Dictionnaire de théologie catholique/MESSE VIII. La messe dans la liturgie 8. La liturgie gallicane

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 10.2 : MESSE - MYSTIQUEp. 38-43).

VIII. La messe gallicane. —

La description de la messe gallicane a été donnée jusqu’aujourd’hui par presque tous les auteurs, en prenant pour base les Lettres dites de saint Germain qui étaient considérées comme authentiques et donc de la seconde moitié du vi 8 siècle. Saint Germain fut en effet évêque de Paris de 555 à 576.

Elles furent découvertes par Martène et Durand à Autun et données dans leur Thésaurus novus anecdotorum, au t. v, et rééditées dans P. L., t. lxxii, col. 83-98. Elles ont eu jusqu’ici, comme nous l’avons dit, une étrange fortune et Lebrun, Rivet, Duchesne, Probst, Lejay, Netzer, Thalhofer-Eisenhofer, Batiffol s’en sont servis dans leurs ouvrages pour décrire la messe gallicane. A l’instigation d’Edmond Bishop, dom Wilmart a repris l’examen du procès, et il arrive à ces conclusions qui nous paraissent solidement établies, à savoir que ces lettres ne sont pas de saint Germain, qu’elles ne sont pas en réalité des lettres, et n’appartiennent pas davantage au vi° siècle ; c’est plutôt un petit traité anonyme de la fin du vu » siècle ; la liturgie qui y est décrite est celle d’une église de la Bourgogne, peut-être Autun. L’auteur s’inspire de la liturgie wisigothique et notamment de saint Isidore, et aussi de la liturgie byzantine à laquelle il fait des emprunts. Dom Wilmart les définit en dernière analyse « comme une glose édifiante autour des décisions d’un synode franc, par ailleurs inconnu, qui dut se réunir au déclin du viie siècle, ou même un peu plus tard pour statuer sur des rites censés traditionnels. » Les renseignements fournis par ce texte gardent une certaine valeur, mais le point de vue général est complètement changé, et les diverses conclusions que l’on avait tirées de ce document sur les origines de la liturgie gallicane, ses affinités avec la liturgie byzantine et autres questions de même genre doivent être abandonnées ou modifiées. C’est de Grégoire de Tours, des auteurs et des conciles du vie siècle, que l’on devra désormais s’inspirer, comme l’avait tenté déjà Mabillon qui ne connaissait pas encore l’existence des prétendues lettres de saint Germain, pour décrire la messe gallicane. C’est aussi ce que nous ferons dans l’exposé suivant, en nous inspirant le plus souvent des savantes remarques de dom Wilmart.

L'étude de dom Wilmart a paru dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. vi, Ie part., Germain de Paris (Lettres attribuées à saint), col. 1049 à 1102. Divers travaux sur ces lettres avaient été publiés avant cet article, notamment par Martène, le premier éditeur, par Ed. Bishop, Observations on the liturgy of Narsai, p. 89 ; dans R. H. Connolly, The liturgical homilies o/ Narsai, Cambridge, 1909, et Liturgica historica, Oxford, 1918, p. 131, n. 1 ; par Mgr Batiffol, Éludes de liturgie et d’archéologie chrétienne, Paris, 1919, etc. Cf. Wilmart, loc. cit., col. 1049-1102.

La messe des catéchumènes.


L’avant-messe gallicane ou messe des catéchumènes a déjà pris de grands développements : chants d’antiennes, de psaumes, de cantiques, lectures et litanies.

Elle débute par une antienne et un psaume, pendant que le prêtre vient de la sacristie à l’autel. Ce chant exécuté par les clercs existe aussi dans la messe mozarabe, et répond à l’introït romain et à ï'ingressa du rit milanais. Grégoire de Tours, quoi qu’on en ait dit, ne fait pas allusion à cette antienne d’introduction.

Le diacre enjoint le silence, probablement par ces mots : Silentium facile. L'évêque salue l’assistance par la formule : Dominus sit semper vobiscum. A Rome et à Milan le salut est Dominus vobiscum. Mais au mozarabe on trouve aussi le Dominus sit semper vobiscum.

Les lettres du Pseudo-Germain annoncent ici le chant solennel de l’aios en latin et en grec. Quel était ce chant ? Ce n’est pas le sanctus, comme on l’a cru à tort, et qui est parfois appelé, à tort aussi, le trisagion. Ce dernier titre doit être réservé à un chant d’origine byzantine dont l’histoire est connue. Il y fut introduit sous Théodose II (408-450), mais peut-être est-il plus ancien. Il est conçu en ces termes : "Aytoç ô 8s6ç, "Ayioç ïa^upoç, "Ayioç àOdcva-roç èXéïjoov r)[xSç. Pierre le Foulon († 477) y ajouta les mots ô aTauptoŒlç oY r)fi.ôcç, et l’on se battit sur cette formule qui avait pour son auteur un sens monophysite et qui fut adoptée par les Syriens jacobites ; nous avons dans la liturgie romaine le Trisagion sous sa double forme primitive grecque et latine au vendredi saint et, bien entendu, sans l’addition du Foulon. Il se présente sous une autre forme encore dans la liturgie mozarabe, mais nous n’avons pas à l'étudier pour le moment (cf. dom Férotin, Liber ordinum, col. 737, 760 et 809).

Le Kyrie eleison est chanté ensuite par trois enfants, et une seule fois. Nous avons parlé ailleurs des recherches qui ont été faites récemment sur le Kyrie eleison et sur son usage ; nous nous contentons de renvoyer à cet article Kyrie eleison dans Diction, d’urehéol.

Le chant de la prophétie dont il est question ensuite est le chant du Bcnedictus. Ce point est désormais acquis, et la eolleclio posl propheliam dans les livres gallicans est l’oraison qui suit. Sur la portée de ce cantique à la messe, nous pouvons renvoyer aussi à notre article Cantiques (évangéliques), du Diction, d’archéol.

Ici s’insère une première lecture. Selon le Pseudo-Germain elle est tirée des prophètes ou des livres historiques, de l’Apocalypse pendant le temps pascal ; aux fêtes des saints, on lit leurs actes, gesta sancto-’rum conjessorum ac marlyrum in solempnitatibus eorum. L’usage d’une leçon prophétique a disparu presque complètement dans la messe romaine dès le ve siècle ; il a été maintenu plus longtemps à Milan, et les livres gallicans confirment le témoignage, sur ce point, du Pseudo-Germain. Le rit mozarabe a aussi conservé l’antique usage de cette lecture.

On aura remarqué aussi l’importance de la lecture à la messe des vies des saints, point confirmé aussi par Grégoire de Tours et par les livres gallicans. Même usage en Espagne et à Milan.

La seconde lecture de la messe est tirée des Actes des apôtres et des épîtres. Après ces deux leçons, chant du cantique des trois enfants dans la fournaise, Benedictus es, appelé aussi Benedictio. Le fait est aussi confirmé par les mêmes témoignages. L’importance attachée à ce rite est démontrée par ce fait que le Concile de Tolède de 633 présidé par saint Isidore, établit que « dans toutes les églises d’Espagne et de Gaule, en la solennité de toutes les messes, ladite hymne sera chantée dans la chaire du lecteur ». Seulement dans la liturgie mozarabe l’hymne s’insérait entre la première et la seconde lecture. Le chant du Benedictus es au samedi des quatre-temps dans l’Église romaine est une vieille tradition qui rappelle cet usage. Dans le Missel de Bobbio il est fait mention d’une collecte post benedictionem, mais il semble que ce soit ici une dérogation à l’usage attesté par plusieurs témoins d’un répons chanté, qui doit être identifié avec le psallendum, le versus ou clamor, ou psalmellus ; à Rome on avait, après les lectures, le répons et l’alleluia, remplacé parfois par le Tractus. Le concile de Tolède que nous avons cité interdit l’usage qui s’était introduit dans quelques églises d’Espagne de chanter des laudes entre l’épître et l’évangile. Sous ce nom il faudrait entendre avec saint Isidore, l’alleluia. Dom Wilmart, op. cit., col. 1072.

Le Pseudo-Germain note ici la reprise du chant de l’agios ou Trisagion. C’est une innovation dont on ne trouve pas d’autre exemple à cet endroit de la messe, dans aucune liturgie ; le but de ce chant à cette place était de donner une plus grande solennité à la lecture de l’évangile qui va suivre. C’est ce que souligne l’auteur de notre document en ces termes qui sont à remarquer. Egreditur processio sancti evangelii velut potentia Christi triumphanlis de morte, cum prædictis armoniis et cum septem candclabris luminis… ascendens in tribunal analogii… clamantibus clericis : Gloria tibi, Domine. Le tribunal analogii désigne un ambon ou tribune élevée et décorée, d’où aussi l’évêque prêchera, et sur laquelle il paraît comme un juge sur son tribunal. L’acclamation Gloria tibi, Domine, ou le Gloria Deo omnipotenti, dont parle Grégoire de Tours, répond à l’annoncé du diacre Leclio sancti evangelii.

L’évangile est d’ordinaire suivi d’un chant. Le Pseudo -Germain nous dit qu’on reprend ou que l’on continue le Trisagion entonné avant l’évangile. A

Milan, l’évangile était suivi du Dominus vobiscum et d’un triple Kyrie avec une antienne ; en Espagne on chantait une antienne avec alléluia. A Rome, le pape saluait le diacre du Pax tibi, puis disait le Dominus vobiscum et ï’Oremus. L’homélie d’ordinaire suivait l’évangile.

Ici se placent les prières litaniques que l’on peut rattacher à I’avant-messe, au moins dans l’usage des Gaules, puisque on ne renvoyait les catéchumènes qu’après ces prières.

Le Pseudo-Germain décrit ainsi cette prière : precem [psallunt levita ?] pro populo, audita [apostoli] preedicatione, levitæ pro populo deprec(a)ntur et sacerdotes prostrati unie dominum pro peccatis populi interced (u)nt.

Il n’est pas douteux qu’il ne faille reconnaître ici la litanie diaconale dont il a déjà été question dans les pages précédentes, et qu’on ne doit pas confondre, comme l’a fait Duchesne et d’autres après lui, avec la prière des fidèles. Dom Wilmart après Edmond Bishop a insisté sur ce point. Cf. Ed. Bishop, Observations on the lilurgy of Narsai, p. 117-121 ; Journal of theological Studies, 1910-1911, t.xii, p. 406-413 ; et Lilurgica liislorica, p. 122, 124 ; Connolly, Journal of theological Studies, 19191920, t. xxi, p. 219-232 ; dom Wilmart, art. cité, col. 1075. Duchesne, dans sa 5e édit. des Origines du culte chrétien, p. 211, n. 2, discute l’attribution à Gélase du Dicamus omnes. La prière diaconale et la prière des fidèles présentent des analogies et appartiennent, croyons-nous, au genre des prières litaniques, mais elles se distinguent cependant par certains caractères qu’il faut énoncer ici, parce que la question a son importance.

La prière des fidèles est une prière récitée après le départ des catéchumènes par les seuls fidèles et qui fait donc partie de la messe des fidèles. Cette prière s’appelle indifféremment la prière de l’Église, la prière commune, la prière des fidèles. En Occident, notamment à Rome, elle est récitée de la façon suivante ; le pontife invite les fidèles à la prière ; le diacre intime l’ordre de fléchir les genoux ; l’évêque prononce la prière, les fidèles répondent par Y Amen. Bishop remarque finement à ce propos que cette prière porte le cachet de l’Église romaine, où l’autorité ecclésiastique maintient toujours ses droits ; la part des fidèles y est réduite au minimum, tandis qu’en Orient l’initiative du peuple chrétien est bien plus large. De telle sorte que la prière des fidèles à Rome serait plus justement nommée la prière pour les fidèles. Nous avons un type bien conservé de cette prière dans les Oraliones sollemnes du vendredi saint. Mais toute autre trace en a disparu dans la liturgie romaine. La prière des fidèles, sous une forme analogue, a existé dans les liturgies gallicanes au vie siècle, à preuve un texte d’un concile de Lyon sous Sigismond (516-523) qui fait allusion à Yoralio plebis quæ posl evangelium legitur. Concilia sévi merovingici, p. 34. Mais elle a disparu depuis, comme à Rome, et l’on ne trouve plus dans les recueils de la liturgie gallicane que des litanies diaconales imitées de celles de la liturgie byzantine.

Ces litanies ou Siaxovixâ sont récitées par le diacre, et font partie de l’avant-messe. A chaque invocation du diacre, le peuple répond Kyrie eleison, et à la fin le célébrant conclut par un oraison. Ce type de prière, créé sans doute à Antioche, fut adopté à Constantinople et de lu transporté à Rome et en Gaule au ve siècle. La supplicatio lilanim dont il est question dans la règle de saint Benoît. les preecs deprecationes letanim, le Kyrie (le la messe romaine en sont dérivés.

De cette prière diaconale dont nous avons dit ailleurs l’origine et les destinées, plusieurs exemples existent dans les livres gallicans encore, ainsi le

Divinæ pacis, et le Dicamus omnes. Elles sont données l’une et l’autre par Mgr Duchesne dans son chapitre sur la messe gallicane (5e éd., p. 210 et 211) ; aussi nous contenterons-nous d’y renvoyer. Du reste elles présentent les plus grandes analogies avec celles des Constitutions apostoliques que nous avons citées, avec la Deprecatio sancti Martini du Missel de Stowe et la Deprecatio pro universali Ecclesia que de bons juges, malgré l’opinion de Duchesne, continuent à attribuer au pape Gélase (492-496). Cf. Duchesne, op. cit., p. 221, n. 2, et dom Wilmart, art. cité, col. 1076 ; cf. aussi art. Litanies du Diction, d’archéol.

Avec la prière diaconale, la messe des catéchumènes est décidément terminée et le diacre les renvoie. La formule n’est pas donnée ici, mais on en trouve une équivalente au rituel milanais : Si quis catechumenus procédât, si quis judeeus procédât, si quis paganus procédai, si quis hæreticus procédai, cujus cura non est procédai. Saint Grégoire nous rappelle encore la formule : Si quis non communicet det locum, et le Pontifical jusqu’aujourd’hui contient à l’ordination des exorcistes cette curieuse formule : Exorcistam oporlet… dicere populo ut qui non communicat det locum. Le Pseudo-Germain rappelle à ce propos les termes énergiques de l'évangile : nolite dare sanctum canibus neque miltatis margarilas ante porcos.

Toutes ces précautions nous prouvent l’importance de l’action qui se prépare, et de nouveaux avertissements du diacre réveilleront l’attention et le respect des fidèles. La formule était silenlium facile, ou pacem habele, comme au rit milanais ; le Pseudo-Germain qui souvent commente ou interprète le rite, nous dit que l’on fait le signe le croix sur les yeux, les oreilles, la bouche ut hoc solum cor intendat, ut in se Christum suscipiat.

La messe des fidèles.

L’offrande du pain et

du vin en Gaule comme ailleurs était faite par les fidèles. Ce que nous devons remarquer ici et ce qui est propre, dans une certaine mesure, à la messe gallicane, ce sont les honneurs dont on entoure les « oblats » c’est-à-dire les éléments qui seront consacrés. Des coutumes analogues existaient dans les liturgies orientales, et l’on est tenté de retrouver ici encore l’influence byzantine. Duchesne, op. cit., p. 216, dom Wilmart, art. cité, col. 1080. On est même surpris de voir le Pseudo-Germain désigner, par prolepse, ces éléments en ces termes : Procedente ad altarium corpore Christi, præclara Christi magnolia dulci melodia psallit Ecclesia. P. L., t. lxxii, col. 93. Grégoire de Tours s’exprime en termes analogues, quand il nous dit que le muslerium dominici corporis était contenu dans des vases en forme de tours, tours en bois, parfois revêtues d’or. Glor. mart., 86 ; Hist. Franc, X, xxxi, 13, P. L., t. lxxi, col. 781, 569. Le vin à consacrer est apporté dans un calice, sanguis Christi… offertur in calice. L’eau est ajoutée au viii, comme dans tous les autres rits. Une patène recevait le pain. Il est fait allusion aussi aux voiles qui recouvrent les oblats, un premier voile, palla, de lin ou de laine, un second voile de pur fin qui supporte les oblats, corporalis palla ; enfin un tissu précieux de soie et d’or, orné de pierreries couvrira l’oblation. Quoique l’on rencontre ailleurs des rites analogues, quelquesuns de ceux que nous venons de décrire semblent propres aux Églises gallicanes. Ils nous disent en tout cas de quels soins et de quel respect sont entourés les éléments, même avant la consécration. Pour le détail et la comparaison avec les autres rits, cf. dom Wilmart, op. cit., col. 1081 sq.

Le sonum quando procedit oblatio désigne un cantique particulier, analogue au Cheroubicon des Grecs. Quand les oblats sont placés sur l’autel le chœur chante les Laudes, triple alléluia. Duchesne donne

comme équivalent de ce chant les Laudes de Noël au mozarabe : Alléluia. Redemplionem misil Dominus populo suo ; mandavit in mternum testamentum suum ; sanctum et terri bile nomen ejus, alléluia. Ces chants sonum et laudes répondent à peu près au psaume d’offertoire usité à Rome et à Milan.

Ici se place la lecture des diptyques, comme dans la plupart des liturgies, mais nous n’avons pas de renseignements particuliers sur ce rite dans les Églises gallicanes. Les noms des morts pour lesquels on offrait le sacrifice, des vivants qui offraient les oblations et d’autres personnages, étaient lus à ce moment. Ce rite a son importance au point de vue théologique, parce que l’inscription aux diptyques est un signe que l’on était en communion avec ceux dont le nom est lu. On biffait celui des hérétiques ; cette pratique donna lieu souvent à d’aigres controverses ; enfin le nom du pape était d’ordinaire à la place d’honneur. Cf. art. Diptyques dans Diction, d’archéol. Nous donnons comme type la formule suivante d’après Duchesne, Origines du culte, p. 221 : Ofjerunt Deo domino oblalionem sacerdotes nostri (il s’agit des évêques d’Espagne), papa Romensis et reliqui, pro se et pro omni clero ac plebibus Ecclesiee sibimet consignalis vel pro universa f rater ni tate… Item pro spiritibus pausantium, Hilarii, Athanasii, etc. Cette lecture est suivie, dans les rits gallican et mozarabe, d’une oraison : Collectio post nomina. Les nombreuses formules conservées dans ces livres seraient à étudier de près, car il y est fait souvent allusion aux effets du sacrifice de la messe. Voir art. Mozarabe (liturgie). L’ensemble de ce rite des diptyques a, du reste, un grand intérêt, car il est une preuve de la foi à l’intercession de l'Église, à l’efficacité du sacrifice et à l’union de tous les fidèles dans l'Église sur la terre et avec les saints du ciel.

Le baiser de paix qui suit est aussi accompagné d’une oraison, collectio ad pacem. Dans les livres gallicans et mozarabes celle-ci varie avec toutes les fêtes, comme la précédente. C’est une riche collection de textes souvent expressifs et dont nous nous contenterons de citer un exemple. C’est la collectio ad pacem, de l’Assomption de la sainte Vierge célébrée chez les gallicans en janvier. Elle est tirée du Missale gothicum, P. L., t. lxxii, col. 245 :

Deus universalis machinæ propagator, qui in sanctis spiritaliter, in matre vero virgine etiam corporaliter habitasti ; quæ ditata tuse plenitudinis ubertate, mansuetudine florens, caritate vigens, pace gaudens, pietate præcellens, ab angelo gratia plena, ab Elisabeth benedicta, a gentibus merito prædicatur beata ; cujus nobis fldes mysterium, partus gaudium, vita protectum, discessus attulit hoc festivum ; precamur supplices, ut pacem quæ in adsumptione Matris tune prasbuisti discipulis, solenni nuper (sans doute sollempniter) largiaris in cunctis, salvator mundi, qui cum Pâtre.

On sait que, sur la place des diptyques et du baiser de paix, la liturgie romaine présente des différences assez importantes avec les liturgies gallicanes et mozarabes, dont les rites sur ce point se rapprochent davantage de ceux de Constantinople. Mais on a vu par ce qui précède que ces emprunts sont souvent assez tardifs. Cf. notre article Baiser de paix du Diction, d’archéol.

La collectio ad pacem est suivie dans les livres gallicans d’une prière plus importante encore et qui dans ces livres est appelée d’ordinaire Conlestatio ou Immolatio ; elle correspond à la préface romaine et débute par le Sursum corda et la réponse Habemus ad Dominum. Le prélude est aussi le même : Vere dignum et justum est. Mais les conlestaliones gallicanes, comme les immolationes mozarabes ont des caractères très différents des préfaces romaines. C’est, si l’on peut dire, un fruit du terroir. Le génie gallo-romain du

vi' au viiie siècle s’y donne librement carrière. Le la tin de cette époque n’est plus le style classique des R cmains du siècle d’Auguste. Il est souvent prolixe et l’on y relève des antithèses, des ornements, même de s concetti qu’on voudrait voir bannis de ces compositions ecclésiastiques. La manière romaine, surtout au temps de Gélase et de Grégoire, a incontestablement plus de discrétion et de dignité, l’expression est aussi d’une orthodoxie plus surveillée. Mais, pour le point de vue qui seul nous intéresse ici, cette riche collection de conleslaliones qui nous est conservée dans les livres gallicans, est un trésor encore peu exploré par les théologiens où l’on pourrait étudier les doctrines de cette Église sur l’eucharistie, sur la grâce, sur l’incarnation et la rédemption, mieux peut-être qu’en aucun autre recueil. Nous ne pouvons que signaler ici cette source de l’histoire de la théologie de l'Église gallicane, car l’exposition détaillée demanderait une longue thèse. Nous citerons presque au hasard la suivante pour donner une idée de cette littérature :

Dignum et justum est : qui dives infinitæ clementiae copioso munerc plasmam tuse creaturæ in tantum digneris erigere, ut vernaculo Hmi patiaris homine de terrena compage claves ca ?li committeres, et ad judieandas tribus solium excelsa ? sedis in sublime componeres. Testis est dies hodierna, beati Pétri cathedra episcopatus exposita, in qua fidei merito revelationis mysterium, Filium Dei confitendo, prselatus apostolos ordinatur. In cujus confessione est fundamentum Ecclesiæ nec adversus hanc petram portas inferi prævalent, nec serpens vestigium expremit, nec triumphum mors obtinet. Quid vero beato Petro diverso sub tempore accessit laudis et gloriæ quæ vox, quæ lingua, quis explicet ? Hinc est quod mare tremulum fixo calcat vestigio, et inter undas liquidas pendilla planta perambulat. Hic ad portam speciosam contracti tendit vestigia, et tactus Pétri digito, claudus non indiget baculo. Hinc carceratus dum dormitat, Christus ciun ipso pervigilat, et retrusus ergastulo, foras procedit per angelum. Hinc paralyticum erexit decubantem in lectulo, ac debilitato verbo dédit vestigium. Hinc Tabitham mulierem revocavit de funere, et virtute imperanti prsedare non licuit. Hinc tanta fidei dotem inter apostolos petiit, ut curaret universos languores dum præterit, et cadavera viverentumbra salubris quæ tetigit, per Christum… P. L., t. Lxxii, col. 257.

Comme dans toutes les autres liturgies la conleslatio aboutit au Sanclus.

Mais les liturgies gallicanes et la liturgie mozarabe ont une autre oraison, la collectio post sanctus, qui est une transition entre le Sanctus et le récit de l’institution. Elle commence généralement par les mots Vere sanctus. Ainsi dans une des messes de Mone : Vere sanctus, vere benedictus dominus noster J. C. filins tuus qui pridie. P. L., t. cxxxviii, col. 866. Mais d’ordinaire elle donne lieu à de plus amples développements où la question dogmatique est souvent abordée, ainsi dans la suivante de la même collection, loc. cit., col. 873 :

Hic inquam Christus dominus noster et Deus noster, qui sponte mortalibus factus adsimilis per omne hune aevi dieni immaculatum tibi corpus ostendit, veterisque delecti idoneus expiator sinceram inviolatamque peccatis exhibuit animam, quam sordentem rursus sanguis elucrct, abrogataque in ullimum lege moriendi, in ca’lo corpus perditum atque ad patris dexteramrelevaret, per Dominum nostrum qui pridie.

Le passage est altéré dans le manuscrit, mais on devine le sens (voir la note de Denzinger, loc. cit.) ; le post sanctus répond aussi à une prière de même genre dans les liturgies orientales. La liturgie romaine n’a p ; is de prière qui réponde au Vere sanctus.

Le récit de l’institution, introduit par le Veresanctus dans les liturgies gallicanes, suit le texte de saint Mathieu et de saint Marc avec les mots qui pridie

quam pateretur. Ici au contraire l’accord est complet entre les liturgies gallicanes et la liturgie romaine, et le fait n’est pas de mince importance pour l’histoire et le groupement des liturgies latines, mais nous ne pouvons que renvoyer sur ce point aux remarques des liturgistes, notamment à celles de dom Cagin qui a fort bien tiré les conclusions de ce fait. Les liturgies orientales suivent donc une autre tradition et disent avec saint Paul in qua nocte trad.batur. L’Espagne, il est vrai, dit aussi in qua nocte, mais cette anomalie est attribuée d’ordinaire à une influence byzantine d'âge postérieur. C’est d’autant plus vraisemblable que les livres espagnols appellent l’oraison qui suit, Post pridie. Cf. sur ce point dom Cagin, Paléographie musicale, t. v, p. 55 sq. ; Duchesne, loc. cit., p. 230, n. 1 ; dom Wilmart, art. cité, col. 1085. On a discuté aussi pour savoir si ces liturgies ne portaient pas primitivement l’incise, pro noslra et omnium salule. Cf. Revue bénédictine, 1910, t. xxvii, p. 513 sq. Les mots mysterium fidei semblent aussi avoir été adoptés en Gaule, comme dans la formule romaine, et probablement sous son influence.

Les paroles de la consécration en Gaule sont accompagnées d’un signe de croix tracé sur l’oblation, geste auquel on reconnaît la vertu spéciale d’accomplir le mystère et qui est ratifié par le ciel. Le PseudoGermain, qui parle de la « transformation » opérée par la consécration du pain et du viii, fait allusion à l’ange de Dieu qui bénit l’hostie, Angélus Dei ad sécréta super altare tamquam super monumentum descendit, et ipsam hosliam benedicit instar illius angeli qui Christi resurreclionem evangelizavit. On a fort opportunément à ce propos rappelé le trait, cité par Grégoire de Tours, de saint Martin qui apparut dans la basilique à lui dédiée dans cette ville et bénit, dextera exlensa, le sacrifice offert sur l’autel, juxta moremeatholicum signo crucis superposiio. Vitæ Patrum, xvi, 2, P. L., t. lxxi, col. 1075. Cf. dom Wilmart, col. 1086.

La prière qui suit est de première importance pour la théologie de la messe. Elle porte le nom post sécréta et ailleurs post mysteria, post eucharistiam. Ce titre, assez souvent son contenu, le miracle de saint Martin que nous avons rapporté, le fait que Grégoire de Tours appelle les paroles de la consécration verba sacra (Glor. mart., 87, P. L., t. lxxi, col. 782), et d’autres textes que nous pourrions citer, prouvent assez que les paroles de l’institution était considérées comme opérant le mystère de l’eucharistie.

Mais il faut bien ajouter qu’assez souvent cette oraison est conçue en des termes qui feraient croire au contraire que la transsubstantiation est opérée par l'épiclèse, ainsi la suivante :

Deus Abraham, Deus Isaac, Deus Jacob, Deus et pater D. N. J. C., tu de cælis tuis propitius affavens (appareils ?) hoc sacrificium nostrum, indulgentissima pietate prosequere, discendat domine plenitudo magistatis, divinitatis, pietatis, virtutis benedictionibus (benedictionis) et gloriae tuse super hune panem, et super hune calicem et fiât nobis légitima eucharistia in transformatione corporis et sanguinis domini, ut quicumque et cotienscumque ex hoc panem et ex hoc calice Iibaberimus, sumamus nobis monimentum fidei, sincerem dilectionem, tranquilla spem resurrectionis adque immortalitatis œternæ in tuo liliique tui. Messes de Mone, P. L., t. cxxxviii, col. 871. Cf. une oraison dans le même sens, P. L., t. i.xxii, col. 257.

Nous n’insisterons pas sur ce point, car toutes ces difficultés ont été envisagées et expliquées au mot Épiclèse. Cf. aussi dom Cagin, Te Deum ou Illatio ? p. 220 sq., et Revue bénéd., 1911, t. xxviii, p. 386 sq.

Dans tous les cas la collection de ces oraisons post sécréta est l’une de celles qu’il faut étudier avec lo plus de soin dans les liturgies gallicanes, pour se

rendre compte de la foi de ces Églises au mystère eucharistique.

Du mot post secrela on a conclu assez naturellement que la formule de la consécration était faite à voix basse, tandis que la contestation et le post sanctus étaient dits à haute voix. Nous ne reprendrons pas ici la question si chaudement débattue au xviie et au xviii siècle entre théologiens et liturgistes sur le secret des mystères. Elle a perdu, nous semble-t-il, de son actualité, et nous nous contenterons de renvoyer sur ce point à Ed. Bishop, Observations on the liturgij of Narsai, p. 121-126, et à notre art. Amen du Diction, d’archéol.

A l’oraison post sécréta se rattachent les rites de la fraction et de la commixtio. La fraction est dans la messe primitive un rite de première importance. Le nom de fractio panis donné à l’eucharistie à l’origine, la place du mot fregit dans le récit de l’institution, l’insistance des liturgies les plus antiques dans cette formule sur les mots [corpus meum] quod pro vobis confringetur, et d’autres indices nombreux, suffiraient à cette démonstration. On trouve pour ce rite de nombreuses variétés dans les liturgies. Nous verrons, pour la messe celtique, que les Irlandais divisent l’hostie de sept façons différentes suivant les fêtes. En Gaule on les divisait en neuf parcelles, en forme de croix. Parfois on les arrangeait sur la patène de manière à dessiner une forme humaine. Le concile de Tours de 567 interdit cette pratique comme superstitieuse et ordonna de disposer les parcelles en forme de croix. Le sens attaché à ce geste est donné par un chant de fraction qui s’appelle confraclorium ou ad confractionem. Nous en avons cité quelques-unes dans notre article Fractio panis, du Diction, d’archéol. En voici une :

Credimus Domine, credimus in hac confractione corporis et effusione tui sanguinis nos esse redemptos : confidimus etiam quod spe hic intérim jam tenemus, in aeternum perfrui mereamur. Per.

La commixtion ou immixtion a, comme la fraction, une portée dogmatique. L’officiant trempe dans le calice une ou plusieurs des parcelles consacrées et en laisse tomber une dans le calice. Sous cette forme et avec les paroles dont elles est accompagnée dans plusieurs liturgies, ce rite ne semble avoir d’autre but que de montrer aux fidèles avant la communion que c’est bien le corps et le sang du Christ qu’ils vont recevoir, et que la séparation de l’un et de l’autre sous les espèces différentes du pain et du viii, n’est qu’une apparence. Quoique à cette époque la communion sous les deux espèces fût à peu près universelle, la doctrine n’en était pas moins admise que le Christ était tout entier sous l’une ou l’autre espèce. Les rites de commixtion et d’immixtion qui se rattachent à cette partie de la messe, nous semblent favoriser cette interprétation. Voir Immixtion du Diction, d’archéol.

La récitation du Pater suit la fraction et la commixtion. La récitation du Pater à la messe et à cette place ou à une place voisine de la fraction et de la communion, est une pratique presque universelle. A la vérité on a pu citer quelques exceptions. Les Constitutions apostoliques ne parlent pas du Pater, pas plus que saint Hippolyte, Sérapion ou l’anaphore de Balizeh. Mais ce sont là des exceptions. Le Pater a sa place, et une place d’honneur, à la messe romaine ; il y est entouré de rites particuliers. Chez les gallicans, comme dans la plupart des autres liturgies, il est encadré entre un prélude ou protocole et une conclusion ou embolisme.

Voici ces deux textes d’après le Missale gothicum : Non nostro præsumentes, Pater sancte, merito, sed domini nostri Jesu Christi Filii tui obedientes imperio, audemus dicere : Pater noster, etc.

Libéra nos, omnipotens Deus, ab omni malo, ab omni periculo, et custodi nos in omni opère bono, perfecta veritas et vera libertas, Deus, qui régnas in sæcula sseculorum.

Protocole et embolisme varient du reste chez les gallicans, comme la contestatio ou le Post sanctus ou Y Ad pacem.

Ces rites divers ont pour but de mettre en relief l’importance de cette prière enseignée à ses disciples par le Christ et qui est la prière des prières. Cette importance a été dès l’origine reconnue et attestée par la liturgie. La finale du Pater fut enrichie d’une doxologie, comme nous le voyons dans la Didachè, et dans quelques-uns des plus anciens manuscrits du Nouveau Testament, et l’on ne s'étonne pas trop de l’assertion de saint Grégoire, qui s’indignant de voir le Pater relégué après le canon, le fait remonter jusqu'à la fraction, en disant qu'à l’origine le Pater était la prière sur laquelle les apôtres consacraient. Voir col. 983. Le Pater a aussi une place d’honneur au baptême et dans d’autres sacrements.

A la messe gallicane le Pater est récité par l’assistance tout entière, comme c'était aussi la coutume chez les Grecs, tandis qu’en Afrique, en Espagne et à Rome, le célébrant prononçait seul à haute voix le Pater, et le peuple répondait Amen, ou sed libéra nos a malo.

Avant la communion l'évêque ou même le prêtre bénit les fidèles. Cette bénédiction a aussi son importance dans la liturgie ; elle n’est pas spéciale à la liturgie gallicane, mais elle avait lieu en Afrique au temps de saint Augustin ; elle existe aussi dans les liturgies orientales, et tout indique que Rome l’a connue, bien qu’elle y ait été transformée et déplacée. Cf. dom Wilmart, op. cit., col. 1088 ; dom Morin, Revue bénédictine, 1912, t. xxix, p. 179 sq.

Le sens de cette bénédiction, sorte d’absolution ou de purification dernière avant la communion, est déterminé par les formules qui l’accompagnaient. Le diacre disait : Humiliate vos benediclioni, ou chez les Grecs : Inclinons nos têtes devant le Seigneur. Le Pseudo-Germain nous cite celle-ci : Pax, fides et carilas, et communicatio corporis et sanguinis D. N. J. C. sit semper vobiscum, et il nous dit que la bénédiction du prêtre devait être plus courte et moins solennelle que celle de l'évêque. C’est une allusion discrète aux discussions qui sans doute eurent lieu à cette époque, et dont quelques conciles portent la trace au ve et au vie siècle, dans les canons qui ont pour objet soit de réserver exclusivement à l'évêque le droit de bénir le peuple, soit de marquer la différence entre l’une et l’autre, comme ici. (Cf. notamment concile d’Agde de 506, can. 44.) La formule variait selon les jours ; il existe dans les manuscrits des recueils de bénédictions episcopales dont quelques-uns ont été édités, et qu’il ne faut pas négliger, car ils sont aussi un des éléments de la liturgie théologique. Voir notre article Bénédictions episcopales du Diction, d’archéol.

Une certaine hiérarchie, ou si l’on veut un ordre rigoureux était maintenu pour la communion ; les prêtres et les diacres communiaient à l’autel, les autres clercs devant l’autel, les laïques hors du chœur. C'était du moins l’usage en Espagne. En Gaule les fidèles entraient dans, le chœur et venaient communier à l’autel. Les hommes recevaient l’hostie sur la main nue, les femmes la recevaient dans un linge appelé dominical. Duchesne, op. cit., p. 257.

Pendant la communion on exécutait un chant : antiphona ad accedenles. Selon la plus ancienne tradition, c'était le ps. xxxiii, Benedicam Dominum in omni tempore, ou du moins quelques-uns de ses versets qui s’appliquent si bien à l’eucharistie : accedite ad

eum et illuminamini, iste paupcr clamavit et Dominus exaudivit eum, et surtout : Gustate et videte quoniam suavis est Dominus. Dom Cagin, Paléographie musicale, t. v, p. 22-25, a réuni les principaux témoignages de cette tradition. Il est intéressant de constater que la Gaule l’avait conservée. Le Pseudo-Germain, après d’autres, nous le rappelle, mais en insistant pour démontrer que ce chant qu’il appelle Trecanum est un acte de foi en sa Trinité. — Et, en effet, trois versets qui se répétaient d’une certaine façon et se terminaient sans doute par la doxologie trinitaire, comme dans le mozarabe, enseignaient à ceux qui recevaient la communion « que le Père est dans le Fils, le Fils dans le Saint-Esprit, l’Esprit-Saint dans le Fils, et de nouveau le Fils dans le Père. » D’autres chants pour la communion accompagnèrent celui-ci ou s’y substituèrent, ainsi la belle hymne sancti venite des liturgies celtiques. Ailleurs, chez les Mozarabes et les Orientaux, on récite le symbole de Xicée-Constantinople à ce moment. C’est toujours la préoccupation qui est à noter, de faire précéder la participation au corps et au sang du Christ, d’un acte de foi, car l’eucharistie est par excellence le mystère de l’union au Christ, et par lui entre les fidèles dans la foi et la charité.

Après la communion on dit une oraison dont le texte aussi est variable. Les postcommunions conservées dans les livres de la liturgie gallicane sont aussi à étudier, car elles expriment la foi de ces liturgies dans la présence réelle et dans les effets du sacrement sur l'âme.

Après ces prières avait lieu le renvoi des fidèles comme dans les autres liturgies. C’est l’Ile missa est, dans la liturgie romaine, le Missa acta est, In pace dans le missel de Stowe, le Procedamus in pace, in nomine Domini dans le rit ambrosien, une formule plus solennelle chez les Mozarabes. Dans les liturgies orientales, il y a d’autres formules de renvoi. Ce n’est que tardivement dans certains rites, qu’on eut l’idée d’ajouter après ce renvoi, la lecture de l'évangile de saint Jean et d’autres prières qui enlèvent à la formule toute sa portée.

Les livres de la liturgie gallicane. — Comme nous l’avons dit, les oraisons de la messe gallicane ne sont pas invariables comme celles des liturgies grecques et orientales, elles peuvent changer chaque jour. De là l’origine des collections qu’on en a faites, et qui sont un recueil de première importance pour l’histoire théologique de ces liturgies. Ce sont les Messes de Mone, le Missale gothicam, le Missale gallicanum velus, le Missale Francorum, le Missel de Bobbio. Comme nous avons déjà donné tous les renseignements nécessaires au sujet de cette littérature dans l’article Liturgie, col. 807 sq., nous n’avons qu'à y renvoyer. En outre quelques fragments de livres gallicans ont été publiés dans ces dernières années dans diverses revues. On en trouvera le relevé très complet dans l’article de dom Leclercq, Gallicanes (Liturgies) du Diction, d’arcliéol.