Dictionnaire de théologie catholique/JÉSUS-CHRIST III. Jésus-Christ et le dogme catholique 4. Les progrès dogmatiques postérieurs

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 8.1 : ISAAC - JEUNEp. 642-645).

IV. Les progrès dogmatiques postérieurs. — Notre tâche est désormais simplifiée. Les progrès dogmatiques réalisés aux v* et vie siècles concernent principalement l’union hypostatique. Voir ce mot, t. vii, col. 464-490, et, en ce qui regarde la théologie latine, col. 505-506. Nous n’avons donc qu’à signaler ici la suite chronologique des documents, avec un bref commentaire lorsqu’un aspect particulier, distinct du dogme de l’union des deux natures, aura été abordé.

Controverse nestorienne et concile d’Éphèse.


Voir Ni sior.u s ; Ii’hèse (concile d’), t. v, col. 137 sq ; Cyrille d’Alexandrie (Suint), t. iii, col. 2508-2516 ; Hypostatique (Union), t. vii, col. 171-177.

2° Controverse eulycliienne et concile de Chalcédoine. — Voir EuTYCHÈsetEuTYcm MsME, t.v, col. 1582sq. ; Chalcédoine, t. ii, col. 2190 sq. Voir le texte de la lettre dogmatique de saint Léon à llavien, Hypostatique (Union), t. vii, col. 478-482, avec le commentaire qui en est donné, col. 482-483. Sur le formulaire de Chalcédoine, voir Chalcédoine, t. ii, col. 21942195 et Hypostatique (Union), t. vii, col. 483-484.

3° Dans l’affaire des Trois chapitres au IIe concile de Constantinople, en voir les anathématismes, t. iii, col. 1239-1259 et Hypostatique (Union), t. vii. col. 485-487. Notons ici un réel progrès dogmatique dans î’anathématisme 12 : « Si quelqu’un défend l’impie Théodore de Mopsueste qui a osé dire que le Christ… s’est peu à peu éloigné d’un état imparfait et défectueux et qu’il s’est ainsi amélioré par le progrès de ses œuvres, qu’il soit anathème. » Denzinger-Bannwart, n. 224.

4° Sous Jean III (561) le concile de Braga, tenu en 561, contre les priscillianistes, renferme quelques canons intéressant le dogme de Jésus-Christ : Le premier canon condamne le sabellianisme. Le troisième concerne directement l’erreur de Paul de Samosate renouvelée par Priscillien :

Si quelqu’un dit que le Fils de Dieu Notre-Seigneur n’a pas existé avant sa naissance de la Vierge, ainsi que l’ont enseigné Paul de Samosate, Photin et Priscillien, qu’il soit anathème. Denzinger-Bannwart, n. 233.

Le quatrième, à propos du jeûne pratiqué par les priscillianistes le dimanche et le jour de Noël, formule aussi une vérité dogmatique relative à la nature humaine du Christ.

Si quis dicit Filium Dei Dominum nostrum, antequam ex Virgine nasceretur, non fuisse, sicut Paulus Samosatenus et Photinus et Priscillianus dixerunt, a. s.

Si quis natalem Christi secundum carnem non vere honorât, sed honorare se simulât, jejunans in eodem die et in Dominico, quia Christum in hominis natura natum esse non crédit, sicut Cerdon, Marcion, Manichœus et Priscillianus, a. s.

Id., n. 239.

Si quelqu’un n’honore pas le jour de la naissance du Christ, mais ne fait que simuler qu’il l’honore, jeûnant ce jour-là ainsi que le dimanche parce qu’il croit que le Christ n’est pas né avec la véritable nature humaine, ainsi que l’ont enseigné Cerdon, Marcion, Manès et Priscillien, qu’il soit anathème.

5° En G33 et 638, les deux conciles de Tolède, IV* et VI e. Le IVe insista sur la nature intime du Verbe incarné, qui tout en demeurant Dieu s’est fait homme, naissant de la seule Vierge, avec un corps et une âme, n’ayant aucun péch ant en une seule personne

les propriétés des deux natures. Le VI* reprenant les mêmes idées y ajoute la notion de rédemption des homines par l’incarnation, rédemption qui a trait aussi bien aux péchés actuels qu’au péché originel. Il montre ensuite qu’établir deux personnes en Jésus-Christ risquerait d’introduire une quaternlté dans la Trinité. Enfin passant à la cause efficiente de l’incarnation, il la montre dans la Trinité tout entière dont L267

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JPSUS-CHRIST. LES PROGRÈS DOGMATIQUES ULTÉRIEURS

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les œuvres sont inséparables, tandis que l’humanité faite par la Trinité a été élevée à la seule personnalité

du Verbe. Cavallera, Thésaurus, n. 723-72 1.

6° Honorius ]", à la même époque (634-G38) foumule sa doctrine équivoque sur les deux volontés el les deux opérations dans le Christ. Son successeur Jean IV explique le sens des affirmations d’Honorius. Denzinger-Bannwart, n. 251, 252, 253 ; Cavallera n. 725-728. Voir Honorius I". t. vu. col. 96-123.

7° Saint Martin 1°, au concile de Latran (649) définit les principaux aspects du dogme de l’Homme-Dieu. Les neuf premiers canons sont relatifs à l’union bypostatique. Voir ce mot, t. vii, col. 487-480. Les canons 10-17 abordent sous toutes ses faces le problème de la dualité d’opérations et de volontés dans l’unique sujet qu’est Jésus-Christ. Voir Monothélisme. Les trois derniers canons 18-20, tout en résumant le problème doctrinal du monothélisme, portent condamnation nominative de Théodore, Sergius, Cyrus, Pyrrhus. Paul et rejettent le « type » de l’empereur Constantin. Voir Constaminople (IIIe concile <lc), t. iii, col. 1264 sq. Denzinger-Bannwart, n. 254274 ; Cavallera, n. 720-730. Notons toutefois dans ce concile un progrès dogmatique en ce qui concerne la définition de la nature passible de la chair du Christ, can. 4, Denzinger-Bannwart, n. 257 ; définition qu’on retrouvera dans la formule de foi d’Anastase II, Cavallera, n. 701, dans le IVe concile de Latran, Denzinger-Bannwart, n. 429 ; Cavallera, n. 766, et finalement dans le concile de Vienne, Denzinger-Bannwart, n. 480 ; Cavallera, n. 707, et dans le concile de Florence, Décret, pro Jacobitis. Denzinger-Bannwart, n. 708 : Cavallera. n. 7(50.

8° Le XIe concile de Tolède (déclaré authentique par Innocent III), dans un long exposé de la foi trinitaire, intercale une allusion à l’hérésie de Bonosiens, voir Bonose, t. ii, col. 1020-1031. Ces hérétiques niant la divinité de Jésus-Christ, étaient amenés à nier, en conséquence, la filiation naturelle du Verbe dans la Trinité : ils ne lui reconnaissaient qu’une filiation adoptive. Ce n’est pas encore cependant l’adoptianisme postérieur qui ne reconnaît dans le Christ, considéré dans sa nature humaine, qu’un Fils adoptif de Dieu. De là l’affirmation du concile : Hic cliam Filius Dci naturu est Filius, non adoptione. Denzinger-Bannwart. n. 276 ; Cavallera, n. 575.

La foi en Jésus-Christ est longuement exposée : Seule la personne du Fils a pris, pour libérer le genre humain, une humanité véritable et sans péché, dans le sein de la sainte et immaculée vierge Marie, dont il est né par une nouvelle naissance et selon un nouvel ordre de choses. Le nouvel ordre de choses nous montre l’invisible dans sa divinité qui s’est t’ait visible dans son humanité : la naissance nouvelle nous montre Jésus-Christ conçu virginalement par une femme fécondée de l’Esprit Saint. Et cependant l’Esprit Saint n’est pas le l’ère de Jésus qui ne saurait avoir deux Pères. Le Verbe s’est fait chair, mais ne s’est pas converti en chair ; il demeure Dieu, se faisant homme. Il s’est fait chair, c’est-à-dire homme, avec une aine raisonnable. Et ce tout qu’est le Verbe incarné, c’est un Dieu et c’est un homme, c’est Il loiniiie-Dieu Il y a deux natures en Jésus-Christ et une seule personne : l’union des natures est indissoluble ; Dieu parlait, homme parfait, Jésus Christ n’est cependant qu’une personne : admettre en lui deux personnes serait introduire une’quaternité en Dieu. Bien que les trois personnes de la Trinité soient consubstantielles, la vierge Marie n’a engendré que le Fils, Toute La Trinité a opéré l’incarnation, les œuvres de la Trinité étant

indivisibles. Seul le Fils a pris la tonne d’esclave ll’hil.. n. 7) non dans l’unité de la nature divine, mais dans la singularité de sa personne, dans ce qui lui est

propre et non dans ce qui est commun à la Trinité. Et ainsi dans le Verbe incarné nous pouvons distinguer trois substances, la substance du Verbe, qui se rapporte à la nature divine, et la substance de l’âme et du corps, qui se rapportent à la nature humaine. Sur la formule : dux naturie, 1res substantiel, voir Hvpostatique ( Union), col. 507-508.

Jésus-Christ a donc en lui-même la double substance de sa divinité et de notre humanité. En tant qu’il procède de toute éternité du Père, il est né, mais n’a pas été tait, ni prédestiné. En tant qu’il est né de la vierge Marie, il est né, il a été fait, il a été prédestiné. Il y a donc en lui deux générations admirables, l’une par laquelle il est engendré du Père, sans le secours d’une mère, avant tous les siècles, l’autre par laquelle, à la fin des temps, il a été engendré d’une mère, sans le secours d’un père. En tant que Dieu, il a créé Marie ; en tant qu’homme il a été fait par Marie : il est donc à la fois le père et le fils de sa mère. De même, en tant que Dieu, il est l’égal du Père ; en tant qu’homme, il est moindre que le Père. Considéré en lui-même, il est à la fois son supérieur et son inférieur : la divinité en lui l’emporte sur l’humanité, l’humanité est inférieure à la divinité II faut également confesser que le Fils, dans sa divinité est l’égal du Saint-Esprit, et que, dans son humanité, il en est l’inférieur ; car seule, la personne de Fils s’est incarnée et peut-être dite, dans sa chair, inférieure aux deux autres. Le Fils, dans sa personne se distingue, sans pouvoir en être séparé, du Père et du Saint-Esprit ; il se distingue, sans pouvoir en être séparé, de l’homme qui est en lui, dans la seule nature qu’il a prise. Le Fils uni à son humanité constitue une personne : uni au Père et au Saint-Esprit, il ne lait qu’une nature ou substance de la divinité. L’opération de la Trinité étant une et indivisible, le Fils a été envoyé sur terre non seulement par le Père, mais par l’Esprit et par lui-même. Ainsi, celui qui par sa naissance éternelle est appelé le Fils unique, par sa naissance temporelle dans la chair qu’il a prise est dit le Fils premier-né.

Jésus-Christ, conçu sans le péché, né sans le péché, est mort sans avoir péché, lui qui pour nous s’est fait péché (II Cor., v. 21), c’est-à-dire s’est fait victime, pour nos péchés. Et cependant il a voulu, sans rien perdre de sa divinité souffrir pour nos fautes, être livré à la mort et subir en croix une mort véritable de sa chair ; niais le troisième jour, par la seule force de sa propre puissance, sorti du sépulcre, il est ressuscité. I.a résurrection du Christ est le modèle de notre résurrection future… Âpres sa résurrection, le même Jésus-Christ Notre-Seigneur est allé reprendre sa place près du Père, dont il ne s’était d’ailleurs, dans sa divinité, jamais éloigné. Et siégeant à la droite du l’ère, il est attendu à la fin des siècles, comme le juge.le tous les Vivants et de tous les morts… Denzinger-Bannwart, n. 282-287 ; Cavallera. n. 731-733.

9° Lettre dogmatique du pape Agathon (680). - Voir le texte, t. i. col. 561-562, et les remarques laites à Ilvi’os i m nu i : (Union), col. 189-490. Autour de cette lettre peuvent être groupées la formule de foi du concile de Milan de 680, P. /… t. xiii. col. ('>"> 1-053 : Cavallera, n. 734, et la formule de foi d’Agathon approuvée dans la xviir session du IV’concile de Constantinople. Cavallera. n. 737-738.

Ki" L< /// concile de Constantinople (670-081). I.a décision dogmatique de ce concile, relativement à l’hérésie du monothélisme, décision préparée et Indiquée par Agathon, accuse un progrès dans le dogme de JéSUS-Christ. I.e pape saint l.éon dans sa lettre a Flavlen axait posé les prémisses d’où la solution aux difficultés des monolhéliles devait être tirée : i hacune des deux formes opère avec le concours de l’autre ce (gui lui est propre, le Verbe accomplissant JÉS1 S-CHRIST. LES

PROGRÈS

DOGMA riQl ES l LTÉRIE1 RS

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ce qui relève du Verbe, et la chair ce qui relève de la chair. » A la question posée : Y a-t-il en Jésus-Christ une ou deux opérations, un ou deux vouloirs ? le concile répond :

Nous glorifions dans le même Notre-Seigneur Jésus-Christ ] notre vrai Dieu, deux opérations naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans confusion. à savoir : une opération divine et une opération humaine… Nous n’accorderons pas qu’il n’y a qu’une opération naturelle de Dieu et île la créature, ne voulant ni élever la créature a la hauteur de l’essence divine, ni rabaisser la sublimite de la nature ili ine au niveau des créatures. Car nous

reconnaissons qu’à un seul et même être appartiennent et

les miracles et les souffrances, mais selon l’élément propre a chacune des natures dont il est composé et dans lesquelles

l a l’être, comme dit l’admirable Cyrille. Maintenant donc,

absolument l’incontusion et l’indivision, nous proclamons pour résumer le tout, ce qui suit : Croyant que l’un de la sainte Trinité est, après l’incarnation, Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu, nous disons qu’il y a en lui deux natures irradiant dans son unique hypostase, en laquelle il a manifesté, non pas apparemment, mais véritablement. dans tout le cours de son existence incarnée, et les miracles et les souffrances ; la différence naturelle (de nature) dans cette unique hypostase se reconnaissant a ee fait que l’une et l’autre nature veut et opère ce qui lui est propre avec le concours de l’autre. De cette façon donc, nous proclamons et ileux vouloirs et deux opérations naturelles concourant ensemble au salut du genre humain. Denzinger Bannwart, n. 2D2. Cavallera, n. 7 1 1. Trad. du texte cité à Constantinople [III concile </e>, t. iii, col. 1268-1269.

On recourra à l’article Constantinople (III" concile de), t. iii, col. 1260-1273, pour l’exposé du dogme défini en ce concile. Il suffit ici de faire observer comment la conclusion dogmatique : dualité d’opérations suit dualité de nature, nonobstant l’identité de la personne qui maintient la coordination des opérations divine et humaine, devient dogme elle-même par le fait de la proposition authentique de l’Église. On remarquera aussi que le principe rappelé par le concile après saint Cyrille d’Alexandrie relativement aux miracles et aux souffrances du Christ est fécond en conséquences, les théologiens les tireront plus tard pour expliquer la coexistence en Jésus-Christ de sentiments et de passions contraires. Voir plus loin, col. 1330.

11° Le X Ve concile de Tolède (688) reprend, au sujet de la constitution interne du Christ, la formule : duæ naturee, très subslantia avec la défense de saint Julien, l’n siècle plus tard, à propos de l’adoptianisme, le concile de Francfort (794) mettra en garde les évêques espagnols contre une formule susceptible d’interprétation erronée. Cf. Hypostatique (Union), t. vii, col. 507-508. Denzinger-Bannwarl, n. 294, 312 ; Cavallera, n. 747-7 -lit.

12° Désormais, les formules de foi subséquentes n’apporteront aucun progrès nouveau, aucune précision nouvelle, sauf sur trois points principaux qui vont être incessamment signalés. Cf. profession de foi de Léon III (809), Cavallera, n. 750 ; de saint Léon IX 3), Denzinger-Bannvart, n. 344 ; Cavallera, n. 761 ; définition du IV* concile de Latran (1215), Denzinger, n. 429 ; Cavallera, n. 760 ; profession de foi de Michel Paléologue (1274), Denzinger, n. 402 : Cavallera, n. 761 ; décret pour les Jacobites, concile de Florence (1438-1445), Denzinger. n. 708-710 ; Cavallera, n. 769770 ; profession de foi imposée aux orientaux par Benoit XIV (1743), Denzinger, n. 1462, 1463, 1101 ; Cavallera, n. 715 lin. Voir dans Cavallera, divers autres documents de moindre importance : n 692, Gélase, (402-100), Traité des deux natures ; cf. Denzinger. n. 168 ; n. 700-701, Anastase II à Laurent de Lignido (497) ; n. 704, l’Église orientale au pape Symniaque, sur les formules ex duabut et in ilimbus natnriï (512) ; n. 705, Jean II ad unatore » (534), sur « la formule : l’nus de Trinitnle passus est ; cf. Deq xinger-Bannwart. n. 201 et ici col. 595 ; n. 720 lage I" (557), lettre a Cliildebert ; n. 722, GrégOll Grand ; n. 746, s. Léon il (682), trois lettres : i) a l’empereur Constantin ; 2) aux évêques d’Espagne ; 3) au roi d’Espagne, Ervige ; n. 757-760, profession de foi de Nicéphore, patriarche de Constantinople, a Léon III.

12° Les trois points sur lesquels le dogme de Jésus-Christ accuse un progrès après le vir’siècle sont les suivants :

1. Jésus-Christ, comme homme, n’est pas le Fils adoptif de Dieu. C’est toute la question de l’adoptianisme au viir siècle. Voir ce mot. t. i, col. 403-413.

2. Jésus-Christ, dans l’unité de sa personne divine, forme un tout substantiel : l’union hypostatique n’est donc ni extrinsèque, ni accidentelle. C’est toute la question du néo-adoptianisme du xiie siècle et des erreurs d’Abélard. Vcrir Abélakd (articles condamnés par Innocent II), t. i, col. 43, sq. ; Adoptianisme au xiie siècle, t. i, col. 413-418 ; Hypostatiqui (Union), t. vii, col. 512-517 et les condamnations portées par Alexandre III, t. i, ccl. 416-417. Ici, le progrès dogmatique se continue au xive, xvie et xviie siècles sur un triple objet. On voit s’éliminer et perdre toute probabilité théologique : l’opinion téméraire de Durand de saint Pourçain, selon laquelle Jésus-Christ, comme homme, en vertu des grâces conférées avec l’union hypostatique, serait aussi fils adoptif de Dieu ; l’opinion fausse de Suarez, selon laquelle Jésus aurait, vis-à-vis de Dieu le Père, une double filiation naturelle ; sur ces deux premiers points voir Adoptianisme (Nouvelles controverses depuis le A/I’e siècle), t. i, col 418-421 ; l’opinion erronée de Hardouin et Berruyer, selon laquelle il y a en Jésus-Christ deux filiations naturelles, l’une existant dans la personne du Verbe, par rapport au Père, l’autre réalisée dans l’humanité de Jésus, par rapport à la Trinité tout entière. Sur ce dernier point, voir Hyeostatique (Union), t. vii, col. 549-554.

3. Les décisions antiapollinaristes avaient établi que dans l’humanité de Jésus l’âme prise par le Verbe était non seulement principe vital, mais encore principe raisonnable. Le IVe concile de Constantinople en 870, avait, dans son onzième canon (8e grec), interdit la doctrine de la dipsychie dans l’homme. Voir t. iii, col. 1299-1301. L’unité de l’âme humaine implique deux conséquences : l’information du corps humain par l’âme raisonnable et intellective ; l’identité du principe intelligent et du principe vital dans l’homme.

La première conséquence a été authentiquement promulguée par le concile de Vienne (1312) comme une vérité de foi divine et catholique.

Nous confessons que le Fils unique de Dieu., a pris dans le temps et dans le sein virginal [de Marie) pour les élever à l’unité de sou hypostase et de sa personne, les parties de notre nature [humaine], unies ensemble, et par lesquelles, lui, existant en soi vrai Dieu, est devenu vrai homme, à savoir le corps passible et l’aine intellective ou rationnelle informant Braiment par elle-même et essentiellement le corps même. Denzinger-Bannwart, n. H$0 ; Cavallera, n. tôt.

Cette âme, forme du corps humain, est l’âme immortelle et numériquement nmltipliable et multipliée selon le nombre des corps auxquels elle se trouve unie. L’âme de Jésus-Christ lui appartient donc en propre et singulièrement. Ve concile de Latran, Denzinger-Bannwart, n. 738. Sur tous ces points, voir Forme m corps humain, t. vi, col. r> t * 588.

La deuxième conséquence esi déduite, comme une vérité théologiquemenî certaine, de La condamnation, par Pie IX. des erreurs de Gûnther, Baltzer et Knoodt.

Voir FORMI l’i CORPS in MAIN, col. 559.>l

a dire qu’on ne puisse signaler

d’autres précisions dogmatiques : mais elles sont, rela

tivement aux précédentes, d’importance moindre. On les a, d’ailleurs, déjà indiquées à l’article Hypostatique (Union), et elles visent des erreurs récentes renouvelées des siècles passés. Ainsi, l’anathème du IIe concile de Nicée contre ceux qui ne reconnaissent pas a l’humanité du Christ une forme déterminée, Denzinger-Bannwart, n. 307, Cavallera, n. 750, est rappelé opportunément à l’occasion de l’ubiquisme des luthériens ; cf. Hypostatique (Union), col. 542543 sq. Ainsi les condamnations du nestorianisme peuvent heureusement s’appliquer aux théories modernes d’union dynamique ou volontaire, conçues comme explication, de l’union hypostatique par Gûnther et Rosmini, id., col. 551-558, a fortiori aux théories, destructives de toute unité substantielle dans le Christ, imaginées par ies protestants libéraux, id., col. 559-564. Sur les critiques radicaux, voir plus loin : Jésus-Christ et la critique.