Dictionnaire de théologie catholique/MAGIE I. Le mot

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 50-53).
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MAGIE On ne trouvera pas ici une histoire, même abrégée, de la magie, à travers les âges et les peuples. Pareille histoire, si elle est possible, demanderait des développements considérables. U ailleurs, elle n’est pas nécessaire au but de cet article. Dans un dictionnaire de théologie, nous traiterons de la magie surtout au point de vue théologique : il s’agira avant tout de la nature et de la moralité de la magie Pour terminer, nous examinerons, aussi brièvement que possible, la question des relations historiques entre macie et religion. Cette question appartient directement à l’histoire des religions ; mais elle est tellement a l’ordre du jour qu’il a paru impossible de la passer sous silence.—
I. Le mot.—
IL La chose (col. 1515).—
III. Moralité de la magie (col. 1528). —
IV. Magie et religion (col. 1534).

I. Le mot __ La magie, au sens étymologique, est l’art du mage ou du magicien. Les mages semblent avoir été d’abord une caste chez les Chaldéens, puis chez les Mèdes et chez les Perses, caste aristocratique et sacerdotale, un peu comme la tribu de Lévi chez les Juifs ; on les trouve organisés vers 1 au 600 av. J —C Voirllaslings, Enc. of religion, art. Mugi, t. viii, p’212 243 ; Huby, Christus.p. 303, 301. Ainsi, l imagination aidant, le mage nous apparaît dans un recul impressionnant : personnage héroïque, mystérieux, redoutable, habitant les confins du monde visible et occupé à lire dans les astres les secrets es plus cachés, ou à puiser dans un au-delà invisible les phénomènes les plus merveilleux.

Le magicien, lui, a des apparences moins grandioses. Ce nom évoque un être plus ou moins étrange coi lie d’une espèce de mitre en forme de cône tronque : il tient en main une baguette dont il vient de tracer ir.li

MAGIE, DÉFINITION

i :

autour de lui sur le sol une circonférence enchantée. Le cercle ainsi limité jouit vis-à-vis des lois ordinaires de tous les privilèges de l’exlralcrrilorialité, ou bien il emprisonne une force surhumaine, El ce n’est encore que la première merveille opérée par la baguette : cette baguette contient virtuellement tous les prodiges, bienfaisants ou malfaisants, baguette de fée ou baguette de sorcier Voilà à peu près les représentations qu'éveillent dans l'âme populaire ces mots : magie, mage, magicien.

Mais à côté de cette description extérieure, il faut tâcher de donner de la magie une définition un peu plus scientifique. Dans cette I rc ' partie, il s’agit seulement d’une définition nominale ; il s’agit, sans préjuger la réalite' ni la nature intime des phénomènes. d’analyser l’idée de magie. Pour la clarté, nous donnerons d’abord la définition précise, élaborée par la théologie ; puis, nous tâcherons de nous représenter l’idée que pouvaient, que peuvent encore se faire de la magie les païens, depuis les plus grossiers jusqu’aux plus raffinés, et en général tous ceux qui n’ont pas des notions très fermes sur Dieu.

Pour la théologie catholique, la magie est une espèce de superstition. La superstition — saint Thomas en traite, Sum. theol., II a -IIæ, q. xcn — est le péché par excès contre la vertu de religion. « La religion, dit la Somme, loc. cit., a. 1, est une vertu morale ; or, toute vertu morale se tient dans un juste milieu entre deux excès… La superstition est un vice opposé à la religion par excès, non qu’elle fasse pour le culte divin plus que la religion véritable, mais parce qu’elle rend un culte divin à qui ce culte n’est pas dû, ou qu’elle le rend à Dieu, mais d’une manière qui ne convient pas. » De là les deux grandes divisions de la superstition. Elle peut consister dans un culte rendu au vrai Dieu, mais d’une façon qui lui déplaît, parce que les manifestations en sont vaines ou même injurieuses à Dieu. Par exemple, attacher à telle prière, répétée 3, 7 ou 9 fois, une efficacité que Dieu n’y a pas mise ; ne vouloir assister à la messe que dans telle église, à telle heure déterminée, comme si ces circonstances avaient leur efficacité propre, ce serait superstition vaine ; observer les rites judaïques serait actuellement superstition injurieuse à Dieu. Cf. q. xcm.

Il y a aussi superstition et toujours, dans un culte religieux rendu à un autre qu’au vrai Dieu et sans considération pour Dieu, et ici, de nouveau, plusieurs espèces sont à distinguer. L’homme peut se proposer de rendre à une créature, par exemple, au démon, le culte dû à Dieu seul, à l'Être Suprême, en attribuant ou non au démon les perfections divines, et nous avons l’idolâtrie parfaite ou imparfaite ; ou bien l’homme se propose seulement d’obtenir par le secours du démon un effet qui dépasse ses propres forces, et nous avons la divination, la vaine observance, la magie. La divination révèle des choses futures ou cachées, humainement inconnaissables. Entre la vaine observance et la magie, pour beaucoup de théologiens, il y a identité ou tout au plus simple différence de degré. Cf. Suarez, De religione, tr. III, t. II, c. vii.n. 1. On dit souvent : Il y a vaine observance à attendre un phénomène de moyens naturellement disproportionnés ; si le phénomène est très merveilleux, la vaine observance prend le nom de magie. Ainsi après Busembaum et saint Ligori, t. III, n. 14 (éd. Gaudé, t. i, p. 378), Lehmkuhl, t. i, n. 490, Noldin, t. ii, n. 148 b, 159, 163, Salsmans, t. i, n. 267.

On peut regretter que la doctrine ne distingue pas plus franchement entre vaine observance et magie. Avec Gury-Bulot, 2e édit., t. i, n. 283, 284, on voudrait dire que la magie consiste à produire des effets extraordinaires ou complètement merveilleux, tandis que la vaine observance consiste à ordonner sa vie, à

régler ses actions, d’après des événements fortuits, à attendre un bonheur ou un malheur a la suite de tel accident ou incident. Ainsi faisaient les Romains avec leurs jours fastes et néfastes, ou bien quand ils consultaient le vol des oiseaux ou les entrailles des victimes avant d’engager la bataille, d’entreprendre un voyage, de conclure un contrat ; ainsi font ceux qui se croient perdus si l’on s’est trouvé treize â table, si la salière a été renversée, si l’on a allumé trois cigarettes avec la même allumette.

On dira : < Cet événement est considéré comme un signe ou comme une couse de ce qui va se passer ou de ce qui se passerait ; dans le 1 er cas, il y a divination ; dans le 2e, il y a magie. » C’est vrai logiquement peutêtre. Psychologiquement, il y aurait avantage et vérité â retenir les trois espèces, divination, magie, raine observance ; car dans beaucoup de cas, le phénomène, objet de vaine observance, n’est considéré vraiment ni comme le signe, ni comme la cause de l'événement attendu, mais par faiblesse d’esprit, par routine, par instinct, on redoute quelque suite fâcheuse : « Cela porte malheur », dit-on, sans mêiney croire bien fort.

Pratiquement, nous éviterons l’emploi de l’expression vaine observance, et nous entendrons par magie l’art de produire des phénomènes extraordinaires ou merveilleux ; ou encore, l’art de produire des effets par des causes disproportionnées. Suarez, loc. cil. Les théologiens précisent ordinairement : « par le secours des démons ». Ainsi Gousset, t. i. n. 420 ; Ferreres, t. i, n. 359 ; Bulot, 1. 1, n. 289 ; Salsmans, 1. 1, n. 267 ; Pesch. Pradectiones dogm., t. ix, p. 427, etc. Cette caractéristique sera examinée dans la IIe partie. Ici, pour garder une notion suffisamment commune, il est préférable de nous contenter d’une formule négative et de dire « avec un secours différent de celui de Dieu, non divino sed alio auxilio ». Lehmkuhl, t. i, n. 490. La notion commune, celle que recherchent les ethnologues, les historiens des religions, celle que se font, que peuvent se faire les païens même éclairés, et, en général, ceux qui n’ont pas la foi, reviendra à peu près au même. Cette définition un peu longue serait sans doute généralement acceptée : « La magie est l’art de produire ou de provoquer des phénomènes sensibles extraordinaires, merveilleux, par des moyens naturellement disproportionnés selon toute apparence, mais capables de déclencher des forces mystérieuses, surhumaines et normalement hors des atteintes de l’homme. » On peut voir dans Recherches de science rclig., t. iii, p. 426, et Anlhropos, t. viii, p. 885, des essais de définition ou de description extrêmement fouillés et complexes. Il nous suffira de quelques remarques sur la définition nominale proposée.

Cette définition ne s’applique pas à ce que l’on appelle la magie blanche, la prestidigitation, laquelle n’a aucune raison de comparaître dans un dictionnaire de théologie. Les théologiens se contentent de lui recommander, en passant, de ne pas virer du blanc au noir, et, bien entendu, de ne pas couvrir de sa blancheur des escroqueries ou autres passe-temps hétérodoxes. Cf. Perraris, Superstilio, 10 ; Gousset, t. i, n. 420. Le prestidigitateur fait des choses en apparence merveilleuses ; mais les spectateurs, j’entends les grandes personnes et sérieuses, admirent la dextérité, sans songer même à une intervention préternaturelle. Le prestidigitateur est au magicien ce que l’illusionniste est au médium spirite.

Donc, la magie véritable, ou, pour lui donner son épithete de nature, la magie noire — ainsi appelée parce qu’elle est le plus souvent malfaisante et est rapportée au démon ou à des puissances ténébreuses — est un art, c’est-à-dire un ensemble de procédés, de formules, de recettes ; elle est l’art de produire ou de MAGIE, DÉFINITION

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provoquer, car elle opère généralement a coup sûr : la pratique magique capte et contraint la force surhumaine. Hastin P- 278 ; Rech. de science « 1.,

' En 'réalité le processus total est variable et plus oins complexe. La pratique magique déclenche par, , propre puissance puissance attachée a tel objet i tel rite, a telle personne une puissance plus orande quelle ; et cela par action directe ou censée sur la nature ou Lien Indirectement en vertu utl -. explicite ou implicite, avec une force sup„e. personnelle, susceptible de concou de séducUon (et. Lagrange, ir les

. p. 14, 224 ; V…. Haddon, I Fetichism, p. 61), force plus ou moins pré. 18 cire cependant une divinité danle plein s « us du mot. Le phénomène produit est un phéscnsible, extraordinaire, merveilleux. r Ie Rov, Religion des primil I exprime

itiol dans cette définition : Nous enteue. l’art de réduire à son service, par cers pratiques occultes et d’aspect plus ou moins eux. les forces de la Nature ou de capter les Influences du monde invisible. Cf. p. 52,

Par ces caractères, l'œuvre magique se distingue du "nient et du miracle, avec lesquels beaucoup rivains rationalistes la confondent. Le sacrement lui aussi opère ù coup sûr et par sa propre vertu, ex opère par le fait que le rite sensible est exé cuté Mais si le rite est sensible, l’effet surnaturel ne lest pasde plus et surtout, l’efficacité réelle du rite lui vient de la volonté divine et de la dignité qu il reçoit du Christ ; d’ailleurs l’effet du rite sacramentel, contrairement a l’effet du rite magique en -encrai. n’est pas indépendant de la préparation morale du sujet, ni de ses dispositions intérieures. Donc si un rite sacre est révèle OU considéré comme révélé, si son icité lui vient de la volonté divine, il faut le rattacher non à la magie, mais a la religion. Rech.de science réf.. t. m. p. 423 ; Anlhropos, t. vin. p. 883 ; contre Frazer, Hubert et Mauss, Durkheim, Goblet dMviella. Marett, S. Reinach. Dans certains cas, on peut hésiter devant un rite qui prétend a contraindre la divinité même. Plusieurs auteurs admettent, avec exemples à l’appui qu’en bien des cas cette efficacité du rite a dépendu originairement dune promesse de la divinité. Cf. Rech. de science rel., t. ni. p. 112 ; Maspéro. Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes, t 1 p. 106 ; I.agrange, op ci(..]>. 16 ; Anthropos., I iv, p 523. L’homme qui recourt à de pareils rites doit considéré comme faisant acte de religion plutôt qu’acte de magie.

Sur cette distinction entre magie et sacrement, il est r piquant de faire donner une leçon a S. Reinach, lequel tire toute religion de l’animisme et des tabous, du totémisme et de la magie (Orphcus. p. 10, 20), par , isy..1 propos d’histoire des religions, p. SI. t Le baptismal ou eucharistique, dit M. Loisy, ne doit onfondu avec l’opération magique, car 1 effiité du rite sacramentel n’est pas censée indépendante de la volonté divine, elle ne l’est pas non plus siUons intérieures de ceux qui interviennent aur te qu’on ne peut plus parler que de magie

transformée, de magie qui n’est plus magie, l’essence du rite magique étant d’agir par sa propre vertu. A part l’expression « magie transformée > qui est inacceptable, mais qui aflecte l’origine du rite sacramentel et non l’idée que s’en font les chrétiens, la leçon maintient une distinction trop souvent oubliée.

miracle, comme l’opération magique, est un

phénomène sensible extraordinaire, sans antécédents

mes : mais, a la différence de l’opération

il n’arrive pas a point nommé, car il est

accorde librement par la bienveillance divine, s’il

est des cas ou l’homme a d’avance la certitude d'être

exauce, cela est une nouvelle laveur que nous appelons la foi du miracle, souvent l’homme doil se p.u-cr au miracle par la confiance, la prière, la vertu :

tout cela encore conditions, ni strictement nécessaires

ni certainement suffisantes. Le rite magique, au contraire, opère Infailliblement, ou à peu près, et en g<

rai. quelles.pie soient les dispositions morales du magicien, Recherches, t. m. p. 123 ; Anlhropos, t. viii,

p, 884 ; « en gênerai », disons nous, car on trouve, de Ci de li. exigée du magicien, une purification morale. Voir plus loin. col. 1532. De plus, le prestige magique et le véritable miracle se distinguent souvent par

leur Signification, leur portée, leur boule morale : le prestige magique est d’ordinaire inutile à une lin supérieure, malfaisant même et malsain. R ibid. ; Anthropos, ibid.

D’un mot, le sacrement est un acte religieux : le miracle est obtenu ordinairement par un acte religieux : la magie n’est pas vraiment religieuse. D’une façon générale, les hommes, même les non-chrétiens, et, parmi eux. même les sauvages, savent distinguer

cuire religion et magie, prêtre et sorcier. L'école SOCiO logique avec Durkheim n’exprime qu’une partie de la vérité, qu’une différence secondaire et même accidentelle, en opposant le caractère individuel, secret, illicite de la magie, au caractère social, officiel de la religion. Cf. Hastings, art. Magic, t. viii, p. 269 6, 207 ; Anthropos, t. viii, p. 884. La magie, en effet, peut passer a l'état d’institution et la religion est souvent acte privé.

La distinction, la différence fondamentale, au témoignage de beaucoup d’auteurs qui s’occupent d’histoire des religions, de ceux même qui n’ont aucun souci de la religion révélée, semble revenir à ceci : la religion considère le monde comme une série d'événements diriges par un ou plusieurs êtres souverains, qui agissent pour des motifs et des fins ; et elle soumet l’homme à ces êtres, elle tache de lui concilier leur bienveillance et leur secours. La magie, elle, voit dans le monde une série d'événements qui se déroulent invariablement, fatalement, de telle sorte cependant que des êtres supérieurs à l’homme puissent intervenir et diriger les forces naturelles, et que l’homme, le magicien, puisse, en faisant pression sur ces forces ou sur°ces êtres, introduire son activité dans la série. Hastings, art. Magic, p. 245.

Par ailleurs, il ne faudrait pas confondre la magie avec toute science, tout art, dés qu’il a quelque prétention au secret, au mystère, dès qu’il présente quelque caractère étrange. Il s’agit de distinguer la magie des sciences occultes, des sciences mal faites, imaginées par les simples ou les sauvages et, aussi, de bon nombre de superstitions populaires. Une science occulte, par exemple, autrefois, l’alchimie, peut être considérée par ses adeptes, et même par le public, comme une vraie science qui, par des moyens naturels, mais secrets, produit des effets naturels, merveilleux pour les ignorants, pour les profanes. La pierre philosophale devait être un corps dont la propriété spécifique serait de changer tous les métaux en or. Certains alchimistes pouvaient aussi prétendre avoir à leur service des agents prétematurcls ; alors c'étaient de véritables magiciens, l’aristocratie des sorciers ; et ils étaient traités comme tels. Quand, vers 1922, un faiseur de pluie passait contrat avec des cultivateurs de l’Amérique du Nord, il prétendait avoir un secret, une science occulte ; le public croyait ou ne croyait pas, ou attendait ; personne, que je sache, ne soupçonnait la magie d’intervenir.

1 remarques analogues sont a faire sur les sciences enfantines des simples et des sauvages, et sur les

remèdes de bonnes femmes. Par exemple, voici une éclipse de lune : en bien des pays, pour les gens du peuple, la lune est dévorée par un dragon. Que faire ? mobilisai ion générale des batteries de cuisine, vacarme assourdissant, qui bientôt contraint le monstre à lâcher prise. Et chaque fois le procédé finit par réussir. On appelle cela couramment de la superstition, parce que la croyance est vaine ; mais il n’y a pas nécessairement superstition au sens strict. Cet exemple a été choisi précisément pour montrer qu’il peut y avoir dans une histoire un dragon ou un autre être surhumain, sans qu’il y ait histoire de magie. Ici le dragon est mis en fuite parle vacarme, moyen très humain, très naturel, tout comme serait chassé le chien le plus vulgaire. Donc Frazer a tort de présenter la magie comme « une fausse science et un art avorté ». The magie art, t. i, p. 53. Les remèdes de bonnes femmes peuvent être excellents ou absurdes ; en général, ils n’ont rien de magique, à moins que leur application ne comporte des circonstances plus ou moins étranges : par exemple, il faut une certaine plante, cueillie tel jour de la lune, avec accompagnement d’une formule déterminée. Il y a alors naïve simplicité ou procédé vraiment magique.

Enfin, les superstitions populaires dans nos pays peuvent se rattacher à la magie quand un résultat extraordinaire est demandé à une pratique absolument inopérante et connue comme telle. Même alors, avant de lâcher le gros mot de magie, il faudrait voir s’il ne s’agit pas plutôt d’attente irraisonnée ou de superstition simple, c’est-à-dire s’adressant à Dieu avec la prétention, par des moyens considérés comme capables de le toucher, d’obtenir de sa puissance et de sa bonté, une intervention miraculeuse.

Enfin, il importe de rapprocher de la notion de magie plusieurs notions connexes, plusieurs pratiques ou arts auxquels la magie peut se trouver mêlée :

L’hypnotisme, voir t. vii, col. 357, pris du côté de l’agent, est l’art d’endormir une personne et de lui faire dans cet état exécuter certaines actions plus ou moins extraordinaires ou simplement insolites.

Le magnétisme est l’art d’agir sur une personne au moyen du magnétisme, force primordiale universelle qui relierait entre eux tous les corps de l’univers.

L’occultisme est la science des choses cachées et aussi des choses à cacher. Cf. Dictionn. apologétique, art. Occultisme, donc science spéculative ou science pratique. Le maléfice est la pratique magique malfaisante. Il en sera spécialement traité dans la IIIe partie. La sorcellerie ou art de jeter des sorts, ordinairement nuisibles, est à peu près la même chose que l’art d’opérer des maléfices. L’usage, à certaines époques surtout, a étendu le mot à tout commerce avec le démon. La nécromancie est l’art d'évoquer les âmes des morts pour en obtenir la connaissance des choses cachées, futures, des choses de l’autre vie. Le spiritisme est l’art de provoquer des phénomènes extraordinaires, grâce à des esprits ou aux âmes séparées ou à des forces naturelles encore mystérieuses, ou à la supercherie et à l’illusion. Chacune de ces explications a ses défenseurs. Un des phénomènes les plus couramment obtenus par la nécromancie ou le spiritisme, est celui des tables tournantes, avec accompagnement ou non de signes d’intelligence.

Tous ces arts, toutes ces pratiques, peuvent être plus ou moins entachés de magie ; dans cette mesure et dans cette mesure seulement, s’applique à eux ce qui est dit de la magie en général.