Dictionnaire de théologie catholique/MACAIRE DE CORINTHE

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 20-21).
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5. MACAIRE DE CORINTHE. auteur ascéique grec de la fin du xviii° si é à Corinthe 1731. et non en 170$, comme l'écrit Zaviras, ven 1751, comme l’imprime C. Sathas, il reçut au aptéme le nom de Michel. Il appartenait à cette “famille des Notaras, qui avait donné à l Jérusalem deux patriarches, Dosithée et Chrysanthe, et à l’ile de Céphalonie un patron populaire dans la

nne de saint Gérasime. Son père, Georgantas as. occupait le premier rang à Corinthe et comme fonctionnaire ottoman et comme protégé anglais. Après avoir terminé ses études dans sa patrie, “ie jeune Michel prit l’habit monastique sous le nom de

Macaire au monastère de Méga Spiléon et rentra bienLôt aprés à Corinthe où pendant six ans il se fit maitre d'école. Sur ces entrefaites, le vieux Parthénius, métropolite de Corinthe, étant Venu à mourir (1764), Macaire fut désigné par ses compatriotes pour lui succéder. Le Saint-Synode approuva ce choix en janMier 1765, et le nouveau pasteur se mit aussitôt à Hœuvre..Il s'était proposé un double but, la réforme du, clergé et l'éducation de la jeunesse. Mais le Péloponèse s'étant révolté contre les Turcs en 1768, la farille Notaras, y compris Macaire, quitta le pays

pe crainte des représailles, quand elle vit que entreprise allait échouer. Aprés un séjour de trois ans dans l’Ile de Zante, Macaire, privé de son évêché à Na demande de la Porte par le patriarche Théodose (1773), vint se fixer à Hydra où il resta jusqu’à la signature du traité de Kainardji (1771). De là il Jassa à Chio, puis au mont Athos, où il avait rêvé de se fixer. Mais les scandales dont il fut le témoin modifièrent ses plans, et complètement désenchanté de la sainte Montagne, il revint à Chio pour passer bientôt à Patmos. Reprenant au bout d’un an sa Vie errante, on.le Voit tour à tour à Hydra, à Corinthe, à Chio, à Smyrne, à Patmos, où il remplit en 1793 une mission | comme exarque, et finalement à Chio, où il meurt le










1@avril 1805 dans l’ermitage de Saint-Pierre, devenu depuis Saint-Macaire, près du village de Vrontados,

DRÉPHALOS — MACAIRE


DIENXCOR IN DHE 1450


au nord-est de la ville de Chio. populaire, il eut sa fête fixée au 17 avril, el un ollice composé par son disciple Nicéphore de Chio. Sur les éditions successives de cet ollice, voir L. Petit, Hibliographie des acolouthies grecques, Bruxelles, 1826, au nom de Macaire.

L’ancien évêque de Corinthe, qui avait déjà pris parti contre certains Athonites dans la controverse des colybes, se trouva encore mêlé dans une querelle d’une portée plus haute, qui tint en suspens le monde grec durant plusieurs années, celle de la communion fréquente. Étail-il permis de communier souvent, ou devait-on se borner à recevoir la sainte eucharistie au terne des quatre grands jeûnes de l’année ? L’usage, il faut bien l’avoucr, était contre la fréquence de la communion. Aussi l'émoi fut grand quand on vit la thèse contraire ouvertement et longuement soutenue dans un livre paru à Veaise en 1777 sans aucun nom d’auts livre éta ujourd’hui d’une excessive rareté ( nous n’en connaissons que deux exemplaires, celui du monastère de Xéropotamos au mont Athos, et le nôtre), nous en transcrivons intégralement le titri “Eyxctalôrov dvovüuo rovès érobeweruxbv repl r0ÿ Gr xpcuaroBav ol xporiaval auxvÉrepor V3 era Aaubavoo ! rx Beïx Huaripta. Nô5v np@rov tÜrow ExoBèv Barr 505 ms rérou xx) ihoxplorou xuplou Amurrplou reooxuvnroÿ r05 éx Apbarac. z40. ‘Éverimor. 1777. LLapà Nuxok&p L’Avxet r@ à lie ea Con licenza de’superiori. In-8°, 173 p.

Après une préface composée presque exclusivement de textes scripturaires, p. 3-9, l’auteur anonyme établit d’abord, à l’aide de l'Écriture, des conciles et des Pères, l’obligation pour le chrétien de communier souvent, puis il réfute longuement les objections que l’on avait l’habitude de soulever contre eette pratique. L’ouvrage n’ayant été signalé juqu’ici par aucun bibliographe, personne ne s’est préoccupé d’en rechercher l’auteur, mais nous croyons pouvoir aflirmer que cet auteur n’est autre que notre Macaire. Voici pourquoi. Bon nombre de bibliographes attribuent au moine Nicodème la paternité de l’ouvrage suiva B£Nlov Quywpchéararov repl +6 auveyoïs era. Mdzuc rôv dgpévruv 705 Xp : aroë puarpiov. Niv rorp@rov zuruèv ele xoivhv Gpédetav Tüv 600)Bu ypsoravôv. ‘Éverinoe br. 1783. [lapà & Béprok. Con licenza de superiori e

monisé par là voix




























privilegio. nu dans sa curieuse apologie intitulé in-8e, Venise, 1819, p. 84, ne reni

Opooyia niorewc, pas cetle paternité. Et pourtant le livre ayant été déféré au Saint-Synode

par le professeur Balanos, il fut prohibé en 1785 « comme contraire à la loi et scandaleux » et la lecture en fut interdite aux fidèles sous les peines les plus graves. Mais la majorité des moines de l’Athos ayant pris la défense du livre incriminé, le décret de condamnation fut annulé par le patriarche Néophyte (1789-1794) dans une lettre adressée non à Nicodème, mais à Macaire, que le document partiarcal désigne expressément comme l’auteur de l’ouvrage. Comment concilier ces divers témoignages en apparence contra dictoires ? Que l’auteur véritable de ce livre aussi rare que discuté soit effectivement Macaire, on ne saurait en douter. Non seulement la lettre de Néophyte l’affirme catégoriquement, mais Athanase de Paros, ami et biographe de Macaire, ne consacre pas moins de deux pages à justifier la doctrine de son héros contre les attaques passionnées de ses adyersaires, Il n’en est pas moins vrai que Nicodëme, ici comme dans d’autres publications qui seront indiquées plus loin, s’est fait le collaborateur de Macaire : il a complètement refondu l'édition de 1777 en y introduisant avec quelques développements, toute une partie nouvelle, la première, contenant un bref commentairede lO

l’Oraison dominicale, sans compter bon nombre de textes entièrement nouveaux. Il a aussi multiplié les divisions : au lieu du chapitre unique que comptait la 1e édit., nous avons ici trois parties, subdivisées chacune en un certain nombre de chapitres, dont l’heureuse disposition rend la lecture du livre moins laligante pour le lecteur. On reconnaît dans toutes ces pages la plume alerte de Nicodème, mais le plan primitif du livre et l’idée surtout de réfuter une à une toutes les objections de principe sont bien de Macaire. Contre la solution que nous proposons de ce problème littéraire, une objection, il est vrai, peut être soulevée. Au témoignage de M. Gédéon, 'ExxXvjaiao-Tixv) 'AXVjŒta, t. iii, p. 67, Athanase de Paros, dans une lettre du 8 décembre 1783, attribuerait à Néophyte le Causocalyvite l’ouvrage sur la fréquente communion. Cette lettre étant restée inédite, il est difficile d’en discuter la teneur, mais il nous semble incroyable qu’Athanase de Paros ait dit blanc dans la biographie de Macaire, et noir dans la lettre en question. On n’est d’ailleurs pas peu surpris de voir le même M. Gédéon, dans une étude qui a pour objet l’histoire de la controverse sur la communion fréquente, non seulement taire absolument le nom de Macaire, mais refuser encore à Nicodème la moindre part dans la publication du livre de 1783, alors que le même Nicodème éprouve le besoin, dans l’Apologie citée plus haut, de se défendre contre une interprétation malveillante de la thèse soutenue dans le livre en question. On l’avait accusé en effet de soutenir la communion fréquente pour que le communiant pût recevoir en entier le corps du Christ, une seule communion ne lui procurant qu’un Christ partiel. Les gens qui parlent ainsi, dit Nicodème, sont l’organe du diable, et c’est le diable qui parle par leur bouche. Op. cit., p. 85.

Le biographe de Macaire lui attribue un grand nombre d’autres ouvrages, mais comme ces ouvrages ont tous été publiés sous le voile de l’anonymat, force nous est de ne mentionner ici que ceux qu’Athanase de Paros désigne expressément. Comme ils sont pour la plupart d’une insigne rareté, nous en donnerons le titre dans son intégrité. Les voici par ordre de date : 1° dXXoxaX'.a twv lepcov vr^Tixcov cuvepaviaGeïaa rotpà tcov àytcov Qeooépaiv TOXTsptov Y)u.côv" èv fj Sià T/jÇ xaxà tt ; v TrpàÇtv xal Gewplav YjGtxrç çtXoaocptaç voûç xaGaîpexai. 90tmÇexai.xal TeXsioÛTa !.., E7n.[ji.£ ela ii, èv ÔTiTrXetoffjSt.opOcoGslGa’vùvSè 7rp£>Tov TÛ7toiç èxSoŒïaa Sià oaTuàvrjç toù ti[xicot(xtoo xal GeoasPsctoctou xuplou 'Iwàvvou MaupùyopSocTOU' elç xoivrçv tûv ôp6086ïcov côçéXeiav. aijj7r(3', 'EveTiflCHV. 1782. Ilapà 'AvtcovIw xCù BôpToXi.. Con licenza de' mperiori t privilegio. In-fol. de 16-1207 pages, 2e édit, , Constantinople, 1861, et 3e, Athènes, 1900. Ce précieux recueil, que Migne n’a pu utiliser que tardivement pour sa Patrologie grecque, comprend dans sa première partie les œuvres ascétiques des auteurs suivants : Antoine le Grand, Isaïe, Évagre, Cassien, Marc, Hésychius, Nil, Diadoque, Jean de Carpathos, Théodore d'Édesse, Maxime le Confesseur, Thalassius, Jean Damascène, Philémon, Théognoste, Philothée le Sinaïte, Élie, Théophane le moine. La seconde partie contient Pierre de Damas, la métaphrase des homélies de Macaire par Syméon le Métaphraste, les chapitres de Syméon le Nouveau Théologien, Nicétas Stéthatos, Théolepte de Philadelphie, le moine Nicéphore, Grégoire le Sinaïte, Grégoire Palamas, le tomos des Athonites en faveur des Hésychast es, Calliste et Ignace Xanthopoulos, Calliste le patriarche, Calliste Télicoudes (lire Angélieoudès), Calliste Cataphygiotès, Syméon de Thessalonique, le commentaire d’un anonyme (Marc d'Éphèse) sur la prière Domine Jesu Christe fili Dei miserere nobis, divers opuscules de Syméon le Nouveau Théologien et de Grégoire le Sinaïte, enfin des extraits de

la vie de Maxime le Causocalyvite et de Grégoire Palamas sur la prière mentale. Le recueil est parfois cité sous le nom de Jean Maurocordato, mais à tort, ce mécène n’ayant fait que payer les Irais d’impression. Souvent aussi, on l’attribue à Nicodème, qui y a certainement collaboré, mais le principal éditeur, au témoignage de son ami et biographe Athanase de Paros, est Macaire de Corinthe. — Il faut en dire autant du recueil suivant, dont les biographes revendiquent la paternité pour Nicodème, mais qu’Athanase affirme avoir eu pour éditeur Macaire : 2° EuvoycoyÎ] t & v ŒofpOoYYwv p/|xâTo.v xal SiSaoxaXi&v rôJv Œoçépcov xal àyfojv jraTeptûvàiro trxotjç Yp’y.ç, 7 ; ç Qeonveuorou CTUva8po'.a0etoa olxe£<oç te xal Tcpoa^pojç ey.-zQs~.aa. rrapà IlaùXou toù ôaicoTceTOu [iovaYOÛ xal x-rfjTOpoç U-ov7, < ; t^ç Lœpctylctç Œo-rôxou t% EôepyéxiSoç, xal EôepYeTivoû èîuxaXouu-évou, fj-riç XrçOôïaacx tïjç (31 pÀLOÔ^X^Ç JXOVÎJÇ TOÙ KoUTÀOUU.OÛO")f] £7lOVOU, aÇoU.évY ; < ;,

vûv 7rptÔTov tôttoiç è^sSôGr, Sià Sa7râv7)ç toû TijUcaràtou xal eÙYevEOTaTGu xuplou xuplou 'Itoàvvou Kavvâ 7cp6ç ôxpéXsiav tûv È7n.TUY/av6vTo.>v. y^ny'. 'Eve-riflen, 1783. Ilapà 'AvtwvIco tû BopT’A'.. Con licenza de' superiorie privilegio. In-fol. de 30-1098 pages et un feuillet ; 2e édit. en 2 vol., Athènes, 1893. Cette vaste compilation, dont il sera parlé sous le nom de Paul moine de l’Euergétis, a été publiée aux frais d’un riche smyrniote, Jean Cannas, dont Macaire avait sollicité l’appui. — 3° C’est encore à Macaire qu’est due l’impression du Catéchisme orthodoxe de Platon, traduit en néogrec par le fameux D. Corai, à qui la générosité de l’ancien évoque de Corinthe avait permis de poursuivre ses études médicales à Montpellier. Elle est intitulée :, Op6680^oçôu, oXoYta, in-8°, Leipzig, 33-350 p. Réimprimée à Munich, chez George Frantz en 1834, in-8°, xxxii-241 p. — 4° Athanase de Paros ayant publié en 1798, à l’imprimerie patriarcale, une Xpicmavixïj àTToXoyta, in-8°, 96 pages, contre les erreurs de Voltaire et l’athéisme, Macaire voulut faire les frais d’une seconde édition qui parut à Leipzig, in-8°, 148 pages, en 1805, l’année même de sa mort. Mais l'œuvre de ses derniers jours, celle qui lui coûta le plus de recherches et qu’il n’eut pas le temps d’achever, est le Néov Ast(iwvàptov, recueil de vies de saints et de martyrs de diverses époques mises en ordre et traduites en néogrec. L’ouvrage complété par Nicéphore de Chio, disciple de Macaire, parut à Venise en 1819 et a été plusiems fois réimprimé depuis. Voir pour le détail de ces diverses éditions, L. Pelit, Bibliographie^ des acoloulhies grecques, Bruxelles, 1926, s. v.

La biographie de Macaire par Athanase de Taros se trouve dans les diverses édit. de son acolouthie, Chio, 1863 ; Hermopolis 1885 ; Doukakès, Meyaç auvaÊapiarr, ;, mois d’avril, p. 166-206, et en abrégé dans la dernière édit. du Nsov A ; tu(ov-Jp.ov, Chio, 1913, p. 28. Voir en outre, P. M. Contoyanl, O’i "EXXr, veç xccTètTOV npôïTov rfjç Aixa"reprvï]ç 13 ' po < a rrcxov pxi xovtto) sm ov ( 176$1-$2 774), in-8 « , Athènes 1908, p. 409-415, article reproduit dans la revue X'.axbv (Lovoetav, in-fol., Chio, 1911, p. 1-5 ; A. Elias, dans XiaLo Xpovixâ, t. ii, Athènes, 1914, p. 31-33. Sur la controverse relative à la communion fréquente, voir M. Gédéon dans Exx)7]Tia<7f.xv' l 'A'/' Bïto, Constantinople, 1883, t.ui.p. 671, 72, et Ph. Meyer, Die Hau^iurkunden fur die Geschichle der Athosklôster, in-8°, Leipzig, 1894, p. 78, 79. Les lettres patriarcales relatives à cette question se trouvent dans M. Gédéon, Kavovixai êiaTxçEiç, t. I, p. 269 sq., et dans Mansi, Concil., t. xxxrs.

f L. Petit.