Dictionnaire de théologie catholique/MESSIANISME II. Etude analytique : le messanisme dans la littérature non canonique 2. La littérature rabbinique

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 10.2 : MESSE - MYSTIQUEp. 116-120).

II. Littérature rabbinique. —

Pendant que des « inspirés », de nouveaux « prophètes » composaient des œuvres entières dans lesquelles ils communiquaient de prétendues révélations que Dieu leur aurait faites sur l’avenir définitif d’Israël et du monde, les docteurs de la Loi discutaient entre eux toutes les questions qui se rapportaient à ce même thème. Les nombreux passages de la littérature rabbinique (Mischna, Tosephta, Talmud palestinien et babylonien, Midraschim, Targums, Prières, etc.) qui contiennent leurs opinions et spéculations sur le messianisme, prouvent le très vif intérêt que ce sujet éminemment israélite soulevait chez les savants du judaïsme.

Comme il est assez difficile de déterminer la suite historique des différentes parties de la tradition rabbinique — souvent des paroles fixées par écrit à une époque assez tardive sont d’origine beaucoup plus ancienne — nous donnerons dès l’abord, conformément à la coutume reçue, un exposé systématique des idées messianiques qui s’y rencontrent.

Le règne de Dieu.


Pour les rabbins, comme pour les apocalyptiques et les prophètes, l’ère messianique est la réalisation parfaite du règne de Dieu. Dans le but d’éviter la prononciation trop fréquente du nom de Dieu, ils l’appellent toujours « le royaume des cieux » (Malkouth ha&Sammaim) et y sous-entendent non le royaume, c’est-à-dire le territoire soumis à l’autorité divine, mais le règne, c’est-à-dire le pouvoir royal exercé par Dieu. Ce règne de Dieu est absolu et existe dès maintenant : « Celui qui s’éloigne du péché reçoit sur lui le royaume des cieux », Sifra, 93 d ; le prosélyte reçoit sur lui ce royaume, Midrasch Tanhuma. Gen. lekleka, 5 ; c’est par la vocation d’Abraham, par la fondation de la théocratie israélite qu’il a été établi parmi les hommes, Sifre, 134 b.

Le règne de Dieu qui s’établira à la fin des temps ne sera que l’extension universelle de l’empire actuel de Dieu. Les Targums des prophètes, par exemple Is., xl, 9 ; Mich., iv, 7 ; Abd., 21 ; Zach., xiv, 9 (Lagrange, p ; 155), disent souvent qu’alors « le règne de Jahvé se manifestera, sera reconnu de tous les habitants de la terre ». En même temps, les autres dieux seront privés de leur culte. Mekilta, 56 a. Cette manifestation du règne de Dieu se fera à Sion et le triomphe de Dieu sera en même temps le triomphe d’Israël, Pesikta Rabbathi, 161 a ; Targum Mich., iv, 7.

Le règne de Dieu est loin de jouer chez les rabbins un rôle aussi important que chez les prophètes. Ils ont cependant intercalé dans leurs prières — car « toute bénédiction où ne figure pas le règne n’est pas une bénédiction », R. Johanan, Talmud Bab., 40 b — la demande que Dieu règne enfin, de sorte que la mention du royaume des cieux devenait quotidienne. La onzième demande du Schemoné Esré est celleci : « Règne sur nous, Jahvé, toi seul. » Dans la prière Alénou, composée vers 240 après J.-C. en Babylonie, les Juifs s’adressent à Dieu en ces termes : « Aussi nous espérons en toi, Jahvé, notre Dieu, pour voir promptement la magnificence de ta force, pour voir disparaître les idoles de la terre et les faux dieux seront complètement détruits ; pour restaurer le monde par le règne du Tout-Puissant et tous les enfants des hommes invoqueront ton nom ; pour ramener à toi tous les méchants de la terre, tous les habitants du monde reconnaîtront et sauront. Car tout genou se courbera devant toi, toute langue jurera par toi… Et ils recevront sur eux le joug de ton règne et tu régneras sur eux à jamais et toujours. C’est à toi qu’appartient le règne, et tu régneras dans la gloire pendant les siècles des siècles. » (Traduction du

P. Lagrange.) C’est le texte le plus complet relatif au règne actuel et futur de Dieu.

Le Messie.

Les rabbins concevaient le temps

du salut, non seulement comme l’époque du règne de Dieu, mais aussi comme l’époque du règne du Messie. Ils l’appelaient même de préférence « les jours du Messie ». Il en résulte que « l’attente du Messie au temps de Jésus était, sinon un dogme tel que nous l’entendons, du moins une espérance absolument ferme », Lagrange, Messianisme, p. 216. Il est pourtant très difficile de déterminer exactement le rôle que le Messie a joué dans les perspectives eschatologiques des rabbins. La meilleure preuve en est la différence des opinions émises à ce sujet par les auteurs. Tandis que d’après les uns, par exemple V. Baldensperger, Die messianisch-apocalyptischen Hofjnungen des Judentums, 1903, p. 82, le Messie aurait formé le centre des espérances de l’époque rabbinique, il y aurait d’après d’autres, par exemple, E. Schurer, Geschichte desjùdischen Volkes, t. ii, 3e édit., p. 504 sq. ; W. Bousset, Die Religion des Judentums…, 2° éd., 1906, p. 255, occupé une place secondaire.

Ce sont les docteurs de la loi qui, plus qu’on ne l’avait fait auparavant, ont désigné le libérateur de la fin des temps par le terme de Messie. A ce titre ils aimaient ajouter celui de Roi : « le roi oint » : Textes dans G. Dalman, Die Worte Jesu, 1870, p. 240 sq. ; Lagrange, Le messianisme, p. 215. Ils lui assignaient encore beaucoup d’autres noms, suivant leurs conceptions variées sur la personne et l’œuvre du Messie, par exemple celui de fils de David, voir Dalman, ibidem ; Lagrange, p. 216.

Par rapport à la nature du Messie il faut relever que, d’après les maîtres en Israël, celui-ci sera un homme et non un Dieu. Surtout en face du christianisme ils soulignent de plus en plus son origine humaine. Dans le dialogue de Justin avec Tryphon, c. xlix, celui-ci dit catégoriquement : tzolmtsq tjp-eïç tôv Xpta-6v (5cvGpco ; rov èZ, àv6po>Tccov 7rpocr80xiï>[i.ev yev^aec 60a. R. Abahon, Talmud Jer., 65 b, pour polémiser contre le Christ qui dans un sens transcendant s’appliquait le titre de « fils de l’homme » de Dan., vii, 13, disait : « Si quelqu’un te dit : Je suis Dieu, il ment, s’il te dit : Je suis le fils de l’homme, il s’en repentira ; s’il te dit : Je monte au ciel, il le dit, mais ne le fera pas. » Mais les rabbins contestent également au Messie la divinité pour des raisons indépendantes de cette oppo : sition aux doctrines du Nouveau Testament. A cette fin, par exemple, ils le distinguaient expressément du Verbe (mêmra) de Dieu, Targum Jonathan, Is., ix, 7 ; xlii, 1.

D’autre part ils relèvent bien au-dessus des autres hommes. C’est ainsi qu’ils lui attribuent une certaine préexistence céleste. D’après la baraïtha, Talmud Bab., Pesahim, 54 a, le nom du Messie a été avec six autres choses (la Loi, le Paradis, l’Enfer, etc.) créé avant la création du monde. D’après d’autres textes, le Messie lui-même a existé avant la création, Pesikta Rabbathi, 152 b, avant les montagnes, Midrasch Tehillim, lxxxvii, 4. Dans le Midrasch Rabbot, Gen., ii, 1, il est enseigné que l’esprit de Dieu qui au commencement flottait sur les eaux, a été l’esprit du Messie. Comme le Sauveur a préexisté auprès de Dieu, ainsi il aura dans l’autre monde après son ministère terrestre une place particulière à côté du Très-Haut. Celui-ci lui donnera une partie de sa gloire, Midrasch Tehillim, xxi, 1, son habit, sa couronne, ibiil., xxi, 2 ; il le mettra à sa droite au-dessus d’Abraham, Ibid., xvin, 36.

La vie du Messie commencera comme chez les autres mortels par la naissance qui ne sera ni virginale ni caractérisée par d’autres faits extraordinaires : Tryphon se montre scandalisé par la conception vir ginale, et Aquila dans sa traduction d’Is., vii, 14, a remplacé la vierge des Septante par une jeune personne (Lagrange, p. 223). Se fondant sur Michée, les rabbins font naître le Messie à Bethléem, Targum Michée, v, 2 ; Talmud Jer., berak 5*-. A ce dernier endroit du Talmud on lit qu’il naquit le jour même de la destruction du temple. Cette opinion correspond à cette autre qu’il mènera avant son apparition comme Sauveur une vie cachée. Il développera entre temps sa connaissance de Dieu et de la Loi ; il ne connaîtra pas encore le rôle qu’il doit jouer et ne sera pas davantage connu comme libérateur futur, Tryphon dans Justin, Dialog., ex, Midrasch Tanhuma schemoth, 8. Comme Moïse a été élevé à la cour païenne d’Egypte, le Messie séjournera avant son ministère à Rome, la capitale de l’empire qu’il doit détruire, ibidem.

Le Messie se manifestera subitement, Talmud Bab., Sanh., 97, sur les nuées (Dan., vii, 13), « si les Juifs ont acquis des mérites », sur une ânesse (Zach., ix, 9), « s’ils n’ont pas acquis de mérites », ibid, 98 a. Son œuvre principale sera la délivrance et la restauration d’Israël, il l’accomplira en faisant des miracles semblables à ceux de l’Exode, Targum Jon., Num., xxii, 7 ; Is., x, 27 ; un, 8. Il établira en outre sa domination sur tous les peuples et tous les royaumes, Targum Onk., Num., xxiv, 17. Dans ce but il livrera des combats sanglants aux nations, Targum Jon., Zach., x, 4. Son ennemi le plus redoutable sera l’Empire romain dont il tuera le chef par le souffle de ses lèvres, Targum Jon., Is., xi, 4. Dans h nouveau royaume ainsi fondé il exercera, assis sur le trône de David, le gouvernement le plus juste et le plus prospère. En récompense de son ministère, le Messie prendra part dans l’autre monde à la gloire divine, Midrasch Tehillim, xxi, 1-2. Il y sera le premier parmi les patriarches et les grands d’Israël, Talmud Bab., Sanh., 102 a, Kalla, r. vii.

Les rabbins se sont donc imaginé le Messie surtout comme un roi puissant qui protégera son peuple, et qui le mènera à la gloire en subjuguant les autres. Mais jamais ils n’ont pensé à lui attribuer le pouvoir surnaturel de remettre les péchés, comme le soulignent Dalman, p. 215 et Lagrange, p. 229. Ils ne l’ont pas non plus conçu comme méritant et procurant le salut par ses souffrances. L’idée d’une passion douloureuse leur semblait incompatible avec le rôle glorieux du Roi-Messie. Comme il y a pourtant dans la littérature prophétique des textes qui parlent clairement des souffrances expiatoires du Sauveur : Is., lui ; Zach., xii, 10 sq. ; Ps., xxi, les docteurs, ne pouvant pas nier la portée messianique de ces passages, ont entrepris de véritables tours de force exégétiques pour leur donner un autre sens. Ils ont surtout paraphrasé Is., lui, de telle façon que la passion du Serviteur de Jahvé se transforme en une supplique, Targum Jon., Is., lui, 2-12. A la longue ils ne pouvaient cependant pas se dérober au sens obvie des textes ; par suite aussi de la controverse avec les chrétiens, ils ont attribué au Messie au moins quelques souffrances en le nommant d’après Is., lui, 4, le lépreux, Talmud Bab., Sanh., 98 b, ou en leprésentant pendant sa vie cachée assis aux portes de Rome au milieu des misérables et dos malades. Ibid., 98 a. Ils ont finalement inventé un second Messie de rang inférieur, appelé fils de Joseph ou fils d’Éphraïm, qui souffre et qui meurt, Talmud Bab., Succa, 52° : Il est le Sauveur des dix tribus ; il semble précéder le vrai Messie ; il aura à se soumet Ire à des douleurs et même à la mort qu’il trouvera dans la guerre contre Gog et MagOg. Israël prendra sur lui le deuil. Le fils de David voyant la mort du fils de Joseph demandera la vie. Cependant à la mort de ce Messie de second ordre, les sentences les plus anciennes n’imputent aucune valeur rédemptrice. Voir Lagrange. p. 236-256.

Préambules des temps messianiques.

- 1. Les

douleurs messianiques. — D’après la tradition rabbinique, les « jours du Messie » ne viendront pas subitement sans qu’on s’en aperçoive, ils seront au contraire, conformément aux anciennes prophéties, présagés et préparés par des événements précurseurs.

Dans le nombre figurent en premier lieu des tribulations terribles appelées « douleurs messianiques ». Les rabbins en parlent avec effroi : mieux vaut ne pas voir le Messie qu’en souffrir, Talmud Jer., Sanh., 98 b. Il y en a une première description dans la Misch na, Sota, ix, 15 : « Avant la venue du Messie, l’audace criminelle augmentera, la cherté sera à son comble, la vigne donnera son fruit et cependant le vin sera cher, et le règne sera gagné à l’hérésie judéo-chrétienne ; et il n’y aura pas de correction ; l’école servira à la prostitution, la Galilée sera couverte de ruines et le « Djôlàn » dévasté : les gens de la frontière s’en iront de ville en ville sans qu’on en ait compassion, la sagesse des scribes sera en mauvaise odeur, ceux qui craignent de pécher seront méprisés et la vérité sera malmenée. Les jeunes gens feront pâlir les vieillards, les vieillards se tiendront debout devant les enfants, un fils fera affront à son père, une fille se dressera contre sa mère, une bru contre sa belle-mère ; un homme aura pour ennemis les gens de la maison ; la face de cette génération sera la face d’un chien, le fils ne rougira plus devant son père. Et sur qui nous appuyer ? Sur notre père qui est dans le ciel. » (Traduction du P. Lagrange.) Cette description est souvent répétée et amplifiée dans les Talmuds. Il y aura donc surtout un relâchement total des mœurs, le mépris de la thora, disette et dévastation du pays. En même temps Israël tombera sous la domination étrangère et aura à endu-Ter des persécutions cruelles, Talmud Bab., Sanh., 97 a, 98 a Quand tous ces maux seront à leur apogée, le Messie viendra pour en délivrer son peuple.

2. Apparition des précurseurs du Messie.

- La révélation du Messie sera en outre précédée de l’œuvre de ses précurseurs. D’après Mal., ii, 23-24, et Eccli., jlxviii, 10-11, les rabbins attendaient en premier lieu l’avènement d’Élie : il viendra au début de l’ère messianique, Talm. Bab., Erub, 42 b, trois jours avant le Messie, Pesikta Rabbathi, 161 a. Son rôle sera d’annoncer la rédemption, ibidem, d’amener Israël à la pénitence, Pirke de Rabbi Eliezer, 43 ; il rassemblera les captifs et les exilés, Targum Jon., Deut., xxx, 4 ; il expliquera la Loi et résoudra les cas douteux. Talm. Bab., Pesait, 13 a, 20 b. Il inaugurera le règne messianique par le sacre du Messie, Targum Jon., Ex., xl, 10. Quelques textes de la Mischna, surtout, Sota, ix, 15, attribuaient à Élie même la résurrection des morts.

La tradition rabbinique a associé à Élie le grand législateur d’Israël, Moïse. Celui-ci qui avait présidé à la première rédemption prendra aussi part à la dernière. Il viendra avec Élie, Midrasch Rabbot, Ex., x, 1 ; il arrivera pour racheter avec le Verbe et le Messie, Targum Jon., Ex., xii, 42.

3. Préparation d’Israël au moyen des bonnes œuvres.

— Bien que d’un côté les rabbins annonçassent pour les derniers temps une grande dépravation des mœurs, ils relevaient de l’autre que la rédemption ne serait pas un don gratuit de la bonté divine, mais qu’elle devait être méritée par les bonnes œuvres. Israël sera sauvé, s’il observe la loi. Targum, Cant., viii, 9 ; il hâtera l’arrivée du salut, s’il garde les préceptes avec zèle, Midrasch Rabbot, Ex. xxii, 1. S’il observait bien le sabbat, il serait aussitôt sauvé, Talmud Bab., Schabbalh, 118 b. L’aumône est également recommandée comme très efficace pour accélérer la rédemption.

Mais l’œuvre principale par laquelle Israël doit se préparer pour l’arrivée du Messie est celle de la pénitence. R. Éliezer ben Hyrkanos disait même : « Si Israël

fait pénitence, il sera racheté, mais sans cela il ne sera pas racheté… (Si les Israélites ne font pas pénitence de leur gré), Dieu leur imposera un roi dont les décrets seront durs comme ceux d’Aman, de sorte qu’Israël fera pénitence, et reviendra au bien. » Talmud Bab., Sanh., 97 b et 98 b, traduction du P. Lagrange. L’affirmation contraire de R. Josué ben Hanania que le salut serait uniquement un don de la miséricorde divine, ibidem, ne semble pas représenter l’opinion commune. Le Talmud de Jérusalem, Taanith, 64, enseigne que l’endurcissement des cœurs retarde l’arrivée de Messie : « Si Israël faisait pénitence un seul jour, le fils de David viendrait aussitôt. »

Date de l’ouverture de l’ère messianique.

 Plus

encore que tout ceci, c’est la date elle-même des temps messianiques qui préoccupe les esprits juifs. La meilleure preuve en est fournie par les réponses multiples que les rabbins donnent à cette question.

Les uns se contentent d’indications vagues : le salut viendra en son temps, Midrasch Rabbot, Cant., vin, 14 ; il se réalisera « à la fin des temps », Targum Jon., Num., xxv, 12 ; « les jours du Messie seront donc la vieillesse du monde », Midrasch Tanhuma. Gen. mikkesch, 6. Comme les docteurs supposent l’existence d’un réceptacle qui contient toutes les âmes créées dès le commencement du monde, ils enseignent à maintes reprises : « le fils de David viendra quand il n’y aura plus d’âmes dans le réceptacle », Talmud Bab., Aboda zara, 5 a, Nidda, 13 b, Jebamoth, 62 a, 63 b. A cette même catégorie appartient l’essai de deviner la révélation du Messie au moyen de certains signes. En tant que ces signes ne sont pas identiques aux douleurs messianiques, ils sont encore plus fantastiques que celles-ci, par exemple, l’Empire romain s’étendra sur toute la terre, Talmud Bab., Sanh., 98 b. « Cette porte (d’après le P. Lagrange la porte d’une forteresse romaine près d’une source du Jourdain), dit R. Josué ben Kisma, sera trois fois détruite et rebâtie trois fois ; alors le fils de David viendra », ibidem, 98 a. Quand dans un songe apparaît un âne (à cause de Zach., ix, 9) ou une vigne (à cause de Gen., xlix, 11) on peut s’attendre à l’arrivée du Messie, Talmud Bab., Berakoth, 56 b et 57.

Les autres entreprenaient des calculs précis pour fixer la date de la réalisation du salut. D’après R. Nathan, l’avènement messianique aura lieu deux_ générations et demie après la destruction du temple, Talmud Bab., Sanh.. 97 b, d’après R. Hanina quatre cents ans après la destruction, Talmud Bab., Aboda zara, 9 b. D’après une baraïtha, le Messie viendra en l’an 4231 du monde, c’est-à-dire vers 771, ibidem. Cependant cette supputation fut fortement critiquée et repoussée par des docteurs plus sages. R. Josué entre autres l’interdit en disant que celui qui fait de tels calculs n’aura Das part au monde à venir, Derek ères rabba, 11.

La plupart des rabbins étaient convaincus que les temps messianiques étaient proches. C’est pourquoi ils intercalaient dans leurs prières des demandes pour la prochaine restauration de Sion et du temple, Schemoné-Esré (recension babylonienne) 14, et ils les joignaient à celles qui ont pour but la pluie et des biens matériels, ibidem, ’?. Ils répètent souvent que le salut est proche, Massechet sopherim, xiv, 12 ; xix, 9 ; Midrasch Rabbot, Ex., xxii, 1 ; Lev., xvii, 6 ; Cant., n, 1-2 ; Lam., iii, 21. R. Joseph semble avoir été convaincu qu’il verrait le Messie, Talmud Bab., Sanh., 98 b ; R. Josué alla voir le Messie aux portes de Rome, ibidem. R. Johanan ben Zakkaï donna l’ordre de préparer le trône pour hMessie qui vient, Talm. Bab., Berak, 28 1’. Cependant lorsque, lors de l’émeute de Bar Kokéba, R. Akiba prit celui-ci pour le Messie, R. Johanan ben Tarta lui répondit que l’herbe aurait

poussé entre ses mâchoires avant que vienne le Messie, Talmud Bab., Taaiîit, 68 b.

5° L’état nouveau d’Israël et des autres nations aux temps messianiques. — 1. Délivrance de la servitude par la ruine de l’empire romain elle retour de l’exil. — Le début de la rédemption sera marqué par la chute de Rome qui a imposé à Israël un joug si dur. Souvent les rabbins annoncent que cette maîtresse cruelle du monde sera détrônée ; d’ordinaire ils en parlent d’une façon voilée en la nommant Édom. Parfois la défaite de Rome est attribuée à Dieu lui-même, qui, revêtu d’un habit rouge, descendra pour punir Édom, Midrasch Tehillim, xciii, 1, dès avant l’apparition du Messie, ibidem ; parfois au Messie qui châtiera Édom comme Moïse a châtié l’Egypte, Midrasch Rabbot, Ex., ii, 10 ; Targum Jon., Num., xxiv, 18-19, quelquefois aussi à Gabriel et à Michel, Midrasch Rabbot, Ex., xii, 29. La punition des Romains sera rapide, Midrasch Rabbot, Cant., iv, 7 ; elle consistera surtout en ce qu’ils seront à leur tour en servitude et aboutira finalement à leur extermination, ibid., Ex., xvi, 4 ; xx, 1.

Dans ses prières, par exemple, Schemoné Esré, vu, 10, Israël soupirait après la délivrance qui en résulterait. Il s’attendait non moins fermement au retour de tous les exilés, ibidem (recension babylonienne), x. Ce retour est souvent décrit : la Schekina marchera en tête des revenants, R. Simeon ben Johai megil, 29 a ; ils seront en outre guidés par le Messie, Targum Jon., Num., xxiv, 7 ; Isa, lui, 8 ; Jer., xxxiii, 13, et par Moïse Midrasch Rabbot, Deut., xxxi, 14. Le retour sera comme la sortie d’Egypte accompagné de beaucoup de miracles : les nuages feront comme des tentes au-dessus des exilés, Mekilta, xiv, les montagnes bondiront sur leur passage, Pesikta Rabbathi, 138 b, etc.

2. Rétablissement de Jérusalem et de Canaan. — Pour les Israélites ainsi délivrés et reconduits dans leur patrie, celle-ci sera transformée et aménagée de la façon la plus merveilleuse. En tout premier lieu, il y aura la restauration de Jérusalem. Pendant que ses compagnons pleuraient sur les ruines du temple, R. Akiba souriait à la pensée qu’il serait rétabli, Talmud Bab., Maccot, 24 b ; Dieu lui-même rebâtira Sion, Talmud Bab., Berak, 49 a, 58 b. Pour lui donner une assise digne d’elle, il réunira le Sinaï, le Thabor et le Carmel et placera sur eux le mont Sion, Midrasch Tehillim, xxxvi, 10 ; lxxxvii, 3. La nouvelle Jérusalem sera très grande : elle s’étendra d’après les uns jusqu’à Damas, Sifre, Deut., i, 1, d’après les autres jusqu’à l’Océan, Pesikta de Rab. Kahana, 143 ab ; elle sera en outre rehaussée : elle sera trois fois plus haute que le monde et arrivera jusqu’au trône de gloire, Pesikta Rabbathi, 173 a, Midrasch Rabbot, Cant., vu, 5. Jérusalem sera aussi admirablement embellie : construite uniquement en pierres précieuses, ibidem, Ex.xii, 2, ornée de jardins et d’autres merveilles, Midrasch Tehillim, xlviii, 13, remplie de délices, Midrasch Rabbot, Deut., xii, 20. Des eaux miraculeuses sortiront de Jérusalem et auront la vertu de guérir, Midrasch Tehillim, xlviii, 13.

Semblablement la terre d’Israël elle-même sera agrandie et élevée, ornée et améliorée. Elle sera large de 25.000 cannes mesurant chacune 75 milles, Sifre, Deut., xxxii, 12. Elle sera surtout très fertile. Tous les arbres, même ceux de la forêt, donneront des fruits en abondance, chaque mois, même chaque jour, Talmud Bab., Sabbat, 30 b ; Midrasch Rabbot, Ex., xii, 12. Les céréales pousseront encore plus vite et plus abondamment : le blé sera énorme, l’orge sera aussi haute que le palmier, Sifre, Deut., xxxii, 11 ; Targum Jon., Jer., Deut., xxxii, 14 ; on n’aura pas même besoin de moissonner ; un peu de vent venant du Liban répandra sur la terre la fleur do farine des épis

de sorte qu’on n’aura qu’à la prendre, ibidem. La récolte du vin ne sera pas moins riche : chaque grain de raisin donnera deux kors de viii, ibidem. Le nombre des troupeaux ne restera pas en arrière, Targum Onkelos, Jon., Jer., Gen., lxix, 12.

3. Restauration nationale d’Israël.

Simultanément avec le retour de l’exil, l’affranchissement de la servitude, la transformation de son pays, Israël verra le redressement de sa vigueur et de sa gloire nationale. D’abord il sera à nouveau réuni ; non seulement les tribus du Sud, comme le prétendaient quelques rares rabbins, par exemple, R. Akiba, Mischna, Sanh., x, 5, mais aussi celles du Nord reviendront ; chacune aura en Palestine une portion égale de montagne, de plaine et de vallée, Talmud Bab., Baba-Bathra, 121 b. Ainsi reconstitué, le peuple élu sera indestructible, Targum, Cant., viii, 7, 9, 10, et deviendra aussi nombreux que le sable de la mer, Midrasch Rabbot, Lev., xxv, 9. Il y aura de nouveau un royaume d’Israël plus puissant et plus brillant qu’à l’époque de David et de Salomon ; car le Messie lui-même montera sur le trône de David Le peuple lui sera entièrement soumis, Targum, Jer., xxx, 2 ; Os., iii, 5, et comblé par lui de bénédictions, Midrasch Rabbot., Lev., vii, 13. Son gouvernement sera extrêmement juste : il saura par l’odorat distinguer le juste et l’injuste, Talmud Bab., Sanh., 93 b. Le royaume messianique ne comprendra pas seulement les tribus juives, mais toutes les nations qui seront dominées par Israël (voir n° 5).

4. Restauration religieuse d’Israël. — La vie spirituelle et religieuse d’Israël verra également une parfaite renaissance : Israël sera purifié et sanctifié, Midrasch Rabbot, Lev., v, 4 ; Pesikta Rabbathi, 66 a. II y aura entre Dieu et son peuple une alliance nouvelle qui ne sera jamais violée, Sifre Pesikta zutarta, Lev., xxvi, 9, une union très intime comme entre l’époux et l’épouse, Targum, Is., x, 20 sq. ; Os., iii, 5. La loi sera bien étudiée et connue : Dieu lui-même l’enseignera, Targum, Cant., viii, 13 ; Pesikta de Rabi Kahana, 41 b. Le Messie instruira de son côté Israël, Talmud Bab., Sanh., 93 b ; Midrasch Rabbot, Cant., ii, 13.

Il va sans dire que les rabbins s’attendaient à ce que la vie religieuse au temps messianique s’exprimât dans un culte aussi saint que brillant. Selon les uns, il n’y aura qu’un culte intérieur, selon les autres on verra la reprise de tout le rituel mosaïque, Midrasch Rabbot, Deut., xvi, 18 ; Midrasch Tehillim, lvi, 12 ; c, 4 ; Targum, Cant., viii, 14 ; Mischna, Pesah, x, 6. En effet ils prédisaient la reconstruction du temple, et se représentaient le nouveau temple comme une merveille. Dieu lui-même le bâtirait sur les trois montagnes les plus sacrées qu’il amènerait et réunirait à Jérusalem. Targum, Ps., lxxxix, 14. Les poutres seraient en cèdre de l’Éden, Targum, Cant., i, 17. A l’Orient il y aurait trois portes auxquelles dès maintenant les anges travaillent dans la mer pour les tailler dans une seule perle, Pesikta de Rabi Kahana, 136 b, 137 a. La Schekina y retournerait, Midrasch, Cant., iv, 4 ; Tehillim, xc, 17. Dans le temple rebâti se déroulerait un culte magnifique. D’après R. Jehuda, Aaron et ses enfants reprendraient leurs fonctions, Sifra sav, xviii, 1 ; 40 b ; d’après R. José de Galilée, tous les Israélites seraient prêtres. Il y aurait de nombreuses fêtes, Mischna, Pesah, x, G, Sopher, xix, 9.

5. Destinées des nations.

Par rapport au sort des nations païennes pendant la période messianique, les courants de la tradition rabbinique sont très partagés.

Souvent il est dit qu’elles seront complètement détruites dès l’ouverture de l’ère messianique : Le monde a été créé pour Israël, de sorte qu’à la fin les autres peuples seront brûlés et anéantis, Midrasch Rabbot, Cant., vii, 4 ; ils seront livrés à la boucherie,

Pesikta Rabbathi, 74 b ; ils seront exterminés par un déluge de peste, Tosephta, ii, 12. Dieu les consumera tous en une seule fois, Midrasch Rabbot, Lev., xxi, 34.

D’après d’autres rabbins, les païens ne seront pas tués, mais gravement punis : ils seront foulés par Dieu comme les raisins au pressoir, Midrasch Tehillim, vin, 1 ; ils boiront la coupe de la colère divine, ibid., xi, 7 ; ils seront jetés dans la Géhenne, ibidem, civ, 22, plongés dans l’obscurité, Pesikta Rabbathi, 162 ab.

D’autres encore supposaient que la restauration d’Israël soulèverait l’envie et la haine des autres peuples. Ceux-ci se réuniraient contre Jérusalem et assiégeraient la ville sainte. Mais Dieu et le Messie combattraient contre eux, Midrasch Tehillim, xviii, 1 ; Targum, Is., lui, 3, 7 ; Midrasch, Cant., vi, 10. Après leur défaite, les païens deviendront les esclaves d’Israël.

Il y a enfin une quatrième opinion, d’après laquelle les païens se soumettront de leur propre gré aux Israélites et se convertiront, Talmud Bab., Berak, 57 b ; Tosephta, vi. Dieu ouvrira aux idoles la bouche pour qu’elles disent à leurs adorateurs qu’ils se sont trompés, Midrasch Tehillim, xxxi, 2, xcvii, 7. Les nations, avec leurs rois en tête, adoreront alors Jahvé, ibidem, mais avec crainte, car la joie est réservée aux Juifs, Midrasch Tanhuma, nah, 19. Us offriront des présents au Messie et deviendront les serviteurs d’Israël, Tehillim, lxxxvii, 4 ; Targ., Is., ix. Les païens se feront prosélytes, Talmud Bab., Aboda zara, 24 a. Il y a cependant une baraïtha anonyme, ibidem, 36, d’après laquelle cette hypothèse est exclue. D’autre part, on trouve la conception, sans doute isolée, d’après laquelle les nations seront complètement assimilées à Israël, Si/re, Deut., xxxii, 11 ; Midrasch Rabbot, Lev., i, 1.

6. Gog et Magog.

Conformément à la prophétie

d’Ézéchiel, xxxviii-xxxix, les rabbins s’occupaient spécialement dans leurs spéculations eschatologiques du sort des nations qui, venues du pays de Magog et guidées par Gog, troubleront la paix messianique. Ils faisaient beaucoup plus de cas de cet oracle mystérieux que les prophètes postexiliens et les auteurs apocalyptiques. Ils le discutent très souvent et le transforment à leur façon. Us découvrent en de nombreux textes bibliques, notamment dans les premiers versets du psaume ii, Midrasch Tehillim, ii, 2-4, des allusions voilées relatives au même événement. Quelques-uns mettent l’attaque de Gog avant les jours du Messie, Talmud Bab., Sanh., 97 b ; la plupart semblent plutôt la placer sous le règne même du Messie. Ils imaginent le recrutement de l’immense armée de Gog de différentes manières ; ils représentent par exemple ce despote entraînant à sa suite les peuples hypocritement convertis, Talmud Bab., Aboda zara, 3 b. Trois fois les ennemis monteront contre Jérusalem. Midrasch Tehillim, xcix, 1. Alors Dieu apparaîtra et les anéantira, Sifre, Deut., xxxiii, 2 ; Targum Jon., Num., xi, 26 La défaite de Gog est aussi attribuée au Messie, fils de David, Targum Jon., Num., xi, 26 ; xxiv, 26, et plus souvent encore au Messie d’Éphraïm, Targum Jon., Gen., xl, 11. Ce n’est qu’après la destruction de l’armée de Gog qu’Israël aura la paix complète, Midrasch Rabbot, Lev., vi, 22 ; Deut., xvi, 18. Elle consistera en une parfaite sécurité : iln’y aura plus d’ennemis pour le peuple, il n’y aura plus de guerre, Targum Onk., Gen., xlix, 11 ; Midrasch Tanhuma, Sophelim, 19 ; Mischna, Sab., vi, 4.

7. Durée des temps messianiques.

De même que les maîtres en Israël essayaient de fixer la date de l’avènement messianique, ils spéculaient sur la durée de ce bonheur. Pour comprendre les idées qu’ils avaient à ce sujet, il faut savoir que tous enseignaient que la destinée de l’homme ne s’achève pas ici-bas,

mais dans l’au-delà. Ils ont créé un terme spécial pour désigner l’autre monde : ha-olam ha-ba « le monde qui vient », « le siècle à venir ». En opposition avec ce siècle à venir, ils appelaient la vie des hommes sur la terre « ce siècle », « ce monde ». C’est entre ces deux siècles « qu’ils plaçaient l’ère messianique qui terminera par une sorte d’apothéose l’histoire actuelle d’Israël et de l’humanité, avant que commence pour tous les mortels la vie dans l’autre monde. Souvent ils distinguaient ces trois périodes par des comparaisons symboliques ; la plus connue est la suivante : « le kinnor de ce siècle a sept cordes…, le kinnor des temps messianiques aura huit cordes…, le siècle à venir aura dix cordes », Tosephta Arakin, ii, 28. Pour cette raison les rabbins n’ont pas, comme les prophètes, admis une durée illimitée de l’ère messianique, ils l’ont restreinte à une époque déterminée. Pour en fixer les limites, ils s’adonnaient à maintes spéculations et aux calculs les plus variés. R. Juda ha-Nasi dit que on ne peut pas compter les jours du Messie, Pesikta Rabbathi, 4 ab, R. Johanan que Dieu seul en connaît le nombre, Talmud Bab., Sanh., 99 a. Quelques rabbins croyaient que l’époque du salut durerait aussi longtemps que celle de l’épreuve : quatre cents ans comme le séjour en Egypte, ou quarante ans comme le voyage dans le désert. Talmud Bab., Sanh., 99 a, Pesikta Rabbathi, 4 ab. D’autres déduisaient de ps. lxxi, 5, une durée de trois générations, ibidem, Midrasch Tehillim, xc, 15. D’autres encore supputaient 100, 365, 400 ou 1000, 2000, 4000, 7000 ans ; voir Lagrange, p. 205-209. R. Haman dit que les jours du Messie s’étendront entre les années 4291 et 7000, Talmud Bab., Sanh., 97 b ; R. Samuel, prétend qu’ils seront égaux aux temps écoulés depuis la création, ibidem, 99 a.

Tout en séparant expressément par ces calculs l’ère messianique du siècle à venir, parfois ils les confondaient : quelques-uns désignaient les jours du Messie commee siècle à venir » et supposaient pour eux une durée sans fin, voir Klausner, Die messianischen Vorstellungen, 1904, p. 27, et Volz, Judische Eschatologie, 1903, p. 62. La même confusion se constate dans leurs spéculations sur la date de la résurrection. Les uns plaçaient la résurrection des morts avant les temps messianiques, et la regardaient comme l’ouverture de la rédemption, les autres la plaçaient après les jours du Messie et la prenaient pour le premier événement de l’eschatologie définitive et transcendante, voir Lagrange, p. 176-185. Mais la seconde opinion prédominait, de sorte qu’on peut dire que la théologie rabbinique, au moins « dans son grand courant orthodoxe » (Lagrange) ne considérait pas la résurrection comme un événement messianique.

Malgré cette confusion partielle des idées de l’eschatologie messianique et transcendante, les rabbins ont, plus encore semble-t-il que les auteurs des apocalypses, mis en relief la rétribution définitive dans l’autre monde aux dépens de la restauration nationale et terrestre.

Voir les ouvrages cités à l’art. Judaïsme, littérature rabbinique, idées messianiques et eschatologiques, t. viii, col. 1594, 1636.

G. Dalman, Die Worte Jesu, 1870 ; A. Wiinsche, Die Leiden des Messias, 1870, Neue Beitràge zur Erlduierung der Evangelien aus Talmud und Midrasch, 1878 ; Drummond, The Jewish Messiah, 1877 ; Edersheim, Prophecy and history in relation to the AJessiah, 1886, The life and times o/ Jésus the Messiah, 1901 ; V. H. Stanton, The jewish and the cliristian Messiah, 1886 ; S. Spira, Die Eschatologie der Juden nach Talmud und Midrasch, 1889 ; Herford, Christianily in Talmud, 1903 ; Friedlànder, Die religiosen Bewegungen innerhalb des Judentums im Zeitalter Jesu, 1905 ; W. Fairweather, The background of the Gospels, 1908 ; Bonsirven, Sur les ruines du Temple, 1928.