Dictionnaire de théologie catholique/MIGNE Jacques-Paul

L. Marchal
Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 10.2 : MESSE - MYSTIQUEp. 214-223).

MIGNE Jacques-Paul, prêtre français publiciste et éditeur, né à Saint-Flour (Cantal), le 25 octobre 1800, mort à Paris, le 24 octobre 1875. I. Biographie. II. Œuvre (col. 1725). III. Appréciation (col. 1738).

I. Biographie. — Après une enfance quelque peu turbulente, Jacques Paul Migne fut emmené, en 1817, par l’abbé Salesse du collège de Saint-Flour à Orléans, où il fit ses études de théologie. Quand il eut terminé sa formation cléricale, trop jeune encore pour recevoir les ordres, il fut envoyé, comme professeur de quatrième, au collège de Châteaudun, où il fit montre de telles qualités pédagogiques, que le principal lui proposa de se démettre en sa faveur. Après un stage de trois ans, il reçut l’ordination sacerdotale, en 1824 ; mais auparavant, voulant revoir sa théologie, il consacra à cette étude, pendant six mois, quinze heures par jour. Il fut alors immédiatement chargé de l’administration de trois paroisses du canton de Châtillon-sur-Loing, Aillant-sur-Milleron, la Charme et Dammartin ; puis, comme le climat marécageux de cette région était contraire à sa santé, il fut envoyé à Auxy que, à peine installé, il quittait pour Puiseaux, gros chef-lieu de canton du Gâtinais.

Son ministère fut très fructueux : il partageait son temps entre l’étude et le soin des âmes, se faisant déjà remarquer par une infatigable activité, montrant les qualités caractéristiques de ses compatriotes, l’énergie, l’endurance et une indomptable ténacité qui devaient assurer le succès de ses entreprises. La révolution de 1830 eut sa répercussion à Puiseaux : un incident se produisit le jour de la Fête-Dieu 1831 : il fut grossi et exagéré. L’abbé Migne répondit à ses détracteurs dans une brochure intitulée De la liberté, par un prêtre. Élargissant le débat, il traitait des questions importantes du droit ecclésiastique, dans ses rapports avec l’autorité séculière. Mgr Brunault de Beauregard, ayant appris la prochaine publication de cet opuscule, demanda à l’auteur de lui en communiquer les épreuves. Celui-ci les lui apporta. Sans avoir, dit-on, pris le soin d’examiner la brochure, l’évêque s’opposa à sa publication. Le curé de Puiseaux se soumit et garda le silence. Cf. Biographie du clergé contemporain, Paris, 1841, t. iii, p. 305-306.

Quelque temps après cet incident, préoccupé de l’heureuse influence que pouvait exercer la presse, il voulut fonder un journal et demanda, pour se rendre à Paris, son exeat à Mgr de Beauregard. Il l’obtint, le 9 novembre 1833, rédigé en termes très flatteurs. Il partit donc à Paris, emmenant avec lui M. Dufour de La Tuilerie, receveur de l’enregistrement, et M. Toupenay, instituteur de sa commune, qu’il avait intéressés à son projet.

Mais le journalisme ne devait pas le retenir longtemps, au moins de façon exclusive. Dès 1836, il abandonnait L’Univers pour entreprendre une œuvre d’une autre envergure que, dans le langage hyperbolique qui lui sera familier, il comparera au percement du mont Cenis, à la construction de dix cathédrales et qu’il appellera l’entreprise la plus colossale du siècle. Cette œuvre, qu’il intitulait Bibliothèque universelle du clergé, devait comprendre 2 000 volumes in-4o. N’était-ce pas une entreprise chimérique ? Il arrivait à Paris sans argent ni protecteurs ; il avait une instruction ordinaire. Mais par contre, « il était actif, entreprenant, très entendu en affaires, fécond en ressources, ne haïssant pas au besoin la réclame, mais la mettant au service des bonnes causes ; l’imagination toujours en travail d’œuvres gigantesques, possédant à un haut degré l’art de découvrir les talents ignorés, d’en tirer habilement parti et de les faire concourir à son but ; doué de cette patience qu’aucune résistance ne lasse, d’une force de volonté qui faisait tout plier devant elle, créant œuvres sur œuvres, et arrivant à mener à bonne fin, sans autres capitaux que sa confiance en lui-même et son énergie, une des entreprises les plus considérables de notre siècle, l’édition d’une encyclopédie théologique qui comprendra plusieurs milliers de volumes. » Dom F. Cabrol, Histoire du cardinal Pitra, Paris, 1893, p. 108.

De fait, il travailla à ses publications, sans aucune interruption, jusqu’à l’incendie de ses Ateliers catholiques, en février 1868. Il rencontra au début de graves difficultés. S’il fut encouragé de toutes parts, s’il reçut dix mille lettres de conseils et de félicitations, il n’en devait pas moins se heurter à l’opposition de l’archevêque de Paris. Mgr de Quélen, tout en reconnaissant l’excellence des publications entreprises par l’abbé Migne, estimait que son œuvre, ayant un caractère commercial, ne pouvait être dirigée par un clerc. Il ordonna donc à l’éditeur de suspendre ses travaux. Migne crut voir, dans cette mesure qui le frappait, le résultat de l’intervention de libraires poussés par la jalousie ; de grands intérêts étaient engagés dans l’entreprise ; enfin l’abbé Migne pouvait arguer qu’il n’était ni imprimeur ni libraire, les deux brevets appartenant à Victor Migne, son frère et son collaborateur. Il refusa de se soumettre. L’archevêque lui retira ses pouvoirs et lui interdit de dire la messe. Quelques mois avant de mourir, Mgr de Quélen avait proposé à l’abbé Migne de convertir cette spéculation particulière en une œuvre diocésaine, dont l’archevêque serait le supérieur et lui le directeur. Voulant garder toute sa liberté, Migne rejeta cette proposition. Mgr Affre suivit d’abord la même ligne de conduite que son prédécesseur. Il se vit même dans l’obligation de condamner, à deux reprises, la Voix de la Vérité, nouveau journal publié par Migne. Mais, touché par les franches explications de l’éditeur et par le tort que pouvait faire à ses publications la suspicion de l’autorité ecclésiastique, il leva enfin, le 10 novembre 1817, la défense qui le frappait : Migne n’était plus obligé pour dire sa messe de se rendre à Versailles, où Mgr Gros l’avait paternellement accueilli. Le 2 juin 1849, il prenait à son nom le brevet d’imprimeur-typographe, au Petit-Montrouge. Mgr Sibour l’encouragera, en lui donnant une subvention de 5 000 francs pour l’achat de livres et en lui confiant l’édition des Actes de l’Église de Paris.

L’empressement du public catholique ne répondit pas toujours aux efforts de l’éditeur. Rendant compte du t. cv de la Patrologie latine, A. Bonnetty, directeur des Annales de philosophie chrétienne, écrivait en 1853 : « Cette œuvre devrait être protégée plus qu’elle ne l’est par les gouvernements, par les évêques et par tous les catholiques. » Ann. de philos, chrét., t. xlvii, p. 162. Une remarque semblable est faite quatre ans plus tard par le même écrivain, à propos de la Patrologie grecque : « Nous avons le regret de dire qu’il s’en faut de beaucoup que la plupart de ces maisons (bibliothèques des évêchés, des grands et petits séminaires, principales cures, communautés religieuses…) aient souscrit à cette belle et bonne publication. L’éditeur est encore fort au-dessous de ses avances et, s’il n’avait pas consacré à cette œuvre tout son crédit et tous les bénéfices de ses précédentes publications, il aurait été obligé d’en interrompre l’impression. » Op. cit., t. lv, p. 250.

Cependant, les marques de sympathie ne manquèrent pas, dès le début, à l’œuvre de Migne. De Rome, de l’univers catholique, affluèrent les encouragements de cardinaux, d’évêques, de prêtres et de laïques instruits. En France, les Annales de philosophie chrétienne par la plume de leur directeur, l’abbé A. Bonnetty, lui firent une puissante réclame, reproduisant ses prospectus, analysant ses publications, répondant aux contradictions soulevées contre certains ouvrages par la Bibliographie catholique. En 1856, le concile provincial de Périgueux, tit. i, c. 9, recommandait au clergé les Patrologies latine et grecque, ainsi que les autres ouvrages sortis des presses des Ateliers catholiques. Ann. de philos, chrét., t. lvii, p. 163-164. Un autre éloge public fut décerné à Migne au Sénat : dans la séance du 20 juin 1862, par le baron Ch. Dupin, « Un simple curé de campagne, M. Migne, a entrepris, à lui seul et avec le concours financier du clergé inférieur, de publier, à bas prix, sans luxe, une collection savante et complète, collection où les textes les plus fidèles sont mis en présence des versions les plus autorisées, une collection où figurent les Livres saints, les Pères de l’Église latine et grecque, tous les grands théologiens, tous les orateurs sacrés, tous les commentaires, et aussi les meilleurs écrits des évêques de nos jours. Telle sera la Bibliothèque universelle de l’Église catholique. 850 volumes ont déjà paru qui ont coûté dix-sept millions ; 1150 volumes restent encore à paraître, qui coûteront vingt-trois millions, et, pour mener à bout cette entreprise, on n’a rien demandé au gouvernement, rien que la paix publique et la sécurité du travail… C’est avec ses modestes ressources que le clergé français a inauguré cette grande entreprise catholique. Puis des laïques généreux leur sont venus en aide… » Ann. de philos, chrét., t. lxv, p. 243-244.

Les reproches faits par Bonnetty à l’indifférence du clergé français paraissent donc un peu exagérés. Ce dernier a soutenu l’éditeur par de nombreuses souscriptions. Il sortait en moyenne, chaque année, quarante volumes in-4o de l’imprimerie du Petit-Montrouge ; dans un prospectus de 1864, Migne notait que quatre cents volumes étaient en réimpression ; que cent volumes nouveaux avaient été composés dans les deux années précédentes et qu’ils seraient mis sous presse, dès que la réimpression en cours serait terminée : « La rapidité de leur tirage, ajoutait-il. étonnera autant qu’elle réjouira les soixante-dix mille clients des Ateliers catholiques. » Ann, de philos. chrét., t. lxix. p. 77. Malgré la modicité des prix, on ne pouvait pas demander un effort plus grand au clergé français.

Si l’œuvre monumentale entreprise est demeurée inachevée, l’incendie du 12 février 1868 en est seul responsable. Le feu prit dans le bâtiment des presses typographiques et, en un instant, gagna tous les ateliers et presque tous les magasins. Les dégâts furent considérables, irréparables pour la plupart. Les clichés des grandes collections, au nombre de 667 855, furent détruits et l’on ne retira des décombres qu’une masse de près de six cents tonnes de plomb. La fabrique d’ameublement d’églises, d’orgues, de statues, de tableaux, de bas-reliefs, que Migne avait ajoutée à son imprimerie, fut également atteinte par l’incendie : un grand orgue de trente mille francs, prêt à être livré, fut entièrement fondu. Sur douze millions que représentaient le matériel et les marchandises, d’après le dernier inventaire, on sauva à peine six millions. Cf. Journal général de l’imprimerie et de la librairie, 15 février 1868, p. 25. La perte était énorme ; les assurances n’offrirent qu’une somme dérisoire : le 29 janvier, elles versaient à l’éditeur 1 348 327 francs, refusant de faire davantage. Il s’en suivit un long et pénible procès qui ne se termina que le 20 décembre 1871. Migne obtint une somme de 3 044 152 francs. C’était à peine la moitié des dégâts occasionnés par l’incendie. Cf. Le droit, 22 décembre 1871 ; Gazette des tribunaux, 22 décembre 1871.

L’indemnité reçue de l’assurance fut insuffisante pour permettre à Migne de reprendre les publications interrompues. Il voulut, malgré tout, lutter contre le sort. Ruiné, il chercha à se procurer de nouvelles ressources, par des expédients qui n’étaient pas irréprochables aux yeux de l’autorité ecclésiastique. Il reprit son commerce de mobilier sacré, et organisa un trafic d’intentions de messes. Pour prix des marchandises ou des volumes livrés, il percevait des honoraires de messes. L’archevêché s’émut de ces pratiques. Il donna à Migne l’ordre formel de les cesser. Celui-ci résista et encourut une suspense. Peu après, par un décret du 25 juillet 1874, Rome déclarait illicite tout arrangement du genre de ceux qu’il avait imaginés. Cf. Acta S. Sedis, t. viii, p. 107-109 ; Many, Prælect. de missa, Paris, 1903, p. 193.

Ces épreuves, s’ajoutant aux fatigues et aux soucis que lui avait imposés la direction de sa vaste entreprise, eurent raison des forces de l’abbé Migne : sa vue avait considérablement diminué, il était devenu presque aveugle. Le 24 octobre 1875, il mourait à Paris, laissant le souvenir d’ « un des polygraphes et des compilateurs les plus extraordinaires que mentionne l’histoire de l’érudition. » C. V. Langlois, Manuel de bibliographie historique, Paris, 1904, p. 399.

II. L’œuvre de Migne. — 1o Le publiciste. — Arrivé à Paris en 1833, Migne se préoccupa immédiatement de l’organisation du journal qu’il voulait fonder. Il lança deux prospectus, celui de l’Univers religieux et celui du Spectateur. Le premier était le plus complet : il manifeste déjà le goût de réclame tapageuse qui caractérisera plus tard les annonces des volumes de la Bibliothèque universelle : « Nous présenterons, disait-il, les notions les plus catholiques sur les questions les plus intéressantes par leur actualité, danses, bals, théâtres, romans, prêt à intérêt, impôts divers, divorce, salaire du clergé, des prêtres… le tout avec la plus extrême réserve. » Eug. Veuillot, Louis Veuillot, Paris, 1913, t. i, p. 358. Il se proposait de choisir ses collaborateurs au sein « des deux opinions religieuses qui se partagent la France catholique ». C’était dire qu’il rompait avec l’ancien gallicanisme et qu’il ouvrirait largement la porte aux défenseurs des droits de Rome et de l’Église. Il ne devait servir aucun parti, ni politique ni religieux. Il était catholique, voilà tout.

Le succès répondit à l’attente du fondateur, La Tribune catholique, qui avait été fondée, en 1833, par M. Bailly pour défendre les idées de l’Avenir, dans ce qu’elles avaient de légitime, fusionna avec l’Univers. En trois semaines, celui-ci avait obtenu plus de dix-huit cents abonnés. Quant au Spectateur, il n’exista jamais que de nom. Ses souscripteurs reçurent l’Univers.

Le premier numéro du journal parut le 3 novembre 1833. Il avait pour titre : L’Univers religieux, politique, scientifique et littéraire, et pour devise : Unité dans les choses certaines, liberté dans les douteuses, charité, vérité, impartialité dans toutes. Le directeur-fondateur avait obtenu la promesse de collaboration

« des hommes les plus marquants de la capitale » :

MM. Bailly, propriétaire et principal rédacteur de la Tribune catholique, Cayol, Choron, Clarion, Fontaine, Gauthier de Claubry, Gerbert, qui rédigea les premiers articles, sous la signature de Migne, Guilbert, Hennequin, Lauras, Charles Nodier, d’Ortignes, de Paravey, Pardessus, Récamier, Rendu. En fait, très peu de ces

« hommes marquants » donnèrent une collaboration

assidue à l’Univers. Par contre l’abbé Migne sut attirer à son œuvre un nombre considérable de jeunes gens zélés qui devaient exercer plus tard une influence considérable, tels que les frères Foisset, Ozanam, Lallier, Lamarche, Du Lac, Lacarrière, Léon et Eugène Boré, Desdouits, H. de Benald, H. de Viel-Castel, Turquéty, de Montrond, etc.

Le succès du début ne se confirma point. Voulant se concilier tous les partis, l’Univers religieux se les aliéna tous. Il fut en butte aux attaques de l’Ami de la Religion, organe presque officiel du monde catholique. Migne abandonna le journal où, absorbé par les travaux de la direction et de l’administration, il avait peu écrit. Ses articles sont signés L. M., ce qui les fit parfois attribuer à La Mennais. En 1836, il céda son journal à M. Bailly qui le conserva jusqu’au jour où L. Veuillot en prit la direction. Cf. Eug. Veuillot, Louis Veuillot, t. i, p. 357-364.

Cet abandon du journalisme n’était pas définitif. En 1846, Migne fondait la Voix de la Vérité, aidé par l’abbé Clavel et avec la collaboration d’un jurisconsulte éminent, l’abbé Romain Prompsault, qui devait composer, pour l’Encyclopédie catholique, un Dictionnaire raisonné de droit et de jurisprudence, en matière civile et ecclésiastique. Le but du journal était de donner aux membres du clergé et aux communautés religieuses des consultations juridiques. Mais il ne s’occupa pas exclusivement des conflits avec l’autorité civile ; il prit en mains la défense des prêtres en désaccord avec leur évêque. Cette attitude déplut à l’autorité : Mgr Affre censura et interdit le journal par deux mandements, en date du 20 août et du 29 octobre 1847 ; la mesure fut levée le 7 novembre. En 1854, Mgr Sibour frappa de nouveau la Voix de la Vérité ; pour une consultation donnée sur le cas de deux prêtres, interdits par l’archevêque. Ces interventions archiépiscopales rendirent les rédacteurs plus prudents. Lorsqu’en 1860 l’Univers fut supprimé par décret impérial, le propriétaire de ce journal, Taconet, entra en relations avec Migne qui lui céda la Voix de la Vérité ; celle-ci fit place au Monde qui devait, plus tard, se réunir à l’Univers. Cf. Ed. Leterrier, L’abbé Migne, dans Les Contemporains, p. 12-15 ; Eug. Veuillot, op. cit., t. iii, p. 345-347.

La Voix de la Vérité fut remplacée par une autre feuille, uniquement destinée au clergé, La Voix canonique, liturgique, historique, bibliographique, anecdotique, qui parut à partir de 1861. Victor-Étienne Migne avait fondé et dirigé de 1850 à 1854, le Journal des faits : « Tous les journaux en un. » L’abbé Migne transforma ce journal et lui donna un nouveau titre, La Vérité : il ne dura que quelques jours, 12-20 février 1854. Il le vendit à M. Prost, banquier, et lui substitua, en 1857, le Courrier de Paris. Cf. Hatin, Bibliographie de la Presse périodique française, Paris, 1866, p. 533 ; Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, 1880, p. 1290.

2o L’éditeur. — Migne abandonna la direction de l’Univers religieux pour se jeter dans une entreprise beaucoup plus considérable. Son but était de rassembler dans de grandes collections tous les trésors de la tradition catholique. Aussi ne devra-t-on pas chercher dans ces publications des œuvres nouvelles, des travaux originaux : on ne les trouvera qu’en nombre restreint. « Avec son esprit pratique et simplificateur et l’ignorance un peu naïve des débutants, il concevait toute science sous forme de dictionnaire ou d’encyclopédie. » D. Cabrol, Hist. du card. Pitra, p. 109. Il se contentera de rassembler les anciens produits de l’érudition ecclésiastique, pour mettre facilement à la disposition du clergé des instruments de travail. De ces travaux anciens, quelques-uns étaient restés à l’état de manuscrits, d’autres connus par de simples fragments, la plupart, enfouis au fond des bibliothèques, étaient inabordables par leur rareté et leur prix élevé. Migne veut les réunir en une immense Bibliothèque universelle du clergé, ou Cours complet sur chaque branche de la science ecclésiastique, devant comprendre deux mille volumes, d’un format commode et uniforme, petit in-4o sur deux colonnes, et d’un prix modeste, l’ensemble de la collection ne devant coûter que dix mille francs, ou seulement sept mille six cents francs, pour ceux qui verseraient intégralement le prix des collections, dès la réception des premiers volumes qui en font partie.

Comment réaliser un tel tour de force ? Le peu de ressources dont disposait Migne avait été englouti dans l’Univers religieux. Il sut intéresser à son entreprise un certain nombre d’ecclésiastiques et de laïques qui lui fournirent les premiers fonds nécessaires. Il fit d’abord appel à l’imprimerie de M. Bailly, place de la Sorbonne ; mais bientôt il fondera au Petit-Montrouge, près des barrières d’Enfer et du Maine, le plus bel établissement d’imprimerie et de librairie qui existât alors. On trouvait dans ses Ateliers catholiques à côté des salles de composition, cinq presses à vapeur, une fonderie, une stéréotypie, des ateliers de satinage, de brochage, de reliure, uniquement destinés aux ouvrages qu’il publiait. Réunissant ainsi entre ses mains toutes les branches de la librairie, il pouvait arriver à une production extrêmement rapide, jusqu’à faire sortir de ses presses un volume par semaine, et surtout diminuer les frais d’édition, baisser considérablement le prix des volumes. Trois cents ouvriers étaient attachés à l’établissement du Petit-Montrouge. Parmi eux se trouvaient un certain nombre de prêtres malheureux, que l’éditeur accueillit dans son imprimerie et qui lui furent d’un grand secours pour la composition et la correction des épreuves.

Migne voulait que, au point de vue typographique, ses publications fassent aussi parfaites que possible. A ses presses mécaniques, il substitua bientôt des presses à bras, moins rapides, mais procurant de meilleurs résultats. Des soins tout particuliers furent apportés à la correction des épreuves, au point que les dépenses ainsi occasionnées égalaient celles exigées par la composition. Les corrections étaient revues successivement sur cinq épreuves. Ainsi corrigées et révisées, les feuilles étaient livrées au clicheur, transformées en pages de métal qui les rendaient immuables. Une dernière feuille, tirée sur le cliché, était encore revue. Toutes les grands collections furent ainsi stéréotypées afin d’éviter de nouvelles fautes dans les réimpressions, Enfin, en 1865, il engagea quarante correcteurs, pour dix ans, à des conditions très onéreuses, pour la révision minutieuse des planches stéréotypées. De pareilles précautions devaient aboutir à un travail soigné.

Des deux mille volume annoncés, plus de mille ont été publiés. Il est difficile de suivre exactement l’ordre chronologique, dans l’examen de ces publications ; plusieurs collections parurent d’ailleurs simultanément. Nous grouperons donc l’ensemble de ces œuvres sous trois titres : 1o les principales collections, (sauf les patrologies) ; 2o les patrologies ; 3o les œuvres diverses ; 4o interruption des publications, leur continuation après la mort de Migne.

I. Les principales collections. — a) De 1838 à 1840 parut le Cours complet d’Écriture sainte : Scripturæ sacræ cursus completus, ex commentariis omnium perfectissimis ubique habitis, et a magna parte episcoporum necnon theologorum Europæ catholicæ universim ad hoc interrogatorum designatis, unice conflatus ; plurimis annotantibus presbyteris ad docendos levitas, pascendosve populos alte positis, annotavit vero simul et edidit J. P. M., 25 vol. in-4o. Ces commentaires et traités sont ceux des jésuites J. Bonfrère, Corneille de Lapierre, du dominicain Noël Alexandre, du bénédictin dmn Calmet, des abbés de Vence et Glaire, de Fr. Vatable et de Le Maistre de Sacy, illustrés de notes et de dissertations empruntées non seulement aux commentateurs catholiques, mais aux meilleurs auteurs juifs, luthériens, calvinistes, anglicans, etc… Trois volumes de compléments furent ajoutés à la collection ; le dernier renferme seize Indices et un Atlas géographique et iconographique du Cours complet d’Écriture sainte, in-fol. de 76 planches.

b) Immédiatement après le cours complet d’Écriture sainte, était publié le Theologiæ cursus completus… sous un titre identique à celui du Cursus Scripturæ sacræ, en 25 vol. in-4o. Ainsi que l’énonce le titre, la méthode suivie fut la même que pour le Cours d’Écriture sainte. Les ouvrages sont donnés dans le texte latin ou la traduction française, dans un ordre méthodique, sans aucune préoccupation chronologique. A part le De præcriptionibus de Tertullien et le Commonitorium de saint Vincent de Lérins, tous les traités de théologie reproduits dans cette collection datent du xvie au xixe siècle, avec quelques parties composées par les éditeurs. Le nombre des volumes qui devait être de vingt-cinq fut porté à vingt-huit. Le dernier comprend cinq tables, très utiles pour la consultation du Cours de théologie : 1o une indication méthodique de toutes les matières traitées ; 2o la nomenclature des auteurs par ordre de tomaison ; 3o la liste alphabétique des auteurs et titres des ouvrages ; 4o une table combinée et statistique curieuse des noms, professions, pays et mort des 238 auteurs qui sont contenus dans les deux cours d’Écriture sainte et de théologie ; 5o une table universelle analytique donnant, sous chaque mot essentiel, une analyse complète de la matière qu’il contient. Les deux cours d’Écriture sainte et de théologie ont conservé leur valeur ; il faut évidemment faire un choix parmi ces commentaires et ces traités, dont plusieurs sont excellents, d’autres de valeur moindre. Il est certainement très commode, pour l’exégète et pour le théologien, de trouver réunis les principaux auteurs qui ont traité telle question biblique ou théologique.

c) On peut en dire autant des Démonstrations évangéliques des plus célèbres défenseurs du christianisme, traduites pour la plupart des diverses langues dans lesquelles elles avaient été écrites, reproduites intégralement, non par extraits, annotées et publiées par l’abbé Migne, 18 vol. in-4o. plus un volume d’introduction et un de conclusion. Les seize premiers volumes parurent en 1842 et 1843 ; les quatre autres, quelques années plus tard. Le but de l’éditeur était de réunir ce qu’il y avait de plus convaincant et de plus important pour la défense de notre foi, ce qui permettait de suivre pas à pas les différentes phases de la polémique catholique. Il choisit pour cela des fragments de cent dix-sept auteurs. Malheureusement, après avoir donné quelques ouvrages de Tertullien, Origène, Eusèbe de Césarée et saint Augustin, il passe immédiatement à Montaigne. Quelques auteurs bien choisis, allant du ve au xvie siècle, auraient permis de suivre tous les progrès de la polémique chrétienne. C’est avec raison qu’une place importante a été faite aux apologistes modernes, tels que Wiseman, Milner, Chassey, etc… ; Migne fait même appel au témoignage de protestants, tels que Leibniz, Jacquelot, Saurin, Keith, et à celui de philosophes antichrétiens, comme J.-J. Rousseau. Le t. xviii contient avec des tables très soignées, un traité, Révision des Démonstrations évangéliques, par les éditeurs, comprenant les doctrines hérétiques des auteurs non orthodoxes dont on s’est servi, et, de l’abbé Chassay, un Tableau des apologistes chrétiens depuis la Renaissance jusqu’à la Restauration, indiquant le degré de confiance dont ils jouissent auprès des critiques accrédités, en spécifiant leurs ouvrages.

d) En 1844, commençait une nouvelle publication, celle des Orateurs sacrés, en deux séries, dont il suffit de donner le titre, pour en faire saisir l’importance, au point de vue de l’histoire de la prédication en France, du xvie au xixe siècle. La première série comprend 66 volumes : Collection intégrale et universelle des Orateurs sacrés du premier et du second ordre, et collection intégrale ou choisie de ceux du troisième ordre, publiés selon l’ordre chronologique, afin de présenter, comme sous un coup d’œil, l’histoire de la prédication en France, pendant plus de trois siècles, avec ses commencements, ses progrès, son apogée, sa décadence et sa renaissance. La seconde série, de 33 volumes, parut de 1856 à 1866. Elle renferme : 1o les œuvres oratoires des prédicateurs qui ont le plus illustré la chaire française depuis 1789 jusqu’à nos jours ; 2o les plus remarquables mandements ou discours de la plupart de nos seigneurs archevêques ou évêques de France, de Savoie et de Belgique ; 3o les sermons de vingt-cinq des prédicateurs contemporains les plus distingués ; 4o la collection des meilleurs prônistes anciens et modernes ; 5o une série d’ouvrages sur les règles de la bonne prédication. La collection complète devait comprendre cent deux volumes ; le 100e était sous presse, quand se produisit l’incendie de 1868.

e) En même temps que la première série des Orateurs sacrés, paraissait la première des Encyclopédies théologiques, ainsi annoncée : Première encyclopédie théologique ou série de Dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, offrant en français et par ordre alphabétique, la plus claire, la plus facile, la plus commode, la plus variée et la plus complète des théologies, 50 tomes en 52 volumes, 1844-1852. De 1851 à 1859, parut une Nouvelle encyclopédie théologique de 52 tomes en 53 volumes, et de 1855 à 1859 une Troisième et dernière encyclopédie théologique, en 66 volumes ; soit, en tout, 171 volumes de Dictionnaires sur toutes les branches des sciences tant humaines que divines. D’anciens ouvrages sont reproduits dans cette collection, mis au courant des découvertes et des résultats récents de la science, par des notes ou appendices : c’est le cas du Dictionnaire de théologie dogmatique de Bergier, mis en rapport avec les progrès des sciences actuelles, par l’abbé Pierrot. Mais la plus grande partie est due à des auteurs contemporains. C’est la partie la plus neuve de l’œuvre de Migne ; mais c’est aussi celle qui a le plus perdu de sa valeur : des travaux de ce genre ont fréquemment besoin d’être révisés et mis à jour. Certains de ces dictionnaires peuvent cependant rendre encore de grands services, tel le Dictionnaire des Apocryphes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, t. xxiii et xxiv de la Troisième Encyclopédie.

f) Pour illustrer ces collections relatives à la science religieuse, Migne fit entrer dans ses publications un Cours complet d’histoire ecclésiastique, en 27 volumes. Les dix-sept premiers volumes sont l’œuvre de Henrion. et vont de la période des origines jusqu’au pontificat de Pie IX. Après la mort de Henrion, en 1862, l’abbé Vervoost continua la publication, à partir de 1849.

g) Enfin aux collections de quelque importance se rattache la Summa aurea de laudibus B. Mariæ virginis, en 13 volumes, dont la publication commença en 1866. Ce recueil comprend les écrits importants sur la Mère du Sauveur, qui n’avaient pas leur place dans les Patrologies, comme ceux d’Albert le Grand, de Canisius, de Suarez, de Trombelli, de Benoît XIV et de Malou.

Ainsi, en quelques années, de 1838 à 1844, Migne avait commencé, sinon terminé, la publication de collections qui devaient contenir ensemble près de quatre cents volumes, sans compter les éditions d’intérêt moindre, dont nous parlerons plus loin (cf. œuvres diverses). Entre temps, il avait dressé le plan de ce qui devait être son œuvre la plus importante à tous égards et la meilleure, sa Patrologie, dont les premiers volumes devaient paraître en 1844. Une première publication patristique, en dehors de la Patrologie, avait déjà paru en 1842, concernant les ouvrages de saint Augustin et de saint J. Chrysostome : Sancti Aurelii Augustini Hipponensis episcopi opera omnia post Lovaniensium theologorum recensionem castigala denuo ad manuscriptos codices gallicanos, vaticanos, belgicos… necnon ad editiones antiquiores et castigatiores, opera et studio monachorum ordinis sancti Benedictie congregatione S. Mauri, editio novissima, emendata et auctior, accurante M***, Il volumes divisés en 16 tomes. L’édition de saint Jean Chrysostome, 10 volumes divisés en 13 tomes, porte un titre identique : Sancti Joannis Chrysostomi archiepiscopi Constantinopolitani opera omnia… Cette édition ne comprend que la traduction latine. L’éditeur utilise le texte des bénédictins, en tenant compte des critiques qui avaient été faites, mettant les notes au bas des pages, donnant, en quelques endroits, un ordre nouveau aux matières contenues dans les anciens volumes.

2. Les Patrologies. — a) But et plan de l’éditeur. — Pourquoi une nouvelle édition des Pères de l’Église ? Dans un prospectus de 1864, Migne répond à cette question : « Le prix démesuré et toujours croissant des anciennes éditions, le besoin de plus en plus sérieux de recourir aux sources, surtout dans les investigations religieuses, le réveil de la science ecclésiastique et la restauration catholique du passé, rendent indispensable une nouvelle édition des Pères. » Ann. de philos. chrét., t. lxix, p. 78. Il veut donc mettre à la disposition des travailleurs l’ensemble des documents qui constituent la tradition catholique, œuvres des écrivains ecclésiastiques des douze premiers siècles.

Pour atteindre ce but, il réunira dans une première collection les écrivains latins et, dans une seconde, les écrivains grecs. Bonnetty a critiqué cette division, laissant supposer qu’il y a deux traditions, celle de l’Église latine et celle de l’Église grecque. Il aurait préféré une division fondée sur le lieu où ces écrivains ont écrit et enseigné, et non sur la langue qui nous a conservé leur enseignement. Cf. Ann. de philos. chrét., t. xxxiii, p. 395-396. Le plan adopté par Migne se justifie très bien : c’est celui qui est adopté actuellement pour les publications patristiques de Berlin et de Vienne, la première consacrée aux écrivains grecs, la seconde aux écrivains latins.

L’ordre suivi sera l’ordre chronologique. Aux œuvres des Pères, l’éditeur ajoutera les travaux, les dissertations utiles qui ont été faites sur ces écrivains, ainsi que les variantes, notes, remarques nécessaires pour l’intelligence du texte.

Enfin, pour que la nouvelle publication puisse être réellement à la portée de tous, elle est faite à un prix très bas : cinq francs pour les volumes de la Patrologie latine, huit francs pour ceux de la Patrologie grecque, pour ceux qui souscriront aux deux séries. « Nous le disons ici, écrit Bonnetty, sans partialité et après tous les organes de la presse, c’est un phénomène qu’un seul homme, sans être aidé par aucun gouvernement, ait pu réaliser de semblables résultats. » Ann. de philos. chrét., t. xxxiii, p. 349. Ce résultat est d’autant plus extraordinaire et tout à l’honneur de Migne que, peu d’années auparavant, un projet semblable, entrepris par Castelli, qui avait reçu les encouragements de Grégoire XVI et de plusieurs souverains catholiques, qui avait obtenu que l’on mît à sa disposition les presses de la Propagande, avait complètement échoué.

b) La mise en œuvre. — Pour mener à bien une telle entreprise. Migne avait besoin de collaborateurs. Il s’adressa à dom Guéranger. L’abbé de Solesme lui signala le nouveau prieur de Saint-Germain-des-Prés, formé à Solesme, dom Pitra. Dom Pitra était préparé à collaborer activement, sur cette partie, avec l’éditeur catholique. Il avait fait des Pères, durant son séminaire, son étude favorite, et son goût pour la patristique s’était encore développé à Solesme. Il accepta sans hésitation et, trois jours après, il apportait un prospectus qui donnait, « en quelques pages, une vue très nette de l’ensemble du projet, la liste des auteurs, des éditions et des dissertations qui devaient entrer dans cette collection. » Dom Cabrol, Histoire du card. Pitra, p. 111.

Il était impossible de songer à faire, pour chaque auteur, une édition critique : un projet aussi vaste n’aurait jamais été réalisé. Le mieux était donc de choisir les éditions des Pères et des écrivains ecclésiastiques que l’on jugeait les meilleures, les notes que l’on y ajouterait, les dissertations les plus rares et les plus remarquables qui accompagneraient le texte, sans cependant s’interdire de corriger le texte d’après les meilleurs manuscrits, d’indiquer les variantes importantes des principales éditions, de donner quelques fragments inédits, en faisant, en un mot, une véritable editio variorum, comme ce fut le cas pour Tertullien, Minutius Félix, saint Cyprien, etc… Dom Pitra assuma une grande partie de la tâche. Migne, dans l’Index XI, sous la rubrique Editores Patrologiæ, « inter quos præcipuus R. P. Pitra, O. S. B. », P. L., Tables, t. i, col. 338, ne cite pas d’autre nom que celui du prieur de Saint-Germain. Il eut donc dans l’édition de la Patrologie une part importante, y consacrant un travail considérable. De fait, il collabora à toute la Patrologie latine et à la Patrologie grecque, jusqu’à Photius. En 1865, devenu cardinal, il envoyait à Migne des notes pour la continuation des écrivains latins jusqu’en 1450.

A côté de dom Pitra et des bénédictins de France, d’autres collaborateurs méritent d’être signalés : Mgr Malou, évêque de Bruges, Forbes, de Glasgow, Floss, professeur à l’Université de Bonn, Œhler, professeur à Halle, Nolte, de Vienne, Denzinger, professeur à l’Université de Wurzbourg, qui fournit différents fragments inédits, Caillau, qui fit profiter Migne des manuscrits bénédictins dont il était dépositaire.

Après la préparation des matériaux qui devaient entrer dans les Patrologies, il fallait passer à la composition. Migne voulut que sur ce point son œuvre fut irréprochable, Les prêtres qu’il avait accueillis a l’imprimerie du Petit-Montrouge étaient tout désignés pour les rôles de compositeurs et de correcteurs des ouvrages latins. Pour la Patrologie grecque, la tâche était moins aisée. Afin d’obtenir un texte net et élégant qui pût lutter avec les plus belles éditions modernes, il fit d’abord graver par Friry deux sortes de caractères, dont l’un, italique, devait mettre en évidence les mots et les citations que l’on voulait faire distinguer du texte ; c’est un perfectionnement que Migne est le premier à avoir introduit dans l’impression de la langue grecque. Ces caractères furent fondus dans ses ateliers. Il chercha ensuite, en dehors de France, des compositeurs et des correcteurs, qui non seulement connaissaient les lettres grecques, mais comprenaient ce qu’ils composaient. Il eut ainsi plusieurs grecs comme compositeurs, Sympsomo, Pantazidès et Dobriadès. Il s’attacha comme correcteurs Lehmann, de Leipzig, Reitchard, de Stuttgard, Sidon, de Cologne, Beyerlé, de Hanovre, Guardia, de Palma, Laas d’Aguerr, de Hollande, Tarlet, de Bruxelles, l’hébraïsant Drach, etc… ; une attention particulière fut donnée aux accents, fort négligés par les anciens bénédictins. L’éditeur ne recula pas devant les plus grands sacrifices pour aboutir à une perfection typographique aussi grande que possible : il en fut ainsi pour les Hexaples d’Origène. Dix-huit feuilles de cet ouvrage étaient déjà clichées ; Drach qui était chargé de la direction et de la correction du volume, voulut mettre à leur place les variantes du manuscrit de Coislin, que les bénédictins avaient renvoyées à la fin. On jeta à la fonte les dix-huit clichés et tout le volume fut repris par Drach. De même, il fit ajouter au volume déjà imprimé de la Préparation évangélique d’Eusèbe 260 colonnes, pour utiliser le travail de Séguier de Saint-Brisson, variantes et notes.

Ces détails suffisent pour donner une idée précise de la somme extraordinaire de travail et des efforts soutenus qui s’imposèrent à l’éditeur et à ses collaborateurs pour terminer, en vingt-deux ans, la publication des 388 volumes que contiennent les deux Patrologies. Mais, plus encore que le travail matériel, ce qu’il faut admirer ici, c’est l’initiative hardie, le sens de l’organisation, l’esprit d’ordre que supposent chez l’éditeur la mise en œuvre et la réalisation d’une entreprise aussi colossale.

c) Les sources. — La source la plus importante où devait puiser Migne est la Maxima bibliotheca veterum Patrum et antiquorum scriptorum ecclesiasticorum, publiée en 27 vol. in-fol., à Lyon, en 1677. sixième remaniement de la Bibliotheca SS. Patrum, éditée, un siècle plus tôt, par Marguarin de la Bigne, 8 vol., in-fol., Paris, 1575, complétée successivement à l’aide de la Bibliothèque des Pères, publiée par l’Université de Cologne, en 1616. du recueil liturgique de Hittorp et des publications du P. Fronton du Duc, 1618-1624. Une autre source importante est la Bibliothèque des Pères du P. Galland qui reprit, pour la compléter, la Bibliothèque de Lyon, en y ajoutant les Pères grecs et orientaux dans leur texte original ; cette publication était demeurée inachevée, 12 vol., in-fol, Venise, 1765-1788.

En dehors de ces grandes collections, Migne recourut à un grand nombre de bibliothèques particulières : aux bibliothèques polémiques de Simler, Scripta veterum latina, Zurich, 1571, de Gesner, Theologorum aliquot græcorum veterum orthodoxorum…, Zurich, 1559-1560, de Foggini, Opera selecta SS. Patrum, Rome, 1754-1771, de Gilbert Mauguin, Veterum scriptorum qui IX° s. de prædestinatione scripserunt opera et fragmenta, Paris, 1650, d’Oberthür, Opera polemica SS. Patrum, Wurzbourg, 1777-1794 ; aux bibliothèques scétiques de Chantelou, Bibliotheca Patrum ascetica, Paris, 1661-1673, de Poussines, Thesaurus asceticus, Paris, 1684, de Pez, Bibliotheca ascetica antiquo-nova, Ratisbonne, 1723-1740 ; à l’Homiliarium patristicum de Pelt, Rheinwald et Voigt, Berlin, 1829-1834 ; aux éditions des Pères apostoliques de Cotelier, SS. Patrum qui temporibus apostolicis floruerunt, Paris, 1672, d’Ittig, Bibliotheca Patrum apostolicorum, Leipzig, 1699-1700, de Lud. Frey, Epistolæ SS. Patrum apostolicorum, Bâle, 1742, de Rich. Russel, SS. Patrum apostolicorum… opera genuina, Londres, 1746, d’Hornemann, Scripta genuina græca Patrum apostolicorum, Copenhague, 1828-1829, de Hefele, Patrum apostolicorum opera, Tubingue, 1839, de Jacobson, Patres apostolici, Bâle, 1840 ; aux collections des poètes chrétiens d’Arevalo, Rome, 1740, à celle des Pères de l’Église d’Angleterre, publiée par les docteurs d’Oxford.

Plusieurs fragments ont été empruntés à la Bibliotheca orientalis d’Assémani, Rome, 1719-1728 ; à la Bibliotheca latina et à la Bibliotheca græca de Fabricius, Hambourg, 1697 et 1705-1728 ; aux Bibliothèques de Photius et de Zaccaria ; au Thesaurus monumentorum ecclesiasticorum et historicorum de Canisius, complété par Basnage, Amsterdam, 1725 ; au Thesaurus novus anecdotorum de Martène et Durand, Paris, 1717 ; au Veterum aliquot scriptorum… spicilegium de Luc d’Achery, Paris, 1655-1677 ; au Spicilegium SS. Patrum ut et hæreticorum… de Grabe, Oxford, 1698-1714 ; au Spicilegium Patrum… de Fabricius, Hambourg, 1716-1718 ; au Spicilegium de Maï, Rome, 1839-1844 ; aux Analecta græca de Mabillon, Paris, 1675-1685 ; aux Analecta græca de Montfaucon, Paris, 1688 ; aux collections semblables de Kollarius, d’Amaduzzi ; au Thesaurus anecdotorum novissimus de Pez, Augsbourg, 1721-1729 ; aux Anecdota græca de Muratori, Padoue, 1709, de Wolf, Hambourg, 1724 ; à l’Anecdotorum fasciculus de Mingarelli, Rome, 1756 ; aux Anecdota sacra de Levis, Turin, 1789 ; aux Anecdota græca de Boissonnade, Paris, 1832 ; aux Opuscula dogmatica, Opuscula varia, Opera varia de Sirmond, Paris, 1630, 1675, 1695 ; à la Bibliotheca concionatoria de Combéfis, Paris, 1682 ; aux Miscellanca de Baluze, Paris, 1678-1715 ; aux Sacra antiquitatis monumenta de Hugo, Étival, 1732 ; aux Deliciæ eruditorum de Lami, Florence, 1736-1755 ; à la Collectio prima des Vindemiæ litterariæ de Schannat, Leipzig, 1732 ; aux Reliquiæ sacræ de Routh, Oxford, 1814-1818 ; aux Fragmenta Patrum græcorum de Münter, Copenhague, 1788 ; aux Catenæ de Leipzig, d’Oxford, de Venise, de Cologne ; aux diverses collections de dom Martène, de Casimir Oudin, de Hoffmann, de Lorenzana, de Zacagny, de Quirini, de Calaardi, de Trombelli, de Maï, etc.

Pour les lettres des Souverains Pontifes, les Epistolæ romanorum Pontificum de dom Coustant, Paris, 1721, ont été reproduites intégralement.

Enfin les textes de certains Pères ont été empruntés à des éditions particulières : l’édition de Tertullien, entièrement neuve, est l’œuvre de dom Pitra ; celle de saint Cyprien a été empruntée à Baluze et dom Morand. Paris, 1726 : celle d’Arnobe, à Orelli, Leipzig, 1816-1817 ; celle de Lactance, à Lenglet du Fresnoy, Paris, 1748 ; celles de Juvencus, Dracontius, Sédulius, Prudence et saint Isidore, à Arevalo. Rome, 1792 ; celle de Lucifer de Cagliari, aux frères Coleti, Venise, 1778 ; celle de saint Damase, à Merenda, Rome, 1754 : celle de saint Optat, à Ellies du Pin, Paris, 1700 ; celle de Sulpice-Sévère, à de Prado, Vérone, 1741-1754 : celle de saint Chromace, à Braïda, Udine, 1816 ; celles de saint Jérôme et Rufin, à Vallarsi, Venise, 1766-1772 ; celle de saint Paulin, à Muratori, Vérone, 1736 ; celle de Marius Mercator, à Garnier, Paris, 1673 ; celle de Salvien à Baluze, Paris, 1663, 1684 ; celles de saint Léon et de saint Zénon, à P. et J. Ballerini, Venise, 1753-1757 ; celle de saint Hilaire, à dom Coustant, Paris, 1693 ; celle de saint Ambroise, à du Frische et Le Nourry, Paris, 1650-1690 ; celle de saint Augustin, à Blampin, Coustant…, Paris, 1679-1700 ; celle de saint Grégoire le Grand, à Sainte-Marthe, Paris, 1705 ; celle de saint Grégoire de Tours, à Ruinait, Paris, 1699, celle de Cassiodore, à J. Garet, Rouen, 1679 ; celle des Apologistes du IIe siècle, à Maran, Paris, 1720 ; celle de saint Irénée, à Massuet, Paris, 1710 ; celle de saint Cyrille de Jérusalem, à l’édition de Touttée publiée par Maran, Paris, 1720 ; celle de saint Basile, à Garnier et Maran, Paris, 1721-1730 ; celle de saint Grégoire de Nazianze, à Clémencet et Caillau, Paris, 1778 et 1840 ; celle de saint Prosper, à Le Brun des Marettes et Mangeant, Paris 1711 ; celle de saint Grégoire de Nysse, à Forbes. Burntisland, 1855 ; celle de saint Épiphane, à Œhler, Berlin, 1859.

d) La publication. — Le Cours de Patrologie commença de paraître en 1844. Il porte un de ces immenses titres que Migne affectionnait beaucoup, énumérant avec complaisance les qualités de la publication : Patrologiæ cursus completus, sive Bibliotheca universalis integra, uniformis, commoda, œconomica, omnium SS. Patrum, doctorum, scriptorumque ecclesiasticorum qui ab ævo apostolico ad Innocentii III tempora floruerunt ; recusio chronologica omnium quæ exstitere monumentorum catholicæ Traditionis per duodecim priora Ecclesiæ sæcula, juxta editiones accuratissimas, inter se cumque nonnullis codicibus manuscriptis collatas, perquam diligenter castigata ; dissertationibus, commentariis lectionibusque variantibus continenter illustrata ; omnibus operibus post amplissimas editiones quæ tribus novissimis sæculis debentur absolutas detectis, aucta ; indicibus particularibus analyticis, singulos sive tomos, sive auctores alicujus momenti subsequentibus, donata ; capitulis intra ipsum textum rite dispositis, neenon et titulis singularum paginum marginem superiorem distinguentibus subjectamque materiam significantibus, adornata ; operibus cum dubiis tum apocryphis, aliqua vero auctoritate in ordine ad Traditionem ecclesiasticam pollentibus, amplificata… ; editio accuratissima, cœterisque omnibus facile anteponenda, si perpendantur : characterum nitidilas, chartæ qualitas, integritas textus, perfectio correctionis, operum recusorum tum varietas, tum numerus, forma voluminum perquam commoda sibique in toto operis decursu constanter similis, pretii exiguitas, præsertimque ista collectio, una, methodica et chronologica, sexcentorum fragmentorum opusculorumque hactenus hic illic sparsorum, primum autem in nostra Bibliotheca, ex operibus ad omnes ætates, locos, linguas formasque pertinentibus, coadunatorum.

La Patrologie latine fut publiée la première : ses 217 tomes en 218 volumes in-4o parurent de 1844 à 1855, en deux séries, la première, de Tertullien à saint Grégoire le Grand (t. i à lxxiii), 1844-1849, la seconde, de saint Grégoire le Grand à Innocent III (t. lxxiv à ccxvii), 1849-1855, reproduisant les écrits ou fragments d’écrivains ecclésiastiques, au nombre de 2614. De 1862 à 1865, parurent quatre volumes d’Indices de la Patrologie Latine, comprenant 235 tables générales ou spéciales qui devaient servir de clés. La composition de ces tables suppose un travail considérable. Elles n’ont pas coûté à rédiger, suivant Migne, moins d’un demi-million de francs, ni moins de cinq cents ans de travail à cinquante hommes. Malgré le labeur extraordinaire qu’elles ont exigé, elles ne rendent pas tous les services désirables : leur trop grand morcellement oblige souvent à recourir à plusieurs de ces 235 tables pour trouver le renseignement cherché. On peut cependant regretter que le cinquième volume d’Indices, qui avait coûté deux années de travail typographique et qui était cliché, ait été détruit par l’incendie de 1868 et n’ait pu être reconstitué dans la suite. Il devait contenir, entre autres, un Index gene- generalis Scripturæ et, surtout, un Index patristicus, composé par le cardinal Pitra, donnant un aperçu des Pères et écrivains de l’Église latine d’Innocent III au concile de Trente, et une notice bibliographique sur tous les ouvrages ecclésiastiques imprimés ou manuscrits depuis les temps apostoliques, jusqu’au xvie siècle.

La Patrologie grecque parut en deux éditions : une édition gréco-latine et une édition latine. L’édition gréco-latine fut publiée de 1857 à 1866, comprenant 161 tomes en 166 volumes, partagée en deux séries, la première allant de saint Barnabé à Photius, t. i à civ, 1857-1861, la seconde de Photius au concile de Florence, t. cv à clxi, 1863-1866. Les deux parties renferment les ouvrages d’environ huit cents auteurs ou écrivains anonymes. L’édition des Pères grecs en latin seulement comprend 81 tomes en 85 volumes, 1856-1867. Comme il avait fait pour les Pères latins, Migne avait préparé pour la Patrologie grecque des tables qui auraient formé avec les ouvrages de Michel Apostolicus, dont plusieurs étaient inédits, le t. clxii. Ce volume était composé et cliché, lorsque survint l’incendie. Les efforts faits dans la suite pour retrouver les textes utilisés par Migne dans ce volume sont demeurés sans résultat, malgré la présence de leur traduction dans le t. lxxxi de l’édition latine des Pères grecs. Bien qu’il en ait eu le désir, Migne ne put reprendre la publication de ce volume. Cette lacune a été comblée, pour les tables, par différents auteurs : Kreisberg, Index alphabeticus in Patrologiæ ab J. P. Migne editæ seriem græcam, gr. in-8o, Saint-Pétersbourg, 1881 ; J.-B. Pearson, Conspectus auctorum quorum nomina indicibus Patrologiæ græco-latinæ a J. P. Migne editæ continentur, gr. in-8o, Cambridge, 1882 ; Dor. Scolarios, Κλεὶς Πατρολογίας καὶ βυζαντίνων συγγραφέων ἤτοι εὑρετήριον τῶν συγγραμάτων τῶν Πατέρων κτλ… περιεχομένων ἐν τῇ τοῦ Μιγνίου Πατρολογίᾳin-4o, 6Il p., Athènes, 1879 ; Τάμειον τῆς Πατρολογίας ἤτοι συλλογὴ τῶν ἐν τῇ Πατρολογίᾳ τῇ ὑπὸ Μιγνίου πρειεχομένων κυριωτέρων ἐννοιῶν, φράσεων καὶ ὑποθέσεων, 2 vol. in-4o, xix-622 p., Athènes, 1879-1887. Le meilleur complément a été donné par F. Cavallera dont le volume d’Indices rend désormais facile l’emploi des 161 tomes de cette collection et fournit à quiconque veut étudier les Pères un précieux instrument de travail : Patrologiæ cursus completus, accurante J. P. Migne. Series græca. Indices digessit Fernandus Cavallera, lector Theologiæ positivæ in Instituto catholico Tolosano, in-4o, 218 p., Paris, Garnier, 1912. Cf. Rev. d’hist. ecclés., 1913, p. 443-444 ; Bullet. d’anc. littér. et d’arch. chrét., 1913, p. 155-156. Cette table, très pratique, est divisée en trois parties, la première donnant la liste, volume par volume, des auteurs contenus dans tout l’ouvrage, la seconde, les œuvres de tous les écrivains grecs, classés par lettre alphabétique, avec indication des notices, dissertations et tables les concernant, la troisième, méthodique, groupant les ouvrages sous les rubriques générales : dogmatique, apologétique, polémique, Écriture sainte, hagiographie et homilétique, liturgie, morale et ascétisme, droit, lettres et sciences, poésie. Dans sa concision, cette table rend plus de services que les quatre gros volumes des Indices de la Patrologie latine.

Pour servir d’introduction aux ouvrages contenus dans les deux Patrologies, ont été insérées des notes biographiques et littéraires, empruntées à d’excellents critiques, à Fabricius, à Cave, à Ughelli, à Mansi, aux Bollandistes, à Mabillon, aux ailleurs du Gallia christiana, à ceux de l’Histoire littéraire de la France. Ces notes ont parfois une grande valeur, comme les Conjecturæ et emendationes de J. H. Nolte, précieux travail de critique textuelle sur les apologistes grecs du iie siècle, P. G., t. vi, col. 1705-1816 ; les Quæstiones criticæ et historicæ de Macariorum Ægyptii et Alexandrini vitis de H. J. Floss, P. G., t. xxxiv, col. 1-176 ; les Origeniana de Huet qui s’étendent sur 651 colonnes, P. G., t. xi, col. 633-1284.

3. Œuvres diverses. — Les grandes collections qui viennent d’être signalées ne sont qu’une partie de l’œuvre de Migne. De 1840 à 1856, en même temps que les différents Cursus, il publiait près de cent volumes ; de 1856 à 1868, une cinquantaine.

En 1841, il éditait les Œuvres de sainte Thérèse, en 4 vol., accompagnées de méditations sur les vertus de la sainte par le cardinal Lambruschini, des Actes de sa canonisation et de plus de 150 lettres et de 180 pièces qui n’avaient jamais été publiées ou traduites, ainsi que des œuvres de saint Jean de la Croix, de saint Jean d’Avila, de saint Pierre d’Alcanlara et d’Alvarès, donnant ainsi un ensemble des doctrines de la plus haute école mystique espagnole. La même année paraissait, en 4 vol., la Perpétuité de la foi de l’Église catholique : sur l’eucharistie, par Nicole, Arnauld, Renaudot, etc. ; sur la confession, par Denis de Sainte-Marthe ; sur les principaux points qui divisent les catholiques et les protestants. Le premier de ces ouvrages se trouvait difficilement ; cette publication avait son intérêt à l’époque du mouvement d’Oxford pour attirer l’attention des protestants sur les points controversés. Nous ne pouvons que signaler les autres publications faites durant la période de 1840 à 1856 : Somme théologique de S. Thomas d’Aquin, 4 vol. ; Catholicum lexicon, ou triple grammaire et triple dictionnaire hébraïques ou chaldaïques, par Gesenius, Drach, Tempestini et du Verdier, 1 vol., ouvrage critiqué par L. Bargès, dans la Bibliographie catholique de novembre 1848, p. 211, comme inabordable pour les commençants, inutile pour les personnes instruites, dangereux pour les catholiques (A. Bonnetty, fit justice de ces attaques dans les Annales de philosophie chrétienne, t. xxxviii, p. 62-77) ; Quatre années pastorales ou Prônes pour quatre ans, par Badoire, 1 vol. ; Bibliothèque canonique, juridique, morale…, par Lucius Ferraris, 8 vol. ; Actes et histoire de l’Église de Paris, publiés par ordre de Mgr Sibour, 1 vol. ; Histoire du concile de Trente, par Pallavicini, 3 vol. ; Les catéchismes philosophique, polémique, historique, de Feller, Rohrbacher, Fleury, Bellarmin, Olier, 2 vol. ; les Prælectiones thrologicæ, de Perrone, 2 vol. ; les Monuments inédits, de Faillon, 2 vol. ; la Polyglotte catholique en douze langues, 1 vol. ; le Manuel pratique ou répertoire ecclésiastique, 1 vol. ; les Institutiones catholicæ in modum catechescos, de Pouget, 12 vol. ; les Missæ pontificales, 1 vol. ; les Œuvres complètes de Bossuet, Il vol. ; Bérulle, 1 vol. ; Boudon, 3 vol. ; de la Tour, 7 vol. ; Baudrand, 2 vol. ; de Pressy, 2 vol. ; Lefranc de Pompignan, 2 vol. ; Bergier, 8 vol. ; Thiébaut, 8 vol. ; de La Luzerne, 6 vol. ; Arvisenet, 1 vol. ; Riambourg, 1 vol. ; Frayssinous, l vol. Enfin les Œuvres complètes de S. Thomas, en 26 volumes, étaient annoncées comme étant sous presse en 1856.

De 1856 à 1868, sortirent de l’Imprimerie catholique : l’Abrégé du droit canonique universel, par Maupied, 2 vol. : les Livres sacrés de lotîtes les religions, par Pauthier et Brunet, 2 vol. ; le Rituel des Rituels, 2 vol. ; la Somme ou Abrégé de la théologie de Suarez, par le P. Noël, 2 vol. ; l’Accord de la raison, des faits et des devoirs sur la vérité du catholicisme, par Houteville, Gauchat et Carra de Vaux. 1 vol. ; le Bossuet des gens du monde, par l’abbé Macé, 1 vol. ; les Indices de la Somme de saint Thomas, pouvant s’adapter à toutes les éditions, 8 vol. ; la Somme philosophique de saint Thomas contre les Gentils, reproduction du manuscrit de la Vaticane, par Uccelli, 2 vol. : le Lexicon manuale ad scriptores mediæ et infimæ latinitatis, par Maigne d’Arnis, 1 vol. ; les Recherches historiques sur les peuples anciens et leurs cultes, de l’abbé Desroches, 1 vol. ; Satan, ses œuvres et ses pompes, du P. Héliodore de Paris, 1 vol. ; les Œuvres complètes de saint François de Sales, 9 vol. ; Gérard, 4 vol. ; de Bonald, 3 vol. ; Fléchier, 2 vol. ; La Chétardie, 2 vol. ; Lefrançois, 2 vol. ; Tronson, 2 vol. ; Fénelon, 1 vol. ; du Voisin, 1 vol. ; Émery, 1 vol. ; Gerdil, 1 vol. ; Lantages, 1 vol. ; Régnier, 1 vol.

Ainsi près de onze cents volumes étaient publiés de 1838 à 1868 ; et le plan de Migne devait porter à deux mille le nombre des volumes de la Bibliothèque universelle du clergé.

4. Interruption des publications ; leur continuation après la mort de Migne. — L’incendie de 1868, dont nous avons parlé précédemment, mit fin aux publications de l’abbé Migne.

Plusieurs ouvrages, dont les manuscrits avaient été conservés, purent être repris par la suite et terminés, telle l’Histoire ecclésiastique dont le t. xxiii était sous presse. D’autres ne purent être complétés : il en fut ainsi de la Patrologie latine, pour le ccxxiie tome, de la Patrologie grecque, pour le clxiie tome ; des Orateurs sacrés, pour les trois derniers volumes (t. c à cii). D’autres enfin, prêts à paraître, on dont l’impression était commencée, ne virent jamais le jour. Ce fut le cas des Statuts des Statuts, qui devaient comprendre 6 volumes et renfermer les Œuvres théologiques de Mgr Dupanloup ; d’un ouvrage de l’abbé Maupied, Theologia positiva ; des Points fondamentaux de la foi catholique, en 16 vol. ; d’un grand nombre d’ouvrages qui, pour la plupart, étaient déjà clichés.

En même temps s’évanouissaient les projets d’autres collections dont Migne rêvait depuis longtemps la réalisation. La première de ces publications qui demeurèrent en projet, était l’Orbis christianus, annoncé depuis 1847 : Orbis christianus in provincias ecclesiasticas distribulus, quo series et historia Summorum Pontificum, cardinalium, patriarcharum, primatum, archiepiscoporum, episcoporum, abbatum, paræchiarum, uno verbo, personarum, rerum et institutionum religiosarum omnis generis, ab origine Ecclesiarum ad nostra tempora deducuntur et probantur ex authenticis instrumentis ad culcem voluminum appositis. L’ouvrage devait comprendre 80 volumes in-4o, pour le prix de 480 francs ; il aurait été pour l’univers catholique ce qu’est le Gallia christiana pour la France. Les quatorze volumes de cette collection y auraient pris place, avec d’autres publications analogues pour les différents pays, ces anciennes collections étant corrigées, complétées, actualisées. Pour les régions où le travail n’aurait pas encore été fait, la composition en avait été confiée à de « véritables bénédictins pour la science ». Pour la mise en œuvre, Migne réclamait un minimum de cinq cents souscriptions. Cf. Ann. de phil. chrét., t. xxxvi, p. 403-404.

Peu de temps après, Migne annonçait comme devant être bientôt mise sous presse, une Collection universelle et complète des conciles généraux, nationaux, provinciaux et synodaux, en 80 volumes in-4o, au prix de cinq cents francs. Cette collection devait être « plus que quadruple de celle de Labbe et Cossart, et plus que double de celle de Mansi et Coleti, dont les 31 vol. in-fol. sont à peine trouvables au prix de douze cents francs ». Ann. de phil. chrét., t. lii, p. 324.

L’éditeur avait en outre l’intention de compléter ses Patrologies par une collection de tous les Pères et auteurs ecclésiastiques latins d’Innocent III au concile de Trente, dont les ouvrages ont été imprimés en différents formats et dont les œuvres sont presque impossibles à trouver, et par une autre collection de tous les auteurs latins et grecs dont les ouvrages, fort nombreux, se trouvent encore manuscrits.

Le manque de ressources avait retardé la réalisation de ces projets : l’édition de la Patrologie grecque et des Tables de la Patrologie latine avait exigé une avance de fonds considérable. A. Bonnetty avait formulé le désir que l’épiscopat catholique, aidé par le gouvernement, se rendît acquéreur des clichés des deux Patrologies, qui constituaient une immense bibliothèque de métal. Le produit de cette vente aurait permis à Migne de commencer immédiatement ses nouvelles collections, qui auraient été aussi précieuses que ses publications patristiques. Cf. Ann. de phil. chrét., t. lxxiii, p. 412-413. Ce désir ne fut pas écouté.

Il importait cependant que ce qui restait de l’œuvre de Migne après l’incendie ne disparût pas. Le magasin des bonnes feuilles avait été en partie préservé ; quelques collections pouvaient être complétées ; on pouvait réimprimer ce qui était épuisé. La librairie Garnier acheta, en 1876, aux héritiers de Migne, ce qui restait de l’imprimerie et de la maison d’édition : elle termina l’Histoire ecclésiastique, les Orateurs sacrés, donna des Tables à la Patrologie grecque et réédita les ouvrages épuisés. Les premiers ouvrages réédités furent soumis à une nouvelle composition laquelle au point de vue de la correction s’est révélée fort médiocre : il en résulta aussi des différences de pagination entre les anciennes et les nouvelles éditions, ce qui était un inconvénient très grave pour des ouvrages d’usage courant, comme les deux Patrologies. Dans ses Tables de la Patrologie grecque, Cavallera a pris soin de mettre entre crochets, la pagination nouvelle, à côté de l’ancienne. Cette précaution ne supprime qu’en partie la difficulté. Heureusement, les nouvelles éditions se font maintenant par un procédé d’une exactitude absolue, par la photographie.

Dans la Patrologie grecque, les ouvrages recomposés, qui ont subi un changement de pagination, sont les suivants : S. Denys l’Aréopagite, t. iii ; Apologistes du iie siècle, t. vi ; S. Basile, t. xxxi et xxxii ; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxvi ; Photius, t. cii (la nouvelle édition a omis les Addenda scu Epistola ad Ecclesiam Antiochenam) et civ ; tradition catholique du xe siècle, t. cxvii ; Œcumenius, t. cxix. Plusieurs tomes de la Patrologie latine ont été également recomposés et ont pu, de ce fait, subir un changement de pagination. Ce sont les œuvres de S. Jérôme, t. xxii, de S. Augustin, t. xxxii et xlvii, d’Ennodius-Boèce, t. lxiii ; de S. Germain-Pelage II, t. xlxvii ; de Walafrid Strabon, t. cxiii ; de Ratramne, t. cxxi ; d’Anastase le Bibliothécaire, t. cxxvii et cxxix ; de Burchard de Worms, t. cxl ; de S. Bruno, t. clii ; de Guibert, t. clvi ; de S. Bruno d’Asti, t. clxiv ; d’Abélard, t. clxxviii ; de S. Bernard, t. clxxxii ; de Ste Hildegarde, t. cxcvii (renseignements donnés par le Librairie Garnier). Les autres ouvrages des deux Patrologies qui, épuisés, ont été réimprimés, soit par nouvelle composition, soit par photographie, procédé employé actuellement, concordent avec l’édition originale de l’abbé Migne, dont l’œuvre se trouve ainsi continuée telle qu’il l’avait réalisée.

Ses ouvrages ont encore la faveur du public : leur vente annuelle atteint le chiffre moyen de 500 000 francs. Il est vrai que la Librairie Garnier ne peut plus vendre ses volumes au prix infime auquel Migne les donnait, pour ainsi dire, à ses souscripteurs.

III. Appréciation. — L’œuvre de Migne et la critique. — Une publication aussi considérable et aussi rapide des documents de la Tradition catholique ne pouvait cire de tous points parfaite ; elle devait susciter bien des critiques. Il est certain qu’il y a dans cette immense compilation, bien du fatras, bien des choses inutiles, à côté d’autres qui ont résisté au temps. Certains critiques ont été trop sévères pour l’œuvre de Migne, considérée dans son ensemble, Krüger, dans la Realencyklopædie de Hauck, t. xv, p. 6, voit dans la Patrologie un obstacle pour la science : « Les savants, dit-il, sont tentés par ces volumes commodes de négliger les excellentes éditions anciennes que Migne a reproduites avec négligence et avec de nombreuses fautes. » D’autres lui ont « reproché, dit dom Cabrol, de n’avoir pas suivi un plan bien nettement défini, d’avoir admis dans sa collection des pièces qui ne s’y rapportaient pas : chartes, diplômes, liturgies ; quelques attributions sont erronées ; les spuria sont souvent composés sans soin ; certaines éditions auraient pu être mieux choisies… On a aussi parlé de fautes d’impression. » D. Cabrol, Histoire du card. Pitra, p. 112, n. 2. On peut encore regretter certaines omissions, ou la présence de doublets, ainsi la Chronique d’Idace est donnée deux fois, d’après Galland, P. L., t. li, col. 873-980, et d’après Garzon et de Ram, P. L., t. lxxiv, col. 701-750.

Beaucoup de ces défauts étaient inévitables : ils s’expliquent, en grande partie, par l’époque où vivait l’éditeur. Migne crut ne pouvoir mieux faire qu’en se mettant à l’école et à la suite des bénédictins qui se guidaient d’après leur sentiment, d’après leur connaissance des auteurs, d’après l’ancienneté des manuscrits. Il serait injuste d’exiger d’un éditeur du milieu du xixe siècle la méthode critique appliquée, de nos jours, à l’édition des Pères. D’ailleurs Migne voulait mettre immédiatement à la portée des savants tous les trésors de la Tradition catholique. A quoi aurait-il abouti, s’il avait fallu se livrer pour chaque Père à une étude critique des manuscrits, faire pour chacun une editio variorum ? Nous serions encore à attendre l’achèvement de cette publication. Et s’il nous fallait, comme le veut Krüger, recourir toujours aux anciennes éditions, combien seraient actuellement dans l’impossibilité de consulter les Pères ? Migne n’a pas fait une édition critique ; mais « il n’était pas philologue, et il ne faut pas oublier qu’en 1844, on aurait été bien en peine de trouver, à l’étranger comme en France, des hommes au courant des méthodes, qui devaient porter leurs fruits quelques années plus tard seulement. Si Lachmann avait déjà publié la plupart de ses éditions, son Lucrèce est pourtant de 1850 ; Ritschl a publié son Plaute en 1848. Il ne faut pas demander à Migne plus qu’il ne pouvait et ne voulait donner. » Lejay, Rev. d’hist. et de litt. relig., 1896, p. 98. Encore ne faut-il pas exagérer cette absence de critique dans l’œuvre de Migne, surtout dans les Patrologies : plusieurs de ses édifions sont vraiment des éditions critiques. « Il a trouvé plus d’une fois l’occasion de montrer qu’il n’était pas étranger, tant s’en faut, aux meilleures habitudes de l’érudition. » Bibliothèque de l’École des Chartes, IVe série, t. i, p. 62-67.

Pour ce qui est des fautes d’impression, Migne a lui-même répondu aux reproches qu’on lui adressait. Cf. vol. i des Tables de la P. L., verso du titre. Il avoue que les premières éditions sorties de ses presses n’étaient point parfaites, et c’est encore exact pour les premiers volumes de la Patrologie latine ; mais il a pris, pour la correction des épreuves, revues jusqu’à cinq fois, de telles précautions que ces reproches oui perdu, en grande partie, leur fondement. « Il est de fait, dit-il, que la correction n’a jamais été portée si loin dans aucune édition, ancienne ou contemporaine. » Il ne craint point de promettre une prime de vingt-cinq centimes pour chaque faute d’impression qu’on lui signalera dans la Patrologie grecque. En tous cas, il y a moins de fautes dans les deux Patrologies que dans les collections de Lyon, de Combéfis, de Labbe et Mansi. D’ailleurs des savants qui oui amplement utilisé les éditions de Migne, le P. de Buch, Denzinger, dont Pitra, témoignent de leur excellente correction typographique. Cf. Tables de la P. L., t. i, verso du titre.

Ce qu’il faut voir, dans cet amas prodigieux de publications, c’est l’utilité de l’œuvre considérée dans son ensemble. Malgré ses imperfections, l’œuvre de Migne a rendu et rend encore d’immenses services à la science religieuse. L’éditeur catholique a donné aux travailleurs la possibilité d’avoir sous la main, dans un format commode, pour un prix peu élevé, toutes les œuvres de l’antiquité chrétienne, les ouvrages les plus intéressants des exégètes, des apologistes, des théologiens et des orateurs ecclésiastiques. « Aujourd’hui encore, malgré l’indiscutable supériorité de la plupart des éditions du Corpus de Vienne, pour les auteurs ecclésiastiques latins, et du Corpus de Berlin, pour les auteurs grecs, les Patrologies restent utiles, ou même indispensables, ne fût-ce qu’à cause des études érudites qui y sont profitablement réunies. » P. de Labriolle, Bull d’anc, litt, et d’arch. chrét., 1913, p. 206.

Aussi comprend-on les sentiments de satisfaction que Migne exprimait, le 15 janvier 1861, dans la lettre où il annonçait l’achèvement de la première série des Pères grecs : « Nous pouvons chanter gaiement notre Nunc dimittis, parce que, sans grand secours ni grande vertu, il nous aura été donné d’être plus utile à l’Église que bien des savants et des saints, et que, posant ce livre fondamental de toute bibliothèque sérieuse, à l’édition duquel nous n’avons pu déterminer ni libraire ni communauté, ni gouvernement, nous pouvons, en quelque sorte, dire comme saint Paul : Cursum meum consummavi ; puis nous présenter avec confiance devant Dieu, notre Cours de Patrologie à la main. » Ann. de phil. chrét., t. lxi, p. 79.

La collection des Annales de Philosophie chrétienne, de 1841 à 1868, donne un grand nombre de documents, l’analyse de la plupart des publications de Migne et des appréciations très favorables de Bonetty ; Biographie du clergé contemporain, par un solitaire (l’abbé Barbier), Paris, 1841, t. iii, p. 289-423, et p. xxvii-xxix ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, Paris, 1801, t. xxxv, col. 488 ; Vapereau, Dictionnaire des contemporains, Paris, 1880, p. 1290 ; Streber, Migne, dans Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg, 1893, t. viii, col. 1510-1513 ; Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1880, t. ix, p. 163 ; J.-P. Kirsch, The catholic Encyclopædia, New-York, 1911, t. x, p. 190 ; Ed. Leterrier, L’abbé Migne, dans Les Contemporains, Paris ; Th. Nisard, La Patrologie latine de Migne considérée au point de vue de l’archéologie musicale, de la métrique, de la liturgie et de la bibliographie de la musique, dans Vérité canonique, t. xii (1866), p. 404, 441 ; E. Hatier, Bibliographie de la presse périodique française, Paris, 1866 ; Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., Inspruck, 1913, t. v, col. 1603-1607 ; P. de Labriolle, Quelques documents sur J. P. Migne, dans Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétienne, 1913, p. 203-209 ; du même, Histoire de la littérature latine chrétienne, Paris, 1924, p. 45-49 ; Journal de l’imprimerie et de la librairie, 16 février 1868 ; Le droit, 22 décembre 1871 ; Gazette des tribunaux, 22 décembre 1871 ; Semaine religieuse de Paris, 30 octobre 1875 ; Hergenröther, Theol, Literaturblatt, 1867, p. 410-447 ; Polybiblion, t. i, p. 59, t. xiv, p. 459 ; Bibliothèque de l’École des Chartes, IVe série, t. i, p. 62-67 ; Græsse, Trésor des livres rares et curieux, Dresde, 1860, t. i, p. 411-412 ; Langlois, Manuel de bibliographie historique, Paris, 1904, p. 399-400 ; Intermédiaire des chercheurs et des curieux, 10 mai 1913, p. 595 ; dont Cabrol, Histoire du Cardinal Pitra, Paris, 1893 ; Battendier, Le cardinal J.-B. Pitra, Paris, 1895 ; Paguelle de Follenay, Vie du cardinal Guibert, t. ii, Paris, 1896 ; Alazard, D. A. Affre, archevêque de Paris, Paris, 1905 ; E. Veuillot, Louis Veuillot, t. i et iii, Paris, 1913.

L. Marchal.