Dictionnaire de théologie catholique/BAPTÊME D'APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.1 : BAADER - CAJETANp. 97-118).

II. BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS.

— Jésus avait dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Cet ordre, saint Pierre commence à l’exécuter dès le jour de la Pentecôte. Il parle, convertit ses auditeurs et les baptise. Des diacres sont bientôt choisis pour le ministère des tables ; quant aux apôtres, ils conservent le ministère de la parole et l’exercent de tous côtés, d’abord dans les milieux juifs, ensuite parmi les gentils ; puis ils s’adjoignent de nouveaux collaborateurs et le monde romain est sillonné de missionnaires. La prédication de l’Évangile amène sans cesse de nouvelles recrues. Le baptême sert toujours d’initiation ; on insiste sur son absolue nécessité, sur le changement de vie qu’il doit opérer et les graves devoirs qu’il inspire ; on l’administre avec solennité. Mais c’est surtout après Marc-Aurèle, à partir du règne de Commode, quand les conversions se multiplient grâce à un répit de la persécution, que s’organise plus complètement la collation du baptême. Dès la fin du IIe siècle, on détermine tout ce qui précède, accompagne et suit la collation de ce sacrement.

En même temps les détails deviennent plus nombreux. Car, pendant les trois premiers siècles, ce n’est que peu à peu, au gré des circonstances, selon les besoins de l’heure présente, que se posent tels ou tels problèmes, qu’interviennent les solutions d’ordre pratique, que se dégagent les principes. L’auteur de la Didaché, Hermas, saint Justin, saint Irénée, saint Hippolyte, Tertullien, Clément et Origène sont précieux à consulter. Bientôt la controverse relative au baptême des hérétiques, la lutte contre les donatistes, les conciles, les Pères apportent un contingent plus considérable de renseignements. Saint Cyprien, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Chrysostome, saint Jérôme, surtout saint Augustin nous mettent en mesure non seulement de trouver une réponse aux principales questions qui peuvent se poser au sujet du baptême, mais encore de nous faire une idée exacte de la manière dont on envisageait le sacrement de baptême et de noter le développement progressif de la doctrine, à l’époque des Pères.

Au point de vue dogmatique, c’est d’abord l’absolue nécessité du baptême proclamée pour quiconque veut faire partie de l’Église et s’assurer le salut éternel ; c’est ensuite sa nature, sa valeur intrinsèque, son efficacité intime, d’où la détermination du vrai rôle du ministre, la distinction entre ce que la théologie appellera la validité et la licéité, l’opws operalum et Vopus operantis.

Au point de vue moral, c’est, d’une part, le rôle du baptême dans la vie, les devoirs qu’il impose, la difficulté pour le baptisé qui retombe dans le péché de rentrer en grâce : d’où le rôle de la pénitence ; et, d’autre part, l’abus du retard apporté par les catéchumènes dans la réception du baptême, contre lequel ne cesseront de protester les Pères.

Enfin, au point de vue liturgique, ce sont les cérémonies et les rites divers qui précèdent, accompagnent et suivent la collation du baptême, alors intimement liée à la collation des sacrements de confirmation et d’eucharistie et constituant l’initiation chrétienne. Après quoi il est facile de voir que si, dans les divers usages des églises d’Orient, de Rome et de la Gaule, tels que nous les connaissons par des documents postérieurs, persistent quelques différences, ces différences sont légères et n’intéressent que des points secondaires : le baptême garde partout son cadre liturgique, sa physionomie caractéristique.

Une remarque s’impose, c’est la pénurie de la langue

théologique à ses débuts. Les termes qui doivent plus

tard concrétiser l’enseignement et faciliter l’exposition du

dogme sont inconnus ; les Pères n’ignorent pas, du moins, ce que ces termes signifieront ; ils possèdent sur les éléments constitutifs du baptême, sur sa nature, son essence, son rôle, ses effets, des notions suffisantes, que la théologie n’aura plus qu’à recueillir et à désigner par des expressions appropriées.

Inutile de constater ici que Jésus-Christ est l’auteur du baptême : car personne n’en a douté pendant la période patristique ; quant à la question de savoir à quel moment N’otre-Seigneur a institué le baptême, elle n’a f ; iit l’objet ni d’un examen approfondi ni d’une controverse spéciale ; c’est à peine si quelques Pères ont signalé, en passant, le moment de cette institution, les uns le plaçant avant la passion, les autres après. Voir pour le second sentiment S. Léon le Grand, Epiât., xvi, c. iii, P. L.A. liv, col. 699.


I. Noms.
II..Matière.
III. Forme.
IV. Mode de collation.
V. Ministre
VI. Sujet.
VII. Symbolisme et figures.
VIII. Effets.
IX. Nécessité.
X. Rites de l’administration solennelle.

I. Noms.

La langue chrétienne, à l’origine, est remarquable par la richesse d’expressions dont elle s’est servie pour désigner le baptême. Ces expressions, elle les emprunte tantôt à la matière ou à la forme de ce sacrement, tantôt à son mode de collation ou à ses effets, tantôt à son symbolisme. Il suflit de signaler les principales, les plus caractéristiques ; car elles résument l’idée que les Pères se faisaient du baptême.

Le baptême, en effet, est appelé le sacrement de l’eau, non d’une eau quelconque, mais de l’eau de source, de l’eau courante, de l’eau fluviale, de l’eau vive, ’jôojp Çûv, Didaché, vil, 1, édit. Funk, Tubingue, 1887, p. 22 ; c’est le sacrement de l’eau vitale, Cyprien, Epist., LXXIII, 11, P. L., t. iii, col. 1110, de l’eau génératrice, tinda genitatis, p^Tpa’jSaTo ;, Clément d’Alexandrie, Slrom., iv, 25, P. G., t. viii, col. 1369 ; c’est le sacrement de l’eau qui sert de bain, sacramenturii aquæ, Tertullien, De bapt., 1, P. L., t. I, col. 1197 ; Xourpôv, dans lequel on plonge le baptisé, Clément d’Alexandrie, Slrom., i, 6, P. G., t. viii, col. 281, pour le laver, le purifier de ses péchés, lui communiquer la vie. Bain de la régénération et de la rénovation, Hilaire, lnps. lxiii, 11, P. L., t. ix, col. 412 ; De Trinit.f xii, 56, P. L., t. x, col. 472, c’est Vemundatin spiritualis et le novum natale de Tertullien, De bapt., 4, 20, P. L., t. i, col. 1204, 1224 ; et saint Augustin l’appelle le sacrement de la vie nouvelle et du salut éternel. Vont. Cresc, II, 13, 16, P. L., t. xliii, col. 476. Le baptême sanctifie les hommes et les rend enfants de Dieu, en les faisant passer comme le Christ, mais d’une manière symbolique, par une mort et une sépulture mystiques. Chrysostome, /l</ illumin. cat., i, P. G., t. xi.ix, col. 225. Par allusion à la profession de foi qui précède sa collation, il est aussi appelé le sacrement de la foi, Vobsignatio fidei, Tertullien, De pxiiit., 6. /’. L., t. i, col. 1239 ; et parce qu’il est conféré au nom des trois personnes divines, le sacrement de la Trinité. Augustin, Serni., cclxix, 2, P. L., t. xxxviii, col. 1235. Il est le commencement et la source des grâces divines, nous apprend Origène. Il sert d’initiation à la vie chrétienne, il conserve les enfants du Christ, il projette dans l’âme ifs initiés des Ilots de lumière : il est par excellence l’illumination, le q>Ti(T(Ab ;, Justin, Apol., i, 01, P. G., t. vi, col. ï20 ; pseudo-Denys, De eecl. hier., iii, I. 2, /’. G., t. il, col. 392, de là tant de catéchèses ou d’allocutions ad illuminât/dus, r.yiç cpirittÇouivovç.

Le baptême n’est pas seulement la [irise de possession des âmes par Dieu, il est encore l’empreinte divine qui sert à les marquer d’une manière indélébile. Sceau du Seigneur, .sceau du Christ, sceau salutaire, il représente l’alliance de Dieu avec l’âme régénérée. Eusèbe, H. E., ! iii, 23, P. G., t. xx, col. 200. Il remplace le signe de l’ancienne alliance, la circoncision, ce qui lui vaut le titre de circoncision non nianufacta. Il est le sceau de la foi, Basile, Adv. Eunom., ni, 5, P. G., t. xxix, col. 665 ; la Tjpayùde l’eau, Cyrille de Jérusalem, Cat., ni. 4, P. G., t. xxxiii, col. 432 ; la Tçpayc ; de la régénération qui nous agrège au troupeau du Christ, Cat., i, 2, col. 372 ; la Tçpayt ; infrangible, à laquelle les anges reconnaissent les fidèles, pseudo-Basile, De bapt., homil. xiii, 4, 5, t. xxxi, col. 432, 433 ; la o-spay : ’;  ; qui distinque le soldat du Christ, Jean Chrysostome, In II Cor., homil. iii, 7, /’. G., t. lxi, col. 418 ; le caractère royal. Augustin, Epist., lxxxviii, 9, P. L., t. xxxiii, col. 307.

Clément d’Alexandrie avait expliqué quelques-uns des termes employés dans l’usage ordinaire pour désigner le baptême. C’est un bain, dit-il, car il lave les péchés ; un charisme, qui remet les peines dues au péché ; une illumination, qui permet de contempler la sainte et salutaire lumière ; la perfection, à laquelle rien ne manque. Psedag. , i, 6, P. G., t. viii, col. 281. Plus tard, Cyrille de Jérusalem multiplia les expressions ; il appelle le baptême : la rançon du prisonnier, la rémission des péchés, la mort du péché, la régénération de l’âme, un vêtement lumineux, un sceau saint et infrangible, un véhicule pour le ciel, les délices du paradis, la cause de l’obtention du royaume, le charisme de la filiation divine. Procal., 16, P. G., t. xxxiii, col. 360, 361. Le pseudo-Basile emploie les mêmes termes. De bapt., homil. xiii, 5, P. G., t. xxxi, col. 433. Grégoire de Nazianze l’appelle, à son tour, ôdipov, yàpiTtxa, fixiiTt.< ; [i.a, y_pi<7fia, ç(î>T’.'7|j.a, à ?0ap<r£a ; ëvoujjia, ), o-jTpbv 7ra>.cyy£ve<ria ;, (TspayïSa. Orat., xi., 4, /’. G., t. xxxvi, col. 361. A tous ces termes Chrysostome en ajoute d’autres, ceux de -raçr, , sépulture, de TispiTosrr, , circoncision, de sTïvpéç, croix. Ad Muni, cat., 1, P. G., t. xlix, col. 225. Le pseudo-Denys a ses expressions particulières : Ôïoycvsirio, Oséa yévvï)<n< ; àvot-Yêvvï |<HÇ, Aodtnia, [rj-rçaiç. De ceci, hier., il, 1, 2, P. G., t. iii, col. 392, 393, 396, 397. Toutes ces diverses dénominations ont leur raison d’être et désignent, chacune, le point de vue particulier sous lequel les Pères ont envisagé le baptême. Elles servent admirablement à caractériser ce sacrement. Les dénominations de « reppayt ; et de iwTi’jfj.o ; ont un fondement suffisant dans le Nouveau Testament, et il n’est pas nécessaire de supposer, comme le fait Harnack, Dogmengeschichte, 2e édit., t. i, p. 177, qu’elles ont été empruntées à la langue des mystères païens.

II. Matière.

L’auteur de la Didaché retrace en quelques mots ce qui touche à la collation du baptême. Il y a deux voies, dit-il, la voie qui mène à la vie, et celle qui conduit à la mort. Puis, dans une formule succincte, il signale les principaux devoirs du futur baptisé, ce qu’il doit faire, ce qu’il doit éviter. Après avoir enseigné ces choses, ajoute-t-il, baptise/ ainsi au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en plongeant le baptisé dans une eau vive (lleuve ou source), ou, à son défaut, dans toute autre eau (lac ou citerne), froide, à moins de raison particulière ; que si vous n’avez pas d’eau suffisante pour y plonger le baptisé’, versez-en trois fois sur sa tête ; kV/zov eiç ty|V xsçaXr, v Tpç viScop, vil, 1-3, édit. Funk, p. 20-22. Tel est le cadre primitif de la collation du baptême ; la matière ordinaire, c’est l’eau vive ; la forme est la formule trinitaire indiquée par l’Evangile ; le mode de collation c’est l’immersion ou, si l’immersion n’est pas possible, la triple infusion sur la tête. Nous allons successivement retrouver tous ces éléments.

L’eau, telle est la matière du baptême. C’est dans l’eau, avec de l’eau quon baptise ; c’est Yiinda goiitalis, le fluvius aquæ vitalis de saint Cyprien, la [ptpa ô^aro ; de Clément d’Alexandrie. Or, dès le ri siècle, la matière passant, aux yeux de certains hérétiques, pour être le siège, le principe ou la source du mal, certains gnostiques supprimèrent l’usage de l’eau dans la collation du baptême. Irénée, Cont. hær., i, 21, 4, P. G., t. vii, col. CC5 ; Épiphane, Hær., xxxiv, P. G., t. xli, col. 620. Il en fut de même de ceux que Terlullien désigne sous le nom de caiani et de quintiliani, De bapt., 1, P. L., t. r, col. 1198, et plus tard des manichéens, Augustin, User., xlvi, ’P. L., t. xlii, col. 34 sq. ; des ascodrutes, des archontiques, Théodoret, Hæret. fab., i, 10, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 300 ; des séleuciens et des hermiens. Augustin, Hser., lix, P. L., t. xlii, col. 42 ; Philastre, Hær., lv, P. L., t. XII, col. 1170. Quelques-uns, en cas de nécessité, n’hésitèrent pas à employer du sahle, ainsi que le rapporte Jean Moschus, dans son Ascjxciv, clxvi, P. G., t. lxxxvii, col. 3045 ; il est vrai que Denys d’Ascalon ordonna, en pareil cas, que l’on conférât le baptême d’eau. D’autres mêlèrent de l’huile à l’eau, et se contentèrent d’une simple infusion de ce mélange sur la tête du baptisé ; tels, les disciples du gnostique Marc, d’après Irénée, Cont. hser., I, 21, 4, P. G., t. vii, col. 664, et d’après Épiphane, Hær., xxxiv, 20, P. G., t. xli, col. 624 ; d’autres enfin, y joignirent l’épreuve du feu. De rebaptismate, 16, P. L., t. iii, col. 1201 sq. Voir Baptême par le feu. Tous ces usages, étrangers à la tradition apostolique et à la pratique de l’Eglise, furent énergiquerænt réprouvés comme portant atteinte à la réalité du sacrement.

Félix sacranientum aquæ nostrse, s’écrie Tertullien, qun abluti delictis pristinae cœcitatis invitam œternam liberamur… Nos pisciculi secundum Tyô-jv nostrum Jesum Christum in aqua nascimur. De bapt., 1, P. L., t. i, col. 1197, 1199. C’est donc dans l’eau et par l’eau du baptême que renaît l’homme, et n’importe quelle eau est suffisante pour la validité du sacrement. Toutefois il est à remarquer qu’on n’employait pas indistinctement toute espèce d’eau. On avait soin de la bénir préalablement, comme l’indiquent Tertullien, De bapt., 4, P. L., t. i, col. 1201 ; Cyprien, Epist., lxx, 1, P. L., t. iii, col. 1039 ; Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, 4, P. G., t. xxxiii, col. 432 ; Basile, De Spir. Sanct., xxvii, 66, P. G., t. xxxii, col. 188 ; Grégoire de Nysse, De bapt. Christi, P. G., t. xlvi, col. 581 ; Adv. eos qui difjer. bapt., ibid., col. 421 ; Augustin, De bapt. cont. donat., vi, 25, 45, 46, P. L., t. xi. iii, col. 213 ; ainsi que les Constitutions apostoliques, vii, 43, 44, P. G., t. i, col. 1044, 1015, et le pseudo-Denys, De eccl. hier., il, 2, 7, P. G., t. iii, col. 396, qui appelle l’eau tt)v [j.rjTÉpa Tr ;  ; u’ioôeaiaç. La liturgie de Sérapion de Thmuis a une prière par la sanctification de l’eau baptismale. G. Wobbermin, Altchrist. liturgische Stùcke aus der Kirclie AZgyptens, etc., dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1899, nouvelle série, t. il, fasc. 3, p. 8-9. Fidèle écho de saint Ambroise, De myst., iii, 8, P. L., t. xvi, col. 391, l’auteur du De sacramentis dit : Ante fons consecretur et tune descendat qui baptizandus est. Dès que le catéchumène se présente, le prêtre fait l’exorcisme sur l’eau, dit une prière, invoque le nom du Père, appelle la présence du Fils et du Saint-Esprit. De sacr., II, v, 14, P. L., t. xvi, col. 429. Il ne s’agit pas seulement de chasser toute intluence maligne de l’eau qui va servir de matière au baptême, il faut sanctifier cet élément et rendre la Trinité présente. De sacr., I, v, 18, P. L., t. xvi, col. 423. Car l’eau, par elle-même, n’a pas la vertu d’opérer les merveilles du sacrement ; Dieu doit intervenir. C’est le Saint-Esprit qui la sanctifie, dit Tertullien, et lui communique la vertu sanctifiante. De bapt., 4, P. L., t. i, col. 1203. Non omnisaqua sanal, observe l’auteur du De sacramentis, I, v, 15, P. L., t. XVI, col. 422, sed aqua sanat quæ habet gratiam Christi. Aliud est elementum, aliud consecratio ; aliud opus, aliud operatio. Aqua opus est ; operatio Spiritus Sancti est. La grâce de l’eau baptismale lui vient du Saint-Esprit. Basile, De Spir. Sanct., xv 35, P. G., t. xxxii, col. 132. C’est

Dieu qui donne à l’eau sa vertu. Grégoire de Nysse, Cat., 34, P. G., t. xlv, col. 85. L’eau, par l’invocation de la Trinité, acquiert la vertu sanctifiante. Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, 3, P. G., t. xxxiii, col. 429. L’eau n’est que le signe extérieur de la purification mystérieuse opérée par le Saint-Esprit qui la bénit ; après cette bénédiction, l’eau ne doit plus être regardée comme une chose ordinaire. Grégoire de Nysse, In bapt. Chr., P. G., t. xlvi, col. 581. Saint Jérôme répète à son tour que l’eau du baptême est consacrée par la venue du Saint-Esprit. Epist., xcviii, 13, P. L., t. xxii, col. 801. Les canons d’Hippolyte l’appellent puram, paratam, sacram. Can. 112, dans Duchesne, Origines du culte, 2e édit., p. 512. Cr. Achelis, Die Canones Hippolyti, dans les Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1891, t. vi, fasc. 4, p. 94. Ils parlent de l’eau courante de la mer. Le Testamentum D. N. J. C, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 126, parle aussi d’eau courante et pure, évidemment de fleuve ou de ruisseau, et il ne mentionne pas sa bénédiction. Cf. p. 216. L’eau bénite n’est donc pas requise pour la validité du baptême. Déjà la Dïdæhê n’exigeait qu’une eau quelconque. D’ailleurs, les Pères ont dit parfois que Jésus, en se taisant baptiser dans le Jourdain, avait sanctifié toutes les eaux de la terre. Saint Ignace d’Antioche l’avait remarqué, Ad Eph., xviii, 2, Opéra Patr. apust., Funk, t. I, p. 186. Saint Ambroise, Exposit. Ev. sec. Luc, 1. II, n. 83, P. L., t. xv, col. 1583, attribue au baptême de Jésus l’efficacité rédemptrice de l’eau. Enfin, les baptêmes que saint Athanase aurait faits dans son enfance sur le bord de la mer, au rapport de Rulin et de Sozomène, et que saint Alexandre aurait tenus pour valides, montrent bien, s’ils sont authentiques, que l’eau bénite n’était pas requise pour la validité du sacrement. Schwane, Dogmeugeschichte, 1895, t. il, p. 738.

Ainsi donc l’eau est absolument nécessaire pour le sacrement du baptême, ce qui fait dire à saint Augustin : Toile aquam, non est baptisma. In Joa., tr. XV, 4, P. L., t. xxxv, col. 1512. Mais elle est ordinairement bénite. Vidva malris, aqua baptismatis, dit Augustin, Serin., exix, 4, P. L., t. xxxviii, col. 674, qui ajoute ailleurs : Baptismus, id est salutis aqua, non estsalutis ?iisi Christi nomine consecrata et cruce ipsius signala. Serin., ccclii, 3, P. L., t. xxxix, col. 1559, Et l’efficacité sanctiliante lui vient de la présence et de l’intervention de Dieu.

III. Forme.

A la matière du baptême, à l’emploi de l’eau, doit se joindre une formule absolument indispensable pour spécifier le but qu’on se propose dans Ta collation du sacrement ; cette formule n’est autre que celle de l’Évangile, la formule trinilai-e. Notre-Seigneur avait dit, en effet : « Baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » L’Église se conforma étroitement à l’ordre du Maître. C’est la formule que nous retrouvons dans les Pères : Didaché, vii, 1, Funk, p. 20 ; Justin, Apol., i, 61, P. G., t. vi, col. 420 ; Tertullien, De bapt., 13, P. L., t. i, col. 1215 ; Adv. Prax., 26, P. L., t. ii, col. 190 ; Cyprien, Epist., lxxiii, 18 ; lxxiv, 5, P. L., t. iii, col. 1120, 1131 ; S. Etienne, dans l’Épitre de Firmilien, et Firmilien, Epist., lxxv, 9, 12, 18, P. L., t. iii, col. 1162, 1166, 1170 ; Hilaire, De Triait., XII, 56, P. L., t. X, col. 472 ; Ambroise, De myst., IV, 20, P. L., t. xvi, col. 394 ; Basile, De Spir. Sanct., xii, 28, P. G., t. xxxii, col. 117 ; Adv. Eunom., iii, 5, P. G., t. xxix, col. 665 ; Grégoire de Nysse, In bapt. Christ., P. G., t. xlvi, col. 585 ; Athanase, Epist. ad Serap., iv, 12, P. G., t. xxvi, col. 653. Les hérétiques eux-mêmes employèrent, en général, la formule trinitaire. Quelquesuns, cependant, l’abandonnèrent et en fabriquèrent d’autres. Nous connaissons, parmi eux, les marcosiens, Irénée, Cont. hær., i, 21, 3, P. G., t. vii, col. 661, 664 ; Épiphane, Hær., xxxiv, 20, P. G., t. xli, col. 621 ; Théodoret, Hæret. fab., i, 9, P. G., t. lxxxiii, col. 360, qui employaient cette formule gnostique : Ei ; 6’vona « yvtiNnovi Trarpô ; tiov o).<ov, eï ; à’/v-ÛEiav [AïjTÉpa -nàvrw/, et ; t’ov xareXdovTa s !  ; ’Iiqffoûv, e !  ; b’viociv y.où àro/.'JTpu>Tiv xoci xotvwi’av tôjv £uva[iEà)v ; ou des expressions hébraïques. Bï<jE[ià y_ap.OTTr, fJaaivoôà, [iiT-raS’ia poviapà, xouara, (îagotpbp y-aXa^Ssc. Quelques Égyptiens, d’après la Lettre de Denys d’Alexandrie au pape Sixte, dans Eusèbe, 11. E., vii, 9, P. G., t. xx, col. 653 ; les rnontanistes, concile de Laodicée, can. 8, et de Constantinople I, can. 7, dans Hardouin, Act. concil., t. I, col. 781, 813, et dans saint Basile, Epist. can., i, can. 1, P. G., t. xxxii, col. 664, 669 ; les eunomiens, Grégoire de Nysse, Cont. Eunomium, 1. XI, P. G., t. xlv, col. 881 ; les sabelliens, concile de Constantinoplel, can. 7, dans Hardouin, loc.cit. ; lespaulianistes, concile de Nicée, can. 9, dans Hardouin, t. I, col. 331 ; les photiniens, concile d’Arles II, can. 16, dans Hardouin, t. il, col. 774, avaient leurs formules propres. Mais ce ne furent là que des exceptions. Et saint Augustin a pu dire de son temps : Facilites inveniuntur hseretici qui non baptizent quant qui non verbis istis (ceux de la formule trinitaire) baptizent. Debapt. cont.donat., vi, 25, 47, P. L., X. xliii, col. 214.

Le ministre devait prononcer cette formule au moment de l’immersion du baptisé pour bien déterminer la nature de l’acte ; car c’est l’union de cette formule à l’immersion qui caractérisait le baptême et lui conférait sa valeur spécifique. L’absence ou l’altération de cette formule rendait la collation du baptême nulle. Pas d’autre baptême légitime, disait Origène, que celui qui est conféré au nom de la Trinité. In Rom., 1. V, 8, P. G., t. xiv, col. 1039. Après la célèbre controverse relative au baptême des hérétiques, le concile d’Arles prescrivit, en 314, qu’on devait interroger les hérétiques sur le symbole au moment de leur retour à l’Église, pour savoir s’ils avaient été baptisés selon la formule trinitaire. Can. 8, dans Hardouin, Act. concil., t. I, col. 265. Dans le cas où il était constaté que le baptême n’avait pas été conféré avec cette formule, il fut ordonné de baptiser les hérétiques, ce qui eut lieu nommément pour les paulianistes, d’après le concile de Nicée, can. 19, dans Hardouin, t. I, col. 331 ; pour certains rnontanistes, d’après le concile de Laodicée, can. 8, dans Hardouin, t. i, col. 781 ; pour les sabelliens et les eunomiens, d’uprès le concile de Constantinople I, can. 7, dans Hardouin, t. i, col. 813. C’est que l’emploi de la formule trinitaire était regardé comme une condition nécessaire de la validité du sacrement ; ce qui fait dire à Gennade : Illos qui non sanctse Trinilatis invocatione apud hæreticos baplizati saut et venitint ad nos, baptizari debere pronunliamus, non rebaptizari. De dogm. eccles., lii, P. L., t. lviii, col. 993. Saint Augustin résume très bien l’enseignement des Pères sur ce point : In aqua verbum mundat. Delrahe verbum et quid est aqua nisi aqua" ? Accedit verbum ad elementum et fit sacramentum… llnde ista tanla virtus aquae ut corpus tangat et cor abluat, nisi f’aciente verbo ?… In ipso verbo aliud est sonits Iransiens, aliud virtus manens.In Joa., tr. LXXX, 3, P. L., t. xxxv, col. 181’0.

Disait-on : « Je te baptise au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, » comme c’est l’usage actuel de l’Eglise latine, ou bien : « Un tel est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, » comme c’est l’usage actuel de l’Eglise grecque ? Aucun document ne nous renseigne à ce sujet. Parmi les grecs, la formule : Un tel est baptisé, apparaît pour la première fois dans Théodore le Lecteur, II. E., ii, 25, P. G., t. lxxxvi, col. 196, dans la première moitié du vie siècle, puis dans Jean Moschus, qui est de la fin du vi° et du commencement du vil 1 siècle As’.y.wv, ci. xvi, /’. G., t. lxxxvii, col. 30’» . La formule latine actuelle nous est connue d’une manière précise depuis la même époque, grâce à saint Grégoire le Grand, (-j-601j. Il esta présumer, selon toute vraisemblance, que cette double formule, actuellement en usage pour l’administration du baptême, remonte aux premiers siècles, tant l’Église, en Orient comme en Occident, demeure fidèle à la tradition primitive. Mais, dans l’état actuel de la science, il est impossible de dire d’où provient la différence de l’une avec l’autre et de quand elle date. Cf. Ivraus, RealEncyclopédie der cltristl. Allertûmer, Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. ii, p. 828-829.

Il est question parfois, dans les Pères, du baptême conféré au nom du Seigneur, au nom du Christ. Une telle manière de s’exprimer n’autorise pas à croire qu’il existât un baptême conféré au seul nom de Jésus-Christ, à l’exclusion de celui du Père et du Saint-Esprit. Cyprien, Epist., lxxiii, 4 ; Firmilien, Epist., lxxv, 18 ; De rebaptismate, i, P. L., t. iii, col. 1112, 1170, 1183. On désignait par là le baptême institué par Notre-Seigneur pour le distinguer du baptême de saint Jean. Origène déclare seul légitime le baptême conféré au nom de la Trinité. Quant à l’expression de saint Paul : baptizati sumiis in Christo, elle ne doit pas s’entendre d’un baptême conféré au seul nom du Christ ; l’Apotre a simplement voulu marquer la ressemblance que le baptême établit entre nous et la mort du Christ. In Rom., 1. V, 8, P. G., t. xiv, col. 1039. Saint Basile a soin de spécifier qu’en parlant du baptême du Christ, il entend désigner toute la Trinité. De Spir. Sanct., xii, 28, P. G., t. xxxii, col. 117. On entend généralement aujourd’hui dans le même sens le passage obscur de saint Ambroise. De Spiritu Sancto, 1. I, c. il, n. 42, 43, P. L., t. xvi, col. 713-714, sur lequel les scolastiques se sont appuyés pour soutenir la validité du baptême conféré au nom de Jésus. L’évêque de Milan parle des Éphésiens qui ne connaissaient pas le Saint-Esprit et qui n’avaient reçu que le baptême de Jean. Instruits sur le dogme de la Trinité, ils ont été baptisés au nom de Jésus-Christ. Le baptême ne leur a pas été réitéré, mais donné pour la première fois ; car il n’y a qu’un baptême. Là où il n’est pas tout entier, il n’est pas ni à l’état initial ni en quelque manière. Mais quand est-il entier ? Plénum autem est, si Patrem et Filium Spiritumque Sanction fatearis. Si unum neges, totuni subrues. Et quemadmodum si unum in sermone comprehendas, aut Patrem, aut Filium, aut Spiritum Sanctum, fide autem nec Patrem, nec Filium, nec Spiritum Sanction abneges, plénum est fidei sacramentum ; ita etiam quamvis et Patrem, et Filium, et Spiritum dicas, et aut Palris, aut Filii, aut Spiritus Sancli minuas potestatem, vacuum est omne mysterium. La suite du traité montre clairement que saint Ambroise parle, non pas de la formule qu’on prononce en conférant le baptême, mais bien de la foi en la Trinité, qui est requise pour la validité du baptême. Or, quand on a cette foi, il suffit qu’on affirme explicitement sa croyance en l’une ou l’autre des trois personnes, la foi explicite en l’une d’elles comprenant implicitement la foi aux deux autres. Quand le baptisé n’affirmait pas sa foi en la divinité du Saint-Esprit, il y croyait cependant, et quod verbo lacitum fuerat, expression est fide. D’où dans le cas du baptême au nom de Jésus, perunitatem nominis impletum mysterium est : nec a Christi baptismate Spiritus separatur, quia Joannes in psenitentia baptizavit, Christus in Spiritu. Voir la note des bénédictins à l’endroit cité. Quand, au 111e siècle, le pape Etienne, en opposition avec Cyprien de Carthage et Firmilien de Césarée, regarde comme valide le baptême conféré au nom de Jésus-Christ, il entend bien, de l’aveu même de ses contradicteurs, le liaptèine conféré au nom de la Trinité, Epist., LXXV, 9, le baptême dont L’efficacité provient de l’emploi de la formule trinitaire, de la vertu du nom de Jésus-Christ qui sanctifie, Epist., LXXV, 12, 18, qui renouvelle et justifie les baptisés. Epist.. LXXIII, 16 ; lxxiv, 5, P. L., t. iii, col. 1162, 1166, 1170, 1119, 1131. On doit en duc autant d’Innocent I", au commencement du Ve siècle, quand il écrit à Vitricius de Bouen que le sacrement de baptême doit être tenu pour valide, même administré par des hérétiques, du moment qu’il a été conféré au nom du Christ. Epist. ad Victr., 8, P. L., t. xx, col. 475. Car, à cette date, après les décisions prises par les conciles du IVe siècle, l’absolue nécessité de la formule trinitaire dans la collation du baptême ne fait de doute pour personne. Le pape Pelage I er (555-560) répondant à une consultation de Gaudentius, évêque de Volterre, au sujet de bonosiens qui avaient été baptisés au nom du Christ seulement, déclare que c’est un précepte du Seigneur de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Jaffé, Regesta, 2e édit., Leipzig, 1885, t. I, p. 129 ; Duchesne, Églises séparées, Paris. 1896, p. 89-92.

IV. Mode de collation.

L’immersion.

Durant les premiers siècles, le baptême se conférait d’ordinaire par immersion ; c’est, du reste, le sens étymologique du verbe 3auT ! Îti), qui signifie plonger, immerger. La Didaché l’indique clairement, vii, 1 ; exceptionnellement, elle n’admet le baptême par une triple aspersion ou infusion que lorsqu’on ne peut pas pratiquer l’immersion, vu, 3, édit. Funk, p. 22. C’est ce qui explique cette manière de parler d’IIermas : « Quand nous descendons dans l’eau, » Mand., iv, 3 ; « il faut sortir de l’eau pour être sauvé ; on y descend mort et on remonte vivant, » Simil., ix, 16, Opéra Pair, apost., édit. Funk, t. i, p. 396, 532 ; et cette autre de Tertullien, : egressi de lavacro, De bapt., 7 ; Cum de Mo sanctissimo lavacro novi natalis ascenditis. De bapt., 20, P. L, t. i, col. 1206, 1224. Cf. Constit. apost., vii, 43, P. G., t. i, 1045 ; Ambroise, De myst., iii, 11, P. L., t. xvi, col. 392.

Or cette immersion se répétait trois fois. La Didaché l’insinue, Tertullien l’affirme : Aon semel sed ter ad singula nomina in personas singulas tinguimur. Adv. Prax., 26, P. L., t. il, col. 190 ; De cor. mil., 3, ibid., col. 79. De même S. Basile, De Spir. Sanct., xv, 35, P. G., t. xxxii, col. 132 ; S. Cyrille deJérusalem, Cat., xx, i, P. G., t.xxxiii, col. 1080. L’homme descend dans l’eau, dit Grégoire de Nysse, et y est plongé trois fois. Cat., 35, P. G., t. xlv, col. 85. On retrouve le même témoignage dans saint Cbrysostome. In Joa., homil. xxv, 2, P. G., t. lix, col. 151 ; In Colos., homil. vi, 4, P. G., t. lxii, col. 342. Cf. pseudo-Denys, De eccl. hier., il, 2, 7, P. G., t. iii, col. 396. L’auteur du De sacramentis note qu’on pose au catéchumène une triple interrogation et qu’à chaque réponse on le plonge dans l’eau. De sacr., II, vii, 20, P. L., t. xvi, col. 429. Cette triple immersion appartient, comme tant d’autres pratiques, à la coutume de l’Église conservée par la tradition. Et multa alia, dit saint Jérôme, quse per tradilionem in Ecclesia observantur, auctoritatem sibi scriptse legis usurpaverunt, velut in lavacro ter caput mergitare. Dial. cont. Lucif., 8, P. L., t. xxiii, col. 172. Était-ce là une règle imprescriptible ? Les Canons apostoliques prononcent la déposition contre l’évêque ou le prêtre qui ne pratiquerait qu’une seule immersion. Can. 50, P. L., t. lxvii, col. 148, ou can. 49, dans Hardouin, t. i, col. 21. Il n’est pas dit que, dans ce cas, le baptême fût considéré comme nul. L’usage de ne pratiquer qu’une seule immersion est d’origine hérétique. En Orient, c’est Eunomiusqui fut le premier à l’introduire, au rapport de Théodoret, Heeret. fab., IV, 3, P. G., t. lxxxiii, col. 420 ; Sozomène, H. E., vi, 26, P. G., t. lxvii, col. 1361. En Occident, vers la fin du VIe siècle, l’évêque de Braga dut exiger la triple immersion. Il prend à partie et déclare entachée de sabellianisme la coutume nouvelle que la haine de l’hérésie arienne avait introduite en Espagne. Dans sa réponse à l’évêque de Volterre, Pelage I" ne parle que secondairement de la triple immersion. S’il la mentionne, ce n’est pas pour la présenter comme étant de droit divin, il y voit seulement une correspondance de fait avec l’emploi de la formule trinitaire. Duchesne, Eglises séparées, p. 90-92. Léandre, évêque de Séville, trouve la même coutume d’une seule immersion et consulte Grégoire le Grand pour savoir s’il fallait tenir pour valide le baptême conféré de la sorte. Le pape répond que cette coutume ne met pas d’obstacle à la validité du sacrement : Nihil officit. Mais en même temps il donne la raison de la pratique romaine : Nos autem quod tertio mergimus triduanæ septilluræ sacramenta signamus, ut, d)< » > tertio infans ab aquis educitur, resurrectio triduani temporis exprimatur. Epist., 1. I, epist. xliii, P. L., t. lxxvii, col. 498. Plus tard le IVe concile de Tolède, , constatant la persistance, en Espagne, de la diversité des usages dans la collation du baptême, rappelle la consultation de Léandre, la réponse de Grégoire la Grand, et décide qu’il ne faut plus pratiquer qu’une seule immersion, à cause de l’hérésie arienne. Can. 6, Hardouin, Act. concil., t. iii, col. 581. C’est donc en Espagne que l’unité d’immersion prit pour la première fois un caractère officiel chez les catholiques. Si, chez les grecs, l’immersion était totale et le néophyte plongé tout entier dans l’eau de manière à disparaître complètement, en Occident, elle « n’est pas le bain pris par plongeon en pleine eau ou dans une piscine ; c’est à. peu près la douche prise au-dessus d’un large vase >/. Duchesne, Églises séparées, Paris, 1896, p. 91. Voir Baptême dans les monuments chrétiens. Le baptisé a les pieds immergés, mais la mersio, qui confère le baptême, consiste dans l’ablution de la tête par affusion de l’eau. Elle se répète trois fois, sans que le néophyte sorte de la piscine. C’est une tinctio. Ce mode de collation du baptême par immersion exigeait naturellement des récipients assez vastes, sur la forme desquels rien ne fut primitivement statué. On baptise, disait saint Justin, Apol., i, 61, P. G., t. vi, col. 420, là où l’on trouve l’eau nécessaire. C’était donc auprès d’une source, sur le bord d’une rivière, dans une citerne ou une piscine, partout où se rencontrait un endroit propice. A Borne, saint Pierre avait baptisé dans le Tibre, Tertullien, De bapt., 4, P. L., t. I, col. 1203 ; et pendant les trois premiers siècles on baptisa dans les catacombes à cause des persécutions. Mais, dès que la paix fut accordée à l’Église, on se mit en mesure d’avoir des locaux spéciaux pour conférer le baptême avec toute la solennité possible, et on construisit sub dio des édifices connus sous le nom de baptistères. Voir Baptistères.

Infusion ou aspersion.

Le baptême par immersion était le baptême ordinaire ; mais il n’était pas le seul pratiqué. Car, soit par défaut d’eau suffisante, comme on en trouve le premier témoignage dans la Didaché, vu, 3, édit. Funk, p. 22, soit à cause de maladie ou en cas de nécessité urgente, on se contentait du baptême par infusion ou par aspersion. Toutefois ce dernier mode de collation était considéré comme un pis aller, bien qu’il fut tenu pour valide et jamais on n’a pensé à le renouveler ; il en sera question plus bas au sujet des cliniques. Finalement, dans l’usage ecclésiastique latin, et longtemps après l’époque patristique, il devait remplacer le baptême par immersion. Le rite ainsi simplifié a toujours été regardé comme valide. Duchesne, Eglises séparées, p. 96.

V. Ministre.

Dans la collation solennelle.

Pendant les premiers siècles l’initiation chrétienne était entourée de la plus grande solennité. Elle comprenait trois rites essentiels par la collation des trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. C’était donc à l’évêque que revenait le droit de présider, entouré de son presbyterium. Mais le plus souvent l’évêque se contentait de présider, laissant à ses prêtres le soin de procéder à l’administration du baptême ; après quoi il administrait lui-même le sacrement de confirmation et célébrait le saint sacrifice, pendant lequel il donnait la communion aux nouveaux baptisés. Saint Ignace d’Antioche dit qu’il n’est pas permis de baptiser sans l’évêque. Ad Smyrn., iii, 2, Opéra Pat. apost., édit. Funk, 1. 1, p. 240. Serait-ce que la présence de l’évêque fût requise pour la validité ? Le TestamentumD. N.J. C, édit. Bahmani, Mayence, 1809, p. 125, 128, la suppose. L’évêque fait les onctions, mais le prêtre baptise. Le iliacre aide le prêtre et descend dans la piscine avec le néophyte. Cf. canons 110-120 de saint Hippolyte, Achelis, Die Canaries Hippôlyti, Leipzig, 1891, p. 95-96. Cf. aussi S. Épiphane, Hxr., lxxix, i, P. G., t. XLII, col. 745. Il est certain qu’au moins le consentement de l’évêque est exigé, ainsi que le marquent formellement Tertullien, De bapt., 1°, P. L., t. I, col. 1218 ; les Canons apostoliques, can. 50, P. G., t. lxvii, col. 148 ; can. 49, dans Hardouin, Act. concil., t. 1, col. 21 ; les Constit. apost., III, 11, P. G., t. i, col. 788 ; l’auteur du De sacramentis, III, i, 1, P. L., t. xvi, col. 131 ; Augustin, De bapt. cont. donat., iii, 18, 23, P. L., t. xi. iii, col. 150. Saint Cyrille de Jérusalem désigne comme ministres du baptême les évêques, les prêtres et les diacres. Cat., xvii, 35, P. G., t. xxxiii, col. 1009. Mais les prêtres et les diacres ne peuvent procéder à la collation du baptême sans la permission de l’évêque. Jérôme, Dial. cont. Lucif.^ 9, P. L., t. xxiii, col. 173. Ainsi donc la collation solennelle du baptême était présidée par l’évêque entouré et aidé par les prêtres et les diacres. Les attributions étaient partagées entre les ministres. Mais quand les églises furent multipliées dans le même lieu et quand on eut créé, en dehors de la ville épiscopale, des paroisses sulfragantes, on dut nécessairement confier aux prêtres de ces paroisses le droit de donner solennellement le baptême. Mo r Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 324. Le diacre baptise à défaut de prêtre. Tertullien, De bapt., 17, P. L., t. i, col. 1218 ; Const. apost., viii, 28, P. G., t. i, col. 1125 ; TestamentumD.N. J. C, Mayence, 1899, p. 132. Les Constitutions apostoliques interdisent aux laïques, III, 10, ainsi qu’aux clercs inférieurs, iii, 11, ibid., col. 788, de conférer solennellement le baptême. Le pape Gélase interdit aux diacres l’administration solennelle du baptême ; il ne leur permet la collation du sacrement que dans l’extrême nécessité. Epist. ad episcopos Lucanise, c. vii, Jallé, n. 636.

Dans la collation privée.

En dehors de cette collation solennelle du baptême, maintes circonstances pouvaient exiger la collation immédiate de ce sacrement sans qu’il fût possible de recourir à un membre du clergé. Dans ces conditions, on reconnut aux simples fidèles, aux laïques, le droit de baptiser. Tertullien, De bapt., 17, P. L., t. I, col. 1218 ; Liber de exhortât, castit., 7, P. L., t. il, col. 922. Le Liber pontiftcalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. i, p. 137, attribue au pape Victor (189-198) une constitution en vertu de laquelle le baptême peut être conféré, en cas de nécessité, n’importe in quel lieu, par un chrétien à un païen qui a, au préalable, récité le symbole. En pareil cas le concile d’Eh ire exige que le fidèle qui baptise n’ait pas violé l’intégrité de son baptême et ne soit pas bigame. Can. 38, dans Hardouin, Act. concil., t. I, col. 254. D’après Cyrille de Jérusalem, le baptême peut être conféré par les ignorants comme par les doctes, par les esclaves comme par les personnes libres. Cat., xvii, 35, P. G., t. xxxiii, col. 1009. Saint Jérôme écrit : Unde venit ut sine chrismale et episcopi jussione neque presbyter, neque diaconus jus habeant baplizandi, quod fréquenter, si tanien nécessitas cogil, scimus etiam licere laids. Dial. cont. Lu, if., 9, P. L., t. XXIII, col. 173. En quelques endroits, ce baptême conféré par les laïques fut tenu en suspicion et traite’comme de nulle valeur. Saint Grégoire de Nazianze qui, dans sa jeunesse, tant exposé à un naufrage, se lamentait de n’avoir pas reçu le baptême sans avoir l’idée de se faire baptiser par ses compagnons même en ce cas d’extrême nécessité, Carni., I. ii, sect, i, carm. xi, /’. G-, t. XXXVII, col. 1039, 1041 ; <>r<t/., xvill, n. l, /’. < :., t. xxxv, col. 1024, enseignait, devenu évéque, qu’on pouvait se faire administrer le baptême par n’importe quel évêque ou quel prêtre, sans faire attention à la dignité de son dioee.se ou a ses qualités, pourvu qu’il ne soit pas exclu de la communion ecclésiastique ; il ne parlait pas des clercs et des laïques. Orat., XL, 26, P. G., t. xxxvi, col. 396. Cf. ibid., t. xxxv, col. 113-114. Saint Basile, de son côté, se rappelant les sentiments de saint Cyprien et de saint Firmilienau sujet du baptême des hérétiques, estime qu’il faut considérer ceux qui étaient baptisés hors de l’Eglise comme baptisés par de simples laïques et qu’en conséquence il y a lieu de les purifier par le baptême de l’Église. Epist., clxxxviii, can. 1, P. G., t. xxxii, col. 668. Il sait cependant que d’autres, même en Asie, pensent et agissent différemment ; il laisse à chacun la liberté. L’Ambrosiaster, Comment, in Epist. adEphes., iv, 11, 12, P. L., t. xvii, col. 388, remarque qu’à l’origine de l’Église omnes baptizabant et il relate plusieurs exemples fournis par les Actes des apôtres. Il explique ainsi la pratique primitive : Ut ergo cresceret plebs et multiplicaretur, omnibus inter initia concession est baptizare. Mais quand l’Église fut organisée et la hiérarchie établie, il en fut autrement. D’où, à son époque, neque clerici vel laici baplizant. L’opinion générale tenait autrefois pour valide le baptême conféré par de simples laïques. Il était de règle que le fidèle baptisé par un laïque devait aussitôt que possible se présenter à l’évêque pour recevoir de lui l’imposition des mains et la confirmation, regardée comme le complément du baptême ; c’est ce que le concile d’Elvire appelle perfectionnement, can. 38 ; le même cas et la même obligation se présentaient quand un diacre avait été seul à conférer le baptême. L’évêque, dit ce concile, doit intervenir alors pour parfaire le baptisé ; que si le baptisé vient à mourir avant d’avoir été confirmé, son salut n’en reste pas moins assuré. Can. 77, dans Hardouin, Act. concil., 1. 1, col. 254, 258. Il allait de soi qu’un laïque ne devait baptiser qu’en cas de nécessité. S. Gélase, Epist. ad episcopos Lucaniæ, c. vii, Jaffé, n. 636. Mais s’il venait à conférer le baptême sans qu’il y eût nécessité, il usurpait une fonction qui n’était pas la sienne, observe saint Augustin ; il baptisait validement, mais illicitement. Cont. epist. Parmen., il, 13, 29, P. L., t. xliii, col. 71. Cf. Epist., ccxxviii, ad Honorât. , n. 8, P. L., t. xxxiii, col. 1016. Et si, dans le cas de nécessité, il venait à refuser de baptiser, Tertullien le déclare reus perdili horninis. De bapt., 17, P. L., t. 1, col. 1218.

Les femmes pouvaient-elles baptiser ? Certains hérétiques n’hésitèrent pas à conférer aux femmes le privilège de donner solennellement le baptême ; par exemple, Marcion, Epiphane, Hxr., xlii, 4, P. G., t. xi.i, col. 700 ; les pépuziens, Épiphane, Hxr., xi.ix, 3, ibid., col. 881 ; Augustin, Hxr., 27, P. L., t. xlii, col. 31 ; les collyridiens. Épiphane, H ; vr., lxxix. 3, P. G., t. XLII, col. 744. Du temps de Tertullien, quelques hérétiques légitimaient le ministère des femmes dans la collation du baptême par les Acta Patdi. Le docteur de Carlhage fait observer que ces Actes sont faux, qu’ils sont loin de traduire la pensée de saint Paul, car le grand apôtre ne permettait pas aux femmes d’enseigner. De bapt., 17, P. L., t. i, col. 1219. Sans doute la pétulance qui pousse la femme à usurper les fonctions de l’enseignement dans l’église peut la porter aussi à conférer le baptême ; Tertullien ne l’ignore pas. Mais quand il signale l’audace des femmes hérétiques qui osent enseigner, disputer et exorciser, il ajoute : El forsan tingere. Prsescript., xi.i, P. L., t. il, col. 56. En tout cas, il refuse à la femme le droit de baptiser. Les Constitutions apostolii/ucs contiennent la même défense, iii, 9, /’. G., t. i, col. 78I. Elles déclarent, en effet, qu- ; la femme qui baptise court un danger peu ordinaire, car elle commet un acte contraire à la loi et impie. Le IV" concile de Carthage dit : Mulicr baptizare non prxsumat. Can. 100, dans Hardouin, Act. concil., t. I, col. 98k A ce canon le Maître des Sentences et (Iratien ajoutèrent la restriction suivante : Nisi necessitate cogeute. Cf. S.Thomas, Suni. theol., 11b 1, q. lxvii, a. i, ad l um. Saint Épiphane, loc. cit., remarque que la sainte Vierge elle-même n’a pas reçu le pouvoir de baptiser et qu’aucune femme n’a fait partie du collège apostolique. Ce témoignage pourrait à la rigueur être restreint à l’administration solennelle du baptême à laquelle les femmes ne sont pas députées. Dans celle-ci toutefois, les femmes sont accompagnées d’autres femmes, qui les dépouillent de leurs vêtements. Can. 114 de S. Hippolyte, Achelis, Die Canones Hippolyti, p. 94. Le Testament de Notre-Seigneur, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 138, 120, confie ce soin aux « veuves » , qui tiennent les femmes sous un voile pendant la cérémonie du baptême. S. Épipbane, Hser., lxxîx, 3, 4, P. G., t. xlii, col. 744, 745, attribue aux diaconesses ce ministère exigé parles règles de la bienséance. Sur la controverse relative au baptême conféré par les hérétiques, voir III. Baptême conféré par LES hérétiques [Controverse sur la validité du).

Quant à la question de savoir si un infidèle peut baptiser, il n’est pas trace dans la littérature patristique qu’elle ait été posée. Elle aurait été résolue négativement par tous ceux qui refusaient aux hérétiques le pouvoir de baptiser, sous le prétexte que, n’ayant pas le baptême, ils ne sauraient le donner. C’est saint Augustin qui la signale le premier, la traitant plutôt de question oiseuse, sans y insister et sans la résoudre. Cont.epist. Parmen., il, 13, 30 ; De bapt. cont. donat., vii, 53, 101, P. L., t. XLIII, col. 72, 242. Il pose cependant un principe général qui permet de croire qu’il regardait comme valide tout baptême, à la seule condition qu’il eût été conféré avec la formule trinitaire. Car, après avoir rapporté la plupart des hypothèses qu’on pouvait émettre au sujet de celui qui donne et de celui qui reçoit le baptême, il termine par ces mots : Nequaquam dubitarem habere eos baptismum, qui ubicumque et a quibuscumque illud verbis evangelicis consecratum, sine sua simulalione et cum aliqua fide accepissent. De bapt. cont. donat., vii, 53, 102, P. L., t. xliii, col. 243.

Foi et qualités du ministre.

D’ailleurs, les Pères devaient être amenés à déterminer avec précision quel était le rôle de ministre ordinaire ou extraordinaire dans la collation du sacrement. La controverse relative à la validité du baptême des hérétiques et le schisme des donatistes leur ont donné l’occasion de fixer exactement la nature de l’intervention du ministre. Les Pères ont vu que le sacrement a une efficacité propre qui lui vient, non de l’homme qui baptise, mais de Jésus-Christ, auteur du baptême, et sur laquelle le ministre, simple intermédiaire, ne peut rien, étant tout à la lois incapable de produire la grâce ou d’y mettre obstacle quand il baptise. Les débats concernant la rebaptisation des hérétiques ont fait voir que la valeur du baptême ne dépendait pas de la foi du ministre. Voir III. Baptême conféré par les hérétiques (Controverse sur la validité du). La qualité du ministre y est aussi étrangère. En Orient, saint Cyrille de Jérusalem écrit : « Qu’importe que le ministre soit ignorant ou savant, esclave ou libre ; le baptême n’est pas une grâce qui dépend de lui, mais une largesse faite aux hommes par Dieu. » Cat., xvii, 35, P. G., t. xxxiii, col. 1009. Saint Grégoire de Nazianze dit à son tour : « Qu’importe le ministre ? Voici deux anneaux, l’un en or, l’autre en fer ; les deux impriment la même image ; la açpayiç de l’un ne diffère pas de la (j^payi ; de l’autre. Ainsi des ministres : ils peuvent différer d’excellence de vie, ils n’en confèrent pas moins le baptême. » Orat., xl, 26, P. G., t. xxxvi, col. 396. Saint Grégoire de Nysse écrit : « C’est Dieu qui donne à l’eau {baptismale) sa vertu. La régénération s’opère par les trois personnes divines, » Cat., 34, 39, P. G., t. xlv, col. 85, 100 ; et ailleurs : « L’eau n’est que le signe extérieur de la purification intérieure qui se fait par le Saint-Esprit. » In bapt. Christ., P. G., t. xlvi, col. 581. D’après saint Chrysostome, ce qu’il faut considérer ce n’est pas celui qui donne le baptême, mais celui au nom duquel il est donné, In 1 Cor., homil. iii, 2 ; la vertu du baptême ne dépend pas du minisire qui le confère, In I Cor., homil. viii, 1, P. G., t. lxi, col. 25, 69 ; ce n’est ni un ange ni un archange qui intervient dans les dons de Dieu, mais c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui font tout, le prêtre ne prêtant que le concours de sa langue et de sa main ; il n’est donc pas juste que la malice du ministre mette obstacle à ceux qui s’approchent avec foi des symboles de notre salut. InJoa., homil. lxxxvi, 4, P. G., t. lix, col. 472, 473.

En Occident, saint Ambroise, après avoir observé que aqua non mundal sine spiritu, ajoute : Non mérita personarum considères sed officia sacerdotum. Demyst., , 19 ; v, 27, P. L., t. xvi, col. 394, 397. Pour réfuter les donatistes qui prétendaient que les pécheurs, au moins les pécheurs publics, aussi bien que les hérétiques et les schismatiques, ne pouvaient pas administrer validement le baptême, saint Optât enseigne que le sacrement est saint par lui-même et non par les hommes ; car c’est Dieu qui lave et non l’homme. De scldsm. donat., v, 4, P. L., t. xi, col. 1051. In baptismale Trinitas, non ministri persona, operatur, car le baptême a sa valeur propre et est indépendant du ministre. Ibid., v, 7, col. 1057. C’est surtout à saint Augustin que l’on doit la mise en pleine lumière de la valeur intime du sacrement et de son indépendance par rapport à la qualité du ministre.

II n’y a baptême, dit-il, que lorsqu’il est conféré avec la formule prescrite par le Christ ; sans elle, pas de sacrement, De bapt. cont. donat., vi, 25, 47, P. L., t. xliii, col. 214 ; avec elle le baptême existe : il peut être donné et reçu, en dehors de l’église. Ibid., i, 1, col. 109. Le baptême est saint par lui-même, où qu’il se trouve, ibid., i, 12, 29 ; iv, 10, 16 ; v, 21, 29 ; vi, 2, 4, col. 119, 164, 191, 199 ; il a sa valeur propre, sa sainteté à lui, Cont. Cresc, iv, 16, 19 ; 18, 21, col. 559, 560 ; et cela, à cause de celui qui en est l’auteur. De bapt. cont. donat., iii, 4, 6 ; iv, 12, 18 ; 21, 28 ; v, 21, 29, col. 143, 168, 173, 191. Car c’est le baptême du Christ. Cont. litter. Petihan., iii, 34, 34, 39, 45 ; Cont. Crescon., iv, 20, 24, col. 368, 371, 562. C’est la grâce qui opère en lui, Serm., xcix, 13, P. L., t. xxxviii, col. 602 ; c’est Dieu qui est présent dans la formule évangélique et sanctifie le sacrement, De bapt. cont. donat., vi, 25, 47, P. L., t. xliii, col. 214 ; en réalité c’est Jésus-Christ qui baptise. In Joa., tr. V, 11 ; VI, 6 ; VII, 3, P. L., t. xxxv, col. 1419, 1428, 1439. Par suite, la valeur du baptême est indépendante de celui qui le confère. In Joa., tr. V, 15, col. 1422. Quels que soient le mérite ou le démérite du ministre, De bapt. cont. donat., iv, 21, 28, P. L., t. xliii, col. 173, son immoralité, ibid., iii, 10, 15, col. 144, sa perversité, ibid., ꝟ. 3, 3 ; 21, 29 ; vi, 1, 2 ; 5, 7, col. 178, 191, 198, 200, ses erreurs, ibid., iv, 15, 22, col. 168, sa foi, ibid., iii, 14, 19, col. 146, le baptême qu’il donne garde son efficacité propre ; il la conserve même chez des ministres indignes et sacrilèges, Cont. litter. Petilian., Il, 168, 247, col. 345, car il ne peut être en rien pollué par les crimes de celui qui le confère. De bapt. cont. donat., iii, 10, 15 ; iv, 12, 18 ; v, 19, 27, col. 145, 166, 190. En conséquence, conclut saint Augustin, in ista quxstione non cogitandum quis del sed quid det, aut quis accipiat sed quid accipiat, aut quis habeat sed quid habeai. De bapt. cont. donat., iv, 10, 16, col. 164. Quid tibi facit malus minisler, ubi est Dominus ? In Joa., tr. V, 11, P. L., t. xxxv, col. 1419. Mémento sacramentis Dei nihil obesse mores malorum hominum. Cont. litter. Petit., il, 47, 110, P. L., X. xliii, col. 298. Ainsi qu’il est facile de le constater par ces quelques citations, la pensée de l’évêque d’Hippone est aussi nette que possible ; heureusement formulée, elle a contribué, pour une large part, à préciser le rôle du ministre dans l’administration des sacrements. Les Pères qui ont suivi, ainsi que les théologiens, restent, sur ce point, les tributaires de saint Augustin.

VI. Sujet.

Adultes et enfants, tous peuvent recevoir le baptême. —

Baptême des adultes.

Dans quelles conditions les adultes étaient-ils admis au baptême ? Des conditions requises, les unes regardent la validité, les autres la licéité. L’adulte, ayant l’âge de raison, ne peut se proposer, en demandant le baptême, qu’un acte raisonnable ; il doit se rendre compte de la gravité de cet acte et remplir les conditions indispensables. L’Église, de son côté, veille à ce que l’initiation chrétienne soit traitée avec tout le sérieux possible..Même avant que le catéchuménat soit une institution organisée, elle a soin de ne pas conférer indistinctement le baptême à tous ceux qui le demandent. Elle tient à s’assurer au préalable, que le candidat n’obéit pas à une impulsion de pure curiosité ou à un entraînement passager ; elle l’examine et exige avant tout qu’il ait une intention vraie ainsi que la connaissance des principaux devoirs que ce sacrement impose, tant au point de vue de la foi qu’en ce qui concerne les mœurs. Car elle estime qu’admettre sans précautions tous ceux qui se présentent est une coupable témérité. C’est ce que Tertullien note avec justesse. Sans doute, dit-il, il est écrit : Omni petenti te dalo ; mais cela ne regarde que l’aumône ; quant au baptême, il faut se rappeler le Nolite dare sanctum canibus. ltaque pro cujuscunque personæ conditione ac dispositione, etiam setate, cunctatio baplismi ulilior est. Pourquoi ? parce que ce délai permet de s’assurer et de la pureté des intentions et de la solidité des dispositions requises. Veniant ergo, dum adolescunt ; ventant, dum discunt, dum quo ventant docentur ; fiant christiani, cum Christum nosse potuerint. De bapt., 18, P. L., t. i, col. 1221. Même lorsque le catéchuménat fonctionne régulièrement avec sa double préparation catéchétique et ascétique, l’Eglise, au moment de conférer le baptême, s’assure une dernière fois des dispositions du candidat : de là les renoncements, les interrogations, la redditio symboli, la profession de foi. C’est pourquoi saint Cyrille consacre sa procatéchèse à dissuader les candidats de venir au baptême, poussés par des motifs futiles ; leur rappelant l’exemple de Simon le magicien, qui fut baptisé mais non pas illuminé, car s’il descendit dans la piscine et en remonta, son âme ne fut pas ensevelie avec le Christ et ne ressuscita pas avec lui, il leur recommande de ne pas imiter son exemple. Procat., 2, 4, P. G., t. xxxiii, col. 335, 341. Voir Catéchuménat.

Il pouvait arriver qu’un catéchumène se trouvât en danger de mort et dans l’impossibilité de manifester personnellement ses sentiments intimes. Dans ce cas, l’Église exigeait des preuves que le mourant avait bien l’intention de recevoir le baptême et les demandait à des témoins dignes de foi. C’est, en effet, ce que décidaient en particulier le IIIe concile de Cartilage, de 397, par son canon 34, et le I er concile d’Orange, de 422, par son canon 12, dans Hardouin, Act. concil., t. i, col. 961, 1785. Subito obmutescens, dit ce dernier, prout status ejus est, bapiizar’i potest, si voluntatis aut prteteritai testimonium aliorum verbis, aut pressentis in sao nulu… On demandait à saint Eulgence si le baptême donné à un adulte qui a perdu connaissance, mais désireux auparavant de le recevoir, est valide. Oui, répond-il, et il invoque l’usage de l’Église qui est de baptiser en pareil cas. Epist., XII, 10, P. L., t. i.xv, col. 389.

Or, indépendamment de cette intention clairement manifestée ou constatée par témoins, l’Eglise exigeait encore d’autres dispositions de la part du sujet, telles, par exemple, qu un commencement de foi, conformément aux textes du Nouveau Testament. Marc, XVI, 16 ; Act., II, il ; VIII, 37. Crois-tu en Dieu le Père ; crois-lu .-mi Fils ; crois-tu au Saint Esprit ? demandait-elle avant de conférer le baptême. Saint Augustin ne doute pas de la validité’du sacrement reçu sine sua simulalione et cum aliqua ftde. De bapt. cont. donat., vii, 53, 102, P. L., t. xi. iii, col. 243. Mais autre chose est la licéité. Car, dit-il : Nec interest cum île sacramenti integritate ac sanctitate tractatur quid credat et quali ftde imbutus sit ille qui accipit sacramentum. Interest quidem plurimum ad salutis viam ; sed ad sacramenti qusestionem nihil interest. Fieri etiim potest ut liomo integrum habeat sacramentum et perversam (idem. De bapt. cont. donat., ni, 14, 19, P. L., t. xi.in, col. 146. S’il y a fiction de la part du sujet qui reçoit le baptême, le sacrement n’en est pas moins reçu ; ses effets seuls restent suspendus. C’est ainsi que le baptême reçu de la main d’un hérétique est valide, bien qu’il soit frustré de son effet, qui est la rémission des péchés ; mais cette rémission devient unfaitacquis lorsque ce baptisé fait retour à la paix de l’Église. Tune ineipil valere idem baptisma ad dimittenda peccala, cum ad Ecclesiæ pacem venerit. .. ut idem ij/se qui propter discordiam foris operabatur morlem, propter pacem intus operetur salutem. De bapt. cont. donat., iii, 13, 18, P. L., t. XLIII, col. 146. Il en est de même dans l’Eglise catholique : la fiction du sujet n’empêche pas la réalité du sacrement ; elle retarde simplement son efficacité’jusqu’au moment où le baptisé se convertit sincèrement. Quod ante datumest valere incipit, cum illa ficlio veraci confessione recesserit. lbid., i, 12, 18, col. 119. En pareil cas, on ne réitère pas le baptême. Saint Eulgence ne pense pas autrement que saint Augustin : Non ergo accipiunt in baptismo salutem qui non tenent in corde atque ore jldei veritatem. Ac per hoc licet formam pietatis habeant, quss constat in sacramento baptismalis, abnegando tamen pietatis virtutem, nec vitani percipiunt nec salutem. E}nst., XII, iii, 7, P. L., t. lxv, col. 382.

De plus le candidat devait avoir le repentir de ses fautes, témoigner de son changement de vie. Aussi refusait-bn d’admettre au baptême toute personne engagée dans une profession criminelle ou entachée d’idolâtrie, à cause de l’absolue incompatibilité d’un tel état avec la sainteté de la vie chrétienne ; tels, par exemple, les concubinaires publics, les proxénètes, les femmes de mauvaise vie ; et tels encore les comédiens, les cochers, les gladiateurs, tous ceux qui servaient à l’amusement de la foule, au cirque, au théâtre ou à l’amphithéâtre, les sculpteurs ou fabricants d’idoles, les astrologues, les devins, les magiciens, etc. Aucun de ces personnages n’était admis qu’il n’eût préalablement renoncé à son genre de vie, contraire à la règle des mœurs ou à la règle de foi. Testamentum D. N. J. C, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 112-116. Saint Augustin en signale quelques-uns. De octo Dulcit. quæst., i, 4, P. L., t. XL, col. 150. Il remarque que c’est une erreur de quelques-uns de ses contemporains d’admettre indistinctement tout le monde au baptême, De ftde etoper., 1, P. L., t. XL, col. 197 ; erreur en opposition avec l’usage traditionnel de l’Église, qui exige qu’on rompe avec de telles professions et qu’on en fasse pénitence. Ibid., 18, 33, col. 219.

Baptême des enfants.

Le baptême étant nécessaire, convenait-il de baptiser les enfants ? Les Pères sont unanimes â affirmer que non seulement il convient de baptiser les enfants, mais encore qu’il le faut. Ils ont prouvé leur affirmation de diverses manières. Si les pi us anciens, ayantprincipalement en vue le baptême desadultes, ont surtout insisté sur la rémission des péchés actuels, ils n’ont pas exclu celle du péché originel. Pour enseigner qu’il fallait baptiser lesenfants, ils se sont appuyés sur l’ordre donné par Jésus-Christ de baptiser : il est général et n’excepte personne. Saint Irénée, dès le IIe siècle, constate que Noire-Seigneur est venu sauver omnes qui per cum renascuntur in Deum, infantes, et parvulos, et pueras. Cont. Itœr., II, xxii, 4, P. G., t. vii, col. 784.

Une seule secte hérétique, celle des hiéracites, prétendit que les enfants sont incapables de recevoir le baptême. Augustin, Hier., iS, /’. /.., t. xi.ii, col. 39. Harnack, qui soutient qu’à l’origine de l’Église, le baptême n’était pas conféré aux enfants, reconnaît que c’était une pratique répandue au temps de Tertullien. Lehrbuch der Dogmengeschichte, 2e édit., 1888, t. i, p. 395 ; E. Choisy, Précis de l’histoire des dogmes, Paris, 1893, p. 15, 67. Tertullien, témoin de l’usage de l’Église, aurait préféré voir retarder le baptême des enfants, soit à cause des obligations qu’impose ce sacrement et dont l’enfant est incapable de comprendre l’importance et la gravité, soit parce que, en fait, les enfants baptisés devenus adultes rendaient souvent illusoires les promesses faites en leur nom par ceux qui les avaient présentés au baptême. De bapt., 18, P. L., t. i, col. 1221. L’Église d’Afrique n’en continua pas moins à rester fidèle à la pratique générale. En 253, Fidus demande à saint Cyprien, non pas s’il faut baptiser les enfants, mais s’il faut attendre le huitième jour pour leur conférer le baptême. L’évêque de Carthage lui répond que l’enfant, étant l’égal de l’adulte devant la grâce du baptême, il convient de n’écarter personne de ce sacrement ; il fait décider par le IIIe concile de Carthage, tenu sous sa présidence, que le baptême doit être conféré aux enfants, même avant le huitième jour, en cas de nécessité. Epist., lix, 3-5, P. L., t. iii, col. 1015-1018. Il dit : « On n’écarte pas du baptême les adultes, quelque péché qu’ils aient commis ; à plus forte raison n’en doit-on pas écarter l’entant nouveau-né. » Et en voici la raison : Infans, recens natus, nihil peccavit nisi quod, secundum Adam carnaliter natus, contagium mortis antiques prima nalivilate conlraxit, qui ad remissionem peccatorum accipiendam hoc ipso facilius accedit, quod illi remiltuntur, non propria, sed aliéna peccata. Epist., lix, 5, P. L., t. iii, col. 1019. Voilà donc motivée la collation du baptême aux enfants par cette contagion de la mort antique, qui passe, par la génération charnelle, d’Adam à tous ceux qui naissent de lui. Dans la première moitié du iiie siècle, Origène n’était pas moins formel. Quæcumque anima in carne nascitur, dit-il, iniquitatis et peccati sorde polluitur. .. Quid causse sil, cum baptisma Ecclesise pro remissione peccatorum detur, secundum Ecclesise observantiam etiam parvulis baptismum dari ; cum utique si nihil esset in parvulis quod ad remissionem deberet et indulgentiam pertinere, gratia baptismi superflua videretur. In Levil., hornil. viii, 3, P. G., t. xii, col. 496. Origène montre donc la nécessite du baptême pour les enfants par la présence en eux d’une faute et il légitime la pratique traditionnelle de l’Église. Il écrit ailleurs : « D’après la Loi, il faut offrir une victime pour tout enfant qui vient au monde. » Pro quo peccato, demande-t-il, offertur hic pullus unusf Numquid nuper editus parvulus peccare jam potuit ? Et tamen liabet peccatum pro quo hoslia jubetur offerri, a quo mundus negatur quis esse nec si unius diei fuerit vita ejus… Pro hoc et Ecclesia ab apostolis traditionem suscepil etiam parvulis baptismum dare. In Rom., 1. V, 9, P. G., t. xiv, col. 1047 ; cf. ibid., 1. V, 1, col. 1010.

Saint Ambroise, De Abrah., II, xi, 81, P. L., t. xiv, col. 495 ; saint Jérôme, Dial. adv. Pelag., ii, 18, P. L., t. xxiii, col. 616, sont deux autres témoins de l’usage de baptiser les enfants. Parmi les Pères grecs, saint Grégoire de Nazianze ratifie le baptême des enfants, mais demande qu’on ne le leur accorde qu’en cas de nécessité. Mieux vaut, dit-il, être sanctifié sans le savoir que de mourir sans le sceau de l’initiation chrétienne. Orat., XL, 17, 28, P. G., t. xxxvi, col. 380, 400. Il préférait qu’on ne -les baptisât que vers l’âge de trois ans, car alors ils peuvent déjà comprendre quelque chose du mystère, sans en avoir toutefois une pleine et entière intelligence ; ils peuvent aussi répondre aux interrogations. Ibid., 28. col. 400. Le Testament de Notre-Seigneur, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 126, indique les enfants comme sujets du baptême et leur donne une place spéciale dans l’administration solennelle du sacrement à Pâques. Saint Augustin remarque que l’usage de baptiser les enfants n’est pas une innovation récente, mais le fidèle écho de la tradition apostolique. Epist., clxvi, 8, 23, P. L., t. xxxiii, col. 730 ; De Gènes, ad litt., x, 23, 39, P. L., t. xxxiv, col. 426 ; De peccat. ment., i, 26, 39 ; iii, 5, 10, 11, P. L., t. xliv, col. 131, 191. Il conclut que cette coutume, à elle seule et en dehors de tout document écrit, constitue la règle certaine de la vérité. Serm., ccxciv, 17, 18, P. L., t. xxxviii, col. 1346. Le pape Sirice veut qu’on baptise les enfants de suite après leur naissance. Epist. ad Ilimer., 2, Jaffé, Regest., t. i, p. 40 P. L., t. xiii, col. 1134. Et le concile de Milève, de 416, dit anathème à quiconque prétend qu’il ne faut pas baptiser les enfants nouveaunés. Can. 2, dans Hardouin, Act. concil., t. i, col. 1217. Cf. Bingham, Origines seu antiquilates eccles., Halle, 1727-1738, t. iv, p. 192-214.

Quand, au commencement du Ve siècle, éclata la controverse pélagienne, saint Jérôme eut à réfuter l’objection suivante : Quid infantuli peccaverefNec conscienlia delicti eis impulari potest nec ignorantia… Peccare non possunt… Ergo sine peccato. Oui, répond-il, ils sont sans péchés, s’ils ont reçu le baptême ; mais s’ils ne l’ont pas reçu, ils ont en eux le péché d’Adam. Et il cite la lettre de saint Cyprien à Fidus ; il signale les trois livres de saint Augustin à MarceUmusdein/antibusbaptizandis et un à Ililarius ; puis il conclut : Etiam infantes in remissionem peccatorum baplizandos, in similitudinem prœvaricationis Adam. Dial. adv. Pelag., 17, 18, P. L., t. xxiii, col. 615-618. Saint Jérôme aurait pu invoquer le témoignage de l’Ambrosiaster : Adam peccavit in omnibus… Manifestum ut in Adam omnes peccasse quasi in massa… Omnes nati sunt sub peccato. In Rom., v, 12, P. L., t. xvii, col. 92. Il aurait également pu faire appel à celui de saint Pacien qui, dans son De baptismo, P. L., t. xiii, col. 1089, tire la nécessité de la régénération baptismale de la participation de l’homme à la faute d’Adam. Il a raison, en tout cas, de citer saint Augustin ; car nul mieux que l’évêque d’Hippone n’a proclamé la nécessité de baptiser les enfants, en en donnant les raisons dogmatiques. La tâche n’était pourtant pas aisée ; saint Augustin s’en acquitta néanmoins et sa doctrine, dans son ensemble, est devenue celle des théologiens catholiques.

Il fallait d’abord bien caractériser la faute originelle, le mot est de lui, en indiquant ce qui la fait ressembler au péché actuel et ce qui l’en différencie. Car les pélagiens acceptaient bien, selon les règles de l’Église et la sentence de l’Évangile, le baptême in remissionem peccatorum ; mais ils n’admettaient pas le péché originel, la faute héréditaire, parce que le péché, œuvre personnelle de l’homme, ne peut naître avec lui, qu’il n’y a pas de péché de nature et que tout péché est produit par un acte libre de la volonté. De pecc. orig., vi, P. L., t. xliv, col. 388. Saint Augustin lui-même avait tenu jusque-là un langage qui semblait favoriser le pélagianisme, quand il avait écrit que la nature n’est pas atteinte par des fautes étrangères, qu’il n’y a pas de mal naturel, De Gènes, cont. manich., il, 29, 43, P. L., t. xxxiv, col. 220 ; que le péché est un mal qui dépend essentiellement de la volonté, qu’il n’y a pas de péché là où il n’y a pas usage du libre arbitre, De vera relig., 14, 27, ibid., col. 133 ; Cont. Fortun., ii, 21, P. L., t. xlii, col. 121 ; De duab. anim., 9, 12, ibid., col. 103 ; et que le péché ne peut être imputé qu’à celui qui l’a voulu et commis, De lib. arbit., iii, 17, 49, P. L., t. xxxii, col. 1295 ; autant de propositions qu’on exploitait et dont il dut préciser le sens, pour en bien défendre l’orthodoxie, ce qu’il fit en particulier dans ses Rétractations. Il n’y a pas de mal naturel : cela doit s’entendre de la nature avant la chute et telle que Dieu l’a créée. Retr., i, 10, n. 3, P. L., t. xxxii, col. 600. Sans doute le péché est un acte de la volonté libre ; mais l’élément volontaire su trouve aussi dans le péché originel, parce que ce péché a sa source dans la volonté d’Adam et que tout homme possède la même nature qu’Adam ; c’est l’acte conscient de la volonté libre qui constitue le péché actuel ; niais, dans le péché originel, à défaut d’un acte libre de la part de l’enfant, il y a une participation à la volonté d’Adam : non absurde etiam vocatur voluntarium, quia ex prima hominis mala voluntate, faclum est quodam modo hxreditariwni. lirlr., i, 13, n. 5, col. 60’t. En dépit de ces chicanes, saint Augustin a pu dire aux pélagiens : j’ai toujours cru ce que je crois aujourd’hui, à savoir que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi le péché, dans lequel tous ont péché, est passé à tous les hommes. Conlr. Julian., VI, 12, 39, /’. L., t. xliv, col. 813.

Il fallait ensuite détruire cette distinction plus subtile que fondée entre la vie éternelle et la royaume des cieux. Les pélagiens prétendaient, en effet, que le baptême, inutile pour effacer une faute qui n’existait pas à leurs yeux, donnait cependant à l’enfant le droit d’entrer dans le royaume des cieux ; sans le baptême, l’enfant restait assuré de son salut et de la vie éternelle ; de telle sorte que, dans ces conditions, le sacrement de la régénération n’avait plus qu’une valeur relative. Point de distinction, répond saint Augustin : Salut, vie éternelle, royaume des cieux, sont autant d’expressions synonymes. Le texte de saint Jean : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, etc., explique la nécessité absolue du baptême. La question n’est pas de savoir s’il faut baptiser les enfants, mais pourquoi il faut les baptiser. Nous disons que les enfants ne peuvent obtenir le salut et la vie éternelle que par le baptême. Serm., ccxciv, 2, 3, P. L., t. xxxviii, col. 1316, 1317. Du reste, observait-il par un argument ad hominem, même dans l’hypothèse pélagienne, l’existence du péché originel reste prouvée ; car la privation du royaume des cieux n’est autre chose qu’une peine, qui suppose nécessairement une faute. De pecc. merit., i, 30, 58, P. L., t. xliv, col. 152 ; Cont. Julian., iii, 3, 9, ibid., col. 706 ; VI, 10, 32, col. 840.

Saint Augustin crut devoir tirer un argument du sort des enfants morts sans baptême. Après avoir pensé tout d’abord qu’il y a un moyen terme entre la vertu et le péché, entre la récompense et le châtiment, De lib. arbil., ni, 23, 66, P. L., t. xxxii, col. 1303, il change complètement d’avis. Pelage, qui refusait aux enfants morts sans baptême l’entrée du royaume du ciel, tout en leur accordant le salut et la vie éternelle, disait : Quo non eant scio ; quo eant nescio. Augustin, De pecc. merit., i, 28, 55, P. L., t. xliv, col. 140. Mais déjà, sur cette question du sort des enfants morts sans baptême, saint Augustin avait pris position dans son De Genesi ad lilteram, x, 11, 19, P. L., t. xxxiv, col. 416. Il affirme que ces enfants sont damnés et il répète cette affirmation dans son De peccatorum rneritis, i, 28, n. 55 ; iii, 3, n. 6 ; 4, n. 7, P. L., t. xliv, col. 140, 188, 189. Car, au jugement dernier, il sait qu’il n’y aura que deux groupes et n’aperçoit pas de place intermédiaire pour ces enfants. Quiconque, dit-il, ne sera pas à droite sera nécessairement à gauche ; par suite quiconque ne sera pas dans le royaume des cieux sera dans le feu éternel. Serm., ccxciv, 3, P. L., t. xxxviii, col. 1337. Et prenant son hypothèse pour l’expression de la vérité, il s’en sert pour prouver l’existence du péché originel. Si donc, dit-il, les enfants non baptisés vont en enfer, c’est qu’ils ne sont pas innocents. Toute peine suppose une faute. Les enfants morts s ; iih bapté sont punis ; ils sont donc coupables ; ils ont l’âme souillée du péché originel. De pecc. merit., I, 24, 34, /’. /.., t. xliv, col. 129.

Les rites du baptême fournissent à saint Augustin une autre preuve de l’existence du péché originel dans l’âme de, enfants. Quelle est, demande-t-il, la raison des insufflations et des exorcismes ? n’est-ce pas celle de chasser le démon ? Exorciser les enfants, c’est reconnaître implicitement qu’ils sont sous la domination du diable. Un Dieu juste ne peut laisser des êtres innocenls sous ce joug, c’est qu’ils sont coupables. (Juiconque voudrait nier que les petits enfants sont soustraits par le baptême à la puissance des ténèbres, c’est-à-dire à la puissance du diable et de ses anges, serait convaincu d’erreur par les sacrements de l’Église, qu’aucune nouveauté hérétique ne peut supprimer, ni changer… C’est à bon droit, et non par erreur, que la puissance diabolique est exorcisée dans les petits enfants. Ils renoncent au démon, non par leur cœur et par leur bouche, mais par le cœur et la bouche de ceux qui les portent, afin que, délivrés de la puissance des ténèbres, ils soient transférés dans le royaume de leur Seigneur. Qu’est-ce donc qui les tient enchaînés au pouvoir du diable ? Qu’est-ce sinon le péché ?… Or les petits enfants n’ont commis aucun péché personnel pendant leur vie. Reste donc le péché originel. De nupl., i, 22, P. L., t. xliv, col. 127. Saint Augustin a donc raison d’insister sur la présence dans l’enfant du péché originel et sur la nécessité du baptême à cause de ce même péché. Epist., clvii, 3, 11, P. L., t. xxxiii, col. 678 ; De Gènes, ad litt., x, 14, 25, P. L., t. xxxiv, col. 419 : Serm., cxv, 4, P. L., t. xxxviii, col. 657 ; De pecc. merit., i, 17, 22, P. L., t. xliv, col. 121. Il a raison de déclarer souillée la naissance d’un fils d’Adam et de réclamer la régénération dans le Christ. Serm., ccxciv, 14, P. L., t. xxxviii, col. 1344 ; De pecc. merit., i, 16, 21, P. L., t. xliv, col. 120. Il a raison de marquer la relation étroite qui lie le sacrement de baptême à l’effacement du péché originel : Baptizantur ut justi sint et in eis originalis œgriludo sanetur. De pecc. merit., i, 19, 24, ibid., col. 122. Et ce ne sont pas seulement les conciles de Milève et de Carthage qui l’approuvent en 416 et 417, c’est encore Innocent I er qui lui écrit : « Enseigner que les enfants peuvent obtenir la vie éternelle sans le baptême est une folie. » Epist., Clxxxii, 5, P. L., t. xxxiii, col. 758-772, 785. Finalement, dans sa réponse à Julien, il reprend avec plus de force et de précision encore tous ses arguments, voir en particulier Cont. Julian., vi, 5, 11 ; 19, 59, P. L., t. xliv, col. 829, 858, et il consacre tout le second livre à relever les témoignages de saint Irénée, de saint Cyprien, de Reticius, d’Olympius, de saint Ililaire, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Basile, de saint Chrysostome, de saint Ambroise et de saint Jérôme ; il y joint ceux des évoques du concile deDiospolis : c’est l’Orient et l’Occident fournissant la preuve de tradition du péché originel.

Quant à la question de savoir s’il fallait baptiser un enfant renfermé dans le sein maternel, elle fut résolue négativement par saint Augustin ; car avant de renaître, disait-il, il faut naître. Epist. ad Dardan., clxxxvii, c. x r 32, 33, P. L., t. xxxiii, col. 844, 845 ; De peccat. merit. r n, 27, n. 43, P. L., t. xliv, col. 177.

VII. Symbolisme et figures.

En parlant du baptême, de sa nature et de ses effets, les Pères se sont complus à relever les figures du sacrement qu’ils reconnaissaient dans l’Ancien Testament, figuratif du Nouveau. Ces figures concernent principalement la matière et le mode de collation du sacrement.

Figures relatives à la matière.

Plusieurs Pères ont fait ressortir les raisons de convenance du choix de l’eau comme matière du baptême ; ils les ont trouvées dans les propriétés naturelles de cet élément et dans les heureux effets que Dieu a produits par son moyen dans l’ancienne alliance, et ils ont célébré les v louanges » de l’eau. Théophile d’Antioche, Ad Autol., ii, 16, P. (.’., t. vi, col. 1077, voit dans les animaux, produits par les eaux au cinquième jour de la création et bénis par Dieu, l’image des hommes qui obtiennent la rémission de leurs péchés, 81à (iôaro ; xai Xo’jtpoO TTaXffYeveafac. Tertullien, De l>n}>t., 3, P. /.., t. I, col. 1202, se demande pourquoi l’eau a mérité d’élre prise comme la matière nécessaire du baptême. II en don ne plusieurs raisons. tirées de sa nature. En remontant à l’origine du monde, il remarque que l’eau est anliqua substantia, divini Spiritus sedes, et par suite, gratior scilicet cœleris lune démentis. Quid quod exinde dispositio mundi modulatricibus quodam modo aquis Deo constilit… Prunus liquor quod viveret edidit ne mirum sit, in baptismo, si aqux animare noverunt. L’eau n’a pas seulement produit les premiers êtres vivants ; elle a encore concouru à la formation du corps de l’homme qui n’a pu être modelé que dans une terre humectée. Tertullien conclut : Vereorne laudes aquæ potius quant baptismi raliones videar congregasse. Au c. iv, ibid., col. 1203-1201, il indique les raisons d’être du baptême. La première qu’il trouve est la figure du baptême, déjà rappelée, à savoir : Dei Spiritum, qui ab initio supervectabatur super aquas, intinclos reformalurum. Le Saint-Esprit sanctifiait l’eau et lui donnait la vertu de produire la sainteté, lia de Sancto sancti/icata natura aquarum, cl ipsa sanctificare concepit. Qu’on n’objecte pas : Nous ne sommes pas baptisés dans les eaux qui existaient au commencement du monde. Ce qui appartient au genre appartient aux espèces. Igitur omnes aquse de pristina originis prærogativa sacramentum sa71ctificationis consequuntur, invocato Deo. Après avoir parlé des lustrations usitées dans les initiations païennes, Tertullien trouve une autre figure du baptême dans la piscine de Béthesda, dans laquelle était guéri le premier malade qui y descendait après le mouvement de l’eau. Figura ista médicinal corpordlis spiritalem medicinam canebal, ea forma qua semper carnalia in figura spirilalium antecedunt. Et il montre la supériorité de la réalité sur la figure : non seulement l’esprit est guéri et le salut éternel conféré par le baptême, ce remède et ce don sont accordés quotidie, tandis que la guérison des maladies corporelles ne pouvait être obtenue à la piscine probatique que semel in anno. C. v, col. 12051206. Au baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain, le Saint-Esprit descend sur les eaux du fleuve, tanquam pristinam sedem recognoscens, et il y paraît sous forme de colombe, ne hoc quidem sine argumento prsecedentis figurée. Quemadmodum enim post aquas diluvii, qiiibus iniquitas aiiliqua purgata est, post baptismum (ut ita dixerim) mundi pacem cselestis iras præco columba terris adnunliavil dimissa ex arca et cum olea reversa… Le monde ayant péché après le déluge, le baptême est comparé au déluge. C. viii, col. 1208-1209. Le passage de la mer Rouge par les Hébreux pour échapper à la servitude du roi d’Egypte est une nouvelle figure du baptême : Liberantur de sœcidonationes peraquam scilicet, et diabolum, dominatorem pristinum, in aqua oppressum, derelinqvunl. Autres figures du baptême : Item aqua de amariludinis vitio in suum commodum suavitatis Mosei ligno remediatur. Lignum illud erat Cltrislus, venenalse et amaræ retio naturœvenas insaluberrimas, aquas baplismi scilicet, ex sesc remedians. 11sec est aqua, quse de comité petra popido defluebat. Si enim pelra Christus, sine dubio aqua in Cliristo baptismum videmus benedici. C. ix, col. 1209-1210. Saint Cyprien renchérit encore sur Tertullien et va jusqu’à dire : Quotiescumqueaquasola in Scriptuns sanctis nominatur, baplisma prædicatur. Il trouve dans Isaïe, xliii, 18-21 ; xlviii, 21, des prophéties symboliques du baptême. Epist., Lxiii, n. 8, P. L., t. iv, col. 379-380. Dans sa lettre Ad Magnum, n. 2, P. L., t. iii, col. 1140, l’évêque de Carthage expose que l’arche de Noé était le type de l’Église ; il considère le déluge comme le baptême du monde et il lui compare le baptême chrétien. De l’unité de l’arche il conclut même, par suite d’une comparaison trop rigoureuse, qu’on nepeutètre revivifié que par le baptême, conféré dans l’unique Église de Dieu. Plusloin, n. 15, col. 1150-1151, il voit, après saint Paul, une figure du baptême dans le passage de la mer Rouge. Par l’eau salutaire du baptême, scire debemus et fidere quia illic diabolus opprimitur, et homo Deo dicatus divina indulgenlia liberatur. Origène, In Exod., homil. v, P. G., t. XII, col. 326, s’appuyant sur saint Paul, I Cor., x, 2, voit dans le passage de la mer Rouge une image du baptême. Le passage du Jourdain a la’même signification, et la réalisation de ces deux figures s’est faite au baptême de ses auditeurs qui ont passé des ténèbres de l’idolâtrie à la connaissance de la loi divine et qui, dans la fontaine mystique du baptême, ont été initiés par les prêtres et les lévites aux plus sacrés mystères. In lib. Jesu Nave, homil. iv, n. 1, 2, ibid., col. 842-844. Pour saint Hippolyte, Susanne est l’image typique de l’Église. Le jour où elle se baigne, dit-il, préfigure la fête pascale où, dans le jardin de l’Église, lebain est préparé aux catéchumènes brûlant de désir. In Daniel., i, 16, édit. Bonwetsch, Leipzig, 1897, p. 26, 27 ; Saint Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, n. 5, P. G., t. xxviii, col. 432-433, recherche dans l’Écriture les raisons du choix de l’eau comme instrument de la grâce dans le baptême. Outre que l’eau est le meilleur des éléments, le baptême a été figuré dans l’ancienne alliance. A l’origine l’Esprit était porté sur les eaux, desquelles sont sortis le ciel et la terre.’Ap/f, to0 /.ôctu.ov xb -j’Scop, xal àpyy] -iâ>v E-jayyeÀctov ô TopSdew, ;. Israël fut délivré de la servitude de Pharaon par le moyen de la mer ; le monde a été délivré des péchés par le bain de l’eau dans la parole de Dieu. L’eau scelle toutes les alliances. Celle de Dieu avec Noé a été conclue après le déluge ; celle avec Israël au mont Sinaï a été manifestée par l’aspersion de l’eau. Élie ne monte au ciel qu’après avoir traversé le Jourdain. Aaron a pris un bain avant d’être institué grand-prêtre. Le bassin placé devant le tabernacle était aussi un symbole du baptême. Saint Grégoire de Nysse, De bapt., P. G., t. xlvi, col. 420-421, exhorte éloquemment ceux qui retardent le baptême à passer le Jourdain, dont les eaux ont été adoucies par la venue de l’Esprit comme les eaux amères devenues douces grâce au morceau de bois jeté en elles. Il leur propose l’exemple de Josué et leur demande de quitter le désert et de mener la vie chrétienne, figurée par la fertilité de la Terre promise. Saint Grégoire de Nazianze, Orat., xxxix, 17, P. G., t. xxxvi, col. 353, rappelle les différentes espèces de baptême : Moïse a baptisé dans l’eau, et aussi dans la nuée et la mer ; ce qui, au témoignage de saint Paul, (’tait figuratif. La mer Rouge représentait l’eau, la nuée l’Esprit, et la manne le pain de vie. Saint Chrysostome, In dictum Pauli : Nolo vos ignorare, n. 3, 4, P. G., t. li, col. 247-248, développe longuement le caractère figuratif du passage de la mer Rouge. Dans le type et l’antitype, on trouve le même élément ; la piscine remplace là mer ; dans les deux cas, tous entrent dans l’eau. Ici, ils sont délivrés de l’Egypte, là, de l’idolâtrie ; ici, Pharaon est submergé, là, c’est le diable ; ici, les Égyptiens sont étouffés, là, c’est le vieil homme avec ses péchés. La réalité l’emporte sur la figure. Ailleurs, InJoa., homil. xxxvi, 1, P. G., t. lix, col. 203, c’est la piscine probatique qui est une figure du baptême, si puissant et’si bienfaisant, du baptême qui ellàce tous les péchés et rend la vie aux morts.

Si nous revenons en Occident, les Pères ont la même doctrine que ceux de l’Orient. Saint Optât, De sc/iism. donat., v, 1, P. L., t. xi, col. 1045-1046, conclut à l’unité du baptême, de l’unité du déluge et de la circoncision, et il dit du déluge : Erat quidem imago baptismatis, ut inquinatus tolus orbis, demersis peccatoribus, lavacro interveniente, in faciem pristinam mundaretur. Le pseudo-Ambroise, De sacram., I, 4-6, P. L., t. xvi, col. 420-424, compare les mystères des Juifs à ceux des chrétiens et il expose le caractère figuratif du passage de la mer Rouge, de la guérison de Naaman et du déluge. Saint Ambroise traite des mêmes figures, De myst :, 4, ibid., col. 394-396, en y ajoutant le miracle de la piscine probatique. Saint Jérôme, Epiât., lxix, 6, P. L., t. xxui, col. 059-000, célèbre, lui aussi, les louanges de l’eau et du baptême : Solus Spiritus Dei in aurigae modum super atjiias ferebatur et nascentem mundum in figura baptismi parturiebat… Primum deaquis, quod vivit, egreditur et pennatos fidèles de terra ad ceelum levât. Le fleuve du paradis amaras aquas mortuasque vivi/icat. l’eccal m uni lus, et sine aquarum diluvio non pur gai m… J’/iarao cum eocercilu suo nolens populum Dei exire de Aùgijpto, in lypo baptismatis suffocatur… Saint Augustin, In Joa., tr. XI, 4, P. L., t. xxxv, col. 1476-1477, explique la signification figurative du passage de la mer 11. mue et en conclut qu’il est nécessaire d’avoir reçu le baptême afin de pouvoir participer à la manne du Seigneur. Il dit ailleurs, Serm., CCCLIII, c. iv, 2, P.L., t. xxxix, col. 1562, jam mare rubrum, baplisma scilicet Christi sanguine consecratuni, veruni dejecit Pharaoneni. Les cendres du veau d’or, jetées dans l’eau et données en boisson aux Israélites coupables, étaient aussi une figure du baptême. Enar. in Ps., lxi, 9, P. L., t. xxxvi, col. 736. L’aveugle-né, qui lave ses yeux dans la piscine de Siloé et voit la lumière, a été baptisé dans le Cbrist et préfigure mystérieusement l’illumination des catéebumènes dans le baptême. In Joa., tr. XLIV, 2, P. L., t. xxxv, col. 1714. L’évêque d’IIippone, Cont. Faust., xii, 17, P. L., t. xlii, col. 203, compare, lui aussi, le baptême au déluge, qui commence sept jours après l’entrée de Noé dans l’arche, quia in spe futurs : quielis, quse seplimo die significata est, baplizamur. De la durée du déluge, il il’duit, au moyen du symbolisme des nombres, que tous les péchés sont lavés par le sacrement du baptême céleste. De l’unité de l’arche, il conclut aussi que prseter Ecclesise societalem, aqua baptismi quamvis eadem sit, non solum non valet ad salulem, sed valet potius ad perniciem. Cette dernière conclusion est tirée encore, De baptismo cont. donat., v, 28, n. 39, P. L., t. xliii, col. 196. Cf. S. Fulgence de Ruspe, De 7’emiss. peccat.j i, 20, /’. L., t. lxv, col. 513.

Symbolisme du mode de collation.

L’immersion, d’après les Pères, fournit un symbole des effets du baptême. Saint Paul avait dit que par le baptême le chrétien est enseveli avec le Christ. Le baptême rappelait donc d’une manière mystérieuse la mort, la sépulture et le séjour de Notre-Seigneur dans la tombe. Un tel symbolisme fut soigneusement remarqué par les Pères, en particulier par saint Cyrille de Jérusalem. Cal., III, 12 ; xx, 6, 7, P. G., t. xxxiii, col. 444, 1081, 1082. Pour se relever de la chute et rentrer dans la grâce de Dieu, dit saint Basile, il faut imiter la croix, la sépulture, la résurrection de Jésus-Christ par le baptême, qui est une mort, un ensevelissement et une résurrection mystique. De Spir. Sanct., xv, 35, P. G., t. xxxii, col. 129 ; voir également Epist., ccxxxv, 5 ; De bapt., I, ii, 26, P. G., t. xxxi, col. 423 sq., 1569. D’après Grégoire de Nysse, l’homme descendu dans l’eau et plongé trois fois représente ; la mort, la sépulture et la résurrection de Jésus-Christ, Cat., 35, P. G., t. xi.v, col. 85 ; la triple immersion se fait en souvenir des trois jours passés par Nôtre-Seigneur dans le sépulcre et pour honorer les trois personnes divines. Indtem lumin., P. G., t. xlvi, col. 585. D’après saint Chrysostome, l’action de descendre dans l’eau et d « n [cmonter symbolise la descente aux enfers et la sortie du tombeau. Voilà pourquoi l’Apôtre appelle le baptême un sépulcre. In I Gor., liomil. XL, 1, P. G., t. LXI, col. 317. Le baptême, dit saint Augustin, est une mort mystique, Cont..Iulian. pelag., ii, 5, 14, /’. /.., I. xi.iv, col. 683, qui rappelle la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Enclin-., 13, n. 12 ; I î, n. 52, /’. L., t. xi., roi. 253, 256. Le catéchumène, préalablement dépouillé de ses vêtements, nu comme Adam au paradis ou Comme le Christ sur la croix, (’tait introduit dans la piscine, comme le Christ déposé de la croix avait été mis dans le Sépulcre ; puis il était plongé trois l’ois dans I eau baptismale, en souvenir des trois jours passés par le

Christ dans la mort ; ce n’est là, observe saint Cyrille de Jérusalem, ni une mort, ni une sépulture réelles, mais une simple ressemblance avec la passion et la mort de Jésus-Christ, qui assurent, non un semblant de salut, mais sa réalité vraie ; awr^pix ; Zïq-V/ ô(xoi’o)|jLa, aù.a à).r, 9Fia. Cat., xx, 2-7, P. G., t. xxxiii, col. 1077-1084. Ci. Chrysostome, In Joa., homil. xxv, 2, P. G., t. lix, col. 151 ; Jérôme, Epist., lxix, 7, P. L., t. xxii, col. 601 ; Pseudo-Denys, Eccles. hier., il, 3, 7, P. G., t il, col. 401.

Autres figures. —

Indépendamment des figures du baptême, qui résultent de la matière ou du mode de collation du sacrement, les Pères ont signalé le caractère typique de faits ou d’institutions de l’ancienne loi, qui n’ont de rapport qu’avec quelques effets du baptême. Le plus fréquemment mentionné est la circoncision. Déjà saint Justin, Dial. cum Tryph., 43, P. G., t. VI, col. 568, comparait la circoncision charnelle des Juils à la circoncision spirituelle, qu’Hénoch et ses pareils ont gardée.’Hjxeïç Se, 8tà to0 paTTrÎTixorro ; aÙTTjv, èitet&i àjj.5cpTi).oc è"/SY6veiu.ev, 6cà xb b’Xeo ; xb Trapà xo0 Qsoû, è)âêoæv, xa’c ttïiiv èçstôv ôu.o : o>ç XaiiêâvEcv. L’auteur des Quæst. ad orthod., q. en, ibid., col. 1318, enseigne la même doctrine : HeptT£|j.vôiieOa Se xoù tjluïi ; xvj TiepiToij. ?) xoû XpKTTOÛ Sià ToC paim’<7u.axo ;, ÈxSutStlSVOC xbv’ASâjJl, 8c’8v àuapxu>Ao yEyo’/oxti xsOvr/.au.ev, xaév8’JÔu.Evocxbv Xpi(jx6v, 8c’bv 81xa « o9é.T£ ; àvtTxàp.EÔa èxxu>v vexpàSv. Saint Optât, De scliism. donat., v, 1, P. L., t. xi, col. 1015, pour réfuter Parménien, part du principe, admis par son adversaire, quod baptisma christianorum in Hebrazorum circumeisione fueral adumbratum, et il en conclut qu’il n’y a qu’un seul baptême : Circumcisio autem ante adventum baptismatis in figura prsemissa est, et a te tractation est apud christianos duas esse aquas : ergo et apud Judxos duas circumeisiones ostende, altérant meliorem, pejorem alteram. Hoc si quseras, non poteris invenire : Abrahse prosapia, cjua Judœi censentur, hoc sigillo se insigniri gloriantur : ergo talis débet Veritas sequi, qualis ejus imago prsemissa est. Saint Augustin fait le même raisonnement. Cont. Crescon., I, 31, n. 36, P. L., t. xliii, col. 464-465. De ce que la circoncision, qui incorpore dans le peuple juif ceux qui la reçoivent, ne pouvait être renouvelée, il conclut que le baptême ne doit pas être réitéré : Ac per hoc quemadmodum si quis eorum (Nazarenorum) ad Judœos venerit, non potest ilerum circumeidi ; sic cum ad nos venerit, non débet ilerum baptizari. Qu’on n’oppose pas la nature dilférente de la circoncision et du baptême : Sed cum iila umbra fuerit hujus verilatis, cur illa circumcisio et apud hserelicos Judœorum esse potuit, iste autem baptismus apud hsereticos clirislianorum non potest esse" ? Enfin, saint Chrysostome, In Gen., homil. XL, n. 4, P. G., t. lui, col. 373-371, compare la circoncision au baptême. La circoncision est douloureuse, dit-il, et ne fait que distinguer les Juifs des païens ; notre circoncision à nous, à savoir la grâce du baptême, guérit sans blesser et nous procure des biens innombrables, en nous remplissant de la grâce du Saint-Esprit. De plus, on peut la recevoir en tout temps. Le saint docteur décrit ensuite les effets du baptême. Saint Cyrille d’Alexandrie, Glaph. in Levit., P. G., t. LXIX, col. 553, 500, 561, a comparé le baptême à la guérison de la lèpre. Le Christ nous a purifiés par le saint baptême et nous a introduits dans l’Eglise en nous sanctifiant.

VIII. Effets.

Les termes dont se sont servis les Pères pour désigner le baptême marquent pour la plupart les effets nombreux qu’ils lui attribuent : c’est celui de purifier l’homme, d’effacer tous ses péchés ainsi que la peine duc à ces péchés, de le renouveler, de le régénérer, de lui assurer par celle seconde naissance d’ordre spirituel et mystique sa perfection première, de lui infuser le Saint-Esprit, la grâce sanctifiante, la vie surnaturelle, de le taire en l’a ni de Dieu par adoption, de l’initier a la vie chrétienne, de l’agréger à l’Eglise, de lui donner droit aux sacrements et finalement lui assurer le salut éternel.

Rémission de tous les péchés par la justification.

Nous avons dit précédemment que, suivant la doctrine des Pères, le baptême effaçait la souillure originelle. Pour la rémission des péchés en général, les textes sont si nombreux qu’il suffira de signaler les plus caractéristiques. Quand nous descendons dans l’eau (baptismale), dit Hermas, nous y recevons la rémission de nos péchés antérieurs, Mand., iv, 3, Opéra Pair, apost., édit. Funk, t. i, p. 396 ; notre vie est sauvée par l’eau (baptismale), Fis., ni, 3, ibid., p. 358 ; nous descendons morts dans l’eau (baptismale) et nous en remontons vivants. Simil., ix, 16, ibid., p. 522. Nous entrons pleins de souillures et de péchés dans l’eau et nous en sortons remplis des fruits de justice. Pseudo-Barnabe, Epist., xi, 11, ibid., p. 36. Tertullien voit dans le baptême l’effacement de tous les péchés, De bapt., 1 ; De psenit., 6, P. L., 1. 1, col. 1197, 1238 ; Vabsolutio mortis, la régénération, Adv. Marc, i, 28, P. L., t. il, col. 280 ; une seconde naissance. De bapt., 20, P.L., t. i, col. 1224 ; De anim., 41, P. L., t. il, col. 720. Dans la collation du baptême il y a lieu, dit-il, de distinguer deux actes, l’un matériel, qui consiste à plonger le baptisé dans l’eau, l’autre spirituel qui est la délivrance du péché. De bapt., 7, P. L., t. I, col. 1207. La peine due au péché est elle-même enlevée. Exempta reatu, eximitur pana. De bapt., 5, ibid., col. 1206. Sans le baptême on ne peut recevoir la rémission de ses péchés. Origène, De exhort. mari., 30, P. G., t. xi, col. 600 ; In Luc, homil. xxi, .P. G., t. xiii, col. 1855. D’après saint Cyrille de Jérusalem, le baptême remet tous les péchés, Cat., iii, 15, P. G., t. xxxiii, col. 448 ; efface dans l’âme et dans le corps toutes les marques du péché, Cat., xviii, 20, ibid., col. 1041 ; abolit en Dieu le souvenir de nos fautes. Cat., iii, 15 ; xv, 23, ibid., col. 445, 904. D’après saint Chrysostome, le baptême efface tous les péchés, In Gen., homil. xxvii, 1, P. G., t. lui, col. 241 ; dans ce sacrement on meurt et on renaît, In Colos., homil. vii, 2, P. G., t. lxii, col. 346 ; on y meurt comme le Christ est mort sur la croix, In Hebr., homil. ix, S, P. G., t. lxiii, col. 79 ; que le catéchumène descende dans ce bain salutaire et les rayons du soleil seront moins purs que lui, quand il remonte de l’eau sacrée. Ad illum., 1, 3, P. G., t. xlix, col. 226 ; In 1 Cor., homil. xl, 2, P. G., t. lxi, col. 348. D’après saint Jérôme, le baptême fait de nous des hommes complets et nouveaux, Epist., lxix, 2 ; car tout est purifié par lui, ibid., 3, P. L., t. xxii, col. 655, 656 ; tous les péchés sont eilacés. In Isa., i, 16, P. L., t. xxiv, col. 35. C’est ce qu’exprime saint Augustin : Baptismus abluit quidem peccata omnia, prorsus omnïa, faclorum, dictorum, cogitatorum, sive originalia, sive addita, sive quee ignoranter, sive quæ scienler admissa sunt. Conl. duas epist. Pelag., III, ni, 5, P. L., t. xliii, col. 350. Rien n’empêche le néophyte d’aller au ciel : Si conlinuo [post baplismum] consequatur ab hac vita migratio, non erit omnino, quod hominem obnoxium teneat, solutis omnibus quse tenebant… Nihil Itabet rémora ?, , quia minus ad régna cœlorum mox migret. De peccat. mer. et remiss., 1. II, c. xxviii, n. 46, P. L., t.xLiv, col. 179. Quelque graves que fussent les péchés antérieurs au baptême, la pénitence canonique n’en frappait aucun ; elle était réservée aux péchés commis après la réception de ce sacrement. Le baptisé était donc un homme régénéré, purifié, sanctifié. Telle était, même au iie siècle, l’idée qu’on se faisait du baptême, dans certains milieux, qu’on en était venu à croire qu’il n’y a pas, pour l’homme, d’autre conversion ni d’autre rémission des péchés ; qu’après l’initiation baptismale on devait se conserver pur et sans tache, ne plus pécher, sous peine de ne plus rentrer en grâce. Une telle permanence de la grâce baptismale eût été l’idéal. Mais cet idéal était difficilement conciliable avec l’état de la nature déchue et la misère morale inséparable de la condition humaine. La régénération donnée par le baptême ne constituait pas l’impeccabilité. Le baptisé, le fidèle pouvait toujours succomber. Et dans le cas d’une chute, toujours possible et trop souvent réelle, il ne fallait pas songer à recourir de nouveau au baptême, puisqu’il ne se réitère pas ; mais alors quel parti prendre ? Traiter la chute des fidèles comme une chose indifférente ou sans importance ? Ce fut la solution de quelques hétérodoxes condamnés par Hermas comme des casuistes sans conscience, de vrais docteurs du mal, Sim., ix, 19, Opéra Pat. apost., édit. Funk, t. I, p. 538, et par saint Irénée, comme des hérétiques ou des cyniques. Cont. User, I, 6, 3 ; il, 32, 2, P. G., t. vii, col. 508, 828. Exiger de la part des fidèles, par un rigorisme excessif, aussi dangereux que faux, la nécessité de la continence, et imposer ainsi l’héroïsme comme un devoir ? Quelques esprits exagérés ne s’en firent pas faute. L’ascétisme absolu, intégral, tel qu’il se manifeste dans la littérature apocryphe, l’Évangile selon les Égyptiens, les Acla Pétri, les Acla Thomse, les Acta Pauli et Theclæ, devint la prétention des encratites et même celle de quelques fidèles, au cœur généreux, mais à l’esprit étroit. Voir t. I, col. 362. C’était mutiler l’œuvre du Christ en rendant inutile le sacrement de pénitence. De là les tentatives d’Hermas pour rendre l’espoir au baptisé qui avait le malheur de succomber ; pour démontrer que tout péché a droit au pardon s’il est l’objet d’un repentir sincère et qu’il reste au pécheur un moyen de rentrer en grâce et d’assurer son salut compromis. Cf. J. Réville, La valeur historique du Pasteur d Hermas, Paris, 1900 ; M’J r Batiffol, dans Éludes d’histoire et de théologie positive, Paris, 1902, p. 47 sq. De là, dès l’apparition du montanisme, les décisions de l’Eglise pour affirmer et préciser le rôle de la pénitence dans la réconciliation des pécheurs. C’est dire qu’à la discipline baptismale dut s’ajouter, comme un complément nécessaire, la discipline pénitentielle, chargée, après le baptême, de réparer la chute des fidèles. Comment, dans quelle mesure, par quels moyens, au milieu de quelles difficultés, c’est ce dont il sera question à l’article consacré au sacrement de pénitence.

Plus tard, Jovinien prétendit que les baptisés ne peuvent être tentés par le diable, ni pécher ; il soutenait ainsi l’impeccabilité postbaptismale. Cf. S. Ambroise, Epist., lxiii, 22, P. L. t. xvi, col. 1196 ; S. Augustin, Hær., 82, P. L., t. xlii, col. 45. Mais saint Jérôme prouva que les baptisés n’ont pas ce privilège, il réfuta les arguments proposés par Jovinien, et il cita de nombreux passages scripturaires pour faire voir que les baptisés peuvent non seulement être tentés, mais encore succomber. Le remède est dans la pénitence. Adv. Jovin., 1. II, 1-4, P. L., t. xxiii, col. 281-288. Sa conclusion lut quod, excepto Deo, omnis creatura sub vilio sit, non quod universi peccaverint, sed quod peccare possint et similium ruina, stanlium metus sit. Ibid., 35, col. 333. Julien d’Éclane, ayant prétendu que l’évêque d’Hippone renouvelait l’erreur de Jovinien, saint Augustin réfuta cette calomnie et affirma que le chrétien non solum potest peccare post baptismum, verum etiam quia et bene reludans concupiscentise carnis aliquando ab ea trahit ir ad consensionem, et quant vis venialia, tamen aliqua peccata committit. Op. imperf. cont. Julian., 1. I, 98, 101, P. L., t. xlv, col. 1114-1115, 1116-1117. L’erreur de Jovinien a été aussi réprouvée par Pelage, Confessio scu libellus fidei, 25, P. L., t. xlviii, col. 491, et par Julien d’Éclane, Libellus fidei, I. III, 8, ibid., col. 520. Cf. Haller, Jovinianus, etc., dans Texte und Untersuch., nouv. série, Leipzig, 1897, t. il, fasc. 2, p. 19-20, 86, 95, 97101, 105, 133-142.

Infusion de la gràce et des vertus surnaturelles et droit à l’héritage céleste.

Baptisés, nous sommes illuminés, dit Clément d’Alexandrie, Pœdag., I, 6, P. G., t. viii, col. 281 ; illuminés, nous sommes des fils d’adoplion ; adoptés/nous sommes perfectionnés ; parfaits, nous sommes rendus immortels. Saint Cyprien. Epist., i. ad Donat., 4, P. L., l. iv, col. 200-201, a décrit les heureux effets de régénération produits dans son Ame par le baptême. Le baptême, dit saint Hilaire, In Mattk., ii, 6, P. L., t. ix, col. 927. fait descendre le Saint-Esprit sur le baptisé, le remplil d’une onction toute céleste et le rend entant adoptil de Dieu. Par le baptême, dit saint Atha-Hase, nous sommes faits enfants de Dieu. De décret, nient. syn., 31, P. G., t. xxv, col. 473 ; Cont. arian., 1, 34, P. G., t. xxvi, col. 84. D’après saint Cyrille de Jérusalem, le baptême nous régénère, nous fait entants de Dieu, non par nature, mais par adoption, Cat., i, 2 ; ni, 14, P. G., t. xxxiii, col. 372, 445 ; héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, Cat., iii, 15, ibid., col. 445 ; de telle sorte que l’homme est comme ressuscité, vivifié dans la justice, rendu conforme au Christ et ne retenant rien de l’homme ancien. Cal., ni, 12 ; xx, 2, ibid., col. 444, 1077. La communication du Saint-Esprit est proportionnée à la foi du néophyte. Cat., I, 5, ibid., col. 377. Selon saint Chrysostome, le catéchumène sort du bain sacré, revêtu de lumière, en possession de la justice et de la sainteté, pleinement régénéré. Ad illum., 1, 3, P. G., t. xlix, col. 226 ; In I Cor., hornil. xl, 2, P. G., t. xli, col. 348.

Agrégation à l’Eglise et droit aux autres sacrements.

Le baptême introduisait le néophyte dans l’Église et l’initiait à la vie chrétienne. Mais il n’était qu’un début, le commencement de l’initiation chrétienne, la source de grâces et de privilèges futurs. Dans la cérémonie solennelle de l’initiation, le catéchumène, à peine baptisé, était immédiatement confirmé par l’évêque, et aussitôt après admis à la célébration des mystères, à la communion eucharistique. L’évêque, dit Tertullien, impose les mains sur le baptisé, appelle et invite le Saint-Esprit à descendre sur lui. De bapt., 8, P. L., t. i, col. 1207. Le baptisé, dit le pseudo-Basile, n’a plus qu’à se nourrir du pain de la vie éternelle. De ba^t., i, 3, P. G., t. xxxi, col. 1573. Mais avant de participer au corps et au sang de Notre-Seigneur, il doit recevoir le sceau et les dons du Saint-Esprit. Ambroisc, De myst., vii, 42 ; viii, 43 ; pseudo-Ambroise, De sacrum. , III, ii, 8, P. L., t. xvi, col. 403, 431. C’est l’imposition solennelle des mains et l’invocation du Saint-Esprit, dont parle saint Jérôme, Dial. adv. Lucif., 8, P. L., t. xxiii, col. 172. Saint Cyprien, qui constate l’usage de confirmer les baptisés, Epist., lxxiii, 9, P. L., t. iii, col. 1115, remarque qu’il ne faut pas confondre cette réception du Saint-Esprit avec la naissance spirituelle : No ?} per manu » impositionem quis nasciiur quando accipit Spiritum Sanction, sed in Ecclesiæ bajdismo ut Spiritual Sanction jam natus accipiat. Epist., lxxiv, 7, ibid., col. 1132. Ceux qui sont baptisés, ordonne le concile de laodicée, doivent ensuite recevoir l’onction céleste et (participer à la royauté de Jésus-Christ. Hardouin, Acl. concil., t. i, col. 789. Dans le cas d’une collation non solennelle du baptême, le baptisé était tenu de se présenter le plus tut possible à l’évêque pour être confirmé, concile d’Elvire, can. 38, Hardouin, t. i, col. 254 ; s’il venait à mourir avant d’avoir rempli cette obligation, son salut n’en restait pas moins assuré. Can. 77. ibid., t. i, col. 258. Du temps de saint Augustin, les enfants eux-mêmes, après avoir été’baptisés, étaient admis à la conlirmation et à la communion. Serm., clxxiv, fi. 7 ; ujxciv, 3, P. L., t. xxxviii, col. 944, 1162. A Jérusalem, pendant les catéchèses préparatoires à la réception du baptê saint Cyrille n’expliquait que ce qui regarde les principaux éléments de la foi chrétienne, sans toucher aux deux sacrements de la confirmation ci d^ l eucharistie. Mais le moment de l’initiation venu, la veille de Pâques, il révélait quelque chose des nds mystères auxquels les catéchumènes allaient prendre part. < : est ainsi qu’après son exposition du symbole il remarque qu’il n’a pas tout dit, qu’il a bien des choses encore à faire connaître, qu’il le fera surtout à partir du lendemain des fêtes pascales ; et, îles le soir du samedi saint, il indiquait brièvement ce qui allait faire l’objet de son futur enseignement et qui devait rouler sur le triple mystère de la nuit de Pâques, la purification, la communication du Saint-Esprit et la communion, Cat., xvili, 32, 33, P. G., t. xxxiii, col. 1053-1056 ; il soulevait un coin du voile, suffisamment pour que les néophytes eussent une idée sommaire des mystères jusqu’alors inconnus et auxquels ils allaient être admis. De là ses catéchèses mystagogiques si explicites. Rendus participants du Christ, dit-il, ayant revêtu le Christ, vous êtes appelés chrétiens. Au sortir de la piscine on vous donne le chrême ; on en oint votre front et les autres sens ; et, pendant qu’avec ce chrême visible votre corps est oint, votre âme est sanctifiée par l’Esprit saint et vivifiant, après quoi vous êtes appelés chrétiens, Cat., xxt, 1-5, P. G., t. xxxiii, col. 1088-1092 ; il ne vous restait plus qu’à communier, ce qui vous rend participants du corps et du sang de Jésus-Christ et de la nature divine, aJ<jaa>u.ot xal avvaqj.ijiToO X^ctto-j, Ocia ; xotvwvo ! çj<78iç, yoia-roçôpoi. Cat., xxil, 1-3, P. G., t. xxxiii, col. 1097-Ï 100.

Le caractère.

1. Le baptême ne se donne qu’une fois ; il ne peut pas être réitéré : tel fut, dès l’origine, le principe en vigueur dans l’Église, tant au point de vue dogmatique qu’au point de vue disciplinaire. Personne, parmi les catholiques, ne songea à y contrevenir. Et quand, au ine siècle, éclata la célèbre controverse relative au baptême des hérétiques, cette loi primitive et constante de l’Eglise ne fut pas mise en question. D’un côté le pape Etienne, tenant pour valide le baptême conféré par les hérétiques, estimait avec raison que Cyprien de Carthage et Firmilien de Césarée avaient tort de conférer le baptême à ceux qui avaient déjà été baptisés dans l’hérésie ; car, à ses yeux, c’était là une véritable réitération du baptême. D’autre part, Cyprien et Firmilien, le tenant pour invalide, ce en quoi ils s’abusaient, crurent devoir baptiser ceux qui avaient reçu le baptême de la main des hérétiques ; pratique fausse, mais qui laissait en dehors du débat la question nullement controversée de la nonréitération du baptême. C’est pourquoi ils se défendirent de méconnaître cette règle acceptée de tous. Le baptême des hérétiques étant nul, il y avait lieu, pensaient-ils, de donner le seul vrai baptême, le baptême des catholiques ; ce qui était, affirmaient-ils, non pas réitérer le baptême, mais simplement le conférer.

Semel abluit, disait Tertullien, en parlant du baptême. De bapt., 15, P. L., t. i, col. 1217. D’où venait donc à ce sacrement un tel privilège, une telle efficacité, qu’une fois donné on ne pût pas le conférer de nouveau ? Le baptême a pour figure le déluge et la circoncision ; or, un seul déluge, une seule circoncision, donc un seul baptême. C’est l’argument que fait valoir saint Optât contre Parménien. De schism. donat., v, 1, 3, P. L., t. XI, col. 1014, 1015, 1 048. De plus trois textes scripturaires servirent à prouver qu’on ne peut donner le baptême qu’une fois : l’un, tiré de l’Évangile île saint Jean : Qui lotus est non indiget nisi ut pedes lavet, seil est mundus totus, xiii, 10 ; le seeond.de l’Épitre aux Éphésiens : Unum baplisma, iv, 5 ; le troisième, de l’Épitre aux Hébreux : Impossibile est ut eus gui semel iltuminati. .. et prolapsi sunt, rursus renovariadpæniteritiam, vi, 4-0. Le premier devait s’entendre nettement de la non-réitération du baptême, comme le marque saint Ainbroise. De myst., VI, 31, P. L., t. xvi, col. 398 ; De peenit., II, ii, 8, ibid., col. 198 ; lu Lue., viii, 78, /’. /.., t. xv, col. 1789. C’est le texte que saint Optât oppose à la pratique des donatistes. Rebaptiser, dit-il, c’est laver de nouveau. Or, il n’y a pas deux lotions, il n’y en a qu’une ci elle ne peui s’entendre que du baptême ; par suite, agir comme le font les donatistes, c’est aller contre la parole formelle de Jésus-Christ et mépriser la discipline. De schism. donat., iv, 4 ; v, 3, P. L., t. xi, col. 1032, 1050. Voici comment l’interprète saint Augustin : La lotion dont parle le Christ n’est autre que le baptême qui purifie l’homme tout entier ; mais l’homme en contact avec le siècle, foulant la terre avec des sentiments humains comme avec’les pieds, contracte par son commerce terrestre de quoi dire à Dieu : pardonnez-nous nos offenses, par suite de quoi se faire encore purifier par Celui qui, après avoir purifié les apôtres, voulut de plus leur laver les pieds. In Joa., te. LVII, 1, P. L., t. xxxv, col. 1791. Ailleurs il dit : Qui lotus est non hab et necessilatem iterum lavandi, c’est-à-dire d’être rebaptisé ; car rebaptiser est une faute qui appelle les rigueurs de la pénitence. De bapt. cont. donat., il, 14, 19, P. L., t. xliii, col. 138. Le unum baptisma de l’Épître aux Éphésiens servit à Tertullien, à Cyprien et à Firmilien pour prouver que ce baptême unique ne pouvait se trouver que dans l’Église catholique ; ils ne voyaient pas que le baptême conféré par les hérétiques n’était autre que celui de l’Église et ne rompait pas l’unité du baptême, mais ils savaient fort bien, d’après l’enseignement et la pratique de l’Église, que le unum baptisma marque l’impossibilité de la réitération du baptême ; et c’est ce point spécial que fuit ressortir Cyrille de Jérusalem dans sa procatéchèse. Procat., 7, P. G., t. xxxiii, col. 315. Reste le texte de l’Épître aux Hébreux ; celui-ci aussi doit s’entendre de l’impossibilité de recourir à un nouveau baptême pour rentrer en grâce avec Dieu, si on a eu le malheur de pécher après le baptême reçu. C’est ainsi que l’explique saint Ambroise, De psenit., II, II, 8, P. L., t. xvi, col. 498. Les cathares exploitaient ce texte pour prouver l’impossibilité de se relever par la pénitence après la chute qui suivait le baptême. Saint Épiphane de leur répliquer qu’il s’agit là, non de la pénitence, mais du baptême, et que c’est le baptême qui ne se réitère pas. Hær., lix, 2, P. G., t. xli, col. 1020. Saint Jérôme en concluait que le remède aux fautes commises après le baptême n’était pas dans un second baptême, mais dans la pénitence, contrairement à l’assertion erronée de Montan et de Novatien. Adv. Jovin., ii, 3, P. L., t. xxiii, col. 298, 299. La non-réitération du baptême ne faisait doute pour personne parmi les catholiques. Saint Augustin se demande : Quid sit perniciosius, omnino non baptkari an rebaplizari ? Et il répond : Judicare difficile est. Debapt. cont. donat., il, 14, 19, P. L., t. xliii, col. 138. C’est qu’on regardait, en effet, la réitération du baptême comme un attentat sacrilège. Aussi la voit-on énergiquement réprouvée par les Canons apostoliques, can. 47, Hardouin, Act. concil., t. I, col. 38, P. L., t. lxvii, col. 147, qui ordonnent la déposition de tout évêqueou prêtre qui se la permettrait. Cf. Const. apost., VI, 15, P. G., t. I, col. 948. Léon le Grand écrit : Scimus inexpiabile esse facinus quolies… cogitur aliquis lavacrum, quod regenerandis semel tributum est, bis subire. Epist., clxvi, , ad Néon., P. L., t. uv, col. 1194. Enfin, le baptême est une régénération, et de même qu’on ne naît qu’une fois, on ne peut renaître qu’une fois. Augustin, In Joa., tr. XII, 2, P. L., t. xxxv, col. 1848.

2. Du fait de la non-réitération du baptême les Pères ont cherché la cause et ils l’ont trouvée dans la marque profonde, permanente et indestructible qu’imprime le baptême dans l’âme du baptisé, et qui n’est autre que le character des Latins ou la (Tcppayi ; des Grecs. Le mot asayis se lit huit fois dans le Pasteur et vingt fois dans les Acta Thomse. Il est employé aussi dans la Secunda Clementis, c. vii, viii, Funk, Opéra Pat. apost., t. i, p. 153, 155, dans l’inscription d’Abercius, voir 1. 1, col. 62, et dans les Acta Philippi. Voir t. i, col. 358, 359, 360. Il désigne le baptême et la confirmation ou l’un de leurs effets. Au ive siècle, surtout en Orient, la doctrine se précise, et parmi les effets du baptême, les Pères mentionnent la <7çpay( ; sacrée, céleste, divine et indélébile à jamais. Cyrille de Jérusalem a bien soin de distinguer ce sceau baptismal de celui de la confirmation ; celui-ci, il l’appelle la (jeppayt’ç r ?ç xoivcovta ; to0 âyi’ou IIvs’j(j.aToç, le sceau de la communication du Saint-Esprit, que les Grecs désignent d’ordinaire par ces mots : aypayic, Swpeài : toû Ilve’jaaTos âyiou, tandis qu’ils désignent le sceau du baptême par ces autres : (rcppayt ; (iSaroç, Cat., iii, 4, P. G., t. xxxiii, col. 432 ; cjeppayt ; |rj<rrix^. Cat., I, 2, ibid., col. 372. Ce sceau s’imprime dans l’âme pendant que l’eau lave le corps, Cat., ni, 4, ibid., col. 429 ; au moment même du baptême, Cat., iv, 16, ibid., col. 476 ; dans le baptême même. Cat., xvi, 24, ?61d., col.952. Le sceau de la confirmation s’imprime, au contraire, après le baptême, Cat., xviii, 33, ibid., col. 1056, lorsque le front est oint du saint chrême. Cat., xxii, 7, ibid., col. 1101. Le sceau baptismal sert à nous faire reconnaître des anges et à mettre en fuite les démons. Cat., I, 3, ibid., col. 373. C’est, dit Chrysostome, le signe distinctif des soldats du Christ, In II Cor., homil. iii, 7, P. G., t. lxi, col. 418, qui nous marque dans l’âme comme la circoncision marquait les Juifs dans le corps. In Eph., homil. il, 2, P. G., t. lxii, col. 18. La circoncision juive a duré jusqu’à la grande circoncision, c’est-à-dire jusqu’au baptême, qui nous retranche du péché et nous signe du sceau de Dieu. Épiphane, Hser., viii, 5, P. G., t. xli, col. 213.

Au e siècle, saint Augustin devient le véritable théologien du caractère. Discutant avec les donatistes, il expose plus exactement les raisons pour lesquelles le sacrement de baptême ne pouvait être réitéré. Il distingue la grâce du caractère, et pour expliquer ce dernier, il reprend et développe les comparaisons anciennes. Dans le baptême, le Saint-Esprit produit un effet distinct et indépendant de la grâce sanctifiante, un effet que Simon le magicien a conservé, De bapt. cont. donat., ni, 16, 21, P. L., t. xliii, col. 149, que les hérétiques reçoivent. Ibid., v, 54, 34, col. 193-194. En raison de cet effet, le baptême est ineffaçable, comme la marque du soldat qui fait reconnaître les déserteurs, In. Ps., xxxix, 1, P. L., t. xxxvi, col. 433, qui demeure chez les apostats tellement que, lorsqu’ils se convertissent, on ne leur réitère pas le baptême. C’est le sceau royal des pièces de monnaie qui reste partout marqué, chez les ennemis et chez les étrangers. Serm., viii, n. 2, P. L., t. xlvi, col. 839 ; Sermo ad plebem Cœs., n. 4, P. L., t. xliii, col. 693 ; Cont. epist. Parmen., ii, 13, 29, 32, P. L., ibid., col. 72, 73 ; De bapt. cont. donat., v, 15, 20 ; vi, 14, 23, ibid., col. 186, 207, 208. Le baptême des schismatiques est, lui aussi, indélébile et on ne le leur renouvelle pas, quand ils rentrent dans le giron de l’Église. De bapt. cont. donat., vi, 9, 14 ; 14, 23 ; 15, 25 ; vii, 54, 103, ibid., col. 204, 207, 208, 244. Le caractère n’est pas un signe extérieur et visible, c’est un signe intérieur, un effet réellement produit dans l’âme par une sorte de consécration. Cont. epist. Parmen., ii, 28, P. L., t. xliii, col. 70 ; Epist., xcviii, n. 5, P. L., t. xxxiii, col. 362. Cette consécration, opérée au nom de la Trinité, fait que les baptisés appartiennent à Dieu ; elle introduit dans le troupeau du Seigneur, et le chrétien en demeure marqué comme la brebis porte la marque du propriétaire à qui elle appartient. Sermo ad plebem Csesar., n. 4, P. L., t. xliii, col. 693. Cf. Sasse, Institut, theolog. de sacramentis Ecclesiee, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 98-105.

Mode d’efficacité.

En exposant les effets du baptême, les Pères ont bien cru que le sacrement opère par lui-même et produit dans les âmes la sanctification et la grâce. Ils ont démontré que son efficacité est indépendante du ministre qui la confère. C’est par l’action divine du Saint-Esprit que les effets sont réalisés. Voir plus haut. C’est Dieu qui est l’agent principal, le sacrement n’est qu’un moyen, mais un moyen nécessaire qui a son efficacité propre et intrinsèque. Elle vient de l’institution divine et elle n’est que l’application des mérites de Jésus-Christ. Selon saint Ambroise, De myst., in, 14, P. L., t. xvi, col. 393, la fontaine baptismale devient douce et produit la grâce, parce que le prêtre y a mis la prédication de la croix de Notre-Seigneur. D’après saint Jérôme, In Is., xliii, P. L., t. xxiv, col. 433, les pécbés sont remis dans le baptême in aspersione et sanguine Christi. Saint Augustin dit : Significabat mare rubrumbaptismum Christi ; imite rubet baptismus Christi nisi sanguine Christi consecratus ? In Joa., tr. XI, n. 4, P. L., t. xxv, col. 147. Saint Césaire d’Arles répète la même chose. Uomil., iv, P.L., t. lxvii, col. 1050. Toutefois, cette inlluence divine est attachée au signe sensible. Pour que l’effet soit produit, il laut unir, comme diront plus tard les théologiens, la matière à la forme. Le témoignage de saint Cyrille de Jérusalem est formel. Le célèbre catéchiste dit aux catéchumènes : M*i u>ç j&a-ct).iT(i> TiçiÔGtyz tô> Xoiirpô), àÀXà "f, (Aerà toû (joixtoi ; 8e80(iévY] jrveuiAOTtXTj /àperi. "Himp -(àp tx toi ; pw|j.ov ; itpOTcpîpdjj.Eva, rîj 9’j<rei ovua Xitcc, [A£fxo), ucr|jt.éva yt’yvETai tyj ïizmû^aet mv eigojXidv’outo) ; aTtsvavri’aç, tô).itov - j6a)p rive-JU-a-toç àyiou xa XpeaToû xai Ilarpô ; ttjv èiu’x/.ïjTtv ), aêôv, 8ûva|uv xyiÔTi-^o^ èirixTâtai. Ca£., III, 3, P. G., t. xxxiii, col. 429. Saint Augustin est plus explicite encore. Comme le sens de ses paroles est contesté, il faut les citer dans tout leur contexte. L’évêque d’Hippone commente le passage : Jani vos mundi estis propter sermoneni quem locutus sum vobis. Joa., xv, 3. Voici son commentaire : Quare non ail, mundi estis propter baptismum quo loti.estis, sed ail, propter verbum quod locutus sum vobis ; nisi quia et in aqua verbum mundat " ? Detrahe verbum, et quid est aqua nisi aqua" ? Accedit verbum ad elementum, et fit sacramentum, etiam ipsum tanquam visibile verbum… Unde ista tanta virtus aquse, ut corpus tangat et cor abluat, nisi faciente verbo ; non quia dicitur, sed quia creditur ? Nam et in ipso verbo, aliud est. sonus Iransiens, aliud virtus manens. Après avoir cité Rom., x, 8-10 ; Act., xv, 9 ; I Pet., ni, 21, il conclut : Hoc est verbum fidei quod prædicamus : quo sine dubio ut mundare possit, consecratur et baptismus. Puis d’Eph., v, 25-16, il déduit : Mundalio igitur nequaquam /luxo ctlabili tribueretur elemento, nisi adderetur in verbo. Hoc verbum fidei tantum valet in Ecclesia Dei, ut per ipsum credentem, offerenlem, benedicentem, tingentem, etiam tanlillum mundet infantem ; quamvis nondumvalentem corde credere ad justitiam et ore con/iteri ad salutem. In Joa., tr. LXXX, n. 3, P. L., t. xxxv, col. 1840. Les protestants entendent ces paroles de l’évêque d’Hippone de telle sorte qu’ils ne font du sacrement qu’un signe sensible de l’élément invisible qui les accompagne. Dans le baptême, l’eau est un pur signe extérieur si la formule qui est prononcée ne fait qu’indiquer sa signification symbolique. Elle signifie le pardon des péchés et elle a de sa nature une similitude avec cet effet produit. Quand le signe est réalisé par l’union de la formule avec l’ablution, la rémission des péchés est réellement obtenue ; mais elle est produite directement par Dieu. Sans doute, elle est attachée à l’exécution du rite symbolique ; toutefois elle n’est pas réalisée par le rite lui-même, et c’est à tort que les scolastiques ont tiré’du témoignage d’Augustin leur théorie de Vu), un iipcratum dis sacrements. E. Choisy, Précis de lliisluiredes dogmes, Paris, 1893, p. 277-278 ; R. Seeberg, Lelirbuch der hogmeiigeschiehtc, Erlangen et Leipzig, 1895, |). 294-295. Quelle est, au fond, la pensée de saint Augustin ? Il expose dans tout ce passage que la purification de l’âmese fait par la parole de la foi soit en dehors du baptême, soitdans le baptême lui-même, qui a lieu par l’union de la parole à l’élément sensible. La parole n’a pas par elle même, en tanl que son matériel qui frappe les oreilles, cette puissance purificatrice ; elle la possède en tant que parole de Dieu et objet de la foi. Or la parole de foi, prononcée dans le baptême, est évidemment pour saint Augustin la formule trinitaire, qui est, d’ailleurs, un résumé de la prédication chrétienne. Mais cette formule produit elle-même son effet, puisque par elle, ut mundare possit, consecratur et baptismus, et l’eau ne purifie l’âme que faciente verbo. Elle ne le produit pas, ut sonus transiens, quia dicitur, mais en tant qu’elle a une vertu qui provient de la foi de l’Église. En effet, cette vertu ne provient pas de la foi du sujet, puisque l’enfant, incapable de faire un acte de foi, est néanmoins purifié par le baptême, pourvu que le baptême soit conféré, même par les hérétiques, suivantla croyance et la prédication de l’Eglise. L’efficacité du sacrement dérive donc du rite accompli tel que le veut l’enseignement ecclésiastique. J.-R. Sasse, Institut, théologie, de sacramentis Ecclesise, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 53-51.

IX. Nécessité.

Preuves de cette nécessité.

Le baptême chrétien est-il absolument et universellement nécessaire tant pour effacer tous les péchés que pour initier les convertis à la vie chrétienne, en faire des enfants adoptifs de Dieu et leur assurer le salut éternel ? Cette question ne semblait pas pouvoir laisser place au moindre doute, tant le texte : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, Joa., iii, 5, paraissait clair. Mais les hérétiques nièrent la nécessité du baptême ; les uns, sous prétexte que la toi seule suffit au salut ; tels, les caïnites et les quintilliens, Tertullien, De bapt., 13, P. L., t. I, col. 1215 ; les autres, parce qu’ils regardaient l’eau, élément matériel, comme d’ordre inférieur, de nature mauvaise, absolument impropre à assurer le salut ; tels les manichéens, Augustin, Hær., 46, P. L., t. xlii, col. 34, et tous ceux qui voyaient dans la matière le siège du mal, les archontiques, Augustin, User., 20, P.L., t. xlii, col. 29 ; Théodoret, Hæret. fab., I, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 361 ; les ascodrutes, Théodoret, Hæret. fab., I, 10, ibid., col. 360 ; les séleuciens et les hermiens. Augustin, Hær., 59, P. L., t. xlii, col. 41. Tandis que les massaliens traitaient le baptême d’absolument inutile, Epiphane, Hær., lxxx, P. G., t. xlii, col. 756 sq. ; Augustin, Hær., 57, P. L., t. xlii, col. 40 ; Théodoret, Hæret., fab., IV, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 429, les pélagiens se contentèrent de le déclarer relativement inutile ; car le péché originel n’existant pas à leurs yeux, le baptême n’avait que faire pour l’effacer ; ils l’acceptaient néanmoins pour la rémission des péchés ordinaires et pour faciliter l’accès du royaume du ciel. Toutes ces erreurs furent prises à partie et résolument condamnées à mesure qu’elles se produisirent.

Le baptême est absolument nécessaire. Car pour être sauvé il faut monter de l’eau (baptismale), dit Hermas, Simil., ix, 16, Opéra Patr. apost., édit. Funk, t. i, p. 530. Impossible, sans le baptême, de recevoir la rémission de ses péchés, dit Origène, Deexhorl. martyr., 30, P. G., t. xi, col. 600. Saint Irénée avait déjà écrit du Christ : Omnes venit per semetipsum salvare ; omnes, inquam, qui per eum renascuniur in Dcum, infantes, et parvulos, et pueros, et juvenes, et seniores. Cont. hær., i, 22, n. 4, P. G., t. vii, col. 784. Tertullien enseigne ex professo la nécessité du baptême contre les caïnites et les quintilliens. De bapt., 12, P. L., t. i, col. 1213 : Nemini sine baptismocompetere salutem. Le précepte : Ite, docete baptizantes…, Matth., xxviii, 19, marque la loi du baptême ; la parole : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, Joa., iii, 5, en marque la nécessité. De bapt., 15, ibid., col. 1215. Au iiie siècle, Cyprien, Firmilien et leurs partisans ne crurent devoir procéder au baptême de ceux qui avaient été baptisés dans l’hérésie que parce qu’ils étaient convaincus de l’absolue nécessité de ce sacrement. C’est cette même conviction qui poussa plus tard les donatistes à conférer leur baptême aux catholiques qui venaient à eux. Saint Ambroise enseigne que, sans

le baptê, le catéchumène a beau avoir la foi, il ne reçoit pas la rémission de ses péchés, ni les grâces spirituelles, De tnyst., iv, 20, P. L., t. xvi, col. 394, et n’entrera pas dans le royaume des cieux. De Abrah., il, 11, 79, P. L., l. xiv, col. 497. Et Gennade écrit : Baptizatis tantum iteresse salutis credimus. Ecoles, dogm., lxxiv, P. L., t. lviii, col. 997. C’est déjà, moins les termes, toute la théorie théologique du haptême nécessaire, non seulement de nécessité de précepte, mais encore de nécessité de moyen. Car les Pères n’admettent pas le salut de l’adulte qui n’a pas reçu le sacrement du baptême. Cyrille de Jérusalem refuse le ciel à quiconque pratique les œuvres des vertus sans recevoir le baptême. Cat., iii, 4, P. G., t. xxxiii, col. 432. Saint Augustin regarde comme un principe indiscutable que personne n’est sans péché avant le baptême, Cont. litt. Petil., 1. II, n. 232, P. L., t. xliii, col. 338, et en conclut que le baptême est d’une nécessité absolue pour tous, Enchir., 13, 43, P. L., t. xl, col. 253 ; De peccat. mer., iii, 4, 8, 12, 21, P. L., t. xliv, col. 190, 199, même pour les catéchumènes qui pratiquent certaines vertus et marchent dans la voie d’une perfection relative. Voilà, dit-il, un catéchumène continent, qui a dit adieu au siècle, a renoncé à tout ce qu’il possédait, a distribué son bien aux pauvres. Il est même instruit dans la science du salut beaucoup plus que la plupart des fidèles ; il est à craindre qu’il ne se laisse envahir par quelque sentiment de vanité, qu’il ne se juge meilleur que tel ou tel et n’en vienne à dédaignerle baptême ; et tamen omnia peccala super illum sunt, et nisi venerit ad salutarem baptismuni, ubi peicata solvuntur, cum omni excellenlia sua non potest intrare in regnum cœlorum. In foa., tr. IV, 13, P. L., t. xxxv, col. 1411. C’est là une pensée sur laquelle il revient. Notre-Seigneur a voulu être baptisé par saint Jean ; le catéchumène doit recevoir le baptême du Christ et ne point le dédaigner, sous prétexte qu’il possède certaines grâces de choix ; car, quantumcumque catechumenus proficiat, adhuc sarcinam iniquitatis suée portât ; non Mi dimittitur, nisi venerit ad baptismum. In Joa., tr. XIII, 7, P. L., t. xxxv, col. 1496 ; De origin. anim., I, ix, 10, P. L., t. xi. iv, col. 480. Ailleurs, faisant allusion à la sanctification relative que procure au catéchumène, pendant sa préparation, soit le signe de la croix, soit l’imposition des mains, i il dit : Sanctificatio catechumeni, si non. fuerit baplizatus, non ei valet ad intrandum in regnum cœlorum. De peccat. merit., il, 26, 42, P. L., t. xliv, col. 176. On peut juger, d’après ces textes, ce qu’il pensait des infidèles : il les condamne à la damnation éternelle, qu’ils aient pu ou non être chrétiens, car il n’y a que la grâce qui sauve, De nat. et grat., IV, 4 ; vin, 9, P. L., t. xliv, col. 230, 251 ; De corrept. et grat., vu, 12, ibid., col. 923 ; eussent-ils à leur actif des œuvres bonnes et louables : ad salutem seternam nihil prosunt impio aliqua bona opéra. De spir. et litt., xxviii, 48, ibid., col. 230 ; mais il laisse à la justice de Dieu le soin de proportionner la peine aux délits de chacun. Nous avons exposé plus haut la doctrine de l’évêque d’Ilippone au sujet de la nécessité du baptême pour les enfants eux-mêmes, infectés du péché originel, et sa lutte avec les pélagiens, pour montrer que le baptême est nécessaire pour obtenir la vie éternelle et entrer dans le royaume des cieux. Saint Fulgence ne pense pas autrement sur la nécessité du baptême. De fide ad Pet., 1. I, c. xxx, 71, P. L., t. lxv, col. 702.

Toutefois, quelle que soit l’absolue nécessité du baptême pour le salut, n’y a-t-il pas cependant des moyens d’y suppléer ? Les Pères admettaient le baptême de sang ou le martyre, et, dans une certaine mesure, le baptême de désir, comme moyens de suppléer au baptême d’eau. Voir Martvre et Justification.

Baptême des malades.

La nécessité du baptême imposait-elle également l’obligation de conférer ce sacrement même à ceux qui ne le demandaient que sur le lit de mort ? Oui, sans aucun doute ; l’Église n’hésita point à baptiser les malades. Mais, devant l’impossibilité de recourir, en pareil cas, à l’immersion, elle se contentait de baptiser par infusion. Un tel baptême n’allait pas cependant sans faire naître quelques hésitations ni même sans éveiller des doutes sur sa validité. C’est ainsi que Magnus, au IIIe siècle, consulte l’évêque de Carthage pour savoir ce qu’il faut en penser et si l’on doit l’accepter comme valide. Saint Cyprien lui répond que les malades, bien que non loti sed perfusi, n’en sont pas moins baptisés comme les autres. Leur baptême est légitime parce que, en cas de nécessité, on peut se contenter des choses essentielles. Epist. ad Magn., lxxvi, 12, 13, P. L., t. iii, col. 1147, 1149. Sans doute de tels fidèles étaient désignés sous le nom de cliniques plutôt que sous celui de chrétiens, parce qu’ils avaient reçu le baptême dans leur lit, xXîvt) ; et saint Cyprien s’en étonne, car il ne connaît que le clinique de l’Évangile ; il n’en estime pas moins que tout baptisé doit être traité de chrétien. « Ne dites pas, ajoute-t-il, que ceux qui sont ainsi baptisés dans leur lit sont parfois en lutte aux attaques des esprits impurs… L’expérience prouve que, lorsque nous baptisons des malades dans leur lit, les esprits mauvais qui les tourmentaient se retirent ; et ces malades, revenus à la santé, deviennent l’exemple de leurs frères ; tandis qu’il en est qui, après avoir reçu le baptême en bonne santé, reviennent à leurs habitudes criminelles et retombent dans les fers du démon, » Ibid., 16, col. 1151.

A Rome comme en Afrique, on regardait le baptême des cliniques comme moins parfait que le baptême ordinaire, non pas seulement parce qu’il était dépourvu de toute solennité et conféré par simple infusion, mais surtout parce qu’il était censé avoir été demandé sans préparation suffisante, sans spontanéité, uniquement sous l’influence de la crainte de la mort. Un tel baptême était l’objet d’une certaine défaveur ; ce fut celui que reçut Novatien, si toutefois on peut appeler cela un baptême, remarque le pape Corneille dans sa lettre à Fabius d’Antioche. Eusèbe, H. E., vi, 43, P. G., t. xx, col. 621. En tout cas le malade, s’il revenait à la santé, était tenu, d’après la règle de l’Église, xarà tôv ttj ; 'Ex>tXY)<Tta ; y.avôva, ainsi que le fait observer le pape, de se présenter à l’évêque pour suppléer à ce qui manquait à son baptême, particulièrement pour recevoir l’imposition des mains et la consignatio, c’est-à-dire la confirmation. L’auteur anonyme du De rebaptismate fait allusion à cette prescription canonique quand il écrit, à propos du baptême conféré par des clercs inférieurs en cas de nécessité : Eventum exspectemus ut aut suppleatur a nobis aut a Domino supplendîim reservetur. De rebapt., x, P. L., t. iii, col. 1195. Saint Cyprien y reconnaît une coutume de l’Église, Epist. ad Jubaian., lxxiii, 9, P. L., t. iii, col. 1115 ; coutume sanctionnée de nouveau, au IVe siècle, en Espagne, par le concile d’Elvire, can. 38, et en Orient par celui de Laodicée, can. 47. Hardouin, Act. concil., t. i, col. 254, 789. Ce dernier concile exige qu’en cas de guérison, le clinique apprenne le symbole et reconnaisse les dons qu’il a reçus de Dieu. De plus, parce qu’il avait été demandé sans une pleine liberté et sous l’empire de la nécessité, ce baptême constituait, pour qui le recevait, un empêchement canonique à l’ordination sacerdotale. Aussi quand, à Rome, il fut question d’élever Novatien à la dignité de la prêtrise, une telle ordination parut entachée d’irrégularité et souleva les réclamations du clergé tout entier et d’une partie du peuple. Eusèbe, H. E., vi, 43, P. G., t. xx, col. 624, 625. Le pape passa outre, mais l’irrégularité fut maintenue et le concile de Néocésarée la renouvela, parce que c’est la nécessité et non la liberté qui fait du clinique un chrétien. Can. 12, Hardouin, Act. concil., t. i, col. 285.

Ni cette marque de défaveur ni cette irrégularité canonique, qui était la conséquence d’un tel baptême, n’empêchèrent un grand nombre de catéchumènes de retarder le baptême jusqu’à leur lit de mort, soit afin de pouvoir se livrer plus longtemps et en toute liberté à leurs criminelles habitudes, soit pour se soustraire aux graves obligations de la vie chrétienne, soit aussi grâce à l’erreur novatienne, par la crainte de ne pouvoir plus être pardonnes, s’ils venaient à succomber après leur baptême : autant de misérables calculs qui trop souvent aboutissaient à ce que ces imprudents fussent surpris par la mort sans avoir pu être baptisés ou ne reçussent le baptême que dans les conditions les plus défavorables. De là, dans les sermons des Pères, tant d’insistance contre ceux qui retardaient indéfiniment la réception du baptême. On peut en voir des exemples dans YHomil., xiii, in baplismum du pseudo-Basile, P. G., t. xxxi, col. 424 sq.jdans Grégoire de Nazianze, Orat., xl, 14, P. G., t. xxxvi, col. 376 sq. ; dans Grégoire de Nysse, ht differ. bapt., P. G., t. xlvi, col. 415 sq. ; dans Chrysostome, In Art. apost., homil. i, 6-8, P. G., t. lx, col. 23 sq. ; homil. xxiii, 4, ibid., col. 182. Outre les surprises de la mort, si soudaines, si imprévues, qui rendaient impossible la collation du baptême, que pouvait-on attendre de bon d’un sacrement reçu dans les angoisses de la mort, quand le malade n’est plus à lui et que de tous côtés on n’entend que des gémissements ? Saint Grégoire de Nazianze, Orat., XL, 11-14, P. G., t. xxxvi, col. 373-376, mais surtout saint Chrysostome tracent un tableau de ce baptême conféré in extremis, où le malade regarde l’entrée du prêtre, non comme sa délivrance et son salut, mais comme sa condamnation et sa fin. Ad illum., i, P. G., t. xlix, col. 224. Cette détestable habitude finit par disparaître.

Ce baptême des cliniques, l’Église le regardait cependant comme valide. Saint Basile écrit à la veuve d’Arinthée que son mari, à l’article de la mort, avait été purifié de tous ses péchés par le baptême qu’il venait de recevoir. Epist., cci. xix, 2, P. G., t. xxxii, col. 1001. Saint Ambroise observe que, si le sentiment des novatiens était fondé, c’est-à-dire si les péchés commis après le baptême étaient réellement sans remède, tout le monde aurait raison de différer la réception du baptême jusqu’à la mort. De psenit., II, xi, 98, P. L., t. xvi, col. 521, L’Église décida dune de ne pas refuser le baptême à ceux qui le demandaient à leur lit de mort ; mais, pratiquement, elle exigea un témoignage probant que le malade avait bien eu l’intention de recevoir le baptême. A défaut de celui du malade lui-même, elle se contenta de celui de ses proches, ainsi que le spécifie le IIIe concile de Carthage, tenu en 397, can. 34, Hardouin, Act. concil., t. i, col. 964 ; et, à défaut de l’un et de l’autre, elle estima suffisant le fait que le mourant s’était fait inscrire au rang des catéchumènes et n’avait pas manifesté d’opposition formelle. C’est ainsi qu’à cette demande : faut-il baptiser, à ses derniers moments, un catéchumène non peiens neque loqui valens ? saint Augustin répondit : Oui, on ne doit pas le traiter autrem < nt que les petits enfants, et cela quand même il serait adultère. De conjug. miidl., I, xxvi, 33 ; xxviii, 35, P. L., t. xl, col. 469, 170. Et à cette autre question : que penser du baptême donné à un catéchumène longtemps éprouvé, mais subitement privé de l’usage de la parole ? saint Fulgence répondit qu’on avait bien agi en le baptisant et que le baptême lui assurait le salut vu sa conduite passée qui n’avail pas été révoquée. Epist. adFerrand., XII, viii, 19, 1’. /.., t. lxv, col. 388. Car, quando non defuilsano credendi et confitendi volunlas, mm obfuit iti/irnto tacendi nécessitas. Ibid., vi, 16, col, 386.

Baptême des morts.

Le baptême, à l’époque des Pères, était regardé comme tellement nécessaire que plusieurs hérétiques, , et même certains catholiques, en vinrent à vouloir en faire bénéficier ceux qui étaient morts sans avoir pu le recevoir, Voir plus loin un article spécial sous le même titre.

Hermas, au IIe siècle, ne fait pas allusion au baptême des morts ou pour les morts ; mais il imagine que même les justes de l’Ancien Testament avaient eu besoin du baptême d’eau pour entrer dans le royaume de Dieu. En conséquence, il l’ait descendre auprès d’eux les apôtres qui, après leur mort, viennent leur prêcher le nom du Fils de Dieu et leur donnent la T^payt ; du baptême qui était seule à leur faire défaut et qui, une fois reçue, leur ouvre les portes du ciel. SimiL, ix, 16, Opéra Pair. apost., édit. Funk, t. I, p. 532. Cette singulière hypothèse a été recueillie par Clément d’Alexandrie qui reproduit tout le passage d’Hermas. Strom., ii, 9, P. G., t. viii, col. 980. Clément, en effet, croyait à une mission des apôtres, mission posthume de prédication aux enfers, à l’imitation de celle de Jésus, qui permit aux anciens justes d’entrer au ciel ; il ne cite que le texte d’Hermas. Strom., vi, 6, P. G., t. ix, col. 268, 269. Ce n’est là qu’une opinion isolée qui est restée sans écho dans la littérature patristique.

X. RITES DE L’ADMINISTRATION SOLENNELLE.

Jours déterminés.

Bien dans l’Evangile ni dans la nature du baptême n’indique l’époque de l’année où l’on doit de préférence conférer ce sacrement. Dès le début on a baptisé selon les circonstances de temps et de lieu, mais plus tard on n’a baptisé chaque jour que les malades seulement, Ambrosiaster, Comment, in epist. ail Eph., iv, II, 12, P. L., t. xvii, col. 388 ; on n’a aucune preuve positive que, pendant les deux premiers siècles, on ait fait choix d’une date plutôt que d’une autre..Mais, selon toute vraisemblance, c’est la fête de Pâques et celle de la Pentecôte qu’on dut choisir pour la collation du baptême ; la première, parce que le baptême tire toute son efficacité de la Passion de Notre-Seigneur, parce qu’il rappelle par sa triple immersion la mort, la sépulture et les trois jours passés dans le sépulcre, et que dès lors il convenait de faire coïncider la régénération des fidèles avec l’anniversaire de la résurrection glorieuse de Jésus-Christ ; la seconde, parce que c’est le jour de la Pentecôte que les apôtres reçurent le baptême de feu et que saint Pierre baptisa les premiers convertis. De facultatil qu’il était, l’usage s’imposa facilement comme une loi, dès que l’Église s’appliqua à entourer la collation de ce sacrement de la plus grande solennité. Tertullien, en effet, indique ces deux dates mémorables, sans invoquer toutefois la tradition en sa faveur, mais en en donnant plutôt des raisons d’ordre dogmatique. De bapt., 19, P. L., t. I, col. 1222. Pour l’Occident, nous possédons, entre autres, les témoignages positifs île saint Jérôme, Dial. adv. Lucifer., 8, P. L., t. xxin.col. 172 ; lu Zach., III, c. xiv, 8, P. L., t. xxv, col. 1258, et de saint Augustin, Serm., ccx, 1, 2, P. L., t. xxxviii, col. 1018 ; De bapt. cont. douât., v, 6, 7, P. L., I. xi.m, col. 180. Pour l’Orient, ceux du pseudo-Basile, De bapt., homil. xiii, 1, P. G., t. xxxi, col. 424, et de saint Cjrille de Jérusalem dans ses catéchèses préparatoires à la grande fête pascale.

Vers le iv° siècle se manifeste la tendance à augmenter, dans le cours de l’année, les dates de la collation solennelle du baptême. C’est ainsi que s’introduisit en Orient l’usage de baptiser à l’Epiphanie, qu’on appelait la fête des Lumières. Grégoire de Nazianze le signale. Orat., xl, 21, /’. G., t. xxxvi, col. 392. l’n ami de saint Chrysostome, Sévérien de Gabales, écrivit vers iOI un traité aujourd’hui perdu, sur le baptême et ta solennité de l’Epiphanie. Cet usage oriental de baptiser à l’Epiphanie passa en Sicile, puis en Afrique, Victor de Vite, Persec. vandal., ii, 17, /’. /.., t. l viii, col. 216, et jusqu’en Espagne. Mans ce dernier pays on ajouta même la fête de Noël ainsi que l’anniversaire des apôtres et des martyrs. A Jérusalem, - on prit également l’habitude de baptiser au jour anniversaire de la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre. Sozomène, iI. ! ’.., ii, ’26, /’. G., t. lxvii, col. 1008. En Gaule, on baptisa, i. Noël, comme en témoignage le célèbre baptême de Cloviset des Francs, Grégoire de Tours, De gloria cou f es., lxxvi, P. L., t. lxxi, col. 883, et même le jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste. Grégoire de Tours, Hist. Franc, Via, 9, P. L., t. lxxi, col. 454.

L’Église romaine s’en tint aux deux dates primitives et ne cessa de protester contre cette extension abusive. Le pape Sirice, dans sa lettre à l’évêque deTarragone, réprouva l’usage espagnol : Quibus solis diebus, id est Pascatis et Pentecostes, ad (idem confluentibus generalia baptismalis tradi convertit sacramenta. Epist. ad Himer., il, 3, P. L., t. xiii, col. 1131 ; Ja(Té, Regest., t. i, p. 40. Saint Léon le Grand blâme assez vertement les évêques de Sicile de ce qu’ils baptisent à l’Epiphanie, car c’est contraire aux usages et à la tradition de l’Eglise romaine. Epist., xvi, 6, P. L., t. liv, col. 701. Dans une lettre aux évêques de la Campanie et du Picenum, il se plaint amèrement de l’habitude prise, contrairement à la tradition apostolique, de conférer le baptême aux fêtes des martyrs. Epist., clxviii, !, ibid., co. 1210. Le IL concile de Màcon, tenu en 585, fait entendre les mêmes plaintes. Can. 3, Hardouin, Acta concil., t. iii, col. 461. Les fêtes de Pâques et de la Pentecôte, telles étaient donc lesdatesordinaires de la collation solennelledu baptême ; c’est ce qui inspire à l’auteur du De pasclia cette apostrophe à la solennité pascale : Combien d’âmes purifiées par la grâce sortent aujourd’hui de l’urne baptismale, blanche armée s’élançant des ondes limpides, lavant au fleuve’du salut les vieilles souillures du péché ! DePasc., X, 89 sq., P. L., t. vii, col. 288. Il allait de soi que, la nécessité primant tout, on conférait le baptême à n’importe quelle date, lorsque le moindre retard pouvait offrir des dangers. C’est ainsi que Tertullien écrit avec justesse : Cccterum omnis dies Domini est, omnis hora, omne tempus habile baptismo. Si de solemnitate, interest ; si de gratia, nihil refert. De bapt., 19, P. L., t. I, col. 1222. C’est ainsi que saint Augustin remarque que la collation du baptême n’est pas exclusivement rattachée à la fête de Pâques, car la nécessité impose l’obligation de baptiser pertolum annum, à n’importe quelle date. £>erm., ccx, c. i, 2, P. L., t. xxxviii, col. 1018. Le pape Sirice, qui proteste contre la collation solennelle du baptême en dehors des deux dates fixées par l’usage romain, exige néanmoins qu’on admette au baptême, dès qu’ils le demandent, outre les enfants non encore parvenus à l’âge de raison, les malades, les soldats en campagne, les marins, et en général toute personne en danger de mort. Loc. cit. Chaque jour les prêtres pouvaient être appelés â conférer ainsi le baptême, en cas de nécessité, et c’est l’une des raisons qu’invoque le pape saint Innocent I er pour obliger les prêtres à la continence. Epist. ad Victric, ii, c. ix, 12 ; Epist. ad Exsuper., vi, c. i, 2, P. L., t. xx, col. 476, 497.

Rites et cérémonies.

Laissant de côté tout ce qui regarde la préparation éloignée au baptême avec la série de ses catéchèses ou scrutins, traditio et redditio symboli, et la série de ses rites particuliers, imposition des mains, exorcismes, insufllations, usage du sel, effeta, qui feront l’objet d’un article à part (voir Catéciiimi : nat), nous nous en tiendrons aux rites et cérémonies qui précèdent immédiatement la collation du baptême. Les saintes huiles ont été exorcisées et bénites, soit le jeudi saint, comme c’était l’usage romain, soit le samedi saint, comme l’insinuent les canonsd’Hippolyte, can. 116, 117. Achelis, Die Kanoncs Hippohjti, p. 95 ; Testamentum D. N. J. C, Mayence, 1899, p. 126. Il ne reste plus qu’à pénétrer dans le baptistère, où se fait très solennellement la bénédiction de l’eau baptismale. Mais, avant de procéder à la collation du baptême, le compétent doit manifester publiquement qu’il renonce au parti du démon : de là un triple renoncement en usage dans toute l’Eglise. Parmi les Pères latins, Tertullien, De cor., 3, P. L., t. ii, col. 79 ; De specl., 10, /’. L., t. i, col. 635 ; Ambroise, De myst., ii, 5 ; pseudo-Ambroise, De sacr., i, 2, 15, P. L., t. xvi, col. 390, 419 ; Hilaire, In ps., xiv, 14. P. L., t. ix, col. 306 ; Jérôme, Epist., cxxx, 7, P. L., t. xxii, col. 1113 ; Augustin, Epist., cxciv, 10, P. L., t. xxxiii, col. 889 ; De bapt. cont. donat., v, 20, 21, P. L., t. xliii, col. 190 ; De pecc.orig., 40, 45 ; De nupt., i, 20, 22. P. L., . xliv, col. 408, 426 ; parmi les Pères grecs, Origène, In Num., homil. xii, 4, P. G., t. xii, col. 666 ; Basile, De Spir. Semer, xi, 27, 66, P. G., t. xxxii, col. 113, 188 ; Canons d’Hippolyte, can. 119. C’est, tourné vers l’Occident et la main étendue, que le compétent renonce à Satan, Cy rille de Jérusalem, Cat., xix, 2-8, P. G., t. xxxiii, col. 1068-1072 ; puis, se tournant vers l’Orient, il s’attache à Jésus-Christ. Pseudo-Denys, Eccles. hier., Il, 2, 6, P. G., t. iii, col. 396. La formule de renoncement varie selon les lieux ; elle se compléta par une formule d’adhésion à Jésus-Christ, comme le marque le pseudo-Denys. D’après Chrysostome, à ces mots : Je renonce à Satan…, on ajoutait ceux-ci : Et je m’attache à vous, ô Christ. In Col., homil. vi, 4, P. G., t. lxii, col. 342 ; Ad illum., ii, 4, P. G., t. xlix, col. 239. Toutes ces cérémonies ont déjà pris une partie de la soirée et de la nuit. On est arrivé ainsi à l’heuredu gallicinium, comme disent les canons d’Hippolyte, can. 112. Achelis, op. cit., p. 94. Désormais tout est prêt ; le baptême va être conféré.

Les élus sont entièrement dépouillés de leurs vêtements ; mais les précautions sont prises pour ne point blesser les lois de la décence ; les hommes, sous la direction de l’un des membres du clergé, sont à part ; les femmes, également à part, sont aidées par d’autres femmes, can. 114 d’Hippolyte, p. 95, ou sont sous la direction des diaconesses. Const. apost., iii, 15, 16, P. G., t. i, col. 797 ; S. Épiphane, Hær., lxxix, n. 3, P. G., t. xlii, col. 744. Du reste, il n’y a pas à rougir d’une telle nudité qui rappelle celle de nos premiers parents au jardin terrestre ; Adam et Eve ne rougissaient pas avant leur faute. Cyrille de Jérusalem, Cat., xx, 2, P. G., t. xxxiii, col. 1080. L’auteur du De s~ingularitate clericorum, dans les œuvres de saint Cyprien, édit. Hartel, append., p. 189, ne comprend pas que in ipso baptismate cujusquam nudilas erubescat, ubi Adam et Evse renovatur. infantia, nec exponit sed potius accipit lunicam. Cf. pseudo-Denys, Eccles. hier., ii, 2, 7, P. G., t. iii, col. 306. Toutefois, la nudité n’était pas complète partout, car saint Chrysostome dit que les élus conservaient une tunique. Ad illum. cat., i, 2, P. G., t. xlix, col. 225. Outre l’immersion, qui rendait nécessaire ce dépouillement, il y avait la raison empruntée au symbolisme : l’élu, dans sa nudité, rappelait Adam, il rappelait aussi le nouvel Adam, le Christ sur la croix.

Avant de descendre dans la piscine baptismale, une triple interrogation avait lieu. On demandait à l’élu : Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant ? Croyez-vous en Jésus-Christ, son fils unique, Notre-Seigneur, né et mort ? Croyez-vous au Saint-Esprit, à la sainte Eglise, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair ? La formule de l’interrogation pouvait varier à quelques termes près ; elle renfermait en substance les dogmes principaux de la foi chrétienne. On confesse Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dit Origène. In Exod., homil. viii, 4, P. G., t. xii, col. 351. L’une de ces questions est ainsi rappelée par saint Cyprien : Credis in vitam œternam et remissioncm peccatorum per sanctam Ecclesiamf Epist., lxx, 2, P. L., t. iii, col. 1040. Au moment du baptême, dit saint Hilaire, les élus doivent confesser qu’ils croient en Dieu le Fils, à sa passion et à sa résurrection, et huic professionis sacramento fides redditur. In Matth., xv, 8, P. L., t. ix, col. 1006 ; In ps., xiv, 14, P. L., t. ix, col. 306. Solemne est post Trinitatis confessionem interrogare : credis sanctam Ecclesiamf credis remissionem peccatorum’? P. Jérôme, Dial. adv. Lucif., 12, P. L., t. xxiii, col. 175. C’est ce que saint Athanase appelait la grande et bienheureuse profession de foi à la Trinité. De Trinit. et Spir. Sanct., 7, P. G., t. xxvi, col. 1197. Nombreuses sont les allusions des Pères à cette interrogation. Voir en particulier S. Ambroise, De myst., il, 15 ; pseudo-Ambroise, De sacr., ii, 7, 20, P. L., t. xvi, col. 390, 429 ; S. Augustin. Cont. liller. Pelil., ni, 8, 9, P. L., t.xLin.col. 353 ; S. Athanase. Apol. cont. arian., 83, P. G., t. xxv, col. 397 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xl, 45, P. G., t. xxxvi, col. 424 ; S. Cbrysostome, In I Cor., homil. xl, 1, 2, P. G., t. lxi, col. 347, 318 ; Conslit. apost., viii, 41, P. G., t. i, col. 1041 ; pseudo-Denys, Ecoles, hier., ii, 2, 7, P. G., t. iii, col. 390. Après avoir renoncé à Satan, le visage tourné vers l’Occident, can. 119 d’Hippolyte, Acbelis, op. cit., p. 95-95 ; Testament. D. N. J. C., p. 116-118, et, à Milan, après avoir craché sur le diable, voir t. i, col. 966, les élus se retournaient vers l’Orient, la région de la lumière, pour répondre aux questions, observe saint Cyrille de Jérusalem. Cat., xix, 9, P. G., t. xxxiii, col. 1073. Chacun a été interrogé pour savoir s’il croyait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et vous avez contessé alors la confession salutaire, ùj.oi.o*cr<13.ii ttjv atoTvîpiov ô ; j.o), OYt’av. Cat., xx, 4, col. 1080. D’après les canons d’Hippolyte, l’élu, avant de descendre dans l’eau, fait face à l’Orient et une fois oint de l’huile de l’exorcisme, il dit : Ego credo et me inclino coram le et coram tola pompa tua, o Pater, ctFili, et Spiritus Sancte.Can. 122, Achelis, p. 96. Cf. Testamentum D. N. J. G., p. 128. Après quoi, il descend dans l’eau et subit la triple interrogation, à laquelle il répond trois lois. Ici, la formule de l’interrogation est plus explicite et précise en même temps certains points dogmatiques, en particulier pour ce qui regarde la procession du Saint-Esprit. Credis in Jesum Christum Filium Dei, quem peperit Maria Virgoex Spiritu Sancto, quivenit adsalvandum genus humanum, qui crucifixus est pro nobis sub Ponlio Pilato, qui mortuus est et resurrexit a mortuis terlia die et ascendit ad cœlos sedelque ad dexteram Patris et veniet judicaturus vivos et mortuos ? Credis in Spiritum Sanclum, Paracletum, procedentem a Pâtre Filioque ! Can. 127-131, Achelis, p.96-97 ; Testamentum, p. 128. A chaque réponse affirmative, l’élu est plongé dans l’eau, et à chaque immersion le ministre prononce la formule sacramentelle : Ego te baptizo in nominc Patris et Filii et Spiritus Sancli, qui scqualis est. Can. 133, Achelis, p. 97. Ce dernier point rappelle le non semel sed ter ad singula nomma in personas singidas tingimur de Tertullien. Adv. Prax., 26, P. L., t. ii, col. 190. Mais il n’est pas dit ailleurs que l’immersion se soit pratiquée après chaque réponse. Il est plutôt à croire qu’elle avait lieu pendant qu’était prononcée la formule du baplêrrle, à chacun des noms des personnes de la Trinité. De plus, selon la remarque de Mb’Duchesne, Origines, p. 302, l’immersion baptismale ne doit pas s’entendre en ce sens que l’on plongeât entièrement dans l’eau la personne baptisée. Celle-ci entrait dans la piscine, où la hauteur de l’eau n’était pas suffisante pour dépasser la taille d’un adulte ; puis on la plaçait sous l’une des bouches d’où s’échappaient des jets d’eau ; ou encore, on puisait de l’eau dans la piscine elle-même pour la répandre sur la lète du baptisé. CVst ainsi que le baptême est représenté sur les anciens monuments. Voir 111. BAPTÊME dans LES monuments chrétiens. Ec Testament de Notre-Seigneur, p. 126, indique l’ordre à suivie dans la collation du baptême : les enfants d’abord, les hommes ensuite, les temmes enfin, viennent au baptistère, mais si quelqu’un veut vouer à Dieu sa virginité, il est baptisé par l’évêque. Au sortir de la piscine, le baptisé recevail une onction avec l’huile parfumée du s. uni chrême, le |j, vaov des Grecs.

Celte onction, connue de Tertullien, De bapt., 7, P. L., t. I, col. 1206 ; de saint Ambroise, De myst., vi, 29 ; du pseudo-Arnbroise, De sacr., ii, 7, 21 ; ni, 1, P. L., t. xvi, col. 398, 430, 431 ; de saint Cyrille de Jérusalem, Cat., xxi, 1, P. G., t. xxxill, col. 1089 ; de saint Jérôme, Dial. adv. Lucif., 9, P. L., t. xxiii, col. 173, et laite avec le saint chrême, appartient-elle au sacrement de baptême ou à celui de confirmation ? Actuellement, dans les usages de l’Église romaine, le baptisé est oint de chrême par le prêtre qui vient de le baptiser ; mais, quand il se présente pour recevoir la confirmation, il reçoit une nouvelle onction de la main de l’évêque. Du temps des Pères, il n’est pas question de cette double onction postbaptismale, l’une complément du baptême, l’autre appartenant au sacrement de confirmation. Les Pères latins signalent bien l’onction qui suit immédiatement la collation du baptême ; mais, lorsqu’ils rappellent la collation de la confirmation, ils se contentent d’indiquer l’imposition des mains laite par l’évêque avec la prière qui l’accompagne, sans mentionner l’onction. C’est ainsi que Tertullien dit : Dehinc manus imponitur, per benedictionem advoeaus et invitaus Spiritum Sanclum. De bapt., 8, P. L., t. i, col. 1207. De même saint Ambroise, après avoir parlé de l’onction faite sur la tête du baptisé, ne dit pas s’il y en a une autre quand le baptisé reçoit le signaculum spiritale et les sept dons du Saint-Esprit. De myst., vii, 42, P. L., t. XVI, col. 403. Le pseudo-Ambroise dit que le prêtre, en oignant le baptisé, prononce ces mots : lpse (Deus) te ungat in vitam xlernam, De sacr., Il, 7, 24, P. L., t. xvi, col. 430 ; et ce n’est qu’à la suite qu’il signale le spiritale signaculum, conféré par l’invocation de l’Esprit aux sept dons. De sacr., iii, 2, 8, col. 434. Saint Jérôme dit : Sine chrismate et episcopi jussionc, neque presbyter neque diaconus jus habeut baptizandi, Dial. adv. Lucif., 9, P. L., t. xxiii, col. 173 ; ce qui semble indiquer que la chrismatio appartient au rite baptismal ; car il ajoute que le Saint-Esprit ne se reçoit que par l’invocation et l’imposition des mains de l’évêque. Ibid. Saint Cyrille de Jérusalem consacre une catéchèse à la chrismatio. Cat., xxi, usp’i /pi’<jtj.xTo ;. Mais c’est la seule onction postbaptismale dont il parle, et c’est manifestement celle de la confirmation. Car ce chrême, dit-il, produit en nous le Saint-Esprit, et tandis qu’on l’applique au front, aux oreilles, aux narines et à la poitrine, il est l’instrument d’une grâce multiple et fortifiante, l’âme est sanctifiée par l’Esprit saint et vivifiant. Cat., xxi, 3, P. G., t. xxxiii, col. 1092. D’après les Canons d’Hippolyte, c’est un prêtre qui reçoit le néophyte, quand il sort de la piscine, et l’oint sous forme de croix, avec le chrême eùxapuma :, au front, à la bouche, à, 1a poitrine et sur tout le corps, en disant : Je t’oins au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Can. 134, Achelis, p. 98. Cf. Testamentum D. N. J. C, p. 128. Quand l’évêque intervient à son tour, c’est pour imposer les mains et prononcer la prière appropriée à ce rite. Can. 136, Achelis, p. 98. Deinde insignil frontes eorum signo charitalis osculatur<jue cas, dicem : Dominas vobiseum, can. 139, Achelis, p. 9’.) ; niais, ici, il n’est point question d’une nouvelle chrismatio. Elle est expressément mentionnée dans le Testament, p. 130. Il en est de même dans les Constitutions apostoliques et le pseudo-Denys, l’onction qui suit immédiatement le baptême est la irçpom ; avec le u-jpov, et la seule. Const. apost., vii, 22, 43, » , /’G., t. i, col. 1012, l015 ; Eccl. hier., ii, 2, 7, /’. G., t. iii, col. 396. Mais Innocent [<, dans sa lettre à Heceiilius, évoque d’Eugubio, III, 6, P. /.., t. xx, col. 554 ; t. i.xvii, col.239 ; Ja£fé, 1. 1, p. 17, n. 311, et, à sa suite, saint Isidore de Séville conslaleni l’existence d’une douhle onction après le baptême, l’une faite par le prêtre qui baptise, que l’évêque suit ou non présent, l’autre réservée à révoque seul, quand il confirme : Hoc autein soles ponlificibus deberi ut vel consignent, vel ut Paracletum Spiritum tradant… Nam prcsbyteris, seu extra episcopum, sive præsente episcopo, cum baptizant, chrismate baptizatos ungere licet…, non tamen frontem ex eodem oleo signare, quod solis debetur episcopis, cum tradunt Spiritum paracletum. De eccles. offic, II, xxvii, 4, P. L., t. lxxxiii, col. 825. C’est qu’en Occident on distingua la chrismation de la consignation ; la première resta attachée au baptême et rentra dans les attributions ordinaires du prêtre qui baptisait ; la seconde fut réservée à l’évêque avec l’imposition des mains quand il confirmait. En Orient, au contraire, cette distinction n’existant pas, le prêtre baptisait et consignait, c’est-à-dire confirmait. Même en Egypte, où pourtant existait cette distinction, le prêtre confirmait. Ambrosiaster, In Eph., iv, 11, P. L., t. XVII, col. 388 ; Quæst. Y. et N. T., ci, P. L., t. xxxv, col. 2302. II semble que c’était aussi l’usage dans les pays de rit gallican ; en Gaule, concile d’Orange de 441, can. 1, 2 ; concile d’Épaone de 517, can. 16, Hardouin, Act. concil., t. i, col. 1783 ; t. il, col. 1049 ; en Espagne, I er concile de Tolède de 400, can. 20, Hardouin, Act. concil., t. I, col. 992, et Capitula Martini, can. 52, P. L., t. cxxx, col. 585. Déjà saint Innocent, dans sa lettre à Decentius, constatait cet usage qui accordait aux prêtres le droit de confirmer, mais le réprouvait, en réservant à l’évêque seul le droit de faire l’onction sur le front, quand il confirmait. Epist., xxv, ad Décent., III, 6, P. L., t. XX, col. 554 ; Jaffé, t. i, p. 47, n. 311.

C’est après cette onction que le baptisé revêtait des vêtements blancs, symbole de l’innocence reconquise et de la pureté de l’âme, qu’il portait jusqu’au dimancbe suivant. Ambroise, De myst., vii, 34, P. L., t. xvi, col. 399 ; Grégoire de Nazianze, Oral., XL, 25, P. G., t. xxxvi, col. 393 ; Chrysostome, In Gen., homil. xxxix, 5, P. G., t. lui, col. 368 ; Augustin, Serm., cxx, 3 ; ccxxiii, 1, P. L., t. xxxviii, col. 677, 1092 ; pseudo-Denys, Eccl. hier., ii, 3, 8, P. G., t. iii, col. 404. Il sortait du baptistère et se rendait au consignalorium pour y recevoir le sacrement de confirmation. Puis, processionnellement, au cbant des psaumes, prélude de l’harmonie du ciel, un llambeau allumé à la main, symbole de l’illumination intérieure qui en faisait de vrais illuminés, <o-uÇ6[ievoi, tous les nouveaux baptisés, avec le clergé, entraient dans l’église, Grégoire de Nazianze, Oraf., xl, 46, P. G., t. xxxvi, col. 425 ; et là, aux premières lueurs de cette inoubliable matinée de Pâques, ils assistaient, pour la première fois, à la liturgie eucharistique et recevaient la communion, non sans échanger avec leurs frères nouveaux le baiser de paix. Can. Hippol., can. 141, Achelis, p. 99. Ces néophytes, ces infantes, comme on les appelait, étaient traités comme des entants nouveaunés dans la foi. On bénissait, en leur honneur, le lait et le miel qu’on leur servait après la communion, premier repas tout symbolique qui mettait un terme à leur jeûne. Tertullien, De coron., ui ; Adv. Marcion., I, 14, P. L., t. ii, col. 79, 262 ; Clément d’Alexandrie, Psedag., I, 6, P. G., t. viii, col. 308-309 ; Strom., v, 10, P. G., t. ix, col. 100 ; S. Jérôme, Dial. adv. Lucif., 8, P. L., t. xxiii, col. 172 ; Canons d’Hippolyte, can. 144, 148, Achelis, p. 101. La liturgie romaine en a conservé le souvenir dans la messe du dimanche de l’octave de Pâques ; l’introït, en effet, commence par ces mots : Quasi modo geniti infantes sine dolo lac et met concupiscite.

A Milan et en Espagne, on lavait les pieds aux nouveaux baptisés. C’est une coutume, dont témoigne saint Ambroise, De myst., vii, 32 ; mais qui n’est pas romaine, remarque le pseudo-Ambroise, et qu’il convient de ne pas abandonner. Desacr., iii, 1, 5, P. L., t. xvi, col. 398, 433. Un canon du concile d’Elvire, vers 300, concerne cette coutume ; à le lire de la manière suivante : Neque pedes eorum lavandisunt a sacerdotibus sed a clericis, le concile aurait interdit cet usage aux prêtres pour le confier aux clercs inférieurs ; à le lire, au contraire, comme on le trouve dans certains manuscrits : Neque pedes eorum lavandi sunt sacerdotibus vel a clericis, il l’a complètement supprimé, comme le pense Mur rj u _ chesne, Les origines du culte, 2e édit., p. 314. Can. 48, Hardouin, Act. concil., t. i, col. 255. En Espagne encore et dans quelques églises d’Orient, les baptisés devaient faire une offrande. C’est l’une des objections que réfute, en passant, saint Grégoire de Nazianze contre ceux qui retardaient la réception du baptême, en disant : < Où estle présent que j’offrirai ? » Orat., XL, 25, P. G., t. xxxvi, col. 393. Le concile d’Elvire l’interdit formellement : Emendari plaçait, ut hi qui baptizantur, ut fieri solebat, nummos in concha non mittant, ne sacerdos quod gratis accepit prelio distrahere videatur. Can. 43, loc. cit.

Ma r Duchesne a étudié avec sa compétence habituelle les rites de l’initiation chrétienne, en distinguant les lieux et les milieux, d’abord suivant l’usage romain, puis suivant l’usage gallican, enfin dans les Églises orientales. Cette étude distincte terminée, il a comparé entre eux les rites baptismaux et sous la diversité des rituels, il a facilement retrouvé partout les mêmes cérémonies principales. S’occupant ensuite de leur antiquité, il a constaté qu’elles étaient toutes en usage au commencement du ive siècle. Elles ont donc été introduites, conclut-il, avant la paix de l’Église et même avant la persécution de Dioclétien. Remontant enfin le cours des trois siècles antérieurs, il les rencontre presque toutes, sauf l’onction préalable au baptême, mentionnées par Tertullien, qui en parle comme de choses reçues, reçues partout et depuis longtemps. Les sectes gnostiques antérieures avaient fait des emprunts au rituel déjà établi lors de leur séparation. Les Pères apostoliques et les apologistes du IIe siècle ne parlent que du baptême d’eau et de l’imposition des mains. Ces résultats montrent nettement la haute antiquité des rites baptismaux. Voir Origines du culte chrétien, 2 6 édit., p. 318-325.

Tertullien, De baptismo, P. L., t. i, col. 1197 sq. ; Origène, foc. cit. ; S. Cyprien, toc. cit. ; Nicétas de Romatiana, Compelentibus ad baptismum libelli sex, d’après Gennade, De vir. ill., xxii, P. L., t. lviii, col. 1873 ; le v, De symbolo, dans P. L., t. lii, col. 865 sq. ; Anonyme, De rebaptismate, P. L., t. iii, col. 1183 ; S. Ambroise, De mysteriis, P.L., t. xvi, col. 389 sq. ; Anonyme, parmi les œuvres de S. Ambroise, De sacramen’.is, P. L., t. xvi, col. 417 sq. ; Pacien, De baptismo, P. L., t. XIII, col. 1089 sq. ; Maxime de Turin, De baptismo, tr. III, P. L., t. lvii, col. 771 sq. ; Cyrille de Jérusalem, Catéchèses, P. G., t. xxxiii, col. 369 sq. ; Basile, De Spiritu Sancto, xv, P. G., t. xxxii, col. 128 sq. ; Epist. ad Amphilochium, cxcix, ibid., col. 715 ; Serm., vii, de peccato ; viii, de pxiiitentia, recueillis par Siméon Métaphraste, ibid., col. 1212 sq. ; Anonyme, De baptismo, homil. xiii, ad sanctum baptisma, parmi les œuvres de S. Basile, P. G., t. xxxi, col. 423, 1513 ; Grégoire de Nazianze, Orat., xl, P. G., t. xxxvi, col. 360 sq. ; Grégoire de Nysse, Oratio catechetica magna, P. G., t. xlv, col. 9 sq. ; De infantibus qui prœmalure abripiuntur ; Contra différentes baptismum ; In baptismum Christi, P. G., t. xlvi, col. 161, 415, 580 ; Sermo in sanctum Paschæt recens illuminatos, parmi les Spuria de S. Athanase, P. G., t. xxvhi, col. 1080 ; Chrysostome, Ad illuminandos, I, ii, De baptismo Christi ; homil. xxi, xxv sur le renoncement et le pacte, P. G., t. xlix, col. 224, 363 et passini ; Sophronius, De baptismateapostotorum, frag., P. G., t.Lxxxvii, col. 3372 ; S. Zenon, Sept invitations a la fontaine baptismale, P. G., t. XI, col. 253 sq. ; S. Jérôme, Epist. ad Oceanum, lxix, P. L., t. XXII, col. 653 sq. ; Dialogus adversus Luciferianos, P. L., t. xxiii, col. 155 sq. ; S. Augustin, Serm. ad compétentes, lvi-lix ; ccxii-ccxv, in traditione et redditione symboli ; ccxciv, de baptismo parvulorum, P. L-, t. xxxviii, col. 377, 1058, 1335 ; De catechizandis rudibus’; De symbolo ad eatechumenos, P. L., t. XL, col. 309, 627 ; De baptismo contra donalislus, P. L., t. xliii ; Peregrinatio Silvise, édit. Geyer, Vienne, 1898 ; S. Léon le Grand, Epist.. xvi, ad universos episcopos per Siciliamconslitutos, P. L., t. i.iv.col. 695 ; S. Isidore, De officiis, 11, 21-27, P. L., t. LXXXIII, col. 814 ; S. Hildetonse, De cognitione bitptismi, P. L., t. xcvi. col. 111 ; Canones Hippolyli, dans M" Duchesne, Les origines du cuti*’chrétien, 2e édit., 1898, 5, et dans les Texte und Untersuchungen ztir Œsehicltte der altchristl. Literatur, Leipzig, 1801, t. vi, fasc. 4 ; Constit. apost., P. C. t. i.

Travaux :
Petau, Theologicorum dogmat um, Paris, 1644-1650 ; Martène, De antiquis Ecclesise ritibus, Rouen, 1700 ; Visconti (Vicecomes), Observât iones ecclesiastica’de antiquis baptismi ritibus et cxremoniis, Milan, 1615 ; Orsi, De baptismo in nomine Jean Christi, Milan, 1733 ; Duguet, Dissertations théolog. et dogmat. sur tes exorcismes et autres cérémonies du baptême, Paris, 1727 ; Chardon, Histoire des sacrements, Paris, 1745, dans le Cursus theologiæ de Migne, t. xx ; Walch, Historia pxdobaptismi quatuor priorum sxculorum, Iéna, 1730 ; Acami, De pœdobaplismo solemni, Rome, 1755 ; Kleiner, Ortliodoxa de necessitate baptismi doctrina, Heidelberg, 1765 ; Zerschwitz, Die Katechumenen, Leipzig, 1868 ; Mayer, Der Katechumenat, Kempten, 1868 ; Weiss, Die altkirliche Psedagogilc, Fribourg, 1869 ; Probst, Die Liter. derdrei ersten Iahrb., Tuh’mgue, 1870 ; Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, contient la bibliographie des ouvrages spéciaux relatifs à l’histoire dogmatique, liturgique et archéologique du baptême : M tr Duchesne, Les origines du culte chrétien, t édit., Paris, 1898 ; V.Ermoni, L’histoire du baptême depuis l’édit de Milan (313) jusqu’au couette in Trullo (602), dans la Revue des questions historiques, 1898, t. Lxiv, p. 313-324 ; J. Stiglmayr, Sacramente und KirchenachPs. Dionysius, dans la Zeitschrift fur kathol. Théologie, 1898, p. 260-267 ; J. Ernst, Die Lettre des Liber de rebaptismate von der Taufe, ibid., 1900, p. 425-462 ; Beck, Der Liber de rebaptismateund die Taufe, dans le Katholik, 1900, t. xxi, p. 40-64 ; Dictionnaire d’archéologie, t. il, col. 251 sq.

G. Bareille.