Dictionnaire de théologie catholique/DIEU. SA NATURE D'APRÈS LA BIBLE II. Dans le Nouveau Testament

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.1 : DABILLON - DIEU philosophie modernep. 512-516).

comme le soleil dans le royaume de ce Père, xiii, 43. Cette paternité divine impose aux fils du royaume la pratique des bonnes œuvres, Malth., v, 16, l’amour fraternel des hommes, même des ennemis, v, 44, et la perfection morale, v, 48.

M. Harnack a voulu ramener toute la prédication de Jésus à la paternité de Dieu et à la valeur infinie de l’âme humaine, qui en découle ; c’est en cela que consiste, selon lui, non seulement l’essence du christianisme, mais la religion même. L’homme, fils de Dieu, doit avoir en son père des cieux une confiance filiale, qui lui donne l’assurance que toutes ses prières seront exaucées. C’est en l’appelant « notre père », notre père commun, notre père à tous, qu’il faut le prier, et d’après le contenu de l’oraison dominicale, qui débute par ce nom de tendresse, a la paternité de Dieu…s’étend sur toute la vie, comme l’union intérieure avec la volonlé de Dieu et le royaume de Dieu, et comme la certitude joyeuse de posséder les trésors éternels et d’être protégé contre tout mal. » L’essence du christianisme, trad. franc, Paris, 1902, p. 72. Donner à Dieu le nom de père, c’est faire un acte de foi à sa bonté infinie ; lui demander le pain quotidien et la nourriture ordinaire, c’est croire à sa providence paternelle, à sa sollicitude pour chacun de ses enfants. On a pu discuter si la foi au Dieu miséricordieux était le noyau de l’Évangile et l’élément original de l’enseignement de Jésus. Fn conséquence de son opinion sur le royaume purement eschatologique, prêché par Jésus, M. I.oisv a bien pu prouver contre M. Harnack que le royaume n’était pas exclusivement un bien intérieur, l’union actuelle de chaque âme avec le Dieu vivant, avec le Père céleste ; il a eu tort de prétendre que « la paternité de Dieu, l’adhésion intérieure à sa volonté, la certitude d’être en possession de biens éternels et d’être protégé contre le mal n’excluent pas la conception eschatologique du royaume et n’ont même leur pleine signification que par rapport à cette idée ». L’Évangile et l’Église, 2e édit., Bellevue, 1903, p. 51. Pour Jésus, le royaume de Dieu n’était ni purement intérieur, ni réservé à la fin des temps, et en simple préparation dans l’Évangile ; il était déjà présent, actuel el extérieur, et Dieu, le pire qui est au ciel, le père commun de tous les hommes, en était le roi. Il en résulte que la providence paternelle de Dieu à l’égard des hommes et la confiance filiale de ceux-ci en la bonté infinie du père céleste, si elles ne constituent pas, à elles seules, l’essence même du christianisme, appartiennent cependant à cette essence et caractérisent spécifiquement la prédication de Jésus et le règne de Dieu sur terre. Cf. B. Weiss, Lehrbuch der Biblischen Théologie des Neuen Testaments, 6’édit., Stuttgarl et Berlin, 1903, p. (i’.i-72. Jésus a apporté au monde la

certitude que Dieu étail vraiment père pour les I mes,

el que les le. mine-- pouvaient devenir réellement iv.a fils. Par conséquent, de même que, dans l’ordre de la nature, les mots père i i fils signifient l’amour le plus fort et le plus intime.née réciprocité de devoirs el d’obligations, ainsi dans le royaume de Dieu que Jésus venait fonder sur terre, il devait exister entre Dieu el l’humanité des relations d’amour paternel et filial el les membres d< ci ro aume avaient la puissance de

nir fils de Dieu. V. Rose, op. i il., p. 138-148 ; I’. Batiflbl, L’enseignement de /sus, -j édit., Pari 1905), p. 83 105. Voir t. iii, col 2054.

Dans le quatrième Évangile.

Dam es di cours, que rapporte le quatrième i tangile, comme dans ceui

Synoptiques, Jésus rattache l’idée de paternité à

celle de la divinité. Dieu est le l’ère par excellence,

le Péri di irist et le péri des homme*. Si déjà

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ien plus m irquie i di or « d in le quatrième I

gile. Dieu est le l’ère de Jésus a un titre spécial, qui fait de Jésus le Fils de Dieu par nature, de telle sorte que, dans sa bouche, « le père » et « mon père » sont des expressions synonymes. Voir, par exemple, Xiv, 6, 9, 10-13, 16, 24, 26. 28, 31, et 2, 7, 20. Or, ce père de Jésus, c’est le Dieu des Juifs, viii, 54 ; le seul vrai Di(u, xvii, 3 ; le père et le Dieu de Jésus comme celui de ses disciples, xx, 17. C’est un père saint, xvii, 11, un père juste, 25. Il est invisible, v, 38 ; VI, 46. Il est le Père vivant, vi, 58, qui a la vie en lui, v, 26, et qui la donne, 21. Il est toujours en actes, 17. Un jour viendra, où ce Père ne sera pas adoré ni sur le mont GariLim ni à Jérusalem ; elle est même venue déjà, l’heure où les véritables adorateurs, ceux que le Père recherche, l’adoreront en esprit et en vérité. Dieu, en effet, est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité, IV, 21, 23, 24. Le particularisme juif est donc détruit, et le culte spirituel que Dieu veul désormais n’est plus attaché aux sanctuaires de Garizim et de Jérusalem. Dieu, qui est esprit, est toujours agissant dans l’univers, v, 17. Il est plus grand que tous, x, 29. Dans ses relations avec les hommes, il est père ; de même qu’il aime son Fils unique, v, 20, il aime les hommes, et c’est parce qu’il a aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle, ni, 16. Cet amour pour les hommes est, de la part de Dieu, plus personnel et plus passionné que dans l’ancienne alliance, où Dieu n’envoyait que ses prophètes. Aussi, si les Juifs avaient Dieu pour père, ils aimeraient le Fils, viii, 42, comme s’ils connaissaient le Fils, ils connaîtraient le Père, li), 27. Ceux qui aiment le Fils sont aimés par le Père, xiv, 21, 23 ; xvi, 27, qui accordera tout ce qu’on lui demandera au nom de son Fils, xv, 16. Dieu donc est père des hommes, et il a pour eux une bonté’et un amour infinis. Cf. A. Loisy, Le quatrième Évangile, Paris, 1903, p. 98-99 ; Th. Calmes, L’Évangile selon saint Jean, Paris, I901, p. 3.

II. DANS LES ACTES DES APOTRES. —

Les premiers apôtres et disciples, quand ils parlaient de Dieu aux Juifs, leurs anciens coreligionnaires, l’appelaient le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, iii, 13 ; xxii, li. le Dieu du peuple d’Israël, xui, 17, le Dieu de gloire qui apparut à Abraham, VII, 2. Ils reconnaissaient cependant la paternité divine, que Jésus leur avait rappelée avant l’ascension, i, i, 7, puisqu’ils nommaient Dieue le Père o, ii, 33 ; xxiv, 14-16. La communauté de Jérusalem invoque publiquement le créateur du ciel et de la terre, iv, 24. Les apôtres n’avaient pas besoin de prêcher l’unité de Dieu aux Juifs, qui étaient de fervents monothéistes ; mais saint Paul, dans sa prédication orale, eut en trois circonstances, rapportées dans les Arles, l’occasion de l’annoncer aux païens. A Lvsires, devant une explosion inattendue de foi idolâtriqtie, il refusa avec Barnabe les honneurs divins qu’après un miracle la foule voulait leur rendre, , i, | proclama ouveriemeni l’unité du Dieu vivant, créateur du ciel, de la terra, de la mer et de toul ce qu’ils contii nnent, providence bienfaisante, qui atteste son exia ti nie ei ^.i bonté par ses bienfaits, quoiqu’il ait laissé utils suivre leurs voies. Act., xiv, 10-17, Voii P. Rose, Lai Vctee des apôtres, Paris, 1905, p. 140-141. Athènes, ville adonnée à l’idolâtrie, xvii, l<>, quelques-une croient qu’il prêche de nouveaux démons, 18 ;

in i kréopage, à l’occasion d’un autel dédié au Dieu inconnu, il déclare que ce Dieu, inconnu des Athéniens, eat le Dieu unique, créateur de toutes chi

on de l’univers ; > atériel, puisqu’il n’habite

pas dans les templei et ne re semble d’aucune façon

aux imagt iculpl rituel, puisqu’il n’a pas besoin

ni, qui i ègle les destiné) i de tous

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, qui agit en chacun de non-, en qui uousvivi nous sommes et nous nous mouvons ; méconnu, mais prêl à pardonner ces temps d’ignorance, pourvu qu’on revienne de celle erreur ; juge du monde selon la justice par Jésus, ressuscité des morts, 22-32. Voir 1’. Rose, op. rit., p. 177-182. A Éphèse enfin, sa prédication provoque une émeute, fomentée par l’orfèvre Démétrius. Dans toute l’Asie, Paul convainquait beaucoup de personnes qu’il n’y avait pas de dieux fabriqués de main d’homme. L’industrie des fabricants d’idoles tombait en discrédit. Le temple de la grande Diane d’Éphèse était compté pour rien et la majesté de la déesse réduite au néant. La ville est en révolution, et la foule, massée au théâtre, crie pendant deux heures : « La grande Diane des Éphésiens, » xix, 23-29. Cette scène prouve à la fois et la vogue populaire de l’idolâtrie dans le monde païen auquel saint Paul portail l’Évangile et le caractère anti-idolâtrique de la prédication de l’apôtre du vrai Dieu. Cf. Rackham, The Acts of the Aposltes, Londres, 1901, p. lxx ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, p. 86-92. Voir t. iii, col. 2054-2055.

III. DANS LES ÉPITRES DE SAINT PAUL. —

Plus tard, l’apôtre rappela aux Thessaloniciens quelle avait été leur conversion : comment ils s’étaient détournés des idoles et comment ils avaient servi le Dieu véritable et vivant. I Thés., I, 9. Il leur avait prêché la vérité, non pour les ilatter, mais pour plaire à Dieu, qui sonde les cœurs, il, 4, afin qu’ils marchent d’une manière digne de Dieu, qui les a appelés à son royaume glorieux, 12, et à la sainteté. II Thés., ii, 12. Ils marcheront de façon à plaire à Dieu, en pratiquant les commandements, IThes., iv, 1, 2, en évitant en particulier la fornication, pour ne pas satisfaire leurs passions comme les païens qui ignorent Dieu, 3-5, car Dieu ne les a pas appelés à l’impureté, mais à la sainteté, et leur a donné son Saint-Esprit, 7, 8. Ce Dieu est père, 1, 1, notre père, iii, 11, 13 ; II Thés., 1, 1, 2, qui nous a aimés, il, 15, le Dieu de la paix et le Dieu sanctificateur. I Thés., v, 23. Il est fidèle ; il fortifiera les Thessaloniciens et les détournera du mal. II Thés., III, 3. Ce Dieu fidèle, 1 Cor., i, 9, parce que le monde ne l’a pas connu par la sagesse, a voulu sauver les croyants par la folie de la prédication de la croix, 21, et selon sa tactique ordinaire, il a choisi dans l’Église de Corinllie ce qui est insensé aux yeux du monde, ce qui est faible, ce qui est vil, ce qui ne compte pour rien, ce qui n’exisle pas, pour confondre les sages et les puissants. Ainsi nulle chair ne pourra se glorifier devant lui, 26-31 ; ni, 19-21. Il a prédestiné avant tous les siècles la vraie sagesse, qui est restée cachée dans les profondeurs de sa volonté. Elle a pour objet la béatitude que Dieu a préparée à ceux qui l’aiment, et il l’a révélée par son Esprit, il, 7-11.

A propos des victimes immolées aux idoles, saint Paul déclare aux Corinlbiens que l’idole n’est rien dans le monde ; c’est une chimère, une entité de raison, un néant. Les chrétiens savent qu’il n’y a pas d’autre Dieu que le Dieu unique. On nomme beaucoup de dieux et de maîtres au ciel ou sur la terre ; il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, auteur de toutes choses, viii, 4-6. Les victimes, qu’immolent les païens, sont offertes aux démons et non à Dieu, x, 19, 20. Les chrétiens peuvent manger de toutes les viandes, car la terre et tout ce qu’elle conlient appartiennent au Seigneur, 25, 26. Toutes choses viennent du Seigneur, xi, 11 ; II Cor., v, 18, qui est le père des hommes, I Cor., I, 9 ; XV, 23 ; Il Cor., i, 2, père miséricordieux et consolateur, 3, 4, et le Dieu vivant, iii, 3 ; vi, 16-18. Il a tiré la lumière des ténèbres, iv, 6, et il est le Dieu de paix et de chante, mu, 11.

Saint Paul rappelle aux Galates qu’ils ignoraient Dieu et qu’ils servaient des dieux, qui de leur nature ne sont pas des dieux. Depuis leur conversion, ils connaissent Dieu ; bien plus, ils sont connus de Dieu. Peuvent-ils donc retourner aux rudiments du monde auxquels ils étaient asservis autrefois, à leur connaissance élémentaire île Dieu, maintenant que, dans la plénitude des temps, Dieu leur a envoyé son Fils pour faire d’eux ses fils d’adoption et l’Esprit de son Fils, qui dans leurs cœurs crie : Abba, Père ? iv, 3-6. Ils sont fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ, iii, 26 ; Dieu les a adoptés, en les faisant participer à la filiation transcendante du Christ, et ils ont reçu l’Esprit du Christ, qui a créé en eux la mentalité véritable de fils et leur fait crier vers Dieu avec un sentiment filial, en lui disant : Père. Telle est, pour l’apôtre, la signification profonde de la paternité divine à l’égard des hommes délivrés de l’esclavage de la loi juive. Il peut donc répéter que Dieu est père, I, 1, 3, 4. Ce père est le Dieu unique, m, 20, qui ne fait pas acception des personnes, ii, 6, et qui ne se laisse pas tourner en dérision, VI, 7.

La colère de Dieu se révèle du haut du ciel, où Dieu habite, par le châtiment infligé dès ce monde aux païens impies, qui dans leur méchanceté ont comprimé et retenu la vérité qu’ils possédaient sur Dieu, sur son existence et sa nature. En effet, depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, c’est-à-dire les autres attributs, intellectuellement perçues, étaient vues distinctement dans les œuvres de la création. Les païens qui, ayant ainsi connu Dieu, ne l’avaient pas glorifié comme Dieu, mais par une inintelligence coupable avaient changé la gloire du Dieu incorruptible en des images d’hommes ou d’animaux, avaient travesti sa vérité en mensonge, étaient inexcusables, et Dieu, en punition de leur folie volontaire, les a livrés aux désirs de leurs cœurs, aux passions déshonorantes, et les a remplis de toute sorte de malice et de vices. Rom., i, 18-32. Le jugement de Dieu contre ceux qui agissent ainsi est conforme à la vérité, ii, 2, pour tous, pour le juiꝟ. 3, comme pour le gentil. Dieu a des trésors de bonté, de patience et de longanimité, qu’on ne peut mépriser toujours ; sa bénignité n’est que pour laisser aux coupables le temps de faire pénitence. Ceux qui en abusent, thésaurisent la colère pour le jour du juste jugement auquel Dieu rendra à chacun, juif ou païen, selon ses œuvres, sans acception des personnes, 4-11. L’infidélité des Juifs n’annule pas la fidélité de Dieu, qui est véridique, iii, 3, 4. Bien que notre injustice fasse valoir la justice de Dieu, Dieu, en déchaînant sa colère, n’est pas injuste, car, autrement, comment jugerait-il le monde’.' 5, 6. De ce que la véracité de Dieu ressort avec éclat, pour sa gloire, du mensonge de l’homme, il n’y a pas lieu de faire le mal pour que le bien arrive ; le pécheur sera néanmoins jugé et puni comme il le mérite, 7. 8. Tous les hommes, également coupables, sont justifiés par Dieu par la foi, 22-28, car Dieu n’est pas le Dieu des Juifs seulement, il l’est aussi et surtout des païens ; il n’y a qu’un seul Dieu qui justifie Juifs et païens par la foi, 29. 3(1. Un des effets de la justification est de communiquer l’Esprit de Dieu, qui fait monter sur nos lèvres le nom de Père, pour attester que nous sommes réellement par adoption les fils de Dieu, VIII, 14-16. Le Père lui-même concourt en tout au bien de ceux qui l’aiment et qu’il a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né entre plusieurs frères, 28, 29. Dieu n’a pas été injuste à l’égard d’Israël, non converti au christianisme, car il accorde ses grâces quand il veut et comme il le veut ; il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut, ix, 14-18. L’homme n’a pas le droit de demander à Dieu compte de ses actes et de ses desseins ; la créature n’a rien à reprocher au créateur, pas plus que l’œuvre à l’artisan, qui fait a son gré des vases d’honneur et des vases d’ignominie. 1921. Dieu n’a pas rejeté son peuple, xi, 1, qui a été lirisé à cause de son incrédulité, 20. Dieu a donc été bon et sévère à la fois, sévère pour les Juifs incrédules, bon envers ceux qui sont devenus chrétiens, 22. Plus lard, les Juifs seront l’objet de la miséricorde divine, 32. profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses desseins sont impénétrables, et insondables ses voies ! Car qui a connu la pensée du Seigneur ? Ou qui a été son conseiller ?… C’est de lui et par lui et pour lui que sont toutes choses, b 33-36.

Au début de l’Epitre aux Éphésiens, saint Paul bénit Dieu de tous les bienfaits spirituels que du haut du ciel il a dispensés aux hommes par Jésus-Christ, r, 1-1 i, et il prie le père glorieux de faire comprendre et goûter aux Ephésiens ces grands biens, 15-23. Dieu, qui est riche en miséricorde, par l’amour extrême qu’il a pour les hommes, les a tirés du péché et leur a donné la vie surnaturelle en Jésus-Christ, ii, i- 10. Il a tout créé pour manifester aux puissances célestes par le moyen de l’Eglise sa sagesse multiforme, iii, 9, 10. Aussi l’apôtre prie-t-il à genoux le Père de Notre-Sei ^neur Jésus-Christ, de qui provient toute paternité au ciel et sur la terre, de fortifier les Éphésiens selon les richesses de sa gloire, 14, 15. Parmi les motifs de garder l’unité, il cite l’unité de Dieu, père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous, iv, 0, ce père à qui il rend grâces sans cesse pour eux, v, 20. Enlin, il souhaite à ses lecteurs la paix, la charilé et la foi, venant du Dieu père, VI, 24, comme au début la grâce et la paix, i, 1, 2. Ce même souhait est adressé aux Colossiens, I, 3, avec les mêmes actions de grâces, 12. L’apôlre prêche aux Colossiens le mystère du Christ ou de la rédemption par le Christ, secret dessein de Dieu, formé de toute éternité, dont la révélation a manifesté les richesses de la gloire divine, Col., 1, 26, 27, et il veut leur faire comprendre parfaitement ce mystère de Dieu le père, qui recèle tous les trésors de sa -se et de sa science, il, 3. Les chrétiens doivent éviter les vices qui attirent la colère de Dieu sur les incrédules, ni, ">. 0. et rendre grâces à Dieu le père par Jésus-Christ, 17.

Dans la Ire Épitre à Timothée, saint Paul affirme l’unité de Dieu, du Dieu à qui il donne le titre de sauveur de l’humanité, puisqu’il veut le salut de tous, il, 8-5. A ce » ul Dieu, roi immortel et invisible des siècles, il avait rendu gloire et honneur à toujours, l. 17. Il est le seul Dieu vivant, III, 15 ; IV, Kl ; VI, 17 ;

aliments, dont toutes les créatures sont bonne-, r..) ! . i. et qui a mis abondamment tontes chose* a noire usage, vi, 17. Di< ii, qui a promis la vie éternelle, 1 1 r u ii n I |.i-,’lit., i, 2 : il est l’auteur du salut. 3 ; u. 10 ; par bénignité et amour pour les hommes, m. i I heu viendra un jour dans la gloire, u. 13.

Dieu ; i loui créé, Heb., iii, 1. et il s’est i septième jour, iv, 4, 10. C’est par la loi que nous savons’i'" I’s -eeles ont été formés par la p. noie de Dieu, iii, 3. im reste, on ne peut pas aller l Dieu el lui plaire sans croire à son exi tenci et à sa providence, m. ii II est,’il effet, l’architecte et le conslructi ur de la cité future, I". 16, el il a eu en vue pour i quelque chose de meilleur que les bii n di la ti rri promis si ur mcii mealliance, S0 ; s ; i providi nce i si loi ui naturelle aulanl que naturelle, vi, 7. Dieu n’est et il n’oublie pas pour lui et l.i i liai ii’qu’on fin ; i i. moignée, 10. Dieu enfin i I b’Dii iii, 12. ix. 11. x. :  : i ; iii, 22, le i" n si - ni. mi- -pu itui icomme un de l.i tei m. ses M-. . i-l I. Il est le juge de i b s fomicateun et les sdulmu. t. Il prend plaisir. la bienfaisante el i nutuelle. ce sont li - ai i iflci qu il Ib. Voir i m

IV. DANS LES ÉPITRES CATHOLIQUES.

Pour saint Jacques, il est bien de croire qu’il y a un seul Dieu ; les démons croient aussi et tremblent ; mais la foi sans les œuvres est morte. Jac, ii, 19, 20. La religion pure et sans tache devant Dieu le Père consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leur aflliclion, à se préserver des souillures du monde, i, 27. Dieu est à l’abri des tentations mauvaises et il ne tente lui-même personne, 13. Toute libéralité, tout don parfait descend du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement d’éclat ni ombre d’obscurcissement, 17. Dieu a choisi les pauvres pour leur donner en héritage le royaumequ’il a promis à ceux qui l’aiment, ii, 5. L’homme patient dans les épreuves recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment, i, 12. Le Seigneur est père, iii, 9 ; il est miséricordieux et compatissant, v, 11 ; les cris des moissonneurs frustrés de leur salaire parviennent aux oreilles du Seigneur des armées, v, 4. Celui qui veut être ami du monde est ennemi de Dieu. Dieu est un ami jaloux ; il donne une grâce supérieure aux humbles, mais il résiste aux orgueilleux, iv, 4, 6. Il est seul législateur et juge, 12. Il a mis (in aux maux de Job, parce qu’il est compatissant, v, 11.

Pour saint Pierre, Dieu a créé le ciel et la terre. II Pet., iii, 5. Il a tout prévu, I Pet., i, 2 ; il est puissant, i, 5 ; v, 8, 11 ; il est saint et il veut que les hommes soient saints comme lui, i, 15, 16 ; il est père et il juge sans faire acception des personnes, 17. Il punira les coupables et récompensera les bons, iii, 8-12 ; II Pet. n, il. Il est vivant et permanent, I Pet., i, 3. Mille ans sont comme un jour devant lui, II Pet., iii, 8 ; aussi est-il patient et longanime ; il diffère de punir les pécheurs pour leur laisser le temps de faire pénitence. I Pet., ni, 20 ; II Pet., iii, 9. Pour saint Jude, Dieu punit les coupables, 5-7. Il peut conserver les chrétiens dans l’innocence. A lui seul la gloire, la majesté, la force et la puissance pour toujours, 24, 25.

Dans ses Épitres, saint Jean adonné’deux définitions de Dieu. Dieu est d’abord lumière, en qui il n’y a point de ténèbres. I Joa., i, 5. Non seulement il est l’être absolument pur, entièrement lumineux, que ne voile aucune obscurité’et que ne limite aucune imperfection, mais il est aussi pour les hommes une source de lumière, le principe de toute pureté’, de toute sainteté et de toute vie. car le* ténèbres, c’est le mal. Par suite, quiconque marche dans les ténèbres ou le péché n est pas en société avec Dieu, puisqu’il se soustrait volontaire ni à la lumière et ne cherche pas a n^ir conformément à la volonle de Iheii. li. 7. D’autre part, Dieu est aiunur. iv. S. 16, et son amour pour nous s’est manifesté surtout en ce qu’il a envoyé dans le monde son Fils unique, afin qu’en lui nous eussions la vie.ꝟ. 10, Dieu esi donc père non seulement de Jésus-Christ, l,’.', , 7. n, 22-2 i. etc., mais aussi des hommes, il, 1, 14 ; II Joa., i, i. Son amour pour eux a consisté à faire d’eux enfants, I Joa., m. 1, qui ne pèchent pis. parce qu’ils -nui nés de Dieu et que le germe divin demeure en eux. 9, v, is. 19, qui accomplissent la justice i i aiment ii’ns, pour que l’amour de Dieu demeure en eux. l. 10. 17 ; iv. 7. S, 12. 20, 21, qui observent les commandements divins et croient en Jésus-Christ, v, lui qui fait le bien I t de Dieu, III Joa., I I. i I l.i tripl ocupi cence ne vient pas du Père, maidu inonde. I Joa., Il, 10. I.nl’m. Ilieu est dele coin ncement. I Joa., n. I. Il est au dessus de nocœui il connaît toutes choses, iii, 20. U est le vrai Dieu, que son I’fait eonn. - nous garder des idole-, qui -oui d< ailés, v, 21. . dix- ;’w/i ILTPSB, I lieD n comme père. M est plut I attributs de majesté el de toute i Voir t. i, col 1478 1477. Cependant, il sera le Dieu du vainqueur qui son Hls, xxi, 7. Cf. B. Wel hen Théologie, p. 550-551 ; E. Jacquier, Histoire des livres , hi Nouveau Testament, Paris, 1908, t. iv, p. 110-411.

Les Théologies du Nouveau Testament contiennent peu de choses sur la théodicée. Leurs auteurs se bornent, à propos de l’enseignement de Jésus, à signaler que le nom de n père o est le nom spécial de Dieu dans le Nouveau Testament, et ils négligent presque complètement de relever les autres traits qui caractérisent la nature de Dieu et ses perfections. Il n’y a donc pas de bibliographie à citer. On peut voir, par exemple, J.Tixeront, Histoire des dot/mes, Paris, 1905, t. i, p. 06-67, 78, 83-84, 107, 111 ; J. Bovon, Théologie du Nouveau Testament, 2’édit, Lausanne et Paris, 1902, t. I, p. 392-395, 495-497 ; Brassac, Manuel biblique, 12- édit., Paris, 1909, t. IV, p. 26, 549-550, 565569, 692.

E. Mangenot.


IV. DIEU. SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES.


I. Le problème : se pose-t-il, et dans quel sens ?
II. Développement général de la doctrine patristique sur Dieu (théologie au sens restreint, théodicée).
III. Notre connaissance de la nature divine : sa portée réelle et ses limites.
IV. Les attributs divins considérés en eux-mêmes et dans leur rapport à la nature.
V. L’apport philosophique dans la théodicée des Pères.

I. LE PROBLEME : SE POSE-T-IL, ET DANS QUEL SENS" ?

Le problème se pose-t-il ?

La question serait oiseuse, si l’agnosticisme moderne, pur ou mitigé, théorique ou pratique, ne faisait au théologien un devoir de la prévenir. A quoi bon parler de nature, quand il s’agit de Celui qui, pour les Pères comme pour le bon sens, est l’Inconnaissable ? Car n’est-ce pas ainsi que les Pères ont considéré Dieu ? Du jour où la double question se posa nette et formulée de savoir que Dieu existe, quod sit, ôti êctiv, et de dire ce qu’il est, quid sit, ts’î k’<rnv, tous ne déclarèrent-ils pas, d’un commun accord, leur ignorance, leur impuissance à l’égard de la seconde question ? Dans ses Bamp. ton Lectures pour l’année 1858, The Liniits of religions thought, le Rév. H. Longueville Mansel, doyen de Saint-Paul de Londres, a développé cette thèse : Notre connaissance de Dieu est relative, et non pas absolue ; termes équivoques, mais dont le sens, dans la pensée de l’auteur, est que nous n’atteignons rien d’absolu en Dieu, nous le connaissons seulement sous des aspects relatifs, fondés sur les liens qui existent de fait entre lui et nous, par exemple, Dieu créateur, Dieu bon pour nous, Dieu sage dans le gouvernement de l’univers, etc.

Pour confirmer cette doctrine, le Rév. Mansel étale complaisamment, au début de son livre, 5e édit., Londres, 1870, p. xx sq., une longue liste d’autorités, où figurent en première ligne quatorze Pères de l’Église, y compris les plus grands. Autorités qui, nous dit-on, prouvent la thèse sous l’une des trois formes suivantes : 1° la nature absolue de Dieu nous est inconnue ; 2° les notions que fournit la conscience humaine ne représentent pas la nature absolue de Dieu ; 3° la sainte Écriture nous révèle Dieu à l’aide de conceptions relatives, proportionnées à nos facultés. On entend saint Athanase dire que Dieu « est au-dessus de toute substance et de toute pensée humaine. » Contra génies, c. ii, P. G., t. xxv, col. 5. Et saint Basile : « Qu’il existe, je le sais ; ce qu’est son essence, je le tiens pour chose inaccessible à notre esprit, inïç Çiàvo’.ocv xi’6su.ai. » Epist., ccxxxtv, n. 2, P. G., t. xxxii, col. 869. Et saint Jean Damascène, ce fidèle écho de la patristique grecque : « Que Dieu existe, la chose est manifeste ; mais ce qu’il est dans son essence et sa nature, c’est chose absolument incompréhensible et inconnue, àxaxiÀ/, jrrov toùto 7tavT£).b ; y.a’t afvoxrtov. » De fiile orlliod., ].], c. iv, P. G., t. xciv, col. 797. De même, chez les Latins, saint Augustin : « Dieu est ineffable ; il nous est plus facile de dire ce qu’il n’est pas que ce qu’il est. » Enarr. m), s. lxxxv, v. 8, P. L., t. xxxvii, col. 1090.

Tel passage se rencontre dans de grands ouvrages de patrologie, qui semble au premier abord rendre le môme son. On n’a pas manqué de le dire. Le Ri. J.R.Illingworth, dans la note II, Positive and négative theology, de son ouvrage Personalily Human ami 1>vine, Londres, 1903, p. 1 13, cite comme résumant l’enseignement patristique, cette longue phrase de’fhornassin, Dogmata theologica, t. i, De Deo, I. IV, c. viii, n. 1 : Intexla implicalaque sunt inler se hsec oninia mgslicse Patruni théologie capila : guod nil proprie de Deo intelligi aut dici possit ; quod sciri possit quod sit, non quid sit ; quod sciri possit quid non sit, non vero quid sit ; quod affirmari de en multa possint, imo oninia per moduni causse, quod omnium causa sit ; quod eequius sit eadent oninia de eo negare, quod causa sit longe prxcellentissima, cujus vix lenuissimam umbram asscquuntur omnes ab ea promanantes naturx ; quod omnes negationes posilionem aliijnaia implicenl, non negantur enim de Deo quaslibet perfecliones, nisi ex sensu et couscientia perfeclionis cujusdam longe eminenlissimæ, cujus lue sintextrema quædam et fugienlia vestigia ; et vicixsim posiliones omnes de Deo ad negationes tandem resolvi debeant, proplerea quod nil proprie sciri aut affirmari de divinq essenlia potest ; quod denique natura divina majore intervallo superet naturas intellecluales, quant istæ corporeas.

A cette énumération je serais tenté d’appliquer les paroles mêmes de son auteur : Intexla imjilicataque sunt inler se liœc omnia ; il y a là bien des choses mêlées, pour ne pas dire brouillées. Si nous ne pouvons rien dire de Dieu en termes propres, et s’il faut toujours finir par une négation, à quoi se réduira notre connaissance ? Heureusement, toute la doctrine des Pères n’est pas là ; cette courte incise, quod affirmai i de eo multa possint, couvre toute une série de témoignages, où Dieu n’apparaîtrait pas précisément sous la raison d’un être inconnaissable, ou si vaguement connu que nous savons seulement qu’il existe, mais sous celle de l’Être parfaitement déterminé, dont nous savons beaucoup d’autres choses que son existence. « Alors Dieu est inconnu ? s’objecte saint Jean Chrysostome. Nullement. Je sais qu’il existe, je sais qu’il est clément, bon, miséricordieux, provident, etc. » Exposit. in ps. CXLIII, n. 2, P. G., t. lv, col. 459. Et ailleurs : « Je sais de lui beaucoup de choses ; mais je ne sais pas le comment. Je sais que Dieu est partout, qu’il est tout entier partout ; comment, je ne le sais pas. Je sais qu’il n’a pas eu de commencement, qu’il est incréé, qu’il est éternel : comment, je ne le sais pas. » Homil., i. de incomprehensibili Dei natura, n. 3, P. G., l. xi.vin, col. 704. L’incompréhensibilité. l’invisibilité de Dieu n’entraînent pas chez les Pères l’impossibilité d’une vraie connaissance, même déterminée : « Invisible en soi. mais non pas inconnu, ignolus autem uequar/uam, » dit saint Irénée. Coût, hær., l. I, c. vi, n. 1. l>. G., t. vu. col. 721. « Inénarrable, mais non par là même inconnaissable : Cognoscibilis Deus est, cum sit inenarrabilis, » dit saint Fulgence. Contra arianos, n. 2. P. L., t. i.xv, col. 207.

Dans quel sens le problème se pose-t-il ?

Il faut donc que le problème ait divers aspects, et il est essentiel de les distinguer. Et d’abord, il y a nature et nature. Ceci résulte des multiples acceptions du mot ; deux nous intéressent directement. « Nature se dit de ce qui constitue tout être en général, soit incréé, soit créé : la nature divine, la nature angèlique, la nature humaine… Nature signifie encore l’essence d’un être avec les attributs qui lui sent propres : la nature de l>i u est d’être bon. » Dictionnaire de l’Académie française. Sous ces deux acceptions, la nature est manifestement entendue dans un sens restreint ou dans un sens large. Qu’on prenne ce dernier sen*. et le problème qui nous occupe revient à ceci : Quelle idée les Pères se sont-ils faite, quelle notion outils