Dictionnaire de théologie catholique/MESSIANISME II. Etude analytique : le messanisme dans la littérature non canonique 1. La littérature apocryphe

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 10.2 : MESSE - MYSTIQUEp. 109-116).

II. ÉTUDE ANALYTIQUE : LE MESSIANISME DANS LA LITTÉRATURE NON CANONIQUE.

Après avoir étudié le messianisme tel qu’il se rencontre dans les livres inspirés de l’Ancien Testament, nous sommes encore loin d’en connaître toutes les formes. Car aux prophéties messianiques de la littérature canonique succèdent, dans la littérature apocryphe, une foule de prétendues révélations sur la fin des temps et, dans la littérature rabbinique, de nombreuses spéculations sur l’avenir d’Israël et du monde. Les premières se présentent comme un complément, les dernières comme une interprétation des oracles des anciens prophètes. —
I. La littérature apocryphe.
II. La littérature rabbinique (col. 1526).

I. La littérature apocryphe. —

A ce point de vue, les écrits apocryphes l’emportent de beaucoup sur les produits rabbiniques.

Ils témoignent de la manière intense dont les Juifs, durant les deux siècles qui précédèrent et qui suivirent l’apparition du Christ, ont entretenu l’espérance messianique. Les causes de cette manifestation étaient d’un côté l’état malheureux qui résulta successivement de la persécution d’Antiochus Épiphane (175-164 av. J. -C), de la prise de Jérusalem par Pompée (63 av. J.-C), de la destruction de la ville sainte par Titus en 70 après J.-C, état si pénible pour les Israélites croyants que la perspective messianique restait leur seul soutien, de l’autre l’enthousiasme religieux et national excité par les victoires des Machabées et le règne glorieux des premiers Asmonéens, événements qui furent plus ou moins considérés comme des signes précurseurs de l’approche de l’ère du bonheur définitif.

La plupart des livres apocryphes ont pour thème principal l’eschatologie tant messianique que transcendante et portent, à cause de leurs révélations sur l’avenir et sur l’autre monde, le nom d’apocalypses. D’autres, tout en ayant un contenu légendaire ou didactique, renferment néanmoins de remarquables passages messianiques.

Les conceptions qu’ils développent sur la fin des temps actuels sont des plus variées ; parfois elles sont bizarres et assez souvent obscures. Le manque de clarté est surtout dû au langage symbolique et indéterminé qui y est employé de préférence, et à l’incertitude qui plane sur la date de presque tous ces écrits et par conséquent sur la situation historique qu’ils reflètent. Malgré leurs éléments fantastiques et leurs nombreuses obscurités, ces textes sont très importants pour la connaissance du messianisme. « Ils comblent la lacune littéraire qui s’étend entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et, par les espérances si hautement messianiques, qui sont leur caractéristique commune, ils sont comme une sorte de prolongement et d’épilogue des prophètes canoniques, en même temps que le prologue de l’Évangile. » P. Batiffol, Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 757.

Le livre d’Hénoch.


La plus importante et, semble-t-il, la plus ancienne des apocalypses est le livre d’Hénoch. Ce n’est d’ailleurs pas un ouvrage d’un seul jet, mais un conglomérat d’écrits divers, tous attribués au patriarche Hénoch.

1. Le premier comprend les chapitres i-xxxvi.

Comme il était connu de l’auteur du Livre des jubiles, iv, 19, qui a écrit sous les rois asmonéens (voir plus bas), il a été composé quelque temps au moins avant ce livre. Mais comme le sentiment national, qui fut si vivement surexcité par la persécution d’Antiochus Épiphane, y manque, il peut être prémachabéen, Lagrange, Le Messianisme, p. 62.

Par leur contenu, ces chapitres forment une apocalypse sur le dernier jugement. L’auteur constate l’immoralité qui règne dans le monde ; tandis que toutes les autres créatures sont soumises aux ordres de Dieu, seuls les hommes les transgressent, v, 2-4. D’où vient cette révolte du genre humain ? Quand et comment cessera-t-elle ? Pour donner la réponse à ces questions, il met en scène Hénoch et lui fait raconter ce qu’il a appris sur le passé et l’avenir de l’humanité au cours de visions et de voyages célestes.

D’abord le patriarche annonce que le retour à l’innocence ne se fera qu’à la fin du monde par un grand jugement, i-v. Dieu, entouré de myriades d’anges, i, 9, descendra sur le Sinaï, i, 3-4. Les montagnes seront ébranlées, la terre sera déchirée, i, 6 ; l’angoisse et la peur rempliront les mortels, i, 5, qui tous seront jugés, i, 7. Les impies seront maudits et exterminés de la surface de la terre, i, 9, les justes bénis : « la lumière de Dieu leur luira », i, 8 ; la joie, la paix et la sagesse seront leur part, i, 8 ; v, 7-8. Ils ne commettront plus aucun péché, v, 8, et vivront longtemps dans un bonheur parfait, v, 9.

Après cette sobre description du discours introductoire, se déroulent dans l’exposé principal, vi-xxxvi, les tableaux les plus fantastiques. Ils ont trait en premier lieu à l’origine et aux suites du péché : Le mal a été introduit dans le monde par la chute des anges, c’est-à-dire par l’union charnelle de deux cents esprits célestes avec les filles des hommes, vi-viii. Pour les punir, Dieu les fit enchaîner par les archanges et jeter sous des collines, où ils attendent leur condamnation définitive, qui aura lieu à l’occasion du grand jugement. Alors ils sortiront de leurs cachots souterrains pour être précipités dans un abîme de feu, x, 12-13 ; xi-xvi ; xviii, 11-xix, 9 ; xxi.

Le voyant complète ensuite ses premières indications sur le bonheur des justes à la fin des temps : Les élus vivront plus longtemps que les premiers patriarches, xxv, 6, ils auront mille enfants, x, 17 ; toute la terre sera couverte d’arbres fruitiers et remplie de bénédictions, x, 18-19. Aucune mauvaise œuvre n’y sera plus faite, x, 16, 22, et tous les peuples adoreront le vrai Dieu, x, 21. Le centre de la terre sera un endroit particulièrement béni. Il n’est autre que Jérusalem, xxvi-xxvii. Là, près de la maison de Dieu, sera transplanté l’arbre de vie qui se trouve maintenant au bout du monde, xxiv-xxv. Ses fruits et son odeur donneront aux justes joie et longue vie, xxv, 4-6.

La fin de cette seconde partie contient des révélations sur le sort des défunts avant et après le jugemont final. Bien qu’elles fassent partie de l’eschatologie transcendante, nous les mentionnons parce qu’elles sont liées à celles qui se rapportent à l’eschatologie messianique. Hénoch décrit le schéol tel qu’il l’a vu lors d’un de ses voyages. C’est l’endroit où se réunissent les ûmes de tous les morts jusqu’au grand jugement, xxii, 3-4. Il est divisé en quatre compartiments dont deux reçoivent les pécheurs, deux les justes. Parmi les pécheurs, le patriarche distingue ceux qui ont été déjà punis sur terre et ceux qui sont morts sans châtiment terrestre. Les premiers resteront toujours dans le schéol, parce que leur sort est moins dur que celui qui attend les autres, lors du jugement. Ces derniers remonteront du schéol comme les mauvais anges de leur prison, et comme eux ils seront

jetés dans un lieu de supplice plus terrible, xxii, 10-13. Ce lieu sera la vallée de Hinnom où, en face des justes qui se trouvent à Jérusalem, ils seront continuellement tourmentés, xxvii, 1-4.

Les justes sont classés en deux catégories. La première comprend ceux qui sont morts à la façon d’Abel d’une mort violente ; ils ne sont pas encore heureux et gémissent, xxii, 5-7. La seconde est formée de tous les autres justes. Ceux-ci sont heureux ; l’endroit où ils se trouvent est éclairé et possède une source d’eau, xxii, 2-9. Rien n’est dit sur leur sort à l’avènement du grand jugement. Mais leur résurrection et leur participation au bonheur des justes vivants doit sans doute être sous-entendue.

Cette apocalypse rappelle ce qu’on lit dans Isaïe, xxiv-xxvii. Elle dépasse ce morceau par les détails qu’elle donne sur la situation des défunts, tant préliminaire jusqu’au jugement final, que définitive par suite de ce jugement ; d’autre part elle affirme moins clairement la résurection et le caractère spirituel du bonheur final des justes. Il est étrange que l’auteur ne se soucie pas du sort ultérieur de ces élus, quand ils seront arrivés au terme de leur longue vie.

2. A cette première partie du livre d’Hénoch sont étroitement apparentés les c. lxxii-cviii. Comme la plupart d’entre eux sont également connus à l’auteur des Jubilés, iv, 17-23, on les regarde avec raison comme la suite primitive de i-xxxvi.

C’est en premier lieu le Livre astronomique, lxxiilxxxii, qui, tout en étant consacré aux astres et aux lois qui déterminent leur marche, contient des idées eschatologiques : l’ordre actuel qui se constate au firmament sera en vigueur jusqu’à ce que se produise la nouvelle création dont les œuvres dureront éternellement, lxxii, 1. Avant ce renouvellement, il y aura une grande commotion et perturbation au ciel et dans toute la nature : obscurcissement des étoiles, irrégularité de leur marche, sécheresse et infertilité de la terre. Toutes ces calamités seront causées par les péchés des hommes mauvais et procureront la mort à tous les impies, lxxx, 1-8. Pour les justes, au contraire, il n’y aura pas de jugement, lxxxi, 4, Cette doctrine se présente comme un complément de celle du début i-xxxvi..

Le second morceau est le Livre des visions historiques, lxxxiii-xc, dont la deuxième partie, lxxxv-xc, est un abrégé de l’histoire de l’humanité, en particulier d’Israël jusqu’à l’érection du règne messianique. La forme en est d’un symbolisme excentrique. Adam et les premiers patriarches y sont comparés à des taureaux, les Israélites à des brebis, leurs ennemis à des bêtes fauves et à des oiseaux de proie. L’auteur présente l’époque de l’histoire juive qui a commencé par l’exil comme la plus malheureuse de toutes. Depuis la perte de son indépendance, le peuple élu est sous la domination cruelle de soixante-dix bergers, c’est-à-dire de tyrans païens, et d’esprits célestes dévoyés qui, en quatre périodes formant ensemble soixante-dix laps de temps (semaines d’années ?), maltraitent plus que jamais les brebis et les livrent aux animaux sauvages.

Au moment où les brebis sont devenues aveugles, elles mettent bas des agneaux. Ceux-ci cherchent à réunir autour d’eux les brebis pour tenir tête aux animaux. Aux agneaux poussent des cornes et à l’une des brebis une grande corne. Ces agneaux représentent. d’après l’opinion de tous les auteurs, les Hasidim du temps machabéen et d’après la majeure partie d’entre eux, Lucke, Schodde, Langen, Bousset, O. Holtzmann, Charles, Fr. Martin, Causse, Frey, la grande corne est Judas Machabée. La lutte devient acharnée ; car « tous les aigles, éperviers et corbeaux… se réunissent pour abattre la grande corne. » Mais tout

à coup Dieu intervient, xc, 17 sq. Il frappe de son bâton de colère la terre, qui s’ouvre pour dévorer tous les animaux et tous les oiseaux. En même temps les brebis reçoivent un grand glaive pour tuer leurs ennemis.

Alors un trône est érigé dans la Terre sainte et Dieu y monte pour commencer le jugement. En premier lieu sont condamnées les étoiles déchues, ensuite les pasteurs, qui tous sont jetés dans un abîme de feu. Puis sont jugées les brebis aveugles, c’est-à-dire les Israélites infidèles ; elles sont également jetées dans un gouffre de feu près de l’ancienne Jérusalem ; celle-ci est remplacée par une nouvelle que le Seigneur habite. Là se réunissent toutes les brebis « qui avaient péri ou qui avaient été dispersées », xc, 33, et même « tous les animaux des champs et les oiseaux du ciel » ; ceux-ci adorent les brebis et leur obéissent, xc, 30. Il est probable que les brebis dont il est ici question sont les Juifs dispersés qui se joignent à ceux de Jérusalem, et que les autres animaux sont les païens qui n’avaient pas opprimé les Israélites. D’après l’expression « qui avaient péri » l’auteur penserait à la résurection des Israélites fidèles. Mais, d’après le contexte, il s’agit pour lui uniquement de la réunion des dispersés. Cf. Lagrange, op. cit., p. 126.

Alors le glaive, qui avait été confié aux brebis, est scellé et tous sont sages et bons. Finalement naît un taureau’blanc avec de grandes cornes « que craignent toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel ». En même temps tous les membres de la nouvelle communauté de Dieu (ou seulement toutes les brebis ?) sont transformés en taureaux blancs, pendant que le premier taureau blanc, devient un taureau sauvage. Il n’y a pas de doute que le taureau changé en aurochs ne soit le Messie. Son apparition comme tel, ainsi que la transformation en taureaux des animaux qui l’entourent, signifie qu’à la fin des temps recommence l’âge d’or des patriarches qui avaient été également représentés comme des taureaux.

Le messianisme de cette vision, tout en ressemblant beaucoup à celui des c. i-xxxvi, est bien plus national : les Israélites jouent un grand rôle dans le rétablissement de l’ordre sur la terre et occupent une place privilégiée dans le nouveau royaume de Dieu. Il s’en distingue en outre par la mention du Messie. Celui-ci cependant n’intervient pas d’une façon active, comme les prophètes l’avaient toujours prévu. « C’est un ornement dû à la tradition prophétique, ce n’est pas un Sauveur. » Lagrange, p. 81.

Étant donné que les symboles choisis par l’auteur renferment des allusions au temps des Machabées, il faut conclure qu’il a regardé la grande intervention de Dieu comme tout à fait proche.

Tout à côté se trouve le récit d’une nouvelle vision qu’on nomme l’Apocalypse des dix semaines : dans le livre actuel cette vision est séparée en deux morceaux : xcm ; xci, 12-17. Hénoch y raconte l’histoire du monde à partir de sa naissance jusqu’au jugement messianique en la divisant en dix semaines. La septième semaine va de l’exil jusqu’au temps de l’auteur : une génération perverse s’est levée ; toutes ses œuvres sont mauvaises, xciii, 9 ; mais les fidèles élus seront sauvés, xciii, 10. Bientôt la huitième semaine, la semaine de justice commencera, xci, 12, qui sera l’ouverture du jugement final. Pendant toute sa durée les justes d’Israël prévaudront contre leurs oppresseurs, obtiendront des richesses et construiront « la maison du grand roi, c’est-à-dire le temple, dans une splendeur éternelle », xci, 13. Pendant la neuvième semaine aura lieu le jugement de toute l’humanité : « le monde sera noté pour la destruction et tous les hommes regarderont après le chemin de justice », xci, 14. La dixième semaine verra le grand jugement éternel, à l’occasion

duquel Dieu punit surtout les anges, xci, 15. Alors le premier ciel disparaîtra pour être remplacé par un nouveau qui sera sept fois plus beau. Des semaines innombrables pleines de bonté et de justice suivront, et le péché ne sera plus jamais nommé, xci, 16-17.

La conception des destins du monde et d’Israël, ainsi que celle du jugement final contenue dans cette apocalypse des dix semaines, est essentiellement la même que celle qui se trouve exprimée dans le livre des visions historiques, lxxxiii-xc.

Les derniers chapitres du livre d’Hénoch, xci-cviii, sauf l’apocalypse des dix semaines et les c. cvi-cvii qui se rapportent à Noë, contiennent des exhortations adressées à tous les hommes, quelques promesses pour les justes et surtout des malédictions pour les pécheurs. Depuis F. Martin les critiques français nomment ce morceau le Livre de l’exhortation et de la malédiction. D’ordinaire on en place la composition au premier siècle avant Jésus-Christ, surtout parce qu’on voit dans les pécheurs, que l’auteur accuse et menace, les Sadducéens. Mais J.-B. Frey, Apocryphes de l’Ancien Testament, dans Dictionnaire de la Bible, Supplément, fasc, 1-2, 1926, col. 366 sq., relève avec raison que la situation qui correspond le mieux aux traits sous lesquels les pécheurs et les justes sont décrits, est celle du règne d’Antiochus Épiphane et qu’il n’était pas besoin d’attendre les Sadducéens, pour trouver en Israël des négateurs de l’immortalité de l’âme et de la rétribution future.

Ce livre n’est pas homogène, surtout en ce qui concerne l’eschatologie. Celle-ci est d’un côté, en en, 4-cv, 2 ; cviii, transcendante et ressemble à celle du livre de la Sagesse : immédiatement après leur mort les justes seront récompensés, ciii, 13 sq. ; « les portes du ciel s’ouvriront à eux », ciii, 2 ; ils seront introduits dans la lumière, mis sur des trônes d’honneur et brilleront éternellement, cviii, 12 sq. Mais, d’après d’autres passages, tout ne semble pas se passer à la fin du monde dans l’au-delà. Après la grande injustice qui règne actuellement sur la terre et en particulier en Palestine, xci, 7 ; xcii, 2, après les dernières grandes épreuves qui consisteront entre autres dans la révolte des peuples et dans la cruauté des parents contre leurs propres enfants, xcix, 4-5, viendra le jugement final, xci, 7, attiré par les prières des justes, xciii, 5 ; les païens et les malfaiteurs y périront, xci, 9 ; xciv, 7. Les justes eux-mêmes tueront impitoyablement les pécheurs en leur tranchant la tête, xcv, 3 ; xcviii, 12. D’après d’autres passages, les pécheurs seront tourmentés ou anéantis par le feu de l’enfer, xcix, 11 ; c, 9 ; en, 1. Par suite du jugement, les justes prédomineront de nouveau, xcv, 7 ; xcvi, 1-2 ; ils seront guéris de leurs maux, xcii, 3, et verront beaucoup de jours heureux, xcvi, 8. Trois fois, xci, 10 ; xcii, 3 ; c, 5, il est dit que les justes qui sont déjà morts, ressusciteront et vivront dans la sainteté et le bonheur. Seule cette seconde eschatologie est messianique et s’accorde avec celle des parties d’Hénoch étudiées jusqu’ici.

3. Englobée dans ces textes se trouve la pièce la plus importante du livre d’Hénoch : Le Livre des paraboles, xxxvii-lxxi. Ni les idées cschatologiqucs ni les allusions historiques ne permettent de fixer avec certitude la date de ces chapitres. Presque tous les auteurs préfèrent les placer au dernier plutôt qu’à l’avantdernier siècle avant J.-C. Mais, étant admis que la mention des Parthes, lvi, 6, n’oblige pas à s’arrêter à une date postérieure n l’année 10 avant Jésus-Christ, année où pour la première fois les Parthes pénétrèrent à Jérusalem (Székely, O. Holtzmann, Pelten, Fr, Martin, Fr. Gry, Charles, Causse, Béer, Housset), on ne trouve, comme Frey l’a très bien démontré, aucune situation historique qui corresponde mieux aux don nés du livre que celle de l’insurrection machabéenne.

Le livre se compose de plusieurs documents primitifs qui, sauf les fragments dits noachites, sont difficiles à distinguer ; voir l’essai de Gry : La composition littéraire des paraboles d’Hénoch, dans le Muséon, 1908, p. 27-71. Est-il nécessaire de supposer pour les textes relatifs au Fils de l’homme des interpolations chrétiennes ? Ni la mort du Messie sur la croix, ni sa résurrection n’y sont mentionnées, et ces passages cadrent très bien avec le contexte. D’autre part, on a établi quelques rapprochements très frappants entre les évangiles et certaines phrases de ces textes des paraboles, Lagrange, p. 88 sq., Frey, col. 359. (Le P. Lagrange et partiellement Gry se montrent assez favorables à l’hypothèse d’interpolations. Il semble pourtant, suivant l’opinion de Frey, col. 360, que ces rapprochements ne sont pas tellement caractéristiques qu’ils exigent une dépendance littéraire.)

Le livre des paraboles se divise en trois discours : Chacun contient des descriptions de l’autre monde, du jugement final, du futur royaume de Dieu, qui diffèrent notablement de celles des autres morceaux du livre d’Hénoch et qui sont surtout plus parfaites. Au centre se trouve partout le Messie qui n’est pas un prince terrestre, mais un être céleste. En combinant les idées énoncées dans les trois discours, on obtient l’ensemble suivant.

L’auteur met en opposition deux mondes : le monde d’en haut avec Dieu, qui est toujours nommé le Seigneur des esprits, les anges et les saints, et le monde d’en bas avec les pécheurs qui prédominent et quelques rares justes qui souffrent. Ces justes se trouvent sous la protection céleste : les saints intercèdent pour eux auprès du Très-Haut, xxxix, 5 ; ils seront un jour sauvés et vengés par le jugement qui ne sera autre chose que la manifestation du monde d’en haut.

Parmi les saints du ciel Hénoch aperçoit, xxxviii, 6, un être tout à fait particulier qu’il désigne par différents noms, surtout par celui de Fils de l’homme et d’Élu. Comme le titre Fils de l’homme l’indique, cet être est bien un homme et non pas un ange : il ressemble à un ange, xlvi, 1. Conformément à sa nature humaine, il vit continuellement dans la communauté des saints, c’est-à-dire des défunts pieux, des patriarches et des autres justes, lxx, 4. Il n’a pas encore comme eux vécu sur la terre. Il a été créé par Dieu avant le monde, xlviii, 3, 6, et existe devant Dieu en toute éternité, xlviii, 6. Il possède la sagesse, la justice et révèle tous les secrets, xlvi, 3 ; xlix, 3. Il habite sous les ailes du Seigneur des esprits, et tous les élus brillent devant lui comme l’éclat du feu, xxxix, 7. Il est encore inconnu au monde d’en bas, seuls les justes le connaissent déjà et espèrent en lui, xlviii, 7 ; lxi, 5 ; lxii, 7.

L’apparition du Fils de l’homme entouré de la communauté des élus marquera le grand tournant dans l’histoire du monde, la fin des temps, xlv, 3 ; l-li. Il sera assis sur un trône et fera le jugement, xlv, 3 ; l, 4. A sa vue les justes se réconforteront et se réjouiront, xlv, 3 ; lxix, 26, et à travers tout l’univers retentira un hymne en l’honneur de Dieu, lxi, 9-13. Les royaumes du monde fondront à l’aspect du Fils de l’homme, lu. Les peuples l’adoreront, xlviii, 5 ; lui, 1. La somme du jugement lui sera donnée, xlix, 4 ; li, 2 ; lxii, 2 ; lxix, 27. Non seulement les anges et les hommes vivants se réuniront autour de lui, mais aussi les défunts qui ressusciteront, li, 1-2. Les mauvais anges, enchaînés jusqu’alors, seront jetés dans le feu éternel, liv, 3-6 ; lv, 4 ; lvi, 1-4 ; lxiv, 1-2. Parmi les pécheurs sont punis surtout « les rois et les puissants qui possèdent la terre », parce qu’ils n’ont pas adoré le vrai Dieu et qu’ils ont maltraité les enfants de Dieu, xlvi, 4-8 ; i.xviii, 8-10 ; lui, 5-6 ; liv, 2 ; lxii, 11 ; lxiii, 7-10,

lxvii, 10. Ces grands coupables sont, pour l’auteur, sans doute en premier lieu, les chefs païens de la Palestine et leurs adhérents qui oppriment les Israélites restés fidèles à leurs traditions. Lors du jugement ils reconnaîtront enfin le Très-Haut, lxii, 3, 6, mais trop tard ; en vain ils supplieront le Fils de l’homme d’intercéder pour eux, lxii, 9-10 ; ils disparaîtront de la surface de la terre, ils seront enfermés au lieu de leur ruine, lxjx, 27-28, ils descendront dans les ténèbres, dans les flammes de l’enfer, lxiii, G, 10. Les autres pécheurs pourront encore trouver grâce pendant que, lors du jugement, le malheur se réunit sur leurs têtes, à condition de faire pénitence ; leur sort ne sera cependant pas glorieux comme celui des justes, l, 2-4.

A la fin du second discours, conformément à un élément traditionnel de l’eschatologie, un groupe spécial de malfaiteurs est mentionné : les peuples païens qui, comme l’avait déjà prédit Ézéchiel, xxxviiixxxix, entreprendront un dernier assaut contre Jérusalem. Ces peuples se grouperont autour des Parthes et des Mèdes et seront excités par les mauvais anges. Ils fouleront la Terre sainte comme une aire ; mais devant la ville sainte ils seront arrêtés et engloutis par le schéol, lvi, 5-8.

Par la punition et la disparition des pécheurs et des oppresseurs, les justes obtiendront repos et salut, xlviii, 7. Ils seront sauvés. Leur sort sera magnifique, lviii, 2 ; leurs faces brilleront de joie, li, 5 ; ils seront entourés d’une lumière éternelle, lviii, 3, 6 ; ils deviendront comme des anges du ciel, li, 4 ; ils seront revêtus d’habits de gloire qui ne s’useront jamais, lxii, 15-16. Leur plus grand bonheur consistera dans la vie commune avec le Fils de l’homme ; avec lui ils mangeront, ils se coucheront et ils se lèveront pour les siècles des siècles, lxii, 13.

A toutes ces joies prendront également part les dispersés, qui reviendront sur des chars portés par les ailes des vents, lxii, ainsi que les saints qui sont déjà morts. De ces derniers il est dit d’un côté qu’ils descendront avec le Fils de l’homme, xxxviii, 1 ; xlv, 3, de l’autre qu’ils ressusciteront et seront séparés des autres qui surgiront des tombeaux, li, 1-2.

Le séjour des élus après le jugement sera en premier lieu la terre, transformée et embellie, xxxviii, 2 ; lv, 5 ; li, 5 ; lviii, 5 ; lxii, 15. Ce sera aussi le ciel : Hénoch y aperçoit les demeures des futurs élus, xli, 2. Ciel et terre seront donc unis. Le bonheur y durera éternellement, lviii, 3 ; lxxxi, 16.

Toute cette eschatologie du livre des paraboles est très spiritualisée bien qu’elle garde encore une couleur fortement nationale. Elle renferme beaucoup d’éléments nouveaux, surtout au sujet du Messie qui est présenté comme un être préexistant.

Le Livre des jubilés.

Le Livre des jubilés suit

de près le livre d’Hénoch ; car la manière dont la tribu de Lévi y est exaltée aux dépens de celle de Juda, prouve que son auteur a écrit après les grands succès de la famille sacerdotale des Machabées, et avant le déclin de la dynastie asmonéenne, donc au plus tard sous Jean Hyrcan (135-106).

Bien que cet écrit ne soit qu’un développement midraschique de la Genèse, il est parsemé d’idées messianiques qui forment un tout assez homogène. Moïse est censé apprendre de Dieu que la désobéissance par laquelle les Israélites offenseront continuellement le Très-Haut, deviendra un jour au suprême degré provocante. Aucune loi ne sera plus respectée, tous les vices régneront, il y aura guerre de tous contre tous, i, 8-14 ; xxiii, 16-21. Pour les punir, Dieu leur enverra les pires maux ; il les livrera en particulier à des peuples cruels, xxiii, 22-24, qui les réduiront presque à néant ; les têtes de leurs enfants deviendront blanches

comme celles des vieillards et les nourrissons de trois semaines auront l’aspect de centenaires, xxiii, 25. Par exagération il est même dit que la terre périra, xxxiii, 28.

Mais, par suite de ces châtiments, les Juifs se convertiront enfin et cette fois définitivement. Dorénavant ils reconnaîtront Dieu comme leur maître, lui seront attachés de toute leur âme, observeront sa thora entière, i, 15 sq. ; xxiii, 26 sq. En revanche Jahvé les guérira, xxiii, 20, les rassemblera du milieu des païens, i, 15, les sanctifiera, i, 15 ; l, et érigera sa demeure au milieu d’eux, i, 17. Ils seront débarrassés de leurs ennemis, xxiii, 20 sq., et craints de tous les peuples, xxxi, 18. A tout jamais ils posséderont Canaan et y jouiront du plus grand bonheur : « Leurs jours s’approcheront de mille ans… Il n’y aura pas de vieillard…„ tous seront comme des enfants et des jeunes gens-Ils passeront tous leurs jours en paix et en joie ; il n’y aura ni Satan ni autre ennemi ; car tous leurs jours, seront des jours de bénédiction et de salut, xxiii, 27-29.

Nulle part il n’est dit quand tout cela arrivera. Mais, en lisant ces prédictions, on a l’impression que celui qui les a composées, est convaincu que le niveau le plus bas a déjà été atteint lors de la persécution d’Antiochus Épiphane, et que les Israélites s’élèvent progressivement vers le bonheur messianique.

L’eschatologie du Livre des jubilés est nationale, conformément au rôle tout à fait privilégié qui y est attribué à Israël. Dieu a créé celui-ci dès l’origine du monde, ii, 19, et le protège personnellement sans jamais en confier le gouvernement, comme celui des autres peuples, à des anges, xv, 32. L’auteur ose même par la bouche d’Abraham conférer aux Israélites des fonctions qui sont toujours réservées à Dieu : « ils seront appelés à affermir le ciel et la terre et à renouveler les lumières qui sont au firmament », xix, 25. On comprend qu’un écrivain qui entretient un tel particularisme prévoie le bonheur messianique exclusivement pour son peuple. A un seul endroit du texte actuel, il s’élève à un point de vue universaliste. Lors de l’annonce du déluge, il dit : « Et Dieu fit à toutes ses créatures une nature nouvelle et juste, de sorte qu’elles ne pécheront plus en éternité », v, 12. Mais cette remarque, qu’elle se rapporte au temps qui suivit imméaditement le déluge ou au temps eschatologique, est tellement énigmatique et cadre si mal avec le contexte, qu’elle semble être une addition ; voir Volz, Jùdische Eschatologie, 1903, p. 26.

Ce bonheur sera exclusivement terrestre et consistera dans l’amélioration des conditions actuelles de vie. L’au-delà n’est cependant pas tout à fait étranger à l’horizon de l’auteur. D’après xxiii, 30 b, les justes parmi les défunts, sans doute des défunts d’Israël, verront le bonheur final des vivants et s’en réjouiront. Ils ne quitteront donc plus l’autre monde où la béatitude est leur part. Les pécheurs du monde entier par contre seront, d’après vii, 29 ; xxii, 22, tout de suite après leur mort livrés aux peines du schéol et auront, d’après le sens probable de xvi, 9-16, à passer par un jugement où ils seront condamnés à des souffrances éternelles.

Les Testaments des douze Patriarches.

Au Livre

des jubilés se rattache par un lien étroit celui des Testaments des douze Patriarches. Les deux écrits contiennent une foule d’idées communes ; en particulier celle de la prééminence de la tribu de Lévi qui est encore plus fortement accentuée au détriment de celle de Juda. Cette parenté ne s’explique que par l’identité des sources auxquelles leurs auteurs ont puisé et de l’époque à laquelle ils ont écrit.

Mais, tandis que le Livre des jubilés est une composition purement juive, les Testaments ont reçu des

retouches chrétiennes. Tout le monde le reconnaît, car ils contiennent une vraie christologie qui s’explique mieux et plus naturellement si les additions chrétiennes sont nombreuses, comme le supposent Plummer, 13urkitt, Schùrer, Lagrange, Felten, Frey. Par contre, Charles, Friedlànder, Hart, Lawther, Clarke, Œsterley ont essayé de diminuer autant que possible ces interpolations pour mettre le Christ et les Apôtres à la remorque de l’auteur des Testaments.

Sous bien des rapports le schéma eschatologique des Testaments est absolument celui des Jubilés : Après une dépravation suprême et un jugement sévère, Israël se convertira. Dieu le recevra de nouveau en grâce, le réunira de tous les coins du monde, exterminera ses ennemis et habitera au milieu de lui. Rub., vi, 5 ; Sim., v, 4 ; vi ; Lévi, iv ; x, 2-4 ; xiv-xviii ; Juda, xvii, 1 ; xvin ; xix ; xxiii-xxiv ; Iss., v-vi ; Zab., ix ; Dan, v, sq. ; Nepht., iv ; Gad, vin ; Asser, vu.

D’autre part des idées importantes qui se rencontrent dans les Testaments manquent dans les Jubilés. Ce sont surtout les quatre suivantes :

Le salut messianique sera aussi la part des païens : la paix régnera sur la terre entière, Sim., vi, les gentils reconnaîtront Jahvé, Juda, xxii ; xxv ; Zab., ix ; Dan, v.

Ce salut sera en outre partagé par les défunts : les patriarches et les autres justes ressusciteront, Lévi, vm ; xviii ; Juda, xv ; Zab., x ; Benj., x. Les impies se lèveront également de leurs tombeaux, mais uniquement pour leur honte ; leur sort est le feu éternel, Zab., x ; Benj., x.

La rédemption d’Israël et des autres hommes se fera par la destruction des mauvais anges et de leur chef Béliar, qui ont si longtemps séduit et tourmenté les hommes, Sim., vi ; Juda, xxii ; Zab., ix ; Lév., v ; Dan, v.

Enfin il y est question du Messie. Tandis que l’auteur des Jubilés, pour ne pas froisser les Asmonéens lévitiques, n’osait pas relever la plus grande prérogative de la tribu de Juda, savoir de fournir un jour le Sauveur par excellence, l’auteur des Testaments l’a mentionné à deux endroits. Le premier se trouve dans Juda, xxiv, 4-6. Le P. Lagrange, avec lequel nous regardons les f 1-3 qui précèdent comme interpolés, le traduit ainsi : « Alors montera de moi (= Juda) un germe et il restaurera le sceptre de mon règne, et de notre racine s’élèvera une tige, et il en montera une verge de justice pour les nations, pour juger et sauver tous ceux qui invoquent le Seigneur. » Le second est dans Joseph, xix, 6 : le Messie y est symbolisé par une corne qui pousse au taureau de Juda.

D’après Charles, p. xcviii, les Testaments contiendraient, à côté de l’annonce d’un Messie issu de Juda, la prophétie d’un Messie sortant de Lévi. Il lui applique surtout le psaume de Lévi, xviii, et en combinant plusieurs autres passages il trace de lui un portrait très exact. Mais le P. Lagrange a montré que, dès qu’on fait abstraction des phrases qui sont des interpolations chrétiennes et qu’on laisse aux autres leur sens naturel, « il ne reste plus de Messie lévitique, mais seulement l’affirmation du grand rôle joué par Lévi dans la personne des Asmonéens, par Lévi regardé avec Juda, et avant lui, comme l’instrument du salni national et religieux, et, tout au plus, mais cela esl fort douteux, l’esquisse d’un grand prêtre extraordinaire, revêtu de couleurs messianniques. » p. 70. 1° Le troisième livre sibyllin.

Cet écrit suit de

près ceux qui viennent d’être analysés. Aussi longi emps qu’on l’ai i ribuait à un seul auteur, on le croyait composé vers 140 avant J.-C. Mais, depuis Geffcken, Komposltion und Entstehungszeit der Oracula sibijllina, 1902, on y distingue de plus en plus différentes couches païennes et chrétiennes ; cependant, tout en

plaçant la rédaction définitive du livre au prenier siècle avant ou après J.-C, on continue à attribuer les oracles juifs, qui entrent seuls ici en ligne de compte, au milieu du iie siècle avant J.-C. ou on en fait remonter à cette époque les éléments primitifs ; voir Frey, col. 425 ; Bousset, Die Religion des Judentums, p. 19 sq. Le IIIe livre sibyllin est la première œuvre du judaïsme hellénique où se rencontrent des idées messianiques. Les écrits canoniques qui appartiennent au même milieu, la Sagesse et le IIe livre des Machabées, ne contiennent que l’eschatologie transcendante, mais ne mentionnent pas l’eschatologie messianique qui est ici largement représentée. Conformément à leur but, qui était de propager les conceptions juives dans les milieux païens, les oracles sibyllins font un véritable étalage des idées messianiques, si particulières au judaïsme.

Dans le prologue qui est conservé dans Théophile d’Antioche, Ad Autolycum, ii, 36, et qui indique le programme de tous les oracles sibyllins : la lutte pour le seul Dieu contre les idoles, il y a l’annonce générale que les païens idolâtres seront exposés « à la lueur d’un feu brûlant », 81, et qu’ils « seront brûlés par des flambeaux tous les jours », 82, qu’au contraire « ceux qui ont vénéré le Dieu vrai et éternel hériteront la vie, et habiteront en toute éternité le jardin verdoyant du paradis et mangeront le pain délicieux du ciel étoile », 84-86.

Les vers 97-294 sont un aperçu de l’histoire du monde à partir de la construction de la tour de Babylone jusqu’à l’établissement du royaume messianique qui aura lieu après le septième roi hellénique de l’Egypte (= Ptolémée VI, 145-117) et qui consistera en ce que le peuple de Dieu obtiendra l’empire du monde, et deviendra pour tous les mortels un guide à travers la vie.

Plus loin, 367-380, au milieu de menaces lancées contre de nombreux pays et villes, se trouve une promesse du bonheur messianique, adressée à l’Asie et à l’Europe ; les habitants de ces deux continents se réjouiront d’une longue vie et de tous les biens terres-. très ; aucun péché ne sera plus commis ; la paix et la justice régneront partout.

La description la plus importante et la plus détaillée des temps messianiques est contenue dans la troisième partie du livre, 489-808. Ici on voit clairement que la soumission de la Grèce par les Romains (148 av. J.-C.) a occasionné la composition des morceaux antiques de ce livre. L’auteur y voit le jugement de Dieu et en met la description sous forme de prophétie dans la bouche de la Sibylle : Des maux affreux de toutes sortes fondront sur l’humanité et particulièrement sur la Grèce en punition de son idolâtrie et de ses autres crimes : 538-544, 601-623, 632-651. Au milieu de ces calamités, Dieu enverra « du soleil », c’est-à-dire de l’Orient, un roi qui, par les conseils de Dieu, fera cesser la guerre sur toute la terre, « en tuant les uns et en concluant des alliances avec les autres », 652-656. Le temple de Dieu brillera d’opulence et de richesse en or, en argent, en pourpre et la terre sera d’une fertilité prodigieuse. Mais, après un certain temps, des rois païens à la tête de leurs peuples entreprendront encore une fois une campagne contre le temple et la Terre sainte. Pendant qu’en face du temple, ils immoleront des sacrifices idolâtriques, Dieu fera entendre sa voix et les tuera tous. La terre tremblera et les montagnes s’écrouleront, 057-667. Alors les Israélites vivront définitivement en paix : car le Créateur lui-même les protégera, 702-709. Voyant leur bonheur, les autres nations les imiteront en acceptant la vraie religion et en observant la Loi, 710-726. Le royaume éternel de Dieu sera établi sur la terre et aura comme centre Sion, où Dieu habitera. De tous les coins du monde

on apportera des trésors au temple. Les Juifs seront les juges et les rois des hommes ; la paix régnera aussi parmi les animaux, 727-796.

Le livre se termine par l’énumération des signes qui, annonceront la fin de toutes choses, tels que l’apparition de glaives dans le ciel étoile, l’obscurcissement du soleil et de la lune, des combats dans les nuées, des gouttes de sang sur les rochers, 796-807.

Les Psaumes de Salomon.

Les psaumes apocryphes

nommés psaumes de Salomon nous amènent vers le milieu du I er siècle avant Jésus-Christ, à l’époque où d’un côté la décadence des derniers représentants de la dynastie asmonéenne, de l’autre la prise de Jérusalem par Pompée, 63 av. J.-C, remplirent les cœurs des Hiérosolymitains pieux, des pharisiens surtout, de la plus poignante amertume. Leur unique consolation était de se confier à Dieu qui rétablirait complètement Israël en envoyant le Messie. Ils exprimèrent leurs angoisses et leurs espérances dans des psaumes dont dix-huit sont conservés ; le xvii » est le plus important pour le messianisme : Dieu restera toujours et malgré tout le roi suprême d’Israël, xvii, 1, 3-4, 6. Mais au-dessous de lui, comme autrefois, il y aura de nouveau un roi terrestre, issu de la souche de David, xvii, 5. Dans une ardente prière sa venue est implorée : « Fais-leur (aux Israélites) surgir leur roi, le fils de David, au moment que tu as choisi…, ceins-le de force pour qu’il écrase les chefs injustes et purifie Jérusalem des païens qui la foulent misérablement », xvii, 21-23. Il apparaîtra « puissant par ses actes et fort en la crainte de Dieu », xvii, 7-40 ; il sera exempt de tout péché, xvii, 36, instruit par Dieu, sage et juste, xvii, 32. Il ne mettra pas sa confiance en des chevaux et des cavaliers, et pour renverser ses ennemis il n’aura pas besoin de guerroyer, xvii, 33. Par la simple parole de sa bouche il frappera toute la terre et anéantira les païens impies, xvii, 35 ; son sceptre de fer brisera l’orgueil des pécheurs, xvii, 23-24. Il réunira les Israélites en leur pays et les y distribuera selon leurs tribus ; tous seront saints ; aucune injustice ne sera plus commise par eux ; aucun païen ne souillera plus le sol palestinien, xvii, 26-29. Des nations païennes serviront Israël, xvii, 30, des peuples venus des extrémités de la terre viendront pour le voir dans son bonheur, et porteront comme cadeau les fils d’Abraham qui sont épuisés par l’exil, xvii, 31.

Tandis que toutes ces idées du ps. xvii sont homogènes et rentrent dans le cadre du messianisme ancien, celles des autres psaumes sont disparates entre elles et différentes du psaume xvii. Abstraction faite de quelque versets du ps. xvin qui sont une imitation du ps. xvii, l’idée d’un Messie personnel ne s’y trouve pas. Il y est tout simplement question de l’aide du salut, de la gloire que Jahvé apportera le jour où il aura pitié de la maison de Jacob, ii, 31 ; vii, 10 ; x, 8 ; xii, 6 ; de la réunion des dispersés, viii, 28 ; xi. D’autre part l’eschatologie transcendante y est mêlée au messianisme terrestre : « Ceux qui craignent le Seigneur ressusciteront pour la vie éternelle et leur vie sera dans la lumière qui ne s’éteindra jamais », m. 12. La date de la résurrection n’est pas indiquée ; les expressions « quand il visitera les justes », iii, 11, « au jour de la grâce pour les justes », xiv, 9, font supposer que le retour des défunts à la vie coïncidera avec l’établissement du règne messianique. Les ressuscites se joindront aux justes vivants. Ensemble ils « auront la vie éternelle et formeront le paradis du Seigneur », xiv, 3. Les impies ne ressusciteront pas. Immédiatement après leur mort ils sont livrés aux peines de l’enfer dont ils ne seront jamais délivrés, iii, 11 ; xiv, 9 ; xv, 10 ; xvi, 2. A eux seront associés les méchants qui vivront encore quand arrivera la fin de l’ordre actuel. Par le

jugement de Jahvé ils seront séparés des justes et punis pour toujours, ii, 32-34.

6° Le troisième livre sibyllin (vers 36-92). — Tout en faisant partie du IIIe livre sibyllin, ces vers sont beaucoup plus récents que les morceaux primitifs de ce livre. Ils sont placés par la plupart des auteurs entre 40 et 30 av. J.-C ; voir Frey, col. 426 ; Schiirer, t. iii, p. 440 sq. Ils contiennent un important oracle messianique : « Quand Rome dominera aussi l’Egypte, le plus grand royaume du roi immortel (= Dieu) apparaîtra. Le prince saint (= le Messie) viendra pour tenir le sceptre sur toute la terre en toute éternité », 40-50. Alors trois hommes (allusion aux triumvirs Antoine, Lépide, Octave) perdront Rome. En même temps la colère impitoyable de Dieu se répandra sur les hommes qui périront par le feu, sur l’univers qui s’écroulera, 51-62. Plus tard viendra de Sébaste (= Samarie) Béliar. Il fera surgir de hautes montagnes, arrêtera les mouvements de la mer, du soleil et de la lune, ressuscitera les morts. Il trompera beaucoup d’hommes juifs et païens ; mais finalement il sera brûlé « par une puissance de feu » qui viendra sur un flot, 63-73. Cette prophétie sur Béliar est regardée par Geffcken et Volz comme chrétienne, tandis que Bousset, Schiirer et Frey en maintiennent le caractère juif. Si les premiers ont raison, Béliar est l’Antéchrist ; dans l’autre cas il est Satan.

Les vers 75-92 contiennent une nouvelle annonce de la fin du monde qui arrivera quand une femme (allusion probable à Cléopâtre) sera « la reine de toute la terre. »

L’Assomption de Moïse.

Quelques années après

la mort d’Hérode le Grand, l’espérance messianique reçut une expression énergique et neuve dans l’apocalypse intitulée Assomption de Moïse.

Avant de mourir, le fondateur de la religion juive lègue ses pouvoirs à Josué, et surtout il lui révèle les destins futurs du peuple élu jusqu’à l’époque des fils d’Hérode (date de composition du livre). Pour l’époque qui suivra leur règne, il est censé annoncer que « les temps prendront fin », vii, 1. Il y aura une terrible oppression des Israélites par des hommes cruels et impies, vii, 7, surtout par un roi diabolique, viii, 1. A la suite de cette tribulation Israël fera pénitence, ix, 6-7 ; i, 18, de sorte que Dieu interviendra pour sauver et glorifier son peuple. L’apparition de Dieu est décrite d’une façon impressionnante. Dès que le règne du Très-Haut aura commencé, le diable disparaîtra et avec lui toute tristesse, x, 1. Par contre « l’ange qui se trouve à la place la plus élevée » viendra venger Israël de ses ennemis, x, 2. Cet ange jouera donc le même rôle que l’archange Michel dans Daniel. Alors :

3. Le céleste se lèvera du trône de son règne, et sortira de sa demeure sainte,

avec indignation et colère en faveur de ses fils.

4. Et la terre tremblera et sera ébranlée jusqu’à ses

[extrémités,

et les hautes montagnes seront abaissées et secouées, et tomberont (dans) les vallées. [ténèbres,

5. Le soleil ne donnera plus de lumière et se changera en les cornes de la lune seront brisées et elle se changera et le concert des étoiles sera troublé, [toute en sang,

6. Et la mer descendra jusqu’à l’abîme, et les sources d’eau manqueront,

et les fleuves seront dans l’effroi.

7. Car il se lève le Dieu suprême, seul éternel, et il se manifestera pour punir les nations,

et il détruira toutes leurs idoles.

8. Alors tu seras heureux, Israël,

et tu monteras sur la nuque et sur les ailes des aigles, et elles seront en liées (pour voler).

9. Et Dieu te haussera

et te fixera au ciel des étoiles,

lieu où elles résident, et tu regarderas d’en haut,

10. Et tu verras tes ennemis sur la terre, et tu les reconnaîtras et tu te réjouiras, et tu rendras grâces et hommage à ton Créateur.

Traduction du P. Lagrange. (

Nulle part sans doute dans la littérature apocryphe ne se lisent des phrases aussi belles sur l’avenir d’Israël. Mais d’autre part quel esprit étroit et national les inspire ! Les Israélites seuls seront heureux et eux tous. Les païens ne participeront pas au salut ni les défunts d’Israël. Le salut se réalisera sans le Messie, uniquement par l’intervention de Jahvé et de son ange. La translation d’Israël au ciel des étoiles doit plutôt s’entendre dans un sens hyperbolique, car tout le messianisme du livre est bien terrestre.

8° Le livre slave d’Hénoch ou le livre des secrets d’Hénoch. — A côté du livre principal d’Hénoch, un autre est attribué au même patriarche, qui appartient sensiblement à la même époque que l’Assomption de Moïse. Le plus récent des deux livres d’Hénoch, bien qu’il ait le même titre que le premier et qu’il soit, lui aussi, une apocalypse, en diffère beaucoup et en est tout à fait indépendant. La relation entre les deux n’est que celle « de deux branches qui se rattachent à un même tronc », Frey. La différence est surtout remarquable par rapport à l’eschatologie. L’Hénoch slave enseigne une eschatologie uniquement transcendante, sans le moindre trait messianique et national. Il n’est question ni de Juifs ni de païens, mais seulement de justes et de pécheurs. La vie dans le monde terrestre est pour les justes une peine, lxvi, 6 ; mais un jour ce monde prendra fin avec toutes ses créatures, xlvii, 2 ; lxv, 6 ; lxv, 10. Tout ce qui est périssable disparaîtra : ciel et terre seront transformés et achevés, xviii, 7. Alors le monde à venir commencera pour durer éternellement, l, 2 ; lxvi, 6 ; lxv, 10 ; il sera inauguré par le grand jugement, xxxix, 1 ; xliv, 35 ; l, 40. Ce jugement portera sur les justes et les impies, xlvi, 3.

Le quatrième livre d’Esdras.

 L’Hénoch slave

fut composé avant la destruction de Jérusalem ; dans les temps qui suivirent la catastrophe, l’apocalyptique juive s’enflamma encore une fois pour luire d’une beauté unique, dans le IV 8 livre d’Esdras et l’apocalypse de Baruch. Les auteurs de ces deux livres fixent leur attention sur l’avenir d’Israël et du monde, de sorte qu’ici encore les idées messianiques jouent un rôle prépondérant.

Dans le IVe livre d’Esdras se rencontre dès les premières lignes le pessimisme le plus noir qui saisissait les Juifs par suite de la catastrophe de 70. En face de la toute-puissance et de la sagesse de Dieu, deux faits sont pour l’auteur incompréhensibles : la méchanceté et la misère de l’humanité en général et en particulier l’état lamentable d’Israël. La situation du peuple élu et du genre humain tout entier lui paraît désespérée. Le bien n’est pas possible dans le monde actuel. Dès le commencement celui-ci a été triste, iv, 27, il devient de plus en plus mauvais, xiv, 15 sq. Il faut donc qu’il disparaisse. Il n’est compréhensible que comme préambule d’un monde nouveau. Autant l’aspect du monde présent mène au désespoir, autant la perspective du monde futur est encourageante, et consolante. A la pensée de l’avenir le pessimisme fait place dans le cœur de l’auteur à l’optimisme le plus joyeux. Avec impatience il attend la réalisation de son rêve, iv, 33. Tout en disant que le moment en est fixé dans le plan de Dieu, iv, 37, et qu’il arrivera quand le nombre des justes sera complet, iv, 34, il prétend que le monde actuel marche avec vitesse vers la fin, iv, 20. Le monde nouveau, qui doit alors surgir, est imaginé par lui de la façon suivante.

D’abord il y aura un état nouveau sous la forme messianique, c’est-à-dire tel que les prophètes sans

exception l’avaient toujours annoncé. Il sera précédé d’une époque particulièrement douloureuse et dure qui s’annoncera par les phénomènes les plus curieux au ciel et sur la terre, v, 1-13 ; vi, 18-24 ; ix, 1-12. Après elle se réalisera le salut messianique apporte par le Messie lui-même. La manière dont celui-ci est décrit n’est pas uniforme ! A plusieurs reprises, xiii, 3, 5, 12, 25, 32, 51, il est présenté comme « un homme », à d’autres endroits, xiii, 37, 52, xiv, 9, comme fils de Dieu. Le passagexii, 32, d’après lequel, au moins dans la leçon des versions orientales, il est un descendant de David, a dû être interpolé, de sorte que son apparition dans le monde n’est pas conçue comme naissance. Au contraire, le Messie se montrera tout à coup sur la montagne de Sion pour détruire l’empire romain. Il viendra porté sur les nuées de la mer. Sa seule arme sera sa voix. Dès que les peuples l’entendront, ils oublieront leurs guerres mutuelles pour se dresser contre lui. Mais il les confondra du haut de Sion en leur reprochant leurs crimes. En même temps la restauration de Jérusalem et de Sion aura lieu, x ; vi, 7 sq. Une nouvelle Jérusalem toute différente de l’ancienne apparaîtra soudainement, vii, 26, et avec elle un pays tout nouveau qui sera une sorte de Paradis, vii, 26. On y trouvera non seulement les descendants des royaumes de Juda, mais aussi ceux des dix tribus qui retourneront du pays lointain et inconnu où ils séjournent à présent, xiii, 39-47. Le Messie protégera son peuple et le comblera de miracles pendant quatre cents ans, après quoi il mourra et tous les hommes mourront, vu, 27-28 ; xii, 34 ; xiii, 48-50.

Tel sera le règne messianique qui doit clôturer l’histoire. Il n’est donc pas conçu comme durant éternellement, ainsi que les prophètes et les autres auteurs apocalyptiques l’avaient tant de fois prédit. L’auteur fait disparaître le Messie et son royaume parce qu’il professe en même temps une eschatologie transcendante. Afin de réunir les deux, il dégrade le temps messianique pour le réduire à une époque intermé-. diaire entre l’histoire et le vrai monde à venir.

Ce monde meilleur et définitif apparaîtra après sept jours de silence et de repos absolu qui régneront sur la terre par suite de la mort générale. Alors tous les hommes ressusciteront, et Dieu montera sur le trône du jugement pour juger les mortels d’après leurs œuvres. Il n’y aura plus alors de différence entre Juifs et païens, mais seulement entre justes et impies. Les justes sauvés seront très peu nombreux ; ils seront éternellement heureux au paradis, en face duquel sera l’enfer pour recevoir les innombrables damnés, vii, 33-38. Ce jugement dernier ne sera que la confirmation de la sentence qui a déjà été portée et exécutée pour chaque homme immédiatement après sa mort.

Dans l’apocalypse d’Esdras deux courants d’idées se sont donc rejoints. En même temps que de l’avenir d’Israël, l’auteur est préoccupé du sort de toute l’humanité, et il a réussi à sa façon à mettre en harmonie les deux cycles d’espérances qu’il trouvait dans les vieilles traditions. On sent qu’il n’invente pas, mais qu’il se tient à l’héritage traditionnel, et cherche à amalgamer des éléments presque contradictoires.

10° L’apocalypse syriaque de Baruch. — L’apocalypse de Baruch est une imitation de celle d’Esdras, et contient en substance les mêmes idées eschatologiqucs. Il n’y a que quelques points secondaires qui y sont développés avec une plus grande fantaisie au détriment du caractère esthétique de l’ensemble. Ses particularités sont les suivantes.

L’histoire du monde, d’Adam jusqu’au temps de l’auteur, est divisée en douze époques symbolisées par douze pluies qui déversent alternativement sur la terre de l’eau sale et de l’eau pure. La dernière pluie qui représente le temps actuel est particulièrement

noire, liii-lxxiv. Les fléaux dont le monde actuel sera accablé avant d’arriver à son terme, sont également divisés en douze groupes ou étapes, xxv-xxix. Dieu en préservera la terre sainte, xxix, 2, et le Messie, apparaissant comme la foudre qui sort d’un nuage, rétablira Israël, lui, 8-11. Il fera surtout succomber le dernier prince du dernier royaume hostile à Dieu en qui s’incarne toute la méchanceté du monde. Celuici sera lié et transporté à Sion, où « le Messie le convaincra d’impiété et le tuera », xxix, 7-xl, 2.

Le Messie réunira tous les peuples pour accorder la vie à ceux qui se soumettent à Israël et pour exterminer ceux qui ont opprimé son peuple, lxxii, 2-6. Alors il se mettra sur le trône de son royaume pour régner jusqu’à la fin du monde actuel, xl, 3 ; lxxiii, 1. Il n’y a pas comme dans IV Esdr. d’indication sur la durée du temps messianique.

Le bonheur matériel qui se réalisera sous le règne du Messie est décrit avec une grande ampleur. La fertilité de la terre sera prodigieuse. Outre des mets ordinaires on se nourrira de la manne et de la chair de Béhémoth et deLéviathan, lxxiii-lxxiv ; xxix, 3-8. Lors de la résurrection tous les hommes auront d’abord l’aspect qu’ils avaient pendant leur vie terrestre, !., 2-4 ; mais après le jugement les damnés seront transformés en fantômes et livrés à leurs peines. Les justes par contre seront semblables aux anges et resplendiront comme des étoiles, xxx ; l-li.

Si l’apocalypse d’Esdras n’est pas toujours homogène, celle de Baruch l’est moins encore. Il y a en elle de vraies contradictions : tantôt il y est question d’un seul monde, iv, 1 ; xiv, 19, tantôt de deux ; certains textes parlent de résurrection, d’autres l’ignorent, xi, 4-6 ; xvi, 5 sq. ; voir pour le détail Volz, p. 35 sq. Souvent les perspectives messianiques et purement eschatologiques y sont mélangées, d’où mainte obscurité.

Ajouter aux ouvrages cités à l’art. Judaïsme, littérature apocalyptique, idées messianiques et eschatologiques : E. de Faye, Les apocalypses juives, 1892 ; J.-B. Frey, Apocryphes de l’Ancien Testament, dans Dictionnaire de la Bible, Supplément publié par L. Pirot, fasc. 1-2, 1926, col. 354-460. — Fr. Martin, Lc, livre d’Hénoch, 1906 ; F. Mari, Le idée escatologiche del Libro di Enoch, dans Rivista storico-crilica délie scienze leologiche, 1909, p. 1 sq. ; L. Gry, Les paraboles d’Hénoch et leur messianisme, 1910 ; F. Perles, Zur Erklàrung des Bûches Henoch dans Orientalistische Lileraturzeitung, 1913, p. 481 sq. ; G. Kuhn, Beitràge zur Erklàrung des Bûches Henoch, dans Zeitschr. fur die A. T. Wissenschaft, 1921, p. 240 sq. ; N. Messel, Der Menschensohn in den Bilderreden des Henoch, 1922 ; Pedersen, Zur Erklàrung der eschalologischen Visionen Henochs dans Islamica, 1926, p. 416 sq. — Bohn, Die Bedeutung des Bûches der Jubilæn, dans Theologische Studien und Kritiken, 1900, p. 167 sq. ; Fr. Martin, Le livre des jubilés, dans Revue biblique, 1900, p. 321 sq. ; 502 sq. — Schnapp, Die Testamente der Zwolf Palriarchen untersucht, 1884 ; F. Perles, Zur Erklàrung der Test, der Zwôlf Palriarchen dans Beihefte zur orienlalistischen Lileraturzeitung, 1908, p. 135 sq. ; Plummer, The relation of the Testaments oj the Twelve Palriarchs to the books of the New Testament, dans Exposilor, 1908, p. 481 sq., réplique de Charles, ibidem, 1909, p. 1Il sq. — Girbal, Essai sur les Psaumes de Salomon, 1887 ; Jacquier, Les Psaumes de Salomon dans L’Université catholique, 1893, p. 94 sq. ; L. Gry, Le Messie des Psaumes de Salomon, dans le Muséon, 1906, p. 231 sq. ; R. Harris et A. Mingana, The Odes and Psalms of Salomon, 2 vol., 1916-20. — G. Hôlscher, Ueber die Entstehungszeit der Himmelfahrt Moses, dans Zeitschrift fur die N. T. Wissenschaft, 1916, p. 108 sq., 149 sq. ; Clemen, Die Entstehungszeit der Himmelfahrt des Moses, dans Hunderl Jahre A. Marcus und E. Webers Verlag, 1919, p. 72 sq. — Clemen, Die Zusammenselzung des Bûches Henoch, der Apocalypse des Baruch und des vierten Bûches Esra, dans Theol. Studien und Kritiken, 1898, p. 227 sq. ; Br. Violet, Die Apocalypse des Esra und des Baruch, 2 vol. 1923. — J. K. Fotheringham, The date and place of Writing oj the Slavonic Enoch, dans

Journ. of theol. Stud., 1918-1919, p. 252 sq. ; Bonwetsch, Die Bûcher der Geheimnisse Henochs, das sogenannte slavische Henochbuch, 1922.