Dictionnaire de théologie catholique/MACAIRE BULGAKOV

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 17).
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3. MACAIRE BULGAKOV, célèbre théologien russe du xixe siècle, né au village de Novooskolskii, dans le gouvernement de Koursk, en 1816, mort en 1882. — Il était fils d’un curé de campagne, et s’appelait Michel Pétrovitch, avant d’embrasser la vie monastique. D’abord élève du séminaire de Koursk, il suivit ensuite les cours de l’Académie ecclésiastique de Kiev, se lit moine à la fin de ses études, et fut nommé professeur d’histoire ecclésiastique et civile dans la même Académie. Bien qu’il n’eût suivi lui-même aucun cours d’histoire — cette chaire n’existait pas à l’Académie, du temps qu’il était élève — il se montra, grâce à un labeur acharné, à la hauteur de la t£che qu’on lui confiait. En 1842, il passa à l’Académie ecclésiastique de Pétersbourg avec le titre de professeur de théologie. Dès 1843, il était reçu maître en théologie, et présentait comme thèse son Histoire de l’Académie ecclésiastique de Kiev. Dès lors, son activité littéraire fut prodigieuse, et ne se ralentit pas, malgré les hautes dignités auxquelles il fut élevé et qui lui prirent une partie de son temps. D’abord inspecteur de l’Académie de Pétersbourg avec le grade d’archimandrite, il devint recteur en 1850 et reçut la consécration épiscopale. En 1857, il fut nommé au siège de Tambov, passa au siège de Kkarkov en 1859, à celui de Lithuanie en 1886, et fut promu métropolite de Moscou, en 1879. En 1854, il avait été nommé membre de l’Académie impériale des sciences, et s'était distingué par son assiduité aux séances de la section dont il faisait partie. Esprit ouvert et sympathique à toute manifestation de l’activité scientifique, il consacra les gros revenus que lui procurait la vente de ses ouvrages à la fondation de prix pour les meilleures productions scientifiques et les meilleurs manuels à l’usage des étudiants.

De tous les théologiens russes du xix c siècle, Macaire est celui qui a acquis le plus de notoriété, non seulement parmi les diverses Églises qui se rattachent au groupe gréco-russe, mais aussi parmi les catholiques d’Occident. Il doit cette célébrité à la traduction en diverses langues de ses deux principaux ouvrages théologiques, qui sont l’Introduction à la théologie dogmatique orthodoxe et la Théologie dogmatique orthodoxe. L' Introduction à la théologie dogmatique orthodoxe, publiée à Pétersbourg en 1847. correspond à peu près à nos manuels d’apologétique et de théologie fondamentale. La 6e édition russe a paru à Pétersbourg, en 1897. Elle a été traduite en mauvais français par un Russe, Paris, 1857 ; en grec moderne par Nicolas Sp. Papadopoulos, 2 vol., Leipzig, 1858 ; en roumain par l'évêque Gérasime Timus, Bucarest, 1885. La Théologie dogmatique orthodoxe parut d’abord à Pétersbourg en 5 volumes, de 1845 à 1853 (5e édit. en 2 vol., Pétersbourg, 1895). C’est un manuel de théologie analogue à ceux qui sont en usage dans nos séminaires,

avec cette différence que l'élément proprement théologique et scolastlque y tient très peu de place, la plus grande partie étant constituée par de longues enfilades de textes scripturaires et patristiques. L’auteur s’est, du reste, inspiré des manuels catholiques, en particulier de la 'rhéologie du P. I’errone. De l’aveu même des Busses contemporains, la partie positive de cet ouvrage qui est pourtant la principale, laisse beaucoup à désirer. Franzelin a fait de ce déficit la démonstration péremptoire pour ce qui regarde la procession du Saint-Esprit. Voir son ouvrage : Examen doclrinæ Macarii Bulgakou de processione Spi~ ritus Sancli, 2e éd., Prati, 1894. Au demeurant, l’ourage est bien représentatif de l’orthodoxie officielle de l'Église russe dans la seconde moitié du siècle dernier. Mais ce serait une erreur de croire que tous les théologiens russes de la même période, et surtout les théologiens actuels, partagent la doctrine de Macaire. Celle-ci répond à la conception que le procureur du Synode, Protasov, imposa à l'Église russe vers 1840, pour réagir contre l’influence de la théologie protestante, qui avait été prépondérante dans la période précédente. Cf. M. Jugie, Theologia dogmalica christianorum orienlalium ab Ecclesia catholica dissidentium, 1. 1, Paris, 1926, p. 605 sq. Une traduction française très défectueuse de la Théologie orthodoxe de Macaire a paru à Paris, en 1859-1860, 2 vol. Une traduction serbe a été exécutée par Métrophane Chevits, 3e édit., Novi-Sad, 1895. L’ouvrage étant trop développé pour le cours ordinaire de théologie des séminaires russes, Macaire en fit un résumé, qu’il publia en 1868 sous le titre Manuel pour l'étude de la théologie dogmatique orthodoxe. Ce résumé a eu de nombreuses éditions, et a été traduit en allemand par D. Blumenthal, Moscou, 1875 ; en grec moderne par l’archimandrite Néophyte Paghidas.'Eyxe'.p’lSiov T7jç xaxà t ?)v ôp0680 ; ov elç XpiaTOv ma-iv SoynaTtxîjç GeoXoytaç, Athènes, 1882 ; en bulgare, Osnounite istini na verata, en 1901 ; en serbe, Manuel de théologie dogmatique, Belgrade, 1898.

Macaire s’est signalé aussi comme historien de l'Église russe. En dehors de l’Histoire de l’Académie ecclésiastique de Kiev, déjà mentionnée, il a laissé : 1° une grande Histoire de l'Église russe en 13 volumes (le dernier volume a été publié après sa mort), qui va des origines au grand concile de Moscou (1667), et reproduit plusieurs documents de l’ancienne littérature ecclésiastique russe. C’est ce qui en fait le prix, plus que le récit proprement dit, où le manque de critique se fait souvent sentir ; 2° Une Histoire du rascol des vieux rites (en russe), Pétersbourg, 1854 ; 3° une monographie sur la secte des Slranniki ou voyageurs, restée en partie inédite ; 4° Un Recueil de matériaux pour la science du droit canonique de l'Église orthodoxe, composé en 1850 et resté inédit. Il faut 'aussi signaler ses nombreux articles sur les diverses sciences ecclésiastiques parus soit dans la Lecture chrétienne, soit dans les Izviestiia de l’Académie impériale des sciences, et quelque 200 sermons ou discours divisés en trois recueils et roulant principalement^sur des sujets de dogme et de morale.

Th. Titov, Macaire Bulgakov, métropolite de Moscou et de Koloma. Essai historico-biographique, 2 "vol., Kiev, 1895 et 1898 ; le Dictionnaire encyclopédique Brokliaus-Ephron, t. xviii, U896, p. 397, 398, donne une bonne notice, d’après le travail de litov ; sur la Théologie de Macaire comparée à celle de l'évêque Sylvestre Malevanskii, voir A. J. Wedenskii : Comparaison des systèmes théologiques de Macaire et de l’archimandrite Sylvestre, dans les Lectures de la Société des amateurs de la culture ecclésiastique, février-marsavTil 1886. Ct. aussi M. Skaballano itch, L'évêque Sylvestre comme d.tqmatiste, dans les Travaux de l’Académie ecclésiastique de Kiev, janvier 1909.

M. Jugie.