Dictionnaire de théologie catholique/DOGMATIQUE VI. Dogmatique et magistère ecclésiastique

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.2 : DIEU - EMSERp. 153).

VI. La dogmatique et le magistère ecclésiastique

Les principes, exposés à l’article Dépôt de la foi et ceux que nous développerons à l’article Dogme, nous autorisent à formuler ici les deux conclusions suivantes :

1° En vertu de son triple droit exclusif de garder intégralement le dépôt de la foi, de le défendre efficacement contre les erreurs nouvelles et de déclarer authentiquement son contenu intégral dans la mesure nécessaire ou utile pour le bien spirituel des fidèles, l’Église possède également le droit exclusif de surveiller et de diriger l’enseignement dogmatique des théologiens, pour en écarter ce qui est en désaccord avec la vérité révélée, ou pour déclarer et interpréter ce qu’exige impérieusement cette même vérité ou du moins ce qui est meilleur pour sa défense. Ce droit strict de l’Église impose aux théologiens dogmatiques le devoir rigoureux de se soumettre à toutes les décisions doctrinales de l’Église, non seulement à celles qui se rapportent directement au dépôt de la foi et qui définissent infailliblement ce que l’on doit tenir pour révélé, mais encore à celles qui, concernant le dépôt de la foi d’une manière seulement indirecte, définissent ce que l’on doit nécessairement admettre sur ce point, ou du moins indiquent ce que l’on doit rigoureusement préférer comme s’accordant mieux avec l’enseignement révélé ou comme plus utile pour sa défense. Cette stricte obligation est nettement formulée dans toute son ampleur par Pie IX, dans le bref à l’archevêque de Munich du 21 décembre 1863. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1683 sq.

2° En fait, il est facile de constater historiquement que les interventions doctrinales du magistère ecclésiastique ont été éminemment utiles à la théologie dogmatique, pour la prémunir contre les séductions de l’erreur, parfois même pour la délivrer de quelque entraînement dangereux, et surtout pour aider efficacement son progrès constant dans la connaissance ou dans renonciation des dogmes et dans les conclusions que l’on peu ! en déduire légitimement. C’est ce que nous montrerons particulièrement à l’article suivant en analysant le progrès dogmatique accompli au cours des siècles chrétiens.

Les éminents services ainsi rendus à la théologie dogmatique par le magistère ecclésiastique, apparaissent encore bien plus manifestes, quand on compare l’histoire de la dogmatique catholique avec celle des secles hérétiques ou schismatiques, impuissantes à se défendre contre les multiples attaques du rationalisme, parce qu’elles sont privées de la salutaire et efficace direction que l’autorité doctrinale de l’Église peut seule donner.

Pour la bibliographie, on peut consulter les nombreux ouvrages indiqués au cours de cet article.

E. Dublanchy.