Dictionnaire de théologie catholique/HYPOSTASE I. Chez les Pères

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 7.1 : HOBBES - IMMUNITÉSp. 192-211).

HYPOSTASE. Dans le langage théologique actuel, u ;  : o’3Tacjiç, « hypostase », est l’équivalent de persona, personne ». Pour ce motif, dans le mystère de l’incarnation, l’union des deux natures dans l’unique personne du Fils de Dieu est appelée union hijposlalique. Toutefois, l’équivalence des mots hypostase et personne n’a été reconnue, dans le langage des Pères et de l’Église, qu’à la suite de longues controverses. De plus, des précisions nouvelles, tendant à approfondir le mystère de l’IIomme-Dieu, se sont fait jour dans l’enseignement théologique. Le mot hypostase a donc subi, quant à sa signification, une évolulion véritable. On peut dire que cette évolution est double : avec les Pères, elle est principalement d’ordre dogmatique ; au moyen âge, elle devient, avec les scolastiques, exclusivement d’ordre théologique. Enfin, en ces derniers siècles, un enseignement, issu de la philosophie moderne, a prétendu réformer les notions traditionnelles d’hypostase et de personne, appliquées aux choses de la toi. Nous étudierons donc l’hypostase :
I. chez les Pères :
II. chez les théologiens scolastiqucs ;
III. dans les systèmes hétérodoxes modernes.

I. Chez les Pères.

I. DASS LES FORMULES TRISITAIRES. — X" Chez Ics Pères grecs, avant la détermination scientifique des formules trinitaires. -1. Sens primitif vulgaire. — Alors que le mot usir, rtW<.%, voir Essence, t. v, col. 837, avait trouvé une définition précise chez Aristote, le mot ûroira^tç ne fait pas partie du langage philosophique du Stagirite. Socrate, H. E., t. III, c. vii, P. G., t. lxvii, col. 395. Dans son sens philosophique, ce mot paraît phitôt d’origine platonicienne, avec la double signification que lui assigneront T<his tard les Pères grecs. Voir l’emjjloi qu’en fait Plotin, Knnéades, Bàle, 1582, V, t. I, c. iii, VI, VII. C’est le terme hypostase qui, chez les néo-platoniciens. explique la théorie des émanations, de ces puissances, intermédiaires entre Dieu, dont elles sont comme le prolongement et l’instrument, et le monde, dont elles sont les exemplaircs, les modèles, les forces créatrices. Cf. Rcnouvier, Les dilemmes de la métaphysique pure, Paris, 1901, Introduction, XIII, p. 28. Toutefois, Aristote étudie à plusieurs reprises le sujet individviel, envisagé dans son dernier complément, lequel n’est autre que l’hypostase, telle que nous la concevons aujourd’hui. Melaph.. I. V, c. VIII : I. Vif, c. XIII, § 7 ; c. xv, §2 ; I. X, c. ii, §5, trad. fianç. Harthélemy-Saiiit-Hilaire, Paris, 187(t, t. II, p. 132, 313, 354 ; t. iii, p. 16. Mais dans le langage vulgaire, et Aristote l’emploie en ce sens, j7 : ôitit : signifie simplement ce qui est réalité objective, consistante, par opposition à ce qui n’est que))hénomène subieftif ou illusoire : Parmi les météores, il faut distinguer ceux qui ne sont que des apparences et ccu qui existent réellement, "i [i.'v> xaT’^x^ai’.I. -.’j. « 5 ; y.i’i' jzo’ïTaj’.v. Du monde, c. iv, § 25. Méléfirol, trad. Barthé

lemy-Saint-Hilaire, Paris, 1863, p. 378. De là, une autre signification, celle de résidu pesant. Météor., t. II, c. II, § 14 ; c. iii, i ? 15, ibid., p. 114, 127. Un commentateur du iv<e siècle, Themistios, In Phi/s., t. II, oppose les choses distinctes par la seule raison aux choses réellement distinctes, a xrfié toi Xc ! y<.) yocctâ. Taira y.aî J-o^tâ-jEi Pjpîroja ; I. Réalité objective, consistance, d’où substance.

Cette signification primitive se retrouve dans le langage ecclésiastique courant. On la rencontre dans l’Écriture avec les nuances de réalité ou substance, Heb., I, 3 ; de sujet, base, fondement, II Cor., ix, 4 ; XI, 17 ; Heb., iii, 14 ; xi, 1 ; cf. Ps. xxxviii, 6, 18 ; Lxviii, 3 ; ixxxviii, 48 ; cxxxviii, 15 ; Sap., xvi, 21 ; Jer., xxiii, 18 : I Reg., xiii, 23 ; Il Reg., xxiii, 14. On la retrouve chez certains Pères, qui désignent par le mot h3’postase une réalité, c’est-à-dire ce qui possède l’être ou l’être tout court., insi Tatien, Adversus grœcos oralio, n. 5, appelle Dieu l’hypostase du monde, parce qu’avant la création, Dieu subsistait seul ; n. fi, déclare que dans le sein maternel, l’enfant appartient à l’hypostase de la mère. Cf. ibid., et n. 15. P. G., t. vi^ col. 813, 817, 837. Origène, Contra Cclsum, I. I, n. 3, P. G., t. XI, col. 700, met au défi Celse de montrer la substance, jTroVTacj’.v, des idoles. Cꝟ. t. III, n. 23, ibid., col. 945 ; t. VI, n. 71, où. par hypostase. il entend la réaUté substantielle, ibid., col. 1408 ; t. VIII, n. 67, ibid., col. 1617 : De oratione, n. 27, ibid., col. 512. Voir d’autres références dans Kœtschau, Origenes Yerkc, Leipzig, 1899, aux tables, au mot Oxocj-as !  ;. Le pseudo-Ignace, Ad PhiL, xii, 3, invoque Dieu, gardien de sa persévérance, j ;  : oa- : aa=(o ; çJÀay.a. Funk, Pc-Ires apostolici, Tubingue. 1901, t. ii, p. 120. Saint Basile, parlant de la substance des anges, emploie successivement les termes oùjîa et iir.’Jnxy.c.i, De Spiritu Sanclo, c. xvi, n. 38, P. G., t. xxxii, col. 137, 138 : même remarque pour la substance des justes, chez le pseudo-Basile, .It/pers. JSdnom/um, l.V. Dr Spiritu, P. G., t.- XXIX, col. 769. Saint Cyrille d’Alexandrie explique que ce qui n’a pas d’hypostase équivaut au néant, n’est absolument rien : to ; j.r, jçîa-Ko ;, èv Ij(.) ij.rjO£vc’, ij.àX).ov oï r.oiwzÔMi oùoi’j.De recta ftde ad Thnidosium, n. 13, P. G., t. lxxvi, col. 1153. A rapprocher de ce sens la formule cyrillienne si usitée : y.aO’'jKcIciTaa’.v, équivalente de xa-à akr’fii<.a’/, et qu’on retrouve chez d’autres auteurs postérieurs à saint Cyrille, et même, comme saint (-régoire de Nysse. antérieurs. En ce sens aussi, saint Épiphane, voulant insister sur la réalité de rintelli ;  ; ence humaine, l’a]’pelle û-dîiTaai ;. User., i.xxvii. n. 24, P. G., t. xlii. col. 676. Saint Basile parle de la réalité des sciences, Ttôv TE/v<r)v ï| jrôaTaT’. ;. Contra Eui.omium, L II, n. 16. P. G., t. xxi.x, col. ()05..Saint Grégoire de Nysse, exprimant la fragilité des sophismes d’Iùinomius, les compare à une toile d’araignée : ils n’ont aucune consistance : ûrôi-aaiç os oùy, "s’jz’.v iv Tꝟ. 7/r’aaT’.' ôya’. à’}â ; j, £voç, ojôévo ; jçÉaT’DTOç à-TîTai. Contra Eunoniium, t. II, P. G., t. XLv, col. 489. Cf. Oralio catechctica, c. xvi. XXI, xxxvii, ibid., col. 52. 59. 96. 97. Ainsi encore, d’après saint Cyrille d’Alexandrie, il y a eu, dans l’incarnation, concours de réalités (d’hypostases) : TzpoL^ij.ii’o’j Ti’yo’jv j~’)JTâaE(i)v ^iyo’^i oûvoSoç. Apol. contra Theodoretum pro Xil capifibus, P. G., t.Lxxvi, col. 396. Dans son commentaire sur Aristote, saint Thomas reprend ce sens vulgaire d’hypostase, Mrteor. , t. II, lect. ii, v, et, s’appuyant sur la comparaison de la lumière, qui est l’hypostase, c’est-à-dire le soutien, le fondement des couleurs, il cxiiHqiie le texte de Heb., xi, 1, relatif à la foi, substance, c’est-à-dire fondement de nos espérances. In IV Sent.. t. III, dist. XXII I, q. ii, a. 1. ad I’"". Sur ce sens iirimilif cl populaire d’j’o’aTajt ;, voir Pelau, Théologien dngmata, Paris, 1867, De Trinilnle, I. TV, c. I, n..5 ; n. 13,

note (le l’éditeur ; Stentrup, l’rielectiones dogmalicse de Verbo incurnalo, InsprucU, 1 882, part. I, t. i, p. 390 ; P. de Kégiioii, Éludes de théologie positive sur la sainte Trinité, Paris, 1892, t. i, c. iii, p. 1.S9 sq. ; J. Lelireton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1910, p. 349, note 4 ; Bcthune-I’.aker, The meaning oj homoousios in the Constantinopoliian creed, dans Texts and studies, t. vii, p. 74 sq. ; Jannsens, Summa theoloyica, Fribourg-en-BrisgaLi, 1901, t. iv, p. 124-125.

2. Sens concret du mot uTioaiaa’.i ;. — Une remarque préalable s’impose. Nous l’empruntons au P. de Régnon, op. cit., p. 143 : « Aristote distinguait les premières usies (essences concrètes) et les secondes usies. Sans conteste, les premières usies sont les substances individuelles. Quant aux secondes usies, on leur donne parfois le nom d’essences. Cette traduction n’est exacte que si l’on y attache un sens véritablement réaliste, c’est-à-dire si on jn-end l’usie non comme une idée abstraite, mais bien comme une réalité substantielle existant dans l’individu. »

La même remarque s’applique au terme ÛTioaTaj-. ;. Pour le traduire exactement par subsislentia, il faut prendre ce dernier mot, non dans le sens d’une simple modalité, comme pourrait l’insinuer la forme grammaticale de sa terminaison, mais bien dans le sens formel d’une réalité substantielle et individuelle. Dans le langage grec, on ne dit pas : « Pierre a une hypostase », mais on dit : « Pierre est une hypostase, » comme on dit : « Pierre est une substance. » Le mot hgpnstn.sp est concret, comme le mot personne. Aussi Pelau observait-il justement, op. cit., t. IV, c. III, n. G, que les anciens Latins, qui ont traduit jxdaTasi ; par subsislentia, donnaient au mot latin un sens concret qu’il a perdu en scolastiqiie. Ils ne disaient pas : Pater habet subsisienliam : ils disaient : Pater est subsislentia. Sur le sens concrel d’Ci/idaTaui ;, voir S. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. ii, P. G., t. Lxxxix, col. 57-60 ; l’auteur du De sectis, actio I, P. G., t Lxxxvi, col. 1197-1200 ; Théodore Abucara, Opusc., disp. II, P. G., t. xcvii, col. 1472. Suarez, Metaph., disp. XXXIV, sect. i, n. 5, affirme, en se référant aux actes des VI « et VIP conciles œcuméniques, que le sens abstrait se rencontre parfois chez les Pères et dans les textes conciliaires ; mais cette affirmation est sans fondement. Voir les textes invoqués, dans Mansi, Cnncii, t. xi, col. 455 sq. ; t. xii, col. 1121, 1136, 1140. Vasquez reconnaît expressément que le sens concret est le seul sens du mot hypostase, chez les Pères. In II]^"" nnrt.Sum. theol. S. Tltomie, disp. XVI, c. m ; disp. XXXII, c. ii, n. 11.

3. Premières applications du mot hypostase aux questions Irinilaires. — a) Double signification. — Le sens primitif d’u ; roaTaatç persistant dans le langage des Orientaux, les Pères se trouvèrent assez embarrassés dans l’application de ce terme aux problèmes trinitaires. L’être subsistant, la réalité objective se trouvent tout aussi bien dans l’essence divine que dans chacune des personnes. De là, avant qu’un accord soit intervenu et ait fixé, pour l’Église entière, la signification d’oùai’a et dj : toaTaaiç, un flottement inévitable se produisit dans l’emploi de l’un et de l’autre. Réalité objective, être subsistant, j ;  : '><jT3 ; ai ; a toujours cette signirn^ntion, à telpoint que souvent, voir plus loin, col. 404, les Pères emploient, comme synonyme d’i~o ! jTa^t ;, j^apÇt ;, existence. Mais, s’il s’agit de désigner la réalité subsistante en Dieu, l’objet de cette désignation peut être tout aussi bien l’essence, l’oùcria, que ilucune des trois personnes prises individuellement. Ces deux sens se retrouvent parallèlement, non seulement chez des écrivains différents, mais chez le même auteur. Saint.Jean Damascène nous en avertit : « Le mot hypostase, écrit-il, a deux signilications. Tantôt, il signifie simplement l’exis tence ; suivant cette signification, usie et hypostase sont la même chose. Voilà pourquoi certains Pères ont dit les natures ou les hypostases. Tantôt, il désigne ce qui existe par soi-même et dans sa propre existence. Suivant cette signification, il désigne l’individu numériquement diflérent de tout autre, par exemple, Pierre, Paul, un certain cheval. » Dialectique, c. xi.ii, P. G., t. xciv, col. 612. Cf. c. XI, xxii, xxx, ibid., col. 573, 589, 592-596. Voir également l’auteur du IJe sertis, actio VI, n. 2, P. G., t. lxxxvi, col. 1240 ; Léonce de Byzance, Capita Iriginta contra Severum, c. XXVII, P. G., t. Lxxxvi, col. 1912.

b) Applications. — ci.’l’TtciîTaa’. ; équinalentd’oxxyi-v.. — En parlant de la substance divine, il n’est pas rare de trouver (en dehors du sabellianisme, dont on n’a pas à parler ici, voir ce mot) hypostase synonyme d’essence ou de nature. L’accusation de trithéisme, portée au iiie siècle, devant le pape Denys, contre Denys d’Alexandrie, parce que ce dernier professait la théorie des trois hypostases divines, est une preuve manifeste de l’équivalence accordée par beaucoup aux termes essence et hypostase. Voir S. Athanase, De decrclis Nicœnæ synodi, n. 21) ; De sententia Dionysii, n. 13, P. G., t. XXV, col. 461, 497-500. Cf. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. i, p. 486. Mais nous possédons des textes positifs : S. Irénée, Cent, hær., t. V, c. xxxvi, P. G., t. VII, col. 1221 ; S. Grégoire le Thaumaturge, dans S. Basile, EpisL, ccx, n. 5, P. G., t. xxxiT, col. 776. Saint Grégoire de Nvsse fait cette identification parlant de la notion d’un Verbe àv oùaia et d’un Esprit èv’j-oo-cinn, c’est-à-dire existants en soi, substantiels. Oratio catechetica, c. iv, P. G., t. XLV, col. 20. Cf. Contra Eunomium, t. I, P. G-, t. XLV, col. 305. Dans le discours catéchétique, c. i, j-ocjtaa’.ç, appliqué au Verbe, signifie sa réalité, ibid., col. 13 ; c. v, col. 21 ; c. ii, col. 19-20 ; même sens pour l’Esprit-Saint, mais c. iii, col. 20, il prend le sens de personne. Kafl’jTroataaiv, c. vi, signifie selon la réalité, substantiellement, c. vii, col. 28, 32. Saint Cyrille de Jérusalem appelle j-dîTaaiv, Cat., vi, n. 5, la substance de Dieu ; Cal., xvi, n. 5, la substance de l’Esprit-Saint. P. G., t. xxxiii, col. 545, 924. Saint Épijjhane identifie les deux termes usie et hypostase en plusieurs endroits, Hetr., lxxiv, n. 4 ; lxix, n. 70 ; parce que consubstantiels, le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont chacun ivj : td’î-atoç. Cf. Ancoratus, n. 6, 10, P. G., t. XLii, col. 481, 317-320 ; t. xliii, col. 25-26. Même remarque pour saint Athanase, De decretis Niceenie synodi, n. 27, P. G., t. xxv, col. 465 ; De synodis, n. 41, P. G., t. xxvi, col. 765 ; Epi.-it. ad Afros, n. 4, ibid., col. 1036 : Tomus ad Antiochenos, n. 5. 6, ibid., col. 800-801 ; Oral., iv, contra arianos, n. 1, ibid., col. 468.

Réciproquement, on trouve, quoique plus rarement, des exemples de l’emploi d’oùaia dans le sens d’hypostase ; c’est-à-dire de substance individuée complète. Gn signalera simplement en passant Arius, dont l’autorité est suspecte : néanmoins il est curieux de voir cju’il emploie indifféremment oùuiai et j-otitâsî’. ;, ))our désigner les personnes du Père et du Fils. S. Athanase, Oral., i, contra arianos, n. 1 ; De synodis, n. 15, P. G., t. XXVI, col 24, 708. Mais la lettre encyclique d’Alexandre d’.Mexandrie, rapportée par Socrate, fait mention de l’oùaia du Père, P. G., t. xviii, col. 576 ; cf. col. 537 : oiioioç xaT" ojjiav. Voir cette identification dans Origène, De oratione, n. 15, P. G.. t. XI, col. 165 ; In Joannis Evangelium, t. ii, n. 18, P. G., t. XIV, Col. 153 : mais parfois l’identification est marquée par nn corroctif indiquant la singularité parfaite de l’essence : Origène dit îBiav oJaiav, n. 6, ibid., col. 128, ou encore oùtnav xaxà TTîÇ’.y ?* ?’) » t. i, n. 42, ibid., col. 104. Au dire de FhfMius, P. G., t. ciii, col. 400, Pierius d’.Mcxaiulrie (iii<’s.) aurait parlé de

deux usies et de deux natures ; ojaiaç Sûo Lai l’Jaitç ojo, pour signifier les deux hypostases du Père et du Fils. On trouve également cette identification dans l’épître dite sj’nodale des Pères d’Antioche (269) contre Paul de Samosate. Voir Mansi, Concil., t. i, col. 1033. Le pseudo-Ignace, en parlant du Fils, l’appelle l’ojejia ysvvrj-rj, Funk, Patres apostolici, t. ii, p. 86, tandis que saint Grégoire de Nysse nomme le Père la substance non engendrée : /j ia/) yiwriŒîaa oùaîa. Contra Eunomiiim, t. XII, P. G., t. xiv, col. 917. Cf. S. Épiphane, Hcvr., i.xxvi, P. G., t. xlii, col. 624 ; S. Cyrille d’Alexandrie, De Trinitate, dial. II, P. G., t. lxxv, col. 741. Voir la discussion de C88 textes, et de cfuelques autres, dans Passaglia, De ecclesiastica significatinnexfi : oj7 ; ’x ;, Rome, 1850, theorema I. Cf. Fetau, De Trinitate, t. IV, c. i, n. 2-3.

Il ne faut donc pas s’étonner de trouver, à la fin du symbole de Nicée, voir Arianisme, t. i, col. 1801, un anathématisme où l’équivalence des termes hypostase et usie semble affirmée, comme dans l’épître synodale d’Antioche, cf. D^nzinger Bannwart, n. 54 : ’L’Église catholique, y lil-on, anathématise ceux qui disent du Fils de Dieu qu’il fut un temps où il n’était pas, ou qu’il n’était pas avant d’être engendré, ou qu’il est tiré du néant, ou qu’il procède d’une autre hijpostase ou usie, è ; âticaç j-oiTajîfo ; rj ojit’aç… » Saint Basile veut que le concile ait distingué dans ce texte hypostase et usie. « Si ces deux mots ont la même signification, quel besoin d’employer l’un et l’autre ? Le concile, en condamnant soit ceux qui nient que le Fils procède de l’usie du Père, soit ceux qui prétendent qu’il ne procède pas de l’usie, mais d’une certaine autre hypostase, témoigne par là qu’il distingue ces deux erreurs. » Epist., cxxv, n. 1, P. G., t. xxxii, col. 547. Il ne paraît pas toutefois que la pensée des Pères ait été à ce point précisée. Petau dit avec justesse, loc. cit., c. iii, n. 6, que l’énuiuéralion èÇ Érspa ; j-oataaEf.) ; i^ oj3 ; a ; n’a d’autre but que d’obstruer tous les cliemins par où le serpent de l’hérésie aurait pu s’échapper. Saint Athanase, mieux placé que quiconque pour porter un jugement sur ce point controversé, affirme que le concile a eu raison de nommer à la fois rojjt’a et l’j’OTTaŒtç, parce que ces deur mois s’accordent pour signifier tout ce qu’il i] a de plus réel dans l’être. Epist. ad Afros, n. 4, P. G., t. xxvi, col. 1036. Cf. Petau, De Trinitate, t. IV, c. i, n. 5, 6 ; t. VII, c. xv, n. 14. Qu’.thanasc ait lui-même fréquemment identifié oùiia et CiTtoTTaiiî, c’est là une vérité qu’on ne peut contester. Petau, ibid., n. 7. Cf. De decrctis Nicsenae sijnodi, n. 27, P. G., t. xxv, col. 465 ; Epist. ad A/ros, loc. cit. Il parle souvent de l’o-j^ia du Logos ou du Christ. Epist., iv, ad Serapionem, n. 4 ; De si/nodis, n. 45, 48 ; Tomus ad.Antiocli., n. 3, col. (>11, 772-773, 777, 800. D’ailleurs, ce mot du vocabulaire théologique de Nicée, ’s ? oj3a ;, avait été employé par Théognoste (m'e siècle), qui affirmait " que la substance du Fils est sortie, non du néant, mais de la substance du Père, comme le rayonnement sort de la lumière et la vapeur de l’eau.’De decrctis Nicœnæ si)nodi, c. xxv, P. G., t. xxv, col. 460. On trouve une formule analogue à celle de l’anathématisme de Xicée ; i la Vm du symbole arménien. Voir Armi’; n ?f., t. i, col. 1946. F.n rapprocher la quatrième formule d’Anlioche, voir Abianismf.. t. I, col. 1812 : la formnic de l’hilippopolis (343), col. 1814 ; T’éxOc-j’. ; u.’xLyh- : /o ; (Antiochc, 314), col. 1815 : la première formule « le Sirminni (351) col. 1818. Sur ces formules, voir llahn. Biblirllul ; d<r Si/mbolcund Glaiibenurer/eln der altrn K t relie, Hveslau, 1897, p. 161. 151-155, 187-188, 191, 192. Dans son interprétation <le la quatrième formule de Sirmiiim (laquelle répudiait le terme ojiix comme une cause de trouble), Basile d’Ancyre entreprend une jiislilicatlon, orthodoxe en apparence, de ce terme et l’iden tifie, dans sa signification, avec j-itjTaai ;. Voir S. Lpiphanc, Hasr., lxxiii, n. 12-22, P. G., t. xlii, col. 425-444 ; cf. Arianisme, t. i, col. 1826-1827. .ucune formule d’origine grecque, acceptant l’équivalence de signification des termes usie et liyposlnse, n’exclut, en parlant de la trinité, la formule -^v.t j ; coarâ(je ;  ;. Certains auteurs mettent simplement une restriction à cette formule, laquelle ne doit pas, dans leur pensée, s’entendre d’hypostases divisées, séparées. Quant à l’expression fj.t’a j-oaTaa ;  ; du concile de Sardique, expression que l’on retrouve à Ai.tioche, voir Théodoret, H. E., 1. IL c. vi, P. G., t. LxxxTi, col. 1012. ellee t d’inspiration latine. b. r-oa-ajiç signifiant II personne ». — Mais lorsqu’il s’agit de désigner expressément les personnes divines, lo’.oxrixii, les propriétés (ce terme est leçu chez les Pères grecs et pour ainsi dire interchangeable avec J-oaTâcjEi ; pour signifier les personnes distinctes, qu’on appelle encore -pâyua-a. choses ; cf. Alexandre d’Alexandrie, Epist. ad Alexandrum, n. 4, P. G., t. xviii, col. 553 ; Origène, In Joannis Eimngelium, t. ii, n. 5, P. G., t. XIV, col. 121 : Cont. Celsiim, l. VIII, n. 12, t. XI, col. 1533), le terme j ; ro3Taaiç a été, même avant 362, d’un usage courant dans les Églises d’Orient, mais spécialement dans l’Église d’Alexandrie. Déjà saint Irénée, parlant de l’incarnation, condamne ceux qui disent que li’Christ l’sl fait e.r. altéra et altéra substantia. Contra hær., t. III, c. xvi, n..5, P. G., t. VII, col. 925. Il est à supposer que la traduction latine répond ici au mot grec jTCotjiaatç pris dans le sens de personne et appliqué déjà au mystère du Fils de Dieu fait homme, car ailleurs, t. V, c. ii, n. 2 ; c. XIV, n. 1-3, col. 1124, 1161 sq., il reconnaît substantia et substantia, c’eat-à-dire deux natures différentes dans le Christ. Origène, In.loa., t. ii, n à, /-*. G., t. XIV, col. 128, expose la foi catholique en la trinité des hypostases : ’Hjaeïç liÉviot y^ Tpsïç’jjîoaTâas’.ç "EtôoaEvo : TjyxàvEiv, xov llaiÉca v.aX tov l’tov xai to iyiov IlvsOaa. Cf. t. vi, n.l7, col. 257 : t. x, ii. 21 ; t. i, n. 23, col. 376, 64. Ces deux derniers textes sont particulièrement intéressants parce qu’ils rapprochent les deux termes ouata et Oro^Taj-. ; et peuvent montrer la distinction’(u’Origène établissail entre eux. Par la, il semble qu’on doive inlcrpréter dans le même sens’jT.nn-’x-j ; dans d’autres textes où sa signification est moins claire. Contra Celsum, t. VIII, n. 12, P. G., t. xi, col. 1533 ; De oratinne, n. 15. ibid-, col. 465. Sur la terminologie d’Origène, voir Muet. Origeniana, I. II, q. xii, n. 3-19, avec les notes de doiii Maran, P. G., t. XVII, col. 720-735 ; Petau, De inctirnatione, t. II, c. iii, n. 14 ; George Bull, Dejensio fidei Micœnie, Oxford. 1827, sect. ii, c. ix, § 11, 2°. Parmi les modernes, Bethune-BaKer, The mcaning oj Ilomoousios in llie Constnntinopolitan creed, dans Texts and stiidics de J..A. Rolinson, Cambridge, 1901. t. vii, p. 77 sq. ; 1’. Prat, Origène, Paris, 1907, p. 171-179 : Seeberg, I.c.tirbuch (1er D<>gmengrschichl< Leipzig, 1903, t. i, p. 416, noie 1, ont pensé qu’Urigene a posé les premiers fondements de la distinction scientilique *les termes ; au contraire, .1. Leipoldt, Didifmiis der Hlinde non Alexandrien, dans Texte und Unlersucliungen, nouv. série, Leii)zig, 1905, t. xiv, p. 102 ; F. Loofs, Lcitladen -iim Slitdium der Dogmenqeschichte, Halle, 1906, p. 194, note 8, soutiennent qu’il est resté fidèle à l’usage synonymique de ces expressions. Tous sont d’accord pour affirmer qu’Origône évite de distinguer les personnes selon l’ouîia : c’est le mot J~’J7T15’.ç qui est réservé poiir parler avec précision des personnes divines. Saint Denys d’Alexandrie, comballant à la fois les erreurs opposées de Salicllius et d’.riu’i, maintient la ré.dilé des trois hypostases dans l’unité de la monarchie divine : « Ils soutiennent, dit-il, fine, s’il y a trois hyiiostascs, elles sont divisées. Mais il y en a

trois, Tpsi ; sîai, malgré qu’ils en aient, ou bien qu’ils suppriment absolument la trinilé. » Cité par saint Basile, Dr Spiritu Sanclo, c. xxix, n. 72, P. G., t. XXXII, col. 201. Saint Denys de Kome, à propos des erreurs imputées à tort à son homonyme d’Alexandrie, condamne ceux qui admettent des hypostases séparées, |j.£U.Ep ; aixsyaç’j-oaTxaêiç, des liypostases sépa-Tée % tout à fait les unes des autres, Çévaç àXXrp.d)’/ nav-âTiaai zr/ iopiajj.£vaç. Epist. contra sabcUianos, Denzinger-Bannwart, n. 48. Cf. S. Atlianase ( ?), Expositio fidei, n. 2, P. G., t. xxv, col. 204, et Basile d’Ancyre, dans sa iustification de la quatrième formule de Sirmium. Voir Arianisme, t. i, col. 1825. Saint Alexandre d’Alexandrie, voir Théodoret, H. E., t. I, c. III, P. G., t. Lxxxii, col. 901, professe que le Père et le Fils forment deux natures par l’hypostase, Tvï uTroaTdcŒSi Sjo cpûaet ;, c’est-à-dire deux hypostases. Dans la traduction latine d’un fragment attribué à saint Grégoire le Thaumaturge, on peut lire que la trinité en Dieu n’est pas une affaire de mot, mais qu’elle implique des hypostases réelles, neque hsec siint nomina, sed sunt snbsistenliie. P. G., t. x, col. 1124. Saint Athanase lui-même, lorsqu’il veut distinguer en Dieu la réalité des personnes de l’essence, oppose urtOTTadiç à o’J3Îa. Le trisagion, chanté par les Séraphins, « notifie les trois hypostases parfaites », ràç Tpeïç ûjtoJTaasi ; xe^etaç, opposées à l’unique usie que signifie le singulier Dominus. In illud : nmnin miti tradila, P. G., t. xxv, col. 220. Cf., malgré leur authenticité quelque peu douteuse, Orat., iv, mar ! anr).< :.n.25, P. G., t. XXVI, col. 506, et aussi, Liber de incarna’tionc Vcrbi Djj et contra arianos. n. 10, et Contra Apollinairm. I. 1, n. 12, P. G., t. xxvi, col. 1000-1113, Où le mot 6 : rdaTaa’-ç est employé dans le sens de personne et par rapport à la trinité et par rapport à l’incarnation, l.e P. Garnier, P. G., t. xxxii, col. 16, fait remarquer que les textes de VEpisi. ad Afros et de VOrat., iv, in arianos, cités plus haut, peuvent très bien s’entendre en donnant à hypostase le sens de personne. S. Épiphane, Hær., i.xxiii, n. 34, P. G., t. XLii, col. 468, parlant de la foi de saint Mélèce d’Antioche, qu’on suspectait d’arianisme, n’hésita pas à le déclarer orthodoxe, à cause de l’orthodoxie même de ses partisans : « Ceux-ci confessent la consubstantialité du Père, du Fils et du Saint-Esprit : trois hypostases, une seule usie, une seule divinité, » Tp£Ï ; G^zoatàaiiç, [AÎav oùsîav, ij.îav OcOTTixa, Voir aussi Eusèbe de Césarée, dans Socrate, H. E., t. I, c. xxiii, P. G., t. Lxvii, col. 144, écrivant à Eustache d’Antioche : Filium Dci propriam hi)postasim et subsistentiam habere, Leumqiic in tribus hijpostasibus unum esse. Il y a donc, par rapport à la distinction des personnes dans la Trinité, une véritalile tradition dans l’Église grecque, touchant l’emploi et la signification du mol j-ôaiagi ;. Voir S. Grégoire de Nazianze, Orat., XXI, n. 33-35, P. G., t. xxxv, col. 1121-1125.

Conclusion. — Avant l’accord de 362, en dehors des questions trinitah’es, le mot Crdaïai’. ; gardait sa signification de réalité objective et consistante et, appliqué à l’essence divine, pouvait devenir l’équivalent d’o’jjia ; mais, appliqué aux personnes divines considérées comme telles, il prenait, sous la plume des écrivains catholique », la signification plus restreinte de substance complète, existant en soi, c’est-à-dire de sujet indépendant et, en ce cas, on l’opposait fréquemment à o’jafa. Cf. Marins Victorin, Advcrsus Arium, t. III, n. 4 ; t. II, n. 4-6, P. L., t. viii, col. 1101, 10921093 ; Theorianos, Disputatio cum Armenorum catholico, P. G., t. cxxxiii, col. 128 sq. ; S. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. vi, P. G., t. lxxxix, col. 101 sq. ; Petau, De Trinitate, t. IV, c. i, n. 5 sq. ; Garnier, Dissertation-préface aux lettres de saint Basile, c. i, n. 3, P. G., t. XXXII, col. 16 sc(. ; Huct, Ori(jeniana, avec les

notes des éditeurs bénédictins, t. II, c. ii, q. ii, n. 3, P. G., t. xvii, col. 720-734 ; De Régiion, op. cit., étude II, c. m ; Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 36 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. I, p. 342-346, 445, 757-758 ; Bethune-Baker, The meaning ot homoousios in Ihr Constunlinopolitan creed, dans Texts and studies, Cambridge, 1901, t. VII, p. 74 ; G. Bardy, Didyme l’Aveugle, Paris, 1910, c. iii, p. 00-69 ; et, ici même, Arianisme, t. i, col. 1801, 1811, 1813-1814, 1825, 1833, 1839 ; Athanase (Saint), col. 2172 ; Essence, t. v, col. 838-839 ; Fils ue Dieu, col. 2451. On sait d’ailleurs que nombre d’hérétiques refusaient de se servir du terme oùcd comme du terme jr.ôo-y.Ti.ç sous prétexte que ces deux mots n’avaient pas la consécration de l’Ecriture. Ce fut le cas, en iiarticulier, de la quatrième formule de Sirmium, cf. Hahn, op. cit., p. 204, de la formule de Niké, ibid., p. 205, et du synode de 360 de Constantinople, ibid., p. LOS. Les textes qu’on a indiqués plus haut, col. 369, font justice de cette prétention quant au mot iir.ôi’t’j’.i, bien que le < : ens d’C-ÔJTaaiç dans l’Écriture ne scit pas le sens philosophique des discussions trinitaires et christologiques. Cf. S. Athanase, Epist. ad Afros, n. 4, P. G., t. xxvi, col. 1055. Quant au mot oùaîa, s’il n’existe pas littéralement dans l’Écriture, on y trouve des équivalences, principalement dans l’appellation que Dieu se donne à lui-même, ô ojv. Cf. S. Athanase, ibid. ; De synodis, n. 8, ibid., col. 693. Sur ce dernier point, voir Passaglia, Commenta riorum theologicon m pars altéra : De ecclesiaslica significatione Tf, ; ojaiaç iis comprobata quiv in divinis lilteris continentur, Rome, 1850. 2° Le mot hypostase et la terminologie latine au /Fe siècle. — Avant de pousser plus loin notre investigation sur la terminologie des grecs, il faut jeter un regard du côté de l’Occident et nous rendre compte des formules trinitaires latines en fonction de la formule grecque qui plus tard devait être consacrée : [iia oùdîa, Tpsïç ûjtodTâŒEi ;. — 1. La formule latine : una substantia, trcs personw. — Cette formule est complète de bonne heure et consacrée par l’usage. Le choix du terme substantia est facile à expliquer : il n’y a qu’un Dieu et Dieu est la substance par excellence. Quant au mot personne. Boèce en explique le choix. De persona et duabus naturis, c. iii, P. L., t. LXiv, col. 1343-1345. Le mot persona signifia tout d’abord un masque, puis un personnage de théâtre, puis un personnage sur la scène du monde, puis un individu quelconque. C’est à peu près le sens attribué dans la sainte Écriture au mot pânéh, face, que les Septante traduisent par r.ç6<joir.o^/ et la Vulgate par persona. La face du Seigneur, c’est-à-dire sa ]iersonne. Exod., xxxxii, 14 ; Deut., iv, 37 ; Ps. xxi ixx), 10 ; Lxxx (lxxix), 17 ; Lam., iv, 16 ; Is., lxiii, 9 ; Il Cor., II, 10 : cf. Prov., vin. 30. Dieu ne juge pas selon la face, selon les apparences, c’est-à-dire ne fait pas acception des personnes. Dcut., x, 17 ; II Pai., xix, 7 ; Job., xxxiv, 19 ; Sap., vi, 8 ; Act., x, 34 ; Rom., ii, 11 ; Gal., Il, 16 : Ei h., vi, 9 ; Col., iii, 25 ; I Pet., i, 17 ; cf. Matth., xxii, 16 : Luc, xx, 21. Il ne faut juger personne en tenant compte de son extérieur, de sa puissance, de sa richesse. Lev., xix, 15 ; Deut., i, 17 ; XVI. 19 ; Job., xxxii, 21 ; Prov., xviii, 5 ; xxiv, 23 ; Jac, II, 1, 9. On doit respecter la personne du vieillard. Lev., XIX, 32. Dans II Cor., i, 11, persona a le sens d’individu. On trouve la face de la terre. Gen., vu, 4, 23. Cf. Lesêtre, art. Personne, dans le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux, t. v, col. 159-160. Ces acceptions diflerentes se rencontrent chez les Pères apostoliques. Cf. Didachc, c. iv, n. 2, tô 7 : co’<j(o-a rûv âyc’tov, la compagnie des saints, Funk, op. cit, p. 12 ; É’vtre de Barnabe, c. v, n. 14, visage ; c. xiii, n. 4, présence, p. 54, 78 ; c. xii’, n. 1 ; c. xix, n.’/ ; xaTa

zpdef’oTTov, face à face, p. 82, 92 ; c. x, n. 4, -pdsfoTTov Àa ; j.Çàvîiv, faire acception dela^e^sonne, p. 68. La signification de visage, face, se retrouve dans Clément, I Cor., c. IV, n. 3, 4, 8, 10 ; c. xvi, n. 3 ; c. xviii, n. 9, 11 ; c. XXII, n. 6 ; c. xxviii, n. 3 (traduction du ps. cxxxviii, 7) ; c. xxxiv, n. 3 (traduction d’Is., xl, 10) ; c. LX, n. 3 (traduction du ps. lxvi), p. 102-104, 118, 124, 130, 136 ; c. i, n. 1, r.oo’j’or.'x s’applique à de tristes personnages, à des meneurs : cf. c. xlvii, n. 6, p. 98, 160. Au IIe siècle, le langage juridique distinguait déjà ce qui concerne les « personnes » et ce qui concerne les « choses ». Cf. Gaius, Digest., I, tit. v, n. 1. Un père et nn lils étaient déjà « deux personnes » dans le langage usuel et dans le langage juridique. En ce sens, Origène parle déjà de la « personne » du Christ, In Joa., t. X, n. 19, P. G., t. XIV, col. 369. « Tout naturellement donc furent appelées « personnes » les trois réalités distinguées dans la formule du baptême. » De Régnon, op. cil., p. 130-136.

Le mot Tïpdafo-ov, appliqué aux personnes de la Trinité, se trouve dans saint Hippolyte. Contra hæresim Noeti, n. 7, 14, P. G., t. x, col. 813, 821. Mais c’est à Tertullien qu’on doit la formule définitive très personæ, una substantia, qu’il n’a pas emploj^ée en donnant au mot personne un sens juridique, comme l’afïirme à tort M. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1893, t. ir, p. 285 sq., note. Voir les textes, Aduersus Praxeam, c. xi, xii, XIII, XV, xviii, XXI, XXIV, xxvii, xxxi, P. L., t. ii, col. 166, 167, 168-169, 173-175, 177-179, 179-181, 186-187, 190-192, 196. Sur la noUon de la personne dans le droit et sou évolution, voir Sigismond Schlossmann, Persona und -po’aw-ov im Recht und im christlichen Dogma, Kiel, 1906, p. 1-7. Comme équivalent de persona, Tertullien ciiL aussi spi : cics, forma, gradus, c. ii, viii, col. 157, 163. Tertullien applique également le terme persona au Fils de Dieu incarné, c. xxvi, col. 215. Voir, sur la terminologie de Tertullien, A. d'.^lès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 81-83 ; J. F. Bëthune Baker, Tertnllian’s use o/ substantia, naturu and persona, dans Journal of theolngical studies, Oxford, 1903, p. 440-442. On trouve encore la formule latine dans Novalien, De Trinitate, c. xxxi, P. L., t. iii, col. 949, 952, et, avec la substitution de natura à substantia, dans les Tractatas Origmis, édit. Batifïol, Paris, 1900, VI, a. 16, 18, 20 ; cf. I, n. 15, 17 ; III, n. 5, 11, 14, 18 ; XIII, n. 18 sq. Cf. S. Damase, Epist., i, P. L., t. xiii, col. 348. Ainsi, au milieu du iv siècle, cette terminologie est d’un usage courant. On la retrouve chez saint Hilaire, De Trinitate. t. IV, n. 13 ; I. VII, n. 32, /'. 7.., t. X, col. 1)6, 227 ; chez Phébade, Lihcr contra arianos, c. xxii, P. L., t. XX, col. 30 ; De l’ilii divinilatc, c. vil, XI, col. 44, 50 ; clicz saint Amiiroise, De flde, t. IV, n.91 ; t. V, n.134, P. A., t. xvi, col. 634, 675-676 ; De Spiritu Sanclo, t. III, u. 20, col. 782 ; InLucam, I. VII, n. 92, P. L., t. XV, col. 1723 ; Apologia proplirtx David, n. 71, P. L., t. xiv.col. 870 ; In Epist. ad Eph., c. iii, P. L., t. XVII, col. 384 ; In I Epist. ad Tim., c. II, col. 467. La formule Clemrns Trinitas, DenzingcrB.-innwart. n. 17. suffit à montrer que le langas^c de l'Église latine est, au iv siècle, (lélinitivement fixé. Voir aussi, à une époque quelque peu postérieure, la même terminologie dans les formules de foi, I.ibcUus inmodum <aimboli, ibid., n. 19, 20, ce dernier contenant une application fin mot persona au I-'ils de Dieu fait himme. ( ; t. Sgmhole d'.llanase, ibid., n.39, ofi substantia est opposée à persona.

2. iJiIJiculté pour les litinsct 1rs grecs de s’entendre sur icqnivairnre des termes personne et liijpostase. — n) Le mot "ids'.irov, traduction du mot latin persona, fut adopté dans le langage ecclésiastique de l’Occident, dans le même sens où l’on entendait désormais le mot

persona. Nous l’avons déjà trouvé sous la plume de saint Hippolyte. Mais, eu Orient, il n’avait pas subi toutes les dérivations du mot persona et n'était connu des grecs qu’avec sa signification de « rôle » et de < personnage ». De là, une première source de difficultés : les grecs pouvaient taxer les latins de sabellianisme et soupçonner que le mot personne n'était employé par eux que pour déguiser différents rôles joués par la même et identique substance divine, Sabellius ne niant pas lui-même un déguisement accidentel suivant divers personnages, lov àvu ; iôaTaTov Twv 71poao)-'ov àvaxÀaajxév. S. Basile, Epist., ccx, n. 5, P. G., t. xxxii, col. 776. Cf. Epist., ccxxxvi, n. 6 ; ccxiv, n. 3, col. 884, 788. Quant au mot ÛT : da- : aa !  ;, les latins n’avaient primitivement pour le traduire que le terme substantia. Abusés par l’analogie grammaticale, ils considérèrent donc comme équivalentes les deux expressions : hypostase et substance. Deuxième source de difficultés : les latins pouvaient, en revanche, taxer les grecs d’arianisme, à cause de leur distinction de trois liypostases, c’est-à-dire de trois substances, en Dieu. Une troisième source de difficultés pouvait provenir de l’anathématisme du concile de Nicée et de la terminologie de certains Pères, employant le mot jrd^Taa'. ; pour désigner la substance divine. Voilà la triple cause de ce qu’on a appelé la querelle des trois Injposlascs dans le camp catholique ; et c’est ce qui permet aux hérétiques d’ergoter longuement, et avec quelque apparence de raison, en faveur de l’erreur. On n’a pas à revenir sur ces discussions, voir Arianisme, t. I, col. 1810, 1811, 1812, pour les différentes formules d’Antioche ; col. 1825, pour le concile (4 formule) de.Sirmium ; pour le synode de Constantinople (360), voir iMgr BatilTol, La paix constantinicnne et le catholicisme, Paris, 1914, p. 408-409. Notons simplement les étapes parcourues par les Églises occidentales et orientales pour aboutir à la fusion des formules et à la proclamation de l'équivalence dogmatique des ternies personne et hi/poslase.

b) Les Pères latins, avons-nous dit, abusés par l’analogie grammaticale, considéraient comme équivalents ujto’jxaatç et cssentia ou substantia. Cf. Tertullien, Adv. Prax., c. vii, P. L., t. ii, col. 162 ; S. Hilaire, De sgnodis, n. 12, 29, 32, /'. L., t. x, col. 490, 503, 504 ; S. Augustin, De Trinitate, I. V, c. VIII, ix ; t. VII, c. IV, n. 8, P. L., t. xi.ii, col. 917, 918, 941 ; S. Isidore, C^ ; /'"-. 1- VII, c. iv, n. 11, 12, P. L., t. LX.xxii, col. 271, 272. Cf. Passaglia, De ecclesiastica siqniftcatione -r^i oùaiaç, theorema I scholion i, p. 2839. Nous en avons le témoignage explicite de saint J6rôm ?, dans sa célèbre lettre ad Damasum. Epist., XV, n. 3, 4, P. L., t. XXII, col. 356-357. Dans la première partie de la lettre, il montre l’ambigi'ïté du terme hypostase, qui désigne, pour les uns, la personne subsistante, pour les autres, l’essence (oùaïav). Il faut donc choisir et voici en quels termes saint Jérôme demande au jiape de fixer son choix : « Décidez, je vous prie, s’il vous ]ilait. et je ne craindrai pas de dire trois In/postascs. Ordonnez, et que l’on fabrique une nouvelle foi après Nicée, une foi qu’orthodoxes et ariens confessent dans les mêmes termes. Toute l'École profane n’a jamais vu dans ilu/postase autre chose que l’usie. Et quelle bouche sera donc, je le demande, assez sacrilège pour dire trois substances ?… Quiconque dit qu’il y a trois choses, qu’il y a trois hi/postases, c’est-àdire trois usics, s’efforce, sous un nom accepté par la piété, d’aflirmer trois natures… Qu’on supprime les tr, )is liypostases, s’il vous semble bon. et qu’on n’en garde qu’une seule. Ce n’est pas d’un bon signe qu’on exprime le même sens par des mots différents. » Cette lettre est de 376. D’une part, elle nous éclaire sur hi terminologie latine et jette nn jour particulier sur la formule [j-'-i Jro’oTaai ;, tpi’a rpô^'ora, qu’on trouve

cliez saint Paulin d’Anlioclie (ou sait que saint Jérôme avait séjourné à Antioche) : cf. S. Basile, EpisL, ccxiv, n. 3, P. G., t. XXXII, col. 788 ; S. Jérôme, loc. cit. ; S. Atlianase, Tomiis ad Anliochenos, n. 4-6, P. G., t. XXVI, col. 800-801 ; lorniule qui, eu réalité, est d’origine latine ; elle est la traduction littérale de l’umi subslantia, (rcs pcrsuiuides Occidentaux. D’autre part, elle nous dépeint l’état d’espril des lalins relativement à la terminologie grecque. Cet état d’esprit, très marqué chez saint Jérôme, se manifeste peut-être d’une façon plus expressive encore dans sa traduction du Di’Spiritu Sa/jc/o de Didy nie l’Aveugle, i-*. G., t.xxxix, col. 1031-1086 : ’Les mots substanlin, essenti), luitura sont indifléremment employés de l’unique Cisence divine, ou « les trois jiersonnes considérées à part, tandis que le terme persona, qui pouvait faire songer au grec ûnôi-ra ?’. ;, est évité avec soin, » G. Bardy, op. cit. p. 73-74, où l’on trouvera en note toutes les références.

c) Sans insister, cf. S. Épipliane, // « t.jLxxii, P. G., t. xLii, col. 385, 400, sur Marcel d’Ancyre, qui soutenait une hypostase en Dieu, peut-être par sabellianisme, et sur son disciple Photin, qui était nettement hétérodoxe et fut condamné comme tel, la première apparition de la formule trinitaire [J-ia

6a- : a.^’.ç en

Orient remonte au concile de Sardique, en 3J9. voir Arianisme, t. i, col. 1813, 1814, où furent rédigées par quelques évêques, sous l’inspiration d’Hosius de Cordoue et de Protoaène de Sardique, des explications du symbole de Nicée, explications que d’ailleurs le concile se refusa à sanctionner de son autorité, par respect pour le sjnnbole. La « feuille » de Sardique nous a été conservée par Théodoret, H. E., 1. IL c. vi, P. G.. t. Lxxxii. col. 1012. On y trouve le mot ÛTîôataCTi ; employé dans le sens d’oùtrîa ; on y proclame, dan^’la Trinité, [xiav… jrrrJaraa’.v, t, v olÙtoI oi aipsT’.y.ot oùat’av -poîsayopEuo’jac ToCf llaTpo : xaî xoû Yîou zaî tou’Ayîou IlvEjiisiTo ;  ; on y affirme que l’hypostase du Fils est identiquement celle du Père. C’est dans la même année (364) que l’on rencontre, vraisemblablement dans un synode tenu à Antioche, voir Arianisme, 1. 1, col. 1815, l’expression Tpia rpoTWTta, ]ioiir désigner les trois personnes divines. Mais ce synode, tenu par des antinicéens, n’ayant pu faire accepter sa profession de foi par les Occidentaux, ne peut être regari’.é comme exprimant la foi catholique. Ce n’est que plus tard, sous l’influence de Lucifer de Cagliari, exilé en Orient et fixé à Antioche, cf. de Régnon, op. cit., p. 170, 175, et probablement aussi par la diPEusion à Antioche de la feuille de Sardique, que l’on vit les anciens eustathiens, voir Eustathiens d’Antioche, t. V, col. 1574-1576, connus par la fermeté de leur doctrine, accepter, par opposition à la personne et à l’autorité de saint Mélèce, devenu évêque parla faveur des ariens, les formules occidentales apportées par Lucifer. C’est ici que se place la formule [xia JTcdaTaa. ;, Tpta TipôtjfoTta de saint Paulin, chef et évêque des eustathiens d’Antioche, formule qui. on le voit, n’est pas ilorigine orientale. Importée d’Occident, elle ne pouvait qu’accroître la confusion.

3° Détermination canonique de l’équivalence des termes hypostase et personne dans les formules trinitaires. — 1. Œuvre de paci fication de saint Aihanase et du concile d’Alexandrie {3€2). — Sur la tenue et les actes de ce concile, voir Arianisme, t. i. col. 1832. La lettre écrite par saint Athanase et adressée aux disciples de Paulin à Antioche, toï ; ttep’. Oa’jXtvov, sous le nom de Tomus ad Antiochenos, P. G., t. xxvi, col. 796. engage les destinataires à recevoir pacifiquement ceux qui viennent de l’arianisme et spécialement les partisans de Mélèce. Il ne faut mettre rien en avant, sinon le symbole de Nicée. La feuille (Tttr-axov), colportée comme une exposition de foi édictée par le

concile de Sardique, ne doit être imposée à personne, car ce concile n’a rien délini de semblable, 3-5 : « Le synode raconte ensuite par le détail comment il a confronté les partisans et les adversaires des trois hupostases. en leur demandant d’expliquer pourquoi ils attachaient de l’importance à leurs formules et quel sens ils leur attribuaient. Les premiers répondirent que, par trois liypostases, ils entendaient la doctrine suivante : la Trinité est une réalité substantielle et subsistante, le Père est subsistant, jçejtm ;, le Fils est subsistant ; le Saint-Esprit est subsistant cependant, il n’y a qu’une seule divinité, car le Fils est consubstantiel au Père et l’Esprit n’est pas séparé de Vusie du Père et du Fils. Les seconds répondirent qu’ils soutenaient une seule hypostase, jugeant que dire hypostase ou usic, c’est dire identiquement la même chose. On avait ensuite demandé à chaque partie si elle reconnaissait comme orthodoxe l’explication de la partie adverse, et l’accord s’était fait. » De Régnon, op. cit., p. 179, 180. Les partisans d’une seule hypostase étaient, au dire de saint Grégoire de Nazianze, dont on va rapporter le témoignage, les latins dont les chefs, Eusèbe et Astérius, reconnurent l’orthodoxie de la formule grecque des trois hypostase ; ?. Voir Arianisme, t. i, col. 1834. Cette œuvre pacificatrice de saint Athanase et du synode d’Alexandrie, saint Grégoire de Nazianze la décrit en des termes qui méritent d’être cités : « Nous, grecs, nous disons religieusement une seule usie et trois hypostases, le premier mot manifestant la nature de la divinité et le second, la triplicité des propriétés individuantes. Les latins l’IxaXo !) pensaient de même, mais, par suite de l’étroitesse de leur langage et de la pénurie de mots, ils ne pouvaient distinguer l’hypostase de l’usie et employaient le mot personne, pour ne pas paraître supposer trois usies. Qu’est-il arrivé ? Une chose qui serait bien risible, si elle n’était si lamentable. On a cru à une différence de foi, là où il n’y avait qu’une chicane sur un son. On a voulu voir le sabellianisme dans les trois personnes, l’arianisme dans les trois hypostases : purs fantômes engendrés par l’esprit de critique. » Oral., xxi, n. 35, P. G., t. xxxv, col. 11241125. Cf. Baronius, Annales, an. 362, n. 186. Saint Atlianase, en plusieurs textes, avait admis lui mên e le mot îmrj^za^’.ç dans le ^eni de personne distincte. Voir plus haut, col. 375. Il faut reconnaître d’ailleurs que la terminologie athanasienne n’a jamais revêtu de formules définitives ; personnellement, saint Athanase s’en tient aux décisions de Nicée et conserve la synonymie d’ojjîa et d’Oro’oTaau. Voir plus haut, col. 372. Mais, jiourvu cpie l’orthodoxie soit sauve, il accepte volontiers la substitution à un terme reçu d’un terme moins employé ; on trouve, synonyme d’ÛTZ’Ji-cin’.ç. De decretis Niceeis ; synodi, n. 2b, êûva|j.tç, n. 22, àpsxr ;, etc., P. G., t. xxv, col. 461, 456. Sur la terminologie de saint Athanase, voir ce mot, t. i, col. 2171-2174. Saint Paulin, évêque de la fraction d’Antioche qui tenait pour les trois personnes, souscrivit aux décisions du synode d’Alexandrie. Cf. S. Athanase, Tomus ad Antiochenos, n. 11, P. G., t. XXVI, roi. 809. Nous savons, par saint Épiphane, voir col. 375, que saint Mélèce était évêque de la fraction qui tenait pour les trois hypostases. Paulin, tout en souscrivant aux décisions d’Alexandrie, professait une seule hypostase, c refusant de dire verbalement trois hypostases… ; il suivait les saints évêques d’Occident qui, par suite de la pénurie de la langue romaine, ne peuvent traduire notre phrase grecque ni dire trois hypostases ». Acace de Bérée, dans S. Cyrille d’Alexandrie, Epist., XV, P. G., t, Lxxvii, col, 100, Il est donc à supposer que Paulin disait rpîa rpôirojTza, Ces terminologies différentes persistant encore après 362, l’œuvre pacificatrice de saint Atlianase ne produisit

pas tout son efïct et l’Église d’Aiitioclie demeurait toujours divisée à propos des personues, -Epi là r.oôjcoTra a/iÇop-ivï). L’équivoque persista d’autant plus qu’Antioche accueillit bientôt, avec le prêtre romain Evagrius, une petite colonie de jeunes gens instruits, désireux de se perfectionner dans la vie monastique. Saint Jérôme en était. Ils apportèrent la terminologie latine et le résultat fut d’aviver la lutte et de porter le conflit jusqu’au pape Daniase. Voir plus haut, col. 378, la lettre de saint Jérôme au pontife. A Alexandrie, la pensée et les expressions de saint Athanase se rencontrent dans le De Trinitate de Didyme l’Aveugle. Les Cappadociens, voir plus loin, ont déjà défini le sens exact des termes oùst’a et ir.i’jrsraa ::. Aussi on retrouve chez Didj-me la formule désormais classique,

j.îa oj7’! a. Tosï ; j-oaTa^
;  ;  ; les trois hypostases, De

Trinilate, 1. 1, c. ix, xi, xv, xvi, xviii, xix, xxi, XXVI, xxvii, xxxiv, xxxvi, p. G., t. xxxix, col. 284, 293, 312, 313, 317, 332, 333, 341, 344, 348, 356, 360. 368, 373, 384, 385, 388, 397, 436, 440 ; l’hypostase du Père, c. XI, xv, xvi, xxxii, xxxvi, col. 295, 308, 320, 337, 425, 441 ; l’hypostase du Fils, c. xviii, col. 352 ; l’hypostase du Saint-Esprit, t. II, c. i ; l. III, c. xxxviii, col. 452, -973 ; l’unité d’où^îa, t. I, c. xi, xxvii ; t. ii, c. lii, vTin, n. 3 vii, n. 7, col. 296, 405, 452, 476, 565, 581, etc. ; cf. I. II, c. vi, n. 10 ; c. viii, n. 4 ; c. XII ; t. III, c. xxxvii, col. 537, 629, 673 969. Cependant jusque dans le De Trinitate se manifeste l’incertitude de langage qui tend à confondre le sens d’oùii’a et dj :  ; oaTa3’. ;  ; Didyme parle de l’oùjLa du Père, I. II, c. V, col. 492 ; t. I, c. xxvtt, col. 306 ; de [ (jjrs.y. uii Fils, 1. 1, c. xvi ; t. ill, c. vj, col. 336, 841 ; cꝟ. t. III, C. XVII, col. 877 ; de l’oùaîa de l’Esprit, t. ii, c. X, XVIII, col. 633, 728. Voir aussi, confusion d’&ùaia et d’j-o^-ra^î’. ;, t. I, c. x, col. 292 ; In psalm., ibid., col. 1349, 1508. Cf. Bardy, op. cit., p. 75-76. Par rapport au mot npôjw-ov, que Didyme emploie rarement dans sou sens théologique, De Trinitate, t. I, c. ix. xviii, xxxvi ; t. II, c. VI, n. 21 ; I. III, c. ii, n. 8 ; c. xxiii, xxx, XLT, n. 1, col. 284, 344, 440, 553, 789, 924, 949, 984, le mot j-oTtaj’.ç garde la nuance particulière de réalité objective. In psalmos, col. 1509, 1169 ; ou d’existence. In II Cor., col. 1728. Parfois on le trouve lié au concept de vo3 ;, raison, et ainsi il se rapproche de notre « personnalité » au sens philosophique. In psalm., col. 1456 ; In Job., col. 1132. Bardy, op. cit., p. 79-80.

2. Œuvre pacificatrice des Pères cappadociens. — Mais, déjà auparavant, saint Basile avait entrepris d’amener la paix. Partisan de Mélèce, en qui il voit le véritable évoque d’Antioche et le champion de l’orthodoxie, il estime nécessaire de confesser au nombre de trois les hfipostases, tÔ xpEi ; ivayLaiov eTvi ; Tac’jr.o’jziii’.i ôaoXoyEÏv. Car, admettre l’expression une seule hypostase, c’est fortifier l’hérésie : « Il ne suffît pas qu’on distingue les personnes, puisque Sabcllius admettait cette distinction ; cet hérétique disait, en effet, que Dieu est réellement un en hypostase, É’/a jj.£v dwr : Tf ; Croatâiï’. tov Hsdv, mais qu’il avait voulu dans l’Écriture prendre différenls masques r : po’î'.)r : ’)7 : o’.aî’)a’…. Ç’.asôp’.) ;, suivant le besoin des circonstances ; … si donc il en est parmi nous qui disent que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont comme un suppôt, ’sv T(7) Ciroy.ï’.|j. : v(.>, et se contentent de confesser trois personnes parfaites, -y.x -v’inMr.i -.iu’.i., ne sembleront-ils pas fournir une irréfragable preuve à l’appui de la calomnie arienne ? » lipist., ccxiv, n. 3, P. G., t. xxxii, col. 788 ; cf. ccxxxvi, n. 6, col. 881.

Pour amener tous les catholiques à sa terminologie, Basile donne une définition exacte des termes philosophiques employés. Si ses efforts à exclure le terme r.çÂ'S>r.r)<i (il lui conserve ordinairement le sens <r forma, fæles, ci. Epl$t., xxxviii, n. 8, P. G., t xxxii,

col. 340) échouèrent (et il devait en être ainsi, la formule Tpîa -poaco-a étant la formule de l’Église romaine), son œuvre aura du moins été utile et bienfaisante en ce qui concerne la précision et la détermination scientifique du sens d’usie et d’hypostase. Voici, d’après M. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 77, le résumé de la doctrine de saint Basile, telle que ce docteur l’expose dans sa lettre xxxviii à saint Grégoire de Nysse, P. G., t. xxxii. col. 325-329 : < L’oja ; a est ce qui est commun dans les individus de même espèce ( to y.oivov), qu’ils possèdent tous également et qui fait qu’on les désigne tous sous le même vocable, sans en désigner aucun en particulier, n. 2. Mais cette oùai’a ne saurait exister réellement qu’à la condition d’être complétée par des caractères individuants qui la déterminent. Ces caractères reçoivent différents noms : on les appelle tiîio-TT )T£ç, ioito(j.aTa, loiTZô’na. rsT^aiXcn, l’Ôia yv(opi’aij.aTa, yapay. tïjpé ;, (iopya ;, n. 3, 4. Si Ton ajoute ces caractères individuants à l’oJcïia, on a lû-ù^raaiç. L’hypostase est l’individu déterminé, existant à part, qui comprend et possède l’oÙTia, mais s’oppose à elle comme le propre au commun, le particulier au général. Oùaix 6e y.aî’j-o’fffa-j’.ç, écrit saint Basile, Epist., ccxxxvi, n. 6, P. G., t. XXXII, col. 881, TaÛTiiv Ëysi tïjv 8ta<popôcv r|V k’yei t6 y.ovjov -po ; to y.aO’Éxaaiov, oTov wç Ë/e’. TO Z&ov, -pôç TGV Ssïva avOptDKOv. Et encore, Epist., xxxviii, n. 3, col. 328 : « L’hypostase n’est pas la notion indélinie de la substance qui ne trouve aucun siège fixe, à cause de la généralité de la chose signifiée, mais bien ce qui restreint et circonscrit dans un certain être, par des particularités apparentes, le commun et l’indéterminé. » Cf. Adi’crsus Eunomium. I. I, n. 10 ; t. II, n. 28 ; t. IV, n. 1 sq., P. G., t. xxix, col. 533, 636-637, 689 sq. Ainsi donc, en Dieu, la raison d’oùaia est commune, par exemple, la bonté, la divinité ou autre chose semblable. Mais l’hypostase se distingue dans le caractère ne paternité ou de filiation ou de puissance sanctificatrice. Epist., ccix, n. 4 ; cLxxxix, n. 6, 7, 8, P. G., t. xxxii, col. 789, 692-696. La définition de saint Basile n’est pas suffisante : elle identifie trop l’hypostase avec la substance individuelle, fin Dieu, en efl’et, la substance commune aux trois personnes, ou plutôt identique dans les trois personnes, serait, malgré cette < communauté », d’après les principes de saint Basile, une hypostase au sens projire du terme, puisqu’elle est une substance individuelle. Remarquons néanmoins que saint Basile a formulé, au sujet de l’hypostase, le mot essentiel, le to y.aO" jy.aiTov dont les théologiens postérieurs déduiront la notion philosophique complète de l’hyposti’se. Quant au mot personne, r.y’iTo-’jy. saint Basile en redoute remploi : ce terme paraît trop signifier une hypostase unique pouvant remplir différcnts rôles, comme l’entendent les sabelliens. Epist., ccxxxvi, n. 6, P. G., t. xxxii, col. 884 ; ccxiv, n. 3, col. 788 ; ccx, n. 5, col. 776.

Saint Grégoire de Nysse, sans aborder expressémerit la question philosophique comme saint Basile, adopte la terminologie de son frère, mais de plus il donne droit de cité au mot rpô’j’orov, considéré comme l’équivalent d’OrooTai’. ;. L’ouata divine n’est pas partagée ni distribuée entre les personnes (rpocjo » ;  : » ) de façon qu’il y ait trois oùr ;  !  !  ! comme il y a trois -pda »  » - !. De communibus notinnibus, P. G., t. XLV, col. 177, 180. Voir l’expression xp-a rpoitni : » dans le discours catéchéiiqiie, c. xxxix, col. 100. Grégoire expose à la mrnicre de Basile la différence entre l’hypostase et la substance. Contra Eunomium, I. I, coi. 320 ; cf. De communibus nolionibus, co. 182 sq. ; Discours catéchftique, c i, col. 13. On trouve parfois, comme synonyme d’h>7>ostase, to virrox-’aEvov, Contra Eunomium. col., 308 ; cf. Origènc. De oralione, n. 15, P. G., l m.

col. 465, qui a parfois aussi, opposé à CrroaTaji ;, le sens d’où'sia ; Discours catécliétique, ciii, co.l. Quant au concept de personne, saint Grégoire de Nysse y fait entrer déjù l’idée d’indépendance, de spontanéité et de liberté ( ajToy.ivi, aic), c. i, col. 13-16 ; il en note le caractère rationnel. De corn, notionibus, P. G., t. XLV, col. 184.

Saint Grégoire de Nazianze fut le principal artisan de la conciliation. Il reprend la thèse fondamentale de saint Basile touchant la distinction d’ojjîa et (l’jndaTaa'.ç, et il admet qu’on substitue au mot j ; îoaT3caiç, dans les questions trinitaires, le mot -po’jfj)~ov. Oral., XXXIX, n. 11, pourvu qu’on en écarte le sens de simple rôle, de personnage de tragédie ou de comédie. Orat., xlii, n. 16, P. G., t. xxxvi, col. 345346, 477. Mais il insiste sur les idées de totalité, d’indépendance, d’intelligence, comme caractéristiques de la personne. Les trois personnes en Dieu, dit-il, sont ' complètes, subsistant à part soi et distinguées par le nombre, bien que non distinctes par la divinité : » rx(av ç'jCTîv év TG'.aîv '/j'.ozr^s :, vo ; paîç, TSAsiai ;, xa6' ixj-a ; jepeiKÔaai ;, àp'.0|j.(î) ôiatosTaï ; xai o’j Siaif.î-aî' ; 'i=ÔTr)Ti. Oral., xxxiii, n. 16, P. G., t. xxxvi, col. 236. Nous avons vu comment, dans son panégyrique de saint Athanase, saint Grégoire de Nazianze montrait le moyen facile de concilier les terminologies grecque et 1 itino en i) ; oclamant l'équivalence d’oùata, subslanlia, et d'ÛTtoa-caai ; ou -poaoj ::ov et de prrsona. Oral., XXI, n. 53, P. G., t. xxxv, col. 1 125. C’est ce que le saint docteur met en relief dans son 11'= discours De pace (tenu en 379) où, après avoir posé le problème de la terminologie en discussion, il le résout en unissant les deux partis, sans proférer une seule fois le mot hyposlase ou le mot personne, dans une magnifique profession de foi catholique « en la Trinité parfaite des Trois parfaits ». Oral., xxiii, n. 8 ; cf. n.lO, 13, 14 ; Oral., xxii, n. 12, P. G., t. xxxv, col. 1160, 1161, 1165, 114^-1145 ; cf. Oral., xxv, n. 16, col. 1221.

Quant à la formule p-îa oj^ta.tpir ; Czoartiasi ;, qui forme le fond de la terminologie du Contra Arium et Sabdlium, faussement attribué à saint Grégoire de Nysse, n. 1, 8, 11, 12, P. G., t. xlv, col. 1281, 1284, 1292, 1293, 1297, 1300, on ne peut dire, en toute certitude, à quelle époque précise elle a vu le jour, ni à quel auteur il faut en reconnaître la paternité. Il semble peu probable que le Contra Arium et Sabellium soit, comme le voudrait K. HoU, Ueber die Gregor von Nyssa zugrschriebene Schrifl Contra Arium et Sabellium, dans Zeilschrifl fur Kirchengeschichle, Tubingue, lt)04, t. xxv, p. 380-398, l'œuvre d’un Alexandrin, Didyme l’Aveugle en l’espèce. Cf. Bardy, op. cit., p. 72. Cette terminologie procède plutôt des Pères cappadociens et relève de leur influence prépondérante.

3. Consécration officielle de l'équivalence dogmatique des termes hyposlase et personne. — Saint Jérôme s'était adressé au pape saint Damase pour trancher le différend ; d’autre part, saint Basile, dais sa lettre ccxiv au comte Térence, s'était plaint que l’Occident ne comprît pas l’orthodoxie de la formule grecque, et avait tenté des démarches, officieuses et officielles, près de Damase, en faveur de Mélèce, le champion de la formule des trois hypostases. Sur ces démarches, voir S. Basile, Episl., cxxxviii, n. 2 ; ccxxxix, n. 2, P. G., t. xxxii, col. 580, 893 ; Garnier, Vila S. Basilii, c. XIII, P. G., t. xxix, p. Lxviii-Lxxi ; Werenda, De S. Damasi opusculis et geslis, c. vii, n. 3, P. L., t. xiii, col. 154-157. Le pape ne se pressait pas de répondre. Dès 372 cependant, Damase répond à Basile en lui envoj’ant par un diacre romain un document formulé en latin, P. L., t. xiii. col. 134. C'était la lettre synodale rédigée au concile de Borne f369) contre l’arien Auxence, et dont la seule formule dogmatique est la suivante présentée comme le résumé de In foi de

Nicée : Pairem, Filium Spirilumqne Sanclum unius deilatis, unius figurai, unius credere (oportet) subslantiw. Episl., i, P. L., t. xiii, col. 348. Sur l’addition indue du mot jrroaTàas’o ; à oCaiaç dans la traduction lirecque de cette lettre, voir Garnier, note 52 à la lettre x( Il de saint Basile, P. G., t. xxxii, col. 483. Une deuxième lettre de saint Damase suivit la réponse de saint Basile ; le pape s’y réjouit de l’accord de l’Orient et de l’Occident ; quia omnes uno are unius virtutis, unius maieslatis, unius divinilatis, UNius rsr.'E dicimui divinilalem ; ila ul inseparabilem potestatem Ires tamen asseramus esse P£Rf ! oyAS ncc redire in se an minui. ul plerique blasphemunl, sed semper manere… Spirilum quoque Sanclum, increatum, alque unius majeslalis, uxins usi.E, unius virtutis cum Deo Paire et Domino n(/stro Jesu Christo faleamur. Kpist., ii, fragm. 1, P. L., t. xiii, col. 350. Cette loriuule évitait le terme tiyposlrise, mais déclarait l’orthodoxie du terme personne ; elle prouvait donc l’orthodoxie des pauliniens et invitait implicitement les autres à se ranger à leur terminologie. Enfin, en 380, le pape adressait à Paulin les anathèmes fulminés par le concile de Rome, dont le 21 « seul nous intéresse : Si quis 1res personas non dixeril veras Palris elFilii etSpiritusSancti, sequales, etc….. Dcnzinger-Bannwnrt, n. 79. Ce canon fixe définitivement le sens dogmatique du mot personne, rpo’aojrov, dans les questions trinitaires. C’est le sens que Basile et les grecs donnaient à jTro’jTaaiç, et qu’on retrouvera cliez les Pères grecs, dans les questions trinitaires. Cf. pseudo-Denys, DeeccL hier., c. ii ; De divinis nominibus, c. ii, P. G., t. iii, col. 396, 6(1 sq.

Il ne restait plus qu'à proclamer authentiquement l'équivalence d’hypostase et de personne. Mélèce avait accepté, en 379, d’employer le mot 7tpo3w-ov. Voir S. Damase, Episl., ii, P. L., t. xiii, col. 353. Saint Grégoire de Nazianze, en 380, par ses discours De pace. avait contribué à la pacification. En 381, se réunissait le concile œcuménique, I' de Conslantinnple, dont Grégoire eut pendant quelque temps la présidence. Voir CoNSTANTiNOPLE (/'^ concHe de), t. iii, col. 1227. Dans son discours d’adieu, il revint sur la question de terminologie et fit comprendre aux évêques l'équivalence dogmatique de ces deux termes : hjpostase et personne, qui divisaient l'Église d’Antioche : « Une seule nature dans Trois, c’est Dieu… Ne soyons pas sabelliens, en défendant le un contre le trois, par une confusion qui supprime la distinction. Ne soyons pas ariens, en soutenant le trois contre le un. par une division qui détruise l’unité… Nous croyons dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, consubstantiels, égaux eu gloire… Le un, nous le reconnaissons dans Vusie et dans l’inséparabilité de l’adoration ; les Irais, nous les confessons dans les hypostases ou les personnes, comme certains préfèrent dire. Ta 8s Toîa laï ; j-oaTOtasi ;, = : 'Tojv r.^o'^wno'., o Tiat’tp'.Xov. Car il faut en finir avec cette ridicule querelle, élevée entre frères, comme si notre religion consistait dans les mots et non dans les choses. En effet, que prétendez-vous dire, vous, partisans des trois hyposlasesl Est-ce que vous em]iioyez ce mot pour supposer trois u.s ; cs ?.J’en suis sur, vous réclameriez à grands cris contre ceux qui penseraient ainsi, car vous professez une et identique Vusie des Trois. Et vous, maintenant, avec vos personnes' ! Est-ce que vous vous figurez le un comme je ne sais quel composé, comme un homme à trois faces ? Allons donc. A votre tour, vous répondriez à grands cris : .Jamais ne voie la face de Dieu celui qui aurait de telles pensées. Eh bien, alors, que signifient pour nous les hypostases et pour vous les personnes ?… Cela veut dire que les Trois sont distingués, non par natures, mais par les propriétés ; … mais, dites-moi donc, peut-on s’accorder davantage et dire plus absolument la même chose, bien qu’avec des termes diffé

renls ? » Oral., xlii, ii. 16, P. G., t. xxxvi, col. iTd477.

L'éloquence de Grégoire porta ses fruits. Les deux fractions catholiques d’Antioche se réconcilièrent et, l’année suivante, les évêques, s'étant réunis de nouveau (382), envoyèrent au pape saint Damase une confession de foi où l’on lit cette phrase : Nous croyons que In divinité, la puissance, l’csii ; est unique dans le Père, le Fils et le SaintPJsprit : égale gloire et coéternelle domination dans les TROIS PARFAITES BYPOSTASES OU BIEN LES TROIS PARFAITES PERSOAAES, Èv Tpiai -iÀêta'.ç ÛTTùaTâascj'.v rjyo’jv Tp'.ai tîÀsc’o'. : rrpojfo-ci'.ç. Cf. Théodoret, H. F., t. V, c. ix, P. G., t. lxxxii, col. 12121217. Rome admit cette formule et ainsi les deux terminologies se trouvèrent ofliciellement proclamées équivalentes. Le mot personne s'était imposé à l’Orient, cf. symbole d’Athanase, Denzinger-Baniiwart, n. 39 ; mais le mot h’iposktse, qui représentait la tradition grecque, était conservé et Damase s’y était nettement rallié. Cf. Théodoret, op. cit., cm, col. 1124-1125. L’union désormais était faite pour les questions trinitaires. Saint Cyrille d’Alexandrie, qui, dans les questions christologiques, identifie si volontiers çJ51 ; et j ;  : o'^- : a’j ;  ;, adoptera, dans les questions trinitaires, le langage accepté de tous : il y distinguera nettement tpjai ; d’C-o’aTa ! j[ç ; jj.{a yàp r) Œo-riTO ; ©ûai ;, écrit-il, âv TOtuiv 'j~OŒTâa£atv î&iy.aï ; voo’ju.svr|. Adversus Neslorii blasphemias.c.Y, n.6, P. G., t.LXxvi, col. 240 ; De recta fide ad reginas, c. i, col. 1272 ; Quod B. Maria sil deipara, n. 12, col. 260. On trouvera indiqué à l’article Trinité comment la théologie catholique applique le terme personne au Père, au Fils et au Saint-Esprit et comment les diflerents systèmes justifient leur conception de la personnalité par rapport à ce dogme. Nous étudierons maintenant d’une façon exclusive l’emploi des mots liypostase et personne dans les problèmes christologiques, en vue de préparer les thèses concernant l’union hypostatiquc.

II. DANS LES FORMULES CHRISTOLOGIQUES.

L(S discussions trinitaires n’avaient pas épuisé la question de l’hypostase. Les Pères, parlant des personnes divines, n’avaient éprouvé aucune difficulté à distinguer l’hypostase de l’usie. comme le particulier du commun. Saint Grégoire de Nazianze n’avait même pas hésité à tirer de cette distinction, fort juste en soi, des conclusions, fausses))liilosophiquenient, par rapbort aux essences créées. Voir Essence, t. v, col. 841. Mais, dès l’origine, la croyance en l’unité personnelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, s’est manifestée dans l’I^glise catholique. Or, cette croyance pose la question des rapports de la nature humaine, existant réellement, concrète et individuéc en Jésus-Christ, vis-à-vis de la personne ou hyjiostase du Fils de Dieu. Pour résoudre le problème, les Pères vont soumettre le concept (l’hypostase à une nouvelle analyse, afin d’arriver à distinguer la nature concrète et individuée de l’hypostase ou jjersonne et ii démontrer ainsi la possibilité pour le Fils de Dieu d' « assumer » la nature, mais non la iiersonne humaine. Toutefois des flottements se produiront encore dans la terminologie, occasionnés, d une part, par les équivoques voulues des hérétiques et, d’autre part, par l’imprécision des formules catholiques.

Quelques observations préalables sont nécessaires touchant l’emploi d’un terme, synonyme d’ojs’a, et que l’on rencontre fréquemment dans les discussions christologiques. C’est le terme « pûï'.ç, nature. Dans le sens philosophique du mot, voir Aristote, Phi/sic, I. ii, c IX, X, la nature est le principe de l’opération. Mais, dans les ((ueslions trinitaires, ce mot n’avait pas encore trouvé de sens précis. Pris souvent comme synonyme d’oJii’x, voir Didynie l’AveuRlc, De Trinilalr, î. 1, c. XVI, P. G., t. XXXIX, col. 348 ; S. Jean Damascène,

DICT. DE THÉ.OI.. CATHOL.

Dialectica, c. xxx, P. G., t. xcv, col. 589 ; Sacra parallelu, P. G., t. xcvi, col. 348 ; t. xcv, col. 1097 ; S. Anartase le Sinaite, Hodegos, c. ii, P. G., t. lxxxix, col. 56-57 ; Justinicn, Confessiorectæ fidei adversus tria capitula, P. G., t. lxxxvi, col. 1010 ; Theorianos, Diat. udv. Armenos, P. G., t.cxxxiii, col. 145 sq. ; le De sectis, act. 1, n. 1, P. G., t. lxxxvi, col. 1194, il signifie plutôt, cliez les Pères grecs, les propriétés et les qualités de roJ7ta. Saint Atlianase, De decrelis Nica-nae synodi, n. 11, P. G., t. XXV, col. 441, l’emploie, par exemple, pour marquer que toute la fécondité (çj^ ;  ;) du Père ayant été épuisée, il nepeut y avoir qu’un Fils ; le Saint-Esprit est Dieu par 7 ! a/ « rc. puisqu’il nous divinise luimême. Lettres à Sérapion, I, n. 24, P. G., t. xxvi, col. 585-588. KaTà -r, v ojjtav zai y.aTà ~t, '/ « j^'.v signi tient et selon la substance et selon les propriétés qui en découlent. De synodis, n. 45, col. 801. Cf. Contra arianos, orat. i, n. 28, 29, col. 69, 72-73 ; Tomus ad Antiochenos, n. 6, col. 773. Didyme l’Aveugle donne à çja'. ; et à oj3Îa à peu près la même signification, mais avec la nuance particulière qu’on retrouvera plus tard, à Alexandrie, chez saint Cyrille. Il parle de la oûa'. ; du Père, De Trinitute, I. I, c. xxvi, xxvii, P. G., t. xxxix, col. 389, 404 ; de la çûai ; du Fils, 1. I. c. xxvii, col. 397 ; de la çjai ; du Saint-Esprit, t. ii, c. II, vu ; I. III, c. XXXI, col. 404, 560, 949. CL Bardy, op. cit., p. 76, note. Pour saint Basile, la nature (tpûa'. :) constitue les attributs divins, tandis que V’jtm’z-zhq'.x, indique les modes personnels. Epist., xxxviii, n. 2, P. G., t. xxxii, col. 325 ; Adv. Eunomium, t. I, n. 10, P. G., t. XXIX, col. 533. Bien qu’utilisant le terme ojafa en parlant de la substance divine, cf. S. Grégoire de Nazianze, Oral., xxxi, n. 11, 28 ; xlii, n. 16, P. G., t. XXXVI, col. 145, 164, 477 : S. Basile, Adv. Eunom., t. I, n. 5, 7, 12, 18, 25 ; t. II, n.5, 9, 10, P. G., t. xxix, col. 520, 529, 540, 552, 568, 580, 588, 589, etc. ; S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., t. III, P. G., t. xi.v, col. 604, les Cappadociens préfèrent employer le mot œûîj'.ç, sans confondre toutefois les deux expressions, parce que oùniix indiquerait plutôt ce qu’il y a d’inaccessible et d’incompréhensible dans la substance divine. Cf. S. Basile, Adv. Eunomium, t. I, n. 13, 14, P. G., t. XXIX, col. 541, 544-545. Plus rarement le terme tpûijK ; est employé avec le sens d'ÛT^daTaa'.c ; voir le texte de Pieriis, rapporté par Photius, col. 372 sq. : la lettre d’Alexandre d’Alexandrie à Alexandre iv Constantinople, où il nomme le Père et le Fils Ta ; -f ; Lr.oaiâcEi 5Ù0 cpjasi ;, et désigne le F’ils comme jj.saixcjojaa çji'.ç ij.ov&Y£vr|ç, P. G., t. XVIII, col. 561, 565. C’est surtout saint Cyrille d’Alexandrie et son école qui ont consacré ce sens. Voir plus loin. Les hérésies, aflirnie saint Jean Damascène, De ftde orthod., I. III, c. III, viennent de la confusion faite entre « pûi'.v cl j ;  : o’aTaa ! v, P. G., t. xciv, col. 992. Plus simi>lemen( encore, le mot çij5'. ; est employé pour signifier la réalité objective d’une chose, par o]ipposition à la simble apparence, abstraction faite de son mode de subsistance. C’est le sens primitif d’C7 : ôa- : aa'.ç, voir plus haut, col. 371. Saint Cyrille d’Alexandrie a, plus d’une fois, donné ce sens à « Js'.ç. Cf. Petau, De tncarnationc, I. VI, c. viii, n. 3.

1° Dans les discussions christologiques jusqu’au concile de Chctlcédoine. — 1. Apollinaire de J.aodicéc. — Saint Basile avait marqué d’un trait la caractéristique de l’hypostase, le to xaO' sy.aîTov, trait que les deux Grégoire avaient accentué, en insistant sur les idées de totalité, d’indépendance, d’intelligence, de liberté. Apollinaire, évîqne de Laodicéc, s’emparera de ces notions pour opposer, aux thèses dyophysites de l'école d’Alexandrie, une théorie philosophique de 1 li> postase qui, entendue en un sens trop absolu, devait le mènera l’hérésie. La substance concrète n’est pasdifTércn te de l’hyiiostase. car elle comporte la perfection, l’in VII. — 13

dépendance, la loLalilé (le la nature. « l'ûitç el j ;  : ôataa'. ; sont synonymes. Quant à la personne, elle « n’est que la nature intelligente, en tant qu’elle existe à part soi, eomplète en soi, ramassée en soi, indépendante des individus qui l’entouronl : c’esl la if^a'- ; T£À£Îa, y.aO' âauTrîv, par là même et dans l’ordre où elle existe a-jTeçùJaio ;, maîtresse d’elle-menie, se possédant, et se rapportant à elle-niènre les manifestations de son activité. » 'fixeront, Des concepts de nature et de personne dans les Pères et les écrivains ecclésiastiques des V^ et VIe siècles. dans a. Revue d’histoire et de littérature religieuses, t.viv., p. 583. Si Jésus-Christ avait possédé, avec la nature divine, une nature humaine complète, il eût, d’après ces principes, possédé deux hypostases, deux personnes. Afin de maintenir l’unité physique du Christ, Apollinaire, logique avec lui-même, supprime dans la nature lium"ïiine l'élément caractéristique de la personnalité, c’est-à-dire l'âme intelligente, le vou ;, et en reporte au Verbe lui-même le rôle et les fonctions. Voir 'II L(xxèx. [j.£poç TTÎŒTiî, 30, 31 ; fragment 119, édit. Lictzmann, Apollinaris von Laodiceu und seine Schule, 1, Tubinguc, 1904, p. 178, 179. Sur la terminologie d’Apollinaire, voir Driiseke, Apollinarius von Laodicea, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1892, t. II, p. 183 sq.

2. Théodore de Mopsuestc.

Apollinaire fut condamné au concile de Constantinople (381). L'école d’Antiothe s’est montrée ardente à poursuivre sa doctrine : il est donc logique qu’elle insiste, par voie d’opposition, sur la nécessité de maintenir en Jésus une nature humaine complète, parfaite, tsÀjia. Mais, comme le concept philosophique de l’hypostase reste le même, à savoir une nature concrète, complète et parfaite, Théodore de Mojjsuesle, le premier père du nestorianisme, devra admettre, en Jésus-Christ, à côté de la personne divine, une personne humaine, ou, plus exactement, afin de sauvegarder la terminologie catholique, à côté de l’hypostase divine, l’hypostase humaine, les deux s’unissant, d’un lien purement moral, pour constituer la personne, le r.oi’jaioTzoy. Dans la terminoloiiie de Théodore, cpûat ; est encore l'équivalent d’jjrddTaat ?, et le TrpôatoTcov n’indique qu’un tout moral, non un individu. Le rpciacoî^ov de Théodore détruit donc l’unité substantielle et physique du Christ. Cf. De incarnationc, viii, P. G., t. lxvi, col. 981 ; cf. V, col. 969-970 ; xi, col. 983, 984.

3. Ncstorius.

Nestorius reprend, à peu de choses près, les concepts et la terndnologie de Théodore ; il identifie, en christologie, le sens des mots jJiôaTaai ;, çjjtç, et même, d’une certaine manière, -po’aMTiov, appliqué aux individus physiques ou naturels. Ces mots désignent la substance première, l’usie concrète. Le livre d’Héraclidc, trad. Nau, Paris, 1910, p. 42, 43, 136, 137, 138, 145, 194, 212, 213, 232, 233, 266, 272, 273. L’hypostase, disons-nous, désigne la même réalité que le 7 : po'^o) : iûv naturel et s’oppose à ce que Nestorius appelle, dans sa christologie, le 7 : poa’o ::ov moral d’union. Ibid., p. 127, 128, 168, 183, 195, 202, 213, 223, 272, 273, 282. Cf. Tixeront, Histoire des dogmes, t. iii, p. 28-32. Il y a donc, pour Nestorius, deux prosôpons, le prosôpon naturel ou physique, identique à l’essence concrète, à la nature, à l’hypostase, el le prosôpon d’union ou moral. Cf. Jugie, Nestorius et la controverse neslorienne, Paris, 1912, c. m. Cette terminologie plus précise possède, sur celle de Théodore, l’avantage de paraître mieux manifester l’unique personnalité (entendue au sens du rpoj")rov moral) de Jésus-Christ après l’union des deux natures-hypostases. En réalité, elle est tout aussi défectueuse et aboutit aux mêmes erreurs. En parlant d’identité établie par Nestorius, entre l’hypostase et le prosôpon naturel ou physique, il faut toutefois s’entendre. L’iiypostase, la nature, ïo-hia même, désignent l'être considéré concrètement Le prosôpon semble, au contraire, chez Nestorius, avoir un sens abstrait : on le traduirait assez exactenient par personnalité, plutôt que par personne. Ce sens permet a Nestorius de jouer sur les mots et d'établir, entre les deux natures divine et humaine, un don mutuel de leur personnalité naturelle, d’où résulte la personnaIilé morale du Christ. Le prosôpon est ainsi une propriété de l’hypostase et de la nature plutôt que l’hypostase et la nature elles-mêmes. Voir d’AÎès, Autour de Xeslorius, dans les Recticrches de science religieuse, t. V, p. 242-243. Voir aussi les observations du P. Cavallera sur l’ouvrage du P. Jugie, Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, novembre 1912, p. 409-410 ; janvier 1919, p. 79-88 ; Junglas, Die Irrlehre des Nestorius, dans Der Katholik, 1913, p. 437-447 ; Jugie, op. cit., c. iv.

4. Saint Cyrille d' Alexandrie. — L’unité de personne et d’hgposlase avait toujours été reconnue dans l'école d’Alexandrie. Origène, voir plus haut, parle de la personne du Christ et il admet les 6jo çiiusi ;. De princ, t. I, en, n. 1 ; Cont. Cclsum, !. III, c. xxviii, P. G., t. XI, col. 130 ; le témoignage d'Éphreni d’Antioche nous apprend que saint Pierre d’Alexandrie professait en Notre-Seigneur deux natures, une hypostase et une personne. P. G., t. ciii, col. 996. On trouve dans lépître de Denys d’Alexandrie contre Paul de Samosate, en parlant de Jésus-Christ, j’v zpdnc)~0'i xai [J.ÎX j-o’jtaa'. ; rpdatD^Toj. Cf. Mansi, Concil., t. i, col. 1043. Didyme l’Aveugle s’abstient de parler des deux natures, pour mettre en relief l’unité du Christ : il prépare les voies à saint Cyrille. Chez saint Cyrille d'.lexandrie, adversaire de Nestorius, le mot hypostase n’a pas toujours le même sens. A Antioche, chez les uestoriens, ï-Jîtiç et G-otjTau. ; étaient équivalents et désignaient la substance concrète par opposition au -pôcrw-fjv moral. A Alexandrie, le mot hypostase conserve toujours, même sous des acceptions différentes, le sens de réalité, de chose existante, par opposition aux pures abstractions et aux simples apparences. Quelquefois même, c’est là sa seule signification. Voir plus haut, col. 372. De même, l’union xaO' ino’araaiv signifie, sous la plume de saint Cyrille, l’union selon la réalité, selon la vérité, zata àXrJOêtav, l’union physique jiar opposition à l’union morale. Voir Apologelicus pro Xll capitibus contra Theodorclum, anat. il, P. G., t. lxxvi, col. 401. Parfois aussi, le terme liypostase, considéré comme synonyme de « pijtjt ;, a un sens distinct de -pdaw-ov, il signifie la nature concrète considérée comme réalité, abstraction faite de son mode de subsistence, voir anath. iii, Denzinger-Bannwart, n. 115 ; ou encore Scholia de incarnationc, c. x, P. G., t. lxxv, col. 1381. Jamais cependant il n’est pris comme sj-nonyme d’oj<i ; a, essence spécifique, encore que saint Cyrille emploie parfois ©Jai ; en ce sens. Sur ce sens abstrait de ouæ :  ;, voir De' recta fuie ad Auguslas, 46, 31, 32, 38, P. G., t. lxxvi, col. 1400, 1376, 1388 ; De recta fide ad Theodosium, 43, col. 1200 ; Epist., ii, ad Successum, P. G., t. Lxxvii, col. 244-245 ; Epist., i, ad Ncstorium, col. 45 ; Scolia de incarnalione, P. G., t. lxxv, col. 1385. Toutefois, ce sens est controversé. Voir J. Lebon, Le monophysisme scvérien, Louvain, 1909 ; Jugie, op. cit., p. 180-181. Enfin, et c’est le plus fréquemment, saint Cyrille identifie les trois termes çûaiç, ÛTtûCTTau'. ; et -pdafDTTov. L’hypostase est la nature-personne que l’on retrouve dans la formule apollinariste [lia fûsi ; -ou Wîoj iVÔYOj cTEsapzoaivTi, que saint Cyrille croyiiit emprunter à saint Athanase. Cf. Justinien dans son 'OtxoLoyia j : 13T£"> ;. Mansi, Concil., t. ix. col. 545, 381. Pour l’identification de y-'^'-^ et d'û ::o'5Taat ;, voir Apologelicus pro A7/ capitibus contra Theodorclum, anat. ii, P. G., t. lxxvi. col. 401 ; £p(sL, xvii, col. IIP ; xLv, xLvi, n. 2, 4, P. G., t. lxxvii, col. 232, 241, 245. 38 « 

HYPOSTASE

380

Pour ridentificatioii d’j ::o5'ïa31 ? et de -om^o-ov, voir anath. iv, et défense de cet anathématisnie, P. G., t. Lxxvi, col. 301 sq. : Episi., xlv, t. lxxvii, col. 232 ; xLvi, n. 2, 4. col. 241, 245. Cf. J. Lebon, op. cit., p. 250 sq.. 277 scj.

C’est toujours le sens d’hypostase-personne physique que CjTille conserve dans les questions trinitaires, mais il ajoute ordinairement à j-oaTaaiç le mot loiy.rl. Voir plus haut, col. 385. En cette matière, nous retrouvons chez saint Cyrille la formule grecque traditionnelle, Vusie est à l’hypostase comme le commun au singulier. De Trinitatc, dial. I, P. G., t. lxxv, col. 700. On rencontre aussi, chez saint Cyrille comme chez tous les Pères grecs, le mot -porsiozo'/ avec le sens de /acies, forma, lequel n’exclut pas, d’ailleurs, le sens philosophique d’hypostase rationnelle. De Trinit., dial. IV, P. G., t. lxxv, col. 888. Sur la terminologie cyi’illienne, voir S. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. x, xxii, P. G., t. lxxxix, col. 161-193, 294 ; Petau, De incarnutione, t. II, c. iii, n. 3-7 ; J. Lebon, op. cit., p. 250 sq. ; Tixeront, op. cit., p. 60 sq. ; Jugie, op. cil., p. 174-190.

5. Flavien de Conslanlinople et Eulychès.

La terminologie cyriUienne, identifiant çj^. ; et 7 : po’a’o7 : ov ou ÛTtoiTaji ;, et consacrant la formule pseudo-athanasienne aia çjîiç tou WîûÙ.Vôyoj jEjap/oaivi, , comportait des interprétations nronophysites, encore que, dans l’intention de saint Cyrille, elle exprimât une pensée orthodoxe. Elle ne pouvait être définitive. Un nouveau progrès devait être réalisé à l’occasion d’Eutychès. Voir t. v, col. 1582 sq. Se couvrant de l’autorité de saint Cyrille et du concile d'Éphèse. Eutychès proclame une seule nature en Jésus-Christ, mais en établissant une équivalence stricte entre çjaiç, J7 : Ô3Ta’ji ; et -pôa’D^ov. Ibid., col. 1.5.S4 scj. Cette équivalence lut consacrée parle pseudo-concile surnommé le brigandage d'Éphèse (449). Mans). Concil., t. vi, col. 744-745 ; t. vii, col. 495 sq. ; Hefele, Hisloirc des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 555 sq. Flavien, évêque de Constantinople, contredit Eutychès : toutefois, il se contente de reprendre la terminologie de Cyrille, voir sa lettre à l’empereur Théodose, Mansi, t. VI, col. 540, 541, en insistant cependant sur la distinction de « pj^iç, nature, et d’hypostase, dont il fait l'équivalent de -p6rs(<)-0'I. Il dit que le Christ est èx ojo sjascov £v ]Ata Cro^Tâasi Lai svl -^o'^omo. Mansi, l)C. cit., col. 680. D’autres évoques, Basile de Sélcucic et Selpucus d’Amasie en particulier, disent èv ûûo 5J ! j£3t, ibid., col. 685, 686, ce qui ne change rien quant à la significatio 1 à accorder aux termes employés.

6. Théodorct.

D’autre part, Théodoref, qui fut un des adversaires de saint (Cyrille, mais qui, néanmoins, souscrivit à la condamnation de Nestorius, représente la tendance de l'école d'. tioche après le concile d'Éphèse, Dans cette école, la terminologie est sensiblement différente de celle d’Alexandrie. Le mot ç-jj ;  ; n’y est point synonyme de personne. Voir l ; i fijnnule d’accord souscrite, après le concile d’I'.phèsc

(433) quoique s’inspirant visiblement de Théoilore de Mopsueste, par Jean d’Aiitioche et saint Cyrille d’Alexandrie, dans les lettres de saint Cyrille, xxxviii, xxxix, P. G., t. LXXVII, col. 170-187. On y admet explicitement deux natures en.lésus-Christ. Mais il n’y

ivait pas accord sur le sens du mot j-o’aTaat ;. André

de Samosate tenait ce mot pour un synonxrur de rpds’DSOv et rejetait expressément la formule '/jo ûroi-.i.it : <, après l’union. Cyrilli apnlngrficus adrrrsiis Oricnlales, P. G., t. i.xxvi, col. : î48 : cf. col. 333.Théodoret, au contraire, s’il identifie sJi ;  ; et j-03T7.7'. ;, les oppose à -pÔTonov. Critique des aitalii., m et iv, P. G., t. Lxxvi, col. 404. Cf. Petau, Dr incornatiniiP, I. II, V. iir, n. 6. Mai" ! comme, en somme, ils acceptent l’un et l’autre l’union physique de Cyrille et non

l’union morale de Nestorius, leur terminologie reste, en fin de compte, orthodoxe. 'Yr.oQ’aai : représente, pour ïhéodoret, la nature concrète individuée. qui s’oppose à ojat’a, siibstantia. comme le particulier s’oppose au commun. Diul. Jmmut., P. G., t. i.xxxiii, col. 33.

Détermination officielle de la Urminoloijie catholique.

1. La lettre dogmatique xxviii de saint Léon
i Flavien précisa la terminologie catholique, en définissant l’unité de personne et la tlualité de natures en

Jésus-Christ. La nature complète, parfaite, avec toutes ses propriétés, substance concrète, n’est pas la personne. En quoi cousiste la différence, le <iocuinent pontifical ne l'établit pas : il pose simplement les données du problème dogmatique : un Christ, une personne, deux natures. Dcnzinger-Bannwart, n. 143-144.

2. Le concile de Chalcédoine, voir le texte de la définition, ibid., n. 148, et Ch.^lcédoini ; (Concile de), t. ii, col. 2194-2195, reprenant la doctrine de Léon, définit que « Jésus-Christ, complet quant à la divinité et complet quant à Ihumauité, vraiment Dieu et vraiment homme, est un seul et même Christ… en deux natures, sans mélange, sans transformation, sans division, sans séparation ; car l’union n’a pas supprimé, la différence des natures : chacune d’elles a conservé sa manière d'être propre ets’estrencoutréeavec l’autre dans une ur^ique personne ou hypostase. » Il afiirme que Jésus-Christ n’a pas été partagé ou divisé en deux personnes, mais il n’y a qu un seul et même Fils, Fils unique, Dieu-Verbe, » etc. De ce texte, il faut conclure : a) à l'équivalence dogmatique des termes liyposlase et personne ; par là se trouvent écartées les terminologies opposées de saint CyriUe et de Théodoret, parmi les catholiques ; celles d’Eutychès et de Nestorius, parmi les hétériques ; b) à l’exclusion du prosôpon moral de Nestorius, déjà rejeté au concile d’Ephèse ; la personne est un individu n’admettant ni partage, ni division ; c) à une différence réelle entre le concept de personne ou d’hypostase et celui de nature concrète (çiJaie) : d) à la possibilité pour une nature concrète de subsister, complète, sans mélange, sans transformation, dans une hypostase différcnte de la sienne. Ces quatre points sont désormais acquis :  ! la pensée catholique. On les retrouve dans la lettre de saint Gélase. De duabus naturis in Christo, Jafïé, n. 670 : Denzinger Bannwart, n. 168. Cf. S. Jean Chrysostome, Epist. adCasarium monachum, P. G., t. iii, col. 760.

3. L’affaire des trois chapitres devait, malgré des incidents regrettables, apporter sa part de précision dans la terminologie catholique. Voir Constantinople (Hconcile de), t. iii, col. 1231-1259. — « ) La formule Unus de Trinitate passas est, approuvée par Jean II, amène, dans le document pontifical, et. Jatte, n. 885 ; Dcnzinger-Bannwart, n. 201, cette phrase : unum cnim ex sancta Trinitate Christum esse, hoc est unam rie Irihns.sanctæ '1 rinitatis PERSiONIS sandam esse PErSO.XAM sive subsistentiam, quam qrœci J-ouTaaiv dir.unt. Aux précisions précédemment signalées, on trouve ici, authentiquement proposée, l'équivalence de personne ou hypostase et de subsistencc. Sur cette équivalence, voir plus loin, col. 391. — b) Les canons du V' concile général, voir Denzinger Bannwart, n. 213 sq., fixent d’une façon irrévocable les formules. Le canon 1^' identifie, dans les questions trinit aires, d’une part, çj- ;  !  ; et oJi’i entendue dans le sens de substance concrète, d’autre part, û-ciTaje et -y>o’o-'fi. En ce qui concerne le problème cliristologique, le canon 4, rejetant les erreurs neslorienne et eulychéenneet pronnilguant à nouveau la doctrine de Chalcédoine, établit l’unité d’hypostase ou <le personne : il identifie jroTri^ : et --.'/îr-rov sans aucme restriction. Le canon 5 définit ce qu’il faut ent cnclxe par « hypostase » dans le Christ : ce n est pas l’union de deux hypostascs

ou de deux natures physiques, dont résulterait une seule personne morale, au sens de Nestorius ; c’est vraiment une lis postase unique ou une personne réelle dans laquelle Ihunianité est unie au Verbe, sans ajouter quoi que ce soit, du chef de l’union, à la Trinité. Le canon 7 professe la dualité des natures, divinité et humanité, persistant sans confusion, sans mélange, dans l’unité de l’hyposlnse. Le canon 8 rejette l’interprétation inonophysite de la formule cyrillienne [v.^ yji’. ; -où M£o3 A^v’^'^’'^siscpxoaÉvrj. Le canon 9 maintient, malgré la dualité des natures, l’unité d’adoration. De toutes ces décisions ressort la différence de signification des termes cpji’. ; et JTTojTaa’.c. L’h}-postaseest l’individu complet, la personne ; la nature concrète, « pj^i ;, peut n’être pas tSioùTTÔîTaro ; et subsister par conséquent /aO’j-o’cïTaatv dans la personne même du Verbe.

Après le concile de Cttulcédoinc.

1. Chez l(S

catholiques. — - a) Les eonciles et les documents pontificaux subséquents n’apportent aucune précision nouvelle. Dans l’Église latine comme dans l’Église grecque, la terminologie est fixée, les équivalences de signilications sont établies. Voir concile de Braga (561), can. 1, ’Denzinger-Bannwart, n. 231 ; Honorius I « ^ Epist., ii, ad Sergiun^ (634), n. 252 : concile de Latran (649), proclamant, can. 1, trois sut)sistences consubstantielles en Dieu, n. 254 ; cf. can. 6, 7, 8, 9, unité de personne et dualité de natures dans le Christ, n. 259-262 ; symbole de Tolède (XI « ) (675), identification de subslantia et de natura, n. 275, 276, 277, 278 ; très personæ, una subslantia, n. 279, 280 ; 1res pcrsonx unius natura’, n. 281 ; persona Filii incarnata, n. 282 ; una persona, duse naturse, n. 283 ; in duabus naturis, tribus exslat substantiis, n. 284 ; en quel sens, trois substances, voir plus loin ; gemina subslantia diuinitatis et humanitatis in Christo, n. 285 ; S. Agathon, Epist. dogmatica ad impcratores, n. 288 : III concile de Constaiitinople (680) : naturalis di/ferentia in eadem una subsistentia, èv (xù-fi zri iiii j-oi-.i’^v., n. 290, 292 : XV « Concile de Tolède (688), expliquant en quel sens on peut dire, avec le XI concile de Tolède, deux ou trois substances dans le Christ, divinité, âme. corps, n. 295 : enfin, concile de Francfort (791), duas substantias, una persona, avec l’exclusion de la formule ambiguë du XI’î concile de Tolède, n. 312. Ainsi se trouve fixée la terminologie catholique. « Mais, remarquons-le bien. l’Église, en prononçant sur le fait, n’indiqua point comment on devait le concevoir. Elle prit dans la langue usuelle, et suivant leur signification courante, les deux mots de nature et de personne et elle affirma qu’en Jésus-Christ on devait voir une seule personne et deux natures. Comment cela se faisait-il ? Comment cela était-il possible ? Quel rapport fallait-il donc établir entre les notions de nature et de personne ? Qu’est-ce qui caractérisait l’une et l’autre ? L’Église ne le dit pas et n’avait pas à le dire : elle est chargée de définir, de constater, non d’appliquer et de justifier rationnellement. Ce dernier rôle est celui des théologiens. » Tixeront. Des concepts de nature et de personne. etc., loc. cit., p. 581.

b) Mais avant d’aborder l’étude de ce développement théologique, il importe encore de fixer notre attention sur l’équivalent grammatical latin d’hijpostase, à savoir, le mot : subsistentia. On a vu plus haut, col. 378, que les Pères latins traduisaient’jzôrs-.aai ; par subslantia. De là une source de difficultés dans la terminologie. Rufin, au début du ve siècle, expliquant le différend survenu, au synode d’Alexandrie, au sujet du mot hijpostase, préfère traduire j-oTta^i ; par subsistentia, supprimant par là toutes les équivoques possibles. H. E., t. I, c. xxix, P. L., t. xxi, col. 449. Substanlia et essentia répondent désormais à ojtrta. Cf. Petau, De Trinitate. t. IV, c. iv, n. 16. Avant Rufin,

on peut citer comme ayant fait usage du terme subsistentia, au milieu du iv siècle, Victorin de Pettau ; mais ce n’est pas dans le sens d’une attribution personnelle et distincte. Adversus Arium, t. I, n. 30 ; t. II, c. IV, P. L., t. viii, col. 1062, 1092 ; cf. Petau> loc. cit., c. III, n. 5. Ou bien ce terme est interpolé, op. cit., t. III, c. IV, VIII, IX, et peut-être aussi t. II, c. IV, col. 1101, 1105, 1092 ; cf. de Régnon, op. cit., p. 236-241. Saint Augustin, quoique postérieur à Rufin, traduit encore J-o’aTaa’. ; par subslantia. De Trinitate, t. VII, c. iv, v, vi, /-". L., t. xlii, col. 939-946 ;. cꝟ. t. V, c. VIII, IX, n. 9, 10, col. 917, 918. On retrouve parfois chez saint Augustin, entre l’essence et la personne, la distinction du commun et du singulier. De Trinitate, I. VII, c. vi, n. 11, col. 942. On trouve su fc/stenlia chez Fauste de Riez, Episl., vii, P. L., t. lvii, col. 858 ; chez le diacre Paschase, De Spirilu Sancto, t. I, c. IV, P. L., t. Lxii, col. 13, et peut-être chez le pseudo-Ambroise, In sijmbolum apostolorum, P. L., t. XVII, col. 507 ; cf. note, col. 511. Désormais ce mot est dans le langage courant. Rustique, Contra acephalos disputatio, en fait un emploi fréquent, et toujours comme traduction d’C-oaiac/ ;  ;, avec les différentes nuances de signification que les grecs donnent à ce mot. P. L., t. lxvii, col. 1192, 1238. L’Église elle-même, à cette époque, comme le remarque Facundus d’Hermiane, Pro defensione Irium capitutorum, l. I, c. iii, P. L., t. Lxxii, col. 538, consacre cette équivalence grammaticale par la lettre dogmatique de Jeanll au sujet de la formule Unus de Trinitate passus est. Voir ci-dessus, col. 390 ; Denzinger-Bannwart, n. 201. Voir la même équivalence établie dans la lettre dogmatique de saint Agathon, Denzinger-Bannwart, n. 288, lue au VI » concile œcuménique ; dans les lettres synodales de Rome et de Milan, lues au même concile. Mansi, Concil., t. xi, col. 286. Les traductions latines des canons orientaux soulignent la même équivalence. Cf. anathématismes de saint Cyrille au concile d’Éphèse, trad. de Marins Mercator, anat. ii, iv, Denzinger-Bannwart, n. 114, 116 ; concile de Chalcédoine, trad. de Rustique, n. 418 ; concile de Constantinople, can. 1, 4, 5, 7, 8, 13, n. 213, 216, 217, 219, 220, 226. Dans la préface à la traduction du VII « concile œcuménique, Anastase le bibliothécaire avertit expressément qu’il traduit’jno’aTaaîi ; par subsistentia. Interprelatio V 1 1^ sijnodi, prwfatio, P. L., t. cxxix, col. 195 : cf. Petau, op. cit., t. IV, c. m. Sur ces rapprochements, voir Stentrup, Zum Begriff der Hypostase, dans Zeitschrift fur kalholische Théologie, Inspruck, 1877, p. 78 sq. Il est à noter que, dans ces textes, le mot subsistentia est toujours pris dans un sens concret, comme substance, hpostase, essence, personne. Petau, loc. cit., n. 6. De plus, la désinence qu’il affecte en latin semble imposer, en français, l’orthographe que nous avons observée ici : subsistence et non pas subsistance.

c) Dans son Liber de persona et duabus naturis contra Eutychetem et Nestorium, Boèce (première moitié du vie siècle) a une terminologie quelque peu différente, en ce qui concerne la traduction latine d’J-o’aTaa’. ; et l’équivalent grec de subsisirntia. Il définit, c. i, la nature : unamquamque rem informons speciflca differonlia. P. L., t. lxiv, col. 1342, et, c. iii, la personne : natura ? rationalis individua substaniia, col. 1343. Subslantia est ici l’équivalent latin d’j-oaTaa ;  :: n Boèce rencontre les deux verbes latins subsistere et substarc et il les distingue par leurs relations avec les accidents. Subsistere, dit-il, signifie n’avoir pas besoin d’accidents pour être ; substare signifie servir de sujet aux accidents pour qu’ils puissent être. Ces définitions lui permettent de distinguer entre l’individu et l’espèce ou, si vous le voulez, entre la substance première et la substance seconde. En bon réaliste, il déclare 393

HYPOSTASE

donc que les genres et les espèces sont des subsistences, puisque les accidents n’y entrent pas, et que les individus seuls sont des substances, parce que seuls ils supportent les accidents… Boèce a expliqué par la philosopliie profane la nonsj’nonymie des mots latins. Il veut, de plus, montrer la parfaite synonymie des expressions théologiques, grecques ou latines. Kn latin, il constate quatre mots, savoir : essentia, subsistenlia, subslantia, persona. Il lui est facile d’identifier : tpo’joj-ov et persona. Comme saint Hilaire, il identifie oùiia et essentia. Reste i-da-aai ; pour les deux mots ivtins subsistentia et substantia. Comme Ru fin, il voit bien que ce mot provient du verbe CicpiaTavai, répondant seul aux deux verbes latins subsisterc et substare, mais, dans le choix de sa traduction, il va à l’inverse de Rufin. Boèce, prenant le verbe grec dans le sens de substance, identifie j-o’aTaa'.ç au mot latin substantia… Restait à sa charge un quatrième mot latin, précisément le fameux terme subsistentia. Comme équivalent grec, Boèce exhume un mot, à peine usité une fois par saint Cyrille et Théophylacte, le substantif ojsfio^t ;. Cette terminologie, surtout en matière trinitaire, présente de graves inconvénients, puisque, logiquement, elle conduisait à mettre en Dieu « trois substances » et « une subsistence ». Tout eût été parfait si Boèce avait conservé au mot 'jt.ôTTXT'. ; sa traduction grammaticale subsistentia. Ce n’est qu’en traduisant substantia par l’idée qu’exprime subsistenlia, pris au sens concret, que saint Thomas d’Aquin parvient à justifier la définition que Boèce a donnée de la personne. Sum. llieoL, r"*, q. xxix, a. 1, 2 ; q. xxx, a. 1. » De Régiion, op. cit., p. 227-232. Toutefois sa définition de la personne constitue un réel progrès, parce qu’elle renferme dans ses éléments l’idée d’intelligence et de raison, plus nettement marquée qu’on ne l’avait fait jusqu’alors.

d) Le diacre Rustique, qui avait vécu à Constantinople, connaissait mieux la terminologie grecque et il s’applique, sans nommer Boèce, à rectifier sa traduction d’j-oiTxai ;, Il restitue son véritable sens à substantia : - Le mot j-ocrtai'.ç, écrit-il, est ambigu et signifie tantôt la ijersonne, tantôt la nature. Nous disons que la subsistence du Seigneur Christ est une, car sa personne est subsistante. Mais nous ne condamnons pas absolument qu’on dise deux subsistences, si on a pieusement soin d’avertir qu’on entend par là les natures, car les natures subsistent. » Disputalio contra acephalos, P. L., t. lxvii, col. 1192. Usic et substance sont identiques, col. 1181. La nature signifie ce qu’on appelle l’espèce commune ; la personne est le concours des choses cqui déterminent une subsistence rationnelle, col. 1238. Cette subsistence individuelle est comme le fondement et le support de tous les accidents, en ce sens que rien ne peut exister sans ce fond. De là vient qu’on ûonneix lalotalitédes clioses existas T DA.xs un cire (remartpions cette (n-cTi.s7ence) le nom de ce qui en est le.soutien dans l’existence. La personne est donc une subsistence raisonnable et individuelle, col. 1239. Ainsi, parallèlement à son contemporain Léonce de Byzance, voir plus loin, col. 397. Rustique commence à esquisser la tiiéorie philosopliique de l'être in-exislant, enhiiposlasié (substantiva res), ))our répondre aux difficultés soulevées à propos de l’incarnation. La nature humaine du Verbe n’est pas une personne, parce qu’elle est magis in subjecto quam subjectum. col. 1239.

2. Chez les non-rnIhoUques.

a) Du côté des nestoriens, le concile d'Éphèsc ne brisa pas toutes les résistances, pas plus quc la formule signée par.Jean d’Antioche n’amena la paix complète. On trouvera l’hisloire des doctrines ncsloriennes à N’KSToniANisMK. La terminologie des dissidents n’accuse d’abord aucune nouveauté : elle reste attachée à la formule de

paix, signée en 433, qui paraît aux nestoriens plus favorable. Les décisions de Chalcédoine sont saluées comme une victoire. Voir Le livre d’Hcractide, p. 327, 330. Peu à peu un mouvement plus prononcé vers l’hétérodoxie se dessine : on rejette le sens donné par le concile de Chalcédoine au mot hijpostase, sens qui l’identifiait avec r.poGo-rn. On continua à rapprocher Iiijposlase de nature : le Christ fut déclaré être en deux natures, deux hijpostases et une personne. Voir le concile nestorien de 486, canon 1, dans Si/nodicon orientale, édit. J.-B. Chabot, dans Notices et extraits des manuscrits, t. xxxvii, p. 302, et Homélie de Narscs sur les trois grands docteurs Diodore, Théodore et Nestorius (485-490?), édit. Martin, dans le Journal asiatique, juillet 1900. La formule de 433 est jugée insuffisante et rejetée. Il y eut encore du flottement dans les termes jusqu’en 612 ; à partir de cette époque, la terminologie devint fixe et absolue. W. A. Wigram, An introduction to Ihe hislory oj the A^sijrian Church, Londres, 1910, p. 256, 278.

C’est à Babai le Grand, abbé d' Izla (569-628), que l’Eglise nestorienuc doit la fixation définitive de sa terminologie en nmtière cliristologique. Son traité De unione a été, en partie (par extraits), publié par M. Labourt, Le christianisme dans l’empire perse sous lu dynastie sassanide (224-632), Paris, 1904, p. 280-287. M. Tixeront a ainsi résumé cette terminologie : « La nature (kiand) est prise par Babai danslesensabstrait : c’est l'élément commun qui existe dans les hypostases particulières, et qui comprend toutes celles de la même espèce. L’hypostase (qnoumâ) est la substance concrète et singulière : « On appelle hypostase », dit Babaï, « la substance (oùaia) singulière, subsistant « dans son être unique, numériquement une et séparée « de beaucoup (d’autres), non en tant qu' individuante, mais en tant qu’elle reçoit chez les êtres créés, rai « sonnables et libres, des accidents variés, de vertu " ou de crime, de science ou d’ignorance, et chez les « êtres privés de raison, également des accidents « variés, par suite de tempéraments contradictoires ou « de toute autre façon. » Quant à la personne (parsopd), elle est « cette propriété de rhyjiostase qui la distingue des autres », ce par quoi deux hyjjostases de même nature et espèce, Pierre et Paul, iiar cxemple, se distinguent entre elles. Pierre et Paul, en effet, ont la même nature : tous deux — et ils ont encore cela de commun — sont des hypostases, c’est-à-dire des substances concrètes, existantes : mais l’hypostase de l’un n’est pas celle de l’autre : elles ont chacune leur propriété singulière qui en fait des personnes distinctes : et parce que la proiiriété singulière que possède l’hybostase n’est pas l’hypostase elle-même, on [appelle] personne ce qui distingue. » — Si, dans la pensée de Babai, cette propriété singulière n’est pas l’existence à part soi (L7O" ixjto’v), elle ne peut être que l’ensemble des accidents variés dont il a donné plus haut des exemples ; et ainsi l’on pourrait dire que la personnalité, d’après lui, n’est autre chose que l’ensemble des caractères accidentels dont l’hypostase est le substratum substantiel, et par où elle se dislingue des autres hypostases. Cette notion serait bien su)ierficielle et peu exacte. » L’hypostase étant identifiée avec la nature concrète, il ne saurait être question, l)our l’ftglisc nesforienne, d’union hypostalique : fidèle à la tradition de Théodore et de Nestorin< :. elle n’admet quuiuunion prosopiciuc. '<)ir Hypostatique (Union). Par contre, en matière trinitaire, la théologie nestorienne admet en Dieu trois qnoumé. trois hypostases au sens cappadocicn du mol. Les autres écrits nestoriens. antérieurs ou postérieurs à Baba’i, et dont on trouvera le résumé dans Labourt, op. cit., c. x ; cf. Tixeront, op. cit., p..")7, 60, n’apportent aucun élément nouveau à la terminologie.

b) Les monophijsilrs. — I.e luouopliybiiiiie ii’esl pas une doctrine une : c’est en fonction des définitions du concile de Chalcédoine qu’on groupe tous les dissidents qui combattent la formule dos dcitr naturps : après l’union. Voir Eutychès et i ; uTYCinANis : Mii, l. v, col. 1595-1596. Quels que soient les noms sous lesquels furent désignées les différentes sectes de monophysites, c’est le sens donné au mot 9uatç, en opposition avec les décisions de Chalcédoine, qui est le point de départ du monophysismc. Il importe donc de préciser les difîérentes acceptions de ce mot pour faciliter, dans la saite, l’intelligence de l’erreur condamnée. — a. Le terme çJa ;  ; peut, en premier lieu, signifier l’essence spécifique, commune à plusieurs individus. Nous avons déjà rencontré ce sens abstrait, désignant l’essence commune désignée sous le nom de « pûaiç et plus généralement d’oùdia, par opposition à l’individu, au singulier, que signifie l’hypostase, dans saint Basile, Epist., xxxviir, P. G., t. xxxii, col. 328 ; ccxiv, n. 4, col. 789 ; ccxxxvi, n. 6, col. 884 ; voir col. 386 ; dans saint Grégoire de Nysse, Contra Eunomium, t. I, F. G., XLV, col. 320 ; Discours catéchédquc, c. i, col. 13 ; De communibus notionibus, P. G., t. xlv, col. 177, voir col. 386 ; et Essence, t. v, col. 839-841 ; dans Théodoret, Dial. Immut., P. G., t. lxxxiii, col. 33, voir col. 389 ; et mOme dans saint Cyrille d’Alexandrie, voir les références, col. 388. On retrouve cette acception chez une foule d’autres auteurs, catholiques ou non catholiques. Cf. pseudo-Athanase, Dial. de Trinitate, , P. G., t. xxviii, col. 1137 ; S..lean Chrysostome, In Epist. ad Heb., homil. ii, n. 1, P. G., t. Lxiii, col. 20. C’est que tous sont d’accord pour affirmer qu’avant l’union, c’est-à-dire en considérant les choses d’un point de vue abstrait, les natures du Christ sont spécifiquement distinctes. Les catholiques d’ailleurs se sont bien gardés de considérer la nature humaine du Christ comme correspondant à l’humanité ainsi envisagée spécifiquement. — bLe concile de Chalcédoine reconnaît dans le Christ deux çûcrsiç, la nature divine et la nature humaine, concrètes et individuelles. C’est à propos de la signification concrôte du mot nature que s’affirment les divisions. Voir Eutychès et euTYCHiANisME, t. v, col. 1596-1597. En quelques mots, voici les trois acceptions monophysites possibles du terme oûit ;. Le concile de Chalcédoine donne au mot fùrs’x le sens de nature concrète, mais abstraction iaite du mode de subsistence. Le sujet qui possède à la fois deux natures, individuée et concrète, est l’hypostase ou la personne qui est la raison même, pour chaque nature, de sa subsistence. A rencontre ou en marge des décisions du concile, on peut affirmer en JésusChrist une seule nature : a. En entendant le mot cjci'. ; dans le sens cyrillien ; c’est alors une nature concrète, mais considérée comme subsistante en elle-même, d’une existence séparée et indépendante. Cette formule est orthodoxe en soi, car l’essence humaine en Jésus n’a pas d’existence indépendarrte ; elle ne peut être dite çûacç au sens où l’on entend ici ce mot. En réalité, ce monophysisme verbal est, par la pensée, catholique, dès là qu’il n’exclut point la formule consacrée à Chalcédoine et ne s’attache pas, d’une façon exclusive, à la conception d’une cpûo-'. ; unique, quoique entendue dans le sens de nature-personne. C’est le monophysisme de saint Cyrille d’Alexandrie, qui, s’adaptant aux décisions de Chalcédoine, a trouvé son expression la plus solennelle dans les canons du V « concile œcuménique, surtout le canon 8, Denzinger-Bannwart, n. 216, 217, 219, 220, et dans ceux du concile de Latran (649), surtout le canon 5, complété par les canons 6 et 7, n. 258, 259, 260. — (3. En accordant au mot cpûaiç le sens qui vient d'être expliqué, il se peut qu’on se sépare de l’orthodoxie, uniquement parce que, comprenant mal les décisions de Chalcé doine, on les rejette avec la prétention de les taxer d’hérésie. C’est peut-être le cas du monophysisme sévérien, dont le plus illustre représentant est Sévère d’Antioche (338-543). Sévère confond dans un même sens les mots ?j31 ;, j-oTTaa ;  ;, -po'î'jj-ov, et ce sens est celui d’individu concret, de sujet, de personne. (Jjoîa n’est pas l'équivalent de çj^'.ç : c’est le commun s’opposant au singulier. Deux natures-unies sont un contresens ; la nature n’est telle qu'à la condition d'être existant en soi, Laô' ia’jTrîv ; deux natures sont nécessairement deux personnes. Mais en Jésus-Christ la -fjai ; est, par l’incarnation, douée des propriétés et des attributs de l’humanité aussi bien que de la divinité. Eustathe, moine, Epist. ad Timothseiim scolast. de duabus naturis, adiersus Severum, P. G., t. lxxxvi, col. 920 sq. ; cf. Fragments, dans Quæstioncs adversus monoplxijsitas, P. G., t. lxxxvi, col. 1917 ; Mai, Scriptor. vcter. collect. nova, t. vii, p. 71. On se demande si le système de Sévère diffère vraiment de la doctrine de saint Cyrille. Le P. Jugie n’y voit qu’une question de terminologie. Voir t. v, col. 1598. M. Tixeront penche également vers cette solution, Histoire des dogmes, t. iii, p. 127, en faisant remarquer qu’il n'était plus permis, à l'époque de Sévère, de négliger la terminologie de Chalcédoine et la doctrine définie par saint Léon. Sur la terminologie du monophysisme sévérien. voir l’ouvrage classique de M. J. Lebon, Le ntonoplu/sisme sévérien, Louvain, 1909, p. 243 sq ; cf. p. 422sq. — -y. En adoptant pleinement la terminologie du monophysisme réel. Ainsi l’on en arrive à identifier l’oùaia concrète, la nature, l’hypostase, la personne. C’est le système d’Eutjxhès, qui, évoluant, devait aboutir aux extravagances doctrinales des différentes sectes préconisant, en Jésus-Christ, l’absorption de l’humanité en la divinité ou, réciproquement, de la divinité dans l’humanité. Voir Eutychès ET EUTYCHiANiSME, t. V, col. 1601 sq. La terminologie du monophysisme réel a été formulée par le philosophe péripaléticien Philopon, dans son ouvrage l’Arbitre (Aia'.TrjTr| ;), publié vers 540, à la prière de Sergius d’Antioche. Il s’applique « à montrer que la nature, en tant que re mot désigne le genre ou l’espèce, n’existe en dcliors de notre esprit que dans les individus qui le réalisent ; mais que, là, elle se confond avec la personne ou l’hypostase, celle-ci n'étant que la nature particularisée par les caractères individuants. Ainsi la nature n’existe que comme individu et l’individu, c’est la personne : aroaov Bs -auTov slva ; xal jTtÔŒTaatv àçTÛoç ŒÔsîyaasv. S. Jean Damascène, Hær., LXXXIII, P. G., t. xciv, col. 753. En JésusChrist, l’humanité existe, mais n’est ni une nature, ni une personne ; en Dieu, il y a trois personnes, donc trois natures : ïa-io Tpsï ; (pûaciç Àsysiv 'r, [i.S.< ; Im Tf|Ç âyia ; TpioéSoç. De sectis, act. V, c. vi, P. G., t. LXXXVI, col. 1233, Timothée de Constantinople, De receptione hæreticorum, P. G., t. lxxxvi, col. 61. Cf. Tixeront, Des concepts de nature et de personne, loc. cit., p. 588.

/II. PREMIERS ESSAIS DE SYSTÉMATISATION TBÉOLO aiQ UE CHEZ LES PÈRES GRECS. — Au point de

vue philosophique, les catholiques orthodoxes se trouvent, à ce point d'évolution de la terminologie, pris entre les eutychiens et les nestoriens. Les catholiques, avec le concile de Chalcédoine, admettent en Jésus-Christ deux natures concrètes ; mais ils doivent, d’une part, répondre au reproche des eutychiens, les accusant d'établir par là une dualité d’hj’postases ou de personne ; d’autre part, réfuter la prétention des nestoriens. qui, identifiant nature-concrète et hypostase, se refusent à proclamer l’unité physique de Jésus-Christ. Il faut retuire compte aux uns et aux autres que le mystère de l’union hypostatique ne renferme, au regard de la raison, aucune

contradiction. La solution proposée a pour base la distinction de rOro’jTaa'.r et de l'ÈvuiidaTaiov, déjà esquissée antérieurement, mais que les théologiens du VI « au XIe siècle vont mettre en pleine évidence.

1° Jusqu’au vi<e siècle, en effet, les Pères n’avaient pas abordé directement la question métaphysique de la nature concrète comparée à l’hypostase. En quelques mots jetés en passant, ils avaient cependant d’une certaine façon posé les principes d’où devaient sortir, les luttes dogmatiques une fois apaisées, les explications théologiques ultérieures. Saint Basile, Epist., ccxxvi, n. 6, avait dit que l’hypostase existe à part soi, TO xaO' ïzaaTOv ; c’est cette existence en soi, cette perfection individuelle qui caractérise l’hypostase. Saint Grégoire de Xysse fait entrer dans le concept de personne l’idée d’indépendance, de spontanéité, de liberté, en un mot, de cette perfection individuelle que les Pères ont exprimée en affirmant que Jésus a uni notre humanité à sa divinité s ; " ; aiav-ili-.ôTrjTa ; S. Épiphane, Symbole, Denzinger-Bannwart, n. 13 ; cf. Hær., lxxvii. n. 29, P. G., t. xlii, col. CS4 : S. Athanase, Contra Apollinnrem, t. I, n. 12, P. G.. t. XXVI, col. 1113. Si la nature humaine concrète, dans la personne de Jésus-Christ, ne constitue pas une hypostase, une personne, n’est-ce point préciséiuenl parce qu’il lui manque cette perfection dernière d’exister à part soi et de ne dépendre que de soi quant au mode de subsistence ? Nestoriens et eutychiens reprochent aux catholiques de faire de la nature humaine dans le Christ un être àvjrdaTatov, puisque les conciles interdisent de la concevoir comme une hypostase ou une personne : mais, entre l’O-o’aTZTi ; et l'àvj-o-jTiTov, (SUT l'équivalence, en matière christologique et trinitaire, des termes, àvj-riaT7.ro ; et k-^o’jior.o :. voir Shlossraann, op. cit., § 8 et 9), n’y a-t-il donc aucun moyen terme, comportant une solution satisfaisante ? Ce moyen terme, c’est l'être enhypostasié, l’iv-j-oataTov, qui n’est ni l’hypostase, ni l'être sans hypostase, mais bien l'être existant en une hypostase différente de sa propre réalité. Bardenhewer, Les Pères de l'Église, trad. franc., Paris, 1899, t. iii, p. 20, attribue à Léonce de Bj’zance l’invention du terme svu-ôjtitov. Mais c’est à tort. On trouve déjà ce mot, au ve siècle, chez l’auteur des Dialogues sur la Trinité, dial. II, P. G., t. xxviii, col. 1160 ; cf. S. Cyrille d’Alexandrie. In Joannis Eirnnq., t. V, c. v, P. G., t. lxxiii, col. 844 ; Thésaurus, ass. viii, t. i.xxv, col. 101, 104 ; au ive siècle, chez saint Grégoire de Nazianze, Epist., ci, P. G.. t. xxxvi, col. 180 : chez saint Épiphane, voir col. 372, et fréquemment chez Did, viiie l’Aveugle, De Trinilntc, I. I, c. XVI, xxvi ; t. II, c. I, II, VIII, x : I. III, c. xix, xxxvii, P. G., t. xxxix, col. 337, 384, 452, 461, 616, 648, 892, 972. On le rencontre également dans 1éxÛ£(J'.ç IxaxpoîT'.yoç, Hahn, op. cit., p. 192. Saint Hilaire, De Trinilate, I. X, n. 21, P. L., t. x, col. 3.58, le traduit par subslantivum. Au iiie siècle, on le trouve employé, à propos de Paul de Samosate, dans une lettre de Dcnys d’Alexandrie, qui distingue de l’hypostase X’ojiIo. x-ij-'i-j-r-f)- et V’jj-six : vj-o7Ta- : oç, Mansi, t. i, col. 1044, et dans l'épître du synode d’Antioche. Ihid.. col. 1036. Sur l’origine du mot svj-o'-jTaTov, voir Junglas, Leonlius von Byzan-', Paderborn, 1908, p. 150 sq. 2° Néanmoins, c’est à Léonce de Byzance († 543) que revient l’Iionneur d’avoir formulé une théorie christologique complète de l’ivuro-Tiriv. Se référer, pour les citations, à la P. G., t. i.xxxvi ; Libri très rontro nslorianos et eulgrhianos, col. 1268-1.396 : Capita triginla contra Severum, col. 1901-1906 ;.So/h/io argumenfnrum r, Seurrn objcctnrum, col. 1916-1945. Dans l'échelle des réalités, la notion d'être fov’J’a au sens large) est la plus générale. C’est Vens transcendant des scolastiques. Au-dessous de cette notion se trouve le « enre, to -.'îvo :, et. au-dessous du genre, l’espèce, -'>

s'.oo ;. L’espèce est composée du genre et des différences spécifiques, B'.oo-ijwi. O'.açopat,-oioTritE ; oùait’lSs'.ç, oùaio-oioi ; ûi(iTr, Ts ;, col. 1301, 1277, 1921, 1928. L’espèce réalisée dans un être concret, devient la tpûaiç ou l’ojaîa au sens strict, qui se compose ainsi du genre et de la différence spécifique, col. 1945. Au-dessous de l’espèce, se trouve l’individu, to « toixov ; l’individu se compose de l’espèce et des caractères individuants, îô'.coij.a- : a àçwpi^T’xoc, qui ne constituant pas la personne ou l’hypostase, mais la font distinguer, col. 1917. Les caractères individuants se distinguent des simples accidents en ce que les accidents sont séparables (/topiatâ), tandis que les caractères individuants sont permanents et demeurent sur l'être qu’ils déterminent, TJU.6E6T, LdTs ocywptatà, col. 1945. Ceux-ci tiennent le milieu entre les simples accidents et les différences spécifiques ; les différences spécifiques sont permanentes, noid-TiTsç oùcjkôSs ;  ;  ; les caractères individuants sont-oid-r|Tsç £-o’j(i ! o')5s !  ;, col. 1277. Quant à l’hypostase ou personne, Léonce, comme les Cappadociens, l’identifie avec l’individu ou la oûut ; existant à part soi et en soi. Mais il ajoute à la théorie à peine esquissée de Basile de nouvelles jirécisions : « La nature implique l’idée d'être, la perfection : l’hypostase implique, de plus et principalement, l’idée d'être à part ; la première indique l’espèce, la seconde révèle l’individu ; la première porte le caractère de l’universel, la seconde sépare du commun le propre, » col. 1280, 1915. « La notion d’hypostase se réalise donc et dans les êtres qui, identiques par leur nature, diffèrent numériquement, et dans ceux qui résultent de natures différentes, mais qui ont entre elles un lien commun et « inexistent » l’une dans l’autre. Quand je dis qu’elles ont un être commun, je ne veux jias parler de celles qui se complètent mutuellement au point de vue de l’essence, comme c’est le cas des substances et des prédicats essentiels que l’on nomme propriétés, mais je veux parler de la nature et de l’essence de chacun des composants, nature qui n’est pas considérée à part soi (xaO' éau- : rjv), mais par rapport à la naturequi lui est jointe et unie », col. 1281. En d’autres termes, la notion d’hypostase implique l’existence à part soi, xaO' éauTdv, et ne convient qu’aux individus possédant une existence indépendante. Si donc un tout était composé non seulement de parties substantielles, mais de substances ou de natures complètes, ces.substances ou natures ne seraient pas des hypostases, car elles existeraient, non en elles-mêmes, mais dans le tout. Or, une nature, une substance concrète ne peut exister qu’individuelle et, par conséquent, hypostasiée >de quelque façon ; autrement, elle serait une pure abstraction, col. 1280. Entre la nature abstraite, sans réalité, àvurM^-ca-nç. et la nature individuée qui existe à part soi, j ;  ; daTaaiç, il y a un moyen terme, c’est l'être, la nature « enhypostasiée, èvurd-îTaTo ;  : Être enhypostasié convient à ce qui n’est pas un accident et qui cependant existe en un autre et non en soi-même, ~o 81 èvurdaraTov to jif, stvai aÙTo aviiiÊs6r, y.d ; Oï|Àoî, o 'ev ÉTêpii) ïyv. ~'i s'.vat, Lai oùz Èv éaurtô Œ’opEÏTai, col. 1277. La nature enhypostasiée n’est pas une hypostase, puisqu’elle n’existe pas en soi. mais ce n’est pas non plus un accident, puisque, par hypothèse, c’est une nature, une substance. L’accident, parce que tel, n’est dit enhypostasié qu’imiiroprement ; il serait plus exact de l’appeler ÉTepoUrdi-.t-.m. Par là, l’on peut répondre victorieusement aux ditllcultés soulevées par les hérésies contraires de Nestorius et d’I-Aitychès contre la doctrine catholique de l’incarnation : la nature humaine, tout en demeurant coniplète et intégrale, n’est pas une hypostase, parce qu’elle n’existe jias à part soi, et qu’elle subsiste dans le Verbe, à qui elle appartient et qui lui donne d’exister par le fait qu’il la reçoit en lui, col.

1277, 194J. Celle enhyposlasie est possible : Léonce en fournit les comparaisons qui, évidemment, ne donnent qu’une idée imparfaite de l’enliypostasie de l’humanilé dans la personne du Verbe. Enhyposlasiés sont les caractères iadividuants, puisqu’ils ne sont ni de simples accidents, ni la nature-subsislence ; enhypostasiés également, le corps et l'àme qui conservent, dans le coniposé humain, leur nature propre, col. 1277, 1280, 1304. On verra à Hypostatique (Union) tout le parli que Léonce tire de la théorie de l'âvuTidataTov pour exposer l’union des deux natures dans la personne unique du Verbe.

3° Les principes posés par Léonce servent de guide à toute la théologie grecque des vi"", vii^ et vin'e siècles en matière christologique. L’auteur du De scciis n’apporte aucune idée originale. Il distingue les deux sens du mot hypostase, le sens vulgaire : réalité, consistance, qui se vérifie aussi bien dans les accidents que dans les substances, et le sens philosophique : ce qui existe en soi et par soi. Par là, double également est l'èvuTtoîîTaTov : tout ce qui possède une réalité peut être dit enhypostasié : les accidents sont ainsi enhyposlasiés dans la substance ; mais, à proprement parier, l'être enhypostasié est celui qui existe en soi et par soi (c’est-à-dire dans l’hj’postasequi lui est propre). L'àvu-o’jTaTov signitie pareillement et ce qui n’a aucune réalité (un être imaginaire) et ce qui existe dans un sujet (les accidents par exemple). De sectis, act. VII, n. 1, P. G., t. Lxxxvi, col. 1240-1241. On explique avec ces données la terminologie dilTicile de saint Cyrille.

Saint Sophrone († 638) ne se hasarde pas dans ces spéculations théologiques ; d’une manière traditionnelle et claire, il se contente d’exposer, à propos du mystère de la trinité et du mystère de l’incarnation, l'équivalence des termes, çûai ; et ojjta, d’une part, et, d’autre part, jTTo'îTaatç et "pdaco-ov. Voir Epislola synodica ad Sergium, P. G., t. lxxxvii, col. 3153, 3156, 3157 ; Orat., ii, in SS. Deiparas annuntiationem, col. 3220, 3221. — Saint Maxime († 662), dans ses Opusc. theol. et polem., P. G., t. xci, est plus abondant dans l’exposé des notions philosophiques. Mais ses explications reproduisent à peu de chose près les spéculations de Léonce de Bj’zance. La substance, c’est l’espèce, la nature, ce qui existe en soi, d-£p 'saTÎ x.aO' éocj-/iv. L’hypostase est l'être réel doué d’une essence ou d’une nature. L’essence s’oppose donc à l’hypostase comme le commun au particulier ou au singulier, col. 153, 260. Il faut bien distinguer de l’oùaia l’ivojCTiov, qui n’existe que dans l’essence dont il dépend. De même, de l’hypostase se distingue rèvjT : o’aTa-rov, qui n’existe que dans l’hypostase. L'être enhypostasié s’unit dans la subsistence à un autre, distinct de lui, pour former une personne, col. 150. L’hypostase et la personne s’identifient, col. 152. MaisVbrj-ônzaxow peut être aussi un simple accident, ou encore des qualités essentielles qui s’ajoutent à la nature. En aucun cas il ne peut exister sans l’hypostase. Aucune nature concrète ne peut être àvu^tda-aTO ;, c’est-à-dire sans hypostase ; de même, une hypostase sans nature est inconcevable. L’hypostase renferme en soi non seulement les éléme.ts spécifiques de la nature, mais encore toutes les propriétés de l’individu. Opusc, col. 261, 264 ; cf. col. 205. — Saint Anastase le Sinaïte († 700), dans r//ode(70, s-(V/ « (/ux), s’attache à déduire de 1 É : riture et des premiers conciles la signification théologique des mots substance, nature, hypostase, personne. C’est par l'Écriture qu’il définit la personne (Ps.lxxix, 4 ; XXVI, 8 ; lxvi, 2 ; xxx, 17) qu’on ne saurait identifier avec l’essence ou la nature, c. viii, P. G., t Lxxxix, col. 133, 137. Le mot nature, ojejîç, indique une réalité, l'être qui n’est point de simple apparence, mais qui confère aux choses leur essence, to itôv -payaâ -()/ bi(j’jn : o ;, c. xix : c’est donc le synonyme d’oùaia jxaç.çt ; ou encore d’existence. Le concile de Nicée, dans les questions trinilaires, a distingué neltement la substance de l’hypostase : on ne peut donc les confondre. Le concile d'Éphèse, dirigé contre Nestorius, a jnécisé l’unilé individuelle de l’hypostase, c. ix, col. 140. C’est à la lumière de ces principes qu’il faut expliquer les formules de saint Cyrille d’Alexandrie, c. X, col. 149 sq. On trouve également chez saint.Anaslase la définition de l'être enhypostasié : c’est la théorie même de Léonce de Byzance qui est reprise. 4° Il faut faire une place à part à saint Jean Damascène († 7 19), le théologien par excellence, dont les formules sont restées définitives en Orient. L’hypostase, pour saint Jean Damascène, ne se confond pas entièrement avec la substance individuelle concrète : « L’hypostase est le particulier subsistant à part soi : c’est une substance avec ses accidents cqui jouit d’une existence indépendante, propre et séparée des autres hypostases, elTectivement et en acte, 'jro’jTaat ; ci xô fj.spi/'.ov (saTi) xai xaO' iauTO Cçe^rd ;, oùat’a tiç ; j.£- : à pu.Zc'6rL6-tj>'/, -r, v Laû' aùio ij-apÇiv, toiaipÉTojç Lai à7 : 0TeTr||j.Évco ; twv mi ;  : à)v jjrûTiaædJV èvîpyjLa Lai /ipayjj.axi LXripfiiaajxsvTi. De duabus in Christo voluntatibus, a. 4, P. G., t. xcv, col. 132, 133. Cf. Conl. Jacob., n. 8, t. xciv, col. 1439. Il semble bien que les accidents dont parle Jean Damascène sont, non pas les accidents physiques, mais les particularités, les différences spécifiques, jvzoaTaT'.La ; O'.âçopaç. no'.ôxr-'x ;, y apaLt£pl’JTiLà ioto’iiaxa, qui, inséparables de la substance concrète, sont les marques de son individuation, P. G., t. xciv, col. 594, note 23. et le texte explicatif tiré de Théodore Abucara. La nature ne peut exister comme chose réelle sans hypostase, àvjzdjTaTo ;. tout comme l’hypostase ne peut exister sans essence, àvoûaioç. De fuie orlh., t. III, n. 9, t. xciv, col. 1016, 1017 : Con/ra Jacob., n. 11, col. 1441 ; De natura composita contra acephalos, c. v, t. xcv, col. 120. Cf. S. Anastase le Sinaïte, i/odf 170s, c. ix, ôjxè/iyàpçjat ; à-po'7'oro ;, P. G., t. Lxxxix, col. 148. Une nature réelle et concrète est donc ou hypostase ou enhyposlasiée. Nous voyons ainsi réapparaître le terme Èvj-djTatov. « Le mot svu~o’axaTOv, explique saint Damascène, signifie quelquefois l’existence, ij-apÇiv, et, dans ce sens, nous l’appliquons non seulement à la substance, ojaia, mais encore à l’accident, quoique celui-ci ne soit pas èvj-daxaxov. mais plutôt soutenu par autre que soi, IzipoJ7 ; ojxaxov. Quelquefois, ce même mot signifie l'être subsistant en soi, c’est-à-dire l’individu, bien qu'à proprement parler, celui-ci ne soit pas Èvj-daxaxov, mais l’hypostase même. Donc, en toute rigueur du terme, ce qu’on nomme Èvj-djxaxov est ce qui ne subsiste pas en soi-même, mais est considéré dans les liypostases, àXÀ' Iv xaï ; j-ojxâTEai 6sfopojijL£voy. Ainsi, la forme ou la nature humaine n’est pas considérée dans une sienne hypostase, âv îSia jzoaxâaEi oj ŒtopEixat, mais dans Pierre, dans Paul et les autres hypostases d’hommes. Ou bien encore èvjTrdaxaxov est ce qui se compose avec quelque chose différente en substance, pour former un tout et compléter une seule hypostase composée. Ainsi l’homme est composé de l'àme et du corps : ni l'âme seule, ni le corps seul ne sont appelés des hj’postases, mais ils sont èvjrdjxaxa, et ce qui résulte des deux est l’hypostase de tous les deux. Car, à proprenient parler, l’hypostase est ce qui subsiste en soi par sa propre et individuelle subsistence : 'Tîtdaxaaiç yàp Lupiwç xô xaO' éa-jxô î6'.oa’j(Txœx(o ; OipixxàaEvov laxi xe Lai XsyExai. Dialectique, c. XLiv, P. G., t. xciv, col. 615, D’après ces principes, observe M. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 498, < une nature peut être Èvj-dejxaxo ; de plusieurs façons : d’abord quand elle existe en soi et comme un tout indépendant (Lafj* Éajxv/) : elle est alors à elle seule une

hypostase : — ensuite, quand deux natures existent el suljsistent l’une dans l’autre réciproquement et l’une avec l’autre (aJv étsoo'.ç) et concourent à lormer une hypostase unique ; c’est le cas du corps et de l'âme et généralement des parties d’un tout naturel ; — enfin quand une nature subsiste sv éxs’ptj), dans une hypostase autre que son hypostase naturelle ; c’est le cas de l’humanité dans la personne éternelle du Verbe. » Contra Jacob., n. 11, 12, P. G., t. xciv, col. 1441 ; De natura composila. n. 6, t. xcv, col. 120. Le premier cas d’enhypostasie n’existe que selon notre manière de concevoir la nature concrète dans l’hypostase : en réalité, il y a identité matérielle entre nature et hypostase. Les deux autres cas sont des cas d’enliypostasie réelle et objective. Il est à peine utile de faire remarquer que le mot hypostase signifie ici l'être existant en soi et subsistant par soi et non point, selon la conception primitive, voir col. 369, une simple réalité, quelle qu’elle soit, nature ou substance.

Ailleurs, saint Jean Damascène explique comment ! os différences essentielles séparent d’entre elles les hypostases de même nature spécifique et en font les individus. Dialectique, c. xiii, P. G., t. xcv, col. 612. Le nom d’hypostase vient de ce que, dans le sujet qui leçoit cette dénomination, subsiste de fait la substance qui reçoit les accidents. IbidQuant aux notes caractéristiques de l’hypostase, c’est d’abord de posséder l’essence avec son individualité, ensuite, d’exister p ir soi. De fuie oitli.. 1. III. c. vi, P. G., t. xciv, col. 601 sq., enfin, d'élre incommunicable. « C’est le propre d’une hypostase (liuinainc) d'être singulière et indivisible, c’est-à-dire de s’isoler en elle-même grâce aux nombreux éléments qui la séparent de toute autre ; différence de lieu, de temps ; différence de caractère, de force, de physionomie, d’habitudes, de dispositions, de dignité, de profession, en un mot, différence dans les propriétés ca. actéristiques.Mais, pardessus tout cela, incommunicabilité et propriété d'être séparément du reste, ttXéov ôï râvtfov, tm afj iv ilÀrjÀaiç àXkk y.E/'op'.aaJvw ; slvat. » De fide orth., t. I, c. vili, /'. G., t. xciv, col. 828. Enfin, pour explicpier la différence entre l’essence ou nature et l’hypostase, saint Jean Damascène reprend la formule courante chez les Pères grecs : l’essence correspond au commun, l’hypostase au singulier ; l’essence renferme les principes spécifiques, l’hypostase y ajoute les " accidents qui en sont les propriétés caractéristicpies », d’où, envisagée en elle-même, l’essence ne subsiste pas, mais considérée (comme subsistante] dans les hypostases, r, oji'.x oï y.aO'éajTr|VoJy jçiiTava'., àXÀ' jv Taï ; j-ostâiesi Œ’opsÏTai. De fide or//i., ' I. III, c. vi, P. G., t. xciv, col. 1001. f L’hypostase ne signifie pas ce (/u’est auquel eal le sujet, mais qui il est ; les différcnces de nature font autre chose et autre cliose (aliud et aliud) : les flilTêrcnces d’hypostases font les différents individus ((dius et alius) ; la nature signifie quelle est la chose (qiiod atiquidsil, mot à mot, qu’elle est quelque chose, qu’clle a telle " quiddilé « ) ; l’hypostase désigne cette pers()nnc, cette chose individuelle, tninc aliquem ou ttoc aliquid ; jièv 9J3'. ; tô TÎ ariiiaîvc'., r, 5k jzoaTaai ; Tiva La ; TÔôs t'.. Dialectique, c. xviii ; cf. c. xxix, P. G., t. xciv, col..581. 580. Dans le De liœresibus, saint Jean Damascêm', relatant, col. 144 sq, les théories des sêvéricns relativement aux notions de nature et d’hi/postase, reproduit de larges extraits de V Arbitre de.Jean le Grammairien, dii Philopon, col. 741-7.5.3. Voir Dickamp, Doclrina l’fdrum de incarnalione. Munster en Weslphalie, 1907, p. 272-28 : {.

.5" » Théodore Abucara (+ 869) mérite une mention spéciale ; son analyse des rapports de la nature individuée et concrète à l’hypostase est poussée plus à fond. L'être enhypostasié (Èvjro’aTa-rov) devient, pour hii, l'être hypostatiquc (j-ojTaT'.y.ov) : » Une

réalité, dit-il, peut être hypostase (j-o’aTaji ;) ou hypostatique (û ::oaTâx'.y.ov). Les deux ont de commun qu’elles sont composées de la nature (spécifique) et des propriétés individuantes. Sur les propriétés individuantes, voir la note au texte de saint Jean Damascène, P. G., t. xciv, col. 594, note 23. Elles diffèrent en ce que l’hypostase ne fait pas partie d’un sujet (elle est ce sujet même), l'être hypostatique fait partie d’un sujet. Pierre, n'étant partie d’aucun sujet, est une hypostase ; le corps de Pierre, étant partie de Pierre, n’est pas hypostase, mais hypostatique, malgré qu’il comporte une nature réelle et des propriétés individuelles. Mais ce n’est pas assez de la nature concrète et des propriétés pour constituer l’hypostase, il faut encore que cette nature ne soit pas prise comme partie d’un tout. » Opuscula, disp. XXIX, P. G., t. xcvii, col. 1578. Et encore, répondant à l’hérétique qui demande si la substance est différente de l’hypostase : « Oui, répond-il, la substance est autre chose et l’hypostase autre chose, non pas comme deux réalités difierentes l’une de l’autre, mais parce que l’hypostase signifie autre chose et autre chose la substance. Le grain de froment est, à la fois, semence et fruit ; semence et fruit ne font pas deux réalités différentes, mais répondent à deux significations diverses ; la semence est semence par rapport à la culture à venir ; le fruit est fruit par rapport à la culture passée. » Disp. XXVIII, col. 1569. Cette comparaison, empruntée à Aristote, De generatione animalium, t. I, c. xviii, n’est qu’une comparaison. Théodore Abucara approfondira la question en revenant aux concepts du commun et du singulier appliqués à la nature et à l’hypostase. L’essence, c’est l’espèce, la nature ; quant à l’hypostase, c’est l'être particulier, l’individu, col. 1372 ; cf. col. 1472 sq. Mais il saura éviter le réalisme d’un Grégoire de Nysse et expliquera d’une façon précise en cjuoi consiste le caractère de communauté attribué à l’essence par rapport à la « singularité » de l’hypostase. La nature est dite commune parce qu’elle correspond au concept de l’espèce qui est identique pour tous les individus de même essence (Abucara va jusqu'à les appeler ô|j.ooj31a) ; mais, considérée en elle-même, la nature fait abstraction de tout caractère de communauté réelle et objective ou de singularité. Elle inclut simplement les principes essentiels de l'être, ceux que renferme la définition. La même nature réalisée, exisl(uit individuelle et singulière, est encore, autant qu’il dépend des éléments qui la conslituenl, indijjérctUe à être soit un sujet total, soit un élément partiel d'être, indijjêrenle à l’existence en soi ou en autrui, indiflérente, en somme, à être hypostase ou non. D’où.bucara conclut que " cette chose commune (qu’est la nature) n’est ni toutes les hypostases, ni une seule hypostase, mais qu’elle est considérée et se trouve oXiLo) ;, c’est-à-dire tout entière en cliaque hi/postase « . Disp. II. /*. G., t. xcvi, col. 1 188 ; cf. dans les œuvres de S. Jean Damascène, t. xciv, col. 092, note. Voir Tiphaine, op. cit.. c. xxii, n. 6.

6 » Le Lexieon de Suidas (xi"e siècle). Halle et Brunswick, 1834-1853, au mot j-ô^Tao'. ;, voir également les mots ojoia et « ûi’C, résume la doctrine traditionnelle de l’hypostase, mais en y mêlant des assertions personnelles, qu’il ne faut accepter qu’en les passant ati crible de la critique. Suidas explique ce qu’est rhypostasc, Vvrjr.'jQXOi-O'/ et l’jroaTaT'.xfî B'.aspoca. L’hypostase est l’individu : la nature subsistant dans une hypostase est dite 'v/j-iiTa-o : ', V Ôl'/jt.', 7TIT0V est ce qui n’existe pas réellement. La raison l}tjppst(dique multiplie les individus en unissant dans chaque sujet l’cTisemble des propriétés communes qui font la substance, el en séparant les sujets les uns (les autres. En bref, c’est ce qui fait l’individualité et la distinction des êtres. Il faut rejeter la prétendue

origine apostolicpie que Suidas assif^ne au terme j ::'.dTa^'. ;, entendu dans le sens pliilosophique que lui ont donné les questions christologiques. Cf. Petau, Ue incarniiliov.c, I. U.c. m. n. 10. On ne peut pas également ^ admettre son interprétation <le Heb., i, ?>. Sur (C poia., voir Pelau, De Triniiale, t. VI, c. vi. On doit également repousser l'étymologie que Suidas donne dJ7 : oaTao' ;  ;  : j^roaTijci ; î.iYOvxai (oç uro Tr)v ç-jœ'.v Î3Ta 7 » Michel Psellos († 1110), dans De omnifaria docIrina, c. ii, reprend l’explication des notions dv nature, d’essence, d’hypostase ; c. iii, il explique ce qu’est l'être enhypostasié (èvuTrôataTOv) par rapport à l’hypostase qui lui donne l’existence et par rapport à ràvJ-o’aTa-ov. L’svu-icjTa-ov s’entend de plusieurs choses : tout d’abord, de toutes réalités, soit corporelles soit spirituelles, par rapport au sujet qui les contient ; ainsi la couleur, l’essence de l’homme sont enhypostasiées, puisqu’elles n’existent que dans le sujet homme ; ensuite, de la détermination spécifique, qui ne peut avoir de réalité que dans l’hyiiostase ; enfin de tout ce qui appartient à l’individu. Mais, c. IV, quand on parle de la nature humaine du Verbe, c’est par excellence qu’on doit lui apphquer la notion d’enhypostasie, car elle est « une essence qui s’ajoute à une autre nature et coexiste avec elle dans l’unité de personne ou d’hypostase. » P. G., t. cxxii. col. 688-689. — Un autre érudit, Theorianos (xiie siècle), a quelques formules heureuses ; « La substance (oÙŒÎa), dit-il, est tout d’abord et à proprement innicr ce qui est subsistant par soi et n’existe pas en un autre sujet. » Dispuiatio cum Armenorum cotholico, P. G., t. cxxxiii, col. 125. Qu’est-ce qu'être subsistant par soi ? C’est ce qui existe par soi et non en raison d’autre chose ; c’est ce qui n’a pas l'être en autre chose et n’a besoin, pour exister, d’aucun sujet différent de soi-même, col. 128. La nature (oJaic), qui, en réalité, s’identifie avec la substance, est le principe du repos et du mouvement, en tant que provenant de la substance même et non point en tant qu’imprimé par une force extérieure, h’hijpostase est la chose subsistante et substantielle, dans laquelle subsiste actuellement et réellement, comme en leur sujet, la masse des accidents ; les accidents manifestent l’hypostase. La personne se manifeste elle-mSme et se distingue des autres hj’postases par ses actions et ses propriétés, col. 129. On retrouve encore chez Theorianos la formule classique de l’essence s opposant h l’hypostase, comme le commun ou général au particulier, col. 132, 133.

8° Sans aborder directement le problème de la terminologie, la plupart des écrivains ecclésiastiques grecs ont défini l’hypostase et l’essence, la personne et la substance, selon ces données traditionnelles, au cours de leurs dissertations trinitaires ou christologiques. Il s’agit ici non seulement des écrivains catholiques, mais encore des schismatiques. On pourra consulter, dans P. G., Théodore d’Alexandrie, Homil. de Trinitate, t. lxxxvi, col. 281 sq. ; Euloge d’Alexandrie, Fragmenta, t. lxxxvi, col. 2941, 2945, 2952 : le moine Job, Qua^slio quarc Filius incarnatus, non autem Pater aut Spiritus Sanclus, t. lxxxvi, col. 3320 ; Photius, De S. Spiritus imjstagogia, n. 15, 16, t. en. col. 293 ; n. 18, 19, col. 297 ; n. 46, 48, 63, col. 324, 325, 341 ; Gennade, De Deo in Trinitate uno. t. clx, col. 568 sq., et spécialement col. 589. Le plus remarquable travail de synthèse, tant au point de vue de la doctrine que de la terminologie, est peut-être le De fide dequc catholicæ fidei principiis de Manuel Calecas. L’auteur, s’appuyant constamment sur l’autorité des Pères, Grégoire de Nazianze, Basile, Grégoire de Nysse, Athanase, Maxime, Jean Damascène, Théodoret, rap] ortc, à propos de la trinité et de l’incarna tion, les distinctions et les définitions que l’on a rappelées au cours de cette étude. Voir surtout De principiis fidei catIvvicæ, c. iii, v, P. G., t. ci.ii, col. 473 sq., 569 sq. On en trouve un excellent résumé, en ce qui concerne la trinité, dan.s Passaglia, op. cit., § 22, 23. Marc d'Éplièse, au concile de Florence, n’eut pas de peine à constater la parfaite concordance des doctrines et des terminologies latine et grecque. Sess. V, Mansi, Concil., t. xxxiv, col. 529 sq. Cette concordance s’est maintenue dans les professions de foi orlhodoxes plus récentes. On pourra consulter avec profit dans J. Kimmel, Monumenta fidei Ecclesiæ orientalis, léna, 1850, Gennadii confessio, n. 7, ]). 17 ; Cijrilli confessio, c. vii, p. 28 ; Confessio orlhodoxa (dite de P. Moghila), part. 1, q. XII, XIII, p. 68-71 ; Dosilliœi confessio (synodus Hierosolymitana), decr. i, vii, p. 425, 433 ; Metrophanis Critopuli confessio, p. 27, 31-32, 47, 69-70.

IV. SYNTHÈSE DE LA PESSÉE GRECQUE. 1° L’hlJ postase. — De tout ce qui précède, la pensée des théologiens grecs semble exactement résumée par Tiphaine, op. cit., c. xv. L’hypostase peut se définir : substantia pcr se discrela, aut per se separata, vel per se ac scorsim posita. Ces expressions sont empruntées presque textuellement à saint Jean Damascène, Diatect., c. xlii, xliv, xlv, P. G., t. xciv, col. 615, 668, 669. On trouve des termes analogues chez les autres Pères : les auteurs orientaux considèrent l’hypostase, entendue en son sens philosophique, comme une substance existant dans sa propre totalité ou perfection. C’est la totietas de Rustique, Disputatio contra aceplialos, P. L., t. lxvii, col. 1239 ; la teXeiott) : des grecs, cf. S. Épiphane, Ancoratus, symbole ; Hær., Lxxvii, n. 29, P. G., t. xliii, col. 233 ; t.xLn, col. 684 ; S. Athanase, Contra Apollinarem, t. I, n. 12, P. G., t. XXVI, col. 1113 ; S. Sophrone, iîpi’s^ synodica, P. G., t. Lxxxvii, col. 3156. C’est raOTOTEÀr, oJaLa, la substance complète, de l'épître de Denys d’Alexandrie contre Paul de Samosate. Mansi, t. i, col. 1044. C’est l’tôioaujTaTov de Léonce de Byzance, Contra nest. et eulyh., P. G., t. cxxxvi, col. 1281 ; de Didyme l’Aveugle, De Trinitate, 1. 111, c. xxiii, P. G., t. xxxix, col. 925 ; de S. Jean Damascène, Didact., c. viii, P. G., t. xcv, col. 136 ; de S. Cvrille d’Alexandrie, In Joannis Evang., t. IX, P. G.', t. lxxiv, col. 216 ; t. XV, c. ii, col. 465 ; Dial. II de Trinilate, t. lxxv, col. 720, 761. Saint Basile disait, dans le même sens, zaO' 's’La^jTOv, Epist., xxxviii, P. G., t.xxxii, col. 328 : saint Grégoire de Nazianze, xaG'éauTo’v, Orat., xxxiii, n. 16, P. G., t. XXXVI, col. 236 ; cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Dial. II de Trinitate, P. G., t. lxxv, col. 720 ; Léonce de Byzance, op. cit., col. 1280, 1915 ; S. Jean Damascène, De fide orth., t. III, c. vi, P. G., t. xciv, col. 1004 ; cf. Dialectica, c. lxvi, col. 668, 669 ; S. Sophrone, Epist. synodica, P. G., t. lxxxvii, col. 3156 ; Theorianos, Disputatio cnm Armenorum catholico, P. G., t. cxxxii, col. 129, 132. C’est l’ouata xaTa rîciypaçrjv, l’oùaîa zar' toiav K£pfepa ! pr|v d’Origène ; voir plus hr.ut, col. 372 ; cf. S. Basile, Epist., xxxviii, n. 3, P. G., t. xxxii, col. 328. Saint Jean Damascène unit le "La6' àuxo et l’t'ô'.ojJŒTaTov. Dialectica, c. xlii, P. G., t. xciv, col. 612. C’est la réahlé qui ne fait pas partie d’un tout et qui est ce tout lui-même, comme l’a expliqué Théodore Abucara ; qui existe par soi et non en raison d’autre chose, comme le rappelle Theorianos. L’idée d’existence propre et séparée domine donc dans l’analj’se que les Pères font du concept d’hypostase. Cf. S. Jean Damascène, Dialectica, c. lxvi, p. g., t. xciv, col. 668, 669. Les termes uTTÔaTaa ; ? et jTrap^t ;, existence, sont d’ailleurs assez fréquemment pris comme synonymes : i< L’hypostase, dit saint Athanase, est la substance et n’a pas d’autre signification que ce qui existe : c’est ce que Jérémie appelle l’J’rapEu ou l’existence. Hypostase. substance.

existence est tout un. Ce qui est, est existant. » Ad Afros, n. 4, P. G., t. xxvi, col. 1036. Cf. Orat., iv, contra arianos, n. 1, col. 467 ; S. Basile, Epist., xxxviii, P. G., t. XXXII, col. 337 ; S. Cyrille d'.lexandrie, [n Joannis Evangelium, t. V, c. v, P. G., t. i.xxxiii, col. 844 ; t. IX, XI, t. lxxxiv, col. 217, 561 : Thesaurus, ass. xxxii, P. G., t. lxxxv, col. 528, 529, 532 ; S. Grégoire de Nysse, De communibus notionibus, P. G., t. XLV, col. 184. D’une manière générale, l’uTcapÇiç est l’existence. S. Grégoire de Nysse, Oratia cateclietica, c. xxi, P. G., t. xlv, col. 57, 60 ; Contra Eunomium, t. XII, col. 960. Saint Épiphane emploie ÛTTotc/eiv, exister. Hær., xxxiii, n. 18, P. G., t. xlii, col. 437. Cf. S. Sophrone, iî/jzsI. synodica, t. Lxxxvii, col. 3161. LJ7 : ap ?i ; exprime donc la réalité, au sens primitif d’j-0(jTa51 ;. S. Cyrille d’Alexandrie, De Trinitate, dial. II, P. G., t. lxxv. col. 720, 745, 981 ; In Joannis Evangel., 1. 1, c. ix, P. G., t. lxxiii, col. 129, accolé à ojjîa, lui donne le sens concret. Pseudo-Basile, Adv. Eunomium. t. V, P. G., t. xxix, col. 736, 749, 757 ; S. Jean Damascène, Dialeclica, c. xxx, P. G., t. xciv, col. 592 ; S. Sophrone, op. cit., P. G., t. lxxxvii, col. 3157. Avec une insistance caraclérislique, les grecs, surtout à partir du v » siècle, rapportent à l’hj’postase les manières d'être particulières du sujet existant. De là, la fameuse expression t^ôtto ; t^ç G-ap ?Ef.) ; ou encore -ço-.o ; o-.açocoç Tr ; ç 'Jtzixo^eok, qu’on rencontre souvent et qui signifie tout d’abord, dans un sens vague, le mode d’origine ou de subsistence des personnes divines, puis, dans un sens plus précis et plus technique, les « propriétés » ou « notions «  qui, dans la trinlté, manifestent les personnes. Cf. S. Basile, De Spiritu Sancto.n. 16, P. G., t. xxxii, col. 152 ; Didyme l’Aveugle, De Trinitate, t. I, c. ix : t. II, c. i, XII, P. G., t. XXXIX, col. 286, 448, 673 ; le pseudoBasile, Aduersux Eunomium, t. IV, P. G., t. xxix, col. 681 ; le pseudo-Justin, £'.Tpos(7Jo recta confessionis, n. 3 ; Quæstiones et respons. ad orthod., q. rxxix. P. G., t. VI, col. 1209, 1380 ; S. Maxime, dans EuJiymius, Panoplia, tit. ii, P. G., t. cxxx, col. 97 ; S. Jean Damascène, De fide orth., t. III, c. v, P. G., t. xciv, col. 1000 ; De duabua voluntatibus, P. G., t. xcv, col. 136. La valeur lechnique de cette expression at-elle été précisée définitivement par.Amphilochius d’Iconium, comme l’affimie Karl Holl, Amphilocliiua von Ikonium in seinem Verliûltnis : u dm gros.ten Knppado-icrn. Tubingue, 1904. p. 139, 101, 213? Voir les raisons contraires à cette thèse, dans Saltet, La théologie d’Amphiloque, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1905, p. 124. L’expression 7p6r.oi -f, i u ;  : ap ?6'.)ç ne se trouve que dans le fragment xix, P. G., t. xxxix. col. 11?, et de graves doutes existent sur l’authenticité de cette lettre à Selencus.

2° L’iu/postase et la nature. — La nature est indifférente en soi à l’individualité, c’est-à-dire que, par elle-même, elle ne comporte que les éléments spécifiques, -'j -'. rjv iha :. du sujet en rpii elle existe. L’hypostase est ce sujet lui-même. Une nature devient hypostase par le fait qu’elle possède l'être, lui appartenant en propre. To elva-.. L’hypostase est ; la nature existe dans l’hypostase : » il est impossible de former du composé avec des hypostases parfaites : l’espèce n’est pas constituée par des hypostases ; elle existe dans les hypostases. » S. Jean Damascène, De fuie orth., t. I, c. viTi, P. G., t. xciv, col. 825. A l’hypostase appartient donc l’unité substantielle et l’incommunicabilité ; l ; i nature peut " inexister > dans une hypostase qui n est pas sa réalité et être ainsi communiquée à un sujet différent. Bien plus, l’unité et l’individualité fie l’hypostase sont à la base de l’unité et de l’individualité des accidents. D’une part, l’hypostase. parce qu’elle est l'être, en constitue l’unité et ne peut coexister arec une autre hypostase ; d’autre part.

parce qu’elle est le sujet de tout ce qui est en elle, elle unifie et sa nature et ses accidents. <> Avec une pareille métaphysique, remarque à juste titre le P. de Régnon, op. cit., p. 282, les docteurs grecs n’ont à se préoccuper ni du principe d’individuation, ni de Vhecccilé, ni de la supposante (raison de l’hypostase). Car, dans l'être tout court, ils trouvent ces choses. (Chaque hypostase est, par elle-même, cette hypostase individuelle, puisqu’elle est proprement l'être. Dans cette hypostase. chaque accident est cet accident individuel, parce que précisément il existe en cette hypostase. Enlin la nature et tout l’ensemble des accidents est ce tout, parce que l’hypostase dans laquelle existent ces divers éléments les pénêtrc de son incommunicabilité. » Cette métaphysique, néanmoins, précisément parce qu’elle va directement à l'être, ne fait que poser les termes du problême. L’hypostase est l'être, la nature existe dans cet être. La nature n’est pas une hypostase, mais l’hypostase possède-t-elle une réalité oiijective plus compréhensive que celle de la nature concrète ? En d’autres termes, l’existence en soi, propre à l’hypostase, résuUe-t-elle d’une entité qui s’ajouterait à la nature concrète ? Les données patristiques nous indiquent nettement qu’il faut établir au moins une distinction de raison entre cette nature et l’hypostase. Les théologiens chargés de préparer le concile du Vatican avaient proposé cette déclaration : secundum SS. Patrum admonitionem, intctligant omncs oporict, ESSEXTI^, SVBSTAKTI.'E seu KATVB.f. noiionrm cum nolionr HYPOSTASis, SDBSiSTEATiJi, seu PERSOKJ : minime esse con/undendam. Un ne peut toutefois invoquer l’autorité des Pères pour affirmer avec certitude une distinction réelle entre les choses exprimées par ces notions : cette conclusion appelle un travail nouveau de la pensée catholiqu.".

L’hypostase et les accidents.

Les Pères grecs

semblent parfois faire entrer les acci<lents dans la définition de l’hypostase. Saint Jean Damascène dit expressément que l’iiypostase est « la substance avec les accidents », o-j^t’a [xz-zà auiiCêÊriXÔHiiv. De fide orth., I. III, c. VI, P. G., t. xciv, col. 1002. Il ne s’agit pas des accidents physiques, mais des propriétés individuelles, qui, inséparables de l’essence singularisée, la manifestent comme telle à l’extérieur. C’est en termes analogues que s’expriment la plupart des Pères, les jT.O’j-i.-'.y.x'. ô'.âyopai, / y.r., y.y.~i'.<.'j-vL3. t’S'.ôivaTa de saint , Iean Damascène, voir col. 401, ce sont les iS : 0Tr|T£ç, rii<'r).a-x, 'O'.aÇovTa ar, [A£'.a, V81a rv(i>f ; LT[j.aTa, yapaxTf ; p£ç, uopipaï de saint iiS : 'e, Epist..TTS-y-Vuiin.^, ^, voir col. 382 ; c’est la totalité des choses existant dans l'être, dont parle Uustique, voir col. 393 ; ce sont les t'81(.)|j.aTa içMpiTT'.y.à de Léonce de Hyzance, voir col. 398. Et comme Léonce rexplique clairement. ces caractères ne constituent pas la personne ou l’hypostase, mais la font distinguer. Cf. Pelau, De Trinitate, I. IV, c. VIII, n. 5-10.

L’hypostase et la personne.

Les grecs identifient

les deux termes, sans marquer la différence signalée par Boècc, voir col. 393. Toutefois, et probalilement l’influence de la pensée latine est i l’origine de cette nuance, saint.lean Damascène, reprenant une idée h peine ébauchée par les deux Grégoire, voir col. 383, commence i marquer que « la personne est le sujet qui se manifeste lui-même jiar ses opérations et ses propriétés, comme distinct des autres êtres de même nature » : HpôoMrov 5É àoTiv o 51à tow oîxeùdv èvspvTijjLot-rnv TE, y.x : tSifuaâ-r’ov àpiSïiÀov, xal ;  : Ei<>>piouiwT|V Tiôv ôu.Ofputîiv aùtoîî TTapÉyETai -r, w ÈaçâvEiav. Dinleet.. C. XMT, P. G., t. xciv, col. 612. Thcorianos reproduit le même conceiit en des termes presque identiques. Ce n’est pas encore l’attribution exclusive (lu inol rpoî'.i-ov aux substances de nature raisonnable, mais c’est déjà certainement une indication très

nette en ce sens, puisque saint Jean Damascène et Ttiéorianos l’emploient pour désigner les êtres vivants. On voit par là combien peu fondés sont les reproches faits par certains philosophes contemporains à la théologie catholique, relativement à de prétendues contradictions et indéterminations qu’établiraient dans la doctrine religieuse les concepts conciliaires et scolastiques de l’hjpostase et de la personne. Cf. Renouvier, Les dilemmes de la métaphysique pure, Paris, 1901, Introduction, xiv, p. 32, et c. v, p. 203 sq. L’exposé qu’on vient de faire de la doctrine des Pères, qui reflètent la pensée de l’Église, condamne à lui seul l’étrange proposition de M. Renouvier : « Le sens particulier que la théologie aurait à donner au terme de personne pour éviter la contradiction n’a jamais été défini. Les termes de nature et de substance emploj es dans renonciation des dogmes ne l’ont pas été davantage. La doctrine orthodoxe est une sorte de philosophie dont la terminologie est fixée sans que la signification des termes soit éclaircie. » Histoire et solution des problèmes métaphysiques, Paris, 1901, p. 155.