Dictionnaire de théologie catholique/CLICHTOVE Josse

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.1 : CLARKE - CONSTANTINOPLEp. 126-130).

CLICHTOVE Josse, appelé aussi Clichtoue ou Clithoue (1472-1513), fut l’un des plus fameux docteurs de Sorbonne de la première moitié du xvr siècle. Disciple et ami de Le Fèvre d’Étaples dans sa jeunesse, précepteur de Guillaume Briçonnet, il fut de ceux qui accueillirent d’abord avec faveur et propagèrent par leurs écrits la renaissance des lettres antiques et la réforme de la philosophie et de la théologie scolastique.

Mais plus tard, lorsque son maître et les protestants français de Meaux eurent attiré les soupçons et les colères des théologiens, surtout lorsque Luther fut condamné par la Sorbonne et par Léon X, il abandonna ses premiers guides et ses premières tendances rénovatrices par peur et par scrupule, et de concert avec le syndic de la faculté, Noël Beda, se tourna tout entier contre les erreurs luthériennes et mérita d’être appelé le maillet de Luther. — I. Vie. IL Œuvres. III. Inlluence.

I. Vie.

Il naquit à Niewport, en 1472 ou 1473, d’une famille noble et riche et fit ses premières études à Louvain, au collège du Lys, puis à Paris au collège de Boncourt, où il eut pour maître de latin Charles Frenand. De là, il passa (vers 1490) au collège du cardinal Lemoine, pour y entendre Le Fèvre d’Étaples, son compatriote, qui, revenu naguère d’Italie, était considéré comme le chef des humanistes en France. C’est sous Sa direction, et en collaborant à ses ouvrages, qu’il prit ses grades de maître es arts en 1492, et de bachelier en théologie en 1498. A partir de 1499, il fut socitts Sorbonnicus, tout en demeurant au collège de Navarre, avec le célèbre Guillaume Briçonnet, alors évêque de Lodève, dont il était précepteur. C’est là que jusqu’en 1506 il conquit ses grades théologiques. Comme bachelier biblique, il expliqua un livre de l’Ancien Testament et un livre du Nouveau de 1498 à 1501 ; comme bachelier sententiaire, il commenta les Sentences de Pierre Lombard, pendant toute l’année 1501 ; de 1502 à 1506, il soutint ses différents actes théologiques (Tentativse, Magna, Ordinavia, etc., dont les manuscrits furent vus par Chevillier et Launoy au xviie siècle) et fut admis le sixième à la licence en mars 1506. Le 3 décembre de la même année, il passa son doctorat de théologie, en Sorbonne, sous la présidence de Pierre de Valle, proviseur du collège de Navarre, et en présence de ses compagnons d’études, dont plusieurs devinrent célèbres, tels que Jean Lemaire, Martial Mazurier, Jacques Merlin, Jacques Almain, Nicolas Raulin, etc. Le Fèvre d’Étaples, son maître, et Guillaume Briçonnet, son ancien élève, n’étaient pas là, parce qu’ils avaient suivi le roi à Bourges ; mais dans son discours à Notre-Dame de Paris et dans son premier cours magistral, il les remercia de leurs encouragements. Il remercia de même Jacques d’Amboise, évêque de Clermont, qui, disait-il, lui avait confié l’éducation de ses deux neveux, Georges et Godefroy d’Amboise. Ils avaient remplacé près de lui Guillaume Briçonnet, qui s’était retiré avec Le Fèvre d’Étaples, dans sa riche abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Dans cette même période, Clichtove s’était conquis une grande place parmi ceux qui enseignaient les arts libéraux. A côté de Georges Hermonyme, d’Érasme, de Fauste Andrelin, on le citait avec Le Fèvre d’Étaples pour les leçons de dialectique et de physique qu’il donnait au collège du cardinal Lemoine. Elles attiraient des élèves de tout pays, tels que Jean Solidus, de Cracovîe, Volgatius Pratensis, les deux Amerbach, fils de l’imprimeur de Bâle, Beatus Rhenanus, d’Alsace, Aventin dit Turmaïr, de Bavière, Michel Suther d’Allemagne, Alvarus d’Espagne. Elles lui valaient la faveur de Germain de Gansy, évêque de Cahors, d’Etienne Poncher, chancelier du roi, d’Etienne Ferrerius, évêque de Verceil, de Jean Molinari et de Philippe Prévost d’Arras.

De 1506 à 1512, l’activité de Clichtove ne se ralentit pas. Au lieu des arts, il professa la théologie en Sorbonne, où il fonda en 1510 un office de saint Josse et de sainte Cécile, et, toujours sous la direction de Le Fèvre, publia des ouvrages de philosophie, de théologie et d’Ecriture sainte.

Il en composa aussi de spéciaux pour ses deux élèves, Godefroy et Georges d’Amboise, dont il poursuivait l’éducation ascétique et théologique, soit au collège de

Navarre, soit à l’abbaye de Cluny, qui était destinée au premier d’entre eux. C’était l’époque où le cardinal d’Amboise avait la charge de réformer les ordres religieux, et Clichtove l’aidait en éditant des Pères à l’usage soit des clarisses, soit du monastère de Lérins, soit d’autres encore. Il était, en ce même temps, en relations avec G. Petit, dominicain, et Grimaldi, évêque de Grasse, avec Boville, qui lui dédiait son De mathematica rosa (1510), avec le vieux Wimpheling, qui lui adressait son De integritate (1506) et son Dogma mirabilium philosophorum (1512), avec Beatus Rhenanus, qui lui soumettait ses lettres de Grégoire de Nysse et son édition de Marsile Ficin, et le rangeait avec les Italiens Pic de la Mirandole, Baptiste de Mantoue, Zenobius Acciolus, et les Français, Jacques Le Fèvre d’Étaples, Boville et Fortunat, parmi les gloires littéraires de ce temps (1507).

De 1512 à 1515, ayant achevé l’éducation des d’Amboise, il professa de préférence au collège du cardinal Lemoine. Là se trouvaient alors autour de Briçonnet et de Le Fèvre, qui en 1510 avait fait un voyage en Allemagne, un groupe de théologiens, dont plusieurs comptèrent parmi les premiers réformateurs français, dont les autres se jetèrent dans le luthéranisme : c’était Gérard Roussel, Guillaume Farel, Vatable et Jérôme Clichtove. Ce groupe excitait déjà l’animosité et les soupçons des docteurs de Sorbonne. Clichtove jusqu’alors ne leur avait pas trop donné prise malgré sa constante collaboration avec Le Fèvre ; sans doute dans un journal resté inédit (de 1512 à 1518), il élaborait des apologies soit de son maître, soit de Reuchlin ; il prouvait même qu’il était permis de corriger la Vulgate ; mais il ne publiait que des œuvres orthodoxes de Pères, tels que saint Cyrille et Denys l’Aréopagite. Guillaume Petit lui confiait la revision du traité de Cl. Seyssel, évêque de Marseille, De triplici statu viatovis (1514), Boville lui dédiait son De invasionibus barbarorum (1514), G. Steenstrati lui adressait des vers, dans son Arithmetices praclica.

Louis Guillard, évêque de Tournay, le demanda comme précepteur en 1515, et se retira avec lui au collège de Navarre. En 1517, Charles V pensa un moment le prendre pour confesseur et le fit venir à sa cour ; mais Clichtove n’accepta pas plus cette lourde charge que l’honneur d’être chanoine de Thérouanneet pénitencier d’Albi. Il resta près de son élève, soit dans son cher collège de Navarre, soit à Tournay où il fut quelque temps curé de Saint-Jacques, 1519-1520. Mais la publication de son Elucidatorium en 1516, où il avait supprimé des versets de i’Eocultet et embrassé l’opinion de Le Fèvre d’Étaples sur les trois Madeleine, lui valut de vives attaques des théologiens, de Marc de Grandval, de Fisher, évêque de Rochester, el de Noèl Beda. Il dut composer son apologie et défendre aussi son maître Le Fèvre d’Étaples. Cette querelle qui dura jusqu’en 1520, et fut envenimée par les progrès du luthéranisme, impressionna beaucoup Clichtove, qui, par crainte soit de s’être trompé, soit d’être condamné avec Le Fèvre d’Étaples, soit d’être taxé de sympathies pour l’hérésie, se rétracta, se rapprocha de la Sorbonne et se détermina désormais à rejeter ses principes novateurs pour combattre presque exclusivement Luther. A ce moment, il se sépara de son maître qui, à la fin de 1520, suivit Guillaume Briçonnet à Meaux avec Gérard Roussel, Farel et Vatable, tandis que lui s’installait de nouveau au collège de Navarre avec Louis Guillard.

Jusqu’en 1526, il demeura à Paris et prit part à la plupart des actes de la Sorbonne contre Luther. Il poussa la faculté à condamner ses erreurs et rédigea lui-même la fameuse Determinatio facultalis théologies, qui devait susciter la colère des hérétiques allemands. En 1523, il fut nommé’de la commission qui conféra pendant 5 heures avec Berquin. Le 17 août, il fiil le seul à faire des réserves en laveur des traductions de 230

CLICHTOVE

Ie l b re il’j ta] I ptembre, parut

tionesanctorum, le 13 octobre 1524, ion AntiluUu le IK mai 1526, ion Proj uovuuulunt. Le 1* : ">nt 1526, H fut chargé avec Leelerc, Beda et Merlin de faire une lettre au i"i pour le prier de retirer la défense qu’il

i ; iit portée contre Érasme et Le l èvn, Le I" di cembre,

on le chargea d’aller avec Lizet, du parlement, et trois

n il ris docteurs conférer avec Briçonnet, évoque de

Meaux. Le 15 décembre, il fut envoyé ; m’c Beda et I vers le chancelier Antoine Duprat, pour l’exhorter i soutenir près du roi les mesures prises en Sorbonne contre Caroli, Megret, Berquin, Le Fèvre, Érasme ! Gérard Roussel. Le (.i mars 1527, il publiait son De sacramento eucharisties contra Œcolampadium.

Louis Guillard avait enfin fait son entrée solennelle ! Chartres, le 2 juillet 1525. Clichtove ne vint l’y rejoindre définitivement qu’en 1527. Il fut investi de la prébende de Georges Cheminart, le 17 juin, et nommé théologal, le 12 juillet 1528 ; il le demeura jusqu’à s ;, mort ; il fut aussi prévôt d’Ingré, le Il mars 1529, d’Auvers, du’il décembre 1538 au 10 avril loi-.’*, archidiacre de Blois, du Il octobre 1533 au’21 avril 1535 : il assista aux synodes diocésains de 1526, 1532 et 1538 et collabora à la rédaction de leurs statuts.

Son principal acte dans cette période fut sa collaboration à la célébration du concile de la province de Sens, réuni à Paris par le cardinal Duprat, et à la confection et à l’impression des statuts. On sait que ce concile fut considéré comme la préface du concile de Trente. Clichtove écrivit encore un traité contre un certain Georges Halluin qui soutenait des doctrines semblables à celles de Luther, un livre sur des questions d’Écriture sainte, et se donna tout entier à sa charge de théologal. Elle consistait à expliquer trois fois par semaine dans le grand choeur l’Écriture sainte au clergé, et à prêcher dans la grand’nef tous les dimanches à une heure. Il nous a laissé lui-même le programme de ses cours. Ses fonctions lui donnèrent sans doute la pensée de prendre des notes sur l’Ecriture sainte, de composer un traité sur Joseph, David et Tobie, et de faire publier ses sermons par Lasserre, proviseur de Navarre. Après avoir fait son testament, que nous avons encore, le 17 septembre 1513, il mourut le 22 suivant à 6 heures du matin dans l’évèché. Selon son désir, il fut inhumé dans le chœur de l’église Saint-André. Il avait fondé divers offices en l’honneur de ses saints favoris, saint .lossc et sainte Gécile à Navarre, à l’église Saint-André, à la cathédrale ; on dit même qu’il fut représenté sur un vitrail de l’église de la Sorbonne.

II. Œuvres. — Clichtove est un des plus féconds humanistes et théologiens de son temps. Ses œuvres sont nombreuses, et quelques-unes ont eu de multiples éditions, en France et à l’étranger, pendant le xvie siècle. M. Van Der Haghen, dans sa Bibliotheca belgica, et surtout M. l’abbé Clerval, dans sa thèse De Judoci Clichlovei vila et operibus (1895), en ont donné une liste aussi complète que possible.

Sur les arts libéraux.

Clichtove fit ces écrits

sous la direction de Le Fèvre d’Etaples pendant ses propres études ou plus tard à l’usage de ses propres élèves. D’abord, il se contenta de présenter au public dans des pièces de vers de sa façon les introductions de Le Fèvre sur les six premiers livres métaphysiques d’Aristote, parus en 1490, et sur ses livres physiques, édités par Hygman, en 1492. Clichtove n’avait alors que is ; i 20 ans et n’avait donné qu’un concours matériel à ces éditions. Mais il prit une part plus personnelle aux œuvres qui suivirent et par lesquelles il voulait, ainsi que son maître, ramener les études aux sources antiques.

Commençant par la grammaire, il édita, avec quelques annotations : De eloquentia Gasparini Pergamensis, Paiis. 1498 ; l’rxcepia eloquentia AugustiniDathi, familiari commentario declarala ; Regutæ elegantarum

Frandsci Nigrl, adfecta faciii ucidata ;

Somina dignitatun ratuumqut

brevi déclarations etiam esplicata, i 108. 11

aborda ensuite, toujours en collaboration ave* L i d’Etaples, la publication don mt la lo gique, la philosophie natureUe, la morale, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, la politique. Tous ouvrages n’étaient autres que les introduction dans lesquelles Le Fèvre avait résumé, mais d’une 1 nouvelle et affranchie de la tradil itique, les

doctrines d’Aristote. Cliéhlove y ajoutait un commentaire explicatif, conçu dans le même esprit Ain rurent coup sur coup, pour la logique : Jac. Fabri Stapulentu Introductione* m tuppoiiti Ju doci Clichtovei commentario, Paris, 1500 ; ]n te nom/ni cognitioneni introductio familiari annotati exposita ; /Je artium divisione introductio ; claraiione explanata, Paris, ~AA) ; pour la philosophie naturelle d’Aristote : Totius philosophise naturalis paraphrasée adjecto ad litteram familiari commentario declaratæ, dédié au chancelier Etienne l’oncle -r. P 1502 ; pour la morale aristotélicienne : Jac. Fabri & pulensis artificialis introductio per modum epitontatii in X libroi Ethicorum Aristotelis, adjecti* elucidata commentants, dédié à Pierre Briçonnet, Paris, 1° pour l’arithmétique et la géométrie : Epitome < pendiosaqne introductio [Jac. Fabri Slapulensis) in libros arithnieticos divi Severini Iioetii, adjecto familiari [CliclUovei) commentario dilucidata. Praxis numerandi certis quibusdam regulis. Introduit geometriam Caroli Bovilli, Paris, 1503.

Cette publication de traités classiques, interrompue par les études théologiques de Clichtove, fut reprise plus tard par lui, sur le même plan et dans le même esprit : pour l’astronomie : Jac. Fabri Slapulensis intrvductorium aslronomicum adjecto Clichtovei i mentario declarala, dédié à Pierre Gorres, médecin, Paris, 1517 ; pour le droit politique : Jac. Fabri Stapulensis in J’olitica Aristolelis introductio Clichtovei commentario declarala, dédié à Charles Guillard. Paris, 1516 ; il termina ce cycle par : Opus magnorum nwralium Aristotelis, Gerardo Ruffo Yaccuariensi interprète, cum annotationibus Clichtovei, Paris. 1520.

On conservait autrefois en manuscrit dans la bibliothèque du collège de Navarre, d’après les catalogues de Davolé (1721 j et de Masson (1743), sous len. 409, Judoci Clichtovei Logica. Ibidem collecta qusedam in librtim geometriæ Euclidis ; sous len. 422, E jusdem collectanea in Ethicam et Dialecticam Aristotelis ; ces manuscrits sont aujourd’hui perdus.

Sur la théologie.

L’influence de Le Fèvre

d’Etaples, qui voulait arracher cette science, comme il avait l’ait pour la philosophie et les arts, à la routine du moyen âge, celle de Guillaume Briçonnet. qui voulait la restaurer dans un sens mystique, celle du cardinal d’Amboise, qui travaillait à la réforme des ordres religieux, celle de Louis Guillard. qui s’efforçait de ramener la piété et la régularité dans le clergé séculier, toutes ces influences amenèrent Clichtove à négliger, sans toutefois la mépriser absolument, la scolastique traditionnelle, et à chercher une rénovation de la théologie dans les Pères qt les écrivains sacrés. Ce fut du moins sa première tendance, celle qu’il conserva depuis son doctorat en 1506 jusqu’à la condamnation de Luther et jusqu’à la fuite de Briçonnet à Meaux en 1520. Cest dans cet esprit qu’il publia les œuvres suivantes de théologie dogmatique, de théologie morale, d’ascétisme : Opui insigne B. Pntris Ci/rilli. patriarrhm Alexandrini in Evangelium Johannis, a Géorgie Trapezuntino traductum, dédié au cardinal légat Ge* d’Amboise, Paris. 1509 ; Epis toise B. I y auli a ; neenon />'. Jacobi, Pétri, Johanniset Judrn, Paris. 1509 ; Iheologia Damasceni 1’libris explicata et adjecto ad

li Itérant (éditée par Le Fèvre en 1507) contmentario clucidala, dédiée à Jacques d’Amboise, évêque de Clermont, Paris, 1513. Il compléta ensuite ces deux premières publications des Épitres et de saint Cyrille, par les suivantes : Apostolorum et apostolicorum virorum epislolee, 2e édit., où il ajoutait des lettres des saints Martial, Ignace, Polycarpe, Denis et Antoine, Paris, 1513 ; Cyrilli Alcxandrini opus quod Thésaurus nuncupatur, dédié à Guillaume Briçonnet, évéque de Lodéve, Paris, 1514 ; Cyrilli Alexandrini commentaria in Levilicum, dédié à Guillaume Petit, 1514 ; Quatuor libres intermedios in commentariis Cyrilli supra Johannem restitult Clichtoveus, dédié à Jacques d’Amboise, évêque de Clermonl, 1514 ; il avait composé lui-même ces quatre livres. Parurent ensuite : Theologia vivi/icans Dionysii Areopagitse, interprète Antbrosio camaldulensi, cum scholiis Fabri et commentariis Clichtovei, dédié à Guillaume Briçonnet, évêqae de Lodève, Paris, 1514 ; Hugonis de S. Victore Allegortarum in utrumque Testamentum, Paris, 1517 ; De myslica numerorum significatione, dédié à Germain Ganay, évêque de Cahors, Paris, 1513. Ce dernier ouvrage était tout de sa composition.

Voulant coopérer à la réforme des ordres religieux, il publia pour eux, pour ses élèves et pour Guillaume Briçonnet, les œuvres mystiques de différents Pères et théologiens. Ainsi, pour les clunisiens, à l’occasion de son élève, Jacques d’Amboise, il publia les traités suivants : Hugonis de S. Victore, De inslilutione novitiorum, 1506 ; Guillelmi Parisiensis, De claustro animée ; Hugonis de S. Victore, De claustro animée, Paris, 1507. Pour les religieux de Lérins : Csesarii Arelatensis. .. opus insigne sermonum, dédié à Grimaldi, évêque de Grasse, Paris, 1511. Pour ceux de Citeaux : D. Bernardi opéra, avec une préface, Lyon, 1515. Pour les clarisses : Brevis legenda B. virginis sororis Colelse, reformalricis ord. S. Claree, Paris, 1510.

Dans le même but d’édification mystique, il composa lui-même des traités moraux pour ses élèves : De vera nobililale opusculum, dédie à Jacques d’Amboise, Paris, 1512 ; De laude monastiese religionis opusculum, dédié à Godefroy d’Amboise, Paris, 1513. Pour tous les prêtres : Elucidatorium ecclesiasticum, dédié à J. Gozthon de Zelesth, 1516 ; De vila et moribus sacerdotum, dédié à Louis Guillard, Paris, 1519. Pour les princes : De régis officia, dédié à Louis, roi de Pannonie et de Bohême ; De bello et pace… ad principes cltristianos, Paris, 1523 ; De doctrina bene moriendi, Paris, 1521.

A ces grands traités il en joignit de plus petits et de plus spéciaux, sur la sainte Vierge, saint Louis et sainte Cécile : De puritate conceptionis B. M. Virginis, de dolore ejusdem et assumptione, Paris, 1513 ; De dignitate et excellenlia annunciationis et visitationis B. Mariée, dédié à Louis Guillard, Paris, 1520 ; Liber de laudibus S. Ludovici et S" » Ceeciliee virginis et martyris, dédié à Louis Guillard, évêque de Tournay, Paris, 1517.

Pendant qu’il imprimait ces divers ouvrages, il inscrivait dans un registre, conservé à la Mazarine, sous le n. 912, ses notes, puis ses écrits, et ses réponses à divers directeurs ; le registre qui va de 1512 à 1518 a été analysé par M. Clerval, dans sa thèse, c. XVIII.

A partir de 1517, Clichtove fut entraîné à des œuvres de théologie polémique, dont son Elucidatorium fut l’occasion. Ayant déclaré dans ce livre qu’il supprimait de YExultet les versets : O necessarium Adâ peccaliim. .. O felix culpa… comme entachés d’erreur, de plus qu’il embrassait l’opinion de Le Fèvre d’Étaples sur les trois Madeleines, puis qu’il (’tait disposé à accepter le triple mariage de sainte Anne, il fut vivement attaqué, surtoul pour les deux premières opinions. Pour la première, il répondit, en publiant une dissertation qu’il avait fuie dans son registre, des 1516 : De necessilate peccali Adæ et fclicitale culj)æ ejusdem, dédié à

Gozthon, évêque de Zelesth, Paris, 1520. Pour le second, il écrivit sa Disceplationis de Magdalena defensio, Apologise Marci Grandivallis… respondens, dédiée à Etienne Poncher, archevêque de Sens, Paris, 1519 ; Epistola Clichtovei ad Fr. Molinseum, ahbatem, régis consiliarium, en tête de la 2e édit. de la Disceptalio Fabri, 1518. Mais cette controverse, où intervinrent Marc de Grandval, Fisher, évêque de Rochester, et Noël Beda, dans un sens hostile à Le Fèvre et à Clichtove, et où la Sorbonne menaça de les condamner l’un et l’autre, comme novateurs en exégèse et fauteurs des principes luthériens, amena notre docteur à se rapprocher des théologiens et spécialement de Noël Beda, et à se tourner tout entier contre Luther.

Ses autres œuvres de 1520 à 1533 sont toutes des œuvres de polémique contre Luther : Determinatio facultalis theologicse Parisiensis super doctrina Lulherana hactenus per eam visa, Paris, 1521 ; De veneraratione sanctorum, dédié à L. Guillard, Paris, 1523 ; Antilulherus, dédié à Ch. Guillard, Paris, 1524 ; Propugnaculum Ecclesiee, dédié à Louis Guillard, 1526 ; De sacramento euc/taristiæ contra Œcolampadium, Paris, 1527 ; Compendium veritatum ad /idem pertinentium. .. ex dictis et actis in concilio Senonensi, Paris, 1528 ; Improbatto quorumdam articulorum Martini Luthcri a veritate catliolica dissidenlium et in quodam libro gallico (G. Halluini) non satis exacte et recte impugnatorum, dédié à Louis Guillard, 1533.

Dans sa retraite à Chartres, il publia encore : De laudibus trium anliqttorum Palrum, Joscphi patriarcha 1, David régis, et Tobiee, opus trifidum, Paris, 1533 ; Sermones, Paris, 1534.

Outre ces livres publiés, il y a encore à la Mazarine, n. 184, un volume intitulé : Explicationes sacrée Scripturee, 1536, fait pour son cours de théologal, et à la Bibliothèque nationale, fonds latin, 525 : Epitome compendiariaque collectio in libris V. T. et N. T. per ordinem capilum cujuscuntque libri desumpta, 2 vol., dédié à Guillard ; c’est une sorte d’histoire sainte.

On conservait encore au collège de Navarre divers ouvrages de théologie manuscrits qui sont actuellement perdus.

III. Influence.

En résumé, Clichtove, sans occuper le premier rang parmi tant de personnages illustres de son temps, lit bonne figure entre les théologiens et les lettrés qui assistèrent au début de la Benaissance et de la Réforme. La tentative qu’il entreprit de concert avec Le Fèvre d’Étaples, ne réussit pas, à cause du mouvement protestant. Et c’est pourquoi la postérité, qui juge surtout d’après le succès, n’a pas conservé de lui un souvenir égal à ses mérites.

Mais ses contemporains et la génération qui suivit, surtout les docteurs de Sorbonne, l’eurent en grand honneur. Bonvot, Filesac, Launoy, Chevillier en ont fait de grands éloges. Ils étaient l’écho des théologiens et historiens du xvi’siècle, tels que Claude d’Espence, Sixte de Sienne, Philippe de Bergame et le continuateur de Trithème. De son vivant, ou peu après sa mort, Vatel Chcradame, Lasserre, Despautère, Jérôme de Pavie, Pierre des Groux, Champier, Rhenanus, Bade, et spécialement Erasme, en ont fait l’éloge. Érasme l’appelle : uberrimum rcrum fonlem, sœcularibus disciplinis et cluistiaua disciplina instructissimum.

Nous ne signalons que les sources les plus importantes et ayant trait directement à Clichtove : Brunet, Manuel, 1861, t. ii, p. 107 ; Chevillier, Originede l’imprimerie de Paris, Paris, 1694, p. 122, 3KI, 410-424 ; D. Colomb, Journal de Verdun, 1765 ; _Jean Cousin, Histoire de Tournay, Douay, 1619, p. 270, 271, 273, 279 ; D’Arè, Collectio judieiorum de novis fn-^ninn :. Paris, 172s, t. u ; Du noulny, Historia universitatis Parisiensis, t. vi ; Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, xvf siècle, Paris, 1701, p, 27(i ; Fobricius, Bibliotheca n>c<iii sévi (1735), t. iv, p. &U7-5U8 ; Feret, La faculté de thculvgie de Paris. ÈyuCLICHTOVE - CLÔTURE

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i m’ss ^ An^ Ml "’’">"’o, 1609, p. 38 ; Panier, Annales typograph p. oc. etc. ; Renouard, Annale » de l’imprimerie d< 1831 | irraphte’"'’" (1873), t. ii, p. L’.-l Soucli.-t. Histoire du diocèse et de la villede Chartres (1889), t. m ;, „i, . Valère, Bibliotteca Belgica, p. 590*92 ; Vande m u l, m Bibliographie tfi i Œuvres de Jom Gandi

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