Dictionnaire de théologie catholique/CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.1 : CLARKE - CONSTANTINOPLEp. 109-120).

CLÉMENTINS (APOCRYPHES). Nous traiterons sous ce titre des ouvrages apocryphes attribués à saint Clément de Rome et non compris dans l’article Canons des apôtres, à savoir : I. Les Homélies clémentines, les Récognitions et les abrégés grecs, syriaque et arabes des Homélies ou des Récognitions. II. L’ouvrage conservé en arabe et en éthiopien, intitulé parfois « l’apocalypse de Pierre » et le plus souvent « Clément » . III. Les lettres aux vierges, les lettres décrétâtes et deux apocryphes éthiopiens peu connus de moindre importance.

I. Homélies, Récognitions et leurs abrégés. — L’histoire de saint Clément de Borne, de « ses pensées durant sa jeunesse » , de sa conversion par saint Pierre, de ses voyages à la suite de saint Pierre et de ses « reconnaissances » successives avec les divers membres de sa famille a eu, depuis le n° siècle, de nombreuses éditions, les unes « revues et augmentées » , les autres « revues et abrégées » , dont il ne nous reste pas moins de sept types différents et qui constituent ce qu’on appelle maintenant « les Clémentines » . Les voyages de m. i Clément a la suite de saint Pierre formaient en effet un cadre lies souple dans lequel il était facile d’introduire des instructions aux chrétiens, des apologies de certaines vertus ou de certains dogmes du christianisme, des polémiques contre les gnosliques et les païens. Un certain nombre d’éditions sont perdues et ne nous sont connues que par quelques citations ; mais les Bept qui nous restent encore semblent toutes dériver d’une édition primitive augmentée, diminuée ou du moins orientée suivant le but poursuivi par chaque éditeur. L’un nous donne un résumé de l’histoire sainte depuis la création, Recogn., i, 22, 20-72, une théorie de la Trinité, iii, 2-11, et une longue réfutation de rologic, ix, 2, I2-2Η ; x, 7-12 ; un autre se préoccupe surtout de rapprocher le christianisme du judaïsme Boni., il, 19 ; iv, 7, 13, 22 ; v, 20-28 ; viii, 0-7 ; xx, 22, et

imagine ou reproduit, pour défendre la notion de Dieu fournie par la Bible, diverses théories hasardées comme celle des passages inexacts introduits dans la Bible par le Malin, Hom., il, 38-m, 5 ; celle du vrai prophète, critérium unique de certitude, Hom., I, 18-11, 12 ; iii, 11-14 ; xi, 19, et de la création par couples, le mal précédant le bien, le mauvais prophète précédant le bon. Hom., il, 15-17 ; iii, 10, 21-27, 59. Cette théorie doit prouver que Simon le Magicien est le mauvais prophète par ce seul fait qu’il a précédé saint Pierre à Césarée. Signalons encore une dissertation contre les idoles, Hun)., iv, 8-vi, 25, et une théorie sur le pouvoir des démons et la cause des maladies. Hom., ix, 8-22. Mais la plupart des éditeurs ont surtout écourté le récit pour le ramener à l’histoire de Clément, histoire prolongée par beaucoup jusqu’à son martyre. Tels sont les abrégés syriaque, grecs et arabes. Il nous reste à faire connaître plus en détail chacun de ces textes et leurs particularités, à mettre leur importance en relief et à résumer les théories littéraires auxquelles ils ont prêté.

I. analyse.

Homélies.

Le recueil tel qu’on le

possède maintenant commence par une lettre d’envoi de saint Pierre à saint Jacques, P. G., t. ii, col. 25-28 ; et une recommandation (ôiaixaprupca) de saint Jacques à ceux qui reçoivent « ces livres » . Ces deux pièces semblent se rapportera des « livres » perdus et non aux « homélies » suivantes. Vient ensuite une lettre de saint Clément à saint Jacques et vingt homélies ou plutôt vingt récits. La lettre de saint Clément fait partie du tout, car elle est jointe à la suite dans les deux mss. qui nous restent des homélies, elle commence la i re homélie dont elle forme le premier paragraphe et elle nous donne le titre de l’écrit : KÀr^e-noç twv Illrpou È7r18r)p.tà)v y.7 ( puYu, àT(i>v êirrrou.^. En somme, les Homélies ne sont autre chose que la lettre de Clément.

La suite est formée de deux sujets enchevêtrés qui sont : l’histoire de Clément, de ses pensées, de sa conversion et de la conversion de sa famille et, en second lieu, les actes et les prédications de Pierre. Il y a intérêt pour la clarté à séparer ces deux sujets dans le résumé, d’autant que le premier est commun à tous les écrits qui nous préoccupent maintenant, tandis que le second a subi de grandes modifications au gré des éditeurs successifs, comme nous l’avons déjà esquissé.

1. Histoire de saint Clément.

Sous le règne de Tibère, un jeune Romain, nommé Clément, de la race de César, XII, 8, âgé de trente-deux ans, XII, 10, se pose les problèmes de la cause première, de la nature de l’âme et de la destinée humaine. Il ne trouve aucune réponse satisfaisante chez les philosophes et songe à se rendre en Egypte pour y évoquer les morts, quand il entend raconter que le Fils de Dieu est apparu en Judée et promet la vie éternelle à tous ceux qui voudront vivre conformément à la volonté de son Père. Clément se rend donc en Judée pour s’informer du Fils de Dieu. En passant à Alexandrie, il rencontre saint Barnabe qu’il retrouve un peu plus tard près de Pierre à Césarée de Slralon. Saint Pierre lui promet les biens éternels, lui demande de l’accompagner dans ses voyages afin de profiter ainsi des discours de vérité qu’il va prononcer dans chaque ville jusqu’à Rome, I, 1-16. On arrive enfin à Antarados où Clément narre à saint Pierre sa triste histoire : Sa mère, Matliclia, raconta un jour qu’un songe l’obligeait à quitter Rome avec ses deux fils jumeaux Faustinus et Faustinianus, si elle ne voulait les voir mourir de cruelle maladie ; son père, Eauslus, les envoya à Athènes où ils n’arrivèrent pas ; il se mit donc à leur recherche et disparut à son tour ; Clément avait alors douze ans, xii, 1-10.

Dès le lendemain, Pierre et ses compagnons passent dans l’Ile d’Arados pour voir deux troncs de vigne d’une prodigieuse grosseur et un oui rage de Phidias, et saint Pierre demande à une mendiante pourquoi elle un 203

CLÉMEN1 INS ^POCRI PHI

. i

i li.ii de mendiei. elle i épond qu’elle ne lepeut plus, car ell maint dam -.1 » i > leur ci elle m’peut plu

-, Il histoire ton beau fr< n la poursuivait de m duités ; pour lui 1 happer, elle raconta < son mari qu an songe lui ordonnait de s’éloigner avec deux de si - nia. l’n naufrage la jeta dans cette Ile et 1 Ile ne put même pas retrouver les corps de Bes enfants, s. uni Pierre ri <-<.1 1 n : < 1 1 Maltidia et, peu après, deux jeunes.-unis de Pierre, Nicétaa et Aquila, reconnaissent aussi leur mère. Ils vcini I.( 11 -- 1 1 1 1 1 1 - et Faustinianus ; des pirates les ont recueillis après le naufrage et les ont vendus si, us des noms d’emprunt, à Césarée de Straton..1 u -~t.i. la Chananéenne de l’Évangile, cf. Matin., xv. 21-28. les acheta el 1rs éleva comme ses lils, ii, 19. Ils s’attachèrent d’abord a Simon le Magicien jusqu’au jour où Zachée les conduisit à Pierre, mi. 12-24 ; un, 1-8.

Apres le baptême de Mattidia, saint Pierre engage une controverse avec un vieillard. Celui-ci tient qu’il n’y a ni Dieu ni providence et que tout est soumis ; i l’horoscope. U cite en exemple la femme de l’un de s « s amis née sous un horoscope qui la condamnait à devenir amoureuse de l’un de ses esclaves et à périr dans un naufrage. Tout ceci s’était réalisé. Cette femme était partie avec deux de ses lils et avait péri dans un naufrage, et le frère du mari avait alors appris à celui-ci que sa femme était tombée amoureuse d’un esclave et n’avait prétexté la nécessité d’un voyage que pour se livrer sans obstacle à sa passion. Saint Pierre n’a pas de peine à reconnaître Faustus, le père de Clément, et à lui prouver que l’horoscope n’a aucune influence sur la volonté’humaine, puisque sa femme.Maltidia n’est pas morte dans le naufrage et n’a pas aimé d’esclave, mais a résisté’au contraire à son beau-frère, lequel l’a calomniée pour se venger, xiv, 2-10. Cependant Faustus ne s’avoue pas vaincu. L’astrologie trompe parfois, dit-il ; il vient d’en avoir la preuve, mais il n’en est pas toujours ainsi ; il croit surtout à la science d’un astrologue, nommé- Annubion, qui suit Simon le Magicien. Clément offre de discuter avec Annubion, lorsqu’on le Tencontrera à Antioche, puis, joyeux de la reconnaissance (âv tw àvay/iûpicivrii ou propter recognitioneni), on va prendre du repos, Xiv, 11-12. La version syriaque s’arrête ici.

Dans les Homélies telles que nous les possédons, Faustus ne se convertit pas de manière bien explicite, il accompagne saint Pierre et discute avec lui ou du moins assiste à ses discussions avec Simon le Magicien. Celui-ci, qui est poursuivi par Corneille le centurion, donne ses traits à Faustus alin de le faire emprisonner à sa place. La ressemblance est telle que Mattidia el ses enfants y sont trompés ; Pierre leur révèle la vérité et songe à tirer parti de cette métamorphose de Faustus. Il lui ordonne d’aller à Antioche sous les traits de Simon le Magicien pour y louer Pierre et lui faire amende honorable ; « près quoi, lui, Pierre, viendra à Antioche et rendra à Faustus sa première forme. Au bout de dix jours, celui-ci mande à Pierre de venir en hâte et l’ouvrage se termine avec le départ de saint Pierre de Laodicée pour Antioche, xx. 11-23. D’ailleurs, la lettre préliminaire nous a appris que saint Pierre. près de mourir à Rome, a imposé les mains à saint Clément, et l’a choisi pour son successeur, hïpist. Clent., 2, 19.

2. Actes et prédications ; de saint Pierre. — Pendant que se déroule le roman précédent, saint Pierre prêche et lutte, de ville en ville, surtout contre Simon le Magicien qu’il est venu chercher à Césarée. l, 22 ; III, 2 ! ’. r >7, et qu’il poursuit ensuite à Tyr, iii, .">S ; à Sidon, lv, (i ; à Beyrout, vii, r> ; à Byblos, à Tripoli, vu. 12 ; a Laodicée, XIII, 1 ; XVI-X1X. 24. A. 1 1 1 1 île discuter avec Simon. il arrive aussi à saint Pierre de prémunir ses amis contre les objections, ii, 4-53j iii, 2-28. D’ailleurs, quel ques-unes de ses instructions sont adi

Cli ii.ei.i lui-nu me. i. 18-22 ; iii, 25-33 ; xiii

i austus, w. l-l l

habitants de’1 w. mi. ]-.", . de Sid<’« ut.

. 9-12 ; de l ri poli, viii-xi. I

ou il passe, saint Pi< rre oi donne un i

et des diacres. Il n’a pas du reste le iii, i controvi i mit Clément aussi d lon guement avec Appion au Bujet d, ->. idoles, iv-vi, 2 nous annonce par deux foie qu’il discuti annu bion à Antioche au sujet de l’astrologie, XIV, 12 ; XX, Il 21, discussion qui ne li^m

des Homélies.

2° Récognition*. — Cette rédaction, ainsi nomma reconnaissani parents d.

ment, est conservée seulement dans la traduction : de Rufin. La lettre de -aint Pierre à saint Jai

recommandation u de saint Jacques manquent. La lettre de saint Clément figurait dans les mss. possédait Rufin, mais il ne la mit pas en I version latine, parce qu’il l’avait déjà traduite aille’qu’il la jugeait postérieure à saint Clément qui véritable auteur, selon lui, des Récognitions. Cf. i t. i, col. 1207. L’ouvrage est divisé en dix 1 i r- /’. G., t. i. col. 1171-1178. Le roman de Clément est le même que dans les Homélies ; cependant son père se nomme ici Faustinianus (et non Faustus i. tandis que Faustus devient le nom de l’un de ses frères. De plus Clément ne va plus à Alexandrie, mais rencontre nabé à Rome même. Enfin les derniers chapitres ajoutent le récit de l’arrivée de saint Pierre à Antioche et de la conversion de Faustinianus, père de Clément, x, 66-72. La différence des Homélies et des Récognitions est beaucoup plus grande dans les discours, les disputes et les enseignements. Les Récognitions laissent de cùté trois théories principales : celle des faux passages de l’Écriture enseignée par Pierre à Césarée, llom., U, 37-III, 10 ; la dispute de Clément avec Appion à Tyr, llom., iv-vi, et une partie de la discussion sur le mal. Boni., xix, 3-2 i. Cependant divers passages des Récognitions montrent que leur auteur connaissait ces théories. Cf. Rigg, p. 183, note 5. Les Récognitions omettent encore le passage sur la philanthropie. Hum.. XII discours de saint Pierre, de Tvr à Tripoli. Rom., VI, 26-Vll, 12, et une grande partie des théories relativi vrai prophète. Rom., n. 15-111, 28, et aux contradictions relevées dans la Bible par Simon le Magicien. Rom., Il, 15-18 ; III, 11-28. Par contre, les Récognitions ajoutent un discours de saint Pierre qui résume les événements historiques depuis la création jusqu’à son arrivée. sarée, t. 27-72 ; cf. i, 22, et un dialogue entre saint Pierre. Faustinianus et ses fils sur le destin. VIII, 52. D’ailleurs, même dans les passages parallèli discours et les instructions diffèrent beaucoup d.i : Homélies et les Récognitions ; les paroles du moins sont la plupart du temps différenles.

La première édition des Récognitions fut publiée à Paris en 1304 par Jacques Le lèvre d’Éta| I ; Fontanini, Hi storue literarix Aquileiensis libri Y, Rome, 1742, p. 337 ; /’.<.. t. i, col. 1195. L’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de Paris porte sur la première page, en guise de titre : Pr. riim recreatione, et in hoc opère contenta : i dicem : Index contentorum. Ad lectores : Paraclysus Ht dis ; Epistola Clementis ; liecognitiones Pétri plementum epistole Clementis ; Epistola Anacteti Récognitions, fol. 40 v-112 r. sont pré© Rufin ad Gaudentium, fol. 37 r, et de la lettre de (J<i Jacques comme en P. (, ’.. t. n. col. 31-56 (traduction de Rufln), i l, 37 v-’io. Le complément de la lettre de Clément, fol. IIS v116 r, est l’addition qui se trouve dans P. G., t. i temini, inquit, et veram… jusqu’à la On, col. is’i La lettn ire ante indicem est datée du lu février 1509.

Les Epitome grecs.

Il nous reste deux résumés

des Homélies, l’un, un peu plus long, publié pour

la première fois par Dressel qui l’appela Epitome i (E 1) ; l’autre édité par Turnébe, puis par Cotclier et par Dressel et nommé Epilome II (E 2). Ce dernier se trouve P. G., t. I, col. 469-604. E 2 est divisé en 179 chapitres et E 1 en 185 chapitres correspondants. Ces résumés ont joui d’une grande vogue et sont nombreux encore dans toutes les bibliothèques. La Bibliothèque nationale de Paris possède trois exemplaires complets et un exemplaire incomplet de E 1 et quinze exemplaires de E 2. Cotelier en connaissait neuf exemplaires, P. G., t. H, col. 469 ; les manuscrits qu’il désigne par les n. 148, 804, sont cotés maintenant 1178, 1463. A. d’Alès, Un fragment pseudoclémentin, dans la Revtæ des études grecques, 1905, t. xviii, p. 213-223, a édité le texte du lus. Suppl., n. 1000. Ce fragment comprend les § 143162 de YEpitome il.

D’après Dressel, p. v, les deux Epitome proviennent des Homélies ; E 1 a été rédigé après le concile de Nicée et E 2 a été tiré plus tard de E 1, p. vu. Langen au contraire voyait dans les Epitome l’édition la plus fidèle du texte original dont les Homélies et les Récognitions étaient de plus tardifs remaniements. Cf. Waitz, p. 7. Mais Langen n’a pas été suivi et on admet que les Epitome ne sont qu’un résumé des Homélies. Waitz en particulier montre que les Epitome paraphrasent par endroits les Homélies et les Récognitions et plus souvent suppriment les passages démodés ou d’orthodoxie douteuse, ajoutent des extraits de la lettre de saint Clément à saint Jacques, 145-147, dont il ne donne en tête que les cinq premiers mots (i) et du martyre de saint Clément par Siméon le Métaphraste, 149-173, avec une finale empruntée à Éphrem, évêque de Chersonnèse, 174-179 ; d’ailleurs Et dépend directement de E 2. Cf. Waitz, p. 8-14. Nous ferons remarquer que le c. cxxxix de E 2 ne se trouve pas dans les Homélies, mais bien dans les Récognitions, x, 66, et que les longs développements, ajoutés par E 1 au c. xcvi, ont quelques phrases parallèles dans une citation des IleptoSoi IUrpou faite par Paul le moine. Il semble donc que E 1 et E 2 ne dépendent pas uniquement de notre rédaction des Homélies ; à cette petite restriction près, nous les regardons aussi comme de simples résumés et nous n’aurons plus à en parler.

La version syriaque.

Cette version conservée en

particulier dans le ms. de Londres, add. 12150, écrit l’an 723 des Grecs (412 de notre ère), contient Recog., iiv, 1 qusqu’à hiemandinn denunliavimus) avec les Homélies x, xi, XII, 1-24, xiii, xiv, c’est-à-dire l’histoire de Clément, comme l’indiquent les titres des deux manuscrits syriaques, add. 12150, 14609 ; ce dernier, du VIe siècle, ne renferme pas les Homélies x-xiv. Les titres des Homélies x-xii qui sont : Troisième contre les gentils, Lagarde, p. 124 ; Quatrième, p. 132 ; Apres Tripoli de Phënicie, p. 146, semblent empruntés aux premiers mots qui suivent. Le dernier titre seul : Homélie quatorzième, p. 162, ne peut être expliqué qu’en présupposant l’existence, avant 412, du recueil des Homélies divisé comme il l’est encore aujourd’hui. Ce n’est pas à dire que la version syriaque dépend des Homélies actuelles : Lagarde a déjà signalé, p. vii, que cette version, comme les Récognitions, omet llom., xii, 25-33, et suit le texte des Récognitions et non celui des Homélies, llom., xiii, 1. Ajoutons que partout dans la version syriaque (cl. p. 1’t9, lig. 20) comme dans les Récognitions (cf. vii, 8), Eaustus est le nom d’un frère de Clément, tandis que dans les Homélies (cf. xii, 8) c’est le nom de son père. De plus la version syriaque, p. 146, lig. 35, comme les Récognitions, vii, I, porte : quoniemi plurimse fratrum turbse tiobiscum sunt, au lieu de : ito).ù ; ’V/’/o ; tûv <rvvot$oitopo}vTb>v, Hum., xii, I ; p. 147, lig. 13-14, comme Recog., vii, 2 : proposai terni » retidere mensibus, au lieu de : itpor l pr i).y.i 7, ! « pMv èitipévctv, Uom., xii, 2 ; p. 147, lig. 17-19, comme Recog., vii, 2 : Hoc cupio ut in

omni civilate facialis, ut ita etiam invidiam fitgiamus et fratres etiam per sollicitudinem vestram, absque vagalione, hospitia inveniant ; le texte correspondant, llom., xii, 2, est complètement différent. Elle a encore, p. 147, lig. 24-25, comme Recog., vii, 3 : unum diem aut biduo, au lieu de : r, [j.Ep<ôv 8vo, llom., xii, 3 ; enfin p. 150, lig. 19-20, comme Recog., vii, 12 : se.rstadiis, au lieu de : Tpiixovra aztxôlovç. Hom., XII, 12. D’ailleurs, s’il est facile d’expliquer comment Faustinianos des Récognitions a pu devenir Faustinos dans la version syriaque, il nous semble impossible de faire dériver la leçon de cette version : Mélrodora (cf. p. 149, lig. 19), de Mattidia, Recog. , viii, 8, ou MaTTtSfa. Hom., XII, 8. Ces différences, si légères soient-elles, suffisent à montrer que le syriaque ne dérive pas de notre texte actuel des Homélies, mais d’un texte grec un peu plus apparenté aux Récognitions. La leçon Mélrodora au lieu de Mattidia est restée dans la littérature syriaque. Elle se retrouve dans une élégie de Balai, auteur syrien du ive au Ve siècle, qui consacre douze vers au naufrage de Mattidia et à la mort (supposée ) de ses entants. Cf. G. Bickell, Conspectus rei Syrorum lillerariæ, Munster, 1871, p. 46, note 5, et Zeitsclirift der Deulschen Morg. Ges., 1873, t. xxvii, p. 599, et dans le « Clément » arabe, dont il sera question plus loin. La version syriaque a prêté une base très spécieuse à la théorie de J. Lehmann, d’après laquelle les Récognitions n’auraient compris à l’origine que les trois premiers livres et n’auraient été complétées plus tard que par des emprunts faits aux Homélies et à d’autres ouvrages. Die Clementinischen Schriften, Gotha, 1869. Car si le traducteur syrien avait eu sous les yeux les 1. V-VIIdes Récognitions en même temps que les 1. I-1II, on ne s’expliquerait pas bien pourquoi il aurait emprunté aux Homélies la suite de l’histoire de Clément qui aurait figuré déjà dans les 1. V-VII. On peut cependant satisfaire à cette difficulté en supposant que le texte grec, origine de la version syriaque, a été constitué en deux fois.

Ce texte grec, qui ne contient pas « la transformation de Simon » , cf. Recog., x, 56, 60, nous paraît être mentionné par Rufin, aussi bien que les Homélies, dans un passage de sa Préface à Gaudentius, P. G., t. i, col. 1205, que nous pouvons traduire de la manière suivante : « Tu n’ignores pas, je pense, que de ce Clément [titre de l’ouvrage en syriaque] il y a en grec deux éditions [Homélies et Récognitions] du même ouvrage’AvayvaJiretrtv, c’est-à-dire des Récognitions, et deux groupements de livres [Homélies-Récognitions et version syriaque], qui diffèrent assez mais présentent souvent le même récit. Enfin la dernière partie de cet ouvrage, où est rapportée la transformation de Simon, se trouve dans un groupement [Homélies-Récognitions] et ne se trouve aucunement dans l’autre [version syriaque]. » Nous n’aurons plus à nous occuper de la version syriaque, puisque tout son contenu se retrouve dans les Homélies ou les Récognitions.

Les résumés arabes.

M’"e M. Dunlop Gibson a

édité deux abrégés arabes des Clémentines, Sludia Sinaitica, Londres, 1896, t. v ; le premier d’après un ms. du Sinai, le second d’après un ms. de Londres. Le premier a pour titre : « Voici l’histoire de Clément qui reconnut ses parents grâce à Pierre ; » il résume en une page les trois premiers livres des Récognitions et raconte ensuite les « reconnaissances » . Le dernier paragraphe seul n’a pas son correspondant dans le syriaque et correspond à Recog., ix, 38. Paustus est aussi le nom d’un frère de Clément. Ce résumé nous semble donc provenir sinon du latin, du moins d’un texte grec apparenté aux Récognitions et non aux Homélies. Le second, au contraire, est une traduction d’un texte uvec qui dérive de l’Epitome ii, c’est-à-dire des Homélies, traduction faite par Mae.iiiv d Antioche dans la ville de Sinope en 1659. Comme dans l’édition de Turnébe, la 207

CLÉMENTINS (APOCRYPH1

île la pi ci di nie par li titre < mai tyn de » lli mi

ii. DOt hum. - I Homélie$, Cotelier lei éditait

Mnitiut pool (aire connaître li erreurs dei première

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quod ederetw typit, utpote utile cum ad alia, i

/, !  !, ad cognotcendoi primowm htwelica errores. Cf. Préface, non paginée. Ce « erreuri son) Burtout celles des judéo-chrétiens ou ébionites. L’école de Tubingue cherchait dans ci ; ouvrage le christianisme primitif. Aujourd’hui on > voit une synthèse, très mal digérée, du christianisme avec diverses théories philoophiques (gnostiquei 7 et judéo-chrétienni -.

L’auteur a juxtaposé des théories très divi i arrivi r à les fondre dans un seul tout. Aussi M. (Jhlhoi n a-t-il cru devoir distinguer deux courants, l’un panthéistique et l’autre moral, lorsqu’il a voulu résumer l’enseignement des Homélies relatif à Dieu. Realencyclopâdie, 3e édit., t. iv, p. 173-174. Ces résumés généraux, semble-t-il, ne sont jamais exempts de l’esprit de système <iui manquait par contre à l’auteur des rloméli Cet auteur se préoccupe constamment de réfuter di s adversaires et saisit donc l’argument ou la définition qu’il trouve à sa portée sans l’harmoniser avec l’ensemble de son ouvrage. Nous aurons donc, peut-être, une idée plus juste de sa doctrine en exposant son but et les moyens choisis pour y arriver, plutôt qu’en classant sous les lieux communs philosophiques et théologiques de très courts extraits recueillis dans tout son long ouvrage.

L’auteur se propose d’enseigner la vérité à Clément

— et, en sa personne, à tous les néophytes — mais il le fait surtout en réfutant des objections, par exemple celles d’un thaumaturge, Simon le Magicien, qui opère aussi des prodiges et attaque le Dieu de la Bible au nom de la raison. Le Dieu des Juifs n’est pas le Dieu souverain, car il est à courte vue, ignorant, jaloux, il se repent, il a hesoin de sacrifices, ni., ’S9 ; il y a donc plusieurs lieux, comme le montrent d’ailleurs divers passages de la lîible, xvi, 6-11. Pierre répond en citant d’autres passages de l’Écriture, iii, 55-57 ; xvi, 7, et doit convenir que son raisonnement n’est pas convaincant, puisque la Bible fournit des textes pour et contre, ni, 9-10 ; xvi. 9. Pour convaincre ses auditeurs — du moins ses auditeurs de choix, car il est des raisons qu’on ne peut donner à tous — il expose les théories du vrai prophète, des fausses péricopes et des syzygies.

Les philosophes ne sont pas arrivés à la certitude. I. 3-4 ; il, 7-8 ; l’Écriture sainte fournit des raisons à tous, m, 10, et présuppose donc que l’on sait distinguer le rai du faux, par suite le seul critérium de la certitude sera l’autorité du vrai prophète. Lorsqu’une maison est remplie de fumée, il faut un homme pour ouvrir les fenêtres, chasser la fumée et faire entrer le soleil. C’est le vrai prophète qui nous rendra ce service, i, 18-19. Pierre expose ensuite ses marques, I, 20 ; II, G ; III, II15. Si l’une des choses prédites est arrivée, on reconnaîtra là le vrai prophète et l’on devra croire ensuite tous les enseignements que ses disciples donnent en son nom, ii, 9-12. Quel est ce vrai prophète ? La pensée de l’auteur est ici un peu flottante. Pour lui, le vrai prophète est presque toujours Jésus-Christ, iii, 18-19 ; XII, 29 ; xv, 7 ; xvii, 6 ; mais — comme il ne peut dire que la vérité a été ignorée jusqu’à l’arrivée du Christ, puisqu’il rattache liés étroitement et même trop étroitement, vil, 4 ; viii, 0-7, l’ancienne loi à la nouvelle — il doit admettre des sortes d’incarnations du vrai prophète, qui parcourt le monde depuis le commencement, en changeant de forme comme de nom, ni. 20. Adam semble avoir été le vrai prophète, ni, 21-25, peut-être aussi [Iénoch, Noé, Abraham, Isaac et Moïse, xvii. i : xviii.’:. nu plutôt Dieu, des le ci n enceinent. a appelé- à la

ai rite les hummes qui en étaient dignes, i, 1 1-12.

l’auteur

échafaude une théorie, nouvelle alor » , qu’il d bon droit ne pl. mou

que i i’riture < ontii ni

introduits postérieurement par le démon, ii, tromper tes nommes, m. 5 ; mi. 10, 13-14. H est haï que Dieu mente, tente les liniiiie i | ut.-, soit

jaloux, aime la graisse 1 1 les victimes, ii, il ii. Adam n a pas transgressé ; Noé i Abraham

n’a pas eu trois femmes a la lois ; Jacob n’en a p>

quatre dont deux mini-, Mois, n’a pas été I

n. 52. C’est la. bien entendu, l’enseignement du prophète et, pour le prouver, l’auteur n’a qu’à mod légi rement un texte de l’Écriture, ..

fpoçûv, n. 54 ; m. 50 : xvill, 20. Cf. Marc, in H arrive ainsi à faire dire a Notre-Seigneur qu il faut ir distinguer le vrai du faux dans l’Écriture. Déplus le Penteteuqne n’est pas de Moïse, puisqu’il raconl morl, III, 47. Cette théorie, si elle n’a aucun : utre avantage, atteint du moins le but visé par l’auteur et ferme la bouche- à Simon le Magicien : i Lorsque je ne connaissais pas ton sentiment sur l’Écriture, je résistais et je discutais ; maintenant je m’éloigl 21.

Il reste cependant encore un point faible : Pi parle, dit-il, au nom de Jésus-Christ, le vrai prop 1 et opère des prodiges, mais Simon prétend être II de Dieu et il opère aussi des prodiges. Pierre — c’est-adire l’auteur des Homélies — est assez embarrassé pour trouver un critérium, et la preuve en est qu’il en apporte plusieurs : on ne doit pas croire celui qui parle contre le Dieu créateur, iii, 42 : xix, 21-22 ; on doit cherd quoi servent les prodiges, ceux de Simon sont inutiles. n. 33-35 ; d’ailleurs, Simon n’est qu’un imposteur et un magicien, deux de ses anciens disciples se chargent de nous en convaincre, ii, 18-3*2 ; enfin Pierre imagine la théorie des couples ou des syzygies sur laquelle il revient souvent : Dieu a tout crée par couples, d’abord le meilleur et ensuite le plus mauvais, comme le ciel puis la terre, Adam (mis Eve, mais parmi les hommes, c’est l’inverse, les mauvais naissent avanl les bons : Caïn avant Abel, Ismaêl avant Isaac, Lsaii avant Jacob. Jean-Baptiste avant Notre-Seigneur 1 1. à la fin des temps. l’Antéchrist avant le Christ. Or Simon a précédé Pierre, car il est disciple de Jean-Baptiste et il a précédé Pierre à Césarée, c’est donc Simon qui est le séducteur, II, 15 18. Beaucoup tombent dans l’erreur faute de connaître cette loi des syzygies ; aussi Pierre y reviendra-t-il fréquemment, in, 10. Il y a même deux genres de prophéties : la prophétie mâle créée la première, mais qui ne vient qu’en second lieu dans ce monde, et la prophétie femelle. La première procède d’Adam et la seconde d’Eve, m. 22-28. Simon, bien entendu, n’a hérité que de la seconde.

Le Christ est rempli de la divinité, rien ne lui est impossible, i. 6 : c’est le fils de Dieu. i. 7, S ; le vrai prophète, i. 17 ; x, 4 ; xii. 29 ; xv. 7 ; xvii. 0 ; le Seigneur, i. 31 ; xi. 35 ; 6 SiSaffxx/o, Jj|i£>v, iii, 12, XII, 30 ; xvi. In. 15 ; xvii, i. 13 ; xviii, 12. Il semble faire l’objet du passage, ni, 17-20 ; et y être appelé c un homme forme des mains de Dieu » . a un homme qui eut le saint esprit du Christ ; » en tout cas, un passage subséquent nous apprend sans ambiguïté que, si le Christ est lils de Dieu, il ne peut cependant pas être appelé Dieu. xvi. 14-15. Le I ils, d’ailleurs, a été engendré et ne peut dom être comparé a celui qui n’a pis été’engendré ou qui l’a été de lui-même. XVI. 16.

Après nous avoir tourné de belles définitions de la divinité, n. 12-13.’.5 ; m. 37 : x. 19-20 ; iii, 17-18, l’auteur en arrive à l’anthropomorphisme, xi. 19-20 ; xvii. 7-11. « Dieu a une figure pour la première et seule beauté, il a tous les membres, non pour s’en servir… » Signalons encore quelques exagérations pi erreurs ébionites et relatives a la pauvreté, XV, 10 ; a.

209

CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

210

Dieu et à la nature de l’âme, xvi, 16 ; à la dépendance de la nouvelle loi vis-à-vis de l’ancienne (passages judéo-chrétiens), II, -19 ; IV, 7, 13, 22, 24 ; v, 26-28 ; VIII, 7, 22 ; xi, 35 ; xx, 22 ; à l’enfer où les Aines des pécheurs seraient entièrement anéanties, iii, 6, et à la possibilité de suppléer le baptême, xiii, 20. Enfin les démons ont pouvoir sur les hommes qui mangent avec eux ou qui se soumettent une fois à eux, vii, 3 ; viii, 20 ; ix, 15, 23 ; cf. xx, 16-17 ; la vraie religion les met en fuite, ix, 8-1 1 ; le mal se rattache à la perversité des premiers hommes et aux anges déchus, viii, 11-20. A côté de ces théories qui justifient amplement le jugement sévère de Cotelier se trouvent aussi de nombreux passages irréprochables contre l’incrédulité, ni, 31 ; le polythéisme et les idoles, iv-vi ; x, 7-l8 ; sur les œuvres de Dieu, iii, 32-36 ; l’immortalité de l’âme, iii, 37 ; xv, 1-2 ; la foi et les œuvres, viii, 5 ; la grandeur et les devoirs de l’homme, x, 3-6 ; xi, 22-2 !  ; le baptême, xi, 25-27 ; la pureté, xi, 28-33 ; la philanthropie, la charité et le portrait du juste, XII, 25-33 ; xv, 5-9 ; la providence, xv, 3-4, et l’origine du mal, xix-xx, 9. Il règne d’ailleurs par tout l’ouvrage un naturel et une simplicité joints à une élévation constante de la pensée qui charment le lecteur et l’amènent à être indulgent pour les taches d’un si ancien écrit.

Récognitions.

Les Récognitions sont de beaucoup

supérieures aux Homélies pour l’éloquence et la rigueur déployées dans les discussions, la cohérence et le fini des détails et l’orthodoxie des théories. Ici, sans aucun llottement de la pensée, le vrai prophète est le Christ éternel, i, 43, 63, 69 ; v, 10 ; cf. viii, 37 ; il est supérieur à Moïse, i, 59 ; il est le Fils de Dieu et le commencement de tout, I, 45 ; il est le Dieu des princes et le juge de tous, ii, 42 ; il apparut à Abraham et à Moïse, i, 33, 34. La théorie des fausses péricopes n’a pas place dans cette rédaction. Les textes qui nous paraissent contraires sont en réalité concordants, mais nous ne les comprenons pas, il, 34 ; « c’est en étudiant la loi sans maîtres et en s’érigeant en docteurs que l’on est conduit à proférer des absurdités contre Dieu, » il, 55 ; x, 42. La doctrine des syzygies (Rulin traduit paria) est conservée, m, 59, 61, mais l’auteur en tire peu de conséquences et ne la rappelle pas à tout propos comme l’auteur des Homélies. C’est à la nature de ses prodiges que l’on reconnaît le véritable envoyé de Dieu. Lui seul opère des prodiges utiles au salut des hommes ou qui leur confèrent du bien, iii, 60. L’auteur attache le plus grand prix à la méthode. Simon demande : « Puisque Dieu a tout fait, d’où vient le mal ? » et Pierre lui répond : « Cette manière d’interroger n’est pas d’un adversaire, mais d’un élève. Si donc tu veux apprendre, avoue-le, et je t’enseignerai d’abord comment tu dois apprendre, puis, lorsque tu auras appris à écouler, je commencerai à l’instruire. » Lorsque Simon a accepté d’être instruit, Pierre ajoute : « Si tu veux l’instruire, apprends d’abord que tu as interrogé de manière bien malhabile, car tu dis : Puisque Dieu a tout fait, d’où vient le mal’.' mais avant cette question il y avait (à faire) trois sortes d’interrogations : 1° le mal existe-t-il ? 2° qu’est-ce que le mal ? : i" pour qui et d’où ? » iii, 15-16. Toute la discussion avec Simon est régie par la même rigueur scolastique.

Le problème de l’origine du mal qui fait déjà l’objet du Livre, des lois des pays de Bardesane, voir t. ii, col. 395, préoccupe beaucoup notre auteur, car il y revient encore plus tard, iv, 8-24. Il n’y a pas lieu d’accuser la providence qui avait créé l’hoie avec un esprit pur et un

corps à l’abri des maladies et de la vieillesse. L’oisiveté a conduit l’homme à des pensées impies, à nier la providence et la nécessité « le la vertu, puisqu’il se trouvait bienheureux sans avoir rien fait pour cela. Dieu dut donc introduire dans le monde 1rs labeurs, les afflictions et la nécessité du travail, afin d’amener les hommes qui avaient abandonné Dieu dans la prospérité, à le recher cher dans l’adversité. Vint le déluge pour purifier la terre, mais bien des hommes inventèrent de fausses religions pour y trouver un prétexte à des festins et à des débauches, et Dieu dut envoyer ses apôtres au monde pour faire connaître le vrai culte de Dieu révélé aux patriarches et conservé par eux. Ceux qui ne les écouteront pas seront soumis dès cette vie à divers démons et à diverses maladies, puis après leur mort, leur âme sera suppliciée éternellement (in perpetuum), car Dien n’est pas seulement bon, mais il est encore juste et il ne le serait plus s’il ne rendait pas à chacun selon ses œuvres, iv, 8-14. Rien n’est mal en substance, on ne peut donc pas accuser le créateur des substances, mais seulement notre libre arbitre, IV, 23-24. Les 1. V et VI sont consacrés à la réfutation d’objections contre la providence et contre le gouvernement divin. L’auteur revient encore sur le même sujet dans le 1. VIII : « On demande si le monde a été fait ou non ; s’il n’a pas étéfait, il sera cet (être) inné d’où tout dérive. S’il a été fait, on divisera encore cette question en deux : A-t-il été fait de lui-même ou par un autre ? S’il a été fait de lui-même, la providence est exclue sans aucun doute. Si la providence n’est pas admise, c’est en vain que l’âme est excitée à la vertu ; c’est en vain que la justice est observée, puisqu’il n’y aurait personne qui récompenserait le juste selon ses mérites ; l’âme même ne semblera pas immortelle si la dispensation d’aucune providence ne la reçoit après la mort du corps, » viii, 10. Les chapitres suivants xx-xxxiii, où l’auteur établit l’existence de la providence d’après les harmonies de la nature et du corps humain, peuvent être rapprochés, sans désavantage, des Études de la nature de Rernardin de Saint-Pierre. La réfutation de l’astrologie qui occupe le 1. IX et une partie du 1. X est aussi fort bien conduite et était d’un intérêt capital pour les chrétiens des premiers siècles qui vivaient en Orient parmi les adorateurs des astres.

/II. THÉORIES LITTÉRAIIiES RELATIVES AUX CLÉMEN-TINES. — Nous résumons rapidement les travaux plus anciens, cf. Realeneyclopàdie, 3e édit., t. iv, p. 176-179, pour développer seulement les derniers travaux de Waitz et de A. Harnack. Baur et son école, 1835 sq., ont cherché dans les Clémentines le christianisme primitif très apparenté encore au judaïsme, et opposés tous deux au paganisme ; l’ouvrage aurait été écrit dans la communauté romaine et serait une preuve que le judaïsme y dominait. Schliemann (1844) écrivit contre Baur un ouvrage savant et bien ordonné dans lequel il s’efforça de démontrer que les Récognitions dépendaient des Homélies. Schwegler (1846) adopta aussi cette thèse tout en conservant les idées a priori de Raur. Jusqu’ici on n’avait pas cherché à retrouver sous les Clémentines un ou plusieurs ouvrages disparus. Ililgenfeld le premier (1848), après avoir supposé que les Homélies dépendaient des Récognitions, leur donna pour source un Kr^’j-fU-a llfxpou, ancien écrit d’origine romaine et de caractère judaïque écrit peu après la destruction de Jérusalem, compilé dans les trois premiers livres des Récognitions ri que l’on peut reconstruire d’après son analyse donnée, Recog., ni, 75. Ililgenfeld échafaude ensuite toute une série de revisions et de remaniements à parlir des temps apostoliques pour aboutir aux Homélies à Rome, sous le pontificat d’Anieet (151-161). Simon est un personnage fictif, c’est en réalité saint Paul qui est visé sous ses traits. Notons aus>ilét que, d’après M. A. Harnack, S regarder Simon comme un personnage fictif fut une grande erreur de la critique. » Dogmengesvhichte, 3- édit., t. i. p. 2 :  ;  ;  !, note I. M. Ii. l’blhorn (1854) défendit la priorité des Homélies, mais reconnut qu’en certains points, les Récognitions semblaient pourtant être antérieures. Il fut donc conduit aussi à un écrit fondamental remanié dans les Homélios ; l’auteur des Récognitions avait simultanément les Homélies et l’écrit LMI

CLÉMENTINS IP0CRYPH1

912

IhikI.iiii.iii.iI ioui lei yeux : tous < ien draient de Syrie de 150 à 170 à l’exception d< H gnitiona écrites.1 Romi pea iprèi I"" pour r l’ouvrage du christiani me. Lehmann 1868 ., un poinl di vue inti 1 mi diain entre Hilg< nfeld hlhorn. Il partagi a I nitions actuelh - a « I. u parties, 1 ui et iv-x. Poui laæcondi partie, il reconnatl avt c 1 hlhorn, que les Homélies oui la priorité, mais la première partie est la j’i’i-^ ancienne et a con. mieui que les Homélies, l’écrit londamental. Il place.unit tout le Kry.--<n rjerpou dont on a le sommaire, Recog., ni, 75. Cel ouvrage remanié donna les I. I, i-lll des Récognitions. Il n’y.était pas (ait mention de Clément. Vers ITo, le rédacteur des Homélies ajouta à l’écrit précédent, Recog., I. I, i-xiii. et Recog., I. 1V-X. et forma la présente édition des Récognitions. Lipsius (1872) va encore jjIus loin dans cette voie. Il suppose que l’écrit le plus ancien aurait été les Acla Pétri, composés longtemps avant 150 avec une tendance antipauliniste ; ils racontaient les luttes du véritable apôtre des nations, Pierre, avec Simon, c’est-à-dire l’apôtre saint Paul. Us se terminèrent à Rome par la chute mortelle île Simon et la mort de Pierre sur la croix. Les restes de ces Actes furent conservés en rédaction orthodoxe dans les Acta Pétri et Pauli, édites par Tischendorf. Acta apostolorum apocrypha, Leipzig, ’1851, p. 1-39. In fragment de cet ancien ouvrage fut remanié dans un sens antignostique et intitulé Kv-pvfiJ-a Tiéxpo’j de 140 à 145 ; à ce K^purua se rapporte la lettre de Pierre et la Statjiaprjpia. Ce dernier ouvrage remanié et interpolé

— en particulier on y introduisit Clément de Rome — conduisit aux llepi’ocoi riÉTpo-j àvaYV(opiiu.ol KXqucvtoc, dont il nous reste deux rédactions, l’une, celle des Homélies, à tendance antimarcionite, l’autre, celle des Récognitions, à tendance plutôt morale que dogmatique.

Frommhcrger (1886) rejeta au second plan toutes les préoccupations religieuses et vit surtout dans les Clémentines le roman de Clément ; pour lui, les passages ébioniteset judéo-chrétiens ne sont que des traits accessoires et accidentels, d’ailleurs les passages ethniques sont nombreux. Langen (1890) vit dans les Clémentines un écrit destiné à établir l’apostolicité et la primatie de diverses Églises. L’écrit fondamental serait un KiQpvYU, a Ilé-rpcrj, composé à Rome vers 135, pour substituer cette dernière ville à Jérusalem ; peu avant la fin du IIIe siècle, il fut remanié à Césarée dans un sens judéo-chrétien avec l’intention de gagner la primatie pour Césarée, d’où les Homélies ; au commencement du II’siècle, un nouveau remaniement fut fait en faveur d’Antioche, ce sont les Récognitions. Toute cette construction est artificielle, car, dit Uhlhorn, la question du primat, au 11e et au 111e siècle, n’eut pas la signification que Langen lui donne. Bigg (1890) supposeque l’écrit fondamental n’était pas hérétique, mais catholique, p. 185 ; il fut écrit vers l’an 200, p. 188, puis fut altéré et remanié par un ébionite, p. 188, ou par un chrétien arien de nationalité syrienne qui aurait cru trouver dans la doctrine ébionite une théorie historique et quasi philosophique d’un sauveur arien, p. 192. Les Homélies n’ont pu être écrites par un Grec, ni par un Grec romain, mais par un Grec oriental, p. 160-161 ; on peut rapprocher cet ouvrage d’Apamée et du livre d’Elxaï apporté à Rome, vers 220, par Alcihiaded’Apaméc, p. 182 ; il a cependant des points de contact avec Alexandrie, p. 190-191.

Pour Waitz (1901), il y a un écrit fondamental qui n’est pas différent des Clémentines, mais en est simplement une plus ancienne rédaction, p. 48 ; les citations des Pères nous montrent son existence, p. 3$1-$28 ; c’était une apologie du christianisme et une polémique contre les hérétiques et les païens, écrite sous forme de roman et destinée à convertir les païens et les juifs des sphères élevées et cultivées aussi bien qu’à fortifier les néophytes, p. 50 ; il fut composé à Rome, p. 60, de 220 à 332, p. 75.

ni fondamental, qni est la source dei Homélii’i di i. nitioi ii lui-même sur deux 1

plus anciens, zta W’.--.-.. H

u’i II’: -.'/> que l’oi

constituer grâce a l’analyse qui en estdonné< m. 75, sont eux-méræt an remaniement d un ouvi plus ancien judéo-chrétien gnostique écrit vers l’an 135, irée, p. loi. 160. La lettre de Piei 1 1

rapporte.ï ce dernier ouvrage qui était donc un li’. p. 125.

Aux tlpâliii i-. : <, j appartiennent l’histoire de Simon le Magicien et les luttes de ville en ville de saint Pi et de Simon. Ces Actes, conservés dans les Clémenti ont d’ailleurs de nombreux pointde contact an autrevctes de Pierre et de Simon, ou de Pien Paul. etc. édités par ailleurs, |>. 189-194 ; on admettre qu’ils sont une partie des Acti re el

de Simon, lesquels sont une source des Actes di I et de Paul conservés dans di rsions, 1

L’auteur des c : j".. ::Il ;  : -, ’, , serait un clerc d’Antioche, qui écrivait de 150 à 220, p. 255, probablement de 211-217, p. 218, d’après d’anciennes traditions.

A côté de ces deux sources principales on peut encore placer deux sources secondaires au nioin- : le A : v/ EUrpou /.ai’Anxfuvoc mentionné par Eusèbe, II. E., m, 38, P. G., t. xx, col. 296, qui a servi d< dialogue de Clément et d’Appion, et le dialogue de desane avec ses disciples r.iy. elixapiiivi, ; cité déjà par Eus » l>e..Nous avons donné plusieurs raisons tendant à prouver que les Récognilions n’ont pas puisé directement dans le dialogue de l ; ardesane ruais seulement dans la citation qu’en fait Eusebe. Nau. Une biographie inédite de liardesane l’astrologue, Paris. |, s ; 17, p, ’, -,, . M. Waitz suppose que les Récognitions et Eusèbe ont puisé à une source commune p. 257, qui est la traduction grecque de l’original syriaque, p. 2’*8. ce qui n -t pas impossible non plus M. Ilarnack croit cependant qu’il est plus facile de tirer le texte des Récognitions du texte d Eusèbe. Die Chronologie, Leipzig, 1904, t. 11, p. 535. Telles sont les quatre principales sources de l’écrit fondamental des Clémentines. Plus tard, les Homélies remanièrent l’écrit londamental, rejetèrent à la lin. tlom., xvi-xx, 10. divers traits du commencement, s’attachèrent surtout aux passages philosophiques au détriment des passages historiques et anecdotiques, apiconcile de Nicée, mais avant la fin du i - Syrie,

p. 368-370. L’n autre remaniement de l’écrit fondamental produisit les Récognitions. Le rédacteur oriental. préoccupé surtout des questions morales, est postnicénien et semble être arien, p. 370. Il ne peut pas avoir écrit avant 350. ni après 411, du moins pour Hecog., i-iv, l.p. 372. L’n grand nombre de. rthodoxes

figuraient déjà dans l’original grec qui a été traduit fidèlement par Rulin. car plusieurs passages que M. Waitz croit avoir été modifiés par Rufin. p. 371 ; cf. p n. 3, se trouvent tels quels dans la traduction syriaque. On peut admettre aussi l’existence d’une rédaction orthodoxe citée par Maxime le Confesseur au vif siècle, puis par Jean Damascène le jeune. Nicon, Cédrénns, Michel Glycas, Nicéphore Calliste, p. 372-373. H :

du moins deux Epi/orne orthodoxes ; l’un qui port

appendice le martyre de Clément (E*) d’après Siméon le Métaphraste ne serait pas antérieur au xe siècle et pourrait même être attribué à Siméon le Métaphraste comme l’a dit Cotelier. c’est le texte dos Menées ; l’antre Epitome est encore plus récent.

Enfin, M. A. Ilarnack. Die Chronologie der aU Lit. bis Eusebius, Leipzig, 1901, t. ii, p. 518-540, admet la plupart des conclusions de M. Waitz. Il distingue aussi trois couches superpo » es 1 un écrit judéo-chrétien d’un caractère syncrétique (K antignostique sur Pierre et Simon le Magicien (QpâCm 21 :

CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

214

IlÉTpov) ; 2° une compilation des deux sources précédentes sous la forme d’un roman de Clément pour les rapprocher de la communauté chrétienne et du monde liellénique (écrit fondamental) ; 3° deux rédactions faites toutes deux sur le précédent travail par des rédacteurs catholiques pour édifier et amuser (Homélies et Récognitions). Les Homélies se ressentent davantage de l’écrit judéo-chrétien primitif. L’écrit fondamental (e2*) aurait été compilé à Rome vers 260, p. 532 ; par suite, les Homélies et les Récognitions seraient au plus tôt de la iin du IIIe siècle ; on peut les placer de 290 à 360. Quant au Kr, puYfa Ilérpou que Wailz place vers l’an 135, on ne le saisit qu’au commencement du IIIe siècle, il faut donc rester autour de l’an 200, p. 537-538. Il n’est pas sûr que leur lieu d’origine soit Césarée. Les Ilpâhi ; fléxpou étaient un écrit catholique, antignostique, du commencement du ine siècle.

iv. conclusion. — Les Clémentines prêtent, comme on vient de le voir, aux théories littéraires les plus diverses. Il semble certain que les Homélies et les Récognitions ne proviennent pas l’un de l’autre, mais dérivent tous deux d’un écrit de même famille ou écrit fondamental que l’on peut reconstituer. Il est plus difficile de définir et de reconstituer les sources de l’écrit fondamental, car ici les hypothèses se superposent aux hypothèses précédentes et augmentent donc les chances d’erreur ; on ne peut que les choisir de manière à satisfaire au plus grand nombre possible de difficultés. Dans cet ordre d’idées, la décomposition adoptée par Waitz en Kr, pûyjj.aTa et en HpâÇetç Ilérpou est digne de crédit. On n’oubliera pas cependant que M. Paul de Lagarde s’est trompé, lorsqu’il a voulu rétablir l’écrit fondamental de la Didascalie et des six premiers livres des Constitutions apostoliques, il a supprimé comme interpolations bien des passages originaux, cf. Altchrist. Lilleratur. Die Ueberlief., p. 515, car c’est la Didascalie tout entière qui semble constituer l’écrit fondamental. Il est donc toujours possible que l’on se trompe en quelque point, lorsqu’on veut reconstituer l’écrit fondamental des Homélies et des Récognitions et surtout les sources de cet écrit. — Il est certain aussi que l’ouvrage présente des éléments syriens aussi bien que des éléments romains. Waifz lève cette difficulté en plaçant en Syrie la rédaction des sources et à Rome la rédaction de l’écrit fondamental. — Il est certain que les Homélies contiennent de nombreux passages judéo-chrétiens ou ébionites et que certain passage des Récognitions semble être arien ; mais il est difficile de décider dans quelle mesure ces passages doivent être imputés aux sources ou aux auteurs des Homélies et des Récognitions, car ces derniers ont pu reproduire quelques passages hérétiques qu’ils n’approuvaient pas, ou bien ils ont pu modilier dans un sens hérétique ou orthodoxe, selon leurs propres idées, divers passages de l’écrit fondamental. L’écrit a été beaucoup rajeuni. Au milieu du siècle précédent, on plaçait les sources et les remaniements de la fin du I er siècle au milieu du H", Harnack, Die Chronologie, t. ii, p. 519, en tout cas on ne descendait pas au-dessous de 180 ; actuellement on tend à placer les sources seules au IIe siècle, l’écrit fondamental aurait été rédigé vers le milieu du iiie, et les derniers écrits, les Homélies et les Récognitions, ne l’auraient été qu’à la fin du ine siècle ou même au commencement du IV e. Ces diverses dates sont plus ou moins vraisemblables, mais toutes sont hypothétiques et dépendent de postulais ou de conclusions précédentes, hypothétiques elles aussi. Par exemple, si l’on admet qnr les Récognitions citent Bardesane d’après la Préparation évangélique d’Eusèbe, il s’ensuit que leur dernière rédaction ne peut être placée qu’après la Pré/million évangélique, c’est-à-dire, ’ismv. loin dans le iv siècle, mais si l’on suppose qu’elles ont utilise directement la source citée par Kusèbe, le terminus

a quo se trouve reporté avant la mort de Rardesane († 222). Nous tenons la première hypothèse pour plus probable, mais la seconde a aussi des chances d’être exacte ; on peut donc éloigner ou rapprocher la composition des Récognitions en se ralliant à l’une ou à l’autre. De même, la Philocalie d’Origène et son commentaire sur saint Matthieu contiennent un très long fragment des Récognitions et une citation de Clément qui ne se retrouve pas textuellement dans les Homélies et les Récognitions. Cf. Harnack, Altcli. LUI. Die Ueberlief., p. 219-221 ; Waitz, p. 40-41. Aussi longtemps que ces citations ont été attribuées à Origène, on a obtenu pour terminus ad quem des Clémentines en général et des Récognitions en particulier l’année 232. Waitz, p. 70. Les Récognitions auraient donc été composées entre la rédaction (ou la traduction grecque) du Dialogue des lois du pays par Rardesane (vers 200 ?) et l’an 232. Mais si l’on admet, avec M. Robinson, que la citation des Récognitions n’a pas été faite par Origène, mais a été introduite par Basile et Grégoire de Nazianze, compilateurs de la Philocalie, si l’on admet aussi avec dom Chapman que la citation de Clément dans le commentaire sur saint Matthieu n’est pas d’Origène, mais a été prise dans YOpusimperfeclum in Mat thseum, ouvrage de date incertaine, et introduite postérieurement dans le commentaire d’Origène sur saint Matthieu, le terminus ad quem descend jusqu’à Eusèbe. Cf. Waitz, p. 7071 ; Harnack, Altchr. Litt. Die Chronologie, t. il, p. 532. Ces deux exemples montrent bien ce qu’ont d’hypothétique les dates proposées. En somme, on peut, suivant le point de départ choisi, placer la rédaction actuelle des Récognitions ou bien au commencement du iiie siècle, ou bien au commencement du ive ; la critique interne montre aussi que les Homélies semblent présenter plus de passages archaïques que les Récognitions et ne doivent pas être placées à une date postérieure. — La critique moderne, qui rajeunit les Clémentines, diminue autant qu’elle le peut leur importance ; « après avoir été trop louées, dit M. Uhlhorn, elles sont maintenant trop méprisées. » Realenci/clopàdie, 3e édit., t. iv, p. 179. C’est peut-être une simple réaclion qui fera place de nouveau à plus d’égards. « Un siècle qui se préoccupe avec autant de chaleur que le nôtre de la littérature apocryphe ne pourra manquer de les retirer du coin où on veut les reléguer pour les produire à nouveau, » écrit M. G. Kriiger, Kritische Bermerkungen zuA. Harnacks Chronologie, dans Gott. Gel. A nzeigen, janvier 1905. En réalité, ces anciens écrits si nombreux et si apparentés présentent aux chercheurs une mine de longtemps inépuisable pour rechercher leurs relations mutuelles, leur provenance et leurs sources, les croyances de leurs auteurs immédiats ou médiats et celles du milieu où ils ont pris naissance, l’organisation de l’Église à cette époque et le mode de polémique mi-scripturaire et mirationnel adopté par l’auteur ; un grand nombre de fragments peuvent être étudiés à part et comparés aux restes de la plus ancienne littérature chrétienne : à saint Justin, à Bardesane, à Eusèbe, etc. M. Harnack réclame avant tout une édition critique annotée des Récognitions, car Jes manuscrits dirent ici de grandes divergences. Cette édition est préparée par M. Bichardson, Altchr. Lill. Die Ueberlief.. p. 229-230. Nous ne doutons pas que des monographies soignées, dans le genre des études ou recueils de Waitz, p. 259-3(51, de Van Nés et de Preuschen sur les citations bibliques, ne rendent aux Clémeni Unes une partie de l’importance qu’elles ont perdue.

I. Textes.

Le texte des Honn’-lies a étr cité pour la premièrerois parTurrianus(Torrés), Adwerswa Magdeburgen&es centuriafores pro canonibus apostolorumlibriquinque, Florence, 1572. La plupart < ! < ses citations ont été reproduites par Preuschen, dans VAUchristliche Litteratur de Harnack, /)" Ueberlief., p. 215-219. Nous avons trouvi ttions faites par Torrés,

1. il, c. î, xin ; 1. v, c. ix, qui n’ont pas été relevées par

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. ter, cf. /’G., i n. < I 135, m le 64 ; Il publia du nouvelle édition complète avec traduction latine, Ci Ni Romani que feruntur fwmiliæ viginti, nunc primum inh Gœttingue, 1853 Cette édition fut reproduite, P. G., t, u. col. 49468. Paul de Lagarde donna une nouvelle édition en 1865, Cletnentina, 1/ ipzig, aajia traduction ; il passa cinquante-six bi dit-Il, a collatii nner t. ut te ms. de Parie et collationna les deux dernières homélies but le ms. de Rome.

Le texte des Ri cognitions a été édité pour la première fois par Le Fèvre d’Étaples, Paris, 1504, puis par Jean Sichard, Baie, 1526, qui ne ennui pas l’édition île son devancier. Celle-ci fut trèa souvent reproduite, cf. P. G., 1. 1, col. 1203 ; citons en particulier la petite édition de Cologne, 1547 D. Ctem< omnia, qux quidem in hune usque diem extare com sunt, unacum apostolorum canonibus per eumdem Ci trni m iniHiii congestis, nunc primum in hanc enchiridii formant redacta, qui comprend les Récognitions, la traduction latine des 84 canons des apôtres et de cinq lettres attribuées à saint Clément. Enfin Cotelier, loc. cit., p. 390-624, publia une n. nivelle édition à l’aide de bons mss., qui lui permirent en particulier de combler ta lacune laissée par RuQn au commencement du I. III, 2-11. Cf. P. G., t. i, col. 1281, note 84. Cette édition fui reproduite comme celle des Homélies par Le Clerc et Gallandi, op. cit. En 1838, E.G. Gersdorf publia à Leipzig une nouvelle édition avec indication de mss. incomplets conservés à Leipzig. Ce idition a été reproduite P. G., t. i, cl. 1201-1455.

Le texte grec de VEpitome n a été édité pi ur la première fois parTurnébe, Paris, 1555 ; sous le titre : démentis Romani episcopi de rébus gestis, peregrinalionibus, utque concionibus sancti Pétri epitomead Jacobum Hierosolymorum epiacopum, ejusdem démentis vita. Tumébe ne divise ni en chapitres ni même en paragraphes, mais après le c. cxlvii, P. G., t. iii, col. 580, il ajoute le titre K/.^.t, ; tfo ; avantlesc. cxl viii-CLXxix ; vient ensuite une traduction latine par Joachim Perionius ; les deux ouvrages sont dédiés à Nicolas Mallar, théologien de l’Église de Paris. Cotelier publia une nouvelle édition d’après les mss. de Paris, et ajouta le Martyre de saint Clément.’Ile récitd’Éphrem sur un miracle opéré par smnt Clément, loc. cit., p. 747-844. L’édition des Pères apostoliques de Cotelier fut plusieurs fois reproduite, en particulier P. G., t. ii, col. 469-645. A. 11. M. Dresse ] publia enfin une nouvelle édition de VEpitome ii, d’après des mss. (|e Rome, et y ajouta pour la première lois VEpitome i, utilisé par Cotelier, en particulier d’après le ms. de Paris 804 (aujourd’hui 1463), mais non publié encre : Cletnentinorum epitomte dux altéra édita correctior ineilita altéra, Leipzig, 185 !) ; à la fin de cet ouvrage, p. 247-331, on trouve de nombreuses notes critiques de Fr. Wieseler sur le texle avec ilrs Homélies. Tischendorf avait publié quelques extraits de deuxmss. de VEpitome i, dans Anecdota sacra et profana, Leipzig. ls.">5, utilisés depuis par Dressel et reproduits. P. (.’., t. n. col. 1279-1292. In fragment de VEpitome n a été édité par A..1 Aies, d’après le ms. grec, Suppl. 1000, de la Bibliothèque nationale de Paris, dans la Revue îles études grecques. 11)05, t. XVIII, p. 211-223.

La version syriaque des Récognitions fui publiée par Paul de Lagarde, Clementis Romani Recognitiones syriace, Leipzig, 1864, avec une concordance des textes, p. vi-vn. — Les Epitome arabes avec le martyre de Clément et ta prédication de Pierre lurent publii par M" M. ». Gibson, Studia sinaitica, n. 5, 1.mu 1res, is’.r.. Los témoignages nclei - relatifs aux Récognitions ix Homélies sont reproduits, /’. G., t. i, col, 1157-1172 ; t.n, col. B-12, el dans Harnack, AUchristliche Litteratur. Die l’efet utig, p. 219-229 : en particulier les citations faites par le

p en.|..-.l…n I i. n i.i-i. m-, du n s [< s S, nin par attela, ont été recueillies et commentées par K. ip.ii, dani cte imd Untersuchungen, nouv. série, Leipzig, 1899, t., i. -r. 2. J. E. Grabe a réuni , de nombreuses citations des écri attribuée a -.mit Pierre el a nt, dans son Spicilegium SS. Patrum, Oxford,

1714, t. I, p. 55-81. p. 254-302 ; cꝟ. 3U5-311. Signalons enfin la sa



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voyait dans le K. -, .. : < « la

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l. r, , ii. - r » — et aux l.|. Iianun second volui

donne mie étude tort détaillée de la lit ajoute

qu’il a tiaduits. 2 in-8’, Groninglie, I

Il Travaux. — on trouvi ne littérature dai

bricius, Bibl. grmea, édil Harles, I vii, p. 24 W’aitz, p. 371^378. Ni Ul D. Vi n Colin, art

mentina, dans Encycl i rscli etGrul

.1. Lebmann, Oie Klementinischen Schriften, Gotha. It A. I.i| tien der rumischen Petru

1H72 ; Punk, art. Clementinen, dans le Kirch bonrg-en-Brisgan, 1884 ; G. Frommberger, Lie Sun Hi.-I.ii. 1886 ; Harnack, Dogmengeschichte, 2* é-dit., Le. 1894, p. 292-300 ; M. H. van Nés, fiel A de Cli Amsterdam, 1887 ; l’auteur propose à 1.

p. 127-137, un certain nombre de ci rrecl Paul

de Lagarde ; C. Bigg, The Cl Homtlie » , d

>, il, heu et eccleeiastica, Oxford, 1890, p. 157-l ! >3 : A. Harnack, Die altchristliche Litteratur bi » Eusebi ""g,

Leipzig, 1893. t. ii, p. 212-231, 322-327 ; In ". L’ipzig,

1904, t. II, p. 548-540 ; Index u/ the noteworthy wurds and phrases found m the Clémentine wrilings commonly called the Homilies of Clément, Londres, 18’.'3 (l’auteur est V. Chawi (, . Uhlhorn, art. Clementinen, dans Realencyclopàdie fur prot. Theol., Leipzig, 1898, t. rv ; E. l’n degomena,

n, 1 ! HH ; J. Bergmann, Les éléments juifs dans lespseudo-Clémentines, dans la Revue des éludes juives, Paris, I ! <u3, t. xi. vi, p. 89-98 ; G. Kruger, Gescliichte der altehriêtli Literatur, Fribourg-en-.-< ;  ; Barden hever, Gese/i. der altkirchlichen Literatur, Kribourg-en-Brisgau, 1902, t. i, p. 850-360 ; H. Waitz, Die pseudoklementinen Homilun und Rekognitionen, Leipzig, 19 cte und Cnters.,

t. xxv. fasc. 4. N i l.lle rn : F. Chr. Baur,

DU christHche Gnosis, Tubingue, 1835 ; K. Schliemann, Die Klementinen, Hambourg, 1844 ; A - Dus nachapos lie Zeitaller, Tubingue. lSifi. t. t : A. Hilgonfeld, Die Klementiniachen Rekognitionen und Humilie » , léna, 1818 ; G. Uhlhom, Die Humilie » m

J Langen, Die Klemensromane, Gotha, 1890. Voir aussi a. Hilgenfeld. Die Einleitutigschriften der Pseudo-CU dans Zeitschrifl fur ivissenschaftliche Théologie, Leipzig. 1904, t. m. viii, p. 21-72. : M., Pseudo-Clemens ta Façon, ibid.. p. 545-567 ; Meyboom, fiel mentynen, dans Tlieol. Tydschrift, 1904. i. 545-567 ; Tix.. Histoire des dogmes, Paris, r.tô, t. i, p. 180-4f

II. L’Apocalypse de Pierre ou Clément. — Cet ouvrage conserve en arabe et en éthiopien est apparenté assez étroitement aux Récognitions, et il ; » l’avantage de nous montrer, dans sa première partie, comment une ancien ne source syriaque, La caverne des iré-sors, » a pu cire transformée en apocryphe clémentin. L’ouvrage a déjà été signalé, d’après une rédaction arabe di en huit livres par Assémani. Bibliotheca oricntalis, I. n. p. 508 ; t. in. p. 282 ; cf. Harnack, Du’altclt. Litt. Die Veberlief., p. 780 ; nuis, d’après une rédaction arabe divisée en 91 chapitres, par Gersdorf. P. G., t. 1. col. 1203. Harnack. loc. cit. La première partie de l’ouvrage arabe a été publiée par Bezold, Die SchaU~ hôhle, Leipzig, 1888 ià l’exception « les premier* en lace du texte syriaque correspondant. Cette même première partie, à l’exception des dernières pages, été publiée et traduite en anglais sous le litre de Kiiab al Magall, or the boni ; of tlw Rollt, Londres, 1901, par M M. D. Gibson. La version éthiopienne i été analysée parA.JDillmann, cî.Berichl ùber il 217

CLÉMENTINS (APOCRYPHES’218

Buclt Clementinischer Schriften, dans Nachrichten von der Georg. Augusts-Universilât und der Kônigl. GcseU. der ^’iss. : u Gôtlingen, 1858, p. 185-226. La première parlie de l’ouvrage est une traduction, pour une part littérale, de la Spelunca (die Schatzhôhle) syriaque, écrit M. Bezold. Il s’ensuit que pour cette première partie, seule publiée, les deux ouvrages : 1° arabe en huit livres et éthiopien ; 2° arabe en 91 chapitres, distingués par M. Harnack, loc. cit., sous les n. 33, 35, semblent ne former qu’un seul ouvrage. Il n’en est peut-être pas de même de la suite, car M. Bezold, p.ix, indique de manière plus particulière, comme source du « Clément » éthiopien, le ms. arabe n. xxxix du Vatican.

1° D’après M. Dillmann, l’ouvrage éthiopien, qui comprend sept livres, se divise en deux parties. Dans la I re (1. I, II), Pierre raconte à Clément la création et la naissance de la sainte Vierge avec l’histoire du monde jusqu’à Joram, tandis que la Spelunca et l’ouvrage arabe divisé en 91 chapitres vont jusqu’à la naissance de la sainte Vierge. Pierre raconte ensuite à Clément ce que le Christ lui a appris sur les secrets du ciel et l’avenir, sur la création du ciel et de la terre, la Trinité, les ordres des anges, la Jérusalem céleste, le paradis, la création des anges, leur aspect, la chute de Satan, l’avenir du christianisme sur la terre ; il remet à plus tard de raconter ce qui arrivera à la résurrection ; il énumére 70 hérésies de Simon le Magicien à Apollinaire. II y a une relation entre les matières de cette première partie et les Récognitions, I, 22, 27 sq. Nous lisons en effet : Cumque hsec dixisset exponere mihi singula de his, quæ in quæstione esse videbantur legis capitulis cœpit, ab initio creaturm usque ad id temporis, quo ad eum Csesaream devolutus sum… Meministi, o amice Clemens, quæ. mihi fueril de eetertw sseculo ac finem nesciente, narralio ? (i, 22)… Exposuisti per ordinem, a principio mundi usque ad prsesens tenipus consequenliam rerum, et si placet, possum memoriter [ait Clemens] universa retexere (i, 25)… Propter quod eo magis repelamus quæ dicta sunt, et confirniemus ea in corde tuo ; id est, quomodo vel a quo faclus sit mundus ut lendamus ad amicitiam condiloris… Breviter ergo tibi hsec eadem firmioris causa mémorise retexemus, i, 26. Après quoi saint Pierre résume à nouveau, dit-il, la création et l’histoire sainte jusqu’à son arrivée à Césarée. Il semble donc que l’ouvrage arabe ou éthiopien est ou plutôt se donne pour le premier récit de saint Pierre à saint Clément, celui-là même qu’il s’est borné à résumer ensuite firmioris causa memoriæ dans les Récognitions. Dans la II’partie qui traite des lois et de l’ordre de l’Église chrétienne, saint Pierre donne à saint Clément les ordonnances qu’il doit transmettre aux métropolitains, aux évoques, etc., lui trace les devoirs des prélats et des clercs et lui dicte mie l’ouïe de règles particulières et (le canons pénitentiels. Cette IP partie se rapprocherait donc plutôt de la Didascalie. Cependant les Récognitions y tiennent aussi leur place, car on trouve vers la liii, dit M. Dillmann, I., fuite’! >’Simon le Magicien à Rome et sa chute (levant saint Pierre. L’ouvrage est d’ailleurs plein de répétitions, et a dû être écrit en Egypte, de 750 à 760, car, sous sa forme actuelle, il décril la puissance de l’islam.

2° L’ouvrage arabe intitulé « Apocalypse de saint Pierre » , d’après le Catalogue des mss. arabes de Paris, 1883-1895, p. 18-19, est mieux connu que l’ouvrage éthiopien, car la première parlie a été éditée par

M. Bezold et par M Gibson ; de plus, la plupart des

titres (1rs 91 chapitres sont reproduits et traduits dans le Catalogue des mss. arabes, de la bibliothèque Bodléenne, par.M. Nie, II, Oxford, 1821, t. II, p. 49. Nous noterons que le titre varie. Le ms. 76 de Paris porte au haut de chaque page le titre « Clément » comme l’éthiopien ; le ms. 77 porte en tête : « Ceei est un des livres de saint Clément, disciple du Simon Pierre, chef des apôtres…

C’est un des livres réserves que saint Clément ordonna de cacher au vulgaire. Il est appelé Kitàb-al-Madjàll, c’est-à-dire feuillets pleins de mystères, et renferme beaucoup d’idées, les unes profondes, les autres claires, touchant les mystères que Notre-Seigneur et Dieu et Sauveur, Jésus le Messie, avait fait connaître à im’oûnal-Safa Petros et à son disciple Yaq’oûb (saint Jacques). Ceux-ci traitèrent des choses qui eurent lieu depuis la création et de ce qui arrivera jusqu’à la fin des temps ; ils parlèrent de la seconde venue de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, et de ce que feront les hommes vertueux et les méchants. C’est le livre qui, depuis le temps des saints apôtres, resta caché à Nicosie, ville de l’île de Chypre. » D’après la notice qui figure en tête du ms. 76, le rns. était conservé à Chypre « dans la demeure d’un évêque » . Comme on le voit, le titre et la préface rattachent étroitement cet ouvrage à la lettre de saint Pierre à saint Jacques, P. G., t. ii, col. 25-32, et aux enseignements prêtés à saint Pierre par le I er livre des Récognitions dans les passages que nous venons de citer. Ce fait est d’autant plus remarquable que le « Clément » serait d’origine arabe et que la lettre de saint Pierre à saint Jacques et les Récognitions n’ont pas été traduites en arabe à notre connaissance, car on ne peut regarder comme une traduction les courts résumés publiés par M me D. Gibson. En 956-957, Masoudi mentionne ce « livre de Clément » et ajoute que beaucoup de chrétiens n’admettent pas son authenticité. Cf. Notices et extraits des mss., Paris, 1810, t. viii, p. 110, 177.

Dans la I’e partie, l’auteur arabe reprend la Spelunca syriaque attribuée à saint Éphrem, et la fait précéder d’une courte introduction, Gibson, p. 1-3, dans laquelle saint Clément nous apprend qu’il s’est attaché à saint Pierre ainsi que ses deux frères Faustus et Faustinus : vingt ans plus tard, saint Pierre lui a révélé, ainsi qu’à son père et à sa mère Métrodora, les mystères que lui avait confiés N. S. Jésus-Christ sur le mont des Oliviers. Deux questions surtout préoccupent saint Clément ; il voudrait connaître les événements depuis le commencement du monde, afin que les Juifs ne puissent pas lui reprocher de ne pas connaître leur loi ; il voudrait aussi apprendre la généalogie de la sainte Vierge ; l’auteur insère ensuite la Spelunca qui répond bien à ces deux questions, car elle résume la Bible depuis la création jusqu’à la naissance de la sainte Vierge dont elle ajoute ensuite la généalogie, p. 56-58. De place en place, pour mieux démarquer l’ouvrage, l’auteur introduit la locution : « ô mon fils Clément, » cf. p. 40, 42, 45, 47, tandis que le syriaque porte simplement : « ô frère selon la loi » (M. Bezold traduit à tort par : ô frère Némésius). Nous avons donc là un intéressant exemple de la constitution d’un apocryphe clémentin à l’aide d’un ancien écrit. La publication de M me D. Gibson s’arrête au c. xxi, celle de Bezold s’étend un peu plus loin, les autres chapitres (xxii-xci) traitent de la naissance de N.-S. Jésus-Christ et de sa vie (xxii-xxiv), puis des mystères cachés : la Trinité, la création, les ordres des anges (xxvi-xxviii). Viennent plus loin des passages apocalyptiques concernant les rois, les peuples et diverses calamités qui les atteindront (xi.vi-i.), etc. Le c. lxxxviii est consacré aux disciples l’est us et l’estinianus. Par simple suppression d’un point ces noms propres peuvent élre lus dans l’arabe Constant et Constantin. Le nom de Mattidia est devenu Métrodia et le ms. 76 de Paris, fol. 112, a rétabli en marge : Métrodora, quiest la leçon de l.i version syriaque des Récognitions.

C.t^ quelques détails sur des ouvrages dont la moindre partie seule a été publiée suffisent pour montrer qu’ils se rattachent au ycle des apocryphes clémentins et qu’ils réservent encore maints sujets d’études pour déterminer leurs source- ; et l’époque de la Composition (le

L’ouvrage définitif (vnr 3 siècle) et de ses sources. Nous croyons — sans avoir pu contrôler, cette idée qui repose l _M !)

CLÉMEN1 INS’IP0CR1 PHI

220

seulement

l Cibson et sur 1 Pari que li

dai tiom menti ni : l’éthiopii n l’ai

divisé en huit livn et 1 Bpabt divin n 91 chap

ne forment qu un eul et mon ivrage, H ri ite i l< publier, 4 voir dans qui Ile mesure li détails i" uvenl , iiii.. n rcher laquelle di i trois divisions a le

plus de chanci d i tre primitive.

III. Ai n ni SCI i mi NTIN8. - I. IlIl TTRB&

w vu rgi s, l’La version syriaque

de ces letl (l’"- IMI, n unique écrit

pn de Mardin en 1470 ; elle lui publiée pour la première fois par J. Wetstein en 1752, puis rééditée par Gallandi et Migne avec de nombreuses fautes, enfin par Beelen, Louvain, 1856. De plus, elle fut traduite en allemand par I’. Zingerle ; en français par M « ’Clément illecourt, évéque de la Rochelle et de Saintes, et enfin en latin par M. Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1881, t. n. p. i-vii. 1-27.

Ces lettres sont visées par saint Épiphane, M » , -., xxx. 15, P.’<'., t. xii. col. 129, et saint Jérôme, Contra Jovin., i, 12, P. /-., t. xxiii, col. 228 ; la première est citée vers 157 par Timothée d’Alexandrie. Cette citation traduite en syriaque est conservée dans un me. du vi 1 siècle. Des fragments grecs ont été insérés pur Antiochus, moine de Saint-Sabas, dans ses Pandectes, vers l’an 620. Cf. Cotterill, Modem Criticism « ml Clemenfs epp. lu virgins, Edimbourg, 1881, p. 115-126. Tous ces auteurs attribuent les lettres à saint Clément de Home. Enfin, Marouta, évêquede Maiphercat, dans son esquisse de l’histoire du monachisme, mentionne au commencement du ve siècle « la lettre » de Clément aux vierges ; il y reconnut un fragment de l’histoire ancienne du monacliisme et il ajoute qu’elle était adressée à Denys l’Aréopagite.

Analyse.

La première lettre est plutôt théorique ;

elle enseigne ce que l’on doit faire ; la seconde est plutôt pratique ; elle raconte ce que fait l’auteur dans diverses conjonctures et ce qu’ont fait les patriarches. Nous renvoyons à la division en chapitres introduite par Wetstein et reproduite dans les autres éditions.

I™ lettre. — Il ne suffit pas du nom de vierge, il faut la foi et les œuvres (iij ; le nom sans les œuvres ne peut pas introduire au ciel, car c’est aux fruits qu’on reconnaît l’arbre (m). Il faut renoncer au monde et s’arracher à tous les plaisirs du corps sans se borner à renoncer au seul ; Cresciteet multiplicamini(rv) ; louange de la virginité (vi) ; devoirs des vierges (vin), l’auteur doit retracer ces devoirs à cause des hommes qui demeurent avec les vierges sous prétexte de piété, qui voyagent avec elles dans les déserts, qui vont les trouver dans leur demeure sous prétexte de les visiter, de lire les saintes Écritures, de les exorciser ou de les instruire (x) ; ce sont des oisifs semblables aux veuves qui vont de maison en maison pour causer, ils enseignent ce qu’ils ne connaissent pas (xi). Cependant l’auteur ne condamne que les abus et il termine en disant qu’il est bien d’aller enseigner lorsqu’on en est capable (xi), comme de visiter les veuves et les orphelins et surtout ceux qui ont beaucoup d’enfants et les malades (xii) ; il est bien aussi de ne pas envier le prochain, de faire avec piété les ouvres du Seigneur et d’imiter ceux qui ont bien agi (xill).

Il lettre. — L’auteur apprend à ses correspondants comment on agit dans le pays où il est : on n’habite pas avec les vierges, on ne mange pas avec elles ; si l’on se trouve dans un pays où il y a des frères, on entre chez l’un d’eux, on y convoque les autres et on les instruit (i) ; S’il est trop lard pour rentrer Chez soi et si les frères insistent, on veille avec eux. puis on se relire chez un homme saint (consacré à Dieu ?) eton n’admet là aucune femme, ni vierge, ni mariée, ni vieille, ni consacrée à


endroit où i iui les hommes sont mariés on peut | i

[ue i on i

dorment (m) ; dans un < adroit où il n a pu de i tiens mais leulement di - ehrétiennei ou u i réunit les exhorte au bon, on leur lit la sainte puis

on demande à uni p i une dem

où n’entrera aucune femme (rv) ; dam un endroit où il n v a qu une femme chrétienne, on ne doit pa m linles saintes Ëcritau os un endroit ou il

n’y a que dei païens, on - conduira de manière à les édifier, mais on n chantera pas et on n’lira pu les saintes Ecritures (vi), Viennent en exemple*

des patriarches : de Joseph (vin), de Samson i David i. d’Ammon et Thamar (xi ; de Salomon (xii) ; de Suzanne un. d< - prophi

de N. S. Jésus-Christ (xv). hauteur conclut : i Nous ous demandons, à vous qui êtes nos frères dan Seigneur, d’observer toncela chez vous comme nous le taisons) chez nous… Celui qui veut vraiment conserver la chasteté nous écoute, el la vierge qui veut vraiment conserver la virginité- nous écoute, mais celle qui ne conserve pas en vérité la chasteté ne nous écoute pas. »

3° Théories littéraire » . — Nous trouvons encore ici les théories opposées défendues avec une craie conviction. Le premier éditeur, Wetstein, puis Mf’de Villecourt et Beelen regardent ces lettres comme un écrit authentique de saint Clément de Rome ; ils réfuient les adversaires et abondent en arguments extrinsèques et intrinsèques en faveur de leur opinion. D’autres, bien plus nombreux, n’admettent pas l’authenticité dis lettres, mais ne s’accordent pas d’ailleurs sur l’époq le lieu de leur composition. Citons parmi les derniers et les principaux MM. Funk, Cotterill, liardenhewer, Krûger, Uhlhorn et Harnack. M. Funk fait remarquer que l’auteur des lettres introduit, sans en faire mention expresse, les passages de l’Écriture, et utilise tout le Nouveau Testament, tandis que saint Clément mentionne les livres qu’il cite et ne cite que quelques livres du Nouveau Testament ; d’ailleurs, leur style est différent, les ressemblances signalées par Beelen ne portent que sur des lieux communs ; enfin les désordres signal, s supposent un relâchement et une époque assez tardive. Les lettres n’ont pas été- écrites avant le III » siècle et sont peut-être du commencement du iv. M. Cotterill a imaginé’qu’elles avaient pu être composées su moyen âge pour correspondre aux mentions de saint Kpipliaue et de saint Jérôme ; cette théorie qui renverse le problème ne mérite pas de retenir l’attention. M. llarn iek suppose que les deux lettres n’ont pas pu être écrites avant le commencement du IIIe siècle ni longtemps après. D’après lui, leur date de composition pourrait été portée avec grande vraisemblance dans les dix premières années du IIIe siècle. De plus, à l’origine, les deux lettres n’en formaient qu’une, car la première n’a pas de finale et la seconde manque d’Inripit. Maruta mentionne aussi « la lettre » et non c les lettres » de Clément ; d’ailleurs, elles ne portaient pas le nom de Clément, car rien dans le contenu n’indique qu’on ait voulu le faire passer pour le rédacteur. Mais plus tard, cette lettre fut divisée en deux pour tenir, à la tin des Bibles, la place des deux lettres de saint Chinent aux Corinthiens ; c’est sans doute à cette occasion qu’on ajouta le titre : l Lettres du bienheureux Chinent, disciple de l’apôtre Pierre, i Cette dernière modification a vraisemblablement été faite après Eusèbe, qui ne mentionne pas ces lettres, et se rattache peut-être aux nombreux faux commis en Palestine vers 3t>0 (pseudo-Ignace, Constitutions pseudo-apostoliques). D’autres tiennent qu’elles ont été attribuées à saint Clément par le compositeur lui-même, car le silence d’Eusèbe prouve seu

lement qu*il ne connaissait pas cet écrit ou n’en avait plus souvenance au moment où il écrivait son Histoire ecclésiastique. Wcstcott place leur composition au IIe siècle. Leur lieu d’origine serait la Syrie ou la Palestine, car saint Épipliane, saint Jérôme et Maruta ont pu les connaître dans ces pays ; d’ailleurs c’est dans l’Église syrienne qu’elles ont été ajoutées à la fin de la Bible et utilisées. Nous ferons remarquer ici que ces lettres, écrites en grec, distinguent très nettement le pays d’origine du pays de destination, l’auteur oppose le premier au second ; la Syrie pourrait donc n’être que le pays de destination des lettres. Encore ne faut-il pas confondre le pays qui conserve une traduction d’un écrit avec le pays qui l’a vu naître ou l’a reçu, sinon l’Éthioj pie serait le pays d’origine ou de destination du livre d’Ilénoch, de la Petite Genèse et de tous les ouvrages conservés seulement dans une traduction éthiopienne.

En somme, ces deux lettres, qui pouvaient à l’origine n’en faire qu’une, ont été écrites en grec à une époque très ancienne, car elles supposent qu’il n’existe pas encore de monastère proprement dit, les vierges et les personnes consacrées à Dieu continuant d’habiter leurs propres demeures. Les prédicateurs vont encore de village en village pour prêcher et lire les Écritures. Cf. Didac/tè, c. xi-xiii.

Les abus de cohabitation visés par notre auteur sur lesquels on s’appuie en général pour rajeunir son œuvre nous semblent prouver plutôt son antiquité. Car de tels abus dérivent si directement de la nature humaine qu’ils ont existé de tout temps ; c’est assez tard qu’à l’aide de règlements positifs et de pénalités, on a pu les faire disparaître plus ou moins provisoirement. Le c. xv de la Didascalie est déjà consacré aux fausses veuves dont l’unique occupation consiste à interroger, à errer, à mendier et à jalouser leurs voisines. Cf. Épitres aux vierges, i, 10-42. Lucien de Samosate a décrit à la fin du IIe siècle des abus plus criants encore ; des prédicants écrivaient (inventaient) des livres (saints), en imposaient aux veuves et aux orphelins par des dehors pieux et en profitaient pour amasser de l’argent. Cf. Sur la mort de Peregrinos. Enfin saint Paul lui-même, après un passage (II Tim., ni, 2-5) qui semble visé dans la première Épitre aux vierges, c. viii, ajoute : Ex lus enim sunt qui pénétrant domos et captivas ducunt mulierculas oneratas peccalis quæ ducuntur variis desideriis. II Tim., iii, 6. Ailleurs, il réclame pour lui comme pour les autres apôtres la faculté de se faire accompagner d’une « femme sauir » . I Cor., ix, 5-6. C’est donc dès les temps apostoliques qu’il y eut des controverses au sujet des relations entre les prédicanlset les « sœurs » , et la critique interne permet de placer ces lettres au IIe siècle aussi bien qu’au III e. Elles furent écrites par un prédicant qui habitait un pays de rigide observance (l’Occident ? l’Egypte ?) pour gagner à son genre de vie les habitants de la Syrie ou de la Palestine, car il oppose en plusieurs endroits, cf. il, 1, 16, sa manière d’agir à celle de ses correspondants, à moins d’admettre — car le champ des hypothèses est illimité — que ces détails eux-mêmes ne constituent qu’un faux de plus et que l’écrit a été composé en Sj de ou en Palestine par le Peregrinos de Lucien de Samosate ou par un de ses émules pour étonner ses auditeurs et pour capter ainsi plus sùrerement leur admiration et leur confiance.

I. Éditions.

La première édition fut publiée avec une traduction latine, parJ. Wetstein : Dux epislolx S. démentis Romani, discipuli Pétri apostoli, quas ex cmlice manuscripto Novi Testamenti syriaci nunc primum erutas, cum versiune latina apposita…, Le)de, 1752. Cette traduction latine fut reproduite par Mansi, Concil., I. r, col. 144-156, et, avec le texte syriaque, par Gallandi, Bibt. vet. Patrum, l i Elles furent traduiteà nouveau par Zingerle, Die zwei Briefe des heiligen Wemene von Rom an die Jungfrauen, Vienne, 1827, et par

M « * Clément Villecourt, Les deux Epitres aux vierges de S. Clément Romain, disciple de S. Pierre, avec une dissertation qui en établit l’authenticité, Paris, 1853. Migne réédita le texte syriaque d’après Gallandi avec les dissertations et la traduction latine de M" G. Villecourt, P. G., t. I, col. 319-452. Enfin J. Th. Beelen publia : Sancti Patris nostri démentis Romani epislolx binx de virginitate, in-4°, Louvain, 1856. Ce volume forme un véritable monument littéraire. Après de longs prolégomènes, il édite le texte syriaque d’après une collation soignée du manuscrit et y ajoute une nouvelle traduction latine, p. 1-113. Il reproduit ensuite le texte syriaque muni de points voyelles avec de nombreuses notes grammaticales, p. 115-214. Enfin il réimprime sur pages parallèles les traductions de Wetstein et de Zingerle, p. 216-293. Viennent encore quelques fragments exégétiques tirés du ms. de la Bible qui a conservé les deux lettres de Clément, des index et un erratum, p. 295-329.

II. Travaux.

Funk, Opéra Patrum apostolorum, Tubingue, 1881, t. II, Introduction, p. i-vn, et traduction latine, p. 1-27 ; Id., Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. ii, p. i-vm, lxi-lxviii, 1-27 ; A. Harnack, Sitzungsberichte der Ak. der Wiss. zu Berlin, phil. hist. Classe, Berlin, 1891, p. 301-385 ; Die altchristliche Litteratur. Die Ueberlieferung, Leipzig, 1893, p. 518-519 ; Die Chronologie, Leipzig, 1904, t. ii, p. 133135 ; J.-B. Lightfoot, S. Clément of lïome, t. i, p. 407-414 ; G. Kriiger, Geschiclite der altchristlichen Literatur in den ersten drei Jahrhunderten, Fribourg-en-Brisgau, 1895, p. 226-227 ; Uhlhorn, Realencgcl. fur prot. Theol., Leipzig, 1898, t. iv, p. 170-171 ; O. Bardenhewer, Geschichte der allkirchl. Literatur, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. i, p. 113-118. On trouvera toute l’ancienne littérature dans Beelen.

II. les lettres décrétales.

Ces lettres, au nombre de cinq, ont été publiées dans les divers recueils de droit canon et P. G., t. i, col. 459-508. La première, adressée à Jacques, frère du Seigneur, n’est autre que la lettre déjà décrite en tête des Homélies clémentines qui a été interpolée « par Isidore Mercator ou plutôt par un auteur beaucoup plus ancien » , P. G., t. i, col. 463, et allongée d’un long appendice, col. 472-484, qui aurait été ajouté vers l’an 800. Ibid., col. 471, note 12. C’est cet appendice, depuis Psenitemini, inquit, et veram agite psenitenliam, col. 472, que Le Fèvre d’Étaples a rejeté à la fin de son édition des Récognitions, sous le titre de : Comjilemenlinn epistola (sic) démentis. Voir col. 204. La seconde lettre, adressée aussi à Jacques, frère du Seigneur, est intitulée : De sacratis vestibus et vasis, ou encore : De sacramentis Ecclesise. Elle traite, en effet, dans la première partie, de la conservation et de l’administration de la sainte eucharistie, des soins à donner aux vases sacrés, etc. La troisième lellie, qui aurait été traduite du grec par Rulin, est adressée aux évêques, aux prêtres, aux diacres, etc., sur l’office du prêtre et des clercs. Dans cette lettre et dans les deux suivantes, on trouve un grand nombre de passages parallèles aux Récognitions, et parfois les mêmes termes. Citons le baptême au nom trinæ beatiludinis, col. 493, la théorie du vrai prophète, col. 491, etc. ; cf. col. 495, note 38 ; col. 497, n. 58. Il semble donc que ces trois dernières lettres aient été tirées en partie des Récognitions pour justifier leur tilre dans une certaine mesure. Dans la quatrième lettre adressée à ses disciples Jules et Julien et aux nations, saint Clément est censé exhorter ses correspondants, tombés dans l’erreur, à revenir à la vérité, il leur donne divers enseignements sur la séparation des fidèles et de leurs parents infidèles, sur le baptême, la confirmation, le mariage. La cinquième lettre adressée a saint Jacques et aux habitants de Jérusalem leur recommande la vie commune et leur rappelle qu’ils doivent demander à la tradition le sens des passages de l’Ecriture.

Ces lettres sont donc remplies de préceptes excellents ; on a admis longtemps leur authenticité ; Turrianus en particulier l’a vivement défendue. Cf. Adversus Magdi-b. cculurialores pro canonibus apostolorum et epislolis decretalibus libri quinque, Florence, 1572. A l’exception île la moitié de la première lettre qui existe en grec et qui est relativement ancienne, ce recueil a toute chance i « l’-r i lard. Il n’est pai sur d’ail

in il n’mi pat eu m on i auti i saint Clément, cai on trouve une citation d une i neu|i tire de Clérnent qui ne te retrouve pai dans celles qui nom restent. Cf. Elarnack, Allchr. Litt. Die rliel, p. 778.

I M.

i |i du.ii. ii..m h. Mas -.-H’h i

1 1. Geschlchle der

ratur des can. Rechu un Abendlande, i., ., /, 1870, t. i, p. 110-411.

/II. DEUX APOCRYPHBB ÉTBIOPIBN8. — Peut-être tTOU vera-t-on de nouveaux apocryphes relatif-, à saint Clément. Noua pouvons en Bignaler deux qui sont encore à identifier, l’un Bgure dans les manuscrits éthiopiens à la fin ilu Testamentum I). N. J. C. Voir t. ii, col. 1616. Diaprés M. l’abbé Guerrier, professeur à Notre-Dame de l.i Roche (Rhône), le commencement est une apocalypse très voisine de l apocalypse du Testamentum : puis 1rs apôtres, presque tous nommés, écrivent « à l’Église d’Orient, à L’Arabie et à l’Occident » les révélations et les enseignements de Notre-Seigneur ; le morcea termine ainsi : « Kst achevé le Testament de X.-S. J.-C. dans sa paix, dans les siècles des siècles. Amen. « C’est donc aussi un Testament et l’on devra chercher s’il ne dérive pas du Testament donné aux apôtres par Notre-Seigneur sur le mont des Oliviers conservé dans plusieurs manuscrits carchoumis de la Bibliothèque nationale, n. 194, 20 u ; n. 232, : i et <>.

Le second fait suite au précédent dans le ms. d’Abbadie, n. 51. Cf. Catalogue raisonné des manuscrits éthiopiens appartenant à Antoine d’Abbadie, Paris, 1859, p. 62, notes 3 el i. I (après une analyse que nous devons à M. l’abbé F. Jlartin, professeur à l’Institut catholique de Paris, cet écrit traite d’abord du second avènement du Christ et de la résurrection des morts : « Ceux qui sont du Christ lui demandent de leur indiquer les signes de son avènement et île la fin du monde pour qu’ils les fassent connaître à ceux qui viendront après eux et qu’ils les convertissent au christianisme. Le Christ répond : lîeaucoup viendront et diront : Je suis le Christ. Ne les croyez pas. Je viendrai comme l’éclair qui paraît de l’Orient à l’Occident ; ma croix me précédera… Le Christ intercédera auprès de son Père pour les pécheurs ; il ne faut pas leur révéler ce mystère de crainte qu’ils ne comptent sur la miséricorde divine et n’en profitent pour pécher. Le Christ a révélé ce mystère à son disciple Pierre, lequel l’a révélé à son tour à son disciple Clément. » Vient ensuite le iiiv stère grand et secret sur la condamnation des pécheurs, demandé par saint Pierre à Notre-Seigneur i cause de sa miséricorde pour Adam, qui semble encore un mélange de récits scripturaires, d’interprétations personnelles à l’auteur et de passages apocalyptiques et eschatologiques. Cet ouvrage serait à rapprocher du Clément éthiopien et arabe. Il est éidemment de peu d’importance, mais il n’en est pas moins nécessaire qu’il soit publié pour nous faire connaître toute la littérature clémentine, car les plus mauvais ouvrages peuvent reposer sur quelques anciennes sources perdues ou peu connues et nous donner parfois de nouveaux aperçus sur les autres apocryphes qui leur sont apparentés. F. Na.u.