Dictionnaire de théologie catholique/MESSE VIII. La messe dans la liturgie 3. L'anaphore des Constitutions

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 10.2 : MESSE - MYSTIQUEp. 31-33).

III. Les Constitutions apostoliques. —

Tout ce qui concerne les Constitutions apostoliques, leur origine, leur patrie, la date des interpolations, les éditions, et leurs relations avec les documents analogues, a été traité à l’art. Constitutions apostoliques, t. iii, col. 1520-1537. Nous n’avons pas à y revenir.

Nous nous contenterons de dire qu’au point de vue liturgique, qui seul nous occupe ici, ce document a joui parmi les liturgistes, même au xix° siècle, d’un grand crédit, plusieurs, comme Bickell ou Probst, par exemple, voulant y trouver les éléments de la liturgie primitive. La découverte de la Didachè, de l’anaphore d’Hippolyte et de celle de Sérapion, a rejeté au second plan l’importance liturgique des Constitutions apostoliques. Mais quand on aura admis que, sous leur forme actuelle, elles ne remontent pas au delà du commencement du v° siècle ou de la fin du iv% et même que leur interpolateur avait des tendances hérétiques, elles ne méritent pas moins de retenir l’attention des archéologues, des théologiens et des liturgistes. Il est incontestable qu’elles ont joui pendant des siècles d’une grande faveur, et qu’elles sont la source principale de la plupart des liturgies grecques et orientales.

Après tous les travaux qui leur ont été déjà consacrés, il resterait à leur appliquer un traitement analogue à celui que dom Cagin a fait subir à l’anaphore d’Hippolyte, et à établir, d’une part, quels sont les éléments anciens qu’elles ont conservés, et de l’autre quelle est la nature des emprunts que leur ont faits les anciennes liturgies.

En tout cas leur témoignage pour l’histoire et la conception de la messe, vers le milieu ou la fin du ive siècle, est de premier ordre.

Les Constitutions apostoliques, comme le Sacramentaire de Sérapion, contiennent les prières de

l’avant-messe. Elles y reviennent à deux reprises, au t. II, c. lvii, et au t. VIII, c. v-xi.

C’est l'évêque qui annonce la réunion, comme étant le pilote du vaisseau Église ; il prescrit aux diacres qui en sont l'équipage, de placer les fidèles à leur place, et de faire observer en tout la discipline. La description de l'église est donnée ici ; il faut qu’elle soit tournée vers l’Orient, la chaire de l'évêque au milieu, autour de lui les prêtres et les diacres ; les femmes sont séparées des hommes. Le lecteur, au milieu, sur un lieu élevé, lira les livres de Moïse, de Josué, des Juges, des Rois, des Paralipomènes et ceux sur le retour de l’exil, puis les livres de Job et de Salomon, et les seize prophètes. Après deux lectures, un autre lecteur chante les psaumes dont le peuple reprend le refrain. Puis on lit les Actes des apôtres, les épîtres de Paul, inspirées du Saint-Esprit. Après cette lecture, le diacre ou le prêtre lit l'évangile selon Matthieu, Marc, Luc ou Jean. Pendant cette lecture tous se tiennent debout et en silence. Puis les prêtres font une exhortation au peuple, l’un après l’autre, et enfin l'évêque, pilote du navire, prend le dernier la parole. L’auteur semble tenir à cette comparaison de l'église et du navire ; l’ordre, comme sur un navire, doit être maintenu dans l'église par les portiers du côté des hommes, et par les diaconesses du côté des femmes. Mais l'église est aussi un bercail et chacun doit y être à sa place.

Après la prédication, tous se lèvent ; on fait sortir les catéchumènes et les pénitents ; les fidèles se tournent vers l’Orient pour prier Dieu qui ascendit ad Orientent, où était situé aussi le paradis terrestre. Un des diacres exhorte alors les fidèles à la paix, ne quis contra aliquem. Puis hommes et femmes, séparément, se donnent le baiser de paix. Ensuite a lieu la prière litanique : Post hoc precetur diaconus pro uniuersa Ecclesia, pro toto mundo, et ejus partibus, et jrugibus terres, pro sacerdolibus et priheipibus, pro pontip.ee ac rege, pro pace uniuersali. Puis l'évêque bénit le peuple en ces termes : Saluum fac populum tuum, Domine, et benedic heredilati lux quam acquisivisti pretioso sanguine Christi tui et appellasti regale sacerdotium, ac gentem sanctam. Après quoi on procède au sacrifice ou à la messe proprement dite.

La description du t. VIII, c. v, comprend les mêmes éléments, lecture de la Loi et des prophètes, épîtres et actes des apôtres, de l'évangile, homélie. On renvoie alors les infidèles et ceux qui ne devaient pas assister à la messe, P. G., t. i, col. 1076.

Les prière litaniques sont données ici avec plus de détail : Le diacre annonce la prière et tous les fidèles disent Kyrie eleison. Le diacre reprend : pro catechumenis… aperiat (Deus] aures cordis eorum, confirmet eos in pietate… mundet ipsos… inhabilet in eis… Le peuple répond : Kyrie eleison. Les catéchumènes courbent la tête, et l'évêque les bénit eu ces termes : Deus omnipolens, ingenitus et inaccessus, solus Deus verus, Deus et Pater Christi tui unigeniti Filii tui, Deus Paracleti, ac omnium Dominus… respice super servos tuos… per Christum… per quem tibi gloria, et adoralio in Sancto Spiritu, in ssecula. Amen.

On prie ensuite pour les énergumènes. L'évêque prononce un exorcisme, prière adressée au Christ : qui forlem ligasti… qui langis montes et fumant… unigenile Deus, M igni Patris Fili… quia tibi gloria, honor ac veneralio et per te Patri tuo, in Sancto Spiritu, in sxcula, Amen ; puis pour les compétentes, pour les pénitents, prière avec le Kyrie eleison, et l’imposition des nfnins sur les pénitents par l'évêque qui dit une autre prière : Omnipolens Deus eeterne, Domine universorum, creator et reclor cunclorum. Ibid., col. 108 l.

Tello est la description de lavant-messe dont les éléments se sont conservés, avec plus ou moins de 1357 MESSE DANS LA LITURGIE, LES CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES 1358

fidélité, dans la plupart des liturgies. Certains rites, comme ceux du vendredi saint et du samedi saint dans l'Église romaine, lectures, traits, collectes, évangile, oraisons litaniques, nous la donnent même sous sa plus ancienne forme.

Messe des fidèles. — Les pénitents renvoyés, il ne reste plus que les fidèles à qui le diacre s’adresse en ces termes :

Qui fidèles sumus, flectamus genu. Precemur Deum per Christum ejus.

Pro pace et tranquillitate mundi atque sanctarum Ecclesiarum oremus, ut Deus universitatis perpetuam et stabilem suam pacem nobis tribuat ; ut nos conservet persévérantes in plenitudine pise ac religiosæ virtutis.

Pro sancta catholica et apostolica Ecclesia, a finibus usque ad fines extensa, oremus…

Et pro sancta bac parcecia oremus…

Pro universo sub calis existente episcopatu…

Et pro episcopo nostro…

Etiam pro presbyteris nostris oremus…

Pro universo Christi diaconio…

Pro lectoribus, cantoribus, virginibus, viduis et pupillis oremus… pro iis qui in matrimonic.. pro eunuchis in sanctitate ambulantibus, pro iis qui continentem et religiosam agunt vitam, pro iis qui in sancta Ecclesia oblationes faciunt, ac eleemosynas pauperibus dant, pro iis qui Domino Deo nostro hostias et primitias offerunt,

et la litanie continue pour les malades, pour ceux qui naviguent ou qui voyagent, pour ceux qui sont condamnés aux mines, à l’exil, à la prison, aux fers, pour la foi, pour les esclaves, pour nos ennemis, pour nos persécuteurs, pour ceux du dehors, enfin pour nous-mêmes :

Salva et érige nos Deus, misericordia tua. Surgamus. Orantes intente, nos ipsos atque mutuo, viventi Deo, per Christum ejus commendemus.

L'évêque dit alors sur les fidèles une très belle prière, c. xi, 'E71 : £xXr)C7t.ç tcSv 7Ucttgjv, qui se termine comme à l’ordinaire, par une doxologie, col. 1089, et ensuite les fidèles se donnent le baiser de paix, puis a lieu l’oblation ou offertoire.

C’est alors que commence l’anaphore, où nous retrouvons toujours les mêmes éléments que dans la Traditio apostolica, mais sensiblement plus développés et plus compliqués.

Le prélude. — L'évêque se signe sur le front avec ces mots :

Gratia omnipotentis Dei, et charitas D. N. J. C. et communicatio Spiritus Sancti, sit cum omnibus vobis. — B7. Et cum spiritu tuo. — Sursum mentem. — R Habemus ad Dominum — Gratias agamus, etc.

Le Père est ainsi qualifié :

Te verum Deum ante creaturas existentem, ex quo omnis paternitas… solum ingenitum, principii expertem, rege ac domino carentem, nullo indigentem, omnis boni largitorem, omni causa et origine superiorem… a quo cuncta processerunt…

Le Fils intervient alors.

Qui omniae nihilo protulisti per unigenitum Filium tuum : ipsum vero ante omnia sa’cula genuisti voluntate, et potentia, et bonitate, absque intermedio, Filium unigenitum, Verbum Deum, sapientiam viventem, primogenitum omnis creaturæ angelum magni consilii tui, pontificem tuum, regem autem et dominum omnis naturæ quæ intelligi ac sentiri potest, quique ante omnia et per quem omnia. Tu namque, Deus alterne, cuncta per ipsum condidisti, et per ipsum cuncta dignaris convenienti providentia… Deus et Pater unigeniti Pilii tui, qui per eum ante omnia fecisti cherubinos et seraphinos, sæcula et exercitus, virtutes et potestates… per eum fabricasti hune qui apparet mundum, cunctaque quæ in eo sunt. Nam tu es qui cælum ut cameram statuisti…

Le pontife détaille ici l'œuvre de la création ; c’est Dieu qui a fait la lumière, établi la distinction du jour et de la nuit, créé l’eau pour étancher la soif, l’air pour respirer, le feu pour réchauffer, les animaux,

les poissons, les oiseaux, donné les fruits et les végétaux. Tous les bienfaits de la Providence sont ainsi passés en revue avec un détail et une prolixité qui finit par fatiguer. Puis vient l’histoire de l’homme que Dieu a placé dans le Paradis terrestre, mais il s’est laissé tromper par le serpent, et en a été chassé. Suit l’histoire du déluge, celle d’Abraham et des patriarches, la délivrance de la tyrannie des Égyptiens par Moïse, l'établissement dans la terre promise. L’anaphore aboutit, après bien des longueurs, au Sanctus dit par tout le peuple.

Le Sanclus nous ramène au Fils ; le Pontife reprend en effet :

Sanctus enim vere es, sanctus quoque unigenitus tuus Filius, Dominus noster et Deus, Jésus Christus… Legislator sub legibus ; pontife x, hostia ; pastor, ovis ; et te suum Deum ac Patrem plaça vit… factus ex virgine, factus in carne, Deus Verbum, dilectus Filius, primogenitus omnis creaturae… factus est in utero virginis… incarnatus est, qui carnis expers, qui sine tempore genitus, in tempore natus est… vohmtatem tuam implevit, opus quod ei dedisti, consummavit… traditus est Pilato præsidi, judieatus est, judex ; condemnatus est, salvator ; cruci af fixus est, qui pati non potest ; mortuus est natura immortalis ; sepultus est, vitae affector ; ut illos propter quos advenerat, a passione solveret, et a morte eriperet, ut diaboli vincula rumperet… resurrexite mortuis tertia die : quadraginta diebus commoratus cum discipulis, assumptus est in cælos ; et ad dexteram assidet tibi, Deo ac Patri suo.

Memores igitur eorum quæ propter nos pertulit, gratias agimus tibi, Deus omnipotens, non quantum debemus, at quantum possumus ; et constitutionem ejus implemus.

Le récit de l’institution est donné avec des détails et des termes qu’il faut retenir, car de lui se sont inspirées la plupart des liturgies orientales, et c’est une de leurs caractéristiques les plus importantes qui les distingue des liturgies latines. La liturgie mozarabe, par une singularité bien curieuse, fait seule exception In qua enim nocte tradebatur, pane sanctis ac immaculatis manibus suis accepto, et elevatis oculis ad te Deum suum ac Patrem, fregit, et dédit discipulis, dicens : Hoc est mysterium Novi Testamenti, accipite ex eo, manducate : hoc est corpus meum, quod pro multis frangitur, in remissionem peccatorum ; similiter calicem miscuit ex vino et aqua, sancti ficavit, ac dédit iisdem, dicens : Bibite ex eo omnes : hic est sanguis meus, qui pro multis effunditur in remissionem peccatorum. Hoc facite in meam commémora tionem. Quotiescumque enim manducabitis panem hune, et bibetis hune calicem, mortem meam annuntiabitis, donec veniam.

L’anamnèse, qui ne fait qu’un ici avec l'épiclèse, est aussi conçue en termes intéressants, que l’on rapprochera de ceux d’Hippolyte :

Itaque memores passionis ejus, et mortis, et a mortuis resurrectionis, atque in cælum reditus ; neenon secundi adventus, quem idem facturus est, in quo cum gloria et potestate veniet judicare vivos et mortuos, et reddere singulis juxta opéra eorum ; tibi régi ac Deo panem hune et calicem hune offerimus, secundum constitutionem ejus, gratias tibi per eum agentes, quia nos dignos habuisti, qui staremus coram te, ac sacerdotio fungeremur tibi ; et poscimus te, ut super hsec dona in conspectu tuo propôsita placata respicias, tu qui nullius indiges Deus, et beneplaceas in eis ad honorem Christi tui, atque supra hoc sacrificium mittas Sanctum tuum Spiritum, testem passionum Domini Jesu, ut exhibeat panem hune corpus Christi tui, et calicem hune sanguinem Christi tui, quo participes illius ad pietatem confirmentur, remissionem peccatorum consequantur, diabolo ej usque errore liberentur, Spiritu Sancto repleantur, digni Christo tuo fiant, vitam sempiternam impetrent, te illis reconciliato, Domine omnipotens.

Le thème d’Hippolyte a été ici commenté et développé. L’auteur dans l’anamnèse insiste en particulier sur le second avènement ; c’est à l'épiclèse qu’est attribuée la vertu de la consécration.

Un nouvel élément est ici introduit qui, au temps 1359 MESSE DANS LA LITURGIE, LES CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES 1360

d’Hippolyte, n’avait pas encore pris place, dans le corps de l’anaphore, mais qui probablement la précédait. Les liturgies grecques et orientales suivront d’ordinaire cet exemple et inséreront ici des prières litaniques. On remarquera qu’elles font double emploi avec celles de l’oraison des fidèles qui précède. C’est du reste souvent le cas de ce document qui, comparé à l’anaphore d’Hippolyte, se présente comme la paraphrase et le développement d’une composition beaucoup plus brève et plus simple.

La position de Probst et autres liturgistes qui ont considéré cette liturgie clémentine des Const. apost. comme la liturgie primitive et la source de toutes les autres, est plus difficile encore à maintenir aujourd’hui après les études qui fixent au commencement du nie siècle la composition de la Tradition apostolique.

La prière litanique est très complète et conçue en termes élevés, mais nous n’en pouvons donner ici qu’un résumé :

Adhuc oramus te. Domine, pro sancta Ecclesia tua, qua ? a finibus ad fines extenditur, quam acquisisti pretioso sanguine Cliristi tui ; ut eam inconcussam ac minime fluctuantem conserves usque in sæculi consummationem. Ibid., col. 1106.

On prie ensuite pour l'épiscopat, pour les prêtres, les diacres, tout le clergé, pour le roi et ceux en charge, pour l’armée, pour les saints, les patriarches, les prophètes, les justes, les apôtres, les martyrs, les confesseurs, les évêques, prêtres, diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres, vierges, veuves, laïques, pour les fidèles qui assistent au sacrifice (regale sacerdolium, gens sancta), pour les continents, les gens mariés, les enfants, les malades, les exilés, les proscrits, les voyageurs, pour nos ennemis, pour les catéchumènes, les pénitents, pour la sérénité de l’air, la fertilité de la terre, pour les absents.

La litanie se termine comme toutes les prières par une doxologie :

Quoniam tibi omnis gloria, veneratio, gratiarum actio, honor, adoratio, Patri et Filio et Spiritui Sancto, nunc et semper et in inflnita ac sempiterna ssecula sæculorum. B7. Amen. — L'évêque : Pax Dei sit cum omnibus vobis. Col. 1107.

On pourrait croire que cette doxologie est la conclusion de l’anaphore et de toute cette partie du service, et peut-être en était-il ainsi à l’origine. Toutefois la litanie, qui a été dite par l'évêque, est suivie d’une autre litanie qui donne la même énumération que la précédente (prière pour l'Église, pour les évêques, le clergé, etc.), mais celle-ci est dite par le diacre, et l'évêque la termine par cette prière :

Deus qui magnus et magni nominis es… Deus et Pater sancti Filii tui Jesu salvatoris nostri, respice super nos ac super gregem tuum hune, quem per eum delegisti ad nominis tui gloriam ; et sanctifica corpus nostrum et animam nostram, concède ut efïecti puri, etc., per Christum tuum ; cum quo tibi gloria, honor, laus, glorificatio, gratiarum actio, et Sancto Spiritui, in sæcula. Amen.

La partie qui suit peut être étudiée à part. C’est un service pour la communion qui est très complet, et dont tous les détails sont minutieusement réglés. La plupart des liturgies orientales s’en inspirent aussi, et y ont même ajouté de nouvelles prières. Nous devons donc le résumer aussi.

Le service débute par des avertissements, des invocations et des doxologies :

Dia conus dlcat : attendamus. Ac episcopus ita ad popuhini proloquatur : Sancta sanctis. Populusque respondeat : I nus sanctus, unus Dominas, unus Jésus Christus, in gloriam Dei Patris, benedictus in saccula. Amen. Gloria in allissimis Dco, et in terra pax, in hominibus bona voluntas. Ilosanna lilio Davidis : benedictus qui venit in noinine Domlnl, Deus Dominus, et apparaît nobis : Ilosanna in altisslmls.

L'évêque communie, et à leur tour, les prêtres, les diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres et ascètes, diaconesses, vierges, veuves, les enfants et tout le peuple. L'évêque en distribuant la communion dit : Corpus Christi, et celui qui la reçoit répond : Amen. Le diacre tient le calice et en le présentant dit : Sanguis Christi, calix vitse, et celui qui boit répond aussi : Amen. Pendant la communion on chante le ps. xxxiii. A la fin de ce chant, le diacre dit une courte prière de communion :

Percepto pretioso corpore et pretioso sanguine Christi, agamus gratias ei, qui dignos efïecit nos ut participes essemus sanctorum ejus mysteriorum ; rogemusque id nobis non in judicium ac damna tionem fieri, sed in salutem, etc. Col. 1110.

L'évêque à son tour dit une prière de communion qui a une allure de litanie :

Sacerdotes conserva ; reges tuere ; magistratus in justitia ; aerem in temperie ; fruges in ubertate ; mundum in omnipotente providentia ; gentes seda, errantes converte, etc.

Elle se termine par la doxologie trinitaire : Nosque omnes congrega in regnum cælorum, in Christ o Jesu D. N., etc.

Et par la bénédiction donnée par l'évêque :

Deus omnipotens, verax et incomparabilis, qui ubique existis, ac omnibus præsens es, et in nullo instar eorum quæ insunt contineris : qui locis non circumscriberis, temporibus non vetustescis, sæculis non terminaris, verbis non seduceris ; qui ortui non es subjectus, et custodia non indiges, et supra extraque interitum es, ac conversionem recipere nequis, atque natura es immutabilis, qui lucem habitas inacessam, et natura invisibilis es… Deus Isrælis, vere videntis, in Christum credentis populi tui… benedic iis qui tibi inclinarunt cervices suas, atque da eis… quoniam tibi gloria, laus, maj estas, cultus, adoratio ; et Filio tuo Jesu, Christo tuo, nostro Domino, Deo ac régi : et Sancto Spiritui ; nunc et semper, et in ssecula sæculorum. Amen.

Le diacre dit : Ile in pace, et le service est terminé. Col. 1114.

L’influence de ce VIIIe livre sur les liturgies grecques et orientales a été telle qu’il nous a paru nécessaire d’en donner les principales parties. La plupart en procèdent et n’ont guère fait, tantôt que les abréger, tantôt que les développer. Leur inspiration, moins sensible sur les liturgies latines, s’y découvre cependant sans peine, soit qu’elle ait été directe, soit qu’elle les ait influencées par l’intermédiaire d’une autre liturgie, la liturgie byzantine, par exemple.

Quoique cette liturgie représente, pense-t-on généralement, plus spécialement la liturgie des Églises d’Antioche et de Jérusalem, il est difficile de dire exactement dans quelle mesure et à quelle époque elle a été suivie. Mais il n’est pas douteux qu’elle ne soit dans ses traits essentiels un témoin de la liturgie du ive siècle, et c’est ce qui en fait le grand intérêt théologique.

On sait que l'éditeur est probablement le même qui a interpolé les épîtres authentiques de saint Ignace, et qu’il est, sinon arien, du moins subordinatien. On pourrait relever dans la li turgie du V 1 1 1° livre quelquesunes de ces tendances. Pourtant il faut avouer qu’en général il s’est tenu dans la ligne traditionnelle, et que même les quelques expressions quo l’on a relevées ont été expliquées par certains liturgistes dans un sens orthodoxe.