Dictionnaire de théologie catholique/CALIXTE Georges

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 24-25).

5. CALIXTE George, théologien luthérien, fils du prédicateur Jean Calixte, né' le 14 décembre 1586 à Medelbye, village du Schlesvvig. Il commença ses études à Flensbourg, et fut envoyé, à l'âge de lti ans, a l’université d’Ilelmstadt ; il fréquenta aussi les universités dléna. de Giessen, de Tubingue et d’Beidelberg, Précepteur d’un riche Hollandais, .Matthieu Overbeck, il entreprit avec lui un long voyage à travers l’Europe et fit la connaissance de beaucoup de savants : à Mayence de Bécan, à Londres de Casaubon, en France du président J.-A. de Thou. Par ses longues études sur l’antiquité chrétienne et les Pères de l'Église, il parvint à s’affranchir de quelques préjugés lutin riens, fin 1643 il rentra a Helmsl.ult, et en 16Il il fut nommé professeur de théologie a l’université. Il mourut le 19 mars 1656, à l'âge de 70 ans. — Sur le terrain théologique Ions ses etl’orls tendirent à réconcilier les trois confessions : lutin Tienne, réformée et catholique. A cet effet il crut qu’il était n saire de dégager loyalement les croyant uues aux trois confessions, et de laisser de côté les points de divergence. Ces croyances communes il les trouvait dans le symbole des apôtres. Pour juger les croyances propres à chaque confession il s’appuyait sur l’Écriture et l’Église ; car il regardait comme vrai tout ce qui est formellement enseigné par l’Écriture et l’Église. En ce qui concerne les mystères, il enseignait qu’on doit admettre le fait de leur existence (quod sint), mais qu’on est libre à l’égard de leur nature ou de leur mode (quomodo sinl). Sur certains points de doctrine, il se séparait des luthériens et se rapprochait des catholiques : ainsi il enseignait la nécessité des bonnes œuvres, rejetait l’ubiquité du Christ dans son humanité, niait la corruption absolue de l’homme, reconnaissait au pape une primauté fondée sur le droit humain, et accordait que la messe peut être dite un sacrifice. Ces opinions conciliantes indisposèrent contre lui les luthériens rigides, et provoquèrent la fameuse controverse dite du syncrétisme, qui partagea en deux camps presque tous les théologiens allemands. A partir de 1630 on fit paraître contre lui divers écrits, où on l’accusait de vouloir fusionner toutes les confessions chrétiennes, d’où le nom de « syncrétistes » que l’on donna à ses partisans. Dans ces écrits on le traitait de « cryptocatholique » , et surtout de « cryptopapiste » ; c’est le titre même d’un écrit paru en 1640 : Cryptopapismus novm théologies Hclmstadiensis ; tous s’accordaient pour le déclarer traître et transfuge. Calixte se disculpa de ces accusations dans une série d’écrits de controverse dont les principaux sont : Widerlegung des unwahrliaften Gedichtes unler dem Titel « Kryptopapismus » , Lùnebourg, 1641 ; Iterata compellatio ad Academiam Coloniensem ; Responsum maledicis Moguntinorum theologorum pro rom. ponlificis infallibilitate preeceptoque sub una vindiciis oppositum, Helmstadt, 1644, 1645. La controverse ne fit que s’envenimer, lorsque Calixte, à cause de ses dispositions conciliatrices, fut invité en 1645, par le roi de Pologne Wladislas, à assister au colloque de Thorn, qui avait pour but de rétablir la paix dans les esprits. Les deux partis étaient assez nettement tranchés : du côté de Calixte se trouvaient surtout les théologiens d’Helmstadt, de Rinteln et de Konigsberg ; les principaux calixtins furent Conrad Ilornejus, Gérard Titius, .loachim Hildebrand. Ses adversaires se recrutaient dans les universités de Leipzig, d’Iéna, de Strasbourg, de Giessen et de Marbourg. Deux surtout, J. llùlfemann et A. Calov, se firent remarquer. La controverse dévia sur d’autres points, comme on peut s’en convaincre par les titres des écrits que Calixte publia à cette époque : De duabus quæstionibus num niyslerium Trinilâtis e solius V. T. libris possil demonslvari, et num ejus temporis patribus Filius Dei in propria sua liypostasi apparueril, 1649, 1650 ; Indicium de controversiis theologicis, quai inter lutlteranos et reformatos agitantur, 1650 ; Dcsiderium et studium concordiæ ecclesiasticæ, 1650 ;, . uii’rlrgutig der Verleumdungen, Helmstadt, 1651. Tous ses efforts furent infructueux, et il ne put voir le succès de son œuvre.

Les principaux ouvrages qui nous restent de Calixte sont, outre ceux que nous avons déjà cités, Disputationet X i de præcipuis christ, religionit capitibus, Helmstadt, 1611, 1658 ; Epitome theologiæ, ibid., 1661 ; Apparatus theologicus, ibid., 1628 ; Epitome theologiæ’lis, ilii’i. 1662 ; Traclatus de pontificio tacrificio i. Francfort, 1614 ; De lolvranlia reformatorum, Helmstadt, Iti’.tT, Digressio de arte nova contra Nihusium, ibid., 1631 ; et quelques autres écrits de moindre importance.

Ul. Calixt, Catalogua operum G. Calixti ; H. Schmid, iir.Utn der synkrctistischen Streitigkeiten in der Zeit des

s Calixt, I danger), 1K’it ; —. W. C. : k^., C. Cali.rt tiinl der

8ynkretUmu*, Brestau 1846 ; il. Th. Henke, O. CaUxtus und seine Zeit, 2 vol., Halle, 1*53-1856 ; Uauer, Ucber den Cha racter und die Bedeutung des calixtinischen S’jnkretismxis, dans Theol. Jahrb., 1848, p. 163 ; Realencyclopàdie fur prot. Théologie, 3e édit., t. iii, p. 643-647 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. il, col. 1711-1715.

V. Ermoni.