une prose rythmée, racontant la vie du saint, ou célébrant les louanges du Christ ou de la Vierge.

Les lectures, dans les rits orientaux, se font, chacune dans un livre spécial, évangéliaire, épistolier (l’Apôtre, comme on le nomme). — -Actuellement on ne fait plus la procession avec l'évangéliaire autour de l’autel que dans le rit jacobite ; on chantait et encensait le livre que le diacre portait pendant la procession autour de l’autel.

Diaconus : Accedite ad me, fratres, tacete et auscultate annuntiationcm Salvatoris nostri, ex Evangelio sancto rpiod vobis Iegitur.

Sacerdos : Dominus vobiscum.

Populus : Et cum spiritu tuo.

Le prêtre annonce l'évangile et le diacre renouvelle ses avertissements.

Estote in silentio, auditores, hoc est enim Evangelium sanctum quod Iegitur. Fratres mei, festinate, audite et conlitemini verbum Dei vivi.

Le peuple demande la bénédiction et le prêtre bénit la ville, l’assemblée, Iectores et auditores. Le mot auditores semble désigner tous les fidèles par opposition aux Iectores et non pas seulement les catéchumènes. Les lectures sont faites à haute voix de l’ambon (chaire), et dans la langue comprise par le peuple, Une hymne est chantée après les lectures ; on ne sait

pas si elle précédait ou suivait l’homélie dont on n’a plus aucune trace ; mais c’est après cette hymne que se termine la messe des catéchumènes, puisque le diacre, dans le rit maronite, les renvoie.

Ite in pace amlitores, abite auditores in pace ; accedite baptizati ad pacem ; fores claudite.

[La messe des catéchumènes dans le j-il persan. — Dans le rit persan, le prêtre dit le verset du Gloria in excelsis Deo, mêlé à des demandes du Pater et terminé par le Pater en entier. Les syro-malabares ont conservé mieux que les maronites les litanies diaconales avec des demandes générales, pour la paix, l'Église, la hiérarchie. (Le synode de Diamper, 1599, a introduit quantité de modifications, entre autres, il a remplacé le nom de la hiérarchie schismatique par le nom du pape et la liste des saints, le nom des chefs de l’hérésie, par des noms des docteurs de l'Église latine, le titre de « Vierge, mère du Christ et Sauveur », par celui de « Mère de Dieu, sauveur et rédempteur ».) Viennent après cela, des demandes pour la pluie et les fruits de la terre, pour les hérétiques, les veuves, les orphelins… et le peuple répond à chaque demande par la prière que lui a enseignée le célébrant au début. Domine nnster, miserere nobis.

C’est seulement après cette longue litanie que le prêtre syro-malabare prépare le calice de la même manière que le prêtre nestorien. Il fait ensuite l’offertoire en tenant les oblats comme dans le rit jacobite :

Offeratur et gloria immoletur Trinitati tuæ supergloriosfp in sæcula sæculorum, et Jésus Christus Dominas noster, Dei Filius qui oblatus est pro salute nostra, et præcepit nobis, ut sacrilicemus in memoriam passionis, mortis, sepulturæ ac resurrectionis ejus, suscipiat sacrilicium hoc, de manibus nostris, per gratiam et amores suos in sæcula sæculorum. Le Brun, op. cit., t. iii, p. 482.

Avec ces souvenirs, l’offertoire ressemble à l’anamnèse.

Une particularité très curieuse de la liturgie du .Malabar, est attestée par Le Brun, loc. cit., p. 486. Le prêtre bénit l’assemblée prosternée — c’est l’ancienne bénédiction des catéchumènes — ensuite le diacre renvoie les catéchumènes, fait fermer les portes ; et cela avant les lectures, pratique contraire à toute tradition liturgique ; car les auditores n’ont été admis que pour entendre la lecture des saints livres et l’homélie qui les explique, et voici que le diacre les renvoie. On peut en conclure que le texte a sûrement subi un déplacement :

Le diacre : Qui non suscepit baptismum cfiscedat.

Le chœur : Vere.

Le diacre : Qui non accepit vitæ signaculum discedat.

Le (lueur : Vere.

Le diacre : Qui non suscepit illud discedat.

Le jirêlre : Ite audientes. Et videte ostia.

Le trisagion est récité avant les lectures et, bien entendu, sans l’addition : qui cruci/lxus es des monophysites. Actuellement, deux lectures sont en usage chez les chaldéens, l'épître et l'évangile. Un mandement du patriarche Sabriso' II, rapporté par Assémani, Biblioth. orient., t. m a, p. 507, parle d’une lecture de l’Ancien Testament ; de fait les nestoriens ajoutent une lecture de l’Ancien Testament et une des Actes. Les lectures, dans le rit syro-malabare, semblent être toujours II Cor., v, 1-10 ; Joa., v, 10-29. Comme dans le rit jacobite, les saints livres sont portés en grande procession. Dans le rit persan le renvoi des catéchumènes se fait dans les mêmes termes que dans le rit syro-malabare, après une litanie diaconale et la bénédiction du prêtre, seulement il n’a lieu qu’après les lectures, ce qui est plus normal. L’oifertoire identique à celui du rit syro-malabare, est encore remis à ce moment, après le lavabo ; le prêtre pose les

dons sur l’autel en frappant trois coups sur l’autel et en disant :

Imponuntur mysteria præclara, sancta et vivifica super altare Domini potentis usque ad ejus adventum in sæcula. Amen. Cf. Daniel, Codex liturgicus Ecclesiæ universw, t. iv, p. 175.

Pendant la grande entrée — cérémonie empruntée à la liturgie grecque de saint Jacques et qui est la procession solennelle dans laquelle le diacre apporte les dons à l’autel — l’on chante un cantique correspondant au chërubicon et, par prolepse, le vin du sacrifice est déjà appelé, le précieux sang et le pain, le saint corps. Cela se retrouvera plus loin, dans la liturgie arménienne.]

Messe des fidèles.

1. Préliminaires : Litanies.

Une trace de l’ancienne prière des fidèles nous est conservée dans le rit maronite. Le diacre invite l’assemblée à s’unir dans une même prière pour implorer la miséricorde et la bonté de Dieu.

Stemus omnes orantes…

Et le prêtre de prier :

Mémento Domine defunctorum et requiem illis præsta, qui te in baptismale induerunt et te ex altare acceperunt.

Le diacre précise encore :

II 1 i qui comederunt corpus tuum sanctum et biberunt sanguinem tuum, calicem salutis, .cum Abraham recumbant ad mensam tuam et cum piis qui dilexerunt te… Da nobis et illis veniam.

Le Credo. — Le prêtre et le peuple chantent le Credo d’après le texte de Nicée-Constantinople. Credimus… Dans le texte arabe, le genitum non factum est remplacé par le genitum non creatum. Il va sans dire que les catholiques y ont introduit le Filioque. Pendant le chant du Credo, le prêtre encense l’autel, les oblats, les icônes et l’assistance. Dans les messes solennelles, le diacre fait lui-même ces encensements. L’introduction du Credo, dans la liturgie d’Antioche est due à Pierre le Foulon († 488), qui l’aurait introduit vers 486, d’après Le Brun, t. iii, p. 161, et en 471, d’après le Dictionnaire d’archéol., t. vi, col. 1614.

Le lavement des mains. — Le prêtre se lave les mains en demandant d'être purifié pour entrer dans le saint des saints, afin d’y offrir un sacrifice vivant qui plaira à la majesté divine. Après quoi il demande pardon à Dieu et à l’assemblée. « Mes frères et mes bien-aimés priez pour moi. »

[Le rit persan. — On a vu plus haut que la grande entrée avec les dons, le lavabo et l’offertoire se faisait à ce moment dans le rit persan, il reste à ajouter que le prêtre chante avec le peuple le Credo. Dans le rit syro-malabare, le concile de Diamper (1599) remplaça le texte du Credo persan par celui de la liturgie romaine. Le Credo des nestoriens ressemble sur plus d’un point, à celui de Nicée-Constantinople.

Credimus in unum Deum, Patrem omnipotentem factorem omnium : visibilium et invisibilium et in unum Dominum Jesum Christum, liliuni Dei unigenitum, primogenitum eorum quæ sunt in mundo, natum ex suo Pâtre ante omnia sæcula, et non factum, verum Deum de Deo vero, Filium naturæ Patris sui per quem mundi constituti sunt, et omnia creata sunt, qui proplernos hommes et propter nostram salutem descendit de cætis et incarnatus est de Spiritu Sancto et homo factus est ; conceptus est et natus ex Maria vii-gine, passus et crucifixus tenipore Ponlii Pilati et sepultus est ; tertia die resurrexit a morluis sicut scriptum est ; ascendit in cælum sedetque ad dextram Patris sui. Et iterum venturus est judicare mortuos et vivos. Et in unum Spiritum sanctum, Spiritum veritatis, qui procedit a Pâtre, Spiritum vivificantem ; et in unam Ecclesiam sanctam, apostolicam et catholicam. Confilemur unum baptisma in remissionem peccatorum et resurrectionem corporum et vitam sempiternam. Amen. Cf. Liturnia sanctoriim aposiolorum Adasi et Maris, Ourmiah, 1890, p. 8.]

2. L’anaphore.

Nombreuses sont les anaphores des rits d’Antioche. Le rit jacobite en possède plus de cent. Dans les dernières éditions des missels catholiques, on en rencontre un nombre restreint, sept poulies Syriens uniates et huit pour les maronites : de saint Jacques, de saint Jean l'Évangéliste… De fait, ces diverses anaphores ne diffèrent entre elles que par la longueur et le développement des prières. Les Persans ont trois anaphores : une attribuée à Nestorius, une autre à Théodore, la plus commune porte le nom d’anaphore des apôtres Addée et Maris ; les chaldéens catholiques se servaient exclusivement de cette dernière, dans le missel imprimé à Rome en 1767. La dernière édition faite à Mossoul en 1901 donne les trois anaphores du rit persan.

Le mot « anaphore » a été employé par les Orientaux

— qui se servaient tous de la langue grecque — pour désigner la partie de la messe dans laquelle s’accomplit le sacrifice. En latin on dirait illatio ou oblatio. Le mot a été en usage dans la liturgie gallicane et mozarabe. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2531.

Dans le rit antiochien, l’anaphore comprend la presque totalité de la messe des fidèles, puisqu’elle va du baiser de paix inclusivement jusqu'à la fin de la messe, toutefois avec des prières communes à toutes les anaphores. Au contraire dans les liturgies byzantines et alexandrines elle s'échelonne de la préface au Pater ; la communion et tous les actes manuels préparatoires, comme on le verra plus loin, sont une partie distincte de l’anaphore.

a) Préparation au sacrifice. — a. Le baiser de paix.

— Le diacre commence par avertir l’assemblée de se tenir debout et de prier, alors que le célébrant adresse plusieurs oraisons pour demander la paix. Cette prière prend le nom tantôt d’nratio ad pacem, tantôt d’oratio ante osculum pacis. (Dans la liturgie gallicane, cette prière se place après le baiser de paix). Après Voratio ad pacem, le célébrant bénit l’assemblée inclinée.

Le diacre proclame : « Date pacem unusquisque proximo suo in caiitale et file quoe Deo accepta ? sint. » « Sacerdos praclare alîer pacem.

Le prêtre baise l’autel et les mystères, et donne la paix au diacre.

Pour ce qui regarde l’origine du baiser de paix, cf. art. Baiser de paix, dans le Dict. d’archéol. Déjà on le trouve cité dans saint Paul : Rom., xvi, l(i ; I Cor., xvi, 20. Saint Justin parle de ce baiser, comme d’un acte liturgique. Il dit que l’on se salue mutuellement par le baiser, avant la présentation au président de l’assemblée de la coupe de vin et d’eau. Apol., i, 65 ; P. G., t. vi, col. 428. Saint Cyrille de Jérusalem assigne la même place pour le baiser de paix. Cal., xxiii, P. G., t. xxxiii, col. 1111. Les liturgies orientales avec les liturgies atnbrosienne, mozarabe et gallicane, ont gardé le baiser de paix avant la consécration. La parole de Notre-Seigneur semblait désigner le moment du baiser de paix : Si ergo of/ers mimas luum ad altare, et ibi recordatus fueris quia fraler luus habet aliquid aduersum te, relinque ibi munus luum ante altare, et vade prius reconciliari fratri tuo, et tune veniens offeres munus tuum. Matth., v, 23-24.

Sur le baiser de paix dans la messe romaine ; cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2529 sq. Le baiser de paix avant la communion est attesté par saint Augustin, Cont. litt. Petiliani, II, xxiii, 53, P. L., t. xliû, col. 277 ; Serm.. ccxxvii, t. xxxviii, col. 1101. Innocent I er (401-417) ordonna de donner aussi la paix avant la communion. Epist., xxv, 1, P. L., t. xx, col. 551. Il semble qu'à un moment le baiser de paix était donné deux fois. Si le baiser de paix, avant la communion, selon le rit romain, exprime bien la charité des commu niants, leur union, les liturgies orientales n’excluent pas cette idée. Au contraire, pour elles, l’assistance au sacrifice comprend la participation à la sainte victime ; c’est pourquoi le baiser de paix prépare, à la fois, à la consécration et à la communion. Les catéchumènes, les pénitents sont renvoyés ; les seuls communiants ont le droit d’assister au sacrifice. Aussi dans la liturgie arménienne, an entend le diacre annoncer à l’assemblée : « Saluez-vous mutuellement par le baiser de paix et vous qui n'êtes pas aptes à participer au mystère divin, retirez-vous aux portes et priez. » Cf. Dict. d’archéol., t. i, col. 477 sq.

L’officiant découvre les saints mystères et avec le grand voile il bénit le peuple en prononçant une formule empruntée, avec une petite modification, à Il Cor., xiii, 13.

Caritas Dei Patris, gratia Filii unigeniti, communicatio et illapsus Spiritus sancti sint vobiscum omnibus.

b. La préface :

Sursum mentes, conscientiæ et corda omnium nostrum. Le peuple : < sunt apud Dominum » ou « sunt apud te Domine. »

Le dialogue se poursuit et introduit la préface :

Vere dignum et justum est, decens et debitum, ut te laudemas, te benedicamus, te eelebremus, te adoremus, tibi gratias agamus…

Vient ensuite une liste de toutes les créatures qui louent Dieu.

Cherubim quibus oculi multi et Seiaphim quibus alae sex, qui duabus alis tegunt faciès suas et duabus pedes, duabusque aller ad alterum volitantes vocibus indefleientibus, et theologia non conticescente, hymnum triumphalem magniucentissimæ glorise, voce canora concinunt, clamant, vociferantur et dicunt. Rcnaudot, t. ii, p. 30-31.

Une anaphore maronite attribuée aux douze apôtres parle des séraphins aux quatre faces. Ces métaphores sont prises à Ezech., ix, 22 ; Apocal., iv, 8. La liturgie nestorienne d’Addée, comme l’anaphore maronite de saint Jean Maron, s’inspire de Daniel, vii, 10, pour parler du nombre des anges : millia millium ministrabant ci.

Dans d’autres anaphores la préface tient en quelques lignes. Ce sont des anaphores d’une époque très tardive composées pour favoriser l’expansion de la messe basse.

Comme dans toutes les anciennes anaphores, la finale introduit normalement le Sanctus ; mais le prêtre en laisse le chant au diacre et au peuple ; c’est d’ailleurs l’usage de la liturgie mozarabe ; cf. t. x, col. 2532. Le texte du Sanctus est le même que dans la liturgie romaine ; il est possible que, sous l’influence de cette dernière, la formule qui venit in nomine Domini ait pénétré dans les liturgies syriennes. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2541.

Dans le rit persan, au début de l’anaphore, le prêtre, comme dans les liturgies romaine et maronite, demande à l’assistance de prier pour lui :

Le preire : Benedic Domine (1er) ; orate pro me fratres.

Le peuple : Exaudiat Christus orationes tuas, suscipiat oblationem tuam, glorificet sacerdotium tuum in regno ca ; lorum, gratum habeat hoc sacrificium quod offers pro le, pro nobis et pro toto mundo. Cf. Liturgia…, p. 11.

Après Voratio ad pacem, le diacre proclame : unusquisque det pacem alteri in amore Christi. Les fidèles se donnent la paix les uns aux autres, en récitant la

prière catholique », ainsi nommée parce qu’elle est faite, aux intentions générales de toute l'Église. « Pro oainibus catholicis, episcopis, presbyteris, diacoais : pro vivis… pro defunctis… pro stanlibus coram te accipiatur liæc oblatio. » 14 40

    1. ORIENTALE (MESSE)##


ORIENTALE (MESSE). RIT ANT, CONSÉCRATION

1450

Le mot « catholicis » désigne non pas les fidèles catholiques mais les patriarches nestoriens qui ont le titre de Catholicos. D’ailleurs dans la liturgie syromalabare, il est remplacé par pro Palriarchis.

Les nestoriens continuent à lire en ce moment les diptyques. — Ce que faisaient autrefois les Maronites à l’anaphore de saint Pierre ; cf. Missale chaldaicum…, édition de Rome, 1594, op. cit., p. 222-224. — Le nom de « livre des vivants et des morts », que ces liturgies donnent aux diptyques explique le mot même. C’est une liste de saints, en commençant par Notre Seigneur et la sainte Vierge, que l’on invoque ; une autre liste comprend les vivants et les morts, en commençant par les membres de la hiérarchie. Il semble que le diacre faisait cette lecture pendant le baiser de paix ; en effet le meilleur moyen d’obtenir pardon pour soi et pour ses parents et amis, c’est de commencer par demander pardon et par accorder le pardon aux autres.

Le prêtre demande à Dieu d’agréer son sacrifice, et le diacre demande au peuple de prier « dans son cœur ». Après cela le prêtre met de l’encens et bénit le peuple comme dans la liturgie jacobite pour commencer le dialogue et la préface.

Le prêtre : Sursum sint mentes vestrse. Le peuple : Ad te Deus Abraham, Isaac et Israël, rex gloriose. Le prêtre : Oblatio Deo, omnium Domino offertur. Le peuple : Dignum et justum est. Le diarre : Pax nobiscum. Liturgia apo<sloIorum… Ourmiah, p. 13.

Comme il a été dit plus haut la préface est inspirée de Daniel, vii, 10. Les fidèles disent le sanctus :

Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus potens ; pleni sunt cæli et terra gloria e.jus et natura ejus substantiæ et honore splendoris ejus gloriosi. Hosanna in excelsis. Hosanna filio David, benedictus qui venit et venturus est in nomme Domini. Hosanna in excelsis. Cf. Liturgia…, p. 14.]

b) Le sacrifice. — a. Le Vere sanctus. — Les liturgies orientales — la liturgie gallicane et mozarabe les imitent en cela — ont cette particularité d’avoir un développement normal, quoique prolixe ; le célébrant introduit le Sanctus que les fidèles chantent ; cela lui inspire la suite, puisqu’il commence la prière dans laquelle sont insérées les paroles consécratoires par le Vere sanctus et il développe les raisons pour lesquelles on doit glorifier Dieu ; suivant les anaphores, il insiste plus ou moins, sur la création, et il en fait une longue énumération. Cela l’amène à la chute de l’homme, à la promesse d’un Sauveur, à l’annonce des prophètes, à l’accomplissement de cette promesse dans le temps. Quelquefois le récit de la vie du Christ est plus développé, pour aboutir normalement au récit de la cène.

D’autres fois, comme dans « l’anaphore de l'Église romaine », du rit maronite, le prêtre se contente de dire :

Sanctus es Pater qui misisti Filiura tuum dilectum Dominum nostrum.lesum Cliristum.

Le nom du Christ suffit pour introduire le récit de la cène.

Comme on le verra, ce développement dans la liturgie alexandrine, est coupé par une sorte d'épiclèse

b. Les paroles de la consécration. — C’est à cause de la tendance latinisante qui s’est malheureusement développée chez les Orientaux catholiques à partir du xvie siècle, que l’on rencontre dans le rit maronite, des modifications regrettables.

Les manuscrits du missel édité à Rome en 1594, ont été confiés en dernier lieu au P. Thomas Terracina, O. P. Celui-ci non seulement substitua aux multiples formules consécratoires traditionnelles des dif férentes anaphores, une formule unique, celle du rit romain ; mais il poussa le zèle jusqu'à mutiler l'épiclèse. Tout cela fut fait à l’insu du souverain pontife et du patriarche qui défendit l’usage de ce missel, pendant deux ans. Cf. P. Dib, Étude sur la liturgie maronite, p. 35-36. La formule maronite dit : accepit panem in sanctas manus et elevavit oculos suos ad te…, à la consécration du calice on ne trouve qu’un adjectif : in puras manus suas. Dans l’anaphore maronite de saint Cyrille, de l'édition de 1594, les paroles consécratoires sont à la fois en arabe et en syriaque. Il était donc libre au prêtre de se servir de l’une ou de l’autre langue. Ce sont les seules différences que l’on rencontre à ce propos, dans les éditions de Rome, 1594, 1716. Le mot sanctificavit après benedixit, qui était déjà dans quelques anaphores, a été ajouté à toutes les autres. Le peuple répond à chaque consécration par V Amen. Voici l’ancienne formule citée par Mgr Rahmani, Les liturgies orientales et occidentales, p. 320-322. De petites corrections sont introduites pour serrer de plus près le texte original.

Nous faisons mémoire, Seigneur, de votre passion… Dans cette nuit où vous avez été livré aux bourreaux, Seigneur, vous avez pris du pain, dans vos mains pures et saintes et vous avez regardé le ciel, vers votre glorieux Père et vous (1') avez béni f, vous ( ! ') avez signé j", vous ( ! ') avez consacré, vous (1*) avez rompu, vous (f) avez donné, à vos disciples, apôtres bienheureux, et vous leur avez dit : ceci est mon corps qui f est brisé pour la vie du monde, et donné pour le pardon des fautes et la rémission des péchés de ceux qui le reçoivent. Prenez et mangez-en ; il sera pour vous, pour la vie éternelle. Amen. De même sur le calice vous avez rendu grâces t » vous avez glorifié f et vous avez dit f> Seigneur : ceci (est) le calice de mon sang de la nouvelle alliance qui se répand pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Prenez, buvez-en tous ; il sera pour le pardon des fautes et la rémission des péchés et pour la vie éternelle.

Le peuple : Amen. Cf. aussi à la Vaticane, ms. 29, fol. 5.

On a bien remarqué, outre cette forme proprement orientale commençant par « Dans cette nuit », que la parole est adressée au Fils. Cela sera constaté à nouveau dans la liturgie alexandrine.

Voici maintenant quelques-uns des récits de l’institution que l’on trouve dans le rit des Syriens occidentaux uniates.

Dans l’anaphore de saint Jacques et de saint Jean l'évangéliste :

Cum enim suscepturus esset mortem voluntariam pro nobis peccatoribus, ipse immunis a peccato, in ea nocte qua tradendus erat pro vita et salute mundi, accepit panem in manus suas sanctas, immaculatas et incontaminatas et aspexit te, Deus Pater, egit gratias f, benedixit f, sanctificavit f, fregit et dédit discipulis suis dicens : accipite, manducate ex eo : Hoc est corpus ræura, illud quod pro vobis et pro multis frangitur et datur, in remissionem peccatorum et vitam a j ternam.

Le peuple : Amen.

Similiter etiam et calicem postquam cenaverunt miscens vino et aqua et agens gratias fbenedixit f, et sanctiiicavit f, et dédit iisdem discipulis suis et apostolis, dicens : Accipite, bibite ex eo, vos omnes. Hic est sanguis meus, ille Testamenti novi qui pro vobis et pro multis effunditur et datur in remissionem peccatorum et in vitam seternam.

Le peuple : Amen.

Cf. Missale juxla rilum Ecclesiæ apostolicæ Anliochechenæ Sijrorum, éd. 1922, p. 09. et 109 ; Renaudot, t. ii, p. 31-32.

Le début du récit diffère dans l’anaphore des douze apôtres :

Qui venit et propter nos totam oeconomiam perfecit ; in ea nocte qua… in manus suas sanctas, et aspexit cœlum, egit gratias… discipulis suis, apostolis… Cf. Missale…, éd. cit., p. 129.

A la consécration du calice après benedixit, il est dit : gustavit ex eo.

L’anaphore de saint Marc offre encore quelques particularités dans les paroles de la consécration :

Cum ergo ad passioneni suam nostri causa venisset in carne, per gratiam suam : ipse in quo peccatum non inventum est, accepit panern in manus suas puras et sanctas et aspexit in cælum et gratias egit f… et fregit et dixit discipulis suis : Hoc.accipite, manducate ad remissionem vestram et omnium lidelium verorum et ad vitam œternam. Amen.

Similiter et calicem, vino et aqua miscens t, benedixitf, sanctificavit f, deditque discipulis suis sanctis et dixit : Hic est sanguis meus in Testamento novo, accipite, bibite ex eo omnes, ad remissionem vestram et omnium fidelium verorum et ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 147 ; Renaudot, t. ii, p. 177.

L’anaphore de saint Eustache aboutit ainsi au récit de la cène :

Qui cum voluntate sua succidaneus est ad mortem pro nobis peccatoribus, accepit panem in manus suas sanctas f, benedixit t. sanctificavit j". fregit, dédit discipulis suis sanctis et dixit : Accipite, manducate ex eo : Hoc est corpus meum, quod vos et omnes suscipientes illud præparat ad vitam aeternam. Amen.

Similiter enim et calicem vini et aquæ accepit, et benedixit t, et sanctificavit t, et dédit iisdem discipulis suis et dixit : accipite, bibite ex eo vos omnes : Hic est sanguis meus, qui vos et omnes suscipientes illud, præparat ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 163 ; Renaudot, t. ii, p. 235.

Le théologien y remarque bien la nouvelle idée exprimée : la rédemption opérée par le Christ est une rédemption par satisfaction vicaire, ou par substitution ; de même l’eucharistie reçue n’est pas dite pour la rémission des péchés, mais un gage, une préparation à la vie éternelle.

Voici le récit de la cène d’après l’anaphore de saint Basile :

Cum enim esset exiturus ad crucem suam voluntariam et vivi ficantem, in ea nocte qua tradebatur pro vita et redemptione mundi, accepto pane in manus suas sanctas, incontaminatas, puras et illibatas, gratias egit f, benedixit f, sanctificavit, ï fregit, deditque discipulis suis et apostolis sanctis, dicens : Accipite, manducate ex eo : Hoc est corpus meum quod, pro vobis et pro multis, frangitur, et dividitur in expiationem culparum et remissionem peccatorum ac in vitam sempiternam. Amen.

Similiter autemet calicem vini natie vite, et postquam cenaverunt, accepit et miscuit aquis, gratias egit t. benedixit t, sanctificavit, f ac gustavit, et divisit discipulis suis et apostolis sanctis, dicens : Accipite, bibite ex eo vos omnes : Hic est sanguis meus ille Novi Testamenti qui pro vobis et pro multis effunditur et spargitur in expiationem culparum et remissionem peccatorum et in vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 180 ; Renaudot, t. ii, p. 547-548.

La formule consécratoire dans l’anaphore de saint Cyrille ressemble un peu à la formule latine :

Ipse igitur ante passionem suam salutarem accepit (aliquid) pane in manus suas sanctas et benedixit f, et sanctificavit t, et fregit t, tradiditque in manus discipulorum suorum et dixit : Hoc est corpus meum, quod vos et multos fidèles præparat ad vitam œternam. Amen.

Miscuit autem ex vino et aqua calicem vitæ et benedixit eum f, et sanctificavit eum t, et dédit eum t turbæ discipulorum et dixit : Hic est sanguis meus qui obsignat et verificat testamentum mortis meæ et préparât vos et multos fidèles ad vitam aeternam. Amen. Cf. Missale…, p. 202 ; Renaudot, t. ii, p. 276-277.

On a bien remarqué, surtout dans ces derniers récits de la cène, l’insistance sur la mort volontaire ; et aussi que le Christ prit dans le calice un mélange de vin et d’eau ; que le vin est ex vite.

Il a été dit plus haut, que le Christ a goûté au calice, maintenant une idée particulière s’introduit : le Christ qui divise le calice entre ses disciples.

Les citations précédentes des paroles de l’institution sont empruntées aux missels catholiques actuelle

ment en usage ; mais on ne trouve pas toujours les mêmes paroles dans les anaphores à l’usage des jacobites. La phrase que les théologiens appellent forma sacramenti n’a pas toujours la forme assertive, mais quelquefois la forme d’une proposition causale ; on lit dans l’anaphore d’Ignace, patriarche d’Antioche, appelé Bar Wahib :

…Accipite et bibite singuli ex manu alterius, quia hic est sanguis meus vivus, qui effunditur… Renaudot, t. ii, p. 527.

L’anaphore de Thomas d’Héraclée unit les deux consécrations du pain et du vin dans une formule curieuse.

Vere et certe accepit formam servi, ut in ea perficerct, quæ futura erant ad salutem vitanique nobis prastandam. Accepit panem et vinum, benedixit f, sanctificavit f, fregit t, deditque apostolis suis dicens ; accipite, utimini, et ita facite. Et cum hoc acceperitis, crédite et certi estote, quod corpus meum editis, et sanguinem bibitis in memoriam mortis meæ facientes, donec veniam. Renaudot, t. ii, p. 384.

Cette unique formule semble bien avoir été composée ainsi et il ne s’agit pas d’une erreur de copiste, puisque la même formule se rencontre dans l'épiclèse de cette même anaphore.

Mitte… Largitorem illum bonum : ut illabens faciat panem istum et vinum istud, corpus et sanguinem Christi Dei nostri. Renaudot, t. ii, p. 385.

Dans l’anaphore de Maroutha de Tagrit, chaque consécration est à part ; l’on ne se contente pas chaque fois du crédite, certi estote quod hoc est… mais on dit :

…panem Xermentatum accepit… et Patri gratias agens, t benedixit t, …et dixit : Accipite manducate, crédite, et certi estote atque ita prædicate et docete : quod corpus meum hoc est…

Similiter prosequendo accepit etiam vinum et illud justa proportione, cum miscuisset aqua, f benedixit t-- Renaudot, t. ii, p. 262.

On a bien remarqué le panem fermentatum qu’on rencontrera dans d’autres anaphores jacobites, par exemple : dans celle de Matthieu le pasteur (voir plus bas). On y verra aussi que le Christ a pris du vin temperate, comme dans celle-ci justa proportione. Il semble que cet avertissement vienne d’une rubrique ; car si le prêtre employait une grande quantité de vin et ne trouvait pas assez de communiants pour boire avec lui le précieux sang, il serait fort gêné d’absorber cette grande quantité.

Dans un ras. de l’anaphore de Jacques de Saroug, il est dit à la consécration du vin :

Etiam super calicem perfecit hoc mysterium dispensationis, miscens illum vino et aqua et virtutem verbi sui vivificantis in eo abscondit, ipsam quæ semper et perpetuo sanctificat et perfecit : gratias egit t » Renaudot, t. ii, p. 368.

Comme il s’agit, dans cet article, de la liturgie orientale encore en usage, nous avons tenu à consulter un ms. jacobite sur les paroles de l’institution ; la traduction que nous en avons faite ne diffère guère de celle qu’a donnée Renaudot. — On sait que le missel jacobite est encore manuscrit. Les copies ne diffèrent les unes des autres que par la forme grammaticale ; la pagination y manque très souvent, quant aux rubriques elles sont très brèves. Le ms. consulté servait encore, il y a deux ans, à un vicaire patriarcal depuis lors converti. Nous sommes donc en face d’une liturgie en usage de nos jours. L’on parle souvent de l’absence des paroles consécratoires dans le rit persan (voir col. 1458) et l’on oublie que ce phénomène se produit plus ou moins chez les jacobites. Cinq anaphores, sur sept que contient le ms. cité plus haut, ont les paroles de l’institution tronquées : la première est dite

de Matthieu le pasteur, un des soixante-dix (disciples) ; la seconde est attribuée à saint Sixte, patriarche de Rome : la troisième est de Denys, évêque d’Amid (Jacques Barsalibi) ; les deux autres portent le nom de saint l’ierre, l’une entièrement en syriaque, l’autre en grande partie en turc. Voici les paroles de l’institution telles qu’on les trouve dans les deux anaphores de saint Pierre.

Sacerdos, alla voce : Cum vellet gustare mortem pro nobis, et Pascha inter vesperas celebrare, accepit panem super manus suas sanctas, et inspexit cælum, gratias agens, benedixit tt et sanctifleavit t. et fregit, deditque turba ? apostolorum sanctorum et dixit : sumite, manducate in remissionem delictorum et in vilam sempiternam.

Populus ; Amen.

Sacerdos : Similiter et ealicem cum misceret eume vino et aqua et gratias ageret, benedixit f t. et sanctifleavit f> deditque apostolis sanctis et dixit : sumite, bibite ex eo omnes, in remissionem peccatorum et in vitam’sempiternam.

Populus : Amen.

Cité aussi par Renaudot, t. ii, p. 82, 160-161.

Voici la consécration d’après l’anaphore de saint Sixte, que le missel jacobite appelle patriarche de Rome.

Sacerdos, alla voce : Qui, cum suscepturus esset passionem salvificam, in pane, qui ab ipso benedictus t t t. fractusque et distributus est apostolis sanctis, dédit nobis corpus suuni condonans in vitam sempiternam.

Populus : Amen.

Sacerdos : Similiter et in calice, qui ab eo signatus t. sanctificatus t t » et oblatus est apostolis suis sanctis, dédit nobis sanguinem cor.donantem in vitam sempiternam.

Populus : Amen.

Cité aussi par Renaudot, t. ii, p. 82.

Bien que Renaudot, t. ii, p. 143-144, 160-161, reconnaisse que la presque totalité des manuscrits témoigne du manque de paroles consécratoires pour les deux précédentes anaphores, cependant il se fonde sur deux manuscrits récents, dont l’un porte une correction à ce sujet en marge, pour garder dans l’anaphore les paroles complètes de la consécration. Cf. Renaudot, t. ii, p. 135-136, 156.

On possède une anaphore de Denys, évêque d’Amid, (Jacques Barsalibi) où manque la formule ordinaire de consécration. On y lit après le Vere sanctus :

Sacerdos (alla voce) : Cum ad passionem salvificam paratus esset, panem quem suscepit, benedixit t t t et sanctifleavit t t t et dividit et nominavit eum, corpus suum sanctum, in viiam a-ternam suscipientibus illud.

Populus : Amen.

Sacerdos : Et ealicem quem miscuerate vino et aqua sanctifleavit t t t, sanguinemque suum pretiosum perfecit in vilain aeternam suscipientibus illum.

Populus : Amen.

Cf. aussi Renaudot, t. ii, p. 82, 449.

Fauste Nairon crut y voir des anaphores de la messe des présanctifiés ; cela n’est pas possible, car on possède actuellement de ces anciennes anaphores qui n’ont pas du tout cette allure. D’autres ont cherché la raison de cette lacune dans une erreur de copiste. Parmi ceux-là : J.-S. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 175, 200, Ét.-Év. Assémani et Renaudot, t. ii, p. 82-85, 143, 161, 353, 390, 454. Ce dernier répète partout que c’est la faute des copistes et qu’on ne doit pas chercher ici une volonté bien arrêtée de l’auteur de la liturgie en question. Pour prouver sa thèse il cite un texte de Barsalibi (dont on a cité plus haut des paroles de consécration mutilées) dans son Exposition de la liturgie, c. xii : … Deinde similiter super ealicem profert etiam ea verba quic dixit Dominus noster in cenaculo quando mysterium confecil ; ut per illa verba manifestet tune quoque ab ipso Christo species sanctifleari… per voluntatem Patris et operationem Spirilus ope sacerdotis qui format cruces et verba profert. Non enim qui ministrat, sed qui invocatur

super mijsteria est consecrator. Édit. Labourt (traduction latine), dans Corpus scriptorum christianorum orientalium, p. 72-73. Mais P. Dib, p. 59-61, contredit en ce point Renaudot, et à bon droit ; le prêtre, en effet, au dire de Barsalibi, récite des paroles de l’institution (mieux encore sous une forme impersonnelle) : ul per illa verba manifestet lune quoque ab ipso Christo species sanctifleari… Noii enim qui ministrat… est consecrator. C’est donc par une théorie bien arrêtée de l’auteur que peuvent être expliquées quelques-unes de ces lacunes.

Mais il ne faut pas nier, cependant, que, dans d’autres cas, il y ait erreur de copiste. Tous les missels jacobites sont encore manuscrits et par conséquent à la merci des copistes ; de petites variantes peuvent devenir de plus en plus grandes dans les copies successives. Aussi ne trouve-t-on jamais un missel correspondant exactement à celui du prêtre voisin. Et l’on comprend ces mutilations quand on voit ces manuscrits écrits d’un bout à l’autre, sans différence de caractères, presque sans paragraphes, les prières n'étant séparées que par un simple mot écrit à l’encre rouge ; ainsi le copiste, après avoir mis cette simple rubrique : alla voce, écrit à l’encre noire de sa calligraphie ordinaire les paroles de l’institution.

On serait tenté de dire, comme on l’a fait à propos de la liturgie persane, que le célébrant complète le texte de l’institution. Or, on a posé la question au prêtre jacobite ; celui-ci répondit que les prêtres disaient exactement ce qui est écrit dans le missel et que les jacobites croient actuellement à la nécessité de I'épiclèse pour parachever la transsubstantiation.

Jusqu'à présent on a vu des anaphores où les paroles de l’institution sont ou bien complètes ou bien mutilées ; voici maintenant celles de l’anaphore de Matthieu le pasteur, un des soixante-dix (disciples) ; elle offre une curieuse particularité, l.a consécration du pain est complète mais pas celle du vin.

Sacerdos (alla voce) : Cumque testamentum novum, quod vêtus aboleret, tradere vellet, panem fermentatiim, in quo mysterium vitæ tegebatur, suscepit, et elevavit oculos ad Patrem et gratias egit, et benedixit t, et sanctifleavit t, et fregit et obtulit recumbentibus in cena sua, dicens : « Sumite, vescimini ex eo, hæc est caro mea, quoe distribuitur omnibus crodentibus qui sequuntur me ut comedatur in remissionem delictorum et in vitam novam et sempiternam. »

Populus : Amen.

Sacerdos : Similiter etiam ealicem vitse quem temperate miscuerat generatione vitis cum aqua ; gratias egit, benedixit î f, et sanctifleavit f tradiditque mysterii sui consens, commendavitque illis ut ex eo omnes communicarent, quodque in eo salus bibentibus iffum esset, deefaravit, cum eo uterentur conscientia pura in remissionem peccatorum et in vitam novam et sempiternam.

Populus : Amen.

Renaudot, t. ii, p. 347-348.

Dans l’anaphore précédente, la lacune vient, sans aucun doute, d’un mauvais copiste ; on ne pourrait penser que très difficilement à une restauration qui n’aurait touché que le premier texte ; d’autant plus que les anciens mss., tels que les a vus Renaudot, le donnent comme les récents missels jacobites. Et l’on ne comprendrait pas une restauration de la première partie du texte seulement. « Le patriarche maronite Douaïhi déclare avoir vu à Alep (Syrie), en 1656, un missel jacobite qui contenait près de cinquante anaphores dont les formules consécratoires étaient pour la plupart mutilées. » P. Dib, p. 59 sq. Voir, ibid., les mss. dont les uns contiennent les formules consécratoires et les autres non, et cf. Assémani, Biblioth. orient., t. ii, p. 199 sq. ; t. m a, p. 637 où est cité un ordo missæ maronite, dans lequel les anaphores de saint Pierre et de saint Sixte

manquent de formules consécratoires complètes et de même une de Thomas d’Héraclée dans le missel jacobite.

Actuellement tous les rits orientaux prescrivent au célébrant de dire à haute voix et même de chanter les paroles de la consécration. — Cet usage existait chez les Francs et les Espagnols d’après Lesley. Cf. art. Mozarabe, t. x, col. 2534.

En Orient après la consécration de chacun des éléments, le peuple répond Amen. C’est l’acte de foi au grand mystère qui vient de s’accomplir ; cet acte est encore bien plus explicite dans le rit alexandrin, comme on le verra plus bas.

La question de l’amen après la consécration et sa conciliation avec la doctrine de l’arcane a soulevé une grande controverse, en Occident au xviie et au" xvine siècle. Le Brun a consacré toute une partie de son ouvrage à cette question. Cf. Op. cit., t. iv, dissert. XV, Did. d’archéol., t. i, col. 1556-1560.

On possède deux textes anciens au sujet de l’amen après l' « action de grâce », sans parler de toutes les anciennes liturgies orientales qui le mentionnent explicitement : saint Justin, Apologie, I, lxv, 3 ; lxvti, 5, P. G., t. vi, col. 427-431. Une lettre à Sixte II († 258), attribuée à saint Denys d’Alexandrie (f vers 265), dit que les fidèles répondent Amen à la consécration. P. L., t. v, col. 97 sq.

Il se peut que l’usage de dire à haute voix les paroles de la consécration n’ait été généralisé que par la Novelle 137, c. vi, de Justinien.

c. L’anamnèse. — Dans toutes les liturgies, on trouve le souvenir de la mort du Sauveur après les paroles de la consécration : c’est ce que l’on appelle en liturgie l’anamnèse. Sans doute cet usage existe pour obéir à l’ordre du Seigneur, Hoc facile in meam commemoralionem, que saint Paul relève explicitement : Quotiescumque enim manducabilis panem hune, et calicem bibetis, mortem Domini annuntiabitis donec veniat. I Cor., xi, 25, 26.

L’anamnèse dans les liturgies syriaques diffère pour chaque anaphorc ; tantôt le prêtre prononce les paroles de saint Paul, à la suite de la consécration, comme en faisant partie et dans un style direct : meam mortem annunciabilis, donec veniam ; d’autrefois il les introduit à nouveau :

Ipse etiani præceptum toti coetui et congregationi fidelium per eosdem Apostolos sanctos dédit dicens… Renaudot, o/>. cit., t. ii, p. 205.

Ce n’est pas encore l’anamnèse, mais l’introduction à celle-ci par un rappel de l’ordre du Seigneur. L’anamnèse est adressée au Christ par le célébrant et par le peuple à la fois : on commémore le souvenir de la mort, de la résurrection, de l’ascension et du second avènement. Ce dernier souvenir est propre à l’Orient et semble avoir comme origine le donec veniat. En somme, c’est une récapitulation d’une partie du Credo.

La seconde partie de l’anamnèse est impétratoire ; on demande pardon et miséricorde, pour le péché. Enfin, comme la liturgie maronite parle souvent de la sainte Vierge, elle ne peut pas ne pas demander l’intercession de celle-ci, en joignant son souvenir à celui de son Fils.

d. L'épiclèse. — La question de l'épiclèse a été longuement traitée à l’article Épiclèse eucharistique, t. v, col. 194-300. Cf. à la col. 204 sq., l'épiclèse dans les liturgies orientales.

Le diacre prépare l’assistance à l'épiclèse :

Quam terribilis est hæc hora, quam timendum tempus istud, dilecti mei.quo Spiritus vivus et sanctus ex excelsis sublimibus cæli advenit, descendit et illabitur super eucharistiam hanc in sanctuario positam, eamque sanctificat ; cura timoré et tremore estote, stantes et orantes. Pax nobis cum sit et securitas Dei Patris omnium nostrum clamemus et dicamus ter : Kyrie eleison. Renaudot, t. ii, p. 32.

L'épiclèse est d’ordinaire adressée au Père ou à Dieu. Dans le rit jacobite et dans la dernière édition (1922, Scharfet, Liban) du missel des syriaques uniates, le prêtre demande l’envoi de l’Esprit-Saint sur lui et l’assistance et sur les dons pour transformer le pain au corps vivifiant du Sauveur et le calice ou le mélange du calice, au sang du Christ. En faisant l’invocation générale le prêtre est à genoux, et les fidèles disent trois fois Kyrie eleison, il se relève pour préciser l’invocation sur chaque don et il y fait trois signes de croix et le peuple répond : Amen.

Le prêtre termine l'épiclèse par une oraison indiquant bien le but de la transformation ; c’est-à-dire pour le profit des communiants, pour la rémission des péchés, la purification des âmes et des cœurs et comme gage de la résurrection.

Comme dans l’anaphore byzantine de saint Basile, l’anaphore syriaque du même saint emploie un verbe qui, pris au sens strict, signifie : montrer et non transformer ou faire ; mais des liturgistes le ramènent au sens de : transformer et faire. Cf. art. Épiclèse, t. v, col. 195 ; dom Moreau, Les anaphores, p. 59, note 1.

L’ancienne édition du missel des syriaques uniates (Rome, 1843), et les différentes éditions du missel maronite — excepté pour l’anaphore de saint Jacques — changent la forme de l'épiclèse : le prêtre demande la venue de l’Esprit-Saint pour que le corps et le sang profitent aux communiants, et leur soient un gage de salut.

L’Amen de l'épiclèse se trouve déjà mentionné dans l’anaphore d’Hippolyte. Cf. Orsi : Dissertatio theologica de liturgica Spiritus invocatione. Milan, 1731, p. 96 sq.

Quoiqu’on trouve, dans les liturgies orientales, des anaphores où toutes les prières sacrificielles (paroles de la consécration, anamnèse et épiclèse) sont adressées au Fils, cependant d’une manière générale, et dans les liturgies syriaques en particulier, le célébrant, en disant les paroles de consécration, s’adresse au Père : ad te, Deus Pater. Cf. Renaudot, op. cit., t. ii, p. 31 et 204. L’anamnèse, par contre, est adressée au Fils et l'épiclèse, bien qu’adressée au Père, est en réalité une invocation au Saint-Esprit. Il semble que les liturgies orientales s’adressent à chaque personne de la Trinité en particulier. Cela résulte de la théologie orientale qui envisage moins l’unité divine que la Trinité des personnes. Par appropriation, le prêtre s’adresse au Saint-Esprit, comme auteur de toutes grâces et de toute sanctification. Mais il est un fait certain, c’est que les anciens ne se sont jamais posé la question du moment de la transsubstantiation (comme l’ont fait les Byzantins) ; en disant l'épiclèse, ils ont encore moins voulu réserver au Saint-Esprit seul la transsubstantiation. Il était tout à fait normal, après avoir prié le Père et le Fils, de prier le Saint-Esprit.

e. Les diptyques et la prière catholique. — Il a été dit plus haut que, dans l’anaphore nestorienne des apôtres Addée et Maris, les diptyques et les litanies sont prononcés avant la consécration, dans d’autres anaphores entre l’anamnèse et l'épiclèse ; au contraire, dans les anaphores jacobites et maronites, ils se placent après l'épiclèse.

Les diptyques ou le livre des « vivants et des morts » se composent de deux listes de noms. D’abord les vivants ; ce sont les noms des patriarches, évêques et autres personnages importants avec lequels on est en communion et pour qui, dès lors, on doit prier. Anciennement, on attachait une très grande importance au fait d'être nommé dans les diptyques ; c'était le signe de communion, de même que la radiation d’un nom dans les diptyques équivalait à la suspension de la communion ecclésiastique. Les schisma

tiques y avaient supprimé le nom du pape ; les uniates l’y ont introduit en signe d’union à Rome.

Pour ce qui est des morts dont le souvenir est rappelé, la teneur même des textes ne fait pas entre eux de distinction, suivant qu’il s’agit des saints reconnus comme tels, ou simplement de ceux qui reposent dans la paix du Seigneur ; mais déjà saint Cyrille de Jérusalem († 387), distingue deux séries de noms : les patriarches, prophètes, apôtres, martyrs qui intercéderont pour nous et les évêques et chrétiens morts, pour qui la prière est offerte. Catech., xxiii (myst. v), 9 et 10, P. G., t. xxxiii, col. 1116. Cf. art. Diptyques du Dict. d’circhéol., t. iv, col. 1058.

De fait, les diptyques sont remplacés maintenant par des noms collectifs de prophètes ou de martyrs par exemple. Quant aux noms des vivants, les catholiques nomment le pape, le patriarche et l'évêque ou le métropolite.

Les litanies ont pour thème, des demandes générales : éloignement des malheurs, des guerres, des calamités ; on demande par contre, les biens de la terre, le pardon des péchés, le repos des âmes, la paix pour l'Église.

Le prêtre indique l’intention, le diacre l’annonce à haute voix aux fidèles pour qu’ils prient à cette intention et le prêtre fait la prière au nom de l’assemblée. Ces litanies sont encore beaucoup plus en usage dans le rit byzantin et elles y gardent leur cachet antique.

[Le sacrifice dans le rit persan. — Les anaphores du rit syriaque, qu’il soit jacobitc, maronite ou persan commencent, on l’a vu plus haut, avec le baiser de paix. La description du rit persan depuis V orale fratres jusqu'à la fin de la messe, que l’on va lire, est faite d’après I’anaphore des apôtres Addée et Maris. Les particularités des autres anaphores de Nestorius et de Théodore sont mentionnées explicitement avec les textes, mais en passant. |

Voici la partie la plus intéressante de I’anaphore des apôtres, du Vere sanctus jusqu'à la fin de l'épiclèse.

Sæerdos : Sanctus, Sanctus, Sanctus, Domine Deus potens, cujus gloria pleni sunt cæli et terra, et natura suhstantiae ejus : ut honore splendoris ejus gloriosi : sicut et cælum et terra plena mei sunt, dicit Dominus. Sanctus es, Deus Pater, vere solus, a quo omnis palernitas in cselo et in terra nominatur. Sanctus es, Fili œterne, per quem oninia facta sunt. Sanctus es, Spiritus sancte, aeterne, per quem omnia sanctificantur. V : e mini, va ? mini qui obstupui, quia vir pollutus labiis ego sum et inter populum pollutum labiis habito, et Regem Doniimiin potentem viderunt oculi mei. Quam terribilis est Iocus iste, non est hic aliud, nisi donius Dei et porta cœli, quia oculo ad oculum vidi Dominum. Nunc vero adsit nobisemn gratia tua, Domine, purga immunditias nostras et sanctifica labia nostra. Junge voces tenuitatis nostra ;, cum sanctificatione seraphim angelorumqiie jubilatione. Gloria miserationibus tuis quia terrenos sociasti cum spiritualibus.

Surgens dicit : Benedic, Domine, (ter) orate pro me fratres. Inclinatus prosequitur leniler dicens islam oralionem submissa voce :

Et cum illis Potestatibus coelestibus confitemur tibi Domine, nos etiam servi tui, tenues, imbelles, et infirmi quia pra>stitisti nobis gratiam tuam magnam, qua ; rependi non potest. Xempe induisti humanam naturam nostram, ut vitam nobis prsestares, per divinitatem tuam exaltasti humilitatem nostram ; erexisti ruinam nostram ; resuscitasti mortalilatem nostram ; dimisisti peccata nostra et justificasti nos peccatores ; illuminasti intelligentiam nostram et condemnasti, Domine Deus noster, inimicos nostros et triumphare fecisti tenuitatem natura ; imbellis nostra ;. Per miserationes effusas gratice tuse.

Brightman, op. cit., p. 285, à la suite des anglicans qui ont édité le missel nestorien à Ourmiah, en 1890, Lilurqia sanctorum apostolorum Adœi et Maris, p. 16, place à cet endroit les paroles de l’institution emprun tées à saint Paul, 1 Cor., xi, 23-25 : Dominus.Jcsus in qua noclc… in meam comnicmoralionem.

On trouve la rubrique suivante à la fin de celle addition » ou bien il (le prêtre) dit ce qui a été écrit dans les autres liturgies. » Mais il ne faut pas oublier que les manuscrits unissent sans interruption au texte cité plus haut ce qui suit :

Et propter omnia auxilia tua et gratias tuas erga nos, referemus tibi hymmim, honorem, confessionem et adorationem nunc et semperet in sæcula sœculorum.

Sæerdos signât mysteria. Respondetur : Amen.

Diaconus : In mentibus vestris orate. Pax nobiscum.

Sæerdos dicit halle oralionem, inclinatus et submissa voce : Domine Deus potens, suscipe liane orationem, pro omni Ecclesia sancta catholica, et pro omnibus patribus piis el justis qui placiti fuerunt tibi, et pro omnibus prophetis, et apostolis, et pro omnibus martyribus et confessoribus, et pro omnibus lugentibus, angusliatis et oegrotis, et pro omnibus necessitatem patientibus, et pro omnibus infirmis et oppressis, et pro omnibus defunctis qui a nobis séparât i migraverunt : tum pro isto populo qui respexit exspectavitque miserationes tuas, et pro me peccatore humili et infirmo. Domine Deus noster, secundum miserationes tuas multitudinemque gratiarum tuarum, aspice populum tuum et me infirmum, neque secundum peccata mea, et insipienlias meas ; sed ut digni fiamus remissione peccatorum et venia delictorum per corpus hoc sanctum quod cum vera fide accipimus per gratiam qua ; est a te. Amen.

Après cette prière, le célébrant récite une oraison pour les défunts : Adoro, Domine… Suit la prière : lia Domine Deus potens ; accipiatur hoc sacrifteium… Le célébrant énumère les sacrifices de l’Ancien Testament qui ont été acceptés et demande que le sien le soit également. Cette prière ressemble à celle de la prothèse dans le rit maronite.

Les diptyques se retrouvent ici encore dans les mêmes termes que plus haut :

Domine Deus potens suscipiatur oblatio hrec pro universa Ecclesia sancta catholica ut maneat et protegatur sine mutationc, pro sacerdotibus, regibus, principibus.

A la fin le célébrant recommande quelques personnes et termine en disant :

Benedic, Domine (1er). Orate pro me, fratres.

Sæerdos dicit liane orationem inclinalianis secreto. Tu, Domine, per miserationes tuas multas et inenarrabiles, fac memoriam bonam et acceptabilem omnibus patribus piis et justis qui placiti fuerunt coram te in commemoratione corporis et sanguinis Christi tui, qua ; ofîerimus tibi super altare tuum purum et sanctum, sicut docuisti nos et pra>sta nobis tranquillitatem et pacem tuam omnibus diebus sæculi hujus.

Prosequitur. Domine et Deus noster præsta nobis tranquillitatem et pacem tuam omnibus diebus sœculi hujus, ut cognoscant te omnes habitatores terra ;, quia tu, tu es, Deus Pater, verus solus, et tu misisti Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum et dilectum tuum, et ipse Dominus et Deus noster venit et docuit nos, per evangelium siuira vivificans, omnem puritatem et sanctitatem prophetarutn, apostolorum, martyrum, confessorum, episcoporum, doctorum, sacerdotum, diaconorum, et omnium filiorum Ecclesia ; sancta ; catholicæ qui obsignati sunt signo vitæ baptismatis sancti.

Et quando dicit ea quee designata sunt, signet thronum (altare) ab imo ad summum, et a dextra ad sinislram, inclinatus, tune percuiit suam faciem.

Nos quoque Domine,

Prosequitur. Servi tui humiles, imbccilles et infirmi qui congregati sumus in nomine tuo, nuneque stamus coram te, et accipimus cum jubilo formant qua ; a te est, laudantes, glorificantes, et exaltantes comuiemoramus et celebramus mysterium hoc magnum et tremendum, sanctum, vivificans, et divinum passionis, mortis, sepulturæ et resurrectionis Domini, et Salvatoris nostri Jesu Christi.

Et veniat Domine, Spiritus tuus sanctus et requiescat super oblationem banc servorum tuorum, eamque benedicat et sanctificet, ut sit nobis Domine, ad propitiationem delictorum et remissionem peccatorum, spemque magnam resurrectionis a mortuis et ad vitam novam in regno cælo GO

runi, ciim omnibus qui placiti fuerunt coramte. Et propter omnem illam magnam mirabilemque dîspensationem erga nos ; confitehimur tibi, et glorilicabimus te indesinenter, in Ecclesia tua, redempta per sanguinem pretiosum Christi tui, oribus aperl is et facie libéra.

quando dicit « veniat Domine » stat sacerdos et educil manus suas supra. Et diaconus dicil :

In silentio et timoré estote stantes et orantes.

Canon. Reterentes bymnum, bonorem, confessionem et adorationem nomini tuo vivo, sancto et vivificanti, mine et semper et in sa’cula sseculorum.

Signal musleria. Et respondent : Amen.

Cf. Liturgia apostolorum, p. 14-20 ; Renaudot, op. cit., I. ii, p. 381-586. La traduction présente est empruntée a Renaudot avec quelques légères modifications d’après le texte original.

On a remarqué que les paroles de l’institution ne se trouvent pas dans l’anaphore des apôtres Addée et Maris. Plusieurs théories ont été émises à ce propos. D’après Le Brun, op. cit., t. iii, p. 272, le célébrant connaîtrait les paroles de l’institution par cœur. Le P. Jugie croit qu’elles ont été supprimées sous l’influence de théories relatives à l'épiclèse, cf. art. Messe, t. x, col. 1328. Dans l’art. Épici.èse, t. v, col. 209, le P. Salaville semble d’un avis contraire. Ce dernier n’y voit qu’une simple omission de manuscrit sans aucune influence de théories sur l'épiclèse. Les deux auteurs se fondent, pour prouver chacun son opinion, sur les homélies de Narsaï († 507) publiées par dom Connolly, The liturgical humilies oj Narsai, Cambridge, 1909. Mgr Rahmani vient de contester l’authenticité de ces homélies. Cf. Rahmani, op. cit., p. 348 sq.

L'épiclèse semble n’avoir rien à faire avec l’omission dans cette anaphore des paroles de l’institution. On pourrait alléguer en faveur de l’importance accordée à l'épiclèse le fait que son début : Veniat Domine, est écrit en lettres capitales. Mais l’on ne doit pas oublier que les deux autres anaphores ont aussi le début de leurs épiclèses écrit de la même manière, bien qu’elles possèdent les paroles de l’institution. De plus les épiclèses de ces dernières anaphores demandent très explicitement la transformation du pain et du vin au corps et au sang du Christ, alors que l'épiclèse des apôtres demande simplement au Père d’envoyer l’Esprit-Saint pour bénir et sanctifier cette oblation afin qu’elle soit pour la rémission des péchés. Sanctifier veut dire en liturgie consacrer ; mais toujours est-il, que les autres épiclèses demandent à la fois et la sanctification et la tranformation des mystères.

En soi on ne voit pas où placer le récit de l’institution, puisque le Vere sanctus se termine normalement. Mais, d’un autre côté, les deux autres anaphores nestoriennes ont les paroles de la consécration et il semble impossible que le rit nestorien se serve pour la messe normale d’une anaphore ne possédant pas l’essentiel. Aussi lit-on après le Credo, dans le missel nestorien : et hsec oblatio suscipiatur confidentes et per Dei verbum ac Spiritum sanctum consecretur ; cf. Liturgia apostolorum…, p. 8 sq. Il appert donc de ce texte que le verbum Dei a une part dans la consécration et la première. Cela suppose que les paroles de l’institution existaient dans l’anaphore des apôtres. Les chaldéens, c’est-à-dire les nestoriens uniates, ont adapté dans l’anaphore des apôtres, dont ils se servaient exclusivement, les paroles de la consécration de la liturgie romaine, telles qu’elles se trouvent dans l’ancien missel maronite de 1716. Cf. Missale chaldaicum ex deercto sacrée eongregationis de Propaganda Fide, Rome, 1767, p. 288.

Les syro-malabares introduisent la même formule ainsi :

Gloria nomini tuo, Domine N. J. C. et adoratio magnitudini tu » in sœcula sseculorum. Qui pridie…

Après la première consécration le prêtre montre l’hostie en se retirant du côté de l’autel et disant :

Panis vilæ et vivificans qui descendit de cælis et dédit vilain toti mundo…

Il fait de même après la consécration du calice en introduisant l’anamnèse.

En 1901, une nouvelle édition du missel chaldéen paraissait à Mossoul, sous ce titre Missale juxta ritum Ecclesia' Syrorum orienlalium id est Chaldaorum, Mossoul, 1901. Ce nouveau missel changeait complètement l'édition de Rome de 1767. Il rétablit toute la liturgie de la messe, en usage dans l'Église de Perse, en prenant les trois anaphores ; comme l'édition anglicane d’Ourmiah, il appelle l’anaphore de Théodore de Mopsueste, seconde messe et celle de Nestorius, troisième. Très peu de différences entre ces deux éditions catholique et anglicane, en dehors de la radiation des noms des hérétiques et de l’introduction de la hiérarchie catholique. Dans la troisième anaphore, l'édition catholique ajoute à la prière du vere sanctus : après cum advenisset tempus quo cette simple phrase : patietur et ofjeretur ad mortem in ea nocte in qua, puis reprend le texte de l'édition d’Ourmiah. Aucune différence dans la seconde messe. Voir ces textes plus bas. Pour la messe des apôtres ou première messe, il y a une grande différence entre les trois éditions. Il a été dit plus haut que cette anaphore se trouve dépourvue des paroles de la consécration. La vieille édition de Rome avait emprunté la formule romaine telle qu’elle se trouvait dans le missel maronite de 1716 et l’avait placée quelque peu ^vant le Sancta sanctis (place tout à fait anormale) ; on a vu aussi que l'édition d’Ourmiah a emprunté sa formule textuellement à saint Paul et l’a placée sans aucune transition après le Vere sanctus. L'édition catholique de 1901 choisit le mêmeendroit mais pour une formule spéciale. Donc après : cum illis potestatibus en leslibus confitemur tibi Domine, elle emprunte au Vere sanctus de la troisième messe des bribes de textes : Et benedicimus Deo Verbo… jusqu'à ut eos qui sub lege erant redimeret, puis reprend plus loin : et reliquit nobis commemorationcm salutis… jusqu'à tradebatur, accipit panem. Ici elle garde une partie de la formule romaine jusqu'à hoc est… qu’elle reprend à la troisième messe encore. La consécration du calice est franchement prise au missel maronite.

Voici le récit de la cène dans l’anaphore de Théodore de Mopsueste :

Qui cum apostolis suis sanctis, ea nocte qua traditus est, fecit mysterium hoc magnum, sanctum et divinum ; sumens panem in manus suas sanctas, benedixit, fregit deditque discipulis suis et dixit : « Hoc est corpus meum quod pro vita mundi frangilurin remissionem peccatorum. » Similiter et super calicem : egit gratias, dédit eis et dixit : « Hic est sanguis meus Novi Testament i qui pro multis effunditur in remissionem peccatorum. Accipite igitur omnes. Manducate ex hoc pane et bibite ex hoc calice et ita tacite quotiescumque congregabimini in mei memoriam. »

Cf. Liturgia aposlql., p. Mi.

Voici à présent les paroles consécratoires telles qu’elles sont lues dans l’anaphore dite de Nestorius, avec tout le texte du Vere sanctus ; il est trop significatif pour n'être pas cité en entier :

Cumque illis potestatibus cælestibus, et nos, Domine boneetDeus Palcrmisericors, clamamus et dicimus, sanctus es vere, et vere glorificandus, excelsus sublimisque ; quod adoratores tuos qui in terra sunt, dignos fecisti, similes illis esse qui te glorificanl in ca-lis. Sanctus etiam Filius tuus unigenitus Dominas noster, Jésus Chris tus, cum Spiritu sancto, qui tecum ab alerno coexistit, ut ejusdem consors naturse et conditor omnium creaturarum. Benedicimus Domine, Deum Verbum, Filium absconditum qui est ex sinu tuo, qui cum in simulitudine tua esset, et imago substanlia ? tua ?, non rapinam arbitratus est esse se a-qualem

tibi sed ^t iciipsMii exinai.-rvit et etmilitudinem servi accepit, hominem perfectumex anima rationali, intelligente et immortali, et corpore mortali honiimini et conjunxit illum sibi, univitque secum in gloria, potestate et honore, ex natura sua passibilem ; qui formatus est per virtutem Spiritus Sancti pro salute omnium ; quique factus est ex muliere, factusque sub lege, ut eos qui sub lege erant redimeret, et omnes qui in Adam mortui erant vivifiearet, destruxitque peccatum in carne sua et legem præceptorum per prsecepta sua destruxit : aperuit oculos mentium nostrarum qui eœci eramus et planam fecit nobis viam salutis, et illuminavit nos luce scienti » divinae. Illis enim qui receperunt eum, dédit potestatem lilios Dei fieri ; mundavit nus et expiavit nos per baptismum aquæ sancta ?, et sanctificavit nos gratia sua per donnm Spiritus sancti. Eos quoque qui consepulti sunt ipsi per baptismum, suscitavit, et elevavit, collocavitque secum in cælo, secundum promissionem suam. Cumque dilexisset suos qui in hoc mundo erant, usque in finem dilexit eos, factusque est succidaneus pœnæ débita ; peccatis generis nostri, pro vita omnium, deditque se ipsuni pro omnibus ad mortem quæ super nos regnabat, et sub cujus potestate servituti addicti eramus, eidem venditi per peccata nostra ; et per sanguinem suum pretiosum redemit et salvavit nos ; descenditque ad inferos, et solvit vincula mortis voracis. Et quia justum non erat ut iu inferno detineretur, a morte princeps salutis nostra surrexit a mortuis tertia die ; et factus est primitiae dormientium, ut esset primus in omnibus, ascendit in cælum seditque ad dextram majestatis tuæ Deus. Et reliquit nobis commemorationem salutis nostræ mysterium hoc quod offerimus coram te. Cum enim advenisset tempus quo tradebatur pro vita mundi, postquam fecit Pascha secundum legem Moysis, cum discipulis suis, deinde introduxit Pascha suum antequam moriturus est, illud cujus memoriam facimus, sicut et tradidit nobis, donec veniat de cælo. Pascha nostrum est Christus qui immolatus est pro nobis. Postquam cenavit in Paschate legis Moysis sumpsit panem inmanussuassanctas, immaculatas et impolliitas, beuedixit et fregit et comedit deditque discipulis suis et dixit : Accipite, édite ex eo omnes. Hoc est corpus meum quod pro vobis frangitur in remissionem peccatorum. » Simili modo et calicem miscuit vino et aqua, benedixit, gratias egit, bibit deditque discipulis suis et dixit : « Accipite, bibite ex eo, vos omnes. Hic est sanguis meus Testamenti novi, qui pro multis elïunditur in remissionem peccatorum atque ita facite in mei memoriam donec veniam. Quotiescumque enim manducaveritis ex hoc pane et biberitis ex hoc calice, mortem meam annuntiabitis usque ad adventum meum. » Cf. Lilurgia aposlolorum…, p. 43-45 ; Renaudot, op. cit., t. ii, p. 622-623.

Il est évident que tout ce passage a été composé en juxtaposant des textes de saint Paul (Rom., I Cor. et Hebr.) ainsi que de l'évangile de saint Jean.

Après la consécration, se place une prière catholique : le prêtre demande que son sacrifice, offert pour toute l'Église catholique, soit agréé : il énumère à la suite, des intentions plus particulières.

Un des points culminants de la liturgie nestorienne est l'épiclèse ; elle commence par ces mots écrits en lettres capitales : Veniat Domine… Dans l’anaphore des apôtres Addée et Maris on ne demande pas la transformation mais simplement la bénédiction et la sanctification de l’oblation (d’une manière générale) pour qu’elle soit un gage de la résurrection et de la vie éternelle. Cf. Lilurgia…, p. 20. Les deux autres anaphores ont une épiclèse qui demande la transformation du pain et du vin ; le célébrant demande non la venue de l’Esprit, mais de sa grâce ; l’on se rappelle que ces mêmes anaphores possèdent le récit de l’institution au complet avec les paroles de la consécration. Remarquons aussi les très longues prières qui séparent la consécration de l'épiclèse dans l’anaphore de Nestorius. Cf. op. cit., p. 38 et 51.]

c) La participation au sacrifice. — Revenons au rit jacobite pur : le prêtre bénit le peuple par la formule empruntée à saint Paul comme avant la préface. Il Cor., xiii, 13. Pendant que le célébrant procède à la fraction, à l’intinction et à la consienation, le

diacre continue à réciter la prière et la litanie catholique :

Benedic Domine. Iterum atque iterum per oblalionem hanc sanctam et sacrificium propitiatorium, quod DeoPatri oblatum, sanctificatum, completum et perfectum est per illapsum Spiritus sancti vivi, pro pâtre nostro sacerdote præclaro, qui illud obtulit et consecravit, et pro altari Dei super quod illatum est, et pro populis benedictis qui accedunt et accipiunt illud in fide vera, et his pro quihus oblatum et consecratum est, iterum impensius oramus… Ministri Ecclesiæ tremite, quia ignem vivum administrafis… Diaconi, estote cum tremore hoctempore sancto, quo descendit Spiritus sanctus, ad sanctificanda corpora eoruni qui illud suscipiunt… Cf.Renaudot, op. cit., t. ii, p. 38-39.

a. La fraction, la consignation et la commixiion. — Pendant que le prêtre chante un cantique, il fait les gestes correspondant aux paroles qu’il prononce. Le rite de la fraction est très ancien puisque les Actes des apôtres désignent le rite eucharistique par « la fraction du pain ».

Souvent les liturgies orientales possèdent une prière que le célébrant récite à ce moment et qui prend le nom de prière de la fraction ; c’est le cas de la liturgie syriaque.

En divisant l’hostie en deux morceaux le prêtre syrien veut désigner ainsi la mort : la séparation de l'âme et du corps ; il les rejoint pour signifier la résurrection et l'état glorieux. Il plonge une partie de l’hostie dans le précieux sang et la consigne ; avec cette partie imbibée il consigne celle qu’il tient de l’autre main. Six consignations sont requises. Enfin il divise une particule et la jette dans le calice, c’est ainsi qu’il accomplit le rite de la commixtion. Les maronites avaient la fraction à ce moment ; le missel de 1594 et celui de 1716 l’attestent par cette rubrique : signât et frangit ; mais les explications placées au début de l'édition de 1716 disent que le prêtre ne fait pas, à ce moment, la fraction mais la simule, en touchant l’hostie à différents endroits. Dans les missels actuels le prêtre se contente de faire dix-huit signes de croix avec l’hostie au-dessus du calice, cela désigne la consignation et la commixtion, quant à la fraction, il la signifie en touchant l’hostie à trois endroits avec chaque main ; il a fait de même à la consécration, en disant fregit. La vraie fraction est renvoyée après l'élévation ; elle est confondue avec une seconde fraction qui préparait les hosties nécessaires à la communion des fidèles. C’est à ce moment là encore, qu’il fait actuellement la consignation et la commixtion avec une particule qu’il laisse tomber dans le précieux sang.

Voici le cantique de la fraction et de la commixtion :

Pater veritatis, ecce Filius tuus, hostia tibi placita : illum suscipe qui pro me mortuus est, et per eum esto propitius. Suscipe hoc sacrificium ex manibus meis, ut mihi placatus sis, neque repûtes mihi peccata, quæ commis i coram majestate tua. Ecce sanguis effusus super Golgotham ab iniquis, qui interpellât pro me : suscipe depreca tionem meam propter eum. Quanta sunt delicta mea tant a ? sunt miserationes tuæ : si perpendas clementiam tuam, præponderat etiam montibus quos appendis in statera. Aspice delicta, sed aspice simul sacrificium quod pro ipsis offertur ; quia multo majus est sacrificium et victima quam reatus. Propter peccata quæ commisi, clavos et lanecam sustinuit Dilectus tuus : sufficiunt passiones ejus ad te placandum, et ut per eas vivam. Gloria Patri qui Filium suum tradidit pro salute nostra : et Filio qui mortuus est in cruce et nobis omnibus vitam prastitil. et Spiritui qui incoepit et consummavit mysterium saluth nostra^ : Trinitas superexcelsa parce nobis omnibus. Cf. Renaudot, op. cit., t. ii, p. 22 ; Missale… Syrorum (1922) p. 81.

Cette hymne explique très bien le sens du sacrifice et tous ses effets d’inipétratien, de propitiatkn aussi bien que d’adoration et d’action de grâces.

Le missel maronite de 1594 prescrit après la fraction de décrire un signe de croix avec la patène audessus de la pierre sacrée et un autre avec le calice. Depuis l'édition de 171 G ce geste s’est transformé en élévation du calice surmonté de l’hostie.

b. Le Paler. — La prière dominicale est introduite par un embolisme. Le célébrant demande à Dieu d’elle digne de réciter le Pater dont il prononce les premiers mots. Le peuple récite la suite. De nouveau le prêtre s’inspire des dernières paroles pour faire un second embolisme : il demande au Seigneur de ne pas succomber à la tentation.

Saint Cyrille de Jérusalem († 387) explique le Pater tout au long, dans sa description ce la messe C’aL, xxiii, P. G., t.xxxiii, col. 1118-1123. L’origine du Pater dans les liturgies orientales est donc très ancienne.

Il faut remarquer que saint Cyrille n’a pas la finale qui se trouve dans toutes les liturgies syriaques : … Sed libéra nos a malo, quia tmim est regnum, potentia et gloria in seecula sa-culorum. Amen. Cette eephonèse est chantée actuellement par le célébrant, dans le rit byzantin, alors qu’elle fait partie du Pater dans les rits syriaques. Il semble qu’au temps de saint Jean Chrysostome, elle se lisait dans le texte de saint Matthieu. In Mallh., nom. xix, P. G., t. lvii, col. 282.

c. L'élévation. — Le diacre invite l’assemblée à incliner la tête et à adorer le corps et le sang du Sauveur pour recevoir la bénédiction du prêtre. Cette bénédiction semble avoir été une imposition des mains préparatoire à la communion ; car la prière qui précède la bénéniction est une demande à Dieu pour que les cœurs des fidèles soient purifiés et préparés à recevoir la communion.

L'élévation était une invitation à la communion : Sancla sanctis in perfectione, purilale et sanctilale iraduntur et le peuple de répondre : Unus Pater sanctus, unus Filius sanctus…

Saint Cyrille de Jérusalem, loc. cit., col. 1123, mentionne le sancta sanctis ; mais les fidèles répondent : Unus sanctus, unus Dominus, Jésus Christus…

Le sancta sanctis est mentionné aussi bien dans Panaphore d’Hippolyte que dans la liturgie mozarabe. Cf. art. Mozarabe, col. 2537.

Le geste de l'élévation était mieux compris comme une invitation alors que le prêtre célébrait la liturgie, en se tenant de l’autre côté de l’autel, le visage tourné vers l’assemblée. L'élévation se fait chez les jacobites en élevant la patène elle-même. Les maronites ont adopté la manière de faire des Latins ; mais l'édition de Rome de 1594 ne prescrivait pas encore l'élévation du calice ; le prêtre devait simplement signer l’autel avec le calice.

[La fraction dans le rit maronite. — Actuellement les maronites font la fraction comme les latins. Avec la particule d’hostie, trempée dans le précieux sang, ils consignent trois fois les deux moitiés de l’hostie : Inspergitur sanguis Domini, corpori ejus sancto in nomine P. t et F. t et S. S. f. A l’immixtion faite avec la petite particule abandonnée dans le calice, le prêtre dit :

Miscuisti Domine divinitatem tuam cum humanitate nostra et humanitatem nostram cum divinitate tua, vitam tuam cum mortalitate nostra et mortalitatem nostram cum vita tua ; accepisli qure noslra erant et dedisti nobis tua, ad vitam et salutem animarum nostrarum, tibi gloria in sœcula. Cf. Renaudot, t. ir, p. 41.]

d. La communion. — Le prêtre jacobite communie en prenant avec la cuillère, la particule mise dans le calice pour la commixtion ; il la remplace par une autre ; ensuite il prend avec la cuillère le précieux sang seul. Les prêtres concélébrants et les diacres assistants reçoivent, dans la cuillère, l’hostie et le précieux sang. Les fidèles ne communient qu'à une particule

sur laquelle le célébrant a mis une goutte ùu précieux sang.

Après la communion, le célébrant bénit l’assistance avec les saintes espèces qui restent. Cette bénédiction remplace l’ancienne procession que l’on faisait avec les saintes espèces autour de l’autel.

Les actions de grâces terminées, le diacre dit : lie in pace et le prêtre bénit l’assemblée inclinée. Enfin après avoir consommé les restes des saintes espèces, il f : iit les ablutions et l’on distribue le pain bénit.

[Chez les Maronites le prêtre communie avec une moitié de l’hostie et un peu du précieux sang pris directement au calice, distribue la ce mmunion aux fidèles, bénit l’assemblée avec les mystères, et prend la seconde moitié de l’hostie avec le reste du précieux sang. L’usage de cette communion en deux temps n’a plus de raison d'être pratique, puisque les fidèles reçoivent la sainte communion de la sainte réserve comme dans le rit romain ; l’usage de donner la communion aux enfants sous l’espèce du vin et 'aux autres fidèles sous les deux espèces disparut entre 1644 et 1689. Cf. Le Brun, op. cit., t. ii, p. 642 sq. Le diacre assistant, comme le prêtre concélébrant, a droit à une moitié d’hostie trempée dans le calice. Pendant la communion des fidèles, on chante une hymne antiphonée ; cela a lieu entre les deux communions du célébrant. Le renvoi des fidèles ne se fait qu'à la fin de la messe. Voici la bénédiction finale, après le renvoi, qui a l’allure d’une absolution :

Bencclictio D. N..J. C. veniat de cælo, descendat super me et vos et remittat peccata vestra et expiet culpas vestras, et requiescat animas rlefunctoriim vestrorum, et in regni cselorum libro, nomma vestra inscribat…]

L’adieu que fait le célébrant jacobite à l’autel, en le baisant, est très touchant :

Mane in pace, altare sanctum et divinum Domini : nescio utrem reverlar ad te neene. Pra-stet Dominus mihi, ut te videam in Ecclesia primogenitorum cælesti, et super hoc testamentum fiduciam habeo. Mane in pace, altare sanctum et propitiatorium, corpusque sanctum et sanguis propitiatorius, quæ ex te suscepi, sint mihi ad expiationem delictorum et remissionem peccatorum et ad fiduciam coram throno terribili Domini Dei nostri in sa ?cula. Mane in pace, altare sanctum et mensa vitse, et deprecare prome miserieordiam a Domino nostra Jesu Christo ut nunquam cessem memoriam tui servare, ex hoc mine et usque in ssecula sseculorum. Amen. Renaudot, op. cit., t. ii, p. 28.

Le prêtre maronite fait ses adieux, presque dans les mêmes termes.

[La participation au sacrifice dans le rit persan. — Après l'épiclèse, le prêtre récite une partie du Misère ic, ps. i., 3-16, sous forme de litanie. Chaque verset est divisé en plusieurs invocations et après chacune il dit : Rex Christe, miserere mei.

La fraction est la même que dans le rit jacobite, sauf deux légères différences : le prêtre fait, en plus, une entaille, dans l’hostie, avec son ongle, pour que le précieux sang y pénètre mieux ; il veut exprimer par là, l’union des deux éléments du sacrifice ; par contre, il omet la commixtion proprement dite, c’est-à-dire qu’il ne met pas une particule d’hostie dans le calice. Après la bénédiction du peuple une seconde fraction est faite, pour préparer les hosties nécessaires à la communion des fidèles ; ces petites hosties sont appelées « charbons ardents ».

Deux rubriques sont fort étonnantes ; la première dit : il trempe un « charbon ardent », pour les enfants. La seconde vient après une prière dialoguée entre le diacre et le peuple pour demander pardon ; il y est dit : « S’il y a des calices non consacrés, il les consignera à ce moment. » Cf. Liturgia…, p. 25.

On ne sait pas trop ce que cela désigne. Peut-être est-ce la consignation des éléments non consacrés par C6

une particule d’hostie consacrée ou du vin consacre : Cet usage, encore pratiqué, ;  ! la messe des présanctifiés, a été très en vogue dans toute l'Église, au Moyen Age. Cf. M. Andrieu : Immixtio et consecratio. La consécration par contact dans les documents liturgiques du Moi/en Age, Paris, 1924, p. 236. Un prêtre chaldéen nous a donné cette explication plausible. Comme les nestoriens font boire les communiants au calice même, ils en préparent donc plusieurs sur l’autel pour être consacrés ; mais si le prêtre remarque que les communiants sont peu nombreux, alors il laissera de côté les calices qui sont de trop et au moment de la bénédiction, il les bénit par un simple signe de croix. Ces calices seront distribués comme le pain bénit.

Le Pater et l'élévation s’accomplissent de la même façon que dans le rit jacobite.

Après le chant du diacre, on ouvre le voile et le prêtre bénit un diacre et l’envoie chanter au bêma, bénit le diacre qui a lu l'épître et lui confie la patène sur un voile ; à celui qui a donné la paix, il fait de même, en lui donnant le calice. Le célébrant distribue la communion sous l’espèce du pain et le diacre sous celle du vin et cela même aux autres prêtres, aussi bien qu’aux fidèles. Cf. Liturgia…, p. 27. Les chaldéens ne donnent plus la communion aux fidèles que sous l’espèce du pain.

Pendant la communion on chante une hymne antiphonée. Alors que les prêtres se donnent le baiser de paix, le peuple chante le ps. cxl, 1-6 et à chaque phrase on répond : Filius qui nobis dédit corpus suum et sanguineni suum. Au ps. cxvi, le peuple répond : Propter oblationem sui nobis. La première antienne est reprise au Gloria Patri.

Il est à remarquer encore que, dans le rit persan, on distribue les « eulogies » ou « pains bénits », après la bénédiction finale et le renvoi de l’assemblée.]