Dictionnaire de théologie catholique/MACAIRE D'ÉGYPTE

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 21-23).
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6. MACAIRE D'ÉGYPTE, appeléaussi Macaire le Grand, ou Macaire de Scété, moine égyptien (ive siècle). — Les deux sources des renseignements que l’on possède sur Macaire, c’est d’une part l’Histoire Lausiaque de Palladius, c. xvii, édit. Butler, p. 4347, d’autre part l’Hisloria monachorum, c. xxviii, édit. M tCAIRE D’EGYPTE

Preuschen, p. 86-90, dont ta il l’original et qui

Induite en latin par Ruftn. Os deux sources

indépendantes. De la première dérivent les

données fournies par Sotomène, // /'.. iii, H et vi, 20,

i, col. 1068 et 1341, el par Socrates,

y/ / ; ' lv 1 Defl sont passées de là

i divers historiens du monachlsme, anciens et .. qu’il est inutile de recenser Ici. de Macalre tient en quelques Ugm de la llante-1-gvpte. on il a pu naître dans les s premières années du ive siècle, il est devenu de trente ans. membre d’une de ces colonies monastiques qui peuplaient le désert de Secte.. lu Delta ; disciple, semble-t-il, de saint aie. remarqué pour sa sainteté précoce qui l’avait fait surnommer le jeune vieillard. iwti&xpioYépoiv, il fut vers l’Age de quarante ans élevé au sacerdoce. alors que déjà il possédait les charismes de guértson et de prophétie. Il jouissait dans la colonie monastique d’un ascendant considérable, sans qu’on puisse parler, i dire, dune autorité administrative. I. es miracles les plus extraordinaires lui sont attribués par Palladio*, qui se rend compte lui-même que sa narration est tant soit peu Incroyable. On relèvera au moins celui de la femme changée en Jument par un sorcier et rendue par Macalre à sa forme primitive. Au dire ène, vi, 20, il a été, avec d’autres chefs du monachisme nitrien. victime des persécutions dirigées par Lucius. l'évêque arien d’Alexandrie après la mort de saint Athanase. contre les nicéens fidèles, vers 374. cette persécution dura peu. Macaire mourut âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, donc dans les dernières années du ive siècle. Il était mort depuis quelque temps quand le rédacteur de l’Historta monæhorum visita, en 397 ou 398. le désert de Sceté.

Gennade qui écrit dans la seconde moitié du ve siècle, connaît Macaire mais ne lui attribue, en fait d'œuvre littéraire, qu’une lettre à de jeunes moines : unam tantum ad juniores pro/essionis suie epistolam. De vir. M., 10, /'. /-.. t. lvui. col. 1065. Ni l’alladius. ni l’Historia monachorum ne parlent d’aucun écrit, et nul parmi les écrivins anciens ne connaît aucune production littéraire de ce pieux personnage. A l’heure qu’il est pourtant la Patrologie grecque lui consacre un volume presque entier, t. xxxiv. — On y trouve : 1° Quatre lettres dont trois en latin, et une assez longue en grec. col. 405-446 ; — 2° Une prière en grec de quelques lignes, col. 445-4 17 ; — 3° Cinquante homélies en grec, exposant les principes de la vie spirituelle, col. - 4° Une série d’opuscules ascétiques en grec : 1. De custodia cordis, col. 821-841 ; 2. De perjectione in spiritu. col. 841-852 ; 3. De oralione. col. 853-865 ; 4. De patientia et discretione. col. 865-889 ; 5. De e.levatione mentis, col. 889-908 ; 6. De charitate, col. 908936 ; 7. De libertate mentis, col. 936-968. — Il faudrait y ajouter, parmi les Apophtegmata sanelorum senum publiés par Cotelicr. et parmi les Apophtegmes coptes publics par Amélineau, un certain nombre de dits et de propos attribués, à tort ou à raison, à Macaire.

Il va de soi que l’on ne peut porter tout cet héritage au compte de l’abbé de Scété que sous bénéfice d inventaire. D’abord, pour ce qui est des Apophtegmata. il est trop clair qu’il est impossible d’en revendiquer pour Macaire l’absolue propriété. Ces anecdotes, ces conversations étaient, si l’on peut dire, un bien commun à tous les grands solitaires. — Pour les 7 opuscules ascétiques édités d’abord sous le nom de Macaire, ils se sont révélés, à un examen plus attentif, comme des extraits plus ou moins arrangés des homélies. Un des mss., le Vindobon. 104, les donne expressément comme compilés par Siméon le Logothète ( n moitié du xi* si scie ;  : Kvpélaia toû fcylou MrLa . lurocçoaurOcVra -rrzx Eupe&v (sic) toû A

tou.— Restent les homélies et la longue lettre grecque.

Leur appartenance à un même auteur semble vraisemblable, il y a en effet, une suffisante parenté de fond et de forme entre les deux écrits. La question de l’origine macarienne n’est pas tranchée pour autant. L’attribution des cinquante homélies à Macaire repose, en somme, sur la simple affirmation de mss. relativement récents, et les critères internes ne la garantissent pas d’une manière absolue. Au XVIIIe siècle déjà, Oudin et Semler avaient nié cette authenticité ; leurs arguments ont été repris et examinés tout récemment par C. Flemming, qui conclut d’une manière très ferme contre l’attribution à Macaire. Ces arguments sont de valeur très inégale et il ne semble pas que la majorité des critiques s’y soit jusqu'à présent ralliée. Le plus grave, à notre avis, fait état.le l’Idéal monastique qui est présenté par l’auteur des homélies. Il s’agit de toute évidence d’une règle proposée à des moines vivant en une communauté très fermée, alors que. 6 s’en rapporter à l’Histoire Lausiaque, Macaire présidait à des établissements tout différents. Vivant en des cellules éparpillées à de grandes distances, les moines de Nitrie ne se rassemblaient en somme que pour l’office du dimanche. Ce n’est pas à des anachorètes de ce genre, mais à des cénobites du type pakhomien que semble s’adresser l’auteur des homélies. Resterait donc l’Epistola sancti Macharil ad flltos Dei, publiée pour la première fois par Floss en 1850 : incip. : In primis quidem si cœpcrit, P. G., Inc. cit., col. 405-410 ; elle correspond dune manière exacte au signalement que donne Gennade, toc. cit. : Macharius… scripsit epislolam in qua docet illum per/ecte possc Deo serinrc qui condilionem creationis suse cognoscens ad omnes semetipsum inclinaverit tabores, ut luctando atque Dei auxilium adversum omne quod in hac vita suave est implorando, ad naturalem quoque perveniens puritatem, continentiam velut naturx debitum munus obtinucrit. Cela prouve au moins que, dès le début du v » siècle, elle circulait en Occident sous le nom de Macaire le Grand.

Quoi qu’il en soit des questions d’authenticité, les œuvres spirituelles mises sous le nom de Macaire méritent certainement de retenir l’attention des théologiens. On a essayé, en ces temps derniers, de préciser la part qu’il conviendrait d’y faire aux influences stoïciennes et péripatéticiennes, d'établir les fondements sur lesquels repose la doctrine spirituelle et ascétique de l’auteur, les tendances dont témoigne cette dernière, la démonologic qui y transparait et qui est assez différente de celle de l’Histoire Lausiaque. L’influence de ces écrits, dont l’origine reste assez obscure, a dû être considérable sur la formation de la mystique orientale ; c’est ce dernier point qui mériterait d'être étudié.

1 » folHions du texte. — L'édition princepi des Ilomilies a été donnée par Jean Pic, ÏVS halo’J —, -.-.', : Maxaptou rov l’iiris 1559 et en traduction latine : .v. Palri* Marnrii JBgvptii homllim qutnquaglnta interprète Joanne Pieo, Paris, ir> « 2 ; puis par Zarbaric Pnlthenius. S. P. Macarii homlltet tpirllual* », Francfort. 1504 ; pnr Gcor"es Pritlus, S. P. Wocorfl opuxcula, Leip’lg, 1714, d’où elles "sont passées dans Gallandl. Vêler. Pair. Mbltolheca, t. vii. p. 3 sq. et de là dans P. G., t. xxx ; v, col. 449-822 — Les opuseula tucrltca, édités d’abord par P. Poussines. Thésaurus asrrtirus, Toulouse, ir.x : î, sont passées dans

Prltius. op. eit, pois dans Gallandl et P. G. Les lettres, etc., font été par M. J. Floss, Macarii /Emplit tptstoUe, homilinrum lori, preces, Cologne-Bonn-BruM-l’e-, 1850, reproduit dans P. (, ., loin, vit. : sur deux fragment ! que I loss avait publiés dans le programme de l’Université de Bonn du 3 août isr.r., cf. deux plaquettes de J. GlldemeUter, Ueber die <m <i<r L-. pretui Unioertttai Bonn entdeekten neuen

Fragmente rlrs Mararius, Leipzig, IR66. et Lirrites Wnr.

Bberfold, 1M7. — Les apophthegmata, rassemblés d’après diverses collections, dans P. G., lom. rit-, col. 232-284, ivv

MACAIHK D’KGYI’TE — MACAIRE DE MAGNÉSIE

1456

seront complétés par les apoplithegmes publias en copte et traduits par E. Amélinau, dans Annales du Musée Guimet, 1894, t. xx, p. 203-234.

2° Sources de la vie de Macaire d’Egypte.— 1. Palladlus, Histoire Lausiaque, c. xvii, voir l'édit. de dom C. Butler, clans Texts and Studies, t. vi, fasc. 1, Cambridge, 1X98, fasc. '1, 1904 et l’adaptation française dans la collection Hemmer-Lejay, Textes et documents. — 2. L’Historiamonac/iorum, dont Butler a démontré que le texte original est grec, qu’il n’est pas de Rutin, et que Ru un est seulement l’auteur de la traduction latine ; voir ce texte grec dans E. Preuschen, Palladius und Rufinus, ein Deitray zur

QucUen-Kunde des ùltesten Mônchtums, Giessen, 1897

3. Amélinau a aussi publié, loc. cit., p. 40-117, une Vie de Macaire de Scété, et p. 118-202, des Vertus de saint Macaire, en copte (avec traduction française) ; la première de ces compilations se donne comme écrite par un moine nommé Sarapamon ; elle peut remonter à la fin du IVe siècle, ce qui ne veut pas dire que sa véracité soit au-dessus de toute contestation.

Notices littéraires et études de détail.

Acta Sanct.,

janvier, t. I, p. 1005-1015 ; Tillemont, Mémoires, t. viii, p. 574-625, 805-811 ; C. Oudin, Comm. de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, Francfort, 1722, t. I, p. 474-480 ; Semler, Spécimen examinis crilici Operum quæ ita feruntur Macarii, Halle, 1745, et Spécimen animadversionum in aliquot opuscula græca Macarii, ibid., 1746 ; ces deux courtes dissertations sont reproduites dans P. G., lom. cit., col. 263-284 ; J.-A. Fabricius, Bitliotheca græca, édit. Harles, Hambourg, 1802, t. viii, p. 361-366 ; et surtout la très longue étude de Floss, op. cit., p. 1-188, reproduite intégralement dans P. G., fom. cit., col. 1-175.

Parmi les nombreuses études doctrinales modernes, citons seulement : G. B. Lindner, De Macario disserlalio htstorico-tbeologica, Leipzig, 1846 ; J. Stoffels, Die myslische Théologie Makarlus des ^Egypters, Bonn, 1908 ; C. Flemming, De Macarii JEgyptii scriptis quecsiiones, Gœttingue, 1909, cet auteur annonçait que la suite de son étude paraîtrait dans les Neue Studien zur GeschicUte der Théologie und Kirche, publiées par Bonwetsch et Seeberg : elle n'était pas encore parue en 1914. Une énumération plus complète de travaux modernes, en particulier de ceux de J. Stiglmavi, dans O. Bardenhewer, Gesch. der altkirchl. Ltteratur., t. iii, 1912, p. 92. g Amann