Dictionnaire de théologie catholique/CYPRIEN, poète

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.2 : CONSTANTINOPLE - CZEPANSKIp. 601-602).

2. CYPRIEN, poète italien ou gallo-romain, vers l’an 100. Parmi les œuvres de saint Cyprien, évêque de Carthage, des manuscrits contiennent : 1° un poème intitulé : G-enesis ei devenu, après les découvertes de Pitra, VHeptateuchus ; 2° les poèmes De Sodoma cl De Jona : 3° le poème De pascha (ou De ligna vitse ou Decruce) ; i" le poème Ad senatorem ex christi religione ad idolorum servitutem conversum ; 5e le poème Ad Flavium Felicem de résurrection^ mortuomm (ou De judicio Domini) ; 6° la Cœna ou C dispulatio ; 7 « deux prières.

La Genesis avait été attribuée à Tertullien, < Salvien, a saini Avit, avec aussi peu de vraisemblance qu’à saint Cyprien de Carthage. L’attribution à Juvencus parut plus fondée ; di j i acceptée par divers auteurs, elle fui reprise par le cardinal Pitra, Spicilegium Solesniense, 1853, , t. i, p. xxxvi, et par lui appuyée sur le de deux manusci si m blances de style qu’il crul apercevoir entre la et YHistoria evangelica de Juvencus. Ajoutons que Pitra compléta l" texte de la (fenéiit et publia les poèmes sur l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le D( a léronome, Josué et h I qui, i nia au poèmi

i’- ie e, onl foi ne i Heplaleuque, l i 1 1. lh

générale de la littérature du moyen âge, trad. Aymeric et Condamin, Paris, 1883, t. i, p. 131, 132, 133, note, fut d’avis qu’c à partir de YExode, l’ouvrage appartient à un seul et même auteur » , que cet auteur « s’est formé à l’école de.luvencus » , qu’il n’est pas impossible que la première partie de la Genèse (600 vers)

iii seule.luvencus pour auteur et que, pour cela, on

lui ait attribue tout l’ouvrage. » Plus tard, on a admis que l’auteur de Ylleptateuque « était vraisemblablement un gallo-romain, comme semblent le prouver certaines particularités de langage et la présence de YHeplatcuque dans une sorte de Corpus des poètes chrétiens, dont les principaux sont Cl. Marius Victor et saint Avit. » P. Lejay, dans la Bévue critique, nouv. série, Paris, 1891, t. XXXII, p. 114. R. Peiper, Monumenta Germanise historica, Aiiclorum antiquissimorum, t. vi. pars poster.. Alcimi Avili opéra, Berlin, 1883, p. LXHI, avait d’abord pensé à saint Cyprien, disciple de saint Césaire d’Arles, évêque de Toulon, mort en 546. Après un nouvel examen, il conclut qu’on ne peut reculer jusqu’au vie siècle la composition de YEeplateuque, et que l’auteur est un gallo-romain, du nom de Cyprien, qui a écrit entre 397 et 450, et ne peut être l’auteur du De Sodoma et du De Jona. Cf. l’introduction de son édition de YHeplaleuque, dans le Corpus scriptorum Ecclesiæ latinæ de Vienne, 1891, t. xxiti, p. xxiii, et, dans le même sens, K. Leimbach, Realencyklopâdie, 3e édit., Leipzig, 1898, t. iv, p. 374 ; 1901, t. ix, p. 664 ; 0. Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-Brisgau, 1894. p. 390 ; trad. Godet et Verschaflèl, Paris, 1899, t. ri, p. 297-298 ; S. Gamber, Le livre de la « Genèse » dans la poésie latine au ve siècle, Paris, 1899, p. 8, 30. H. P. Best, De Cypriani qnæ feruntur melris in Heptaleuclium, Marbourg, 1891, distingua deux poètes : l’auteur de la Genesis, Cyprien, qui l’aurait composée en Italie, vers 410, et l’auteur des autres livres, un poète gaulois inconnu du Ve siècle. Cependant l’attention de Harnack se porta sur la Cœna et sur les deux prières attribuées à saint Cyprien. Dans les Texte und Vnlersuchungen, nouv. série, Leipzig, 1899, t. iv, fasc.3, il en assigna la paternité à un Cyprien qui aurait écrit dans la Haute-Italie, aux alentours de Brescia, entre 380 et 408. D’après lui, l’auteur de la Cœna serait le même que le poète de YHeplatcitque. Le P. H. Brewer, dans Zeitschrift fur kalholisclie Théologie, Inspruck, 1904, t. xxviii, p. 92-115, a adopté cette manière de voir ; l’auteur de la Cœna serait le même que celui de Y lleptaleuque et des poèmes de moindre importance attribués à saint Cyprien ; il s’appellerait Cyprien (ce serait peut-être le Cyprien à qui est adressée la lettre cxl de saint Jérôme, P. L., t. xxii, col. 1166-1179), et aurait vécu dans les environs de Brescia ou de Vérone, entre 360 et 430. Cf. aussi A. Baumgartner, Geschichte der Welllileratur, t. iv, Die lateinisc/te und griechische Lilcratur der christlichen Vôlker, 3e édit., Fribourgen-Brisgau, 1905, p. 120. Cette opinion est ingénieuse et séduisante. Tout n’y est pourtant pas sûr. De nouvelles découvertes la confirmeront-elles ou, ce qui est plus probable, la modifieront-elles, au moins en partie ? C’est ce que l’avenir apprendra. Dès à présent, K..Michel, Gebet undBild in fruhchristlicher Zeit, Leipzig, 1902, p. 2-22, a vii, dans les deux prières étudiées par Harnack en même temps que la Cœna, un texte qui, dans sa forme actuelle, est postérieur à Constantin, mais qui procède d’un original grec du IIe ou du mi c siècle.

Quelques passages méritent d’être relevés dans les œuvres dont le poète Cyprien passe pour être l’auteur. En général Y Heplaleuquesml de près la version Italique We la Bible. Il n’est donc pas étonnant que le verset 2 du c. vi de la Genèse, qui porte, dans l’Italique, angeli Dei au lieu du filii Dei de la Vulgate, soit entendu du mariage des anges avec les filles des hommes. Genesis,

v. 234-237, 1’. L., t. xix, col. 353. Une explication plus rare et bizarre est celle de YAperientur oculi vett et aperti sunt oculi amborum, Gen., iii, 5, 7 ; l’auteur l’entend dans un sens littéral, v. 81, 87-88, 98-100, 1’. L., t. xix, col. 348-349 :

…lamina promptim

Candenti perfusa die, liquidumque serenum Affulsisse sibi, solemque, et sidéra cxli.

La Cœna, sorte de centon tiré de la Bible et de textes extra-canoniques, était destinée à être lue pendant les repas ; les Acla Pauli y sont utilisés, mais Harnack a conclu trop vite que l’auteur les regarde comme un livre canonique. Les Acta Pauh sont également mis à contribution dans les prières attribuées à l’auteur de la Cœna. Ce sont deux morceaux d’un grand intérêt, principalement le second, très utile à étudier au double point de vue de l’histoire de la préface et de celle du symbole des apôtres. Remarquons seulement cette mention de la descente aux enfers, une des plus anciennes qui existent (surtout si l’on admet l’opinion de K. Michel sur l’origine de cette prière) : Qui passus es sub Ponlio Pilalo bonam confessionem, qui crucifixus desccndisli, et conculcasti aculeum mortis. P. L., t. iv. col. 908.

I. ŒivnES. — Les 165 premiers vers de la Genesis furent publiés, pour la première fois (ainsi que le De Sodoma), en 15t}0, à Paris, par G. Morel. Dom Martène publia toute la Genesis, sauf les vers 325-378, dans sa Veterttm scriptorum… amplissima collectio, Paris, 1733, t. ix ; ce texte fut réimprimé, avec quelques corrections, par Arevalo dans son édition de Juvencus. Rome, 1792, d’où il a passé dans P. L., t. xix, col. 345-380 ; voir aussi P. L.. t. H, col. 1097-1101. On trouve encore dans P. L., t. ir, col. 1089-1098, sous le titre De judicio Domit.i, le p

qui se retrouve avec de nombreuses variantes, t. iv, col. 10271032. sous le titre De resurrectione mortuorum : et t. n. col. 1101-1102, le De Sodoma ; col. 1105-1108, Y Ad.-enatorem ; col. 1108-1114, le De Jona : cl. 1113-1114, le De Pascha le titre De tirjno vitx) t. iv, col. 905-906, les deux prières le nom de saint Cyprien dvntioche) ; col. 925-932, la (.’Pitra a publié le texte complet de la Genesis et tout l’Heptateuque, dans Spicilegium Solesmense, Paris, 1852, t. I, p. 171258, et Analecta sacra et classica, Paris, 1888, t. I, p. 181-207. E. B. Mayor, The latin Heptateuch, Londres, 1889, en a tait un commentaire grammatical et philologique approfondi. R. Peiper. Cypriani Galli poetse Heptateuchvs, Vienne, 1891 (t. xxiii du Corpus scriptorum Ecclesix latinœ) en a donné une édition nouvelle, mais non parfaite ; cf. P. Lejay, Bévue critique, nouv. série, Paris, 1891, t. XXXII, p. 112-116. G. Hartel, S. Cypriani opéra, IIP partie, Vienne, 1871 (t. ni du Corpus scriptorum Ecclesix latinx), n’avait pas connu l’Heptateuque, mais seulement les 165 premiers vers de la Genesis. Hartel et Peiper ont publié également les poèmes De Sodoma et De Jona, Do pascha, Ad senatorem, De resurrectionc mortuorum, mais non la Cœna qui a été rééditée par Harnack dans les Texte und Vnlersuchungen, nouv. série, Leipzig, 1899, t. iv. fasc. 3.

II. Travaux.

H. Hagen, Eine Nachahmung vonCyprians Gastmald durcit Hrabanus Mourus, dans Zeitschrift fur u-issensch. Théologie, 1884, t. xxvii, p. 164-187 ; A. Lbert, Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident, trad. Aymeric et Condamin, Paris, 1883, t. i, p. 131-139 ; S. Gamber, Le livre de la « Genèse » dans la poésie latine au v siècle, Paris, 1899, p. 1-8.29-31, et passim ; Harnack, Drei irenig bcachtete Cyprianische Schriften und die Acta Pauli i, dans Texte und Untersuchungen, nouv. série. Leipzig, 1899, t. iv, fasc.-3 ; 0. Bardenhewer, Geschichte der allkirchlichen Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. ii, p. 387, 452-453 ; H. Brewer, Ucber den Heptateuchdichter Cyprien und die Ci -nu Cypriani, dans Zeitschrift fur kotholische Théologie, Inspruck. 1904, t. xxviii, p. 92-115. Ci. Rivisto dette riviste, Macerata, 1904, t. il, p. 151-155.

F. Vkrnet.