Dictionnaire de théologie catholique/CALVINISTES

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 54-55).

CALVINISTES, disciples de Calvin. On a exposé dans l’article sur Calvin la naissance et les premiers développements du calvinisme en France et puis sa diffusion du vivant de Calvin. Il y eut des calvinistes dans presque toute l’Europe. En Suisse, ils l’emportèrent assez rapidement sur les zwingliens. Bullinger, l’héritier de Zwingle, s’unit ou plutôt se soumit à Calvin par le Consensus Tigurensis de 1549, qui adoptait les sentiments de Calvin sur la cène, comme le Consensus Genevensis proclama cinq ans plus tard sa doctrine de la prédestination. La Deuxième confession de foi helvétique, composée deux ans après la mort de Calvin, en 1566, mais dans son pur esprit, est, de tous les actes de ce genre, celui qui obtint dans les pays réformés le plus d’autorité et le plus grand nombre d’adhérents. Bossuet l’appelle « la grande et la solennelle ». Histoire des variations, l. XV. n. 15.

En France, la confession de foi de 1559 fut complétée par celle de La Rochelle en 1571. Les progrès du calvinisme furent arrêtés par la Ligue et la conversion d’Henri IV. L’Édit de Nantes fixa pour près d’un siècle leur état religieux (1598-1685). Pour un épisode du calvinisme français, voir Camisards, col. 1435-1443.

Les protestants des Pays-Bas, par la Confession belgique de 1562 et par l’appel de trente pasteurs calvinistes en 1566, se rallièrent à la doctrine de Calvin ; ce fut elle encore qui l’emporta dans les célèbres synodes de Dordrecht de 1574 et de 1618. Le calvinisme fut en Hollande religion d’État. Les catholiques demeurèrent une minorité importante.

Dans la Grande-Bretagne. l’Angleterre, sous Édouard VI, tenta une conciliation entre les doctrines de Luther et celles de Calvin : sous Élisabeth, une partie seulement du dogme calviniste passa dans les 39 articles ; l’organisation épiscopalienne fut entièrement opposée à l’organisation voulue par Calvin ; celle-ci fut adoptée par les presbytériens. En Écosse. John Knox prêcha un calvinisme outré ; la Confession écossaise de 1560 est conforme aux doctrines calvinistes. Malgré toutes les tentatives de l’Angleterre, l’Écosse devait rester foncièrement presbytérienne.

De la Grande-Bretagne, le calvinisme passa dans l’Amérique du Nord, où il se modifia au contact des autres sectes.

On compta de nombreux calvinistes en Pologne, en Bohême, en Moravie, en Hongrie. La Confession hongroise, œuvre du synode de Czengar, adopta la doctrine de Calvin sur la prédestination et sur la cène, et le synode de Tarczal (1563) se rallia à la Confession de Bèze. En Transylvanie, les populations slaves adoptèrent de préférence le calvinisme.

En Allemagne, le calvinisme fit des conquêtes sur le luthéranisme. Brème passa au calvinisme en 1562 L’électeur palatin Frédéric III embrassa le calvinisme (1562), proscrit ensuite par son successeur Louis VI (1576-1583), puis rétabli par Frédéric IV ou plutôt par son tuteur Jean-Casimir. Cette confession pénétra par la suite dans les pays d’Anhalt (1595), de Hesse-Cassel (1604), du Brandebourg électoral (1613) et dus plusieurs autres États.

Indépendamment de ces conquêtes proprement dites, le calvinisme exerça son influence sur les doctrines des autres confessions. Le Crypto-calvinisme (voir ce mot) ou calvinisme caché divisa les luthériens de 1552 à 1574. Le baianisme et le jansénisme, tout en le combattant, relèvent en partie du calvinisme.

Enfin, au sein même du calvinisme, certaines théories du maître donnèrent naissance à de vives controverses. La plus célèbre est celle qui, relativement à la prédestination, mit aux prises Arrninius et Gomar, aux Pays-Bas. Voir Arminius, t. i, col. 1968-1971.

A. Baudrillart.