Dictionnaire de théologie catholique/CANADA. Catholicisme

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 69-93).

CANADA. — Nous étudierons bu© Qt le catholicisme et le protestantisme au Canada.


I. CANADA. Catholicisme. I. Établissement et conquêtes de la foi catholique bous la domination française, du commencement du xviie siècle jusqu’au traité de Paris, en 1763. II. Ses luttes et ses victoires sous le sceptre britannique, de 1763 jusqu’à nos jours. III. État actuel.

Le Canada ou, plus exactement, le Dominion du Canada s’étend de l’océan Atlantique au Pacifique ; il est borné au Bud par les États-Unis et les Grands-Lacs ; au nord il n’a d’autres limites que celles que lui assignent l’ardeur des missionnaires, la hardiesse des découvreurs et les mers polaires. Ce cadre, aux proportions gigantesques, embrasse un pays plus vaste que l’Europe, découpé en sept États ou provinces, en trois territoires organisés et cinq non organisés. Les sept provinces de la confédération canadienne sont les provinces de Québec et d’Ontario, appelées aussi Bas et Haut-Canada, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba, la Colombie anglaise et l’Île du Prince-Édouard. L’union des quatre premières remonte à 1867 ; les trois autres adhérèrent successivement à l’union en 1870, 1871 et 1873. Les territoires organisés : Assiniboia, Saskatchewan, Alberta ; et les territoires non organisés : Athabaska-Mackenzie, Yukon, Franklin, Ungava et Keewatin, font également partie du Dominion. Seuls le Labrador et Terre-Neuve restent en dehors, bien qu’ils se rattachent, l’un à la hiérarchie ecclésiastique du Canada, tous les deux aux possessions anglaises de l’Amérique du Nord.

La hiérarchie ecclésiastique étend partout ses réseaux, jusqu’aux missions les plus reculées, mais il s’en faut bien qu’ils soient partout également serrés. Avec ses 1 430 000 catholiques, la province de Québec renferme à elle seule les trois cinquièmes de la population catholique du Canada, estimée à 2 230 000 (recensement de 1901). Environ 800 000 sont dispersés dans les autres provinces ou territoires, plus ou moins mêlés ou noyés parmi les protestants de diverses dénominations. Partout, cependant, sauf au Manitoba, dans l’Ontario et dans la Colombie, le catholicisme l’emporte, par le nombre de ses adhérents, sur chacune des sectes protestantes prises à part. On s’en convaincra par le tableau suivant :

[Tableau à insérer]

  QUÉBEC. ONTARIO. NOUVELLE-ÉCOSSE.
Catholiques
1 429 260
Anglicans
81 563

La religion catholique embrasse environ 42 p. 100 de la population totale du Dominion qui est de 5 371 315 habitants. Dans la dernière décade d’années, elle s’est accrue de plus de 250 000 âmes. Ce gain, qui dépasse celui des sectes susnommées prises ensemble, est dû surtout aux naissances, et a été réalisé en dépit d’un mouvement d’émigration des Canadiens vers le Nord-Est des États-Unis, où l’on compte aujourd’hui plus d’un million de Canadiens français. Hamon, S. J., Les Canadiens français de la Nouvelle-Angleterre, in-8o, Québec, 1891. A l’ouest, un mouvement en sens inverse se produit, faisant affluer beaucoup de protestants de la république américaine dans les riches plaines de la Saskatchewan et du Manitoba, Ces deux mouvements, à l’est d’expansion catholique aux États-Unis, à l’ouest d’invasion protestante dans le Canada, auront-ils sur le catholicisme en ce dernier pays des effets défavorables que l’on peut humainement prévoir ? C’est le secret de la providence.

I. Avant 1763.

Le catholicisme fut implanté au Canada par la France. Les marins des côtes bretonnes et normandes avaient entrevu ce pays, avant que Cabot (1497) et Verazzano (1522) y aient abordé, avant que Jacques Cartier y ait pénétré (1535). Cet illustre navigateur fit trois voyages au Canada. Dans le premier, il reconnut la Gaspésie et fit célébrer la messe sur cette terre (7 juillet 1534) ; dans le second, il remonta l’estuaire du fleuve appelé par lui Saint-Laurent (10 août 1535), jusqu’à Stadacona, aujourd’hui Québec, et a jusqu’au village d’Hochelaga, sur l’emplacement duquel s’élève la florissante cité de Montréal. Après un hiver (1535-1536) au milieu des sauvages, il revint en France. Son voyage de 1541-1542 est sans importance. Si Cartier ne réussit pas à établir une colonie sur les terres dont il venait de doter sa patrie, il faut lui savoir gré des intentions qui le guidèrent. Il voulut contribuer à « l’augmentation future de notre très sainte foi ». Relation de J. Cartier insérée dans l'Hist. de la Nouvelle-France par Marc Lescarbot, Paris, 1609. Cf. Dionne. La Nouvelle-France de Cartier à Champlain, 1540-1603, in-8°, Québec, 1891.

Sans nous arrêter à quelques essais d’établissements coloniaux en Acadie, qui aboutirent à la fondation de Sainte-Croix et de Port-Royal (aujourd’hui Annapoli qui, d’ailleurs, avortèrent par suite de divisions intestines et de l’hostilité de l’Angleterre, mais où il est bon de noter qu’apparaissent les premiers missionnaires, prêtres séculiers et jésuites, arrivons à Samuel de Champlain. fondateur de Québec et de la Nouvelle-France. Champlain avait visité le Canada en 1003 : il s’y fixa en 1608 ; en 1615, il lui donna dans les récollets ses premiers apôtres. Ces religieux inaugurèrent ces missions à l’intérieur du Canada, si fameuses au xviie siècle et auxquelles allaient bientôt prendre une part si glorieuse les jésuites (1625) et les sulpiciens (1657).

Dans les vastes contrées qui s’ouvraient au zèle des missionnaires, habitaient deux races sauvages tout à fait distinctes : les Algonquins et les Hurons-Iroquois. A la famille algonquine appartenaient les Abénakis, voisins de l’océan Atlantique ; les Hontagnais, fixes dans le bassin du Saguenay et du lac Saint-Jean ; les Attikamèques ou Poissons-Blancs des hauts plateaux des Laurentides ; les Outaouais de l’Ile Manitoulin (lac Huron) et beaucoup d’autres peuplades échelonnées depuis la baie d’Hudson jusque dans les praires de l’Ouest. Quant a la souche huronne-iroquoise, elle se divisait en deux grandes branches : les Yendats ou Hurons et les Iroquois. La première s’étendait entre les lacs Huron, Érié, Sainte-Claire et Simcæ, où elle projetait trois rameaux : Attignaouantans, Arendahronons et Attignecnonguahacs. La seconde s’étalait au sud du lac Ontario, où, se ramifiant, elle formait les cinq na

lions : Agniers, Ononlagués, Tsonnontouans, Onnegouthsi et Goyogouins. Il ne paraît pas que la population totale de ces tribus ait dépassé 100000 individus.

A leur évangélisation se dévouèrent d’abord les récollets. Dès leur arrivée (1615), le P. d’Olbeau au milieu des Montagnais, et le P. Le Caron, remontant le Saint-Laurent et l’Outaouais, prêchent la foi en plein pays huron, tandis que deux de leurs compagnons restent à Québec au service des colons et des sauvages d’alentour. Pendant dix ans ils multiplient les voyages ; ouvrent des écoles pour les enfants indiens ; font venir de nouvelles recrues et parmi elles, le P. Viel qui périt dans l’Ottawa, victime de la perfidie d’un Huron, cf. Hist. du Sault-au-Récollet, par l’abbé Ch. Beaubien, Montréal, 1897, et le F. Sagard, qui publia le premier une Histoire du Canada, Paris, 1686 ; s’ingénient pour se créer des ressources et poursuivre leur œuvre ; mais se heurtent à l’indifférence du gouvernement français, à la malveillance de la Compagnie des marchands, qui a le monopole du commerce des pelleteries, et à l’impuissance du gouverneur dénué lui-même de secours.

Se sentant incapables de poursuivre seuls les missions entreprises, les récollets font appel aux Pères jésuites. Les Pères de Brébeuf, Lalemant et quelques autres passent alors (1625) au Canada. Mais tous les efforts des missionnaires sont paralysés par la Compagnie des marchands qui ne tient aucun de ses engagements : attirer des habitants, fixer les Indiens, les accoutumer à l’agriculture, favoriser le catholicisme, en un mot fonder une colonie. Louis XIII et Richelieu la suppriment (1627) et la remplacent par la Compagnie de la Nouvelle-France qui promet d’amener « les peuples qui habitent le Canada à la connaissance de Dieu et de les faire instruire de la religion catholique, apostolique et romaine ». On n’eut guère le temps de voir l’effet de ces bonnes dispositions ; moins de deux ans après (1629), Québec tombait au pouvoir de David Kertk qui guerroyait au compte de l’Angleterre. Port-Royal avait succombé l’année précédente (1628). De l’Acadie, la France ne conservait que le fort Saint-Louis, qui n’avait pas cédé, grâce à la fidélité courageuse de Charles de la Tour. Tous les religieux durent repasser en France (1629).

Le Canada ne fut rendu à la France qu’en 1632 par le traité de Saint-Germain-en-Laye. Le cardinal de Richelieu offrit aux jésuites de reprendre leurs missions. Aussitôt plusieurs traversent l’Océan. Champlain, gouverneur, Jean de Lauzon, président de la Compagnie des Cent-Associés, les aident de tout leur pouvoir. Le P. Lejeune organise le service religieux à Québec, fonde une maison aux Trois-Rivières et ouvre le collège de Québec (16135) qui devint une source de vie intellectuelle pour le pays. Cependant, d’autres jésuites établissent une mission à Miscou, île à l’entrée de la baie des Chaleurs. De là, leur zèle s’étend à la Gaspésie, à l’Acadie et au Cap-Breton. Pendant plus de trente ans (1633-1664), ils marquent leur passage par le baptême d’enfants en danger de mort et la conversion de quelques adultes, jusqu’au jour où les récollets reprirent la direction des missions d’Acadie et de Gaspésie. Champlain était mort (25 décembre 1635) entre les bras du P. Lalemant, heureux des succès de la foi. Après lui, l’ardeur des missionnaires ne se ralentit pas. Le P. Le Jeune s’enfonce dans le pas des Montagnais, suit leurs tribus errantes. Il en rapporte un programme d’évangélisation nettement déterminé. Chez les populations stables, connue les Hurons, l’établissement d’une mission est nécessaire, mais il est inutile chez les tribus nomades. Il faut amener les sauvages errants à se grouper en villages auprès des établissements français, à l’abri des incursions ennemies, et les initier à une vie laborieuse et sédentaire. Sur ce plan, deux fondations sont faites, l’une aux Trois-Rivières, l’autre près de Québec, en un lieu appelé Siliery, en l’honneur du commandeur de ce nom qui en fut l’insigne bienfaiteur. Cf. Les Jésuites et la Nouvelle-France au xviie siècle, par le P. de la Rochemonteix, S. J., Paris, 1895, t. i ; Vie de l’illustre serviteur de Dieu, Noël Bruslard de Siliery, Paris, 1843, p. 17. En 1640, nouvelle mission fondée à Tadoussac qui devient dès lors un centre de propagande catholique. Cf. Arthur Buies, Le Saguenay et la vallée du lac Saint-Jean, Québec, 1880, p. 56.

Tandis que les jésuites poursuivent l’évangélisation des Indiens, la providence envoie à Québec des religieuses hospitalières et des ursulines (1639). Les premières dirigeront un Hôtel-Dieu que dote la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu ; les secondes, à la tête desquelles se trouve Marie de l’Incarnation, pourvoiront à l’éducation des filles. Leur protectrice, Mme de la Peltrie, les a suivies. Ces héroïques femmes rivalisent de zèle pour la conversion des sauvages. Voir abbé Casgrain, Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, Québec, 1878 ; Id., Histoire de la Vén. Mère Marie de l’Incarnation, Québec, 1880 ; Œuvres complètes de l’abbé Casgrain, 4 vol., Montréal, 1890 ; Histoire de la Vén. Mère Marie de l’Incarnation, d’après dom Claude Martin, son fils, par l’abbé L. Chapot, 2 vol., Paris, 1892 ; Lettres de Mère Marie de l’Incarnation, in-4°, Paris, 1681 ; abbé A. Gosselin, H. de Bernières, in-12, Québec, 1902.

Mais la Compagnie des Associés manque à ses engagements. Elle attire peu de colons, ne fait rien pour fixer les Indiens, se désintéresse de la propagation de la foi. D’autre part, les Iroquois deviennent chaque jour plus menaçants. En 1641, le gouverneur de Montmagny doit soutenir contre eux une véritable guerre. Dans ces conjonctures se forme la Compagnie de Montréal. Elle se propose, sans être « à charge au roi, au clergé, ni au peuple, pour seule fin, la gloire de Dieu et l’établissement de la religion dans la Nouvelle-France ». Née de l’inspiration de deux hommes de Dieu, M. Olier et M. de la Dauversière, cf. Vie de M. Olier, par M. Faillon, S. S., 4e édit., Paris, 1873, t. iii, p. 397 sq., encouragée par Urbain VIII, elle trouve dans Paul de Chomedey de Maisonneuve un fidèle exécuteur de ses intentions. Les Associés achètent de M. de Lauzon, directeur de la Compagnie des Cent-Associés, l’île de Montréal (7 août 1640). Moins de deux années après, Maisonneuve, à la tête d’une petite troupe de chrétiens déterminés, parmi lesquels Jeanne Mance, future fondatrice de l’Hôtel-Dieu, débarque dans l’île (18 mai 1642) et jette les fondements de Ville-Marie ou Montréal. Nous ne dirons pas tout ce qu’il fallut d’énergie, « le vigilance et de démarches à Maisonneuve pour affermir et développer l’œuvre naissante ; nous ne retracerons pas les luttes héroïques que la colonie soutint contre les Iroquois pendant plus de trente ans. En 1653 arrive à Montréal Marguerite Bourgeoys, fondatrice de cet admirable institut des sœurs de la congrégation Notre-Dame qui instruisent depuis près de trois siècles les jeunes Canadiennes. Quatre années plus tard (1657), M. Olier mourant envoie les quatre premiers prêtres de Saint-Sulpice : de Queylus, Souart, Gallinier et d’Allet, sur cette terre de Montréal où il aurait di siré venir lui même.

Sur la fondation et les premières années de Montréal consulter Dollier de Cassen, S. S., Histoire du Montréal, publiée par les soins de la Société historique de Montréal, Montréal, 1869 ; Faillon, S. S., Histoire de la colonie française en Canada, 3 in-4°, Montréal, 1865 ; Les véritables motifs de messieurs et dames de la Société de N.-D. de Montréal, pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France, in-4°, Paris, 1643 ; Faillon. S. S. Vie de la Vén. Mère Bourgeoys, 2 in-8°, Paris, 1853 ; Id., Vie de Mlle Mance, fondatrice de l'Hotel-Dieu de Villemarie, Paris, 1853 ; Id. Vie de M. Olier, fondateur du séminaire Saint-Sulpice, 4e édit., 3 vol., Paris, 1878 ; P. Rousseau, S. S., Vie de Paul Chomedey de Maisonneuve Montréal, 1886.

I Y.û

CANADA (CATHOLICISME)

lir, 8

Les jésuites cependant continuent leurs travaux apostoliquea parmi les sauvages. Pour eux eat arrivée l’ère des martyrs. En 1642, le P. Jogues, est « nlevé par Qiersel D’échappé a la mort que par I intervention des Hollandais. Le P. Druillètes porte la foi chez les Âbénakis (1646), cf. G. Bancroft, History 0/ the’mted State » t in. < x ; abbé Maurault, Histoire de » Abénakit Montréal, 1866 ; F. Parkman, The Jesuitt in North America, Boston, 1880, c. a ; le P. Buteux, chez les Altikamèques, où il péril victime des Iroquois au cours d’un voyage (1652). Il u’étail pas le premier i. tom ber sous 1rs coups de ces barbares. Les années 16*8, IukJ avaient vu la destruction de la florissante mission parmi les Hurons. Cette mission occupait 18 jésuites, qui rayonnaient dans toute la contrée située entre la baie Géorgienne et le lac Simcæ, se réunissant seulement pour les retraites. A leur voix les Hurons se convertissaient nombreux, lorsque les Iroquois firent invasion. Ce fut moins une guerre, qu’un massacre jusqu’à l’extermination. Là périrent les Pères Daniel, de Brébeuf, Lalemant, Garnier et Chabanel. Les supplices atroces au milieu desquels succombèrent les Pères de Brébeuf et Gab. Lalemant, brûlés à petit feu, déchirés et mutilés avec un art diabolique pour ménager leur vie et prolonger leurs souffrances, et leur fermeté à tout supporter pour afiermir dans la foi les Hurons, voués à la mort comme eux, leur ont fait donner par le peuple le nom de martyrs (1619). Les Hurons, échappés à la fureur des Iroquois, se réfugièrent les uns dans l’île Manitoulin, les autres dans l’île Saint-Joseph (aujourd’hui Christian Island ) dans la baie Géorgienne, d’où, dès le printemps 1650, ils descendirent à l’Ile d’Orléans, près de Québec. Abbé Ferland, Cours d’histoire du Canada, 2 in-8-, Québec, 1865 t. I, p. 375 sq. Pour cette mission huronne et pour toutes les missions des jésuites, consulter Relations des jésuites, 3 in-4-, Québec, 1858 ; cet ouvrage comprend dans sa I" partie une Briève relation du voyage de Ut Nouvelle-France fait au mois d’avril dernier par le P. Le Jeune et publiée pour la première fois en 1032, à Paris ; Le journal des jésuites, Québec, 1871, publié par les abbés Laverdière et Casgram, en forme le complément indispensable ; de Charlevoix, S. J., Histoire et description générale de la Nouvelle-France, 8 m-v, Paris, 1749 ; Les jésuites martyrs du Canada, in-8°, Montréal, 18/Trois ans avant le massacre des Hurons, les Iroquois avaient assassine le P. Jogues (18 octobre 1646) qui avait tenté un troisième voyage d’évangélisation dans une de leurs tribus : les Agniers. Le P. Bressani, jésuite italien, n’échappa qu’avec peine à ces barbares.

Ilressani.S. J., Relation abrégée de quelques missions des Pères de la Comp. de Jésus, traduit de l’italien par le P. Martin, S. J., Montréal, 1852 ; F. Martin, S. J., Vie du P. Jogues, New-York. Sur les mœurs des [roquois et en général sur les sauvages du Nord de l’Amérique, voir Lalitau, Mœurs des sauvages américains, etc., 2 in-V. Paris, 1723 ; baron de la Hontan, Voyages dans V Amérique septentrionale, etc., réédité en 1 iii, Paris, sous co titre : L’Amérique sept, ou la suite des oyages de il. de la Hontan, in-12 ; Catlin, III Mentions uf the manners customs and condition of the North American Indtans, 9- édit 2 vol., Londres, 1857 ; Me Kenny, History o/ the Indmn tribes of North America, 3 vol., Philadelphie, 18TC : Schoolcraft, Information respecting the history. condition and prospects ofthe Indian tribes of V. S., Philadelphie, 1853.

Ces violences des Iroquois les avaient rendus la terreur de la colonie. Montréal ne dut son salut qu’au courage de Maisonneuve, de Lambert Closse, de I <moyne et au dévouement du jeune Dollard. Profitant d’un moment d’accalmie, 1rs jésuites évangélisèrent les Onnoutagués, 1rs Agniers et 1rs Outaouais. Cf. Les jésuites et la Nouvellè-Franee, t. il, p. 129 sq.

L’année 1650 marque le commencement de la hiérarchie ecclésiastique au Canada. Josque-là 1rs missionnaires s’étaient considérés comme relevant directement,

durant 1rs première années, du saint -m. ! ge, et, depuis

un temps assez long, de l’archevêque de Rottto. A tort

ou à raison, celoi-cf regardait 1° Canada eomtr, dant au spirituel de son autorité et agu qnence ; et ni le gouvernement Irançais, ni le i pontife ae s y étaii nt opposés comme a d ^ns

illégitimes, Quand M. de Queylus fut envoyé a Mont par M. Olier, il obtint de l’archevêque de Rouen II le titre de vicaire général ; et nul au Canada ne songea à élever de doute sur son autorité. Il en usa du ri pour l’avancement de la religion. Il divin à Montréal, travailla a mettre la ville naissante* l’abri des incursions iroquoises.t releva le sanctuaire et le pèlerinage de Sainte-Anne de Beaupré, où l’on accourt aujourd’hui de tous les points de l’Amérique du Nord. Ses pouvoirs expirèrent à l’arrivée de M « r François de Montmorency-Laval, nommé par Alexandre Ml évéque de Pétrée et "vicaire apostolique d i Ue France. M. de Queylus, qui n’avait été informé- directement du changement survenu, ni par la cour de 1 rame, ni par l’archevêque de Bouen. hésita un moment a céder des droits dont il croyait jouir encore, et bientôt quitta le Canada.

Le nouvel évéque eut d’autres difficultés. La vente des boissons enivrantes aux sauvages avait amené des désordres déplorables et démoralisé un trop grand nombre de nouveaux convertis. Les gouverneurs, d’Argenson d’abord, puis d’Avaugour, n’osaient s’j opposer, dans l’intérêt du commerce des fourrures. L’évêque en ivuat à l’excommunication. Cette mesure n’ayant pas suffi, il passa en France, obtint de Louis XIV la révocation d’Avaugour qui fut remplacé comme gouverneur par de Mésy (1663). Les difficultés ne tardèrent pas a renaître à propos du trafic de l’eau-de-vie : elles se compliquèrent de nouveau au sujet d’un conseil souverain créé par le roi pour régler les affaires dune colonie si éloignée. Le gouverneur et l’évêque devaient nommer conjointement et de concert les cinq conseillers qui, avec eux, formeraient le conseil. Cette clause fut la source de regrettables dissensions entre les deux autorités. L’opposition du gouverneur à l’évêque parut aller parfois jusqu’à la violence. Ferland. Cours d’hist du Canada, t. H, p. 24. De Mésy signifia au brave de M.., sonneuve l’ordre de repasser en France (1664). Ce fut un deuil pour le pays. Le gouverneur de Mon i en effet, avait sauvé la colonie, et par la fondation de cette ville et par les échecs répétés qu’il avait inl aux Iroquois. Pendant les vingt-trois années qu’il passa à Ville-Marie, il v avait vu fonder l’Hôtel-Dieu (1642) au service duquel se mirent 1rs saurs hospitalières de Saint-Joseph de La Flèche (1659), l’institut de la congrégation Notre-Dame, œuvre de la sœur liourgeoys M653) ; s’y fixer les prêtres de Saint-Sulpice I651 qui. en 1663, avaient acheté de la Compagnie des Associes de N-D. de Montréal les droits de propriété. seigneurie de l’Ile de Montréal, se chargeant des i à acquitter (près d’un million de lianes et des d. penses à faire pour le bien de la colonie.

A de Mésy mort en désavouant sa conduite envers Ma’de Laval (1665), avait succédé de CourceUes, qui Vint au Canada avec de Tracy envoyé par Louis XIV, sous le titre de vice-roi. afin d’y régler les difficultés pendantes et de réprimer l’audace des Iroquois. Il avait reçu de Coll.. si 1 l’ordre A’é iter tout conflit avec l évéque, comme nuisible aux intérêts du pays. Les Iroquois furent châtiés (campagnes de 1665 et 1666.-t pendant dix-huit ans n’osèrent relever la tête. En 1668, M* de lavai ouvrit un petit séminaire pour la k.nnation sioue des futurs clercs. Dix ans plus lai jeta

les fondements d’un grand séminaire. Dfe « as

ours de son épiscopal il s’était occupé de cette œuvre. Nous trouvons, dès 1663, groupés autour de lui plusieurs jeunes gens qui avaient achevé leur cours classique eu France et à qui l’évêque fait enseigner la théologie. i L’augmentation de la population française [on les

timait à 7000 en 1672) obligea le prélat à créer, en dehors de Québec, un certain nombre de cures ou missions avec un prêtre résidant. La visite pastorale de 1681 en compte 25 de ce genre. Il fallait pourvoir à la subsistance des pasteurs, non seulement pour le présent, mais pour l’avenir ; établir une organisation qui leur permît de compter sur des émoluments réguliers et suffisant à leur entretien. Jusque-là, en effet, les habitants avaient été desservis par des missionnaires et des religieux qui acceptaient ce qu’on leur offrait, mais sans rien exiger. Le prélat imposa la dime. Un acte de 1663 la fixa au 13e ; plus tard, elle fut réduite au 26e des récoltes (1679), le roi devant suppléer au reste. Cette dime, aux termes de l’acte de 1679, n’était payable qu’aux curés fixes et perpétuels. En fait, les curés ne furent qu’exceptionnellement inamovibles. Ajoutons qu’à cette époque, sans y être rigoureusement obligé, tout le clergé faisait partie du séminaire, qui constituait une sorte de corporation, et lui abandonnait ses revenus ecclésiastiques et souvent même ses biens de famille, à charge pour le séminaire de pourvoir à l’entretien de ses membres en santé et en maladie. Le séminaire, de concert avec l’évêque, choisissait parmi ses prêtres les desservants des paroisses et les missionnaires. Abbé Gosselin, Vie de M9 r de Laval, 2 vol., Québec, 1890 ; Id., Le Vénérable François de Montmorency-Laval, Québec, 1901.

Le mouvement des missions ne s’était pas ralenti entre 1660 et 1680. Tandis que le P. Ménard, jésuite, évangélise les Outaouais, le P. Allouez pénètre jusqu’au lac Supérieur et y fonde deux missions (1665), les PP. d’Ablon et Marquette plantent la croix au Sault-Sainte-Marie. D’autres jésuites, se joignant aux explorateurs Saint-Lusson et Cavelier de la Salle, prennent possession des rives du lac Huron, et deux ans après (1672), le P. Albanel s’enfonce, en passant par le lac Saint-Jean, jusqu’aux rives de la baie d’Hudson. Les missions chez les Iroquois, abandonnées pendant les expéditions de 1665-1666, furent reprises, mais sans grand succès. A la date de 1669 remonte la fondation de la mission sédentaire de la Prairie de la Madeleine, au sud de Montréal. Là fleurit, sous la direction des jésuites, une chrétienté qui donna des modèles de foi et de piété : là s’épanouit le lys du Canada, cette Catherine Tegakouita, morte à 23 ans et dont le IIIe concile de Baltimore a demandé que l’on introduisit la cause. Cette chrétienté, transférée au Sault-Saint-Louis (aujourd’hui Canghnawaga), est encore florissante (elle compte plus de 2000 âmes) et après bien des vicissitudes est revenue entre les mains des jésuites (1902). Notons aussi que c’est du Canada que partirent L. Jolliet et le P. Marquette pour la découverte du Mississipi (1673). Récit des voyages et découvertes du P.J. Marquette, NewYork, 1855 ; HeubenGold Thwaites, Father Marquette, in-12, New-York, 1902.

Lés sulpiciens n’avaient pas attendu jusqu’à cette époque pour s’adonner à l’apostolat des sauvages. Dès leur arrivée ils avaient évangélisé ceux que la chasse, le commerce ou un attrait pour la « prière » amenaient à Ville-Marie. Deux il leurs missionnaires, MM. Vignal et Lemaltre, étaient tombés sous les coups des Iroquois. Les missions sulpiciennes lointaines commencent avec MM. Trouvé el de Salignac-Fénelon, frère de l’illustre archevêque de Cambrai, qui fondèrent celle de la baie de Kenté (1668) au point où le lac Ontario se déverse dans le Saint-Laurent. Durant les quatorze années de son existence, elle lui un foyer d’où la foi rayonna dans toutes les contrées environnantes jusqu’à Niagara.

En 1669, M. Dollier de Casson et M. Bréhan de Galli-Qée partirent de Ville-Marie avec Cavelier de la Salle, résolus a pousser à l’ouest jusqu’au Mississipi. Bientôt abandonnés du découvreur, les sulpiciens traversent les lacs Ontario, Érié, Huron, visitent les contrées avoi sinantes, remontent jusqu’au Sault-Sainte-Marie et rentrent à Montréal après avoir pris possession au nom du roi des pays parcourus. M. de Gallinée a écrit une relation et tracé une carte de cette expédition. Cf. Paillon, Hist. de la colonie française en Canada, t. iii, p. 284 sq. ; Margry, Découvertes et établissements des Français dans l’Amérique septentrionale, Paris, 1879-1881, t. i ; Harris, History of the early Missions in Western Canada, Toronto, 1893.

Signalons encore les missions sulpiciennes de la « Montagne », de Gentilly et de l’Ile-aux-Tourtes, situées dans les environs de Montréal. La première, qui s’élevait sur l’emplacement actuel du grand séminaire, fut transportée au Sault-au-Récollet, puis, au xviiie siècle, sur les bords de l’Ottawa, au lac des Deux-Montagnes, à dix lieues à l’ouest de Montréal où elle existe encore aujourd’hui desservie par les sulpiciens.

Pour subvenir aux dépenses des missions et des paroisses fondées autour de Montréal, les supérieurs de Saint-Sulpice n’envoyaient au Canada que ceux de leurs sujets dont les revenus patrimoniaux suffisaient à leurs voyages et à leur entretien. Cette règle fut observée jusqu’en 1760.

Les récollets, de retour au Canada, depuis 1670, s’établirent à Québec et eurent quatre missions : Trois-Rivières, l’île Percée (Gaspésie), la rivière Saint-Jean et le fort Frontenac, sur le lac Ontario. En 1682, M. Dollier de Casson les appela à Montréal. Plus tard, M9 r de SaintVallier leur confia les missions du Cap-Breton et de Plaisance à Terreneuve.

Tandis que les missions se poursuivaient ainsi, M3 r de Laval avait obtenu (1 er octobre 1674) de Clément X l’érection de Québec en évèché, confirmé l’union du séminaire de Québec avec celui des Missions étrangères de Paris (1676), lutté avec énergie contre le gouverneur de Frontenac et l’intendant Talon pour le maintien des droits de son Église et pour l’extirpation du trafic de l’eau-de-vie, érigé un chapitre de chanoines, organisé le système des cures et des dessertes. Cl. Le Vénérable François de Montmorency-Laval, par l’abbé Casgrain, Québec, 1901 ; Le comte de Frontenac, par H. Lorin, Paris, 1895 ; Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), par Th. Chapais, Québec, 1904. Ses dissensions avec Frontenac avaient engagé Louis XIV à rappeler celui-ci (1682) et à le remplacer par de la Barre. Le nouveau gouverneur, au lieu de gagner les Iroquois par de bons procédés, comme avait fait son prédécesseur, fit contre eux une expédition malheureuse (1684) qui devait peu après amener la ruine des missions ".hei les Cinq-Nations. En 1684, Mo r de Laval porta sa démission au roi. Son séjour en France se prolongea jusqu’en 1688. Quand il revint, son successeur, Mur j e Saint-Vallier, avait déjà pris la direction de son Eglise. Le vieil évéque vécut encore vingt ans (1688-1708) et mourut avec la réputation d’un saint. Deux siècles plus tard (23 mai 1878) son corps fut transféré de la cathédrale dans la chapetie du séminaire où il avait souhaité reposer. A la suite de cette fête, une supplique fut adresée aux évoques du Canada en vue d’obtenir du saint-siège l’autorisation d’introduire la cause de M9 r de Laval. Tous y consentirent et un premier procès fut soumis à l’approbation de Léon XIII. M’.i r H. Têtu, Les évoques de Québec, Québec, 1889.

Avant de passer à la période qui s’ouvre avec Ms » de Saint-Vallier, rappelons que Colbert et l’intendant Talon rendirent d’immenses services à la colonie el à l’Eglise naissantes en provoquant un vigoureux courant

d’émigration vers le Canada. Entre 1665 el 1680 il vint au Canada plus de colons que n’en avait amené le demisiècle précédent. Ce qui est mieux, on lui sévère dans le choix des jeunes filles à envoyer, tant au point de vue moral qu’au point de vue physique. On écarta merci les personnes dont les mœurs eussent pu devenir 4-iGl

CANADA (CATHOLICISME ;

] i’12

une cause de décadence et de corrnplion plutôt que d’accroiubement. Charlevoix, Histoire de "’* France ; Faillon, Histoire de la colonie française en Canada, t. iii, p. 210 ; Lettres de Marie de l’Incarnation, lettre i.xxiii : liaillj de Taurines, La nation cana--, -, in-12, Paris, 1894, p. 12 ; Ferland, Court d’histoire du Canada, t. n. p. 12 ; Le Clercq, Établissement de la foi dans la Nouvelle-France, 2 in-12, Paris, 1690. Au nom de M ; r de Saint-Vallier se rattache la fondation de I hôpital général de Québec, œuvre i ; ui coûta à son fondateur beaucoup d’argent et encore plus de soucis. M-> de Saint-Vallier et l’hôpital général de Québec, w 8°, Québec, 1882. Nous avons dit plus haut-que le séminaire et les cures avaient été unis par M : i r de Laval. Le nouvel évoque rompit avec cet état de choses et, par un arrêt du conseil d’État du Il février 1692, il obtint que désormais le séminaire s’occuperait seulement de former le clergé, et, par exception, de pourvoir aux missions, qu’aucune cure ne lui serait unie à l’avenir sans l’approbation de l’évéque. Il obtint de plus que les 8000 livres que le roi donnait annuellement, sur son domaine d’Occident, pour suppléer à Insuffisance des dimes, allassent par tiers au séminaire, aux curés et aux églises. S’il n’était fastidieux d’y revenir, nous parlerions ici des querelles de l’évéque et du gouverneur, M. de Frontenac, au sujet de la vente des liqueurs aux sauvages. Entre l’autorité civile et le pouvoir ecclésiastique ce fut là une source intarissable de discussions pendant toute la domination française.

En 1690, l’amiral anglais Phipps avait attaqué Québec avec 32 vaisseaux. Frontenac pourvut à la défense, tandis que l’évéque exhorta, dans une lettre pastorale, les Canadiens à se conduire vaillamment en se conliant en la sainte Vierge. Apres d’inutiles efforts, les Anglais disparurent ; et le prélat, pour accomplir un vœu, dédia à X.-f). de la Victoire l’église de la basse ville. Debout encore, elle reste comme un monument de la protection du ciel.

Rapportons encore à cette période la construction du palais épiscopal de Québec, la publication d’un catéchisme pour le diocèse, l’établissement des conférences ecclésiastiques, la tenue des premiers synodes, et la fondation, à. Montréal, d’un hôpital général et des frères hospitaliers de Saint-Joseph ou frères Charon (1700). L’ère des grandes missions est passée ; cependant de la Molhe-Cadillac avec cent Canadiens et un missionnaire fonde la ville et la colonie de Détroit (1700). Le séminaire de Québec envoie des apôtres aux Tamorois, entre la rivière des Illinois et l’Ohio ; les récollets prennent les missions de l’île Royale ou Cap-Breton. De leur côté, les jésuites évangélisent les Miamis, les Sioux. les Outaouais, les Illinois et se maintiennent parmi les Iroquois, sinon pour y cueillir des fruits nombreux, du moins pour dissiper les préjugés de ces peuples contre les Français, les empêcher de pactiser avec les Anglais de la NouvelleYork et procurer ainsi la sécurité de la religion an Canada.

L’époque est en effet venue des assauts furieux et répétés de l’Angleterre et de ses colonies, c’est-à-dire du protestantisme, contre la petite colonie catholique dont le gouvernement français, imprévoyant de l’avenir, se désintéresse de plus en plus. Dès la fin du xviie siècle ont cessé les émigrations vers la Nouvelle-France. <*n ne voit plus de ces grands convois faisant voile vers I Amérique toul chargés de populations nouvelles pleines de foi et d’énergie. La colonie ne compta plus pour s’accroître que sur sa propre vigueur et sur quelques immigrations individuelles. En dépil des guerres qui marquèrent le début du xviir siècle, la population canadienne s’élevail en 1718 à 18000 âmes ; el le recensement de 1739, le dernier qui fui hit sous la domination française, nous la montre atteignant le chiffre de 12000, Celait bien peu pour résister à un adversaire qui comp tait, en 1708, 202000 individus, et qui allait croisant chaque année par de continuelles immigrati ras. I. die Burtout était bible, ta population atteignant* peine 2000 habitants d’origine française.

Contre elle se portèrent toul d’abord les efforts de la Nouvelle-Angleterre. Apn a avoir r< sistédeux foien 1704 et en 1707, Port-Royal fut pris 1710) el trois ans plus tard le traite d’Utcechl 1713 cédait à l’Angleterre l’Acadie, Terre-Neuve et la baie d’Hudson.

La terre acadienne avait vu dès 1604 des missionnaire français se lixer sur ses tivei parmi les Micmacs et les Abénakis. Plus tard étaient venus les jésn i col lets et les Pères pénitents. De 1685, < l’époque d dispersion violente des Acadiens par Lawrence en 1 les missionnaires de cette contrée appartinrent surtout à Saint-Sulpice et au séminaire de Québec. Leur succession n’y fut jamais interrompue. Ils furent jusqu’à six à la fois. Parmi les plus célèbres citons MM. Geoffroy, Baudoin, Trouvé, de Brestay, Métivier, de la Gondatie, de Miniac. Chauvreux et Desenclaves, tous prêtres de Saint-Sulpice ; Petit, Thury. Gaulin, du séminaire de Québec. Les jésuites eurent aussi une mission chez les Abénakis du voisinage, et un de leurs missionnaires, le P. Rasles, fut tué par les Anglais. Charlevoix, Histoire de laNouoelle-France, t. ii, 1. XX. La population catholique française, soutenue et consolée par son cl s’était multipliée en dépit des persécutions des Anglais. En un demi-siècle elle s’était portée de 2000 à près de 15 000. bbé Casgrain. Les sulpicient en Acadie, Québec, 1897 ; ld., Un pèlerinage au paysd’Évangeline, Québec, 1888 ; Ed. Richard. Acadia, 2 in-12. Montréal, 1*895. Il serait trop long de rappeler ici par quelle suite de vexations les Acadiens. à qui le traité d Ttrecht avait permis de se retirer ailleurs, s’ils le voulaient, la cession de leur pays à l’Angleterre, à qui peu après la reine Anne avait accordé la libre possession de leurs biens, s’ils consentaient à rester, furent graduellement préparés, par des gouverneurs tels que Nicholson (1714), Caulfield (1716), Pbilipps (1720), Armsti aux

violences inouïes et froidement calculées qui ont voué la mémoire de Lawrence à l’exécration de l’humanité et qu’a immortalisées Longfellow dans son touchant poème A’Êvangeline. Ed. Richard. Acadia Hist linsks of a lost chapter of American histonj, 2 Montréal. 1895.

Pendant que se déroulaient ces événements douloureux pour la religion, le Canada jouissait d’une paix relative. Mais l’on pressentait de toutes parts que les effoi l’Angleterre et de ses colonies se porteraient bientôt conti e ce boulevard de la foi catholique. Au lieu d’envoyer des hommes, la France s’obstinait à construire à grands frais d’inutiles fortifications à Louisbourg et à Québec. En vain, des gouverneurs, comme de Vaudreuil et de la Galissonnière, réclamaient-ils des convois de colons. Le ministère avait d’autres vues et préférait des forlep Isidore Lebrun. Statistique dès deux Canadas, in-S", Paris, 1835 ; Gaillv de Taurines, La nation cauadt, p. 32.

En 1713, Ms » de Saint-Vallier, après 13 ans d absence, dont 5 de captivité en Angleterre, était revenu à Qui Il vécut jusqu’en 1727. soutenant par ses lettres et ses visites les missionnaires et les fidèles de son vaste diocèse, qui s’étendait de Terre-Neuve à la Louisiane. Il fit de riches donations aux divers établissements du pays. On les a évaluées à 600000 livres. Son successeur. M » « Duplessis-Mornay, n’alla jamais au Canada. Il gouverna son diocèse par un administrateur. Ses infirmités l’obligèrent à démissionner en 1733. Il fut remplace par

M Dosquet Le nouvel évéque avait été sulpici membre de la communauté de Montréal. Sur le conseil 1 de M. Tronson, il s’était donné aux Hissions étran

qui manquaient de sujets, et c’est là qu’on l’avait pris

pour l’élever sur le siège de Québec Il s’appliqua sur’t

tout à promouvoir l’éducation de la jeunesse et la vie religieuse dans les communautés. Il écrivit plusieurs lettres pastorales sur ces sujets. L’instruction des filles était alors donnée par les ursulines qui avaient une maison à Québec et une autre aux Trois-Rivières, et par les sœurs de la congrégation Notre-Dame qui comptaient 14 maisons. De plus, ces religieuses avaient formé des institutrices qui répandaient l’instruction dans les campagnes. Pour les jeunes gens, outre le collège des jésuites et le petit séminaire de Québec, on avait ouvert une école des arts et métiers à Saint-Joachim ; et les sulpiciens avaient fondé des écoles latines à Montréal. Cf. Mandements des évêques de Québec, publiés par M3 r Têtu et l’abbé Gagnon, Québec, 1887, t. i, p. 543. L’instruction primaire était donnée par des instituteurs amenés de France ou pris au pays. Les frères Charon en firent passer 24 au Canada. Les religieux et leurs novices s’adonnaient aussi à cette œuvre. Nous voyons même les curés de Montréal, en signant sur les registres, ajouter à leur titre celui de maître d’école.

Ms r Dosquet quitta le Canada en 1735, épuisé par un climat trop rigoureux. Démissionnaire en 1739, il est remplacé par Ms^ de Lauberivière. Après plusieurs années de veuvage, l’Église canadienne se réjouissait de l’arrivée du nouvel évêque (1740) quand il lui fut rapidement ravi. Le prélat s’était prodigué pendant la traversée auprès des soldats atteints du scorbut et avait contracté le terrible mal. Il eut pour successeur, l’année suivante, Ms’de Pontbriand (1741-1760). Ce fut le dernier évêque de la domination française. Il releva sa cathédrale qui tombait en ruines (1744-1748), contribua à restaurer le monastère des ursulines des Trois-Rivières et l’Hôtel-Dieu de Québec (1755), dévorés par le feu, supprima 19 des 35 fêtes cbômées d’obligation, dont il renvoya la solennité au dimanche, établit les retraites ecclésiastiques ; par sa science et sa vertu il fut le modèle de son clergé.

Tandis que les chefs de la hiérarchie travaillaient à l’affermissement de la foi, ils étaient vaillamment secondés par un clergé plus nombreux et par les communautés. Les jésuites avaient encoredes missions, mais elles étaient fort réduites. On estime, en effet, que les maladies contagieuses, l’eau-de-vic et les guerres d’extermination qu’ils s’étaient livrées avaient abaissé le nombre des sauvages à un dixième de ce qu’ils étaient en 1650. Les sulpiciens avaient travaillé sans arrêt à la colonisation <le l’ile de Montréal et de la région environnante. Leurs supérieurs furent tous vicaires généraux de l’évêque de Québec. A Dollier de Casson, décédé en 1701, avait succédé M. Vachon de Belmont (1701-1732), qui fit construire à ses frais le fort de la Montagne, le vieux séminaire encore debout, et commencer le canal de Lachine à Montréal. M. Normant du Faradon, qui le remplaça (1732-1759), sauva d’une ruine imminente l’hôpital général en se chargeant en partie des dettes des frères Charon et en le faisant passer entre les mains des sœurs grises, les « Tilles de la Charité » du Canada, dont il est, avec M me d’Youville, le fondateur (1755). Paillon, Vie de Jlf me d’Youville, fondatrice des sœurs grises, Montréal, 1852 ; M m « Jette, Vie de la Vénérable Mère d’Youville, Montréal, 1900. A Saint-Sulpice de Montréal appartenait également cet abbé Picquet à qui la ville d’Ogdensburg érigeait, en 1899, un monument comme à son fondateur. Missionnaire au lac des Deux-Montagnes, où il construisit un calvaire devenu lieu de pèlerinage, il passa ensuite dans l’Ouest, fonda la célèbre mission de la Présentation (1719) et exerça une telle Influence sur les Indiens qu’il les tint fidèles à la France dans les circonstances désespérées de la dernière guerre (1756-1759), infligea, à la tête de ses bandes iroquoises, plusieurs défaites aux Anglais, qui, ayant vainement tenté de le gagner à leur cause, mirent sa tête à prix ; par son intrépidité, enfin, il arracha au gouverneur

Duquesne ce cri d’admiration : « L’abbé Ticquet me vaut mieux que dix régiments. ».1. Tassé, L’abbé Picquet, dans la Revue canadienne, janvier et février 1870, t. vu ; Bibaud jeune, Le Panthéon canadien, Montréal, 1858 ; Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, 1823, t. xxxiv, p. 289 ; Lettres édifiantes et curieuses, Lyon, 1819, t. xiv ; Mémoire sur la vie de M. Picquet, par M. de la Lande, de l’Académie des sciences, p. 262.

On sait quels événements précipilèrent la chute de la colonie. Ils appartiennent au domaine de l’histoire générale. Après la prise de Québec (1759), Ms r de Pontbriand se retira à Montréal, chez les prêtres de Saint-Sulpice. De là, il instruisit minutieusement ses curés par des lettres circulaires sur la conduite à tenir en ces temps difficiles, et s’éteignit (8 juin 1760), avant d’avoir vu Montréal au pouvoir des Anglais.

Il fallait pourvoir à l’administration d’un diocèse immense. Avec l’autorisation du général Murray, le chapitre s’assembla et nomma des administrateurs : M. Briand, pour la région récemment conquise, M. Perreault pour les Trois-Rivières et la partie encore française, M. Montgolfier, supérieur de Saint-Sulpice, pour Montréal et le Haut-Canada, M. Maillard pour l’Acadie, M. Forget pour les Illinois, M. Beaudoin pour la Louisiane.

Le 10 février 1763, fut signé le traité de Paris qui cédait le Canada à l’Angleterre. Pour l’Église canadienne se fermait la période de l’établissement et de l’affermissement de la religion et s’ouvrait celle des luttes et de l’épanouissement qu’il nous reste à parcourir.

II. Après 1763. — Au moment du traité de Paris, la population catholique, toute d’origine française, comptait à peine 70000 âmes. Tous les chefs naturels des Canadiens avaient regagné la France. Seul le clergé leur restait. Il se trouva investi de la double mission de conserverie peuple dans la foi des aïeux, et de le diriger dans la conquête de ses droits civils et politiques. Cf. Ferland, Cours d’histoire du Canada, t. il, p. 607 ; Gailly de Taurines, La nation canadienne, p. 44 ; E. Rameau, Situation religieuse de l’Amérique du Nord, dans Le correspondant, juillet 1860.

Pendant la discussion du traité de Paris, le clergé adressa à l’ambassade de France à Londres un mémoire sur les affaires religieuses du Canada, réclamant la garantie de l’évêché et du chapitre de Québec et proposant de faire élire l’évêque par le chapitre, avec l’agrément du roi, comme on faisait autrefois dans l’Église. Les agents du clergé offrirent même de loger l’évêque au séminaire, dont il serait le supérieur et dont les membres, devenus chanoines, formeraient son chapitre. « Car, disaient-ils, c’est un usage reçu dans toute l’Église, qu’il n’y a point d’évëque titulaire sans chapitre. »

Autres étaient les pensées du gouvernement anglais. A la hiérarchie catholique il se proposait de substituer la hiérarchie anglicane et se flattait d’avoir aisément raison de la conscience d’une poignée de colons. Après avoir aboli les lois françaises de sa propre autorité, le roi George III exigea des Canadiens le serment d’allégeance. On signifia aux curés que, s’ils refusaient de le prêter, ils se préparassent à sortir du Canada. Même ordre fut donné aux autres habitants. C’était leur demander l’abjuration et la révolte conlre la juridiction du saint-siège. En même temps, on dressai ! un état des églises, îles prêtres, des curés, de leurs revenus, de leurs biens, ainsi qu’un tableau des communautés religieuses, avec un précis de leurs constitutions, droils, privilèges et propriétés. A Londres, un projetait de re «  lever la cathédrale de Québec, au profil de l’anglicanisme, et afin d’intéresser à ce dessein l’archevêque de Canlorhéry, l’évêque de Londres et la Société biblique, on leur faisait entendre que l’on brait main basse sur 1 165

CANADA (CATHOLICISME)

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les biens religieux dea Canadiens. Cf. Garnean, Histoire

du Cumula, I. XI. C. I, [>. 390.

On voit comment le gouvernement anglais entendait conserver aux Canadiens « le libre exercice de leur religion ». il est vrai que le traité de Paris 10 février 1763 ajoutait : « autant que les lois de la Grande-Bretagne le permettent. » Cette restriction laissait une grande latitude pour l’interprétation du traité. Aussi vit-on la cour donner aux gouverneurs du Canada’les instructions où se lisent des articles comme feux-ci : < Art. 32. Vous n’admettrez aucune juridiction ecclésiastique du siège de Rome, ni aucune juridiction ecclésiastique étrangère dans la province soumise à votre gouvernement. - Art. 33. Et afin que l’Église d’Angleterre puisse être établie en principe et en pratique, et que lesdits habitants puissent être amenés par degrés à embrasser la religion protestante, et que leurs enfants soient élevés d’après les principes de cette religion, nous déclarons par les présentes que notre intention est que, lorsque la province aura été divisée en toumships, on devra donner tout l’encouragement possible à l’érection d’écoles protestantes » (7 décembre 1763). Ces articles et d’autres encore donnèrent l’alarme aux Canadiens, qui envoyèrent des délégués à George III pour réclamer le maintien de l’organisaiion ecclésiastique et se plaindre de l’interprétation que l’on voulait donner au traité. Les évoques de Québec, A/u r Briand, p. 269.

Cependant le chapitre avait pu se réunir pour l’élection d’un évêque. Le choix tomba sur M. de MontgolGer, supérieur de Saint-Sulpice à Montréal. Ce digne prêtre partit pour l’Angleterre afin d’y négocier l’affaire de l’épiscopat. Mais son influence était redoutée du gouverneur Murrav, qui fit échouer les négociations. M. de Montgolfier, renonçant alors à l’honneur qu’on lui avait fait, désigna pour le remplacer Olivier Briand, vicaire général de l’ancien évoque. Celui-ci fut plus heureux. Après bien des difficultés, le gouvernement lui lit savoir indirectement que, s’il se faisait consacrer, on n’en dirait rien, et qu’on fermerait les yeux sur cette démarche. Les bulles de Clément XIII furent expédiées le 21 janvier 1766 avec l’agrément de George III et aux conditions exigées par lui, dans la mesure où elles étaient compatibles avec la dignité et l’indépendance de l’Église. D’ailleurs, dans les actes officiels, on refusa à Ma r Briand et à ses successeurs le titre d’évêque de Québec, qui fut remplacé par celui de surintendant du culte catholique, en attendant que Mu r Plessis reconquit son vrai titre à la pointe de l’épée (1813).

Les communautés d’hommes furent condamnées à périr. Récollets, jésuites et sulpiciens eurent défense de se recruter au pays ou de recevoir des membres de l’étranger ; et leurs biens devaient revenir à la couronne. Un décret royal de 1774 supprima les jésuites et confisqua leurs biens. Les représentants de la Compagnie jouirent cependant des revenus jusqu’à leur mort. Leur collège de Québec fut transformé en caserne (4776). Les maisons des récollets eurent bientôt le même sort ; et leur supérieur reçut jusqu’à sa mort 500 livres sterling de pension. Quant aux sulpiciens, de 30, ils étaient réduits, en 1793, à deux vieillards septuagénaires, lorsque le gouvernement se relâcha de ses rigueurs et offrit l’hospitalité aux victimes de la Révolution française. La loi de mort n’épargna pas le chapitre, dont le dernier acte capitulaire dale de 1773. Justement inquiet de ce que deviendrait l’épiscopat après lui, étant données les dispositions hostiles du gouvernement, M » ’Briand s’assura un coadjuteur cum futura successions dans la personne de M’.i r Maria uchau d’Esglis. Ajoutons que le nombre des préires en activité, qui était de 181 en 1759, était tombé à 138.

Les fidèles n’étaient pas mieux traités. Pour eux, point

de place dans les charges publiques, point dans les conseils de la nation. Une sorte d’ostracisme les traquait de

tontes parts. Les protestant ! réclamaient une chambre di i présentants d où les catholiques seraient exclus en principe.

i i -t dans ces conjonctures qu’éclata la rébellion des colonies anglaises d’Amérique. Le gouvernement « Je Londres comprit qu’il fallait à tout prix gagner les Canadiens, et, par l’acte de Québec I771-.il leur rendit li - lois civiles françaises, les dispensa du serment du test, et rétablit leurs droits politiques et civils. C’était un acte de sage politique. En eflet, les Américains firent appel au Canada et voulurent c r, habitants dans

leur révolte contre la métropole, laissant entendre que la liberté- religieuse serait mieux respectée par eux que par l’Angleterre. In ces circonstances, Ms » Briand pi crivit dans un mandement (22 mai 1 775 a -es dû sains la conduite que leur imposaient la conscient la religion. Le Canada fut envahi par les Bostonnais, qui, s’étant emparés de Montréal et des Trois-Bivières, assiégèrent Québec. Mais ils furent battus et Montgomery leur chef fut tué. Néanmoins, ils tentèrent une conciliation et députèrent aux Canadiens le célèbre Franklin et John Carroll, plus tard évêque de Baltimore. Ils invitaient les habitants du Canada à faire cause commune avec eux. Ils promettaient —, u peuple le libre exercice de la religion catholique ; au clergé la jouissance pleine et entière de ses biens ; la direction de tout ce qui a rapport à l’autel et à ses ministres serait laissée aux Canadiens et à la législature qu’ils voudraient se donner, pourvu que tous les autres chrétiens pussent également remplir les charges publiques, jouir des mêmes droits civils et politiques, et professer leur religion, sans avoir à payer la diine, ni de taxe au clergé catholique. Malgré de si séduisantes promesses, le peuple resta docile à son clergé qui lui prescrivait la fidélité à son souverain légitime. Après une série d’échecs, les Américains durent se retirer et Ma r Briand fit chanter un Te Deuni d’action de grâces (31 décembre 1776).

Pendant ces luttes la population catholique augmentait sans cesse. En 1784, elle était de 130 000. Le nombre des prêtres de langue française ne répondait pas aux besoins d’un tel accroissement. Deux citoyens de Montréal envoyés à Londres se plaignent qu’à cette époque 75 cures sont privées de pasteurs. Mais le gouvernement fait la sourde oreille. Les provinces maritimes : Nouvelle-Ec et N’ouveau-Brunswick et l’île Saint-Jean (aujourd’hui Prince-Edouard) se peuplent de catholiques irlandais et écossais, que desservent quelques missionnaires de langue anglaise. Les Acadiens. dispersés en 1755, se groupent sans bruit et se multiplient : mais les prêtres sont rares ; et, en certains lieux, l’on voit un laïque chargé de baptiser et de recevoir les consentements de mai jusqu’à l’arrivée du missionnaire, (’.'est à ces groupes épais de fidèles qu’en 1787 Mb » d’Esglis adressa un mandement dont le titre rappelle rémunération qui se trouve en tête de la première hpitre de saint Pierre. L’évêque l’envoie « à tous les catholiques anglais, écossais, irlandais, acadiens et autres établis à Halifax, au Cap-Breton, à l’île Saint-Jean, à Melburn, à.4ntigonish, à Digby, à Memranikoukq, au (Mj)-Sabte. à la baie Sainte-Marie, à Miramichi, à Annarèchaqt généralement dans toutes les parties de la Nouvelle-Ecosse ». Mandements des évoques de Québec, t. ni. p. 335.

Ms » Briand s’était démis du fardeau de l’administration en 1784. Son successeur M-" d’Esglis, âgé’de7.Vins. se donna un coadjuteur, M. r François Hubert, qui devint titulaire l’année suivante, 1788. ( m doit à cet évoque d’avoir étouffé un projet d’université mixte im _ par les protestants, fondation à laquelle ils proposaient d’appliquer les biens des jésuites ; on lui doit également l’ouverture du Canada aux prêtres français persécutés par la Révolution. Il écrivit dans ce but à Londres un important mémoire. Dès 1793, tout prêtre français, muni

d’un passeport du secrétaire d’Etat, put être reçu à Québec. On en accueillit 31, dont 12 sulpiciens. Parmi ces prêtres, citons les abbés Desjardins, Sigogne, de Calonne et Ciquart, sulpicien, qui furent des apôtres parmi les Acadiens. « C’est à ces confesseurs de la foi que la race acadienne dut son organisation ; ce sont eux qui sont les vrais fondateurs de sa nationalité. »

Abbé Casgrain, Pèlerinage au pays d’Évangeline ; Histoire du monastère des ursuîines des Tr ois-Rivières, 2 in-8°, Trois-Rivières, 1888-1892 ; cet ouvrage renferme une biographie étendue de l’abbé de Calonne, frère du ministre de Louis XVI, mort en odeur de sainteté aux Trois-Rivières, 1822. Elle a même été publiée à part sous ce titre : Vie de l’abbé de Calonne, in-18, Trois-Rivières. Sur M. Ciquart, S. S., M" Tangay, Répertoire général du clergé canadien, in-8°, Montréal, 1893. Une vie manuscrite de ce missionnaire est conservée au séminaire de philosophie à Issy.

Grâce à ce renfort, le clergé canadien se trouva porté à 160 prêtres ; 9 étaient dans la Nouvelle-Ecosse et 4 dans le Haut-Canada. Nous relevons d’autres détails précieux dans un mémoire dcMs 1’Hubert au Saint-Siège. Il constate que les catholiques s’élèvent au nombre de 160 000 ; qu’en dépit des pièges tendus à leur foi, il n’y a pas cinq catholiques qui aient apostasie, tandis que deux à trois cents protestants se sont convertis ; bien que l’érection de l’évêché de Baltimore (1789) ait enlevé à la juridiction de Québec tout le territoire cédé aux États-Unis, l’étendue de ce dernier est encore trop vaste. Il ajoute : « Il en faudrait plusieurs, mais ce projet trouverait des obstacles insurmontables de la part de la Grande-Bretagne, qui s’occupe, au contraire, des moyens d’établir en ce pays un clergé protestant. Il faut donc attendre des circonstances plus favorables pour cette division. Cependant, le nouveau coadjuteur de Québec, se proposant de faire sa résidence dans le district de Montréal, on espère que le gouvernement s’accoutumera insensiblement à y voir unévêque » (1794). Mandements des évolues de Québec, t. il, p. 471.

Avant de clore le xviiie siècle, signalons la fondation du collège de Montréal (1767) par M. Curatteau de la Blaiserie, prêtre de Saint-Sulpice ; avec le petit séminaire de Québec, cet établissement était jusque-là le seul foyer d’instruction classique. Disons aussi que le clergé fut très occupé à relever les ruines amoncelées parles guerres. A Québec en particulier tout avait été à refaire : palais épiscopal, Hôtel-Dieu, hôpital. M’.i r ll. T’iu, Hist. du palais épiscopal de Québec, in-8°, Québec, lo. 0. A Montréal, PHôtel-Dieu (1765) et l’établissement de la Congrégation (1769) incendiés trouvaient une providence dans M. de Mon tgol fier et Saint-Sulpice.

A Mo r Hubert succéda Mb’Denaut (1797-1806). Sous son épiscopat la lutte du protestantisme contre l’Église se traduisit par l’établissement de l’Institution royale, due à l’initiative de l’évêque anglican. On nommai I ainsi une corporation habilement composée et destinée à monopoliser l’instruction à tous les degrés en concentrant les pouvoirs entre les mains du gouverneur. Par elle, l’éducation arrachée au clergé catholique tombait au pouvoir des protestants et L’œuvre de séduction s’exerçait librement sur l’enfance et la jeunesse. Le gouverneur pouvait, à sa discrétion, établir des écoles gratuites dans toute paroisse ou townshipde la province, et nommer deux ou plusieurs commissaires dans chaque comté-. Ces commissaires achetaient des terrains sur lesquels ils faisaient construire aux frais des habitants les maisons d’écoles. La nomination des instituteurs et leur traitement dépendaient du gouverneur. L’évêque anglican, h’D’Mountain, fut choisi comme président de l’Institution, ce qui suffit pour donner l’éveil au clergé et au peuple. Une restriction, mise à la loi, en lit échouer l’application. Il y (’tait dit que la maison d’école ne se construirait que si la majorité la demandait au gouverneur par requête. S’appuyant sur ce sta tut, le clergé dissuada les Canadiens de faire cette demande, et anéantit ainsi les projets du parti anglais. Cf. S. Pagnuelo, Études historiques et légales sur la liberté religieuse en Canada, in-8°, Montréal, 1872.

La lutte n’était pas finie. Elle allait s’engager plus ardente, mais se terminer tout à l’avantage du catholicisme, grâce au grand évêque Octave Plessis que la providence mit alors à la tête de l’Église canadienne (1806). Le prélat trouvait le diocèse dans une situation difficile. Une oligarchie puissante et fanatique entreprenait résolument de réduire l’Église à n’être que l’esclave du pouvoir civil, à en faire comme en Angleterre l’humble servante du gouvernement, en définitive, à mener insensiblement le Canada au protestantisme par voie gouvernementale. Ce projet eut pour principal fauteur un certain Witlius Ryland, qui fut secrétaire des gouverneurs du Canada de 1790 à 1812. Cet homme actif et haineux professait que l’existence de la religion catholique était un danger perpétuel pour l’État, et se déclarait prêt à l’extirper par tous les moyens, même par la force. D’après lui, il fallait confisquer toutes les propriétés religieuses, ôter au catholicisme sa situation prépondérante, le traiter en culte dissident et toléré par condescendance du pouvoir. Ryland avait des complices dans Sewell, procureur général, Mountain, évêque anglican, Monk, juge en chef : ils n’eurent pas de peine à s’emparer du gouverneur James Craig, dont l’administration a été qualifiée de régime de la terreur. On signifia à Mfl r Plessis que sa désignation officielle était celle de surintendant ou de notaire apostolique ; on réclama de lui un acte reconnaissant la suprématie royale en matière de religion ; on revendiqua pour l’Etat le contrôle de l’administration religieuse et la nomination des curés.

Tous ces projets échouèrent devant la fermeté, toujours pleine de douceur et d’une courtoisie irréprochable, de Mo’- Plessis, en qui s’incarna pendant quinze ans (1800-1815) la résistance des Canadiens catholiques aux Anglo-protestants. Ce prélat sut garder entière son indépendance, n’abdiquer aucun de ses droits, ne céder aucun de ses titres, sans jamais blesser le sentiment anglais. Aussi, lord Castlereagh, ministre des colonies, répondait-il à l’évêque anglican de Québec : « Ce serait une entreprise fort délicate que d’intervenir dans les affaires de la religion catholique, ou de forcer l’évêque titulaire à abandonner son titre et à agir, non comme évêque, mais comme surintendant. » Ryland, qui était passé en Angleterre pour se plaindre lui aussi, futéconduit par Robert Peel.

Quand les Anglais eurent reconnu qu’il fallait s’accommoder du catholicisme et accepter son organisation, ils voulurent l’asservir en faisant accepter un traitement à ses ministres. Le gouverneur Craig lit entendre à l’évêque qu’il (’-tait prêta lui reconnaître son titre et les prérogatives de son rang, à lui accorder un traitement de 20 000 livres, à étendre même les faveurs royales à tout le clergé, à condition que le sacerdoce fût envisagé comme une fonction publique et que la nomination aux cures se fit avec l’assentiment du pouvoir. « Cette transaction, ajoutait Craig, revêtira les prêtres catholiques d’un caractère légal et leur conférera l’avantagé d’être assimilés aux membres de l’Eglise royale anglicane. » Le gouverneur tenait surtout à la nomination des cures. Mï’Plessis fut inflexible, et pour échapper aux obsessions qui l’entouraient, il rédigea, sur l’invitation de sir George Prévost, qui avait succède à Craig, un mémoire célèbre. « Je suis obligé de déclarer d’avance, écrivait-il au gouverneur, qu’aucune ollrc temporelle ne me ferait renoncer à aucune partie de ma juridiction spirituelle. Elle n’est pas à moi ; je la tiens de l’Église comme un dépôt. » Le mémoire se divisait en trois parties : I" ce qu’étaient les évéques au Canada, avant la conquête ; 2° ce qu’ils ont été depuis ; 3° l’état où il serait à propos 171’qu’ils fussent à l’avenir. Dans la II’partie, il déclare qu’à dater de la capitulation de Montréal le chapitre msidéra comme revenu à l’ancien droit suivant lequel l’évéque était élu par le clergé de l’Église vacante et confirmé par le pape, sont e bon plaisir du souverain ; que l’évoque -le Québec, depuis 1770. a toujours eu un coadjuteur cam fulura luccessione, proposé par lui, agréé par le gouverneur, confirmé par le saintsiège ; que tous ses prédécesseurs ont fait preuve de la loyauté la plus scrupuleuse envers l’Angleterre ; que leur autorité étant toute spirituelle et s’exerçant seulement sur les sujets catholiques, on ne leur avait jamais contesté, en fait, jusqu’à ces dernières années, ni leurjuridiction, ni leur titre d’évéques. Il réclamait, dans la III’partie, le maintien des mêmes droits et leur reconnaissance officielle ; et, comme conséquence, le droit de propriété pour lui et ses successeurs.

On en était là quand éclata la guerre entre la Grande-Dretagne et les États-Unis (1812). Ma » Plessis visitait alors les extrémités de son diocèse. En son absence, ses vicaires généraux écrivirent des mandements pour inviter le peuple à la fidélité et au courage contre l’ennemi. Lui-même, à son retour, n’épargna rien pour aider à la défense du pays. Ce ne fut pas en vain. Les américains des États-Unis, vaincus en plusieurs rencontres, se retirèrent. L’évéque put transmettre à ses curés « la parfaite satisfaction du gouverneur pour l’assistance qu’il a reçue de leur part, tant pour la levée des milices, que dans le maintien de la subordination parmi elles ». Sir George Prévost fit plus ; il obtint du prince régent la reconnaissance officielle du titre d’évéque catholique de Québec pour Mo’Plessis avec 20 000 francs d’appointements. A l’évéque anglican qui protestait contre une telle faveur, lord Bathurst répondit : « Ce n’est point quand les Canadiens se battent pour l’Angleterre qu’il faut agiter de pareilles questions. » Ainsi, après quinze ans de luttes, étaient reconnus l’indépendance et les droits de l’évéque.

Pagnuelo, Études sur la liberté religieuse en Canada, c. ixxi, p. 80-120 ; J.Guérard, La France canadienne, dans Le correspondant, avril 1877 ; Garneau, Hist. du Canada, t. iii, 1. X11I, c. il ; t. XIV, c. i ; Mandements des évêques de Québec, t. m ; Conversations entre sir Craig et M" Plessis. p. 59 ; Mémoire au gouverneur, p. 79 ; L.-O. David. Biographies et portraits. Montréal, 1876, M" Plessis. p. 80 ; H. Gliristie, History of Canada, 5 in-8° Québec, 1848-1854 ; Montréal, 1855, t. vi ; French, Biographical notice of J. O. Plessis, bisliop of Québec, in-8’, Québec, 1*04 ; c’est une traduction d’un ouvrage français par l’abbé Ferland ; Le Foyer canadien, t. i, p. 149-230 ; Bédard, Histoire de cinquante ans (H91-1811), in-8-, Québec, 1809,

C. IV, V.

Lord Sherbrooke, qui succéda à sir George Prévost. reçut des instructions secrètes du gouvernement anglais pour se concilier l’évéque catholique. A ce litre, AbuPlessis entra au conseil législatif, en dépit des protestations de Sewell qui voyait là une mesure tendant à établir la suprématie du pape (1817), et lord Bathurst consentit à reconnaître un coadjuteur cum fulura successions, quand l’évéque l’aurait désigné.

La même année (1817), le saint-siège érigea la Nouvelle-Ecosse en vicariat apostolique. M’.' r E. Burke y fut préposé avec le titre d’évéque de Sion. F.n 1818, lord Castlereagh engagea la cour de Home, comme le (’clamait M a’Plessis, à créer deux autres vicariats, l’un du Haut-Canada, l’autre comprenant le Nouveau-Brunswick, l’Ile du Prince-Edouard et les iles de la Madeleine. Le prélat jugeait nécessaire de placer aussi un évéque dans le district de Montréal et un autre dans le territoire du

Nord-Ouest,

Pour hâter la conclusion de ces affaires il passa en Angleterre. Arrivé a Londres, il apprit par une lettre du

Canada que, peu d’heures après son départ, on avait

reçu des bulles (lu saint-siège le nommant archevêque de Québec el érigeant son Eglise en métropole et lui

donnant pour lilflraganU M’r Mac Donell, vicaire >| tolique du liant-Canada, et M’Mac Bâchera apostolique du Nouveau-Brunswick et de l’Ile du Prii Edouard, M i" Plessis remil i lord Bathurst trois mémoires : le premier, pour obtenir l’agrément du mil tre ausujetdes deux divisions nouvi

Montréal et le territoire du Nord-Ouest, qu il se proposait de solliciter du saint-siègi. le second, pour mander des lettres patentes pour le séminaire de Nicole !

le troisième, au sujet dès biens de Saint-Sulpii

Montréal. Le prélat obtint ce qu il désirait et partit | Rome, où Pie VII lui accorda la permission de ne point prendre le titre de métropolitain, tant que le gouvernement anglais s’j opposerait, et signa les bulles de Ma’Provencher, pour le Nord-Ouest, et de Ms> Lart :. sulpicien, pour le district de Montréal. Le premier eut le titre d’évéque de Juliopolis ; le second, d’évéqui Telmesse (1820).

Cette protection accordée à l’Église catholique n’allait pas sans susciter des mécontentements parmi les principaux protestants du Canada. l"n groupe de fanât : résolut d’anéantir la constitution de 1791. qui avait paré le Haut-Canada du lias-Canada, et de provoquer l’union des deux provinces, sur les bases les plus iniques, et dans le but de détruire la population catholique et française. On se promettait d’abolir la langue française graduellement, et. tout en garantissant la liberté du culte catholique, on l’assujettissait à la suprématie du roi, que l’on affirmait de suite en lui conlerant la nomination aux cures et la collation des bénéfices. Garneau, Hist. du Canada, t. iii, p. 228 ; Christie, t. n. p. 385. Ce complot trouva en Angleterre un agent puissant dans un nommé Ellice, qui réussit à faire présenter un bill dans ce but à la Chambre des communes 1829 Le bill eût passé presque inaperçu si un certain Parker, ennemi d’Ellice, n’eût mis en garde le ministère. Les Canadiens informés de cette tentative secrète à -nient fu rent indignés. Mgr Plessis et le clergé encouragèrent le peuple à protester et à signer des requêtes pour empêcher la mesure. Plus de 60 000 signatures couvrirent protestations. Munis de ces pièces, l’apineau et Neilson, conseillers législatifs, partirent pour Londres. Leur mission eut plein succès. Le bill fut retiré. D’ail ! par l’influence de l’évéque de Québec, le conseil latif canadien, bien qu’en majorité protestant, avait lui-même rejeté cette iniquité. Deux ans plus tard. 1824, le gouverneur Dalhousie essaya de faire revivre les querelles religieuses ; mais il ne trouva d’écho nulle part. Garneau, t. m. p. 239. Pendant que le clergé, son évéque en tête, ralliait toutes les forces du pays, hommes politiques, publicistes. et le peuple, pour résister aux Anglo-protestants, l’Église croissait avec le nombre même de ses enfants. En 1831, 1e nombre des Canadiens français atteignait 380000 ; en 17M. ils étaient 106 000 ; ils avaient donc, en 17 ans, réalisé un accroissement de 274 000 âmes ou de 2, 60 p. 100 par an. proportion qui représente un progrès de 0, 40 p. 100 par an sur la période précédente. Cette marche en avant n’< tait pas de nature à rassurer le parti exclusif et intolérant, qui existait du côté des Anglais, ni à inspirer la modération aux Canadiens conscients de leur force. Apres la mort de M-" Plessis, plusieurs membres influents du corps législatif, désertant le terrain sur de la résistance 1< j -lissèrent sur la pente révolutionnaire, rejetèrent avec hauteur les tentatives de conciliation du gouvernement anglais et soufflèrent la révolte par leurs philippiques indignées. Alors éclatèrent les troubles de t887-’vraie guerre civile ou l’on vit quelques centain paysans, égarés par des tribuns, courir aux armes. Indociles a la VOIX de leurs pasteurs, qui maintinrent cependant dans la soumission à l’autorité la niasse du peuple, ces malheureux se tirent décimer par les troupes

anglaises. Ce qui fut pis. c’est que ce mouvement inun

CANADA (CATHOLICISME)

1472

surrectionnel. auquel la plupart des Canadiens étaient restés étrangers, réveilla les malveillances contre tous et fournit aux ennemis de la race et de la religion des Franco-canadiens l’occasion depuis longtemps désirée d’accomplir l’union des deux Canadas. L’acte d’union passa au Parlement britannique le 23 juillet 1810.

Avant cet acte d’injustice et de despotisme (cf. Turcotte, Le Canada sous l’Union, p. 60, en note le discours de sir La Fontaine), qui marque une date importante dans l’histoire du Canada, plusieurs faits s’étaient accomplis, plusieurs œuvres avaient été créées qui intéressent l’Église. Les centres d’éducation secondaire s’étaient multipliés : collèges de Saint-Hyacinthe (1809), de Sainte-Anne de la Pocatière (1829), de l’Assomption (1832), de Sainte-Thérèse (1825), dont les élèves fourniront des recrues au clergé et aux professions libérales. Pour l’instruction primaire, à côté de l’Institution royale protestante, dont nous avons parlé plus haut, avait été fondée la Société d’éducation de Québec, société catholique dont le but était l’instruction des enfants pauvres et la formation d’instituteurs pour la campagne. Plusieurs autres sociétés poursuivant le même but se formèrent sur différents points du Canada. En 1824, fut portée la loi des écoles de fabrique, qui autorisait les fabriques à acquérir et à posséder des biens, meubles et immeubles, pour fonder et entretenir des écoles élémentaires dans les paroisses. Elles pouvaient établir une école pour 200 familles et consacrer à cette œuvre un quart de leurs revenus. Le curé et le marguillier en charge étaient de droit commissaires de l’école. En 1827, lord Dalhousie tenta « avec la coopération de l’évêque et du clergé de l’Église romaine, ainsi s’exprimait-il, de former un comité séparé de l’Institution royale, lequel conduirait et surveillerait seul les écoles catholiques romaines », mais ce projet n’eut pas de suite. Enfin, en 1836, le Parlement fit un statut pour établir des écoles normales avec le concours du clergé.

A Ms r Plessis, mort en 1825, avait succédé Ma r Panet, qui eut une grande part dans les progrès réalisés en vue de l’instruction élémentaire. Il mourut en 1832, l’année même où le choléra, faisant son apparition au Canada, fit périr en cinq semaines plus de 4 000 personnes, parmi lesquelles un grand nombre de prêtres et de religieuses dévoués au soin des malades. Le coadjuteur de Ma r Panct, Ma’Signay (prononcez Sinaï), le remplaça. Son épiscopat fut signalé par beaucoup de malheurs : nouveau choléra (1834), guerre civile (1837-1838), deux incendies qui réduisent la ville de Québec presque entière en un amas de ruines ( 1 8 45), typhus apporté par les Irlandais chassés de leur patrie par les terribles évictions de 1847.

Signalons plusieurs érections d’évêchés : Kingston (1826), Charlottetovvn (ile du Prince-Edouard), 1829, Montréal (1836). Cette même année 1836 vit l’établissement au Canada de l’œuvre de la Propagation de la foi : bénie par Grégoire XVI, enrichie des mêmes privilèges et indulgences que la société inaugurée à Lyon on 1822. Affiliée à celle de Lyon en 1843, elle le resta jusqu’en 1876, époque où elle continua de fonctionner indépendante. Son but est, par suite de cette séparation, restreint au Canada.

A cette période aussi appartient la solution d’une question pendante depuis la conquête, nous voulons parler de la reconnaissance par la couronne des biens de Saint-Sulpice a Montréal. Parmi les articles de la capitulation de Montréal, il s’en trouvait un (le 23 » ) tendant à reconnaître les biens des jésuites, des récollets H des sulpiciens. Mais le général Amherst l’avait refusé « jusqu’à ce que le plaisir du roi soit connu ». Ce « plaisir du roi » à l’égard des possessions des jésuites et des récollets aboutit à la spoliation, ainsi que nous l’avons dit. Les biens des premiers, après de longs débats entre la province et la couronne, furent abandonnés à la

! première, à destination exclusive d’instruction (1832). L’église des récollels à Québec fut livrée au culte protestant. Les sulpiciens avaient à redouter le même sort. Pour conjurer une mesure si funeste aux intérêts de l’Église du Canada et enlever tout prétexte à la spoliation, Saint-Sulpice de Paris renonça spontanément à tous ses droits sur les biens de la Compagnie à Montréal et en fit l’abandon, sans réserve ni condition, aux sulpiciens de cette ville. Un moment ceux-ci purent craindre l’extinction (1789). Mais bientôt le Canada fut ouvert à leurs confrères de France et, d’ailleurs, ils s’étaient aggrégé plusieurs prêtres canadiens de naissance. Une proie échappait à la horde hostile et persécutrice qui entourait les gouverneurs au commencement du xixe siècle. En 1800, le gouverneur demanda au séminaire un état de tout son personnel, de ses biens et revenus. M. Roux, alors supérieur, le fournit. Quatre ans plus tard (1801), le procureur général Sewell remit au gouverneur un rapport où, s’appuyant sur deux décisions antérieures, l’une de sir James Marriott en 1773, l’autre du procureur de 1789, il concluait au droit du gouvernement sur les biens de Saint-Sulpice et suggérait cinq plans différents pour s’en emparer. Sir R. Milnes envoya ce rapport et d’autres à Londres et attendit des instructions qui ne vinrent pas. En 1810 et 1811, Ryland, envoyé par sir James H. Craig en Angleterre, pressa la question avec sa violence ordinaire, mais encore sans effet. Les discussions continuaient quand M. Roux publia un mémoire qui réduisit au silence les ennemis du séminaire (1819). En même temps, il fit passer à Londres M. Lartigue, plus tard évêque de Montréal, pour faire valoir les droits de Saint-Sulpice. Celui-ci fit le voyage avec M9 r Plessis, qui, dans le mémoire par lui remis à lord Bathurst, insista sur le même point et contribua plus que personne, de l’aveu même de M. Roux, à mettre fin aux attaques répétées des fonctionnaires du Canada. Il disait, en substance, que les attaques contre les biens du séminaire provenaient, ou de ce que l’on ne croyait pas les sulpiciens vrais propriétaires, et dans ce cas, eux-mêmes offraient d’en donner des preuves satisfaisantes ; ou du profit que le gouvernement tirerait de leur possession, et l’évêque montrait l’irritation que produirait une telle mesure chez les habitants du pays « témoins journaliers de l’emploi vraiment exemplaire et honorable que les ecclésiastiques de ce séminaire font de leurs revenus », et qui dans ce dépouillement d’une communauté verraient « le signal de la spoliation de toutes les autres > ; il ajoutait que c’était priver « l’Église du Canada d’une de ses principales ressources pour l’instruction de la jeunesse, comme pour la formation et la propagation de son clergé » ; qu’attaquer les biens du clergé, c’était paralyser son inlluence sur les peuples, influence dont l’Angleterre avait bénéficié la première. Il concluait que ceux qui avaient suggéré une pareille mesure au gouvernement, n’avaient consulté « ni sa dignité, ni sa gloire, ni les vrais intérêts et le mérite d’une province qui, par sa fidélité soutenue, paraît avoir des droits particuliers à la bienveillance et à l’affection paternelle de son souverain ». Les mêmes attaques se renouvelèrent en 1829 ; et Saint-Sulpice lassé envoya en Angleterre deux de ses membres, chargés de proposer au ministère un arrangement pour la cession d’une seigneurie qui excitait tant de convoitises, et obtenir en retour une rente annuelle. Les deux mandataires se rendirent à Rome pour informer le saint-siège et connaître ses sentiments sur l’aliénation de biens que Saint-Sulpice avait toujours regardés, il est vrai, comme patrimoniaux, mais dont il n’entendait bien user que dans l’intérêt de l’Église. Cette négociation entamée à l’insu de l’épiecopat canadien transpira et donna l’alarme au » catholiques. Tout le clergé du Canada, ayant i sa léle les évoques, adressa une requête au gouvernement pour réclamer contre cette transaction forcée et injuste ; et députa 174

(l u délégués à Rome et i Londres. Informée, la cour pontificale refusa aa sanction. Londres atl udit. En 1832, M 1’Paint écril à lord Aylmer pour pr< oclu sion : en 1835, lord Gosford, dans une adresse aux Chambres, B’engage à prendre en m lîri la question. Sa décision semblait déjà mûre, puisque, en dépit des trouliles il, - 1837-1838 et du mécontentement qui suivit, en 1839, en vertu d’une ordonnance du conseil privé, le séminaire fui maintenu dans la possession de Bes biens et pleinement confirmé dans sis titres. Le séminaire ageail à ne l’aire passer aucun de ses bien- à l’étranger el à en user, comme il lavait toujours fait, à l’avantage du pays. Cet acte de justice le laissait à même de poursuivre le cours de ses bienfaits. Montréal lui devait son établissement, sa prospérité des premiers jours, son collège auquel M. Roques (1806-1828) avait donné une réputation qu’il a conservée depuis, sa magnifique église Notre-Dame, œuvre de M. Houx (1825-JSiO), ses écoles, et, tout récemment, M. Quiblier, qui avait succédé à M. Roux en qualité de supérieur, venait d’appeler, du consentement de Mu r Lartigue, les frères des Écoles chrétiennes (1837) ; et bientôt le grand séminaire, aujourd’hui si ilorissant, allait s’ouvrir (184<J).

Par lui-même l’acte d’union des deux Canadas n’avait rien de défavorable à l’Église catholique, bien que dans la pensée de ses auteurs il fût destiné à lui porter atteinte. Il proscrivait l’usage de la langue française, comme officielle ; et visait par diverses mesures despotiques à assujettir Québec à Ontario, l’élément français à l’élément anglais, les catholiques aux protestants : ces derniers, qui n’étaient que 400000, devaient avoir une représentation égale aux premiers, qui étaient 600000. Turcotte, Le Canada sous l’Union, p. 56 sq..Mais Dieu déjoua ces calculs humains. Contre toute prévision, cet acte favorisa la liberté de l’Église catholique, comme celle des sectes protestantes. L’anglicanisme cessa d’être la religion d’État, et, en se séparant du pouvoir civil, d’user de son influence sur lui pour persécuter cette Église romaine dont la forte hiérarchie avait résisté à ses coups. D’ailleurs, le régime constitutionnel et responsable, qui résulta de l’acte d’union, en mettant la législation entre les mains de la majorité, assura aux catholiques une influence avec laquelle tous les partis durent compter. Au surplus, comment la couronne aurait-elle pu songer, sans paraître ridicule, à ressusciter les vieilles querelles, en présence du droit public qui s’affirmait de plus en plus dans la province’.' Ajoutons qu’un gouverneur aux vues larges se rencontra, lord Elgin ( 18471854), qui comprit qu’il était temps d’en finir avec un système de gouvernement basé sur l’exclusivisme et les dénis de justice. Aussi, dix années ne s’étaient pas écoulées que la langue française avait reconquis ses droits et que les Franco-catholiques avaient acquis une influence (’gale à celle des Anglo-protestants dans la direction des affaires du pays.

Les quinze années qui suivirent 1840 sont des plus fécondes pour l’Église du Canada. A la voix des évéques, de Mî r Signay et de son successeur Mï » Turgeon (1850) à Québec, et surtout île MB’Ignace liourget qui a remplacé’M : i r Lartigue à Montréal, nous voyons accourir de France ou surgir du sol canadien cinq communautés d’hommes et seize de femmes. L’évéque de Montréal ouvre largement son diocèse : en 1841, aux Pères oblats le Marie-Immaculée qui donneront aux missions du Canada un éclat qu’elles axaient perdu depuis le Xvir siècle ; en 18’rJ, aux jésuites qui, disparus depuis la conquête, revoient non sans émotion cette terre que leurs pères <>ni fécondée de leurs travaux et de leur sang. Etablis à Montréal, ils y ouvrent un noviciat en 1843, el en 1848, sous la direction du P. Félix Martin, le collège Sainte-Marie pour l’éducation de la jeunesse. {’. Chos-Begros, s..1., Ilisi. <iu noviciat de la <" de Jésus au Canada, Montréal, 11)03. En 1847, le clergé catholique

présente une requête à lord Flgin pour réclamer, en faveur de l Eglise du ida, les biens qui avaient

appartenu a la cê-lebre Compagnie. Le gouverneur répondit qu’ils.raient été affectés à des bus d’éducation el « pie i on ne pouvait revenir sur cette question. Elle fut néanmoins rouverte plutard devant la Chambi Québec et réglée à la satisfaction des intéressés, qui ne recouvrèrent néanmoins qu’une lubie partie des biens qu’ils avaient perdus [1889. |.< Bourget revient aussi l’honneur d’avoir appelé au Canada les clercs de SaintViateur 1847 1 1 la congrégation de Sainte-Croix 1 1847. Le grand évéque contribua lui-même à la fondation de plusieurs communautés de femmes : sœurs de chanté de la Providence (1843. fondées avec M"" veuve Gamelin ; institut qui embrasse a la lois les œuvres de charité et d’éducation declasses pauvres*, cf. Vie de Mire Game-Ini, in-8°. Montréal, l’JOO ; sœurs des Saints-Nomde Jésus et de Marie pour l’instruction des jeunes filles

1843. Vie de Mère Marie-Rose, Montréal, 1895 ; so’urs de la Miséricorde (1848) pour l’assistance des filles tombées. Mère de la Nativité, etc., Montréal, 1898 ; su-urs de Sainte-Anne pour l’éducation des filles. A la même époque, MB’Turgeon, de Québec 1850), ouvre l’asile du Bon-Pasteur et fonde pour le desservir les sœurs servantes du Cour immaculé de Marie. Ne pouvant citer toutes les fondations de ce genre qui attestent l’inépuisable fécondité île l’Église, nous renvoyons au tableau des communautés, à la fin de cet article.

La hiérarchie épiscopale ne reste pas stationnaire ; les évêchés se multiplient : en 1841, le siège de Toronto est avec M » ’de Charbonnel, ancien sulpicien, pour titulaire ; en 1842, celui de Saint-Jean du Nouveau-Rrunswick avec >l9 r Dollard. Deux ans après, le pape Grégoire XVI érige la province ecclésiastique de Québec et nomme Mar Signay archevêque et métropolitain en fei assignant pour suffragants Montréal, Kingston et Toronto. La même année (1844) est créé l’évêché d’Arichat (Nouvelle-Ecosse transféré à Antigonish depuis 1886 ; en 1847, deux nouveaux sièges sont érigés ; Rvtovvn ou Ottawa avec MJ r Guigues, 0. M. L, et ï-aint-Jean de Terre-Neuve avec M’J r Mullock. Ainsi, des 1850. l’i copat canadien comptait un archevêque et neuf évéques. Ils se réunirent en concile à Québec en 1851. C’est dans cette assemblée que fut décidé l’établissement de l’université Laval et que l’on résolut de demander à Pie IX l’érection de deux nouveaux diocèses : les Trois-Rivières et Saint-Hyacinthe. Ms » Cooke fut nommé au premier de ces sièges, et au second, Ml’Prince, coadjuteur de Montréal.

Au cours des dix années que nous venons de parcourir, quatre faits méritent encore d’être signal, s : 1° les missions de Ms’de Forbin-Janson au Canada (1840) qui produisirent une impression dont le souvenir ne s’est pas encore effacé, et l’inauguration par lui des retraites paroissiales, Philpin de Rivière. Vie d, Forbin deJanson, Paris, IS’.l2. p. 382-402 ; 2- l’adoption par la législature d’un système scolaire qui assure aux catholiques et aux protestants des écoles primaires et normales séparées (1841). Les écoles communes ou de la majorité sont sous l’autorité de commissaires nommés par la majorité. La minorité’, catholique ou protestante, a son école à part. Cette loi n’assure pas au clergé une autorité réelle sur les écoles, bien qu’elle lui reconnaisse le droit île visite : aussi ne l’a-t-il acceptée que faute d’une meilleure. Ajoutons qu’en pratique, grâce au bon esprit des habitants ni du gouvernement, influence est généralement respectée. Mais il suffit qu un bureau de commissaires comprenne quelques membres mal pensants pour faire naître des difficultés’In

1843, le mouvement en faveur de la Tempérance, « m abstention des liqueurs, né en Angleterre, se fait sentir au Canada : les prêtres par leurs prédication-. ques par leurs mandements, le favorisent : partout se

fondent des sociétés de tempérance qui essaient d’enrayer les désordres de l’ivrognerie. 4° L’année 1818 voit s’établir des sociétés de colonisation en vue d’empêcher le surcroit de la population des campagnes de se diriger vers les villes du Canada et des États-Unis, et de les mener à la conquête de terres nouvelles gagnées sur la forêt qui, au nord du Saint-Laurent, entre le lac Témiscamingue et le Saguenay, s’étend sur un espace de six cents milles, sans autres interruptions que les lacs et les cours d’eau.

La population croissait, en effet, rapidement : pour en juger, il suflira au lecteur de jeter, les yeux sur le tableau suivant :

retincntes, scholis sibi propriis, sicut et collegiis universitalibusque, m tota noslra provincia fruantur. Decr. xv. Mais pour fonder une université que d’obstacles à surmonter ! Il fallait des sommes immenses pour construire, un personnel pour enseigner, des influences pour obtenir l’érection civile, une organisation enfin qui permit d’atteindre le but proposé. Les évêques s’adressèrent au séminaire de Québec, qui avait rendu de grands services dans le passé à la cause de l’éducation et qui avait compté et comptait encore dans son sein des prêtres éminents. Le conseil du séminaire, dans l’intérêt de la religion, accepta en dépit des difficultés. Muni de lettres de recommandation de lord Elgin, le supérieur,

POPULATION

PROGRESSION

PROGRESSION

PROGRESSION

DATES.

de la

    1. CATHOLIQUES##


CATHOLIQUES.

des

    1. PROTESTANTS##


PROTESTANTS.

des

    1. POPULATION##


POPULATION.

    1. CATHOLIQUES##


CATHOLIQUES.

    1. PROTESTANTS##


PROTESTANTS.

1- PROVINCE DE QUÉBEC

1831

511 922 »

425 000 »

86 000 »

1844

681 806

33/100

572 643

34/100

100 163

27/100

1851

886356

30/100

746 866

30/100

139 490

27/100

1861

1 110664

25/100

942 724 É

27/100

167 940

20/100

2° PROVINCE D’ONTARIO

1831

261000 »

40 000 »

221 000 »

1844

480000

88/100

78 000

96/100

411000

80/100

1851

952 000

94/100

167 000

115/100

785000

91/100

1861

1396 091

47/100

258141

55/100

1137 000

44/100

Pour suffire aux besoins de la population catholique ainsi croissante, des écoles primaires s’étaient élevées dans toutes les paroisses. Un homme religieux et dévoué, le docteur Meilleur, formé au collège de Montréal, et devenu en 1842 surintendant de l’éducation pour le Bas-Canada, donna une vigoureuse impulsion à l’instruction publique. Lorsqu’il entra en charge, le nombre des enfants qui fréquentaient les écoles ne dépassait pas 3000, et quand il prit sa retraite (1855) il s’élevait à 127000. « M. Meilleur, dit un journaliste du temps, a pris la direction de l’instruction publique à son berceau ; il a dû tout créer, jusqu’à l’amour de l’instruction parmi nos populations. » Cf. Turcotte, Le Canada sous l’Union (1841-1867), Québec, 1872, p. 280 ; J.-B. Meilleur, Mémorial de l’éducation au Bas-Canada, Québec, 1876, p. 184.

L’éducation secondaire, tout entière aux mains du clergé, avait ouvert de nouveaux foyers dans la période qui nous occupe : 1846, collège de Juliette ; 1850, collège liourget, à Higaud (aujourd’hui dans le diocèse de Valleyfield), tenus par les clercs de Saint-Viateur ; 1847, collège de Saint-Laurent, près Montréal, ouvert par les Pères de Sainte-Croix ; 1853, Sainte-Marie du Monnoir, aujourd’hui dans le diocèse de Saint-Hyacinthe, et collège de Lévis, près Québec, confiés au clergé séculier.

Mais si les maisons d’enseignement secondaire étaient assez nombreuses pour faire face aux exigences présentes, l’on regrettait l’absence d’une université catholique qui permit aux jeunes gens de compléter leurs études littéraires et scientifiques, et surtout de suivre sous une direction compétente des cours de droit et de médecine. On voyait avec regret la jeunesse catholique al 1er étudier dans les institutions protestantes et leur demander des diplômes. Ces ! encore le clergé canadien qui se chargea de combler cette lacune importante. Le I er concile de Québec avait émis le vœo que les catholiques pussent jouir d’écoles, de collèges et même d’universités adaptés à leurs besoins et à leurs croyances : Nobis vero nihil non moliendum erit ut calltolici jura sua

l’abbé Casault, partit pour Londres. La reine Victoria concéda facilement la charte qu’on lui demandait (décembre 1852). Une copie en fut envoyée au souverain pontife, Pie IX, qui immédiatement fit expédier à l’archevêque de Québec un bref l’autorisant à conférer les grades théologiques aux séminaristes qui auraient fait leurs études à l’université (1853). L’université fut dès lors formée. Aux termes de sa constitution, l’archevêque est le visiteur de l’établissement, le supérieur du séminaire en est de droit recteur, et le conseil se compose des directeurs du séminaire et des trois plus anciens professeurs de chaque faculté. L’inauguration de l’université Laval (elle fut ainsi appelée en souvenir du premier évêque de Québec et du fondateur du séminaire) eut lieu le 21 septembre 1854, en présence de lord Elgin, des évêques, du corps législatif et d’un concours immense de prêtres et de citoyens. Née d’une inspiration toute catholique, l’université Laval est demeurée fidèle à sa mission. Si c’est à Londres qu’elle a demandé son existence officielle, c’est de Rome qu’est venue l’orientation de sa vie intellectuelle. Elle s’est proposé avant tout de former des citoyens éclairés et des chrétiens convaincus. Dans ce but elle n’a rien négligé. Ses maîlres en théologie et en philosophie sont allés puiser la science ; i la source même, dans les écoles de Rome ; ses professeurs de médecine et de sciences ont reçu les leçons des meilleurs maîtres de Paris, de Lille ou de Louvain. Peu à peu tous les collèges du Pas-Canada se sont affiliés à l’université et reçoivent d’elle pour leurs (’lèves le titre de bachelier es arts. Elle avait déjà fait ses preuves et rendu bien des services quand lui arriva de Rome la charte pontificale ; c’est le 15 mai 187(i seulement que Pie IX, par la bulle Inter varias sollicitudines, lui accorda l’érection canonique. Cf. C. Hoy, L’université Laval et 1rs fêtes du cinquantenaire, Québec, 1903.

Mais nous avons devancé les temps ; revenons en 1852. Cette année vit les provinces maritimes érigées en province ecclésiastique avec Halifax pour métropole. Ce siège, séparé de Québec en 1817, avait été i écho , ::.

CANADA (CATH0IJCISM1|)

i ::?

en 1842 ; en ISSU, son titulaire, Mi r Wnlsh, fut noitiim 1 archevêque. Les suffraganta furent Charloltetown (lie du Prince-Edouard), Saint-Jean (Nouveau Brunswicl i, Arichat (Nouvelle-Ecosse) ; on j joignit, en 1860, Chatham dans le Nouveau-Brunswii irganisation indique

que la population catholique était déjà considérable dans Ci s régions : elle se composait surtout d’Irlandais et aussi d’Acadiens di nt le nombreaugmentait de jour en jour.

Dans l’Ouest, les propres de la foi s’étendaient toujours et atteignaient même les sauvages de ces contrées. De nouvelles missions Couvraient au zèle apostolique. Dans son mémoire de 17<Jl, M’J r Hubert constatait qu’il ne restait au Canada que 8 ou 10 missions, comptant à peine chacune 000 âmes et enclavées au milieu des terres habitées par les Canadiens. Vers 1818, un prêtre du diocèse de Québec, l’abbé Provencher, fonda sur les bords de la Rivière-Rouge la première mission de l’Ouest on dehors des pays ouverts à la civilisation. Deux ans plus tard, il fut sacré évêque. Rendant les 33 ans qu’il vécut encore, Mu’Provencher multiplia les travaux, appela des aides à son œuvre, envoya des missionnaires jusque dans la Colombie britannique. En 1. Il il fut nommé vicaire apostolique du Nord-Ouest, puis évêque titulaire de Saint-Iloniface en 1847, l’année même où un autre missionnaire parti de Québec, Ma r Demers, était nommé évêque de Vancouver. Pour assurer l’avenir de ses missions, Ma r Provencher songea à y appeler les Pères oblats établis à Montréal depuis 1843. La mission fut acceptée. Même l’évêque de Saint-Roniface jeta les m ux sur l’un de leurs missionnaires pour en faire son coatljuteur. Le P. Taché, sur l’ordre de Mu r de Mazenod, passa en France, et c’est là, à Viviers, qu’il reçut l’onction épiscopale des mains du fondateur de sa congrégation assisté du futur cardinal Guibert et de Mgr Prince, alors coadjuteur de Montréal. Ma r Provencher s’étant éteint en 1853, Mî’Taché continua son œuvre. Il devait y travailler quarante ans comme évêque (1853-1894). Il n’entre pas dans le cadre de cette étude de raconter toutes les merveilles opérées par la congrégation des oblats dans le Nord-Ouest pendant la dernière moitié du xixe siècle. C’est un chapitre, et des plus émouvants, de l’histoire générale des missions catholiques. Là se sont poursuivis les Gesta Dei per Francos — car tous les missionnaires sont Français de France ou du Canada — nu prix de sacrilices à peine croyables. Notons les événements principaux : 1862, érection du vicariat apostolique d’Athabaska, avec M » ’Faraud (1828-1890) pour évêque ; 1871, création de la province ecclésiastique de Saint-Roniface (Manitoba). Mo’Taché est élevé au rang d’archevêque par Pie IX et son coadjuteur, Ma r Grandin (1829-1902), est nommé évoque de Saint-Albert, siège nouvellement érigé (1871). A ces deux sufl’ragants, Athabaska et Saint-Albert, sont venus depuis s’en ajouter d’autres : en 1890, vicariat apostolique de la Saskatcheuan avec Ms r Pascal, O. M, I., pour évêque ; la même année, évéché de New-Westminster (Colombie anglaise) avec Ma’Durieu. ( ». M. I. ; en 1901, vicariat apostolique de Mackenzie et du Yukon avec Mi’Breynat, O. M. I. En 1903, un biel de Léon Mil a érigé la province ecclésiastique de Vancouver, nommé son titulaire, M9 r Orth, archevêque, eu lui donnant pour sull’ragants l’évêque de NewWestminster et le vicaire apostolique deMacken/ie. détachés de Saint-Boniface. A M’J r Taché a succédé Mm Langevin (1895), O. M. 1., originaire du diocèse de Montréal. La succession était lourde et à cause de la question scolaire au Manitoba et à cause de l’envahissement progressif des prolest. mis.

Sur les missions du Nord-Ouest canadien, consulter 1rs A nnales de la propagation de la fui. et les Mitaiotu catholiques, publiées à Lyon ; les Annales de in propagation de la foi, pu ! ù Montréal et a Québec, comme ouvrages spéciaux : Piolet, s.1. Les mission » catholiques françaises au xte ti Acte, Paris, 1902,

t. vi ; abb<- g Dupas. il* / ovencher (t if missions de la Ri-II Vingi

ns iliins le Xord-Uuest de l’Amérique, ni-H. M ntrési, 1866 ; / ur le Ncrd-Ouest de V Amérique, in-8 M

Vie de M’I

face, 1904 ; R. P. Jonquet, Vie de M’Gra abbé Gosselin. L’Église <iu Canada, dans la Bévue du clergé françai*i 15 septembre U.l., Sketche*ofthe

lifeofM » de Mazenod, l

Pendant qu’à l’est et à l’ouest du Canada le catholicisme gagnait en nombre, en influence et en organisation, dans la province ecclésiastique de Québec il continuait cette vie de lutte qui est la condition de l’Église ici-bas. Le IIe concile de Québec 1854) nous montre les Pi donnant aux fidèles des règles disciplinaires au sujet des écoles primaires, des sociétés secrètes, de la tempérance, des instituts littéraires, de la politique, des Ribles falsifiées, des livres immoraux, des bibliothèques paroissiales. Sur la fin de cette année la définition du dof de l’Immaculée Conception vient combler de joie le cœur des pasteurs et des fidèles. Durant les années qui suivent on voit le clergé douloureusement préoccupé de la marche des idées et des événements en Europe. Les évêques signalent dans leurs mandements les erreurs que le chef de l’Église condamne. L’envahissement des États pontificaux souleva tous les cœurs, et après s’être traduite par d’éclatantes protestations, l’indignation des catholiques se manifesta par une levée de boucliers et l’organisation d’un corps de zouaves pontificaux. Le 18 février 1808, eut lieu le départ du premier détachement des zouaves pontificaux. Sept partirent du Ras-Canada. Cf. Nos croises, Montréal, 1871.

C’est au milieu des préoccupations causées par les attaques dirigées contre le saint-siège que s’ouvrit le IVe concile provincial de Québec (1868). On y voyait un évêque de plus, Mo r Langevin de Rimouski, siège l’année précédente. Le concile insiste sur les droits de la papauté et sur la soumission qui lui est due ; recommande aux fidèles les œuvres du Denier de Saint-Pierre, de la l’rtijiagalion de la foi et de la Sainte-Enfance, établies depuis plusieurs années ; donne des avis aux parents pour la conservation de la foi et du respect paternel chez leurs enfants ; signale le danger des mauvaises lectures, journaux et livres, et exhorte les pasteurs à former des bibliothèques de paroisse ; éclaire les catholiques sur leurs devoirs en temps d’élection ; et met en garde contre certains péchés plus graves, tels que le faux serment, l’intempérance et l’usure.

C’est vers cette époque que l’immense paroisse Notre-Dame de Montréal fut divisée en plusieurs. Canoniquenu ut érigée en 1678, elle avait été desservie pendant près de deux siècles par les prêtres de Saint-Sul] qui selon les besoins avaient élevé sur différents points de la ville et de la banlieue des églises et des chapelles pour le service religieux, sans briser toutefois l’unité paroissiale. Au cours des siècles la ville avait grandi ; en 1866, elle comptait 130000 âmes, sur ce nombre plus de 100 000 catholiques. In décret apostolique permit a Mo r Rourget de créer autant de paroisses qu’il le j rait nécessaire au bien des âmes, paroisses dont l’administration serait d’abord offerte aux prêtres de Saint-Sulpice, desquels il dépendrait de l’accepter ou de la refuser. Depuis lors, la ville de Montréal a vu tripler sa population catholique ; et aujourd’hui trent ; s’étendent autour de la paroisse mère de Notre-Dame.

Notons encore à cette époque la condamnation de l’Institut canadien de Montréal par Ms r Bour^et. Par sa bibliothèque, par les conférences qui s’y donnaient, par l’esprit qui en animait lemembres et que l’on trouve étalé dans l’Annuaire de’. institut

tendait a devenir un foyer de voltairi.misme et d’irréligion. Condamné par le Saint-Office, il fut rejY : catholiques. Un des membres obstinés de l’Institut <tant mort, la sépulture en terre sainte lui fut rei

par l’autorité ecclésiastique : ce qui donna lieu à un procès célèbre, connu sous le nom d’affaire Guibord. Condamnés par toutes les juridictions du Canada, les partisans de l’Institut en appelèrent en Angleterre, où une cour protestante leur donna raison ; et il fallut employer la force armée pour enfouir dans le cimetière catholique le cercueil du malheureux Guibord.

En 1870, le Haut-Canada fut érigé en province ecclésiastique avec Toronto pour archevêché. Pour évêchés suffragants il avait Kingston et Hamilton, siège créé en 1856. En 1878, Kingston est devenu chef-lieu d’une nouvelle province avec Peterboro (1882) et Alexandria (1890) pour suffragants. L’évêché de London (1885) a été rattaché à Toronto. Signalons dans la province de Québec la création des évêchés de Sherbrooke (1874), Chicoutimi (1878), Nicolet (1885). En 1886, Montréal fut érigé en archevêché. Mo r Fabre, d’abord coadjuteur, puis successeur de Ma r LSourget, en fut le premier titulaire ; il eut pour suffragants Saint-Hyacinthe et Sherbrooke, auxquels devait bientôt s’ajouter Valleyfield (1893). En 1886, Léon XIII avait créé la province d’Ottawa. Mo’Duhamel en est le premier archevêque ; il a pour suffragant Pembroke, érigé depuis 1898. Pour couronner une hiérarchie si nombreuse, pour honorer l’Eglise et l’épiscopat canadiens si attachés au saint-siège, il a plu à Léon XIII d’ouvrir l’entrée du sacré collège à l’archevêque de Québec, devenu le cardinal Taschereau (7 juin 1886).

Il nous reste à relater quatre points particuliers : 1 » Réveil de la race acadienne. — Vers la fin du xviiie siècle, eut lieu la résurrection des catholiques acadiens. Après la dispersion violente opérée par Lawrence (1755), 1 21)8 de ces malheureux étaient restés en Acadie, tolérés par leurs persécuteurs qui dédaignaient leur faiblesse. En 1815, ils formaient un noyau de 25000 âmes. En 1864, ils s’élevaient au nombre de 80000. La providence leur envoya alors un prêtre canadien, le R. P. Lefebvre, qui les groupa, assit sur des bases solides le collège de Memramcook (Nouveau-Brunswick ) et se servit de ce moyen pour relever le peuple acadien. Profitant de l’influence qu’il avait acquise, il installa des écoles primaires dans les centres de langue française ; fit venir dans ce but des religieux de sa congrégation de Sainte-Croix, des frères et des sœurs. Quand éclatèrent les persécutions dont nous parlons plus loin, il s’interposa entre catholiques et protestants et, faute de mieux, amena un compromis qui permit au bien de se poursuivre. En 1880, 70 délégués acadiens représentèrent leurs compatriotes aux grandes assises de la nationalité française que la Sociétéde Saint-Jean-Iiaptiste provoque périodiquement au Canada ou aux États-Unis. Depuis, le P. Lefebre a organisé des conventions générales des Acadiens qui se tiennent à termes fixes dans une ville désignée à l’avance. En 1899. le nombre des Acadiens atteignait 125000 ; 6 des leurs les représentaient dans les Chambres des provinces maritimes ; et 2 au Parlement fédéral d’Ottawa. D’après le tableau suivant, dont les chiffres sont empruntés au recensement de 1901, on pourra juger de leur proportion dans la population des provinces maritimes :

aisément à 155000. En tenant compte de l’accroissement rapide de cette race, comment ne pas voir là une force pour l’avenir du catholicisme dans ces contrées ?

E. Rameau, La France aux colonies. Acadiens et Canadiens, in-8% Paris, 1859 ; C. Derouet, Une nationalité française en Amérique, dans Le correspondant, 10 septembre 1899, Pascal, Poirier, Le Père Lefebvre et l’Acadie, in-8°, Montréal, 1898.

2° Écoles du Nouveau-Erunswick et du Manitoba.

— Avant ce réveil de la nationalité acadienne et lors de la fondation de la Confédération canadienne (1867), le système scolaire du Nouveau-Brunswick permettait aux catholiques de cette province, qui y étaient en minorité, de jouir d’écoles séparées. En 1871, il plut à la législature locale de leur retirer cet avantage et d’adopter une loi qui forçait les catholiques de.contribuer au soutien des écoles protestantes sans leur donner de part aux contributions pour leurs propres écoles. C’était le ; contraindre ou d’envoyer leurs enfants aux écoles hérétiques ou de s’imposer de nouvelles charges pour ouvrir des écoles séparées. Les Acadiens en appelèrent au Parlement fédéral ; la réponse qu’ils en reçurent par la bouche de sir John Mac Donald équivalait à une tin de non-recevoir. Alors la résistance s’organisa ; on reçut les agents du fisc à main armée ; l’effervescence menaçait de dégénérer en guerre civile. Les Anglais comprirent qu’il valait mieux en venir à un accommodement. La loi injuste ne fut pas rapportée, mais on fit de telles concessions, soit pour les écoles, soit pour les instituteurs, que le calme se rétablit (1874).

Une injustice du même genre vint léser les catholiques du Manitoba en 1890. L’Acte de l’Amérique anglaise du Nord (1867) qui a donné naissance au Dominion permettait à chaque province d’adopter le système d’éducation qui lui semblerait bon, sauf à respecter les droits ou privilèges conférés, lors de l’union, par la loi, aux divers groupes de la population jouissant d’écoles séparées. D’ailleurs, lorsque le Manitoba demanda à faire partie de l’union (1870), les députés catholiques, dirigés par M « r Taché, exigèrent qu’on ajoutât à la clause précédente ces mots : « conférés par la loi oupar lapratique. » Le prélat voulait, comme condition constitutionnelle de l’union, le respect des droits acquis, tant de ceux qu’une loi formelle avait sanctionnés que de ceux qui étaient établis en fait et en pratique. En dépit de ces précautions, les catholiques se virent privés de leurs droits par un ministère intolérant (1890). Les évoques du Dominion adressèrent une pétition au Parlement ; et peu après tous les journaux reproduisaient une lettre pastorale signée du cardinal Taschereau et des évêques du Bas-Canada pour protester contre l’iniquité dont leurs frères manitobains étaient les victimes. La question fut portée en Angleterre devant le Conseil privé, qui décida que la solution en appartenait au Parlement fédéral. Les élections générales de 1896 se firent sur cette question, lians la province de Québec, conservateurs et libéraux promettaient de lit régler à la satisfaction des catholiques. Plusieurs prélats crurent de leur devoir d’éclairer les fidèles sur la conduite que leur prescrivaient en cette circonstance la conscience et la religion. L’effervescence était grande. Les résultats

PROVINCES

POPULATION

TnTALE.

    1. PROTESTANTS##


PROTESTANTS.

    1. CATHOLIQUES##


CATHOLIQUES.

    1. ACADIENS##


ACADIENS.

TOTAL

DES ACADIENS.

331120

459 594

103 259

21 000

330 000

57 463

125698

129578

45 796

79979

45 161

18866

139006

Ile du Prim !

Si à ce nombre de 1119 000 on ajoute les Acadiens de la cote de Gaspé et des iles de la Madeleine, ou arrive

de l’élection, portant les libéraux au pouvoir, ne calmèrent point les esprits. Alors suWilfrid Laurier] 1481

    1. CANADA (CA##


CANADA (CA.THOLICISM

I 12

devenu premier minière provoqua de la part dn lint-siège l’envoi d’un délégué apostolique. Léon XUl confia cette délicate mis-ion de pacification et d’enquête à un jeune et distingué prélal de 31 ans, M » ’Merrj del Val, élevé en 1908 par Pie & la double dignité di cardinal et de secrétaire « l État. Les esprits s’apaisèrent ; un compromis intervint qui laisse la loi subsister, mais en amoindrit les désastreu » effets. Depuis, la délégation apostolique au Canada est devenu.- permanente. A Mo » Merrj de ! Val (1897) a suce. le Mur Diomède Falconio (1898-1903), aujourd’hui délégué

iux États-Unis. Il lixa sa résidence à Ottawa et l’épiscopat

canadien lui offrit une habitation qui est devenue le palais de la délégation apostolique. Le délégué actuel est M9’Donato Sbaretti, ex-archevêque de la Havane. Cf. Castell llopkins, Life and Work of the R. Bon. John Thompson, in-12, Toronto, 1895, c. Xiv, p. 255 ; Revue canadienne, septembre 1892 ; Demers, Les écoles séparées du Mauitoba, dans la Semaine religieuse de Montréal, 1892.

30 fondation de l’université Laval à Montréal. — Depuis plusieurs années Montréal, dont l’importance allait croissant, éprouvait le besoin d’avoir une université catholique à elle. Mo’Bourget adressa une demande en ce sens à la Propagande. Après examen, la S. C. répondit que pour obvier à toutes les difficultés elle ne voyait pas d’autre expédient que d’établir à Montréal une succursale de l’université Laval. Elle invitait les évêques à travailler, en union avec le conseil de l’université Laval à Québec, à l’exécution de ce projet. Elle prenait même la peine d’en indiquer les bases : toutes les dépenses de la succursale seraient à la charge du diocèse de Montréal ; les cours seraient uniformes dans les deux villes ; le recteur serait représenté par un vice-recteur choisi par le conseil universitaire et approuvé par l’ordinaire. Deux mois après cette décision, Pie IX, par la bulle Jnter tarins sollicitudines, accordait l’érection canonique à l’université Laval (10 mai 1876). La succursale fut reconnue au civil par une loi de la législature de Québec en 1881. Les facultés s’organisèrent lentement et au milieu de nombreuses difficultés au cours des années qui suivirent (1878-1887). La faculté de théologie fut formée, des le principe, par le grand séminaire dirigé par les prêtres de Saint-Sulpice. Les facultés de droit, de médecine et des arts se constituèrent successivement. Dans cette organisation, comme dans les développements qui suivirent, prit une part importante M. Colin, supérieur de Saint-Sulpice à Montréal. Esprit clairvoyant et aux larges conceptions, souple et persévérant dans ses desseins, assuré d’ailleurs de l’appui de sa communauté. il mena à bon terme de grandes œuvres profitables et à l’Eglise et au pays, « mais, je ne crois pas me tromper, s’écriait Mo r Archambauld, vice-recteur actuel de la succursale, dans un éloge funèbre de M. Colin, en disant que son œuvre par excellence, l’œuvre qui domine toutes les autres au double point de vue religieux et social, c’est l’université catholique à Montréal. Il travailla de concert avec Ma’labre, archevêque de Montréal, à obtenir pour la fondation nom elle une indépendance qu’il estimait nécessaire à sa prospérité. Le décret Jamdudum (1889), par lequel Léon XIII déclarait la succursale de Montréal un second siège, ultera sedes, de l’université Laval, vint couronner ses efforts. Restait le côté matériel et financier. M. Colin, agissant au nom de sa Compagnie, mit à la disposition des administrateurs un terrain de 200 CH » 0 francs, et sur les 900000 que coûta la nouvelle bâtisse universitaire, souscrivit pour 400000 francs. De plus, il contribua pour une 1res large part à son installation intérieure ; et se chargea lui-même d’une portion considérable des frais qu’entraînait la création de certaines chaires, notamment celle de littérature française, pour

laquelle il fit venir, sur les indications de M. Crunelière, an agrégé de I université di I rance. i Cf. / de Montréal au ux’tiècle, Montréal, 1900 ; Semaine religieu ede Montréal, décembre 1908.

La colonisation.

Nous avons déjà signalé- la fondation de sociétés pour la colonisation et nous avons vu les évêques dans leurs mandements et lettres pastorales encourager leurs prêtres à cette œuvre. Pour en comprendre le motif, il faut savoir que les preno colons s’étaient établis le long A - cours d’eaux,

du Saint-Laurent. Là, ils défrichèrent une bande de terre très étroite comparée à l’étendue du pay-par de la la forêt impénétrable. Vint un temps, où la population croissant, toutes les terres défrichées furent occupées et l’excédent de la population dut prendre le chemin des villes ou des Ètats-l’nis pour y trouver une vie plus facile. Le mouvement tendait à se généraliser et inquiétait les patriotes. Le clergé comprit qu’il y avait là une œuvre à accomplir. Une véritable croisade s’organisa pour retenir le peuple sur ses propres terres et pour lui faire trouver chez lui ce qu’il courait chercher à létranger. Le prêtre colonisateur est un type que l’on ne trouve aujourd’hui qu’au Canada. A ce titre, le curé Labelle s’est acquis une réputation qui a franchi les mers. Cet excellent prêtre a voué sa vie à retenir les Canadiens dans leur propre pays. A lui seul, il a fondé plus de quarante paroisses dans la province de Québec. Partout où la colonisation a porté ses efforts, au ïémiscamingue, sur les bords du lac Saint-Jean ou de la rivière Saguenay, nous trouvons, dirigeant et soutenant les co’ons, des prêtres ou des religieux. Dans chaque diocèse un ou plusieurs prêtres sont chargés de promouvoir le mouvement de la colonisation et de lui imprimer une direction. Grâce à ces sociétés la forêt a reculé, de nouvelles paroisses ont surgi. Comme elles sont en général fort pauvres. Ms 1 Bruchési, archevêque de Montréal, a eu l’idée pour son diocèse de faire adopter chacune d’elles par une paroisse déjà constituée et riche qui devient la marraine de la nouvelle et fournit à sa filleule les objets nécessaires au culte. Aujourd’hui l’on regrette qu’un mouvement de colonisation plu* puissant n’ait pas été dirigé vers les riches plaines du Manitoba. Des colons de race française et catholique s’y fussent établis au lieu des protestants qui n’ont < d’y aflluer et y sont un péril pour l’avenir du catholicisme.

Cf. Gailly de Taurines, La nation canadienne, Paris, , -nré Labelle, La colunisatwn dans la vallée d’Ottawa, au nord de Montréal, etc., Montréal, -1880 ; MémOi’tion

des terres incultes du Bas-Canada, in-4° Québec, 18t>7 ; A. Duies. Le Saguenay et la vallée du lac Saint-Jt an. in-8’, Québec. 1880 ; Id., La région du lac Saint-Jeai, la provinee de

Québec, Québec, 1890 ; Id., Aux portiques drs Laurenti, curé Labelle, in-8-, Québec, 1891 ; M.. LOutaouais supérieur, in-12, Québec, 1889 ; Testard de Montigny, La colonisation, ia-8% Montréal, 18’J5.

III. État ACTUEL.

1° Province* ecclésiastiques. — Les provinces ecclésiastiques sont au nombre de huit it ont pour métropoles respectives : Québec. Montréal. Ottawa. Toronto, Kingston. Halifax. Saint-Roniface (t Vancouver. Elles comprennent vingt et un évéchés, quatre vicariats et une préfecture apostolique. L’Eglise du Canada relève directement de la S. C. de la Propagande. La province ecclésiastique de Terre-Neuve. janvier 1804, comprend l’archevêché de Saint-Jean i deui évéchés de Havre-de-Grice et de Saii

A la mort d’un évéque, les autres évêques de la province envoient à Rome une liste de trois noms rang* s parordre de mérite : dàgniatimus, dignior, dignus, jointe à une liste semblable’laissée par l’évoque défunt ; et c’est au saint-siège, après informations prises, de choisir entre les candidats. Les évêques des provinces ecclésiastiques de Québec. Montréal, Ottawa, Saint-Doml’ace et Vancou

PROVINCES ECCLÉSIASTIQUES

ver sont tous Canadiens français ou Français ; dans ces deux dernières provinces tous appartiennent à la congrégation des oblats de Marie-Immaculée, à l’exception’>' Orth, de Vancouver, qui est du clergé séculier el

il’ri allemande ; dans les autres provinces les évéques

sont Irlandais d’origine, sauf M » ’Gauthier de Kingston, qui est Canadien français, et l’évéque de Charlottetown qui esi de race écossaise. Les évoques des trois provinces de Québec, Montréal et Ottawa sont de droit membres du conseil de l’instruction publique. Ce conseil se compose en outre de laïques nommés par le gouvernement de la province de Québec, en nombre égal à celui des évéques. Il est présidé par un laïque qui a le titre de surintendant de l’instruction publique. Il se réunit deui fois par année pour statuer sur tout ce qui

UICT. DE TIII.UI.. CATIIOL.

intéresse l’enseignement. Le gouvernement ne fait guère que ratifier les décisions de ce conseil. On voit combien est grande l’influence de l’épiscopat sur ces matières si importantes pour la formation d’un peuple. Entre les évéques règne la plus grande unité de vues. A plusieurs reprises tous les prélats du Canada se sont unis pou ; 1 adresser en commun aux fidèles des instructions sur la conduite à tenir ou sur la direction à prendre en telle occurrence plus difficile. A l’égard de l’Etat, l’évéque est complètement indépendant. Des qu’il a reçu ses bulles du souverain pontife il entre en fonctions sans avoir à remplir aucune formalité’civile. Aussitôt les fidèles lui rendent hommage et obéissance et lui reconnaissent tous les droits de ses prédécesseurs. En général, l’évoque est choisi parmi la prêtres

II. - 47 1 1 I

CANADA CATHOLICISME)

I 1*6

les plu-- distingués du diocèse vacant. Chaque évéché a sa Fondation, v a mense piscopale, le ri reno di n s componendetf, etc. L’Élal lui reconnaît ! Iroits d’une

corporation civile. L’évéque jouil de la plus grande liberté pour la nomination aux mvi^, l’érection d< roisses et la construction de i lisi oudespresbyl Au Canada, point de cures inamovibles, sauf V Dame do Québec. Dès qu’un curé est nommé par l’évéque, il entre en fonction ; il tient les registres de l’état civil pour 1rs baptêmes, les mariages et les décès. Seul il peut célébrer les mariages, car ici le mariage civil n’existe pas. Pour l’érection d’uni il faut la

requête de la majorité des habitants. L’évéque ayant pris connaissance de cette requête, Bxe un jour pour une assemblée de paroisse et entend les raisons qui peuvent s’opposer à l’érection demandée.’Après cette assemblée et une enquête sérieuse, il rend un décret d’érection et ce décret est sans appel. Le curé nommé a droit à la dime ; et les registres paroissiaux qu’il tient sont reconnus comme registres civils. La dime est au Canada le moyen reconnu par l’Etat lui-même de subvenir à l’entretien du prêtre. Elle fait l’objet d’un commandement de l’Église : « Droits et dime tu paieras à l’Église fldèlement. » La dîme se prélève sur les grains seulement : blé, avoine, orge ou sarrasin, et en dépit de son nom elle n’est que d’un vingt-sixième. Par suite des variations survenues dans l’état de la population et de la culture, la dime tend à se transformer en une redevance en argent. Les revenus d’une paroisse ordinaire de campagne sont d’à peu près 3000 francs. La moyenne de la population d’une paroisse rurale au Canada est de 150 i I7."> familles, renfermant douze cents âmes, dont huit cents communiants ; et ici tous communient, les gens qui ne font pas leurs pàques sont une exception. Cf. lîaudry, Code des curés, marguilliers et paroissiens, Montréal, 1870 ; Pagnuelo, Études sur la liberté religieuse en Canada, passim ; abbé Gosselin, L’Église au Canada, dans la Revue du clergé français, 1° année, p. 207.

Ordres religieux et congrégations.

Il va aujourd’hui au Canada plus de vingt communautés de prêtres, huit de frères et au moins soixante-deux de religieuses. Les prêtres de Saint-Sulpice n’y sont pas les plus anciens, mais ils y sont restés sans interruption, depuis 1657. Ils ont à Montréal deux paroisses : Notre-Dame et Saint-Jacques, plusieurs aumôneries et la direction de trois maisons llorissantes : petit séminaire, philosophie et théologie, plus une paroisse à la campagne. Leur nombre s’élève à 70. Grande est leur influence : par leurs biens ils sont le soutien de nombreuses écoles et d’oeuvres de charité. Les Pères jésuites, revenus en

1842, comptent aujoud’hui su Canada 20 établissements t -r.i religieux. I ; - ont trois colléf i Montréal

et un ; i Saint-Bonilace. Leur noviciat et leur sculasticat sonl dans le diocèse de Montréal l "blat$ de

Marie-Immaculée sont li du Nord-Ouest. Le

Canada constitue un. n. lis

Bont établis à Montréal, à Québei. Ottawa, ils onl université catholique, un juniur.it et un Les

quatre vicariats apostoliques du Nord-0 entra

leurs mains, ainsi que lediocèses de Saint-Boniface, de Saint-Albert et de New-Westminster Colombie britannique). Signalons encore i ta de SaintVioleur, qui ont deux collègi - >i ms le Montréal et tiennent de nombn r n-u de Sainte-Croix qui ont deux cuil. _ l’un de Montréal, l’autre a Memramcook, et d’autres établissements ; les basiliem établis dans le llaut-I’..mada, et surtout à Toronto où ils ont un collège I’s.uit ; les Père » rédemptoristes qui desservent le fameux sanctuaire de Sainte-Anne de Beaupré et se vouent à la prédication ; les eud isles, qui dirigent le grand séminaire d’Halifax, sont a la tête de la préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent et sont établis dans les provinces ecclésiastiques de Québec et de Montréal ; les dominicains établis à Saint-Hyacinthe, à Ottawa et plus récemment à Montréal : les capucins près de Québec et de Birnouski ; les franciscains s Montréal, Québec et aux Trois-RJvières ; les trappistes établis à Notre-Dame d’Oka par les sulpiciens (1881) et qui depuis ontouvertquatre autres trappesau Canada : les | de la Compagnie de Marie, fondés par le B. de.Montfort, appelés aussi en Canada par Saint-Sulpice ; les chanoines réguliers de V Immaculée-Conception dans les diocèses d’Ottawa etde Saint-Boniface ; li - Saint-Vincent de Paul, Québec ; les Pires de Chavagnes ; les 1 Blancs (Québec) ; les Pères du T. S. Sacrement (Montréal | : les carmes (Toronto) et les missionnaires de la Sulette Saint-Boniface.

Les frères des écoles chrétiennes, appelés par Saint-Sulpice (1837). comptent aujourd’hui au Canada ooOfi’ont 36 établissements, dont 32 dans la province de Quéibec, et instruisent 18000 élevés. D’autres instituts transplantés de France les secondent dans l’œuvre d’instruire la jeunesse : frères du Sacré-Cœur, frères mai frères de l’instruction chrétienne, fier » - de Saint-Gabriel.

Parmi les communautés de religieusi s. trente au moins ont pris naissance au Canada. Nous avons dit plus haut combien à cet égard avail été fécond l’épiscopat de Ma r Bourget, évêque de Montréal. Dans les diocèses du Bas-Canada surtout, la fécondité de l’Église a paru intarissable en ces cinquante dernier, b snni es. Ce

    1. DÉNOMINATIONS##


DÉNOMINATIONS.

Congrégation Notre-Dame

Sœurs prises (ont été divisées depuis 1854)

Scrurs de la Providence

Iles Saints-Noms de.1. ^us et de Marie.

De Sainte-Croix

Do la Miséricorde

1 1.- SainteUnie

Servantes du Cour Immaculé de Marie, s. de l’Assomption de la sainte Vierge,

Jésus-Marie

s. du Précieux-Sang (vie contemplative).

I ÊSE

de

    1. FONDATION##


FONDATION.

Montréal.

Montréal.

Québec.

Saint-Hyacinthe. Ottawa. Montréal. Montréal. Montréal. Montréal. Montréal. bec. Nlcolet.

!. C.

1659

1747 1840 1840 1845

1843

1841 1848 1850 1850

1861

785

100

490 1 MU 941 483 117 750

277 144

17.-.

150

133 63 96 157 108 100 32 88 60 60

57

l’JI 58 39 12

77 89

33

7

33 19 10

ls |36 »

16

11

6

4

3

18

14

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6

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n

J487

CANADA (CATHOLICISME)

1488

n’est pas seulement l’éducation des filles qui a trouvé dans la religion des dévouements, c’est encore la charité sous toutes ses formes : hôpitaux, orphelinats, jardins de l’enfance, refuges, hospices, ouvroirs, asiles, tenue matérielle des petits séminaires et collèges, qui ont suscité l’activité des âmes et provoqué de multiples immolations. Nous avons nommé déjà les augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec, les ursulines, les hospitalières de Saint-Joseph, de l’Hôtel-Dieu de Montréal qui accoururent de France et assistèrent la colonie à son berceau. En 1659, la vénérable Mère Bourgeoys dotait sa nouvelle patrie des sœurs de la Congrégation ; en 1740, la Mère d’Youville de la Jemmerais fondait les sœurs grises de Montréal. Un coup d’œil rapide sur le tableau précédent suffira pour renseigner le lecteur sur les principales fondations de religieuses faites au Canada.

Telles sont les plus importantes communautés fondées au Canada. Il en est un grand nombre d’autres qui rendent d’immenses services dans les diocèses où elles sont nées ou dans ceux où elles ont essaimé. Parmi les congrégations venues de France l’une des plus répandues est celle de la Présentation, fondée par M rae Rivier au diocèse de Viviers. Établie dans le diocèse de Saint-Hyacinthe depuis 1853, elle compte aujourd’hui au Canada et dans les diocèses limitrophes des États-Unis, 35 maisons, 440 religieuses, 75 novices ou postulantes, et donne l’instruction à 10000 enfants. Nommons encore, parmi les plus connues, implantées au Canada, les carmélites, (Montréal), les petites sœurs des pauvres (Montréal), les dames du Sacré-Cœur (Montréal), les sœurs de la Sagesse (Ottawa), les fidèles compagnes de Jésus (Nord-Ouest). Enfin notons une communauté fondée à Memramcook en 1874, et transférée à Sherbrooke en 1895, spécialement destinée au service matériel des collèges, séminaires, évèchés, les sœurs de la Sainte-Famille, qui comptent 20 maisons, 175 professes et 129 novices ou postulantes.

Universités et séminaires.

L’enseignement supérieur est tout entier entre les mains du clergé. Nous avons parlé au long des universités catholiques de Québec et de Montréal ; nous n’y reviendrons pas. Elles ne sont pas les seules. Les Pères oblats en ont fondé une à Ottawa. En 1848, M’J r Guigues, oblat, confia au P. Tabaret la direction d’un collège qu’il fondait. L’établissement prospéra et prit en 1866 le titre de collège d’Ottawa. En même temps il obtint le pouvoir de conférer quelques-uns des grades universitaires. En 1885, ces pouvoirs furent singulièrement étendus et le titre d’université civile lui fut concédé. Restait qu’elle devint université catholique. Un bref de Léon XIII, en date de 1889, lui octroya ce privilège. La faculté de théologie est suivie par les scolastiques de la congrégation des oblats, de quelques autres communautés et par les séminaristes du diocèse. La faculté de médecine manque. Les élèves qui ont passé leur baccalauréat sont de droit admis à suivre les cours de médecine dans les autres universités du Haut-Canada. Cette université fort prospère, animée par une jeunesse nombreuse et pleine de vie, a été en partie détruite par un désastreux incendie (décembre L903). Quelques collèges, comme celui de Memramcook (N.-B.) et de Saint-François-Xavier à Antigonish (N.-E.)i portent le titre d’universités, ce qui veul dire que ces établissements peuvent conférer le grade de bachelier es arts, requis pour l’admission à l’étude de la médecine ou du droit dans telle autre université où ces facultés sont établies.

Quant aux simples collèges, ils se fuit affilier à une université de la région où ils sont établis. C’est ainsi que le collège des jésuites de Saint-Boniface est affilié à l’université protestante de Winnipeg, el que celui de Saint-Michel de Toronto, tenu par les Pères basiliens, est affilié à l’université — protestante aussi — de cette ville. Dans le Bas-Canada les collèges classiques, au nombre de dix-sept, sont affiliés à l’université Laval, et il en est de même

de celui de Saint-Dunstan (île du Prince-Edouard). Chaque année, au mois de juin, les copies des candidats au baccalauréat sont envoyées à Québec, où elles sont corrigées par des comités de professeurs. Les compositions ont eu lieu dans les collèges, mais sur des sujets envoyés de l’université. Ainsi, les épreuves du baccalauréat se transforment en une sorte de concours entre les collèges, concours extrêmement utile pour provoquer une noble émulation au travail. L’élève qui obtient le premier rang reçoit un prix en argent, appelé prix du Prince de Galles, du nom de son fondateur — maintenant Edouard VII — qui l’établit, avant son avènement au trône d’Angleterre, lors d’une visite au Canada. Le cours classique se compose régulièrement de huit années, les deux de philosophie y comprises. Les professeurs sont tous prêtres ou séminaristes. Chaque séminaire forme une corporation. Les prêtres qui y sont agrégés reçoivent le vivre, l’entretien et une légère rétribution. S’ils renoncent à l’enseignement, l’évêque leur assigne un poste dans le diocèse et ils cessent d’appartenir à la corporation. Dans le cas contraire, ils peuvent rester au collège jusqu’à la fin de leur carrière, rendant des services compatibles avec leurs forces et leur âge. Des collèges sont sortis et les évêques qui depuis un siècle gouvernent si sagement l’Église canadienne et les hommes d’État catholiques qui ont lutté pas à pas sur le terrain légal pour arracher aux Anglais les libertés dont jouissent aujourd’hui les Canadiens français. Voici la liste de ces collèges :

VALEUR

dp la

NOMBRE

fOSDAIIOS.

POI.I.ARS.

1665 »

554

1767

))

465

1803

260 000

305

— de Saint-Hyacinthe….

1809

175 000

313

— de Sainte-Thérèse (dioc.

1825

102 000

ÏÛ0

— de Ste-Annc-de-la-Poca 1829

180 000

300

— de l’Assomption (Montréal)

1832

135000

290

— de Joliette (Montréal)..

1846

130 150

330

— Saint-Laurent (Montréal).

1847

195000

525

— Sainte-Marie (Montréal).

1848

367000

400

— de nigaud (Valleyfield)..

1850

K7. r)(IU

310

— de Lévis (Québec)….

1853

260000

520

— Ste-Marie du Monnoir (St 1853

62 100

240

— des Trois-Rivières….

1X00

98000

260

1807

57000

120

1873

70 000

225

1875

69 000

245

1893

H9000

100

— de Loyola (Montréal ; …

1897

6 i’170

La théologie a trois grands foyers au Canada : le grand séminaire de Montréal et celui de Québec qui entrent comme facultés de théologie dans la constitution de l’université Laval, et l’université d’Ottawa. Les séminaristes peuvent, après examens, s’y munir de tous les grades y compris celui de docteur. Le séminaire de Québec remonte à M « r de Laval. Il compte environ cent étudiants, auxquels viennent s’ajouter les scolastiques de plusieurs communautés. Fondé en 1840, le grand séminaire de Montréal a pris rapidement un accroissement prodigieux. Il compte près de 300 élèves. Aussi ce nombre a-t-il exige 1, de la pari des prêtres de Saint-Sulpice qui le dirigent, une augmentation de personnel el’les agrandissements matériels considérables. Ce séminaire est fréquenté par les étudiante ecclésiastiques de la province ! de Montréal et de plusieurs diocèses’lu Canada et des États-Unis. Les sulpiciens onl égalemi ni fondé à Montréal un séminaire de philosophie, le seul de cû

m Canada. Ce superbe édifice, qui a coûte plus de 700000francs, domine l. t ville et a re( u jusqu à I35 i’deux établissements, situés dans le voisinage l’un de l’autre sur les Dam - du Mont-Royal, Boni tout du collège ou petit séminaire. Ces) encore Saint-Sulpice qui, avec l’approbation des évoques du Dominion etl ment du gouvernement anglais, a entrepris la construction du colli i canadien à Rome, pour lequel plus d un million de francs a té dépi nsi G-i ko à cette maison, une trentaim de jeunes prêtres du Canada peuvent chaque .uni, poursuivre le cours de leurs études de théologie ou de droit canon sous les cux du saint-siège. I » seize ans qu’il est ouvert 1I888) le collège canadien a déjà produit 1rs plus heureux fruits. Depuis quelques années, un nouveau grand séminaire a été ouvert A Halifax. L’archevêque en a confié la direction aux I eudistes.’1 " Journalisme. — Le catholicisme ne possède au Canada ni grands journaux, ni revues importantes. La raison en es ! dans le chiffre même de la population catholique qui atteint à peine deux millions et demi, appartenant à deux langues, Dans ces conditions, la circulation ne sérail pas assez grande pour couvrir les frais d’une telle entreprise. Les revues catholiques qui paraissent en France ou aux États-Unis, ou même en Italie, sont 1 eeues par le clergé ; il en est de même pour les journaux, lui revanche. Québec et Montréal et les autres villes ont des revues et des journaux à circulation restreinte, qui se fonl plus ou moins, en ce qui regarde les questions catholiques, l’écho des grandes revues et qui s’occupent des intérêts religieux du pays. D’ailleurs, il n y a au Canada ni revue, ni journal anti-religieux. A diverses reprises, il y a bien eu des tentatives d’en créer ; mais jusqu’à ce jour les évoques ont eu assez d’autorité sur les fidèles pour tuer, en la condamnant, toute feuille dangereuse à la foi ou aux mœurs.

En 1898, à la suite d’une lettre ouverte que l’évéque leur axait adressée, les journalistes de Montréal protestèrent publiquement de leur soumission à l’autorité épiscopale, et s’engagèrent à bannir désormais de leurs feuilles les circonstances détaillées des crimes et les gravures dont ces récits étaient trop ordinairement accompagnés. Ils ont été généralement fidèles à leur promesse. Cf. La grande cause ecclésiastique, in-8°, Montréal, 1894.

Sociétés et associations.

La liberté’d’association étant très grande au Canada, beaucoup de sociétés s’y sont constituées. Les catholiques canadiens-français ou irlandais ont les leurs, placées sous le haut patronage de leurs évéques et sous le contrôle tic leurs prêtres. Une de-- plus anciennes est la Société Saint-Jean-Baptiste ; fondée en 1834 par Ludger Duvernay, dans le but d’unir entre eux tous les Canadiens, tie leur fournir un motif de réunion et l’occasion de fraterniser, de promouvoir les intérêts nationaux (t de former un fonds destiné à des œuvres de bienfaisance. L’association comprend quatre grandes divisions : le clergé, les professions libérales, le commerce et l’industrie, les arts et métiers.

Elle s’élelid aujourd’hui aux Canadiens français du Canada

et des Etats Unis. Elle est assez riche pour avoir fait construire à Montréal un magnifique édifice connu sous le nom de Monument national et qui a coûté’900000 dollars. Ses réunions donnent lieu à des manifestations d’une splendeur unique. En ls7 i, 1884 et 1898, Montréal a été témoin de ces réunions de 60000 à 80000 Canadiens, assistant i la sainte messe, célébrée en plein air, et défilant ensuite à travers les rues de la ville banni déployées.

Viennent ensuite plusieurs sociétés de secours mutuel : l’Alliance nation. de, fondée en 1892, > Montréal, comptant aujourd’hui près de 1 10 cercles et de 12 000 membres ; l’Association catholique de bienfai mutuelle, organisée en lbTO par les catholiques irlandais

d Ontario, bénie par Léon XIII. d

eil, tenant des trois

m. t dont les mena nent le nombre de 2

tiOO catholique de bienfaisance mutuelli

-l’ni s, fondie i N iaf Il pai de Buflalo

(1876), a un grand conseil à Québi ppro nada. Cil

1 Union franco-) anadienm n

connue pendant dix ans sous le nom de Protectù 1 malades ; 1 ordre di

Chicago, en 1883, avec l’approbation di uan,

archevêque de a tti ville, et qui est répandu au Canada depuis plus de dix ans. En 189 ! iciation comp tait 8000 adhérents dans la cour provinciale de Québec, alors constituée ; depuis, ce nombre a plus que triplé. Surles six villes désignées pour le

de la société, deux sont au Canada : Montréal et Ottawa. Nommons aus’-i la Société- des artisans canadiens-français fondée à Montréal ils7(é. répandue par tout le lias-Canada ; en 1900, elle avait 14500 membres ; ils dépassent aujourd’hui -iOtJOO. La Société de Saint-Vincent-de-Paul établie à Québec en 1846, à Monta en 1848, couvre les villes de ses bienfaisantes conférences. A Montréal seul elle dépense plus de 130000 francs par an pour les pauvres ; de 18 tS à 1895 elle a distribué pour un million et demi de bons de pain, de charbon ou de viande. Les dépenses de 1902 ont atteint pour tout le Canada français.’{30 000 francs. Que d’autres associations nous pourrions citer encore : l’Union catholique de la province de Québec (1897J qui fonctionne surtout dans les campagnes ; la Légion catholique de bienfaisance, etc. Les cercles pour les marins catholiques, pour les jeunes gens, pour les ouvriers, sont également connus, surtout à Montréal dont la population atteint aujourd’hui 300000 âmes. Les Irlandais ont fondé la Société de Saint-Patrice de Montréal qui se ramifie dans les cinq paroisses irlandaises de la ville et s’étend partout où il y a des catholiques irlandais. Son but répond assez bien à celui de l’Association Saint-Jean-Ba] pour les Canadiens français. Leur société de tempérance {Saint-Patrick’s total abstinence and bens/it-Society), fondée par M. Phelan, prêtre de Saint-Sulpice cl premier évêque de Kingston, fut la première du pays. Depuis sa fondation (18KJ] ellea produit un bien incalculable et vu se multiplier autour d’elle des sociéi même genre. Citons encore les Chevaliers de Colomb [Knights of Colombus*. société qui établit des rapports entre l’élite des catholiques irlandais et à laquelle appartiennent beaucoup d’évéques et de prêtres irlandais des Etats-Unis et du Canada.

A ces associations s’en ajoutent d’autres dont le but est exclusivement religieux ; telles sont les soci d’adoration diurne et nocturne ; les con. d’hommes, de jeunes gens, dont plusieurs soirt foi t anciennes. La congrégation des hommes de Notre-Dame de Montréal remonte à 1663 et est affiliée à la Paria de Rome depuis 1673. 1 liions de

l’apostolat de la prière, de la ligue du Sacré-Cœur, prêtres adorateurs du Saint-Sacrement, du tiers-ordre de Saint-François-d’Assise, et d’autres encore, fruits de la piété catholique, trouvent au Canada une terre toute préparée pour > germer et y grandir. Les associations de la Sainte-Famille y datent du xvii’siècle ; ce fut une dévotion des plus dures aux premiers colons de Ville-Marie et île Québec, que celle à la Sainte-Famille de Nazareth. Nommons enfin l’Union de prière » ou société de la bourre mort établie par M. Picard, prêtre de Saint-Sulpice. et qui compte’27(fen’membres i Montréal et plus de looikHi dans la seule province de Québec. Son but est d’obtenir « h très bien vivre et de bien mourir. Moyennant une légère redevance annuelle, ses membres ont droit à des funérailles convenables.

G Missions. — Des missions indiennes du xvir siècle

il reste encore des traces. On trouve dans la province ecclésiastique d’Halifax plusieurs groupes catholiques de Micmacs et d’Abénakis ; dans le diocèse de Québec une paroisse entièrement composée de Hurons, cf. N.-D. de Loretta en la Nouvelle-France, par l’abbé Lindsay, Québec, 1902 ; dans celui de Montréal deux paroisses iroquoises. L’une d’elles, Caughnawaga (mot iroquois qui veut dire dans le rapide), située, près de Montréal, sur le Saint-Laurent, compte 2060 Indiens catholiques. Cette mission, fondée par les jésuites en 1667 et desservie par eux jusqu’en 1783, est revenue entre leurs mains en 1903. La seconde, la paroisse iroquoise algonquine du Lac-des-deux-Montagnes, nommée aussi Oka, aujourd’hui comme aux premiers jours est desservie par les sulpiciens. Signalons enfin, dans le diocèse de Valleyfield, le centre iroquois catholique de Saint-Bégis.

Ce sont là des exceptions. Les vraies missions actuelles du Canada sont situées au Nord-Lst, le long de la cote du Labrador, au Nord sur les rives de la baie d’Hudson et surtout au Nord-Ouest dans les immenses territoires qui s’étendent de l’Ontario jusqu’au bas Mackensie cl à l’Alaska. Au Nord-Est, la préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent embrasse le Labrador et l’extrémité de la province de Québec. Elle compte environ 10000 catholiques : parmi eux, beaucoup d’Esquimaux, de Nascapis et de Montagnais. L’administration de cette préfecture est confiée aux Pères eudistes. Plusieurs prêtres séculiers et quelques religieux oblats collaborent avec eux. Les missionnaires sont en tout une vingtaine. Ils sont aidés par des religieuses qui font la classe aux petits entants ou exercent les multiples offices de la charité.

A l’Ouest, dans les diocèses de Pembroke et de Peterboro les missions sont nombreuses. Le premier de ces diocèses ne date que de 1898 ; auparavant c’était le vicariat apostolique de Pontiac. Il se prolonge au nord jusqu’à la baie d’Hudson. A cette extrémité est située la mission d’Albany, fondée en 1891 par les Pères oblats. Aux Pires oblats également sont confiées les missions du lac Témiscamingue, d’Abbittibi, de Grassey Lake, etc., et celles, situées sur la hauteur des Terres, qui sépare le bassin de la baie d’Hudson de celui de l’Ottawa, missions de Waswanipi, Mekiscan, Grand-Lac, Lac-Barrière, Maniwaki et beaucoup d’autres. Mo r Proulx, A la baie d’Hudson, Montréal, 1886. Les Pères jésuites ont plusieurs missions sur les bords du lac Huron et de la baie Géorgienne, régions jadis habitées par les Hurons, dont ils furent les apôtres au xvif siècle. Etablis à EortWilliam, à Massey-Station, à Sudbury, à Wikwemikong, au Sault-Sainte-Marie et dans quelques autres centres, tous dans le diocèse de Peterboro, ces missionnaires rayonnent pour le service des âmes dans beaucoup de missions secondaires.

Restent enfin les missions les plus importantes, celles du Nord-Ouest, toutes aux mains des oblats de Marie-Immaculée. Elles comprennent la province ecclésiastique de Saint-Boniface et celle de Vancouver, sauf l’île de ce nom. qui forme à elle seule une circonscription archiépiscopale. Ces provinces se divisent en deux

diocèses, Saint-Albert et New-Westminster, et en trois

vicariats apostoliques, Saskatchewan, Athabaska et Mackensie-Yukon, Toutes ces divisions ecclésiastiques ont , -i leur tête « les évéques oblats. Le nombre des Pères pés dans les missions s’élève au-dessus de centcinquante. Ils sont assistés par des frères convers de la même congrégation. Une centaine de prêtres séculiers sont répandus dans les di’Saint-Boniface, de Saint-Albert et de New-Westminster. Les Indiens du Nord-Ouest se rattachent à la rare algonquine. Ils Boni connus sous le nom général de Kristinous ou Cris et se nomment eux-mêmes Néhivourik. Ils son’, disséminés dans le bassin de la baie d’Hudson, au nord du

lac Supérieur, dans le Kewatin, et jusque dans le bas Mackensie, où ils confinent aux Tinnehs des côtes de la mer Glaciale. D’après une estimation récente, ils s’élèveraient au nombre de 45000. La Colombie anglaise compte 26000 Indiens qui appartiennent à une race différente. Le zèle des missionnaires ne s’exerce pas seulement sur les sauvages, mais encore sur les métis, très nombreux dans tout le Far-West, et sur les colons de toute race et de toute nationalité. Ces immenses territoires, où l’on ne voyait, en 1815, qu’un évêque et six prêtres, comptent aujourd’hui sept évéques, trois cent dix prêtres, réguliers ou séculiers, et voient se dresser quatre cent huit églises, cent trente-six écoles et plusieurs hôpitaux. Les catholiques y dépassent le nombre de 100000. Il n’est pas de localité tant soit peu importante qui n’ait sa chapelle et ne reçoive le missionnaire. Pour une très grande part, c’est l’œuvre des oblats de Marie-Immaculée. L’histoire de l’évangélisation du Nord-Ouest forme une épopée des plus émouvantes dans les annales catholiques ; la dernière page n’en est pas encore écrite. Piolet, La France au dehors, t. vi ; P. Jonquet, Vie de Ms r Grandin, Montréal, 1901 ; dom Benoit, Fie de Ms’Taché, Saiut-Boniface, 1904 ; Annales des Pères oblats, Ottawa.

Lieux de pèlerinage.

Moins nombreux que dans les pays où le catholicisme est implanté depuis de longs siècles, les lieux de pèlerinage aimés et fréquentés par les fidèles ne sont pas rares dans le Bas-Canada. Québec possède le sanctuaire de N.-D. des Victoires qui remonte aux origines mêmes de la colonie. Montréal voit de nombreux pèlerins se recommander à N.-D. de Bon-Secours dont la chapelle, commencée dès 1657, se dresse au-dessus du port. C’est là que, chaque année, l’archevêque, entouré du clergé de la ville, vient inaugurer le mois de Marie. Le calvaire élevé’par M. Picquet, S. S., au Lac-des-deux-Montagnes, en 1725, attire aussi de nombreux pèlerins, surtout le Il septembre, fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix. Mais le pèlerinage, on peut dire national, du Canada est celui de Sainte-Anne de Beaupré. Ce sanctuaire, dû à la pieuse initiative de marins bretons arrachés par sainte Anne au naufrage (1657), s’est modifié et embelli au cours des siècles. Il est actuellement entouré d’un village. Il est situé à sept lieues au-dessous de Québec sur la rive nord du Saint-Laurent. I les milliers de pèlerins affluent en ce lieu chaque été du Canada et des États-Unis pour prier la « bonne sainte Anne ». Les faveurs spirituelles et temporelles obtenues ont accru le nombre des pieux voyageurs. Les rédemp toristes, qui ont la desserte de l’église depuis 1879 » reçoivent par an environ cent vingt pèlerinages organisés. En 1903 le nombre des pèlerins a été’de 168 000. Signalons encore les sanctuaires de N.-D. du Cap de la Madeleine, entre Québec et Montréal ; de N.-l). de Lourdes à Montréal ; de N.-D. de Lourdes à Higaud, diocèse de Vallevlield. Dans ces lieux beaucoup d’âmes meurtries trouvent la guérison, de cceurs abattus on affligés le courage et la consolation. Abbé I.eleu, Histoire de N.-D. de Hoii-Sccours à Montréal, Montréal, 1900 ; le P. Charland, Madame sainte Amie, Paris, Montréal, 1898.

Itûle providentiel du Canada.

- Nous ne pouvons clore cet article sans constater que les Catholiques canadiens de race française se regardent comme un peuple élu, destiné par la divine providence à influer profondément sur l’avenir de l’Amérique. Ils ont foi en une mission à remplir ; et cette mission, c’est celle que la France a remplie en Europe. Historiens, poêles, romanciers expriment à l’envi cette idée dans leurs ouvrages. C’est un thème cher à leurs orateurs aussi Lien de la

politique que de l’Église et de l’université, i Après avoir médité l’histoire du peuple canadien, dit un de leurs historiens mort au mois de février 1904, l’abbé Casgrain, il est impossible de méconnaître les grandes vues providentielles qui ont présidé à sa formation ; il est impos1 i’rt

CANADA CATHOLICISME]

sibte de ne pas entrevoir que, - il ni trahit p lion, de grandes destinées lui sont rési rvé< - dans cette partie du monde. La mission de la 1 rance américaine* si la même ur ce continent que ci Ile de la i rance euro ne but l’autre hémisphère. Pionnière de la vérité comme elle, loi m té l unique apôtre de la

vraie foi dans l’Amérique du Nord. Depuis son origine elle n’a cessé de poursuivre fidèlement cette mission. i di ^'>n sein, nous n en doutons pas, que doivent

i les conquérants pacifiques qui ramèneront sons l’égide ilu catholicisme les peuples égarés du nouveau monde, i Histoire de la vénérable Marie de l’Ina tion, t. i, p. 95. C’est a cette action providentielle que

plut de justice. Il la reconnaît enfin - qui no - inalt l’Acte’I union d

das en 1840, ’1 1 j j lurent, contrairement aux ; de ceux mêmes ijui le provoquèrent, une liberté plus grande de l’Église catholique et une influ fonde de l’élément français. Cf. Gaillj di notion canadienne, c. xxv. p, 280-291 ; M un, in j mm ail et / « i prot idem

Une nouvelle France, in-12, Paris, 1902, c. xvji. Nous conclurons cet article <-n’mettant sous les yeui du lecteur un tableau qui lui permettra de juger di il ii catholicisme dans les différentes provinces du Canada pendant la dernière moitié « lu xw siècle

1851

1861

1871

1881

1891

1901

Catholiques.

Anglicans.. Presbytériens Méthodistes. Baptistes..

Catholiques. Anglicans.. Presbytériens

Méthodistes. Baptistes…

Catholiques. Anglicans.. Presbytériens Méthodistes.

Baptistes…

Catholiques. Anglicans.. Presbytériens Méthodistes.

i -…

Catholiques.. ns.. i i riens

Méthodistes. Baptistes…

167 695

223 365 204 148 213365

45 303

746854 « t>-2

38 470

21 199

4493

69131 36115 72924 23 593 42 643

27 1 47 6 530

20 402 4934 2900

1 ONTARIO

258151

274166

811 559

330995

30 :  ; 371

356 442

850373

162264

61539

86630

QUEBEC

943 253 63 487 43 735

30 844

7 751

1019850

62 449

46165

34 100

B686

NOUVELLE-ECOSSE

86 281 47 74 i 88 755 34167 62 941

102 001 55143

1(13 539 40871

73 430

NOUVEAU-BRUNSWI CK

85 283 42 776 36652

25 636

57 730

96 016 45 481 38 852 29 856 70597

ILE DU PRINCE-EDOUARD

35 852

6 785

7865

10442

7 221 1

11 1)70 4 371

320 839 417749

106 680

1170718

50 287 8853

117 187

— 112488

50 811 83 761

109 091 46768 12 B88

81092

.’.7 115 7 192

13 185 6 236

358 300 385 999 458 1 47

.

75 472

52 673

39 544

7 9M

122 452

108952 54 182

83122

115 961

40 639 35 504 79 649

47 837 13596

S90804

116281

1429 260 8393

129 578

3

106 381

74860

125 ( 41767 39 496

90806

5 976 30 750

Catholiqui -Anglicans .. Presb] ! Méthodistes Baptistes…

MAMTOBA

COLOMBIE ANGLAISE

TEREUTOIRB DU NORD

1881

1891

1901

1881

1891

1901

1881 1 1891

1901

12246 14297

i i 2’2 9 170 B 449

20571

31’B52 38977 28 127

16112

35672 14922

9148

10043 7804

3 516 434

$1-$2 B48 23619

1 1 298

3098

6 471

3 166

1

461

20

14 166

12 507 7980 1555

n

le Canadien attribue d’avoir été détaché de la France i la veille de la Révolution française. Il reconnaît la main de Dieu dans la rébellion des ci nglaises d’Amé rique 1775-1782) el dans l’agression des États-Unis en 1812 qui obligèrent l’Angleterre à traiter les Canadiens

t. Ouvrages sun L’RisTonut oênbiiau do Canada. — En outre des ouvrages cités tu cours ilo l’article, Charievolx, H et description générale de la Nouvelts-Franæ, 13 in-4°. Paris, 1744 ; Relation des jésuite », 3 ln-8*, Québec - deux

ouvrages, ainsi que les H, Lit. (1672-1779), publiées 4 Paris, lsi<1.21n-s. < t d.mires documents 1495 CANADA (CATHOLICISME) — CANADA (PROTESTANTISME)

1496

encore ont été réunis et publiés avec une traduction anglaise dans l’édition de Reuben Gold Thwaites, 73 in-8’, Cleveland (États-Unis), 1897, sous ce titre : Travels and Explorations of the jesuit missionnarics in New-France (1610-1791) ; Sagard, récollet, Histoire du Canada et voyages que les Pères récollets y ont faits, 3 in-8°, Paris, 1636 ; le P. Sixte le Tac, récollet, Histoire chronologique de la Nouvelle-France ou Canada, publiée par E. r.éveillaud, Paris, 1888 ; C. Leclerc, Établissement de la foi dans la Nouvelle-France, in-1’2, Paris, 1690 ; Faillon, S. S., Histoire de la colonie française en Canada, 3 in-4°, Ville-Marie (Paris), 1865-1866 ; abbé Ferland, Cours d’histoire du Canada (des origines à 1760), 2 in-8°, Québec, 1861-1865 ; F.-X. Garneau, Histoire du Canada qusqu’en 1841), 3 in-8°, Québec, 1845-1848 ; abbé H. -P.. Casgrain, Montcalm et Lévis, 2 in-8°, Québec, 1891 ; in-4°, Tours, 1898 ; Turcotte, Le Canada sous l’Union (1841-1867), 2 in-8 Québec ; E. Rameau, La France aux colonies, in-8°, Paris, 1859 ; de Rochemonteix, Les jésuites et la Nouvelle-France, 3 vol., Paris, 1896 ; Parkman, Les pionniers français dans l’Amérique du Nord, trad. de M"" la comtesse de Clermont-Tonnerre, née Vaudreuil, in-8°, Paris, 1874 ; Eugène Guénin, La Nouvelle France, in-4°, Paris, 1900 ; P. Ragey, Une nouvelle France, in-12, Paris, 1902 ; Gailly de Taurines, La nation canadienne, in-8°, Paris, 1894 ; M" H. Têtu, Les évêques de Québec, Québec, 1889 ; Pagnuelo, Études historiques et légales sur la liberté religieuse au Canada, in-8°, Montréal, 1872 ; R. Christie, History of the late Province of Lower Canada parliamentary and political, 6 vol., Québec, 1812 ; abbé Tanguay, Répertoire général du clergé canadien, in-8°, Québec, 1868-1869 ; Margry, Mémoires et documents pour servir à l’histoire des origines françaises des pays d’Outre-Mer, in-8°, Paris (1879-1888) ; J. Guérard, La France canadienne, situation religieuse, dans Le correspondant, 1877 ; abbéGosselin, L’Église du Canada, 2 art. dans la Revue du clergé français, 1895 ; Mandements et Lettres des évoques de Québec, 6 in-8’, publiés par M" Têtu et l’abbé Gagnon, Québec, 1888-1889 ; Meilleur, Mémorial de l’éducation du Ras-Canada, in-8’, Québec, 1876 ; Th. Chapais, Jean Talion, intendant de la Nouvelle-France, in-8°, Québec, 1904.

II. Ouvrages particuliers. -’A l’Acadie : Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale en Amérique, l’Acadie, 2 in-8°, Paris, 1889 ; abbé Casgrain, Un pèlerinage au pays d’Évangéline, in-8", Québec, 1888 ; Id., Les sulpiciens et les prêtres des Missions étrangères en Acadie (1616-1162), Québec, 1897 ; E. Richard, Acailiu, 2 in-8°, New-York, 1895 ; Poirier, Le P. Lefebvre et l’Acadie, in-8°, Montréal, 1898 ; G. Derouet, La nationalité française en Acadie, dans Le correspondant, 1899 ; abbé Maurault, Hist. des Abénaquis, Montréal, 1866 ; Moreau, Histoire de l’Acadie française de 1508 à 1755, in-8’, Paris, 1873.

2- A Québec. — Abbé Casgrain, Histoire de la Mère Marie df l’Incarnation, précédée d’une esquisse sur l’histoire religieuse des premiers temps de cette colonie, in-8°, Québec, 1878 ; Id-, Histoire de l’Hùtel-Dieu de Québec, in-8°, Québec, 1864 ; abbé Gosselin, Vie de M" de Laval, premier évêque de Québec 0622-1108), 2 in-8-, Québec, 1890 ; M" de Saint-Vallier et l’hôpital général de Québec, Québec, 1882 ; M 1’Têtu, Histoire du palais épiscopal de Québec, in-8°, Québec, 1896 ; Camille Roy, L’université Lavul et les fêtes du cinquantenaire, in-8’, Québec, 1903.

3’A Montréal. — Dollier de Casson, S.S., Histoire du Montréal, Montréal, 1869 ; Faillon, S.S., Vie de la Mère Rourgeeys, 2 in-8°, Paris, 1853 ; Id., Vie de M’" Mance, fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie, 2 in-8°, Paris, 1854 ; Id., Vie de M" a’Youville, fondatrice des sœurs grises, Paris, 1852 ; Lebhmd de Brumath, Histoire populaire de Montréal, in-8°, Montréal, 1890 ; P. Rousseau, Histoire de Paul de Chomedey de Maisonncuve, fondateur de Montréal, Montréal, 18s0 ; Mandements et lettres inires des évêques de Montréal, 10 in-8°, Montréal, 18871 !)00 ; Mélanges religieux, ’! vol., Montréal, 1899 ; Mémoires et ducun < : h l’histoire du Canada, publiés par la So ciété / de Montréal, 9 in-8 « , Montréal, 1859-1HK0 ; Le

diocèse de Montréal il la fin du aLv siècle, in-1°, Montréal, 191 « I.

4’Au Nord-Ouest. — Les missions catholiques, Lyon ; Annales de la propagation de lu foi, Lyon ; llapporls sur les missions , i, i diocèse de Québec, qui sont secourues par’" propagation < ! lu foi, 21 in-8° ou in-12, Québec, 1839-1874 ; Rapports de

in fui, établie à Montréal,

1815, 15 vol., Montréal ; depuis 1877 ces rapports on) été remplacés par une seule publication pour le Canada : Annale » de la propagation de la foi p"nr la province de Québec ; Piolet, 8.J., f.n France au dehors, Paris, 1903, t. vi, Amérique ; dom Henoit, Vie de M’Taché, archev. de Saint-Boniface, Saint-Boniface, 1904 ; P. Jonquct, O.M.I., Vie de il/" Crandht, évoque de

Saint-Albert, Montréal, 1904 ; J. Tassé, Les Canadiens de l’Ouest, 2 in-8°, Montréal, 1878 ; M Taché, Vingt années de missions dans le Nord-Ouest de l’Amérique, in-8°, Montréal, 1866 ; Id., Esquisse sur le Nord-Ouest r de l’Amérique, in-8’, Montréal, 1869 ; A nnuaire de Ville-Marie, Origine, utilité et progrès des institutions catholiques de Ville-Marie, 2 in-12, Montréal, 1863-1882.

Pour des indications plus amples sur des ouvrages écrits au Canada ou sur le Canada, nous signalons un Essai de bibliographie canadienne, par Philéas Gagnon, in-8°, Québec, 1895.

A. FOURNET.