Dictionnaire de théologie catholique/ARMÉNIE . Histoire religieuse

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.2 : APOLINAIRE - AZZONIp. 196-215).

meure des Haïk. A les entendre, Haïk, père de leur race, ne serait autre que le fils de Thogorma, troisième (ils de Gomer, Gen., x, 3, et ils ont tiré de cette problématique origine de belles légendes qu’ils tiennent pour vraies. Ce n’est pas ici le lieu de les discuter. Qu’il me suffise de rappeler qu’à peine arrivée dans le pays, vers la fin du vii « et au début du VIe siècle avant J.-C., la nouvelle race, supérieure à l’ancienne par le nombre et la condition sociale, réussit à s’emparer du gouvernement, sans sortir cependant de la dépendance des Mèdes et des Perses, liéritiers des Assyriens qui, après de longues luttes, avaient détruit Dhuspa (735) et soumis le pays. Lorsque, à leur tour, les Perses sont vaincus par Alexandre (328), l’Arménie ne fait que changer de maître : elle échoit aux Séleucides de Syrie qui lui laissent, sous l’autorité de gouverneurs indigènes nommés par eux, une sorte d’indépendance, rendue d’ailleurs nécessaire à cause de l’éloignement.

Après la défaite d’Antiochus le Grand par les Romains (190), Artaxias et Zariadris, gouverneurs du pays, prennent le titre de roi et se déclarent indépendants, le premier, dans l’Arménie proprement dite, le second au sud-est, dans la Sophène, inaugurant ainsi la dynastie nationale des Archagounik ou Arsacides. Strabon, xi, 531. Cette dynastie jette un vif éclat sous Tigranes I er (vers 90-55), mais elle ne tarde pas à devenir, suivant les circonstances, le jouet des Romains et des Parthes. C’est aux Parthes que vont de préférence les sympathies du peuple et des grands ; aussi Néron, en fin politique, reconnait-il pour roi d’Arménie le propre frère du roi des Parthes, Tiridate. Dion, lxiii, 2-7. En 226, les Sassanides remplacent les Arsacides sur le tronc de Perse. Les rois d’Arménie, en vertu du pacte qui unit entre eux tous les princes du sang arsacide, se déclarent contre la nouvelle dynastie. De là entre les deux pays une lutte sanglante qui dure plusieurs siècles, lutte politique tout d’abord, puis lutte religieuse à partir du jour où, Tiridate converti, toute l’Arménie devient chrétienne. Tour à tour perdue et reconquise par les Romains et par les Perses, l’Arménie est’partagée, en 387, entre ces deux puissances rivales. Les Perses, qui ont pris pour eux les quatre cinquièmes du territoire, lui laissent au début un simulacre d’indépendance ; mais, à la mort du dernier Arsacide (128), ils administrent eux-mêmes le pays au moyen de marspans, sorte de margraves nommés par eux.

A deux reprises, sous l’empereur Maurice (591) et sous Héraclius (629), l’Arménie est enlevée aux Perses par les Byzantins ; mais trop loin de la capitale, épuisée d’ailleurs par ses luttes intestines, elle tombe sans résistance au pouvoir des Arabes (654). Aux marspans succèdent alors les osdigans, gouverneurs nommés par le khalife. Cependant un noble Arménien, Achot l’akratouni, est assez heureux pour gagner la confiance des khalifes ; il obtient il eux, en 855, le titre de prince des princes et, en 885, la couronne royale Ainsi se trouve fondée la dynastie indigène des Pakratounik ou Bagratides, dont les chefs gouvernent le pays pendant deux siècles (885-1079). Mais le i gime féodal morcelle le nouveau royaume et entraîne sa ruine. Autant de rois que de provinces, autant de prorinces que de vallées, tel est en deux mots l’état de l’Arménie à cette époque. En 1021, le roi de Vaspourakan, trop faible pour ré ister aux Turcs Seldjoukides, cède à l’empereur grec liasile II en échange de Séba te ; en 1015, c’est le royai l’Ani que les Byzantins s’incorporent ; mais à peine installés, ils doivent r la placeaux Seldjoukides conduits par AIp-Arslan. Déjà morte civilement, la i ratides d’Ani s’éteint

mr, en 1079, par l’assassinai de Kakig II.

Pour échapper à la servitude ou à la mort, un parent de Kakij II, Roupen, se jette avec quelques braves dans les gorges du Taurus et, delà, passe en Cilicie, où le gouverneur byzantin de Tarse lui abandonne quelques

DICT. DE THÊOL. CATIIOT..

forteresses. Ennemis des Grecs et des musulmans, ces réfugiés de Cilicie s’unissent naturellement avec les croisés. Après la prise d’Antioche (1097), Constantin, fils de Roupen, reçoit des croisés le titre de baron ; au bout d’un siècle, les héritiers de Roupen, déjà barons, deviennent des rois, par suite de l’érection, en un royaume vassal du saint-siège et de l’empire d’Allemagne, de la Cilicie ou Petite-Arménie (1198). Trois dynasties s’y succèdent : les Roupéniens (1198-1226), les Héthoumiens (1226-1312), les Lusignans (1342-1375). Ébranlé par les Mongols et ruiné par les désordres intérieurs, le royaume de Petite-Arménie est détruit, en 1375, par les mameloucks d’Egypte, et son dernier souverain, Léon VI, meurt en France, pensionné par Charles VI (1393). Quelques-uns de ses sujets cherchent, comme autrefois Roupen, un refuge dans les montagnes du Taurus ; ils y créent peu à peu une ville, Zeitoun, dont l’histoire n’est qu’une brillante épopée. Le gouvernement turc n’a rien épargné pour réduire ce Monténégro arménien. Demeurés libres jusqu’au milieu du XIXe siècle, attaqués depuis presque chaque jour, les Zeitouniotes n’ont mis bas les armes qu’à la condition d’avoir un gouverneur chrétien (10 février 1896).

Quant à la Grande-Arménie, son histoire depuis neuf siècles est une longue série de dévastations. Ruinée au XIe siècle par les Seldjoukides. au xiif par les Mongols, au xve par les Ottomans, elle tombe épuisée, en 1555, aux mains de ces derniers. Au début du xvii c siècle, la Perse s’annexe la partie orientale. Deux siècles passent, et un autre conquérant entre en scène, la Russie. En 1802, cette puissance s’incorpore la Géorgie et commence dès lors de s’étendre vers l’Arménie. Le traité d’Andrinople (1828), la campagne de 1853-1855, celle de 1877, favorisent son ambition, et l’ancien royaume d’Arménie se trouve aujourd’hui partagé entre la Turquie, la Russie et la Perse. L’Arménie persane forme, sur la rive droite de l’Araxe, la partie septentrionale de PAderbéidjan ; l’Arménie russe comprend, entre le Tchorouk.la Koura et l’Araxe, les provinces d’Érivan et d’Élisabethpol, et une partie du gouvernement de Tillis. Les Turcs occupent encore la majeure partie de la région ; ils ont le bassin du lac de Van, les deux Euphrates supérieurs, les hautes vallées du Tchorouk et de l’Araxe, vaste ensemble ne formant pas moins de cinq vilayets : Erzeroum, Mamourat-ul-Azis, Bitlis, Diarbékir, Van. La population y est très mélangée. Les Arméniens et les Kurdes, en nombre à peu près égal, forment ensemble la moitié de la population ; l’autre moitié est turque ou turcômane. Seul, un régime administratif régulier pourrait maintenir dans un juste équilibre des races aussi profondément diverses. Ce régime, en dépit de l’article 61 du traité de Rerlin (1878), l’Arménie ne l’a jamais connu. Réclame-t-ello, sinon l’indépendance, du m. uns la réalisation de quelques réformes, on (’touffe sa voix dans le sang. Les derniers massacres de 1895-1896 ne lui ont que trop montre’combien vaines seraient ses espérances en face de l’absolutisme du sultan et de l’impuissance des diplomates européens.

Sur l’histoire primitive de l’Arménie, voir H. Hyvernat, Arménie dans le Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1000-1010, el les ouvrages Indiqués par ce savant. Pour l’histoire politique, consulter , i. Issaverdens, Histoire de l’Arménie, 2 in-8-. Veni i J. Saint-Martin, Mémoires historiques et géographiques sur V irménie, 2 in-4° Paris, 1818-1819. - sur les Bagratides, voir A. Green, La dynastie bagratide en Arménie, 1 urnal de l’instruction publique, Saint-Pétersbourg, 1893, nov., p. 51-189. — Sur le royaume de la Petite-Arménie, voir E. Dulaurier, Étude sur l’organisation politique, religieuse et administrative <iu ime de la Petite-Arménie au terni ades, in-8°,

Paris, 1862 (extrait du Tournai asia *u 5 érie, t. xvii, p. Ml si|. ; t. xviii, p, 289 sq., reproduit en tête du t, i des H »  »  » croisades, ln-fol., Paris, 1869) ; v. Langlois, Voyage dans la Cilicie et dans les montagnes du Taurus, in-8*, Paris, 1861 ; L. Alisban. Sissouan. Description physique, géographique, histoi ique et littéraire d arménienne

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, ,, ., ,, .. - Le paganUme arménien

ien1 inconnu ; il a sans doute dix dernières années surtout, de plusieurs savants travaux, mais les résultaU obtenus sont loin d’être satisfaisante, faute d’être appuyés bui textes d’une incontestable autorité. Dans un Bavant mémoire h. Gelzer nous a présenté un tableau du panthéon arménien, où se trouvent élucidés le nombn nature des divinités, leur origine persane, syrienne, arménienne et grecque, Leur analogie avec les dieux du paganisme hellénique. Par malheur, les conclusions de [éminent professeur ont pour base principale letémoi. enage de Moïse de Khoren, et ce témoignage, A. Carrière vient de le prouver, n’a pas de valeur historique. Dans son récil sur l’origine et la transplantation en Arménie i<-> idoles étrangères, Moïse n’a lait que transcrire en le reportant à plusieurs siècles en arrière, le récit d’Agalhange sur le renversement des temples par saint Grégoire. Dès lors, le seul texte qui puisse nous fournir des renseignements sur le paganisme nation., . est celui d’Agathange ; les données complémentaires de Moïse doivent être regardées comme le produit de son imagination. Or, que nous fournit Agathange ? Une simple liste des vieux sanctuaires et des idoles qui jetaient adorées. On voil par son récil que l’œuvre de destruction des idoles opérée par saint Grégoire et Tmdate a porté’sur huit sanctuaires, dont deux a Artachat, un dans chacun des bourgs de Thordan, Ani, Èrèz, Thil, [varidiet Achtichat, ce dernier avec trois idoles dont deux seulement sont nommées. Quant aux divinités, leurs noms varient avec le texte d’Agathange que Ion adopte la ou le texte arménien donne des nomarméniens, le texte grec donne des noms grecs. En voua a liste Le premier nom est celui du teste arménien ; e second, celui du texte grec ; chacun deux est pi du nom du lieu OÙ La divinité avait son sanctuaire : |. Artachat : Allah, t ^ Al témis ; 2 « Artachat : lir OU

Tiur pollon ;  :  ; Thordan : Barchimnia=Barsamene ; io a., , : Aramazd = Dios ; » Érèz : Anahit = Artém.s ; 60 Thil : Nané = Athjéna ; 7° Bagayandj : M, lu ttephestos ; 8 » Achtichat : Vahagn = Héraclès ; N Astlik Aphrodite. Si l’on excepte celui de Barctamen, d’origine sémitique (peut-être pour Belchamen), tous ces, „„„- d’idoles représentent dans la rédaction de , Vgathan les divinités du panthéon hellénique.

Le traducteur arménien d’Agathange a rétabli, dans son texte les noms indigènes. Peut-on s’appuyer sur cette restitution pour conclure à une identification réelleentrc les divinités, pour assimiler, par exemple. I Anahit arménienne avec L’Artémis grecque, Tir ou huravec ipot , on etc. ? Ce serait aller trop loin ; l’assirailaUon proposée peut être simplement le fait du pseudo-Agathange oui utilisant dans sa 1 "’grecque des <kn-u

mente arméniens, aura arbitrairement substitué aux noms barbares qu’il rencontrait des nomplus connus de -, - Lecteurs, ht comme. Moïse de Khoren mis de ntement d’autre témoignage qu,

celui d’Agathange a évoquer au sujet dedivinités arméniennes, il en résulte que nonne savons de ces d. que leurnomet leurs saneti

la question de leur origi t de leur nature 1

obscure, même après Les recherches pourtant si recommandantes d, - lh Gelzer. j.-i :. Emin, I

1802

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Kuitêanctuai

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P. Vetter, dai « LUterariêclu : Rundschau, t. 1 (1900), 1

III. Origines chrétienne. Lesdébute du

nisme en Arménie -uni également très ohscu, rapporter aux historiens nationaux, plusieurs apoti

ent venus prêcher l’évangile ; quelques-Ul x auraient trouvé la mort, comme les saints liartle I et Thaddée. Mais., -, , s’exprimant de la sorte, o arménuent a l’excès et font rentrer dans l’I leur nation des données qui n ont primitivement ru commun avec les annales d’Arménie. Les plu ; écrivains, Korionn, Elisée, Eznik, Agathai l’harp Sébéos 1 dernier tiers du vu » oncent pas le nom de Thaddée et ne font aucune ail I ! à son histoire. Moïse de Khoren mis de cot-. 1 !  : est question que danZénob de Glak Moïse, et dans Faustus de Byzance, dont le t état actuel n’est peutrêtre pas antérieur au L » re de M remarquable, Thaddée est mentionne quatre lois dans le livre de Fau-te. édit. Venise, p. 5, 30. chaque fois son nom est rapproché de celui de saint , re La légende de cet apôtre comme évangélisateur de l’Arménie est donc bien tardive ; elle est sans doute empruntée aux hagiographes grecs ; c’est du moins ce que paraît indiquer la forme grecque du nom’-Thaddée. au lieu de la forme Addai, Addée, nom que du disciple envoyé a I desse pour r u. nr Carrière, La légende d’Abgardaru VhitU de Moïse de Khoren, dans le volume du centenaii L’École des langues orientales vivantes. 111-. 1895 p. 363, 373. Quelle que soit l’origine d. B ende Mo.se de Khoren. n. 30-36, s transformée au point de la rendre entièrement ai nienne. Telle a été sa popularité que les chefs del Eglise d’Arménie prétendent en< > sur le 1 saint Thaddée 1. L’expn ntre d, ja d Fauste, m. -l : iv, ’.. Moins populaii pas | cienne e-t ii, Légende dont L, mission de saint li. : lem 3 a été le thème. Moïse de Khoren, il. 31. fait mourir cet apôtre a Arébanos, ville parfaitement inconnue d ailleur-, et dont le nom est présenté par lesdocu 3 sous les formes les plus val v.a, ^, - ::.’A/-avor : o/, ;.Kop.. 1 vo^) :  ;.A.Lipsiuatnktyphen Aposlelgeschichten und AjyosteUegenden, in-8 » , Brunswick, 4883-1890, t. ut, ] ; lou, e , 1,. documente grecs que dérive la littérature de M „t par exemple, des Actes de s, dans le Martyrologe arménien. -1 il traduite en latin par té Môsinger : Vita et martyr s sarthi : r< aposloli, ex suwerrs (ont, ’niacis m Uuguam Uitmam conversa, in-8°, bal/h 1877 En résumé, ce que hs Arméniens ont de tradi mostoliqu. ux-mêmes qu’ils le doivent Us , n des autres et chl : quelques bribes L. Duchesne, J !,, ., , , „„, ligues, dans le Compte rendu du Hl congrès scientifique international u l’.ruxi 11, - 1895, section des sciences historiqui -.p.. I -, 1, endaires qu’ellesoient, ces traditionont pourlant quelque signification historique : elles prouvent i chrétienne avait t’» onne, >, ’m p et quelle avait jeté, BUllOUt daUfl les provinces méridionales de la Sophèneetdu Vaspourakan, de profondes racines. Venus de Syrie, les premiers missionnaires conservèrent leur langue liturgique, le syriaque, et leurs plus chères légendes, comme celles d’Abgar et de Thaddée. A cause même de ces légendes, on peut regarder la ville d’Édesse comme le centre principal de l’évangélisation de l’Arménie. Marquart indique comme centre secondaire la ville de Metzbin ou Nisibe. Zeitschrifl der deutsch. morgenl. Gesellscliaft, 1806, p. G15. Que le christianisme ait été répandu en Arménie avant saint Grégoire, on en trouve la preuve dans une lettre adressée par l’évêque d’Arménie Méruzanes ouMéroujan à Denys d’Alexandrie (218-265). Eusébe, H. E., vi, 41, n. 2. Cf. H. Gelzer, Die Anfûnge der armen. Ki relie, dans les Berichten der kônigl. Sâch. Gesellscliaft der Wissensch. Iiist. pliil. Classe, 1895, p. 171-172.

IV. Saint Grégoire l’Illuminateur. —

Toutefois, c’est de saint Grégoire l’Illuminateur (Lousavoritch) que date, sinon la naissance, du moins la pleine efflorescence du christianisme en Arménie. Issu de la race royale des Arsacides, Grégoire encore enfant avait été soustrait par sa nourrice au massacre de sa famille (238). Comme beaucoup de ses compatriotes, il s’était réfugié sur les terres de l’empire romain, durant l’occupation de sa patrie par les Perses. C’est à Césarée qu’il fut élevé et instruit dans la foi chrétienne et dans les sciences humaines. Il reparut en Arménie, lors de la restauration du royaume sous Tiridale II (261), et, après avoir été en butte aux persécutions, il baptisa une grande partie de ia nation et le roi lui-même. Sozomène, H. E., il, 8, P. G., t. lxvii, col. 196-197. Sur le désir de ce dernier, Grégoire se rendit à Césarée, où il reçut des mains de l’évoque Léonce la consécration épiscopale. Ainsi se nouèrent entre la nouvelle chrétienté et la métropole cappadocienne des liens de filiation hiérarchique. A son retour de Césarée, Grégoire se fixa à Achtichat, dans la province de Tarôn. et y fonda, sur les ruines d’un laineux temple païen, une église et un palais pour la résidence de l’évêque. En peu de temps, la province d’Ararat, au nord, fut elle-même gagnée à la foi.

Une fois maître du pays, Grégoire organise sa conquête. Pour mieux atteindre le peuple, il bannit le syriaque et substitue dans la liturgie la langue nationale à cet idiome étranger. Pour s’attacher les prêtres païens convertis, il élève leurs fils dans une sorte de séminaire, et c’est parmi eux, qu’il choisit les titulaires des douze sièges ipiscopaux créés par lui. Enfin, détail caractéristique, les hautes dignités ecclésiastiques deviennent, comme autrefois chez les Juifs, l’apanage des familles sacerdotales ; c’est dans la propre famille de Grégoire que se perpétue la dignité suprême de cat/iolicos ou archevêque, .le n’ai pas à parler ici du voyage à Rome de l’Illuminateur ; c’est une fort belle légende, rien de plus. On a dit, et l’on dit encore, que l’Église d’Arménie reçut de son fondateur une pleine autonomie, qu’elle fi t gouvernée dès l’origine par un catliolicos absolument indépendant. M. Ormanian (aujourd’hui patriarche de Constantinople), Le Vatican et les Arméniens, in-8°, Rome, 1873, p. 155 sq. Rien n’est moins fondé. Jusqu’à Nersi i le Grand Césarée continua d’exercer sur l’Église arménienne une indiscutable suprématie. Voir v. Gutschmid, Kleine Sein iflen, in-8°, Leipzig, 1892, t. iii, p. 358 ; H. Gelzer, <>II. cit., p. 138-139. Le nom de catholicos ne _na d’abord qui’l’évoque principal du pays, métropolitain, archevêque ou exarque : c’est seulement plus lard, à l’époque de la séparation, qu’on y attacha le I.’patriarche indépendant. Les chefs religieux de l’Albanie et de la Géorgie, deux provinces voisines convertie pai’l : s missionnaires envoyés par saint Grégoire, portèrent eux-mêmes le titre de catholicos, sans que cependant les Arméniens aient jamais songé à leur ir complète autonomie ; ils se trouvaient’vis du catholicos d Arménie dans la même situation que celui-ci vis-à-vis de l’archevêque de Césarée. L’organisation intérieure de l’Église d’Arménie à ses débuts réclamerait, de qui voudrait la décrire, de longs développements. Ne pouvant les donner ici, je me contenterai de renvoyer le lecteur au mémoire déjà cité de H. Gelzer, p. 140 sq. ; on y trouvera, réduit à de justes proportions, le tableau de cette chrétienté naissante que les auteurs nationaux, par un sentiment patriotique très intense, ont embelli à plaisir.

V. Du CONCILE DE NlCÉE A CELUI DE ClIALCÉDOINE (323 451). —Grégoire eut pour successeur son plus jeune fils, Aristakès, qui assista au concile de Nicée. H. Gelzer, II. Hilgenfeld, 0. Cuntz, Patrum nicxiiorum nomina, Leipzig, 1898, p. lvi, lxii et passim. A la mort d’Aristakès, son frère aine, Verthanès, que Grégoire avait ordonné évêque des Ibériens et des Albanais, hérita du siège d’Arménie, auquel il rattacha naturellement l’Église d’Ibérie fondée par lui. Mais déjà l’union cesse de régner entre le chef de l’Église et celui de l’État. Iousik, fils et successeur de Verthanès, paye de la vie son opposition au roi Tiran († 337-341). Ses fils se sécularisent, et le ca-. tholicat ne se transmet plus en ligne directe dans la famille de l’Iiiuminateur. Au rapport de Socrate, H.E., ii, 25, P. G., t. lxxii, col. 453. le catholicos Isaac était un des signataires de la lettre adressée par le concile d’Antioche à l’empereur Jovien (363-361). Ce personnage est évidemment le même que le Chahak de Faustus de Byzance, m, 17. A Chahak succède Nersès, neveu de Iousik, qui reçoit l’ordination épiscopale des mains d’Eusèbe de Césarée (362-370), au milieu d’un pompeux appareil décrit par Faustus, iv, 4, dans Langlois, Co//< ?c< ion d’Iiistoriens arméniens, in-8°, Paris, 1867, t. I, p. 238 sq. Témoin des institutions de toutes sortes établies par saint Basile à Césarée, Nersès entreprend de les implanter en Arménie. Au synode d’Achtichat (vers 365), il rend obligatoires les canons apostoliques, promulgue bon nombre de lois sur le mariage et le jeûne, organise des œuvres charitables comme les hospices et les hôpitaux, et donne un grand essor à la vie monastique. Gelzer, op. cit., p. 151 sq. Ces réformes importées des pays grecs indisposent contre lui et le roi et les grands. Le roi Archak lui oppose même un anticatholicos. Une fois Archak tombé entre les mains des Perses, Nersès reprend sans conteste la direction de son Église ; niais son langage apostolique irrite le nouveau roi Pap (367-374) qui le fait empoisonner avant 374. C’est par anachronisme que l’on fait assister le pontife martyr au concile de Constantinople en 381. Arsak Ter-Mikélian, Die armenische Kirche in ihren Bczieliungen zurbijzanlinischen vom iv bis zum xiii Jalirhundert, in-S°, Leipzig, 1892, p. 31 sq.

La mort de Nersès, ce Thomas Becket de l’Arménie, marque dans l’histoire de son pays une puissante réaction antireligieuse. Les riches dotations octroyées aux églises par Tiridate sont en partie supprimées par le roi Pap ; le clergé voit diminuer le nombre de membres, les institutions de bienfaisance tombent en ruine, les règles canoniques cessent d’être en vigueur et les usages du paganisme reprennent partout faveur. Gelzer, op. cit., p. 156 sq. Le sentiment antireligieux n’était point seul à dicter ces mesures réactionnaires ; aux yeux de Pap, Nersès avait eu tort de trop helléniser l’Arménie en la dotant d’institutions imitées îles tirées. Cette rivalité de race, qui créera plus tard le schisme, entrait pour beaucoup dans la nouvelle orientation il la politique royale. On le vil bien quand il fallut pourvoir au siège vacant du catholicos. s.ms tenir compte de l’antique usage, Papnomma lui-même à cette haute fonction lui iik, de la famille d’Aghbianos, rivale de celle de l’Illuminateur. Ain^i l’i 1 1 créée par un ennemi du pouvoir .lui. l l’indépendance religieuse de l’Arménie. Saint Basile revendiqua naturellement les droits de son si l’juslus, v, 29, dans Langlois, t. i, p. 293, 294 ; il trouva de l’appai en Arménie n roué à la famille de I Illuminât* ai Pai mail i ai le métropolitain de la Cappadoce II « , intl eDnen V pers -I de Basile, prit parti pourlousik et m - adhérent » . Si l’évêquede Césarée eul gain de cause dans nominations épiscopales, la consécration du cathol lui échappa pour toujours. Gelzer, op. ai, p « w- « » : Devenus indépendants de bit, les nouveau ! catholici n’eurent rien de plus à cœur que de - donner li parences du droil en se forgeant des titres à autonomie Ce fut le poinl de départ de tout un cydi de lé, . odes où nous voyons Grégoire l’IUuminateur recevoir i investiture d’un peu partout, de Rome ou du ciel, mais pas de Césarée. Une critique sage et prudente a pour premier devoir de ne tenir aucun compte de ces récits , , ndancieux de l’imagination indigène, lesquels, avec les attaches chronologiques dont ils sont ornés, ne représentent autre chose qu’un faux des plus grossiers. Gelzer, op. cit., p. 162 ; v. Gutschmid, op. cit., t. iii, p. 115.

A peine en possession de leur autonomie religieuse, les Arméniens perdent leur indépendance politique ; à la mort de Manuel le Mamikonien (378-385), Rome et la Perse se partagent le pavs. Sans appui du côté de 1 empire romain, dont elle s’est affranchie, ni du côté des l’erses qui la persécutent, réduite à l’isolement dans ses montagnes, l’Eglise d’Arménie aurait peut-être péri sans l’énergique habileté de son chef, Isaac ou Chahak le Grand, le fils de Nersès. Inauguré, vers 390, le pontificat d’Isaac constitue une période décisive dans la vie religieuse et littéraire de sa nation. Avec ce catholicos du sang de l’IUuminateur et rallié au régime nouveau, l’union se fait entre tous les partis. La création par Mesrob d’un alphabet national donne naissance a une littérature qui restera longtemps encore tributaire des Crées et des Syriens, mais qui, prise en soi, constitue un réel affranchissement ; elle mettait tin aux effortsdes Perses pour maintenir partout le syriaque, au tentatives des Grecs pour introduire leur langue. Maîtres de la majeure partie du pavs, les Perses s’opposent a la propagation de l’écriture nouvelle et oblig nt Isaac et Mesrob à chercher un refuge sur le territoire romain. Par raison d’Etat, les Romains favorisent au contraire les écoles arméniennes danl’Arménie impériale ; des jeunes gens envoyés dans les écoles de l’empire en rapportent cette culture littéraire qui a été nu des principaux facteurs de l’unité nationale. Les Perses ont beau remplacer Isaac par deux catholici syriens : le peuple, toujours jaloux de sa nationalité, demeure attacl eatholicos de sa race, et quand, en 128, la royauté nationale s’éteint, c’est le catholical.pu la remplace et sauve la nationalité. Gelzer, op. cit., p. ICI ; Arsak 1er-Mikélian, op. cit., p. 33-37.

A cette époque naissait et se développait 1 hérésie de Nestorius ; l’Église d’Arménie y reste étrangère. Au rapportde Liberatus, Breviarium causa Nestorianorum et Eutychiaru>rum, c. vut, /’./… t. lxviii, col. 969-1052, tes partisans de Nestorius, axant traduit en arménien h s écrits de Théodore de Mopsueste et deDiodorede tarse, cherchèrent aies répandre en Arménie. Vigoureusemenl combattues parvcace do Mélitène et Rabulas d’Edesse, ces tentatives provoquèrent la réunion d’un synod hanttrop i quel parti s’arrêter dans une querelle bien aphysique pour des théologiens encore jeunes i I périmentés.lesévéquesarméniensdéputèrentàConstantioople, auprès de Proclus, deux de leurs prêtres. Léonce ri Abérius, pour lui demander qui avail raisi n. Proclus trancha le différend en faveur d’Acaceel de Rabulas dans son fameux Tomus ad Armenos, P. G., t. i.xv. c< Labbe, Conàlio, t.iH, col. l737sq. ; Mansi, Concilia, col fâlsq.jensyriaquedansla compilation du psi udoÉac’hariele de leur, 1.11, c. ; Land, Anecdota.-.mua. , m Leyde, 1810, p. 103 -i ^ Ahrens et <.. K Die joj/enannteifii’c/iengesc/iic/itede* Zachariai Rhe1896 tor, ln-8 » , Leipzig, 1899, p 21 *q : F. I. Hsmilti I I. W II Zachariah o/ Milyletu liment, accueilli par levrménien i un symbole di I , -. Adversaires Heureet peu clairvoyants du rianisme, ils descendirent inconsciemment la du inonophysisme. On a parfois attribué au catholicos Isaac une part importante danli n du

concile d’Êphèse (431 : on lui fait même honneur d lettre dogmatique en ri pon’" l.n Chieta armi t. vu 1900. p. 282-290. Tout cela des Arméniens se trouvaient a Constantinople au momenl du concile, c’était uniquement pour a : le grec. Quant a la lettre d’Isaac, elle n’est qu’une ter dive composition d un nom vénéré. Arsak TerMikélian. op. al., p. 37-40. A la manière dont Korioun, un contemporain pourtant, parle de ci la façon dont il l<-> brouille, on voit bien qu’elles eurent peu de prise SUT lesesprtts d’alors. Biographie de Mesrob, dans Langlois, t. ii, p- 1’*’mourut le lô septembre '> : ’'. avec lui s’éteignit la i de l’IUuminateur. Désormais la dignité de catholicos appartiendra non plus a une famille, mais à l’élément monastique.

VI. Opposition au concile de Chalcédoine. —

Leconcile de Chalcédoine | iôl I, dont l’influence rétroactive fut m puissante, pa-sa presque inaperçu aux yeux des contemporains. Absorbés par la guerre contre lazdegerd II ilkS-iôT qui prétendait substituer le mazdéisme persan à la religion existante, entièrement vaincus en 151, déportés eii grand nombre en l’erse ou le catholicos Joseph trouva lui-même la mort des martyrs(26 juillet 453), les Arméniens n’eurent guère le temps i - >ux querelles théologiques de l’époque.Avec l’avènement en i. d’un marspan de leur race dans la personne de Vahan le Mamikonien, le calme se rétablit. Au lieu d’un maître jer, c’est un des leurs qui gouverne, voilà pour la politique ; au lieu du mazdéisme avec ses mas temples, ils peuvent suivre en lil rté dans leurs églises restaurées le culte que l’IUuminateur leur avait appris a pratiquer : voila pour la religion. Par malheur, les l’erses une foi< parti-, les Byzantins avaient repris leur influence, et cette influence était alors tout entière au service du monophysisme. En 182, Zenon avail promulgué l’flenoticon, i rejeté le concile de Chalcédoine, dissipé les ténèbres et fait refleurir dans l’Eglise de Iheula lumineuse et resplendissante doctrine des apôt lui. le vaillant Anasiase (491-518 travailla de nu-i. avec plus de zèle encore a maintenir la foi traditionnelle des saints Pères ; pai s - circulaires, il condamna les hérétiques et en particulier le concile de Chalcédoine. i Ainsi s’exprime te patriarche arménien.lean M. dit Jean Catholicos, // st< * » d.’s aintMartin, in-8°, Paris, 1843, p. 52. Apres avoir lu de pareille-appréciations, on n’a plus de peine à comprendre que le catholicos Papkèn, dans un synode tenu i archapal en VU, ail solennellement condamne, en sence des évéqoes arméniens, ibériens et albanais réunis, le concile de Chah’, doine et la lettre de I Flsien. aussi bien que le nestorien Barsoumas. lean tholiCOS, Op. C ! f..p.."et. Ce Concile de PapkèO fait époque’, ire de l’Église d’Arménii ; il marque la date ise ou les Arméniens ont offlcieUement reconnu île vraie la doctrine mon Mil, , hall., p

A mesure que Ton d. -ceiul le cours des Biècles, le courant séparatiste augmente en intensité. La condamnation port. entre les Chalcédonii ns en 101 nouveh e. dans l’espace d’un d. mi-sii i le, par deux Dans le pr. mi< r. n uni — Nersès H u A< créai de Chalcédoine furent à nouveau rejetés, la séparation d’avec les Grecs proclamée, les deux fêtes de la nativité du Sauveur et de son baptême fixées au même jour, et la formule : qui crucifixus es pro nobis, insérée dans le trisagion. Le deuxième synode de ïvin, 14 décembre 552, réforma en outre le calendrier et lixa au Il juillet 552 le début de 1ère arménienne vulgaire. Voir, sur cette dernière question, E. Dulaurier, Recherches sur la chronologie arménienne techniqueet historique, in-4o, Paris, 1859, p. 50-56. Ces deux conciles, il est bon de le rappeler, se trouvent souvent confondus en un seul dans les documents, tant les données des historiens nationaux présentent de divergences pour cette époque troublée.

Un incident survenu en 571 ramena momentanément l’union de l’Arménie avec l’Église de Constantinople. Les Perses ayant élevé à Tvin, en pleine capitale du pays, un temple au feu, le peuple se souleva sous la conduite du catholicos Jean et du marspan Sourèn. Vaincu, le catholicos se retira à Constantinople avec une partie de son clergé, et y mourut, non sans avoir fait acte d’adhésion à l’orthodoxie. Toutefois, cette conversion isolée et lointaine n’eut aucune intluence sur l’Arménie restée persane. Quand l’empereur Maurice eut repris aux Perses la plus grande partie du pays, il invita le catholicos Moïse I er, successeur de Jean, à convoquer à Constantinople, en un concile général, les évêques et les grands d’Arménie. Au lieu de se rendre à l’invitation impériale, Moïse reprocha avec aigreur aux Grecs leurs usages eucharistiques. « Eh quoi ! écrivit-il, je franchirais l’Achat pour aller manger du pain cuit au four ou boire de l’eau chaude ! » F. Combeiis, Historia hseresis monothelitarum, dans le 2e volume de 1.4 uclartumnovum, in-fol.. Paris, 1618, p. 282 ; Arsak Ter-Mikélian, op. cit., p. 58. Du fond de sa capitale, Tvin, restée aux mains des Perses, le catholicos arménien pouvait éluder à son aise les ordres de Maurice ; il n’en allait pas de même des évêques passés sous la domination romaine. Ceux-là, Maurice les réunit en synode, leur fit reconnaître le concile de Chalcédoine et plaça à leur tête un catholicos particulier, l’évêque Jean, en lui assignant pour résidence le village d’Avan, non loin de Tvin, mais de ce côté-ci de l’Achat. L’Église arménienne se trouva ainsi divisée en deux tronçons (vers 593). Combefis et Arsak Ter-Mikélian, ibiil.

VIL Les Églises de Géorgie et d’Albanie. —

A ce premier schisme intérieur s’en ajouta bientôt un autre dont 1rs conséquences furent autrement graves. Au nord de l’Arménie, sur les pentes du Caucase, se trouvaient deux peuples chrétiens, voisins et rivaux des Arméniens : c’étaient les Géorgiens ou Ibériens, el les Albanais ou Aghovans. Lien que convertis par des missionnaires arméniens, ces peuples, par espril d’antagonisme, avaient plus d’une fois cherché’à secouer le joug religieux du catholicos de Tvin. Les Géorgiens devant être l’objet il ins ce dictionnaire d’un article spécial, je n’ai à parler ici que de leurs différends avec les Arméniens au temps de Moïse ; quant aux seconds, dont il ne sera plus question, il importe de retracer en quelques lignes ce que l’on sait de leurs origines religieuses.

A l’époque où nous sommes arrivés, les Ibériens Dt pour catholicos Mouron (Kyrion). Géorgien d’origine, ce prélat, après avoir lait ses études en pays a Nicopolis, était entré dans le haut clergé de Tvin, grâce a la protection de Moïse. "’M encore à ce dernier qu il avait dû d’être élevé à la première dignité religieuse patrie. Mais il n’avait pas tardé’, par conviction par ambition, à rejeter les doctrines monophysites, el par suite I autorité du catholicos arménien. An pre sants rappels de Moïse et de son successeur Abraham, Kiouron répondil par une reconnaissance formelle quatre premiers conciles, el la séparation lut conn dépil des efforts du prune Sempal Pakratouni pour empocher la rupture, en dépil même du roi de Perse Chosrov II, qui, par raison d’État, fit à nouveau condamner les Chalcédoniens par le synode de tilb. Arsak Ter-Mikélian, op. cit., p. 58-60.

Le catholicos Abraham eut plus de succès avec les Albanais. Ces derniers se vantent d’avoir eu pour premier pasteur Elisée, disciple de Thaddée, qui, après le martyre de son maître, serait allé demander à saint Jacques de Jérusalem la consécration épiscopale. Revenu au pays des Aghovans, il y aurait accompli les mêmes merveilles que la légende arménienne prête à Grégoire l’Illuminateur. Voir Mosé ou Moïse d’Outi, Histoire des Aghovans, édit. Émin, in-8o, Moscou, 1860 ; édit. Chanazarian, 2 in-8o, Paris, 1860 ; trad. Palkanian, Saint-Pétersbourg, 1861. Cf. Agop Manandian, Beitrage zur albanischen Geschichte, in-8o, Leipzig, 1897, p. 23 sq. En réalité, il faut descendre jusqu’au IVe siècle pour rencontrer quelques données certaines sur la conversion des Aghovans. D’après une curieuse lettre de l’évêque arménien Giout au roi albanais Vatché, neveu de Peroz (457-484), le roi Ournaïr vint en Arménie, au temps de Tiridate et de Grégoire l’Illuminateur, pour y recevoir le baptême. Moïse d’Outi, 1. I, c. xi, p. 14-22 de l’édit. Émin ; Manandian, op. cit., p. 24. On sait, d’autre part, que Grégoris, fils aîné de Verthanès, fils et second successeur de l’Illuminateur, fut établi par son père, à l’âge de quinze ans, catholicos des Ibériens et des Aghovans. Faustus de Byzance, 1. III, c. v, dans Langlois, t. i, p. 213. Moïse d’Ouli parle très longuement de l’apostolat de Grégoris, et ses renseignements s’accordent au fond avec ceux de Faustus. C’est donc à la première moitié du IVe siècle que remonte l’introduction du christianisme chez les Aghovans.

Les nouveaux convertis suivirent longtemps les destinées religieuses de leurs pères dans la foi ; ils adoptèrent l’alphabet inesrobien, et la Bible ne tarda pas à être traduite dans leur langue. Korioun, Biograpliie de Mesrob, dans Langlois, t. ii, p. 10, 12. Comme les Arméniens, les Aghovans perdirent en 429 leur indépendance politique ; comme eux, ils soutinrent contre les adeptes du mazdéisme une longue et douloureuse lutte. Manandian, op. cit., p. 26-28. Vaincus en 451, ils reprirent l’avantage à la chute de Péroz (484) et se donnèrent pour roi Vatchakan le Pieux, dont le zèle réussit à arrêter dans le peuple les progrès du mazdéisme. Un concile fut réuni par ses soins en 488, et les actes de cette assemblée jettent un jour tout nouveau sur l’état religieux et social de l’Albanie vers la tin du Ve siècle. Moïse d’Outi, 1. I, c. xxvi ; Manandian, p. 44-48. Trois ans plus tard, en 491, les Albanais prirent part au concile de Vagharchapat. Moïse, 1. 11, c. xlvii, et embrassèrent dès lors le monophysisme.

Au début du vie siècle, les relations entre les deux Eglises continuent d’être amicales : le catholicos arménien, Jean I er, recommande au catholicos d’Albanie. Ter-Abas, de se garder des nestoriens. « ces loups déguisés en brebis. 9 Id., 1. II, c. vu. Il lui envoie en même temps la profession de foi formulée au concile de Tvin sous le catholicos Nersés. Mais, vers la fin de ce même siècle, l’Albanie profite de l’établissement sur les terres de l’Empire d’un second catholicos pour s’affranchir elle-même ; au lieu d’aller cherchera Tvin la consécration épiscopale, son chef religieux la reçoit dans le pays même des mains des évêques indigènes, (’.est à Parta et non plus, comme à l’origine, à Tchol, que ce dernier avail lidence. Moïse d’Outi, I. U.c. iaih ; Manandian, op. cit., p. 29. 30, l.a séparation fui d’ailleurs de coui t< (lune. Sous Abraham, d’après Moïse d’I luti, loc. cit., soua son successeur Komi tas, d’après Anania, journal Ararai mars 1897, p. 137, le catholicos d’Albanie reconnut i nouveau la suprématie des héritiers de l’Illuminateur. Un événement, aus~i peu connu des historiens que iphes, ini 1 1 i onversion des Huns au christianisme par léu "[iic albanais Israël ; elle eut heu au temps du catholicos arménien Chahak III 677-708), vers la Un.lu vni siècle. Moïse d’Outi, l. II, c. xxxix-xlv ; Manandian, p go : i C’est surcetle glorieua conqui le que se ferme [histoire particulière d< i Eglise.1 Ubanie, qui a suivi depuis Ion les mêmes ricissitudes que celle d’Arménie.

VIII. Premières tentatives d’unios wec les Grecs. Une ère nouvelle s’ouvri pour I Arménie au vu » siècle, I de réconciliation avec 1 Eglise officielle de l -, .„, !. - infructueuses sous Justin H. Evagrius, }l, si. eccl., v. 7, note de Valois ; Samuel d’Api, l t xi. col. 686, el sous Maurice, Samuel d’Ani, oc. cit., ces tentatives aboutirent à quelques résultats sou- ; Héraclius Vu retour de sa glorieuse expédition de 629, l’empereur désirant rétablir partout la paix religieuse obtint du catholicos Ezr (Ezras) la condamnation de Nestonus et de tous les hérétiques ; en bon monothélite, ou, si [’on veut, en politique habile, Héraclius n’avait point , -, m is en question le concile de Chalcédoine. Avec autant de souplesse et craignant peut-être l’érection d un autre catholicat sur les terres de l’empire, Ezr accorda tout en 633, au synode de Théodosiopolis (Erzeroum) ; il travailla même avec ardeur à détruire en Arménie le parti de l’opposition, dirigé par deux célèbres théologiens, Jean Maïragometsi et son disciple Sargis. Ter-Mikéhan, op. cit., p^ 61-66 ; G. Owsepian, Die EnUtehung chichte des Monotheletismus nach ihren Quellen geprùfl und dargestellt, c. iv, in-8°, Leipzig, 1897.

L’union dura tout le temps que vécut encore Héraclius. Lui mort, les querelles théologiques reprirent de plus belle au dedans, tandis qu’au dehors l’Islam menaçait toutes les provinces. En Arménie, les garnisons grecques se plaignaient d’avoir à verser leur sang pour des infidèles. Infidèles, les Arméniens l’étaient, en ettet, redevenus au synode de Tvin (645), où le successeur d’Ezr, Nersès III, avait dû, pour répondre aux vœux de ses ouailles, condamner à nouveau le concile de Chalcédoine En 652, nouvelle réconciliation : Constans II vient en personne défendre l’Arménie contre les Arabes et fait proclamer l’union à Tvin en pleine cathédrale. L’empereur est à peine parti que la brouille renaît. Les victoires des Arabes contraignent encore une fois les Arméniens à se tourner vers Byzance. En 689-690, sous Justinien II et le catholicos Chahak 111 (677-703), on signe à Constantinople un nouveau pacte d’union. Survient le concile in Trullo (692) qui ne trouve rien de mieux que de condamner une foule d’usages liturgiques el disciplinaires des Arméniens. Voir les can. 32, 33, 56 99 Cette intransigeance irrite Chahak et ses collègues ; de retour dans leur pays, ils s’empressent de rompre pour la dixième fois avec les grecs. L’orthodoxie des Arméniens, on doit le reconnaître, n’était pas moins farouche que ceUe de leurs adversaires. Le catholicos d’Ubanie, Bakour, avant essayé, avec l’aide du roi Sp d’introduire dans son pays la doctrine chalcédonienne, le patriarche arménien Élie (703-717) l’accusa de trahison auprès du kalife Abdelmelik. Des soldats arabes accoururent aussitôt et emmenèrent à Damas, chargés de chaînes, les deux infortunés chefs albanais. Ter-Mikélian t>p. cit., p. 72. Faut-U s’étonner après cela du complet échec de Germais I" « le Constantinople dans e SS ai onciliation ? A sa belle lettre dogmatique

Proderretis concilii ChalcedonensU, A. Mai, No trum, „, ,, ., t. 11, p. 587-594, /’. G., t.xcvm.col. 135-146, le catholicos Jean Odznétsi (717-729), d’accord avec ses suffra mts réunis en concile a Manazkert (719), r< pendu par une nouvelle condamnation de tous les et une profession de foi monophysite. Ter-Mikélii cil p 73-74. Certains auteurs pensent, au contraire, que Jean accueillit tavorablement les ouvertures de Germain. Hei Photius, Potriarch von ntinopel, Ratisbonne, 1867, t. i, p. B0481 ; rcham.., „, Histoire d’Arménie, t. il, p. 571-672. - J.-B. Aur, l’éditeur des œuvres d’Odxiiétsi, in s, enis nc parU pas de ce » ’P : ’rl d’un ni 1 ii enclin i canoniser let | lut peur. | Il RÉSIBS INDIGEX1 ! < » : ’I" 1’"' "’Odznétsi hsympathies d ! ul1 contre les hérésies indigènes ; elles pullulaienl Vrménie. Quelques-unes avaient depuis peu surgi sur pi lCe maid’autres étaii nt n nues de fort loin. Le moment semble venu de traiter la quesUon dans - d en’Dès la fin <lu n » siècle, la partie occident ménieavaitétépénétréeparlegnosticisme : le desanes(+vers225)yétaitvenucombattre lesd cion. Moïse de Khoren, 1. II, c. i.xvi. dan* t Il p lli Plus tard, au v des’borborides, id., I. III, c. lvii, .vi.r on a parfois identifié ces hérétiques avec les bai paraissent avoir exe, . les sectes venues plus tard, et d’abord sur o dont eut a s’occuper le concile de Chahapivai Karapet Ter-Mkrttschian, Die Paulikianei nischen Kaiserreielu’'-"" cheinungen in A in-8°, Leipzig, -™ Il est bien difficile, avec le peu de documents dont nous disposons, de caractériser cette s cte, dont le pauliaamsme n’est que le prolongement à travers len lr C. Conybeare n’a peut-être pas tort de la rattacher , , l’adoptianisme de Paul i’: ’r « r^ 1 -’f aciens documents en désignent les adeptes sous le nom de poulie » *, au lieu de paul, ciens, et il ne parait pas douteux que le christianisme ait pénétré en Arménie , , ar Antioche avant l’époque de l’Illuminateu. lui. l’adoptianisme. On voit pal ircMat qu une église adoptianiste existait dans l’Arménie du sud dès la lin du iiie siècle. Fr. C. Conybeare. The key oftnù manual of the paulician Church of Armenia, u oxford. L898, introd., passim ; JBt/ï.Zeitscvri/M-n i « " p 198-199. Tandis que la partie occidentale de 1 se rattache à l’école théologique de Césarée, I du pays semble être resté longtemps encore sous l’influence des doctrines anténiceennes.

Quoi qu’U en soit de leur origine, les pauhciens prirent un grand développement aux vi « et vusiècles. Bien avant l’apparition a Constantinople de 1 iconoclasme. ils livrèrent au culte des images une guerre a outrance ; c’est par la surtout qu’ils se rendirent odieux aux orthod’Arménie et de Byzance. Ter-Mkrttschian, op. cit.. a 19-60 En Arménie, le catholicos Jean Odznétsi écrivit contre eux un grand traité apologétique, Domiw Ozniensi* philosophi Armeninrum cathol. é-dit. J.-B.Aucher (arm.-lat.), in-8°, Venist i 107 Byzance, Photius c * le menu l : r, -r, - :  ; T. i’J : rr ; Miv : /.i.’1 UI soulève presque autant de problèmes qu’il contient chapitres, K. Krumbacher. Geschichte der byumt iLitteratur, in-S » , Leipzig, 1877, p. 71 n’est pas ici le heu de les examiner. Voir A. Brinkmann, Uexandrx Lycopolit. contra Manichm opinionm dieputatio, Leipzig, 1895, p. xxvi ; Hergenrôther, PAol i m p. 143-153. Cest en vain que Ter-Mkrttschian. p. 6sq., d’enlever à Photius la paternité de cet ouvi Non moins redoutables que les paulicii iondrakiens troublèrent pendant près de quatre siècles la malheureuse Eglise d’Arménie. Fendes I par Sem, ectaires ne tenaient pour vraie que leur propre > lise, ne reconnaissaient que trois sacrements. reietaii ni le baptême des enfants, l’incarnation, le culte de Marie et des saints, le purgatoire, le culte des la he rarchie et le mon’< laient, on l< d’absolus radicaux. Leur rituel a été publié par Fr. G. Con> - le nom T’< c Oxford, 18 !  ; « " lcr " Mkrttschian, 075. cit., p. 82-91. Ils ont exercé sur les autres faux mystiques du pays une influence considérable. Id., p. 91-101. Les arevordicns ou fib du soleil que l’on rencontre au XIIe siècle paraissent être une des dernières ramifications du vieux paganisme arménien. Nous possédons sur ceux-ci un curieux rapport du patriarche Nersès de Klag, Nersetis Clajensis opéra omnia, édit. J. Cappelletti, in-8°, Venise, 1833, p. 269 sq. Cf. Ter-Mkrttschian, op. cit., p. 101-103. Quant aux thondrakiens, ils ont survécu à toutes les révolutions qui ont bouleversé l’Arménie, et on en rencontre encore aujourd’hui dans certains villages du Caucase. Ter-Mkrtlschian, Die Thondrakier in unsern Tagr.n, dans Zeitschrifl fur Kirchengeschiehte, 1893, p. 253 sq.

X. Noi’VELLES TENTATIVES D’UNION AVEC LES GRECS. —

A la restauration politique, opérée au ixe siècle par les pakralouniens, correspond dans le domaine religieux une eftlorescence inconnue depuis trois siècles. Les monastères se multiplient, et, par eux, l’ascétisme se développe, comme aussi les sciences sacrées. Il n’en faut pas davantage pour inspirer aux grecs de nouveaux désirs d’union. Dans une longue lettre adressée au catholicos Zacharie (853-876), Photius invite les Arméniens à reconnaître le concile de Chalcédoine et à oublier leurs griefs séculaires contre les grecs. Mai, Spicilegium romanum, t. x6, p. 419-’162 ; P. G., t. en, col. 703718. Voir Hergenrother, Pliotius, t. 1, p. 482-493. Une autre lettre de Photius au roi Achot contient les mêmes instances. Hergenrother, loc. cit., p. 493, 49k Le texte arménien de cette double correspondance a été édité, suivi d’une traduction russe, par A. Papadopoulos-Kerameus, dans le Recueil de la Société orthodoxe de Palestine, fasc. xxxi, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1892, p. 179-279. Peut-être ces démarches dissimulaient-elles un but politique : rattacher l’Arménie à l’empire. Peutêtre aussi avaient-elles pour secret mobile d’empêcher les Arméniens de se tourner du côté de la vieille Rome. Hergenrother, p. 491-197. Quoi qu’il en soit, elles n’eurent aucun résultat, non plus qu’une seconde lettre de Photius ou de Jean de Nicée (la paternité en est douteuse ) au même catholicos Zacharie, Hergenrother, op. cit., t. 1, p. 497-500 ; non plus que les démarches analogues de Nicolas le Mystique auprès du roi Achot et du catholicos Jean VI l’historien (897-925). Mai, loc. cit., p. 117-419 ; Hergenrother, ibid., p. 504. A. Papadopoulos-Kérameus a publié la lettre d’Aréthas de Césarée, contemporain de Nicolas le Mystique, en réponse aux Arméniens, Recueil de documents grecs et latin* relatifs à l’histoire du patriarche Photius (en russe}, in-8°, Saintrsbourg, 1899, fasc. 1, p. 36-16. On continua dans Il 9 deux camps à vivre en état d’hostilité ouverte. En Arménie, le catholicos Ananias (91-3-965) déclare invalide le baptême des grecs. Ter-Mikélian, op. cit., p. 70. Son successeur Vaban, coupable d’avoir traité avec trop de ménagements les Géorgiens orthodoxes, est déposé Bientôt, la lutte parla plume paraît trop bénigne : on en vient aux coups, et ce sont des évoques qui mènent la charge. Deux prélats grecs, les métropolitains de Sébaste et de Méliténe, soumettent à la torture les prêtres arméniens de leurs diocèses, Asoghig, 1. III, c. xx, tandis qu’ils essayent par lettre de convaincre le catholicos Khatchik I « (972-992). Une réponse de ce dernier conservée car Asoghig, 1. III, c. xxi, présente un tableau fort complet de la polémique religieuse à

avec soin par Ter-Mikélian,

op. cit., p. 77-79.

md, en 1045, la partie de I Arménie encore libre du jouH musulman passa sous la domination byzantine, les rivalit.h s deux peuples se compli quèrent de rivalités politiques, el la polémique continua violente, acharnée. L’n catholicos nouveau monte-t-il sur le Irène de l’Illuminateur, on l’attire ; i Constantinoplc et ou l’j relient captif. Tel est le Borl de Pii rrc

(1019-1056) et de Khatchik II (1058-1065). En se portant à la rencontre des Seldjoukides, l’empereur Romain Diogènes n’est pas moins préoccupé d’anéantir la croyance inonophysite que de repousser les infidèles ; sa défaite par Alp-Arslan (1071) est saluée par les Arméniens comme une victoire. Matthieu d’Édesse, Chronique, 11" part., c. ciii, trad. Dulaurier, in-8°, Paris, 1858, p. 166170. D’autre part, avec le catholicos Grégoire Pahlavouni le nouvel Illuminateur (1065-1105), le catholicat retrouve quelque reflet de sa splendeur d’autrefois ; jusqu’en 1202, la dignité suprême se transmet de père en fils ou d’oncle à neveu dans la famille de Pahlavouni. Les antipatriarches ne sont pas rares, chaque prince local tenant à honneur d’en avoir un, mais le peuple ne regarde comme légitimes que les rejetons des Pahlavouni. L’un d’eux, Grégoire III (1113-1166), achète en 1147 de la veuve du comte Joscelin d’Édesse, la forteresse de Hromklah, qui restera jusqu’en 1293 la résidence du catholicos.

Aux difficultés d’ordre politique n’avaient cessé de s’ajouter durant les xie et xiie siècles les disputes doctrinales entre Byzance et l’Arménie. Photius mort, d’autres polémistes avaient du côté des Grecs poursuivi son œuvre, œuvre moins doctrinale peut-être que politique et nationale, et dont, au reste, toutes les productions se ressemblent. Qu’il nous suffise ici de citer les traités de Nicétasde Byzance, disciple même de Photius, L. Allatius, Grœcia orthodoxa, Rome, 1652, t. I, p. 663754 ; P. G., t. cv, col. 588-665 ; — de Nicétas Stethatos, dont un a été’publié par Hergenrother, Monumenta græca, in-8°, Ratisbonne, 1869, p. 139-153, tandis qu’un autre encore inédit se trouve dans plusieurs manuscrits, entre autres dans le Vindeb. lheol., *283, fo. 119’-124’; — de l’empereur AlexisComnène, dont Papadopoulos-Kerameus a publié récemment le discours dogmatique contre les Arméniens, ’AvâXexToc iepoffovuiuTtXY|ç rsza.yyooyl<xi, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1891, t. i, p. 116-123 ; — d’Euthymius Zigabenus qui, dans sa IlavouXia Soy^a-rciiri, écrite sur l’ordre de ce même Alexis Comnène, consacra le XXIIIe livre à la réfutation des Arméniens, P. G., t. cxxx, col. 1173-1190, sujet repris, un peu plus tard, par Andronic Camatère dans sa’hpà’OirX » )8T|Xï), Geschichte (1er byz. Lilteratur, p. 90, par Nicétas Acominatos dans le ©Yjffavpo ? àpSoSoÇiaç. 1. XVII, P. G., t. CXL, col. 89164, et par Jean de Claudiopolis, Cod. Athous3~33.

Il y eut un moment, au XIIe siècle, où l’on pensa que la paix entre Grecs et Arméniens allait être définitivement conclue : ce fut quand l’empereur Manuel Comnène intervint personnellement dans le déliât. A la suite d’un entretien que son frère Alexis avail eu en Arménie avec l’évéque Nersès, frère du patriarche Grégoire (1113-1166), l’empereur adressa à ce dernier une lettre conciliante (1165). Quand la missive impériale arriva en Arménie, Grégoire avait cessé’de vivre, el ce fui Nersi -. devenu catholicos (1166-1173), qui la reçut, Les négocialions continuèrent, conduites du côté des Grecs par le moine philosophe Théorianos, du côté des Arméniens par le catholicos lui-même. Nous avons du premier deux 1res intéressants rapports sur ses missions de 1 170 el de 1172, /’. G., t. cxxxiii, col. 120-297, et du second trois lellres à l’empereur écrites en 1107, en 1170 et en 1173. Narsriis Clajensis opéra, édit. J. Cappelletti. in 8°, Venise, 1833, t. 1, p. 195-245. Nersès terminai ! sa dernière lettre en annonçant la réunion d un concile pour l’examen de cette grave affaire ; mais il mourut le8aoùl 1 173, suris avoir rien eonehi. Son successeur, < Irégoire IV ( 1 173-1 ISO), poursuivit les négociations, m. us le concile

annoncé s’étanl réuni à Hi kla en 1179 rejeta, disent les historiens arméniens, toutes les propositions d< Les Grecs font, il est vrai, un autre récit ; mais une chose sûre, c’est que l’union ne lui poinl ratifiée. Voir, sur ees tentatives, Ter Mikélian, op. cit., p. 87-105 ; 1. 1 m laurier, Histoire de l’Église arménienne, 2’édit., Paris, 1857, p. 39-54. "n a du second ir de

M, , nn. I. Isaac II I An ;.- (1185 1186 une lettre au catho licos n Am ii cette éU rnelle question est encore

née. A. Papadopoulos-Kerameus, ’, « Sots tiXr, ., ., , _, , Ml’, , Constanl nople, 1884, p. 59-63. On a aussi , l un catholicoa arménien, du nom d’Isaac, ii

itiques dirigés contre Bes compati iot’' i., sxxii, col. i i"> : i 1257. Mais on ne connaît i époque, de catholicoa de ce in. m. Si ces i crits sont bien authentiques, Luiauteur n’aura été qu’un simple prêtre passé à l’orthodoxie. Telle est tin moins l’opinion de A. Ehrhard, qui rail vivre cet auteur an xii 1 siècle. Get chichte der /<../ :. Litteratur, p. M » . Il j aurait lieu d i la miner de près une autre opinion, celle de Le Quien, qui reporte l’époque de cel Isaac au vir-vine siècle et l’identifie avec Isaac III (677-703) qui. venu à Constantinople sous Justinien II, passa effectivement à l’orthodoxie. Orient christiania, in-fol., Paris, 1710, i. i. col. 1356.

Étrange contraste ! Tandis que les Arméniens foui mine de se rapprocher des grecs, ils se brouillent leurs frères en monophysisme, les Syriens. Le cath. Grégoire III (1113-1166) reproche à ces derniers dans un de ses traités de faire le signe de la croix avec un Seul doigl et (le l.oire du vin mêlé à de l’huile et du miel. Les Syriens de leur côté accusent les Arméniens de judaïsme parce qu’ils se servent de pain azyme. On ne saurait trop le redire : derrière ces puériles discussions s’abritaient de vieilles et éternelles rivalités de race. La brouille, du reste, ne fut que momentanée. A son avènement, Grégoire IV (1173-1180) envoya en signe d’amitié sa profession de foi au patriarche syrien Michel le Grand (1166-1199), et celui-ci s’empressa de lui en témoigner sa joie.

XI. Premiers Rapports avec l’Eglise Romaine. —

Ce n’est pas seulement avec Antioclie et Iiy/ancc que les Arméniens eurent alors affaire. La création en Cilicie du royaume de la Petite-Arménie les avaient mis en contact immédiat avec les croisés, et par les croisés avec Rome. Leurs rapports avec le Saint-Siège devinrent dès lors plus fréquents, mais on aurait tort de croire qu’ils datent seulement de cette époque. Sans remonter jusqu’à saint Grégoire et a son légendaire voyage, on peut saisir des le vu siècle l’existence entre Arméniens et Latins de relations individu elles, sinon générales et officielles. Le synode romain de 649 s’occupe dans sa deuxième session de nommer l’abbé du couvent arménien de Saint-René à Home. Mansi. C « cilia, t. x, p. 890. Mans sa réponse A<l consulta Bulaaroruui, c. evi, Nicolas I" mentionne les arméniens de Bulgarie. Mansi, t. x, col. VA ; /’. /-., t. exix, col. 978. Cf. Baron i us, a. 8(i(i. n.(i. On voit par quelques extraits de -- lettres insérés dans les actes du VUl’coocile que Nicolas avail beaucoup travaillé à ramener les Arminiens a la vraie lui. Mansi, t. XVI, Col. 304, n. 1U. A la manière dont Photius parle de la principal » Ronia (, , xopuspocfa 'l><, Wï)au roi Achot. il est permis de penser que ce prince prenait intérêt a la doctrine du siège de Rome. Epist. « .’Asutium, g l 2. Les deux canons du synode romain de 862 viseraient, d’après certains auteurs, les théopaschites armi niens. Mansi, t. xv. col. (il 1. 658, ('>">'.). 182, 183 ; Hergenrôther, Photius, t. i, p. 196. L’intervention de Grégoire ML en 1080, dans l’affaire de Macar il. IL epist. xxviii et sa lettre a l’archevêque de Svnadeil. VI 1 1. epist. i indiquent Lien qu’au XIe siècle comme au iz* des rapports existaient entre Rome^el l’Arménie. Jaffé, Regest. pont, roman., n. 5171, Ô1T-J. Ter-Mikélian, op. cit., p- 107.

Mais, je l’ai dit. c’est surtout à l’époque des croisades

que -es rapporta se multiplient. Par intérêt ou par conviction, bon nombre de patriarches adoptent alors lafoi

romaine. Le pape Innocent III en témoigne pOUI Gp

goire VI Apirat, Polthast, Regesta, n. 871, 1690, el pour

Jean de Bis, ibid., n. 1691 i’65, 170( l’union est solennellement proclamée, en 11’jb. a I occasion du couronnement de Léon ou Lévon II. Ter-M Lan. p. 109-114. Ce rapprochement avait 1145 par un.- sorte d’ambassade auprès d Lu gène III, Otto I rising, Chronic. 1. VII. c. xx.vii. Ter-Mikél

|>. 107-106, et en Ils » , par une mu.. Ile (i

envoyée a Lucius III parle cath IV. Ter Mikélian, p. 108 ; A. Balg] atholicm

inter A Vienne. 1878, p..*>j-., 7. Il n’ait

d’ailleurs que l’Arménie du -ml et i de fréquents démentis. Si Jean 11 Btantin I 1220-1268 rivent en boi Latin-, Jacques I (1268-12 msait pour

quel motif, « le -e taire représenter au concile Il faut que Nicolas IV rappelle au roi Héthoum I ! 1289, la grande cause de I union, (..dan Eccleiise armenm < uni romana, in-fol IC90,

t. t. p. 104-410. Par contre, Gi goire Vil d’Anu (1294-1306) envoie au pape Boniface MIL des le début de son pontificat, l’expression de sa filiale obéissance. Bonifa.ce, Epist., I. IV. epist. cci.xxi. L’uni. : ni

tant bien que mal jusqu’à la chute du royaume de Cilicie (1375). A dater de cette époque, l’Église d Arménie, persécutée au dehors pai les musulmans, b blée à l’intérieur par les perpétuel gendre la multiplicité des prétendants au plus avec l’< tecident « pie des relations intermittente-. il e-t bien difficile de dire qui parmi les patriarches demeure catholique, et qui ne 1 e-t pas.

A défaut du catholicoa lui-même, il y eut toujours dans la nation, même aux plus malheureux temps, un groupe de fidèles restés unis a Home. Les missionnaires latins, les dominicains surtout, y avaient créé de n breux foyers d’apostolat.1. s leur arrivée en Orient. Grâce à eux. il se forma même en Arménie une COD| galion de missionnaires indigènes, uniquement rod l’œuvre de l’union ; on les appela pour ce motif les frères unis ou uniteurs. Approuvés en 1328 pu U cile de Sis, ils s’affilièrent douce ans plus tard à l’ordre de saint Dominique, dont ils prirent et la l’habit. Trente anaprès leur fondation parle rai

.ban de lverni. ils n avaient panninde cinquante monastères où vivaient prés de malheur, ils compromirent leur œuvre par un aèle généreux que prudent Jean de Kerni. tenant pour i

lides les sacrementarméniens, avait rebaptisé les laïques et réordonné leclercs. L’un de -edisciples, Nersès Balientz, évêque d’Ourmia, s’attaqua à la doctrine : il présenta au pape Benoit X Il un réquisitoire, dont les cent dix-sept articles représentaient autant d erreurs ou de superstitions re< ues chei les Arméniens. Terrifié, bpape ordonna des enquêtes, des con< des professions de foi ; bvrméniens tinrent d cil.-, rédigèrent des formules orthodoxes, se justifièrent de leur mieux : maices perpétuelles récriminations centre leurusages traditionnels ne contribuèrent peu, i les éloigner de l’Occident Voir, sur leB unis, Galano, op. cit., t. i. p. 508-531 ; L. Alishan. y.es /’/ eres-u m leurs <la » s 1rs raillons d’Erittdchak ou Alindja, monographie contenue dans le grand mm du mémeauteui i, contrée de l’Armémt, ùt-t. .ni-.-. 1893 en arménien).

Un dernier e--ai d’union générale eut lieu, en l au concile de Florence. Sur l’invitation d’Eugène 1. le catholicoa Constantin [1430-1439 avait em i vpri sentants la grande assemblée. Voir, sur leu dations préliminaires, A. Balgy, Historia tholica inter A p. sslui. Le di

Deo, qui consacrait l’union, fut promulgué ! vembre i 139, Mansi, t. xxxi.col. 1047 p. 102-156 ; mais il ne produisit pas tout i.its

Quand les envoyés arméniens furent de retour dans leur pays, le calholicos Constantin V était mort depuis six mois et son successeur Grégoire IX se trouvait en Egypte. Non seulement il n’y avait plus d’unité nationale par suite de la conquête, mais l’unité de gouvernement n’existait plus dans l’Église ; on comptait autant d’églises arméniennes que de patriarches, autant de patriarches que de districts. En présence de cette anarchie, force nous est de renoncer désormais à l’unité du récit ; c’est par fractions indépendantes qu’il nous faut retracer le tableau de l’Arménie chrétienn 3 durant ces derniers siècles.

XII. Rupture de l’unité hiérarchique. —

Fixé dès l’origine à Vagharchapat, dit la tradition, à Achtichat, d’après l’impartiale histoire, H. Gelzer, Die Anfânge, etc., p. 131, le siège du calholicos arménien avait, suivant les vicissitudes politiques, passé tour à tour à Tvin (478-931), à Aghtamar (931-967), à Arkina (968-992). à Ani (992-1054), à Tavplour (1054-1065), à Dzamntave (1065-1166), à Hromkla (1 160-1293), à Sis (1293-1441). Je ne parle bien entendu que du catholicos légitime ou regardé comme tel. Quant aux sièges rivaux, ils surgirent nombreux après la chute des Paliratouni ; on en comptait quatre en 1077. Si ceux-là ont disparu, d’autres se sont élevés qui restent encore debout. Tel, celui d’Aghtamar, érigé en 1113 ; tel encore celui de Jérusalem, formé deux siècles plus tard, en 1311. Enfin, en 1441, une nouvelle scission, beaucoup plus profonde que les précédentes, divisa la nation en deux grandes obédiences : celle de Sis, en Cilicie, et celle d’Etchmiad/.in, dans la Grande-Arménie. Si la presque totalité des Arméniens se sont rattachés à la chaire d’Etchmiadzin, c’est qu’elle passe pour avoir été fondée par saint Grégoire l’Illumina teur ; on y conserve, dit-on, la main droite du grand apôtre de l’Arménie, et cette insigne relique, plusieurs fois perdue (entendez volée) et reconquise durant le moyen âge, est regardée comme le palladium de la nation. Naturellement, on montre à Sis une autre dexlre de lllluminaleur ; ses conservateurs portent même un nom spécial, celui A’Achabali ou Achban. V. Langlois, Voyage dans la Cilicie et dans les nwnlagnrs de Taurus, ’in-8 « , Paris, 1861, p. 394, 400-401. Ajoutez à ces quatre catholicats indépendants les deux patriarcats uni et non-uni de Constantinople, ainsi que l’archevêché autonome de Léopol, en Autriche, et vous arrivez, pour une population de trois millions d’hommes, à sept hiérarchies différentes, actuellement existantes. Je dois dire un mot de chacune d’elles.

XIII. Catholicat d’Etchmiadzin. —

A la mort de Joseph llqui n’avait siégé que quelques mois ( 1439-1 440), les évêques réunis à Sis lui donnèrent pour successeur oire Mousapékian. Quatre prélats de l’Arménie du nord protestèrent d’abord contre cette élection, à laquelle, paratt-il, tout le corps épiscopal n’avait point pris part ; puis, se ravisant, ils invitèrent le nouvel élu à transporter son siège à Etchmiadzin. Sur le refus de pire, ils procédèrent à une autre élection et se choisirent pour patriarche Guiragos Virabetsi. Ainsi naquit, fruit de la désunion, le catholicat d’Etchmiadzin (1441). Balgy, op. cit., p. 159, 160. lui is de si fâcheux auspices, la nouvelle hiérarchie compta cependant plus d’un chef dévoué au parti de l’union romaine. Stépanos V (1541-1564) vint a Rome in 1548, el son successeur Michaël de Sébasle (1564-1570) envoya des ambassadeurs à Pie IV, tandis qu’il n’était encore que simple coadjuteur de Stépanos. . op. cit., p. 163-171. Deux patriarches rivaux, Da ni IV (1587-1629) el Melchisédech (1593-1624), écrivirent loin a tour à Paul V, I’1 premier en 1605, le second en 1610. Balg^ p 173 m Movsés (1629-1632) en agit de même vis-à-vis d’Urbain VIII, en 1631, ’i Pilibos (1633-1655) vis-à-vis d’Innocent XI, en 1640. Quarante I lulard en 1680, _lml, IV (1655-1680) fll avant de mourir une profession de loi catholique, exemple que plusieurs de ses successeurs imitèrent. Balgy, op. cit., p. 176-179 ; [Asgian, ] Rome et l’Arménie, Paris, s. d., p. 74-86 ; D. Vernier, Histoire du patriarcat arménien catholique, in-8°, Paris, 1891, p. 272-282.

Du côté de la Perse, le siège d’Etchmiadzin eut à subir mille persécutions depuis la conquête du pays par le schah Abhas I er. Pour mieux détacher les Arméniens de leur capitale religieuse, le vainqueur fil transporter à Ispahan, en 1614, les reliques les plus vénérées d’Etchmiadzin, entre autres la dextre de l’Illuminateur. Ce n’est qu’en 1638 que le catholicos Pilibos put en obtenir la restitution du schah Séfi. Les autres souverains de la Perse, malgré quelques réveils du despotisme oriental, usèrent de procédés plus humains. Avec la conquête russe de 1828, l’Arménie persane n’a fait que changer de maître. Usant de procédés moins arbitraires, les Russes ont poursuivi et poursuivent encore le même but qu’autrefois les Perses : asservir pour russifier. Par un ukase de 1836, Nicolas I er réorganisa le catholicat ; il mit aux côtés du catholicos un conseil synodal, le chargeant d’administrer sous le contrôle d’un commissaire impérial toutes les affaires spirituelles de l’Eglise arménienne en Transcaucasie. Quant à la nomination du catholicos lui-même, elle n’appartenait plus comme par le passé au corps électoral arménien ; le rôle des électeurs devait se borner à la présentation de deux candidats, entre lesquels le tsar se réservait le choix. Naturellement, les Arméniens de Turquie et des Indes protestèrent. Toujours prudent, le gouvernement russe attendit ; sans abolir le règlement de 1836, il feignit d’en ignorer l’existence, et, pendant cinquante ans, il ne manqua pas de toujours agréer le premier candidat de la nation. Mais, en 1882, lorsque les électeurs présentèrent à sa ratification la nomination de l’évêque de Smyrne, Mouradian, le tsar lui préféra Macar, évêque de Bessarabie. Un schisme fut sur le point d’éclater, les Arméniens de Turquie refusant de reconnaître Macar, et Alexandre III ne voulant point de Mouradian. Comme on devait s’y attendre, le tsar l’emporta ; au bout de deux ans d’hésitations, Macar fut reconnu comme catholicos même par les Arméniens vivant hors des frontières russes ; cette reconnaissance, dit le protocole, n’était point solennelle, mais exceptionnelle. Depuis cette époque, la machine montée en 1836 fonctionne très régulièrement, pour le plus grand avantage, non des Arméniens, mais du tsar. Sur les relations antérieures de la Russie avec les Arméniens, voir Recueil d’actes et documents relatifs à l’histoire de la nation arménienne (en russe), 3 in- 4°, Moscou, 1833. Le règlement de 1836, connu sous le nom de Balanrnia, ne comprend pas moins de 141 articles, signés par le tsar, le Il mars 1836 ; il a été imprimé sous ce titre : Balagénia. Constitution officielle pour l’administration des affaires de l’Église grégorienne en Russie, in-8°, Etchmiadzin, 1836 (en arménien).

Le calholicos d’Etchmiadzin est considéré en théorie comme l’unique chef des Arméniens non unis, autrement « liis grégoriens ; il s’intitule « patriarche suprême ei catholicos de tous les Arméniens » . Il est le seul en principe à bénir le saint chrême et à consacrer les évêques, A ses côtés et sous sa présidence fonctionnent i 1° le synode patriarcal composé de sept membres, donl deux archevêques et deux vartapets ; 2° le conseil d’administration du couvent patriarcal comprenant trois membres, un évêque et deux vartapets ; 3° le conseil de l’imprimerie formé par deux vartapets et un diacre. La maison patriarcale comprend en outre une vingtaine de moines sans fonction déterminée. Le grand séminaire, établi par Khévork IV (1866-1882), a célébré en 18991e vingt-cinquième tnni tire de sa fondation.

I ii liini.nl/in étendait autrefois sa juridiction sur un I n bre de diocèses. on peut voir pour le x n la notice fou par < isi an, procureur général du ilicos, dam le Sr, de Moni (ps< udonyme de Richard Simon. Histoire critique de la créance et de » coutume* de » nation » du Levant, in 12, Francfort, LOBS, p. Wl 229. Le catholicoi a’a plui aujourd hui soui son obédience immédiate que les Arménien ! de Russie, de Perse, d’Europe et d’Amérique. L’Arménie russe comprend les diocèses suivants : Erivan, archevêché, ayanl quatre bïi anta : Alexandropol, Kars, Nachitchévan, Tathev ; TiUis, archevêché, comptant comme suffraganU : Akhaltzkha, Khantzak, Khori ; Artzakh ; Noukhi ; Bessarabie, archevêché ; Astrakan, archevêché ; Nachitchévan la Nouvelle ; Saint-Pétersbourg ; Moscou ; Ghzlar ; Chamaghi. Il s’en faut que tous ces dio> aient un évoque à leur tête ; beaucoup sont administrés par un simple vartapet, exerçant l’autorité épiscopale, sans être pour cela évêque. Cette observation s’applique également aux énumérations qui vont suivre ; je la fais ici une fuis pour toutes. Les diocèses de Perse et de l’Inde sont : îspahan et Aderbeidjan, Calcutta, Madras, Batavia et Salmast. En Europe, il y a un évéque à Paris. ayant sous sa surveillance les vartapets de Marseille, de Manchester et de Soutchova. D’une manière analogue, l’évéque de Worcester, en Amérique, est l’intermédiaire entre le catholicos et les vartapets de Boston, New-York, Fresnau, Providence, Chicago. Voir le Calendrier détaillé de V hôpital national, in-8°, Constantinople, 1900, p. 340-343 (en arménien).

XIV. Cathoi.icat de Sis ou de Cilicie. —

L’érection d’un catholicat indépendant dans l’Arménie du nord réduisit considérablement l’ancien patriarcat de Cilicie, mais sans le ruiner tout à fait. Après comme avant la séparation de 1441, des titulaires se succédèrent sans interruption sur le siège de Sis, les uns unis à Rome comme Grégoire IX Mousapékian (1440-1450), comme Khatchadour (1500-1584), comme Azarias de Tchouga [1584-1602), comme Grégoire X d’Adana (1689-1691), comme Jean III de Hadjin (1718-1727), les autres douteux, les autres formellement hostiles, comme tous les successeurs de Mikaël (1742). Balgy, op. cit., p. 161 sq. ; Vernier, op. cit., p. 26(5 sq. Pour la description de Sis et du palais patriarcal, voir V. Langlois, Voyage dans la Cilicie, in-8°, l’aris, 1861, p. 381-407. La liste des patriarches de Sis se trouve dans Saint-Martin. Mémoires historiques et géographiques aurVArménie, in-8 « , Paris, 1818, t. i, p. 446 sq., mais avec de nombreux anachronismes, dont plusieurs sont corrigés par Langlois, loc. cit.

La juridiction du catholicos de Sis s’étendait à l’origine sur tous les Arméniens de la Turquie d’Asie, à l’exception de ceux, peu nombreux du reste, qui relèvent directement des patriarches d’Aghtamar et de Jérusalem. Mais, depuis la création à Constantinople d’un patriarche à juridiction civile (1460), le prestige de Sis se trouve fort amoindri. A la différence du patriarche grec, qui possède entre les mains la double juridiction civile et religieuse, celui de Sis n’a qu’une juridiction religieuse, la juridiction civile appartenant à son rival de Stamboul ; de là. depuis trois siècles, un antagonisme entre Sis et Stamboul qui pourrait bien aboutir à un nouveau schisme. Ce schisme faillit éclater en 1880, alors que le gouvernement turc, toujours porté à diviser pour mieux régner, accorda à M’." Méguerditch, de sis, les pouvoirs « ivils sur les Arméniens relevant déjà au point de vue religieux de son catholicat, C’était un premier pas vers la séparation. A Stamboul, le patriarche Nersès protesta, puis démissionna. Le sultan, qui tenait à arder Nersès, ennemi déclaré des Russes, temporisa. A la lin. tout B’arrangea, par la renonciation tpontan de Méguerditch à ses pouvoirs civils. Mais, à la mort de Méguerditch, en 1897, nouvelle brouille. Son Buccesseur, M " Kxikor Aladjian, se trouvait être un partisan dévoué de l’unité nationale. A ce titre, il ne pouvait pluie au sultan qui demanda au patriarche de Stamboul,

Ormanian, de casser l’élection. Celui-ci déclina 1 imitation au nom < !

ilu catholicos de Sii au point de vue civil, il n’était

ibordonné au point de u’religieux. An bon’deux ans d’inutiles démarches, de menace--, de démis-Ms > Aladjian mourut Eubitemi

lagement du sultan, ht maintenant, le plan du sultan comme de Mb* Ormanian serait de mettre entre i

mains, mais à Stamboul naturellement, la double autorité’civile et religieuse ; si ce plan se réalise, on comptera un catholicos et peut-être un schisme de plus.

En attendant le locum tenen » du catholicos i de la maison de Cilicie i gouverne, du fond de sa résàdenci Sis, une douzaine de circonscriptions, à la quelles se trouvent actuellemenl.au lieu vartapets ou de simples j i -ont, en dehofl

si> : Aintap et Kilis. Antakia, Ad. ma l l ; < réket, Al [skenderoum (Alexandrette. Marach, Yozgat, Hadjin. Malatia.ijuririelMandjilik. Zeîtoun et Firnouz, Ltarendeb Divrik. Ces.L nferment, au total,

deux cent vingt-deux louze cou-.

XV. Catholicat D’AGHTAMAR. —

Le catholicos d’Aghtamar mené une existence depuis 1113. A cette date, i ni Pahlavouni 1 1113-11x8 élu patriarche, David, archevêque d’Aghtamar, refusa de hnnaitre. Pour colorer sa rébellion, les pi lui manquèrent pas : lui-même occupait le sii triarche Vahan, injustement déposé au concile d’Ani le Vaspourakan, ou il habitait, était le berceau des Ardzrounis, et, à ce titre, méritait bien d’avoir un patriarche ; enfin, n’avait-il pas en sa possession la dextre de saint Grégoire, son bâton pastoral, sa ceinture de cuir, voire une chaussure d’une des saintes I miennes ? Excommunié et déposé au concile de kara-Dagh, David n’en continua pas moins d’occuper son siège, et il a trouvé des successeurs jusqu’à nos jours. L’un d’eux. Ter Zakaria, reçut même de Djihaïn Schah le titre de « catholicos de toute l’Arménie » . et. avec ce litre, toutes les reliques qui étaient ret. ! puis

David, entre les mains des patriarches de Sis et d’Klchmiadzin Il décembre 1461). Mais ce fut pour peu de temps. Quinze ans plus tard, les reliques reprirent le chemin d’Etchmiadzin, sans que pour cela le catholicos d’Aghtamar abandonnât son titii.

En dehors de l’Ile même d’Aghtamar, dans le lac de Van, le catholicos étend sa juridiction sur les bourgs environnants de Kbi/an. Ozdan, Gardjkan, Chadakh. - On n > compte pas moins de trois cent deux églises et cinquante-six couvents.

VI. Patriarcat de Jérusalem. —

Postérieur au catholicat d’Aghtamar, le patriarcat de Jérusalem naquit lui aussi d’une rébellion. En 1307, un concile tenu avait décrété un certain nombre de réformes, dont l’application rencontra, chez les moines surtout, une vive opposition. Le couvent de Saint-Jacques, iJérusali m. en profita pour donner le titre de patriar. I l’évéque arménien de cette ville, Sarkis.1311. M de Jérusalem et en guerre avec les Roupéniens de Cilicie. les sultans d’Egypte favorisèrent cette émancipation. Il n’v eut point, cependant, de catholicat nouveau, mais un simple patriarcat d’honneur. Tandis que les titulain s d’Etchmiadzin, d’Aghtamar et de sis ont le droit de ii i des ôvèques, le premier pour tous les diocè-s. les deux autres pour leur circonscription respective, celui de Jérusalem est dépourvu de ce pouvoir : il n’a pas davantage le droit de bénir le saint chrême, droit i serve au catholicos d’Etchmiadzin.

Très limitée dans le domaine religieux, l’autorité du patriarche de Jérusalem est entièrement subordonnée pour les affaires civiles à celle du patriarche de I stantinople ; elle se borne à l’administration deI du couvent de Saint-Jacques, dont le patriarche i i Leur a vie. l n< ore ne s contrôle toujours vigilant de la communauté de Saint-Jacques et du conseil central de Constanlinople, devant lesquels le patriarche peut être appelé à répondre de sa - i ion. A sa mort, la communauté de Jérusalem nomme un vicaire intérimaire, mais l’élection du titulaire définitif appartient au conseil central de Stamboul ; la communauté hiérosolymitainc n’intervient que pour dresser la liste des candidate, tous choisis dans son sein. Cette liste doit comprendre au moins sept noms ; les deux conseils de Constantinople les réduisent à trois, entre lesquels l’assemblée générale choisit, au scrutin secret et à la majorité des voix, le futur patriarche. Règlements généraux du patriarcat arménien de Constantinople, c. I, § 3, a. 17-23 (en arménien).

Le patriarche de Jérusalem n’est donc, au fond, qu’un archevêque. Il a, pour l’aider, un archevêque faisant fonction de vicaire patriarcal et un conseil d’administration composé de quatre évoques et de deux vartapets. Sa circonscription embrasse, avec le diocèse de Jérusalem, ceux de Damas, Jaffa, Beyrouth, Chypre et Latakia ; ces cinq derniers ont à leur tête chacun un vartapet. Quant aux églises, on en compte quinze, dont neuf dans le seul diocèse de Jérusalem. Ce même diocèse possède huit couvents. Il y a, en outre, un couvent à Jaffa et un autre en Chypre.

XVII. Patriarcat non uni de Constantinople. —

Dès l’époque byzantine, Constantinople possédait dans ses murs un évêque arménien. On le voit figurer en 1307 au concile de Sis. Le rôle de ce prélat, d’abord très effacé, devint considérable après la conquête ottomane. En 1461, Mahomet II appela de Brousse l’évéque Joachim et lui donna sur ses coreligionnaires une juridiction identique à celle que le patriarche grec avait reçue quelques années auparavant. Le prélat grec, déjà chef religieux en vertu d’un droit traditionnel, était devenu chef civil de la nation grecque par la grâce du conquérant. De la même façon, le prélat arménien se trouva investi de l’autorité civile sur toute la nation arménienne de l’empire turc ; mais cet accroissement de puissance ne modifia en rien sa subordination hiérarchique vis-à-vis <Iu catholicos religieux déjà établi. S’il put consacrer et distribuer le saint chrême, s’il eut le droit de porter à la ceinture le gonker garni de perles et de pierres précieuses, ce fut en vertu d’un induit obtenu du catholi-’, >uant au pouvoir de consacrer les évêques, il ne lui a jamais été accordé. Le rang qu’il occupe dans la hiérarchie ecclésiastique peut être assimilé à celui de nos primats ; de tous les archevêques de l’empire turc, c’est lui le premier : voilà pour le droit strict.

En fait, à cause même de sa juridiction civile qu’il ne ji.’irle_ son conseil, la puissance de ce patriarche a été et est encore considérable ; il n’en usa souvent que pour nuire aux intérêts des missions catholiques du Levant. Ce fui le patriarche Ëphrem, au commencement du xviir siècle, qui, le premier, entra en guerre Ouverte avec les catholiques. A sa demande, un linnan en 1700 qui bannissail de Constantinople les misi lires et interdisait de leur donner asile à l’intérieur de l’empire ; quant aux Arméniens, défense leur était ilt’fréquenter d’autres églises que celles des schismatiques. Avédik, successeur d’Ëphrem, s’en prit surtout aux jésuites, dont les collèges déjà nombreux furent fermés i 170-j.. a cette déclaration de guerre, le ministre de Louis XIV, comte de Ferriol (1689-1709), répondit par un coup de force : Avédik, enlevé de son palais, fut embarqué sur un bâtiment français, transporté d’abord à Chios, puis : i Marseille et à Pans, où il mourut cinq ans après (21 juillet 1711). Le dossier de cette affaii

aux archives de Saint-Louis, à Péra, lettre E, n. 16, 17, el à Paris, aux archives du ministère des Afi été dépouillé par F. Brosset, Histoire diplomatique du patriarche armérien de Constuni édik, dans le Bulletin scientifique de l’Académie impériale des sciences, in-i", Saint-Pétersbourg, t. iv (1838), col. 87-96 ; Le prétendu Masque de fer arménien, ou autobiographie d’Avédik, patriarche de Constantinople, avec pièces justificatives officielles, dans le Bulletin de l’Académie, in-i°, ibid., t. XIX (1874), col. 186-197 ; t. xx (1875), col. 1-100 ; Mélanges asiatiques, in-8 » , ibid., t. viii (1876), .p. 1-18, 177-322. Ces violences de Ferriol provoquèrent des représailles ; le nouveau patriarche, Jean de Smyrne, lit envoyer au bagne beaucoup de notables Arméniens catholiques et pendre les autres. Le 5 novembre 1707 eut lieu l’exécution d’un saint prêtre, don Cosme, autrement dit ser Goumidas. Voir la relation de Ferriol à Grégoire XI, écrite le jour même de la mort, dans A. Ubicini, Lettres sur la Turquie, in-12, Paris, 1851, t. ii, p. 443-445 ; cf. Serpos, Compendio storico, in-8°, Venise, 1786, t. ii, p. 218-229. Dès lors, la persécution ne s’arrêtera plus pendant cent vingt ans, jusqu’à l’entier affranchissement des catholiques en 1830. Voir au paragraphe suivant.

J’ai parlé plus haut de conseil patriarcal. Jusqu’au milieu du xixe siècle, cette assemblée, en dépit du titre de conseil national (azka’in joghov) qu’elle s’était donné, se recrutait exclusivement dans les rangs de l’aristocratie, au grand mécontentement du peuple. Longtemps, celui-ci réclama sa part dans les affaires. Il obtint un demi-succès en 1844 : sur les 30 membres du conseil, on en prit 14 dans son sein, mais la nomination de ces derniers était réservée au patriarche. La mesure ne parut pas égale, et les réclamations continuèrent. Au bout de trois ans, on institua deux conseils au patriarcat, l’un pour les affaires religieuses, l’autre pour l’administration civile. Le patriarche les présidait tous les deux, mais le second, formé de vingt membres, était élu directement par les corporations industrielles. Ce changement, qui mettait fin à l’ancien régime oligarchique, fut approuvé par un firman du 9 mars 1817. Le peuple allait-il cette fois se déclarer satisfait ? Pas encore. Fort des promesses de la Sublime-Porte qui avait décrété, en 1836, la réforme générale des communautés non musulmanes, le peuple réclama une constitution ; il en obtint une en cent cinquante articles, approuvés par le sultan le 17 mars 1803.

D’après la teneur de cet instrument, l’autorité appartient tout entière à une assemblée générale de iOOmembres, dont 220 sont élus par voie de suffrage ; les 180 autres en font partie de droit. Cette assemblée délègue ses pouvoirs à deux conseils nationaux : le conseil religieux composé de 14 membres du clergé, le conseil civil, formé de 20 membres, tous laïques. Le titre qu’ils portent indique suffisamment leurs attributions. Quand des affaires mixtes se présentent, les deux conseils siègent ensemble. C’est le cas, par exemple, pour la nomination du patriarche : aux deux conseils revient l’honneur de dresser la liste des trois candidats, parmi lesquels l’assemblée générale fait son choix. Après les conseils, voici les comités : comité d’administration pour la gestion des biens nationaux, fondations, propriétés, couvents, etc. ; comité de justice, comité d’instruction publique, comité des finances, comités de quartier, Dans les provinces, même luxe de comités. A la tête de chacune d’elles se trouve un ecclésiastique, Varadchnort, pris dans les rangs du clergé régulier ; c’est ordinairement un docteur en théologie, vartapet, axant les pouvoirs des évêques sans en porter le titre. Voir la Constitution, trad. franc. d’E. Prud’homme, dans la Re uede I Orient, de l’Algérie et des colonies, Paris, juillet et août 1852 ; trad. gr. de I). Tzolakides, sous le titre de Vvnv.m x « vovtfqiol t<5v àv lwir/iTavT’.vo - j7To)E( 7 : » Tp iapye ùov, in-8’, Constantinople, 1894. M. lî. Dadian en a donné un court résumé dans son article, La société arménienne contemporaine, llevue des Deux Mondes, 15 juin 1867.

Du patriarcal de Constantinople relèvent les diocèses uivanU : Andrinople, liodosto, Ismidt, Brousse, BaliPanderma, Biledjik, KoutaTa, Smyrn

!, i. Amasée et M< rsivan,

-m. Karahissar et Adzber, Djanik, Tn bizonde, l rze i, , mii. Pas< m. li i/Hi ci b trois di rnii rs d ont pour le

m ut qu’un seul administrateui. l rzidjan, Batbourt,

Kghi, !. m.ilvli. Baiazid et Alachkert, Van, Limel Gdoutz, Bitiis, Mouch, Sghert, Diarbékir, Palou, trguni, Tchinkouch (un administrateur punili Kharpout,

i.m, . Arapkir, Tchemechgadzak, Tchar Sandjak, Ourfa, l, dad, Egypte, Bulgarie. En Roumanie, les villes prin ;, i un, . tiiprêtre. Une Beconde catégorie de diocèses, dits diocèses tpéciaux, comprend : Armache, Castamouni, Bénéguèz, Guindj, Aghpag, Salonique, Crète.

Parmi ces derniers, le plus important est assurément celui d’Armache, près d’Ismidt, l’ancienne Nicomédie. C’est là, en effet, que se trouve le couvent de La Présentation de la Vierge, fondé en 1611, dans lequel on a installé depuis 1889 le grand séminaire patriarcal. Les cours j sont de six ans ; une septième an >nsa crée à la préparation immédiate du ministère. Reçus I dix-huit ans, les élèves deviennent lecteurs après la première année, diacres après la troisième, prêtres après la sixième. Tous sont astreints au célibat. Ceux d’entre eux qui ne vomiraient point s’y soumettre doivent se retirer au bout de la troisième année pour exercer, à leur choix, les fonctions de maîtres d’école ou de curés (prêtres mariés) dans les paroisses. Leurs études sont couronnées par la soutenance d’une thèse qui donne droit à un certificat d’aptitude. Sur les quatre-vingts élèves qui ont fréquenté le séminaire jusqu’en 1897, vingt et un seulement, menant jusqu’au bout leur- études, se sont voués au célibat. Le séminaire compte actuellement cinquante élèves. Il reçoit aussi les candidats au sacerdoce déjà mariés, qui viennent s’y préparer pendant six mois ou un an à recevoir la prêtrise. Cette dernière catégorie a fourni jusqu’ici vingt sujets.

Les diocèses qui viennent d’être énumérés comptent dans leurs circonscriptions (la Roumanie non comprise : 1271 églises et 141 couvents.

XVIII. Patriarcat catholique. —

S’il y eut presque à toutes les époques des Arméniens catholiques, s’il > eut même jusqu’au XVIIIe siècle quelques patriarcheunis à Rome sur les sièges d’Etchmiadzin ou de Sis, il n’y avait pas de communauté catholique autonome avec une hiérarchie propre et la pleine indépendance civile : l’une et l’autre sont d’institution récente.

A la mort de Luc (26 janvier 1737), le catholicat de Cilicie passa par une phase d’incertitude et de désorga nisation. Les Arméniens catholiques, très nombreux en Syrie, ne voulant plus d’un catholicos séparé de Home, appelèrent au patriarcat l’ancien archevêque d’Alep, Abraham Anl/ivian. L’élection eut lieu a Ah p. au mois de novembre 1740. Le nouveau patriarche adopta le nom de Pierre et se rendit à Rome auprès de Benoit Xl. Arrivé dans la Ville Éternelle le 13 août I712.il vit son élection confirmée au consistoire du 26 novembre, et, le 8 décembre, il reçut le pallium. Juris pontifiai de Propaganda fide, part. I. édit. Raphaël de Martînis, in-* » , Home, 1890, t. iii, p. 83-85 ; cf. Benoit MV, De eynodo dioces., I. XIII, c. xv. n. IS. A son retour en Orient, ne , nl se ûxer a Sidéjà occupé par un patriarche

schismatique, il établit sa résidence au Liban, au motère de Krem, fondé en 1721 par les Iri res Mouradianjil mourul en 1749. Son successeur, Jacques, élu le -i : septembre 1750, transporta le siège patn.uv.il au couvent de Sainte-Marie de Zmar, vulgairement

l ; Lie. dont Abraham avail presque achevé la en

struction. Comme Abraham, .la, -ques tint a honneur de i oi ter le nom de Pierre, exemple suivi depuis pai tous -es successeurs : Michel Pierre III. élu le 25 juillet 1754, Jur. pont, de Prop.’". part. I. t. m. p- "’, i 578 ; Basile Pierre IV, élu le 25 juin 1781, op. <<<

t. iv. p. 262 V, ’'lu l

1788, op. el t. cil., p. 522-524. Ci

8 avril 1*15 ; Jacques Pierre VII. élu

op cit., I. v. p H ; Michel l’enMil.

, lu b- 25 janvi op. "’’v,

Antoine Pierre IX Hassoun, élu le 13 juillet

, , /.. t. v d. p.’i.V.i. J63 ; I te m.

tout 1884, ’/, . cit., t.

. p. 239 ; l’aul Pierre M

Emmanuelian, Élu le 1 1-86 juillet 18 Toul n résidant au Liban, les premiers patnar Pi tite-Arméi

leur sollicitude sur les Arméniens unis di la Palestine, de la Mésopotamie et de l’Egypte ; le 20 mars 1771, Clément XIV nommait au siège de Mardin un archevêque arménien. Op. cit., t. iv, p. 168. Quant aux Aine liencatholiques du nord et de l’ouest de l’Asie Mm. ure.de Constantinople et de la Turqui : e, ib

avaient été placés sous la juridiction du vicaire apostolique latin de Constantinople. Soumis à deux chefs spirituels, indépendants l’un de l’autre, ces deux groupes de catholiques, ceux de Syrie comme ceux de Constantin. étaientrestés, pour leurs affaires civiles, sous la juridiction du patriarche non uni d.- Stamboul, seul repi officiel de la nation arne mienne auprès de la Subi Forte. Baptêmes, mariages, funérai acte » en traînant des effets dans le domaine tempoi ni de

la compétence des schismatiqui s. De la. pour les catholiques, de continuelles vexation-, des p’rséculions v ; olentes exercées par leurs adversain s. J ai rappelé- plus haut la grande persécution qui marqua le début du xvitt siècle : d’autres s’élevèrent en 17.7.1 voir la supplique du comte l’otocki. ambassadeur de Pologne, dans llmrimer. Histoire de l’empire ottoman, trad. Hellert, t. vii, p. 408) et en 17£0. Toujours molestés, certains catholiques se demandèrent si. pour calmer leurs p cuteurs. il ne serait pas à propos d.’fréquenter les églises de ces derniers, d’y assister à la messe et d y faire des aumônes. Consulté a ce sujet en 1709eten le saint-siège avait répondu : non licere. Balgy, op. p. 183-186. Mais, vers 1785. la controverse se ralluma. L’n banquier arménien catholique. Jean de Serpos. revendiqua pour ses coreligionnaires la libre commun tion in sacris avec les schismatiques dans sa fameuse l)isserta : tonc polenùco-critica so)>ra due dubbj di cos~ cienza concernent gli Armeni cattolici tudditi dell’impero ottomane presentata alla sacra congregatum* di Propaganda, in-4°, Venise. 1783. Voir, du même auteur. Compendio storico, t. ti. p. 282-315. Dans Histoire d’Arménie, 3 vol., Venise, 178 » . le m.’k.tanste Tchamtchian soutenait la même thèse. Condamnée de nouveau a Hame. cette manière de voir n’en garda pas moins de nombreux partisans. La division se mit de la sorte au sein de la communauté, malgré les cttori* du saint-siège pour ramené.- la paix. Jur. pout. de Prop. fuie, part. I. t. iv. p. 567.

La guerre de l’indépendance hellénique, habili t exploiVe jur l s schismatiques, fut le signal d’un. nier, ’et violente persécution i ! 828. Accuses de trahir la Porte, les catholiques se virent partout dépouillés de : biens, proscrits, condamnés au bagne ou au dernier plice. Voiries détails dans E. Bore, L’Arnu I846, p 55-68 ; [J.-B Asgian, 1 Borne et rvrmeme.p. 1.2191. Cette fois, c’en était trop. Devant les menaces -lu de Guilleminot, ambassadeur de France, la Porte be décida a affranchir les catholiques arméniens de la

tutelle du paln.iieat schismatique en bplaçant SOUS l’autorité d’un chef reconnu par elle. G un -impie laïque (nazir), fut ensuite un pi " du

titre de patriarche. Le premier diplôme d’investiture

délivré’en faveur du patriarche est du 21 i

1246 5 janvier 1831 ; il est traduit dans.1. de I

v ta / te ottt manc, inS

1832, t.. p- 138-1 iO. et dans v Ubicini, t la Turquie, t. ii, p. 448-451. Mais le patriarche n’était que le chef civil, l’intermédiaire entre le gouvernement turc et les catholiques arméniens pour les all’airesd’ordri ; temporel. Dans l’ordre religieux, ces mêmes catholiques furent placés sous l’autorité d’un archevêque-primat de leur nation, Antoine Nouridjian, en vertu de la bulle de Pic VIII, Quod jamdiu, du 6 juillet 1830. Jur. pont, de Prop. fide, part. I, t. iv, p. 729-738. Cette dernière institution ne concernait que le groupe de catholiques soumis auparavant au vicaire apostolique latin ; elle ne modifiait en rien la situation du patriarche résidant au Liban.

Voilà donc, à la tête de la seule communauté de Constantinople, deux chefs en présence : un chef civil, le prêtre-patriarche ; un chef religieux, l’archevêque-primat ; le premier, élu par la nation et reconnu par la Porte ; le second, nommé par le saint-siège. Avec l’esprit de division naturel aux Arméniens, l’antagonisme était à prévoir entre les deux autorités : il éclata, en effet, pour de futiles questions de rite, semant le trouble et la désorganisation dans une institution si péniblement créée. Jur. ponl. de Prop. fide, Rome, 1893, t. v, p. 31-31, 86, 134, 154-156. Au premier primat, Antoine Nouridjian, succ Ma Paul Marouche, nommé parun bref, le 9avrill838. Op. cit., t. v, p. 193. Cette nomination donna lieu à de très vifs débats ; non seulement les Arméniens voulaient élire leur patriarche, mais ils prétendaient imposer à Rome, pour la nomination du primat, le choix entre trois candidats présentés par eux. Afin d’éviter à l’avenir le retour de pareils troubles, Rome donna à M9 r Marouche un coadjuteur avec droit de future succession (1842). Ce prélat, Antoine Hassoun, fut en outre choisi comme chef civil en 1845 ; aussi, à la mort du primat Marouche (1816) se trouva-t-il investi de la double autorité civile et religieuse. Au lieu d’unir les esprits, cette circonstance ne fit que les aigrir, et, pour le bien de la paix, Hassoun résigna son titre de chef civil (1818). Tout servait de prétexte à querelle : la nomination directe du nouveau primat par le saint-siège, la condamnation prononcée par lui contre une société libérale dite co-nationale, sorte d’américanisme arménien, la création de six nouveaux sièges épiscopaux négociée entre le pape et le primat sans avis préalable du conseil de la nation. Jur. fiant, de Prop. fide, Rome, 1894, t. vi a, p. 93, 95. Pie IX intervint une première fois en 1853 pour la question des élections épiscopales, op. cit., t. VI b, p. 178-179 ; une seconde fois par sa bulle du 2 février 1854, invitant tout le monde à la paix, non sans blâmer bs fauteurs de désordre. Op. cil., t. vi a, p. 211-222. D’autre paît, le sultan reconnut à l’archevêque-prituat les privilèges et immunités dont jouissaient les autres chefs spirituels des communautés non musulmanes (1857) ; c’était porter un coup sensible à l’autorité du représentant civil de la nation. Le prêtre-patriarche Gagonian, mort en 1860, n’eut pas de successeur ; il avait été en fonctions depuis 1852. Voir son bérat d’investiture d.ms.1. de Testa, op. cit., p. 143-147.

Restait une dernière unification à introduire : la réunion en une seule des deux obédiences religieuses de Constantinople (siège primatial) et de Cilicie (siège patriarcal ) ; elle s’accomplit à la mort du patriarche de , Pierre VIII. Le 14 septembre 1866, les évéques réunis a Zmar lui donnèrent pour successeur.b r Has. qui, sous le nom d’Antoine Pierre IX, restait ainsi l’unique chef religieux des Arméniens catholiques Par la bulle Reversurus, devenue depuis si fameuse, Pie IX appre, élection, supprima le siège primatial de

Constantinople, réunit en une seule lesdi ux circonscripiques de C< nstantinople et <|<. Cilicie, , i. tout i u i h mi au nouveau patriarche le titre de g patriarche de Cilicie des Arméniens » , transféra sa résidence ; i Constantinople. Le patriarche, comme autrefois 1 1 1’1 1 f 1 1 < f > i ï 1 1 1. 1 1. < l, .iit exercer la juridiction ordinaire sur le diocèse du Constantinople. Le dossier de

cette affaire se trouve dans Jur.’pont, de Prop. fide, t. vi a, p. 453-465, et dans Acla consistorii secreti (Il juillet 1867) in quo SS. D. N. Puis papa IX Armenii Ciliciæ patriarclise Ant. Pétri Hassoun pressentis in curia electionem confirmavit eidemque sacrum pallium concessit, in-4o, Rome, 1867 (lat.-arm.).

Cet acte semblait devoir combler les vœux de toute la nation. Par le fait, Mo r Hassoun reçut d’abord le meilleur accueil parmi les siens ; sa nouvelle dignité fut reconnue par le sultan, et, malgré de vagues rumeurs d’opposition, il entreprit la visite de son patriarcat. A son retour, il convoqua ses suffragants à un synode, dont le pape avait en quelque sorte tracé le programme. Jur. pont, de Prop. fide, t. vi b, p. 31, 32. Inaugurée le 5 juillet 1869, l’assemblée dégénéra au bout de quelques séances en réunion confuse, puis en révolte ouverte contre son président, accusé d’avoir trahi au profit du pape les droits séculaires de l’Église arménienne ; il fallut la suspendre. Un mois après ce premier scandale, Hassoun, obligé de partir pour Rome à cause du’concile œcuménique, laissa comme administrateur patriarcal l’archevêque de Chypre, Gasparian ; choix malheureux, car ce prélat passa bientôt parmi les opposants. Ceux-ci levèrent le masque quand ils virent venir de Rome un autre vicaire patriarcal, Arakial, évêque d’Angora ; ils s’emparèrent de l’église patriarcale, brûlèrent la bulle Reversurus et déclarèrent vacant le siège patriarcal. Excommuniés par le pape, mais soutenus par la presse et la diplomatie hostile à la papauté, ils procédèrent à la nomination d’un antipatriarche dans la personne de Jacques Bahdiarian, archevêque de Diarbékir (25 février 1871). Heureusement cette élection ne fut point agréée par le gouvernement ottoman. Ici se place la double mission de Ma r Pluym et de M.8’Franchi, envoyés extraordinaires du pape. Diplomate habile, Mo r Franchi finit par s’entendre avec le grand-vizir, Aali pacha, sur le règlement de l’affaire. Une convention intervint entre le Vatican et la Sublime-Porte ; il ne restait plus qu’à la signer quand survint la mort d’Aali pacha. Voir les documents dans Urquhart, Le patriarche Hassoun, in-8°, Londres et Genève, 1872, p. 7380. Le successeur d’Aali, Mahmoud pacha, favorisa les révoltés ; le 13 mai 1871, il prononça la déchéance et le bannissement de Ma 1 " Hassoun et invita la communauté à procéder à une nouvelle élection patriarcale. Au lieu d’une élection, il yen eut deux : celle de Filkian, évêque de Brousse, choisi par les catholiques restés fidèles comme chef civil, Hassoun restant de droit chef religieux, et celle de Jean Kupélian, candidat des schismaliques ou, comme ils s’appelaient, des Orientaux. Comme la bulle Reversurus avait été le prétexte de la révolte, on ne tinl naturellement pas compte des modifications apportées par elle ; aux yeux des dissidents, Kupélian, quoique reconnu par la Porte comme « patriarche de Cilicie » , n’était que le chef civil de la communauté ; ils regardaient comme leur chef religieux Bahdiarian, installé au Liban, dans l’ancienne résidence des patriarches, depuis son élection au mois de février 1871.

Alors commença la lutte entre hassounistes et antihassounistes, lutte violente pour s’emparer des immeubles de la communauté et pour se maintenir en leur possession, tracasseries administratives afin d’obliger les hassounistes à s’adressera leurs adversaires maîtres du pouvoir pour les actes civils, guerre non moins violente par la plume. Le nombre des brochures plus ou moins pamphlétaires publiées alors est vraiment effrayant. Je. cite les plus importantes, en marquant d’un ; i térisque « .Iles des antihassounistes : I’. Pressuti, Gli affari religiosi d’Orientée la santa sede ossia la bolla Rsversurds del 1*2 luglio 1861, in-8o, Rome, ls : o ; X…,

Armeni cattolià orientali. Revista storicomica, in-8, Constantinople, 1870 ; I’. Urquhart, / triache Hassoun. /-’schisme arménien dans set ports avec le concile w.< uménique et les décrets synodaux nirlaguerre.a

I872j [Rédaction de l’'" 7’""’"

nicrme. Appela’'"~ s

Paris, 1872 ; [Id., ] La qu nénienne. Solution

oéet contre la bulle , i in-8. Paris, 1872 ; PI. Casangian, réponse det " Occidentaux, in-8°, i. I.,

[873 (publiée d’abord en italien) ; X…, I.n $ola rwj , /, ., cattoli i tcommunicati, in-8°, I873(ré|

f, i., précédente. D. Ciragian, ’Alcune brevi cou

i, en(i cattolici, in-.S’, Constantinople, 1873 (réplique i la précédente) ; X…, 7fepotue à /" hm.i.in ; ’intitulée : h*’, „<, < réponte det Occidentaux, in-8°, Constantinople, 1873 ; M. Ormanian, * Le rc//<’( » et tel.Ia’» ; «  « ’"s, in-8°, Rome, iHTIi (réplique a la précédente) ; G.-C. Vuccino. Ocon Roma ociDi Eccimiatin. 1 vantatidiritti natû dei sediceuli cultoUci orientait, in-8° Constantinople.

1873., .,

Au milieu des clameurs de la polémique, la voix du souverain pontife avait plus d’une fois retenti, presque toujours en vain. Jur. pont, de Prop. fide, t. vi h. p. 62-67, 81-86, 99, 10Ï-, 110-118, 132-13’t, 136-139, 145-147, 151, 159-162 (lettre de Pie IX au sultan Abdul-Azis), 165-185, 197.’213. 248. La situation des catholiques devint moins précaire, quand, en février 1874, ils obtinrent de la Porte un représentant civil propre (vékili. Hassoun lui-même put rentrer à Constantinople, mais sans obtenir encore la restitution des biens confisqués par les schismatiques. Ce n’est que peu à peu, par la soumission successive des principaux meneurs, que la bonne cause triompha. Le 18 avril 1879, Kupélian soumit à son tour, mais à Rome, à Léon XIII en personne. Lui parti, le gouvernement turc reporta sur Hassoun sa bienveillance d’autrefois et le reconnut solennellement. Élevé a la dignité cardinalice le 13 décembre 1880, Leoms XII l pontifias maximi acla, grand in-8°, Rome, 188-2, t. il, p. 179-182, Hassoun résigna son patriarcat pour aller vivre à Rome, où il mourut le 28 février 188’t. Son successeur, Etienne-Pierre X Azarian 14 août 1887-1" mai 1899), a été assez heureux pour rentier en possession de tous les biens tombés, au début du schisme, entre les mains des dissidents ; le schisme lui-même a disparu, mais les germes en sont restés ; c’est le mal endémique de l’Église arménienne.

Les Arméniens catholiques relevant du patriarcat uni sont distribués dans 16 diocèses et 9 vicariats patriarcaux. Les diocèses comprennent, avec l’archidiocèse patriarcal de Constantinople, 3 autres archevêchés : Alep, Mardin, Suas et Tokat (réunis), et 12 évëchés : Alexandrie (Egypte), Angora, Adana, Marache, Erzerounv, Césarée, Malaria, Mouch et Van (réunis), Brousse, Diarbékir, Trébizonde, Kharpout. Parmi les 9 vicaires patriarcaux, les uns n’ont d’autre titre que celui de vicaire, les autres sont en outre mourahas ; ces derniers sent munis d’un béral leur donnant devant le gouvernement des droits épiscopaux ; peur devenir évêque, le mou-I i IS n’a qu’à recevoir la consécration ; il n’a pas Les, . in d’être à nouveau reconnu par le gouvernement Une. russe ou persan. Les 9 vicariats sont : Artvin (Russie.

dad, Jérusalem, Zmar (Mont Liban), Smyrne, médie, Ispahan Perse), Beyrouth, Deir-el-Zor (Mée tamie). Enfin, les deux abbés des couvents mékitai de Venise et devienne portent toujours le titre d’archevêque, l h "ii titulaire réside à Rome pour remplir auprès des Arméniens catholiques établis dans | a ille Éternelle les fonctions épiscopales, en particulier les ordinations. Le vicaire patriarcal de Constanti nople, faisanl fonctions de vicaire général du de

est égale ni archevêque titulaire.

I.e patriarche u’a pas seulement pour l’assister un vicaire, mais plusieurs conseils ; conseil ecclésiastique composé de lconseil civil, formé île 12 mem dont 2 prêtres et 10 laïque » , choisis parmi députés d.- l.i nation ; 2 conseils d’admini prenant i membres chacun ; conseil judii

conseil d’administration de l’hôpital national, membres ; conseil du cimetière, i mémo Relèvent directement du patriarche : 1’. d.- Saint-Grégoire l’Illuminateur a Livourne, de s-amt de Tolentin a , 1. n séminaires.hZmar et d.- Rom<

et les Seize écoles de CuUsLmtlllople.

V., ii ganda flde descriptx ai

l J. l’i-ani. /." catholu isme -.. i m la HT Congr lion, sciences pi

aOioliques de*

statuts provisoire*

dont j’ai publié’<***& ! Iwue

d, : l’Orient chrétien, t. tv(18 -17.

XIX. Archevêché arménien de Lemberg (A Leopolient). Casimir le Grand 1333-1370. que l’on voit des A aiens s’établir a Lemberg et construire une cathédrale 1367). Soumis a la juridiction du catholicos Arménie, ils sont tour a tour, comme i eux-mêmes, unis a Rome on séparés dei. Grégoire (1535-1551) reste en communion avec le saintsiège, ses successeurs sur le siège arménien de : vivent pendant tout un siècle en dehors de l’unité romaine. .lai~-. en 1624, le catholicos Melchisodech ! netzi, coadjuteur de David IV (1587- i cherche a Rome un iviuge contre l’invasion persane et devient administrateur de l’archevêché de Leml Deuxans plus tard, il ordonne archevêque Nicolas Toroszewicz, mais sous l’expresse re-erve qu, . attaché à l’Église romaine. Des lors, l’union M parmi les Arméniens de Pologne. Un émissaire du catholicos d’Elchmiadzin, Christophe, évêque d’Ispah en vain de retenir dans le schisme le nouvel archev. celui-ci, soutenu par les autorités catholiques de Lemberg, prom deux autie< prêtres arméniens un serment de fidélité a la toi romaine (21 octobr s’installe au palais archiépiscopal en dépit de Christophe et de ses adeptes. Il se rend ensuite à Rome où Urbain VIII le confirme dans

pour suffragants les deux rméniensdèK

niec-Podolski et de Mohilev. Quand ces deux passent avec leur territoire sous la domination !.. Lemberg reste >an< suffragants ; en revanche, tou-Arméniens du à iennent à l’unité, et y demeu rent SOUS les su de Nicolas : Vartan Hueanian

(1681-1715, Jean-Tobii Augustinowicz(1715-1751.Jacques Etienne Augustinowicz 1752-1783, Jacques Tumanowicz (1783-1798) et Jean-Jacques Szymonowici [1800-48 Jusque-là, les papes avaient nommé directement archevêché ; l’exequa tur seul était donni Pologne. Mais, en devenant autrichien - doit

modifier ce mode d’élection. Par un bref du 2 I tembre 1819, Pie VU accorde.< l’empereur le chou l’archevêque entre trois candid

arménien de Lemberg. Jur. pont, dr Prop. fide, in-’.. Rome, 1892, t. tv, p. 583. C’est de cette façon que sont institués : Cajetan Wateresiewici (1820-1 C.vnlle Stefanowici 1 1832-1858 nowii 1882 i I Isaac Isakowici, depuis le 3 juilli

rchevêque de Lemberg.tendait air jnrî diction sur tonles Arméniens catholiques de la Ri Blancl i. <lr Pologne, de Lithuanie, de Podolie I Volhynie ; mai-… partir i ncea devenu, a

définitivement russes lui échappèrent ; d abord éi ig es en vicariat apostolique, 1

.. t. îv. p. 515, puis divisées en deux évéchés ordinaires, Kamieniec et Cherson. Op. cit., t. via, p. 64-68. Ces morcellements successifs ont considérablement réduit l’archevêché de Lemberg ; il ne compte plus aujourd’hui que 4000 fidèles en Galicie, et 1500 en Bukovine. Son clergé comprend, en dehors de l’archevêque et des prélats de sa maison, une vingtaine de prêtres séculiers, distribués entre la cathédrale de Lemberg et les paroisses de Stanislaavov, Brzezany, Tyrmienica, Kutty, Lysiec, Horodynka, Sniatyn, Czerniowce, Suczawa. Missiones catholicæ édit. cit., p. 597.

Il y a, en Transsylvanie, près de 10000 Arméniens venus dans le pays en 1671 et ramenés à l’unité romaine vers la fin du xviie siècle ; privés d’organisation civile et religieuse propre, ils sont soumis aux évêques latins. Leurs efforts, en 1741, pour obtenir un évêque de leur rite se sont heurtés à un refus absolu delà Propagande. Ils ont seulement des paroisses particulières à Élisabethstadt, Gyergyô Szent-Miklos, Szépviz. Même situation en Hongrie, où les Arméniens ont cherché un refuge après la prise de Belgrade par les Turcs, 1521 ; leur centre principal est à Neusatz (lat., Neoplanla ; hongr., Ujvidek).

Sur ces Arméniens de Transsylvanie et de Hongrie, voir N. Nilles, Symbolse ad illustrandam historiam ecclesix orientalis in terris corons ; sancti Stephani, in-8°, Inspruck, 188â, t. ii, p. 915-933 ; G. Gowrick, Les Arméniens à Élisabethstadt en Transsylvanie, 1680-1779, in-8° Vienne, 1893 (arm.) ; du même, La capitale des Arméniens en Transsylvanie ou Arménopolis, in-8°, Vienne, 1896 (arm.). — Sur les Arméniens de Galicie et de Pologne, voir Nelier dans le Kirchenlexikon, t. vii, cl. 1731-1734 ; G. Kalemkiar, Études sur le droit des Arméniens en Pologne, in-8°, Vienne, 1890 (arm.). — Sur ceux de la Bukovine, Dem. Dan, Les Arméniens orientaux en Bukovine, trad. G. Kalemkiar, in-8° Vienne, 1891 (arm.).

XX. Ordres religieux. —

Si l’on excepte la congrégation des frères uniteurs, dont il a été question plus haut, l’histoire ancienne de l’Église d’Arménie ne présente aucun ordre religieux, aucune manifestation de la vie monastique, telle que cette vie a été comprise en Occident ; elle compte beaucoup de monastères, mais peu de moines. Cf. Gli ordini religiosi arment, dans le Bessarione, t. vi, p. 272-294. Aux yeux des Arméniens, tout individu est moine qui garde le célibat en se vouant à la cléricature. Tels sont, chez les Arméniens grégoriens, les varlapets. Astreints au célibat, ils sont chargés du ministère de la prédication, et c’est parmi eux que se recrute l’épiscopat. Ils constituent donc ce que l’on pourrait appeler, comme en Russie, le clergé noir, mais on ne saurait en faire des moines, à moins de regarder comme tels tous les membres du clergé sécui Occident.

Même chez les Arméniens catholiques, l’esprit d’association n’a produit que dans ces derniers temps des instituts religieux analogues à ceux de l’Occident ; encore ces

instituts n’ont-ils j ; is pris de grands développe nts.

Le plus prospère d’entre eux, j’entends celui des mékitaristes de Venise, compte à peine une soixantaine de libres, unis par l’obéissance à un même supérieur rai, soumis à une ré^le commune quand ils se trouvent en communauté, mais gardant beaucoup d’indépendance dans leur activité personnelle et dans l’em ploi de leurs n S’il a nue règle, c’est plus

pour le couvent que pour les individus. Cette restriction .voici les associations religieuses encore existantes chez les Arméniens catholiques.

I Les mékitaristes, fondés en 1701 par l’abbé Mékitar de Sivas à Motion, en Morée, institutions par ticulières modifiées plus tard par ordre du saint-siège, cpii obligi i la nouvelle congrégation à choisir entre les trois i tantes de saint Augustin, de saint Basile

et de saint Benoit. C’est cette dernière que Mékitar ii. Chassé de Morée par l’invasion turque, le fonur chercha un refuge à Venise, où, le 8 septembre 1717, il se fixa dans l’Ile Saint-Lazare, mise à sa dispo sition par la sérénissime république. Le rôle joué par les disciples de Mékitar a été trop considérable pour ne pas être l’objet d’un article spécial dans ce dictionnaire. C’est au nom de Mékitar que l’on trouvera leur histoire ultérieure. Depuis la scission provoquée en 1772-1773 par la conduite du successeur de Mékitar, le P. Etienne Melkonian, la congrégation se compose de deux branches indépendantes l’une de l’autre, mais portant le même nom et travaillant dans le même but :

a) Les mékitaristes de Venise, ayant leur centre principal à l’île Saint-Lazare : c’est là que résident l’abbé général, ses six assistants et une vingtaine de personnes, profès, novices ou postulants. Ils possèdent d’autres établissements à Padoue, Élisabethstadt (Transsylvanie), Constantinople, Kadi-Keuy, Baghtchédjik, sur le golfe d’Ismidt, Mouch, Trébizonde, Karasoubazar, Simphéropol (Crimée). Leur nombre total est d’environ soixante prêtres ; ils ont aussi quelques frères convers.

b) Les mékitaristes de Vienne, établis à Trieste en 1773 et transférés dans la capitale autrichienne en 18(0, possèdent dans cette dernière ville un couvent qui rivalise avec celui de Saint-Lazare. Là résident, avec l’abbé général, ses quatre assistants, un secrétaire général, une douzaine de prêtres et un nombre indéterminé de novices et de frères convers. Les autres centres de la congrégation sont : Trieste, Neusatz, Constantinople, Smyrne, Aïdin. Quelques missionnaires isolés exercent le ministère à Szamosujvar et Élisabethstadt (Transsylvanie), à Tyzmienica (Galicie), et enfin à Trébizonde et à Erzeroum (Turquie d’Asie). Pie IX a approuvé leurs constitutions particulières le 23 janvier 1852. Jur. pont, de Prop. fide, t. vi a, p. 122-126.

La littérature du sujet, très abondante, sera indiquée à l’art. Mékitar. Voir, en attendant, G. Kalemkiar, dans le Kirchenlexikon, Fribourg, 1893, t. viii, col. 1122-1137.

2° La congrégation arménienne des antonins remonte au début du xviiie siècle. Un Arménien catholique d’Alep, Abraham Attar-Mouradian, après s’être enrichi parle commerce, se retira au Liban en 170."), et y fonda de concert avec son frère Jacques, qui était prêtre, le couvent de Krem (1721), puis, un peu plus tard, celui de Béït-Khasbo, à deux heures de Beyrouth. Les deux frères furent bientôt rejoints par d’autres amants de la solilude ; ils embrassèrent une règle et, à l’exemple de leurs voisins, les moines maronites, ils prirent le nom d’antonins. C’est parmi eux qu’Abraham Ardzivian se retira en quittant l’archevêché d’Alep : c’est i ; ràce à eux, non moins qu’aux évéques catholiques de Syrie, que ce même Abraham Ardzivian fut élevé, en 1710, au patriarcat de Cilicie sous le nom d’Abraham Pierre I er. Voir plus haut. Enfin, c’est de leur sein que sortirent la plupart tles patriarches catholiques de Cilicie, à commencer par Jacques Pierre II, qui n’est autre que Jacques Mouradian, l’un des fondateurs de Krem. En 1761, ils s’établirent à Borne et y transportèrent leur noviciat et leur scolasticat en 1831, tandis qu’ils ouvraient en Asie Mineure un certain nombre de missions. Ce fut la plus belle page de leur histoire. Quand éclatèrent les troubles de 1867, l’abbé général des antonins, Soukias Casandjian, se mit à la tête tles anlihassounisics. Chassé de Constantinople par Mii r Hassoun, il en appela à Home. Sur ces entrefaites eu ! lieu le concile du Vatican ; Casandjian et les siens se prononcèrent contre l’infaillibilité et entrèrent en révolte ouverte envers l’autorité pontificale. Excommuniés, ils s’enfuirent de Rome peu dant la nuit, ±-M-r à la protection de l’ambassade de France, el se transportèrent à Constantinople. La plupart persévérèrent dans leur schisme, entre autri P. Malachia Ormanian, devenu depuis directeur du séminaire d’Armache et actuellement patriarcl rien de Constantinople. Après tant d’orages, la congrégation n’existe presque plus. Cinq à six antonins revenuà l’unité vivent inactifi dans leur couvent d’Ortaki

sur le Bo i pi Expropriés de leurs couvi nta de l

K i. j… iln..m tauvi et lui di ! il Khasbo quen , , , , , , , , 11., ni l’administratioii à di

RM I de » m’Karapel 1

det i, n i Igni mi a’M " Ormanian.

30 Les instituts religieux de femmes sont représentt cl, ’, ./, les catholiques par les Sœurt arménienne ! de l’Immaculée-Conception, fondées par M" llassoun, en 1852. Leur but es1 l’éducation des filles de toute cl depuis l’enfant noble jusqu’à l’orpheline. Contrairement aux autres congrégations nationales, celle-ci est l’objet de la sympathie nniverselle ; eUe a des écoles pros] à Constantinople (Péra), Psamathia, Buyuk-Déré, Cadi-Keuy, Brousse, Angora, Adana, Trébizonde, Erzeroum, Malatia, Tokat, Artvin, Alep. Les Arméniens non unis on ! également des religieuses, mais en petit nombre ; elles no comptent que quatre couvents : à Jérusalem, Tiilis, Choucha et Nor-Djougha.

/, , s religieuses arméniennes, dans la Revue d’Orient et de la, Hongrie, 8 juillet 1894.

XXI. Missions catholiques. —

Trop grande est la place que les missions tiennent dans l’histoire religieuse de l’Arménie pour que nous négligions d’en parler. Au moyen âge, de nombreux missionnaires arrivent en Arménie.’mais sans y établir, comme ils le firent plus tard, de résidences permanentes. C’est, en 1247, le frère mineur Laurent, qui vient trouver le catholicos Con-, stantin de la part du pape Innocent IV, l’année suivante, une ambassade analogue est confiée au frère André. Rainaldi, Annal, eccles., a. 1247, n. 30, 32, 33 sq. Mais nulle mission n’est plus féconde que celle de Barthélémy de Bologne, de l’ordre des frères prêcheurs, envoyé en Arménie, par le pape Jean KXII, en 1318, avec le titre d’évêque de Maraza : ses prédications appuyées par de grands exemples de vertus ramènent à l’unité un grand nombre de religieux dissidents, entre autres Jean de Khernac, depuis fondateur des frères-vnis. Quand Barthélémy meurt en 1333 sur le siège archiépiscopal de Maxivan, ses confrères dominicains sont répandus dans toute l’Arménie. Le Quien, Oriens christianus, in-fol., Taris. 1740, t. m. col. 1393-1414 ; André-Marie, 0. P., Missions dominicaines dans l’Extrême-Orient, in-12, Paris-Lyon, 1865, t. i, p. 44-53. Grégoire X] leur envoie en 1371 des lettres de félicitations. Rainaldi, a. 1374,

n. 8.

Presque entièrement ruinées par les invasions tartares, les missions.1 Arménie reprennent aux i et XVII" si, ’(les un nouvel essor, mais c’est surtout aux Arméniens de Perse qu’elles s’adressent. Vers 1600, les augustins s’établissent à Ispahan : ils venaient de Goa, envoyés parle grand archevêque Alexis de Meneses, augustin lui-même. Berthold Ignace de Saint-Anne, O. CD, Histoire de l’établissement de la mission dePerse par les pères carmes déchaussés, in-12, Bruxelles, [1885, ] p. 32. En 1609, des carmes déchaussés de la congrégation de Saint-Élie viennent les rejoindre dans la capitale de la Perse. Jbid., passim. Us se fixent aussi peu api

OrmUZ (1612) et à Sel, ira/ (1623). Avant la fin du Bièdi.

„„ | rs trouve a Benderabassi, Hamadan, Bendercougo (1670J Julfe (1679), Bassora (1623 : enfin, au siècle suivant, a Bagdad (1721). Acta sanctorum, t. vu octobr., Paris, 1869, p. 789. Les dominicains se maintiennent dans la province de Naxivan, mais leur situation 5 est très précaire, comme on peut en juger par les procès-verbaux du chapitre provincial de 1710. U provincialium provincim Nexscù Am "" Pm

theologiœmagistrivngeli Smolinski manno Dni 1 > W,


antinople I l n 1650, li P. Rigordi pém

p Chi taud.s instalb Jull

n i., , , , i, colonie ai m* me. A Cliarn iki.. leui

mnain, le P. Polhier, rneurl 1

, , ,, . ni ensuite I. - fond set d l.r 1, roum (1688. d Erivan (1684), d< Chassée d une position, ils’i mparaient

leur entrepria rn< n< des résulUta

inespérés Bans l’ouragan qui, à la fin du xviir chassa du monde. De Dan " l’An »  »

in-12, Paris-Lyon, 1888, p. 107

i souvent compromise par la persécution

violente des maîtres du pas ou par l’abandon rope a été reprise en ce siècle avec uni ém nnu*

jusqu’alors. Dès 1838, 1 ugèn. B simplelalq

â Tibrizet à Ispahan deux écoles pour les Arméni dont les laiaristes fi am ais prennent la direction en’! I, , moins de vingt ans, les mêmes religieux fondent missions à Ounniab, Khosrova, Téhéran, en bveui Arméniens comme des Chaldi 1 as. L - Arm Bagdad et de Bassorah reçoivent les soins d, déchl IX qui peuplent les vila

de Bitlis et de Van s, , ni.’depuis 185Ï

dominicains français l tout autour de d

dences que s’exerce l’action de ces derniers naires sur les Arméniens : la n sid dans l’Arménie majeure, et ci 11 Kurdistan arménien. Comme 1

dominicains à Mossoul, les mineurs capucins ont leur principal centre d’influence à Diarbékir, capitale actuelle du Kurdistan. Tour à tour française 1667-1743 lienne (1742-1841), espagnole depuis 1841), cette mis : compte comme résidences Diarbékir. Mardin, Urfa. Mezeré, Karpout. Malatia. Missiones catholiæ édiL 1 161 ; I.-B. 1

1 atholiques au ru 204.

Ah différence des missions énumérées jusqu’ici, lesquelles s’adressent i tous les dissidents indistinctement compris dans leur rayon d’influence, celle de la / Arménie, dirigée par les jésuites di !.. provint a exclusivement pour but l’évangélis arméniens.

Fondée en 1881, cette mission embrasse actuellement les deux vilayets d’Adana.1 de Sivas, et un celui

d’Angora. Outre une procui l s mtinople, elle

compte six résidences Adan S lokat.

Amassia, Marsivan ou Meriiroun, . s par 31 pères

ou frères. Là, comme ailleurs en Orient, le ira. religieuses forme l’indispensable complément de ! tolat du prêtre. Appelées par les pères jésuites oblates de l’Assomption de Nimes se sont étal Marsivan, à Tokat et à Amassia. tandis que les soeurs de Saint-Joseph de Lyon occupent les trois auti Adan… Sivas et Cl si

n, 1 -j> tfoeu sur FA i 1887,

p. 197-483 ; J.-B. Piolet, op. cit., :

XXII. Mission protestantes. Pendant longtemps il n.ut.1 autres protestants en Orient que les Européens établis dans les différen partirai 1813, que les sociétés bibliques d’Angletei de Russie commencent a s’intéresser au sort des Armé--, et répandent parmi eux. n profusion, les traductions arméniennes de la Bibl. lelivri succède, en 1831, la mission proprement dite : des émissaires du JSoard américain s’établissent à

dans la capitale et dans 1rs provi.illis

d’abord avec faveur, ils voient bientôt le liant cli tourner contre eux. un véritable conllit clal qui. ituant jusqu’en lï uoment, l

triarcht Matthieu lana l’interdit si mente protestants, et la Porte s’empresse d’exécuter la sentence patriarcale au moyen de toutes sortes de mesures répressives. L’intervention de 1 Angleterre et des Étals-Unis ajoute encore aux hostilités ; l’excommunication prononcée par le patriarche contre les Arméniens protestants (l er -13 février 1816) est le signal d’une violente persécution. La vue du sang versé ne fait que rendre l’Angleterre plus exigeante ; au lieu de la simple liberté, c’est une complète autonomie qu’elle réclame en faveur de ses protégés. L’inscription de ces derniers sur les registres de [’Ihtiçab-aghassi (intendant des droits réunis ) ne la satisfait point ; au bout de quatre ans de tergiversations, la Porte doit accorder à la communauté protestante l’indépendance absolue, avec un chef civil propre (novembre 1850).

Voir, pour les détails et les pièces officielles, l’ouvrage du Rev. H. G. O. Dwiglit, Christianity in Turkey : a narrative of the prolestant reformation in the Armenian Church, in-8°, Londres, 1854 ; A. Ubicini, Lettres sur la Turquie, in-12, Paris, 1854, t. ii, p. 405 sq.

Une fois libre, la mission protestante fit d’assez rapides progrés, que favorisaient d’ailleurs l’esprit froid et calculateur des Arméniens et leur absence de traditions. Un séminaire établi à Bébek, sur le Bosphore, en 1810, fut transféré à Marsivan en 1862, et remplacé à Bébek par un collège dû à la munificence de l’Américain Bobert (1863). On compte à Constantinople un millier d’Arméniens protestants. Le reste de la Turquie est partagé en trois missions distinctes : 1° Mission de la Turquie occidentale, avec stations à Constantinople, Brousse, Smyrne, Trébizonde, Marsivan, Césarée, Sivas et lOi postes secondaires ; — 2° Mission de la Turquie centrale, avec stations à Aïntab et Marach, et 45 postes secondaires ; — 3° Mission de la Turquie orientale, avec stations à Bitlis, Erzeroum, Kharpout, Mardin, Van, et 119 postes secondaires. Les missionnaires américains, chargés de desservir ces vingt-deux centres principaux, sont actuellement au nombre de 176, répartis en trois Catégories : 58 membres du clergé, 50 veuves de missionnaires et 68 séculiers.

Il s’en faut que tous ces ouvriers et ouvrières s’appliquent à la même œuvre ; cinq d’entre eux s’occupent exclusivement de publications (publication deparlment), quatre-vingt-onze sont voués à l’enseignement (educational work), huit exercent la médecine (médical work), les autres prêchent ou s’adonnent aux œuvres de bienfaisance (evangelistic work). Il est impossible d’évaluer mèmeapproxiinativement le nombre d’éditions de la Bible, tracts, brochures de toutes sortes que le « publication deparlment » répand chaque année parmi les Arméniens. L’« educational work » comprend trois séminaires pour chacune des trois missions, cinq collèges et quarante-six écoles, fréquentés par 2576 élèves des deux sexes. Au « médical work » se rattachent |i hôpitaux d’Aintab, Césarée, Mardin, Van ; à Vu evangelistic work » , les cent vingt-cinq églises ouvertes sur divers points’tu territoire. Il convient de signaler à part, à cause de leur importance exceptionnelle, la Bible house, à Stamboul, dont la construction a coûté 100000 livres sterling ; le Robert collège, à Bébek, fréquenté par 220’levés ; le collègede filles, à Scutari, ayant 108 aluninm, et enfin les deux grandes écoles de Bardezag pour Il garçons, et de Adabazar pour les filles, les plus florissantes de la Bithynie.

Hors des frontières turques, les Arméniens protestants peu nombreux. Ils comptent, en Perse, des communautés ; i Tébriz, Téhéran et Ispahan ; en Russie, à Choucha, Chamachi, Karakala et Tillis.

Voir H. Gelzer, art. cit., p.88-90 ; Missions of the A. 11. CF. M. urkey and Bulgaria, with supplément concerning Chrisins and their native associâtes in Con-Uanlinople (rapport officiel do t’agence de la Société biblique,

XXIII. Statistique religieuse. —

Les Arméniens, on met. l’a vii, n’habitent pas que l’Arménie. Dispersés un peu partout en Turquie, en Russie, en Perse, dans l’Inde, en Egypte et en Autriche, établis en colonies plus ou moins compactes dans les grands centres financiers et commerciaux de l’ancien et du nouveau monde, ils n’ont été l’objet que de statistiques très défectueuses. Dans ces conditions, il m’est impossible d’indiquer dans quelle proportion ils sont distribués entre les trois confessions grégorienne, catholique et protestante. ISur une population totale de deux à trois millions d’individus environ, le protestantisme compte 40000 à 50000 adhérents et le catholicisme 60000 à 70000 ; tout le reste appartient à l’église grégorienne. Ces chiffres ne sont qu’approximatifs, mais s’ils pèchent, c’est par excès, non par défaut. On en sera sans doute surpris dans certains milieux où l’on n’a d’autres moyens d’information que certains rapports rédigés le plus souvent pour émouvoir, non pour instruire. Mais il ne faut pas oublier que, de tout temps, les Orientaux ont aimé à entier leurs chiffres. Pour les Arméniens en particulier, cette coutume date de longtemps. Le biographe de saint Nersès († 373) n’octroiet-il pas à son héros dans son voyage à Césarée un cortège de vingt-huit évoques, alors que l’Arménie d’alors en comptait une douzaine ?

Voir, pour plus de détails, V. Cuinet, La Turquie d’Asie, 4 in-8° Paris, 1891-1894 ; Ethnographie de l’Asie Mineure, dans le Livre jaune sur les affaires d’Arménie, in-4°, Paris, 1897, p. 1-8 ; Selenoy et de Seidlitz, Die Verbrcitung der Armenier in der asialischen Turkei und in Transkaukasien, dans les Mitteilungen de Petermann, 1896, t. I, p. 1-10 ; J. Barchudarian. Die Armenier und ihre Nachbarvblker in der Turkei, dans le Ausland, 1891, n. 22 ; H. Gelzer, art. cit., p. 90-91.

XXIV. Liste des patriarches. —

Comme complément à l’histoire de l’Église arménienne, je voudrais pouvoir fournir une liste complète des chefs qui l’ont gouvernée ; mais il est impossible, dans l’état actuel de la science, de dresser une table de ce genre avec une exactitude rigoureuse ; la chronologie arménienne est encore si (luttante ! Celle qui va suivre est donc purement provisoire ; œuvre d’un savant ecclésiastique du patriarcat nonuni de Constantinople, elle a paru dans le Calendrier détaillé de l’/iôpital national pour l’année 1900, in-8°, Constantinople, p. 328-333 ; je la reproduis sans changement, mais non sans faire les plus expresses réserves sur la première partie, évidemment légendaire (je l’ai mise entre crochets), sur le titre de saint donné à certains titulaires, et sur quelques dates peu sûres. Tel qu’il est, ce document aura son utilité, car il fournit, surtout pour la période moderne, la succession très complète des patriarches. Ne sont compris dans cette succession à partir de 1441 que les titulaires d’Etchmiadzin, regardés à tort ou à raison comme les seuls légitimes. J’ai ajouté- des numéros d’ordre, afin de mieux distinguer les patriarches légitimes des anlicatholici et des coadjuteurs titulaires ou, comme disent les Arméniens, des colilulaires. On sait que la finale en tzi indique le lieu d’origine : Sisétzi = de Sis, Yétézatzi = d’Édesse, Puzantatzi = de Byzance, etc.

Résidence à Ardaz. 2. S. AristakèB I" Parte’l. S. Thaddée, 85-28 mars 43. 333 2. S. Barthélémy, 44-60. Vertanès Partev, 3

3. S. Zacbaric, 80-76.

4. S. Zémindas, 77-81.

5. Ademersch, 82-95. 8. Mouchèg, 96-126.

7. Chahen, 127-154.

8. Chavarcb, 155-175.

9. s. Ghévontlos, 176-198.

10. N 19.1-219

11. S. Mehgoujlan, 230-260.

12. N -’Résidence à Vitghai cliapat.

341.

4. s. Houssik Partev, 341-347.

5. Pareil Achtichatétzl, 348352.

6. Nersès i" Parte v, le Grand, - juillet 37 : ï.

7. Cli.ilr.iK Manazkenlatzi, 373377.

x. Zaver. Manazkerdatzl, 377 881. 9. AspourakèsManazkerd

381-888.

1. S. Grégoire I" l’Illumina- 1’. S. Chahak I" Partev, le leur, 301-325. Grand. 887-489.

I. - (I

1923

Bon

i

, .

1-487.

, vl Il s h. i i H’i’i !  !, M< I :

i i rdatzi,

161.

14, s. K( ad Arabi, batzi, ’i'.l b à Tvin.

15. S.’ihanni I" Man a

190. H’i. Pa]

17. Samuel ^rdzl i Ig. Moucheh Aïlapi rétzi, 020534.

19. Chahak II Onghki

539.

20. Kristapor 1° Diri ritchtzi,

21. Ghévi al [érast

22. Nersès il Pakrévantatzi,

548-5

23. Ohannès Il Kapéghian, 557

5 i ï. 24. Movsès H Yégbivartetzi, 574-604. Ohannès Pakarantzi, antic,

615. Verlani s, vicaire, 604-1 ii, £5. Apraham I" Aghpatai 607-615.

26. Gomidasvghtzétzi, 615-628.

27. Kristapor II Abaghouni, 628 63 I. v, . i paj..’' : 1 1 : il. rtal a, i’641.

29. Nersès 1Il Chinogh, 041 661.

30. Ans’tzi. 1 61-667.

31. [sraël Otmsétzi, 667-677.

32. Chahak ID Tsora]

677-703. 3 ;. ï

703-717.

34, s. Oh uni 9 m

717-728.

35. T. mi i" Arami

741.

36. Trta ! l’Otznétzi, 741-707.

37, Trtat Il Taznavorétei, 767 38. Sinii Pavoni tzi, 767-778.

39, ] bipatrouchi tzi,

778-791. M). Stépanoa l" Tvinétzi, 791793.

41. Hovap Tvinél

42. Sogbomi n Karnétzi, ’"" 794. 13. KhévorkI"Hi

i 1 Hossep n Kai

., Il K.i !.i I I

H. Ohannès IV OvayéUi, 834 - 7, B55-877.

I Khévork il Karni tzi, 877 B 98, v. S. M n ht < M| bl’898-899. uj. ci…m i P.iini.ii an(Thia i, rien), B90-981,

i I

B

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1 i 972. 57. Khatchik I" Ai 972

Résidence à I

-1019.

59. peu i K i’'’I’19 1054. l

ticalh., 103W Khatchik Il Anétzi,

juteur, i 1 lence à Tav

60. Khatchik II Anétzi, U 54 61. Siège vacant,

lave.

62. Krikor n Vf tyasi r, l 1 65 3 juin 1 1’5. Kévi rk m i.’rétzi, e

1069-1072. Sarkis Hesnétzi,

1076-1077. Xhéol iros Ual li sig, antic,

L077-1085. Parsegh I" Anétzi, coadj.,

108M105. i ; L i, ../ Varakatzi, antic, 1087.

à Siavlèr.

63. Parsegh 1° Anétzi, 11050v. 1113.

64. Krikor Ml Pagl la 1113-1166.

Tavit Aghtamartzi, antic. 1114 / ;. gidi nce A " omfcto.

, -, g, , : - r - IV i i.

17 avril 111 6 66 Kir. or I i.’11731193.

67. Krikor V Karavèj, 11931194.

68. Kriki r vi Apirat, 11941203.

Parse h " toi 1195

69. Ohannèa VI M 1203-1212.

Anania Sépastatxi,

1204-1 Tavil ni Arkagaghnétzi,

1 _-J i i

71, ; pi" Klayétxi, 121

72. O n Lantin HP 13avi

1290-1

74. Kl’Ml

192 S

1624 6. Y<

1 mai 171540 1725.

110. Karapel Il i

111. A] rah ; oi II Kl 1730-Il n n

112

113.

1751.

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114

1T.M117. A

119. G

— 1.

120. I lI 121. 1

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122., > 1831.

123. Ohanm s MU B

124. Nersès

126. Ki’. IV 1 127. M 188

i

Dans Bon Orient christ i col. 1371-1416

, , !, „, , „. une liste de 130 patriarches jusqua Abra-II 1730-1731. mais il a rail entrer dans ceU. beaucoup d’anti patriarches ou de simples cotitulau,

81. Coi

1374

^

B4. Kai

85 - ; Ml - ".

I 1411-1416. 87. Boghoe n Kan

1429-1

, [X Moi ssa] ékian, -1441.

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90. Kira’J uin

1441-1443.

91. Krikor X Tchalalpékian,

1443-1

— 1446Aristakès Il Atoragal,

Zacariavghtamartzi.ai

1461 Sarkis 11

1462-1469. 92. Aristakès II AI

1469.

rkis H Atehatar,

1 174. Ohannès vu Atchakir,

." -l’.Ti. 94. Ohanm -Ml Uchakir, 14741484. Sari - m Musf i

1484 1515. Arlstakèa 111. i 1499.

i.’.ir..

1515


98 Krikor XI Pi 1541.

— Salm

Mikai ! —

!

I. ;.. 1565 l’article, on n’indiquera ici que les ouvrages les plus importants : M. Tcliamtcliian, Histoire d’Arménie, 3 in-4o, Venise, 17811787 (arménien) ; M. Chamich, History of Armenia, trad. Joli. Audall, 2 in-8o, Calcutta, 1827 (abrégé du précédent) ;.1. Sain t-Martin, Mémoires historiques et géographiques sur l’Arménie, 2 in-8o, Paris, 1818-1819 ; V. Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, 2 in-8°, Paris, 1867-1869 ; M. Brosset, Collection d’historiens arméniens, 2 in-8o, Saint-Pétersbourg, 1874-1876 ; E. Dulaurier, Historiens arméniens des Croisades, in-fol., t. i, Paris ; le t. il, entièrement imprimé, doit paraître prochainement. Les ouvrages qui précèdent sont surtout des recueils de documents ; pour l’histoire suivie : et. Giovanni de Serpos, Compendio storico di memorie cronologiche, 3 in12, Venise, 1786 ; Garabed Chahnazarian, Esquisse de l’histoire de l’Arménie, in-8° Paris, 1856 ; E. Dulaurier, Histoire, dogmes, traditions et liturgie de l’Église arménienne orientale, %’édit., in-8 Paris, 1857 ; 3’édit., ibid., 1859 ; la première édition a paru sans nom d’auteur, in-8o, Paris, 1855 ; J. Issaverdens, Armenia and the Armenians, t. H, Ecclesiastical history, in-16, Venise, 1875 ; Arsak Ter-Mikélian, Die armenische Kirche in ihren Beziehungen zur byzantinischen (vom iv bis zum xiii J.ilnhundert), in-8o, Leipzig, 1892 ; H. Gelzer, Arménien, dans Healencyklopddie fur protest. Théologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1897, t. ir, p. 63-92. — V Armenia deGiuseppe Cappelletti, 3 in-8o, Florence, 1841, est très superficiel, et Y Arménie d’Eugène Bore, dans l’Univers pittoresque, Russie, in-8° Paris, 1838, t. ii, est très incomplet, de même que Cl.Galano, Conciliationis Eccle-six armense cum Romana pars prima historialis, in-fol., Rome, 1690 (1. 1650). Pour plus de détails, voir U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge. Topo-bibliograpltie, l"fasc, Montbéliard, 1894, p. 216-219.

L. Petit.


II. ARMÉNIE. Conciles.


I. Du concile de Nicéc à celui de Vagharchapat (325-491).
II. Du concile de Vagharchapat à celui de Karin (491-633).
III. Du concile de Karin à celui de Chirakavan (633-862).
IV. Du concile de Chirakavan à celui de Hromkla (862-1179).
V. Du concile de Hromkla à celui de Florence (11791439).
VI. Du concile de Florence à nos jours.

Le miroir d’une société, c’est sa législation. On n’aurait donc pas de l’Église d’Arménie une image fidèle si, au tableau de ses vicissitudes extérieures, ne venait se joindre un exposé sommaire de son organisme interne, tel que nous le montrent ses conciles nationaux. L’histoire de ces conciles présente, il est vrai, une difficulté toule spéciale ; pour la plupart d’entre eux, les documenls officiels, je veux dire les actes, n’ont jamais été publiés. Le peu que l’on en sait se trouve dispersé dans cent livres divers, d’un accès mal aisé. Les renseignements qui vont suivre seront donc forcément incomplets et, pour beaucoup d’entre eux, purement provisoires ; il est bon d’en prévenir le lecteur.

I. DU CONCILE DE NlCÉE A CELUI DE VAGHARCHAPAT (325-491). —

La tradition nationale, enregistrée par Agathange, § 169, dans Langlois, Collection des historiens, t. i, p. 190, et par Moïse de Khoren, 1. II, c. xc, dans Langlois, op. vit., t. ii, p. 129, fixe en 325 le premier concile d’Arménie. En revenant de Nicée, Aristakès aurait apporti 1 dans son pays les canons de la grande assemblée, et saint Grégoire, encore vivant, les aurait fait adopter de son clergé et de son peuple dans une réunion plénicre tenue à Vagharchapat, après y avoir ajouté lui-même des canons particuliers. Ce n’est là qu’une belle légende. Au rapport du véridique Korioun, aphie de Mesrob, dans Langlois, op. cit., t. ii, p. 10, c’est seulement au ve siècle que Ghévond, Eznik et Korioun lui-même introduisirent en Arménie les canons de Nicée et d’Éphèse, ri l’on s’étonne de voir des auteurs réceDts comme ArSak Ter-Mikélian, Die armenische Kirche, p. 28, il connu’".1.-1 !. Asgian, Lu e l’Arianismo, dans le Bessarione, t vi 9), p. 522-528, répéter encore les fausses assertions, du pseudo-Agalhange et du pseudo-Moïse. Quant aux

[ions de Grégoire, dont Korioun ne dit mot, elli datent sans doute du temps de Sakak, vers 365. II. Gelzer, // infunge der arm. Kirche, p. 151. Du reste, Vagharchapat n’a aucun titre a jouer au IVe siècle Je rôle de

capitale religieuse ; ce rôle appartient à Aehtichat, dans Ja province du Taron, au sud de l’Arménie. H. Gelzer, op. cit., p. 117 sq. Non moins problématique le concile de 339, sous Verlhanès ; les neuf canons que certains ailleurs lui attribuent proviennent d’une tardive falsification. Voir le résumé de ces canons dans J. Issaverdens, History of the armenian Church, in-16, Venise, 1875, p. 45, et les canons eux-mêmes traduits en latin par Arsène Angiarakian, dans Angelo Mai, Scriplorum velcrum nova collcctio, in-4o, Rome, 1838, t. x, p. 270 sq.

Le premier synode vraiment authentique est celui d’Achtichat, tenu vers 365, sous Nersès le Grand. Fauslus, 1. IV, c. iv, dans Langlois, t. i, p. 239. Une nouvelle organisation ecclésiastique, copiée sur celle de Césarée, y fut établie, un symbole de la foi promulgué, et les canons apostoliques rendus obligatoires pour tous. Les coutumes déjà en vigueur à Césarée touchant le mariage et le jeûne furent introduites parle patriarche réformateur ; les hospices, les hôpitaux, toutes les œuvres charitables inconnues jusque-là en Arménie furent créées, et des écoles, où l’on enseignait le grec et le syriaque, ouvertes à la jeunesse. Le monachisme reçut lui aussi une forte impulsion. Faustus, 1. IV, c. iv ; 1. V, c. xxxi ; Gelzer, op. cit., p. 151-153. On aimerait à posséder dans toute leur teneur ces règles disciplinaires de l’Arménie chrétienne à son berceau ; malheureusement, les historiens ontmieuxaimé les vanter que les faire connaître en détail. Les canons que le recueil de Mai allribue à Nersès ne paraissent pas authentiques, op. cit., p. 312 sq.

Nous sommes beaucoup mieux renseignés sur la législation canonique du lils de Nersès, saint Sahak le Grand (390-439). Nous avons de lui un recueil de règles disciplinaires traduites en latin dans A. Mai, op. cit., p.276sq., el dans A. Balgy, Historia doctrines cathotiese inter Armenos, in-8°, Vienne, 1878, p. 203-207, et en anglais par F. C. Conybearc, The armenian canons of St. Sakak calholicos of Armenia, dans The american journal oftheology, t. n (1898), p. 828-818. J. Issaverdens en a donné le sommaire, History of the armenian Church, p. 73-70. Elles ont pour but de régler la conduite des clercs et des moines, l’économie du culte divin, l’observance des fêtes, les agapes et les repas funèbres. D’après l’opinion généralement reçue, Sakak aurait promulguécestoisauconcilede Vagharchapat) 426). La tradition nationale attribue au même catholicos une grande influence sur les décisions du concile d’Éphèse (431) : j’ai dit plus haut que rien n’est moins fondé. Comme les Arméniens n’eurent aucune part à celle assemblée, il est probable que le concile d’Achtichat, réuni, dit-on, en 432 dans le but de promulger solennellement les décisions d’Éphèse, est une pure fiction. L’unique synode tenu en Arménie dans l’affaire du nestorianisine parait être celui de 435, à l’issue duquel on envoya une députation au patriarche Proclus pour lui demander qui avait raison, de Théodore de Mopsueste ou d’Acace de Mélitène, de Diodore de Tarse ou de Rabulas d’Édesse. Voyez ci-dessus, col. 1895, les indications bibliographiques sur cette ambassade ; ajoutez-y Cl. Galano, Conciliatio Ecclesia armenae cum iomona, in-fol., Rome, 1690, t. i, p. 08-74. Certains canons attribués à Elisée el à Isaac se trouvent dans A. Mai, op. cit., p. 312.

Au lieu de mener au dehors la campagne contre l’hérésie, l’Arménie devait songer à l’extirper de son propre sein. A cetle époque, elle se trouvait menacée dans son existence même par des sectes sans nombre, issues du messalianisme. l’ourse faire une idée de cette déplorable situation, on n’a qu’à lire les vingl cai du concile de Chahapivan (447), dont la plupart, et en particulier le H", le 19" et le 20 » , sonl précisément dil contre lesadept locales. Texte des cai

me fausse date dans A. Mai, up. cit., p. 293 ; cf.

Karapet Ter Mkrtlschian, Die Paulikianerim byzantin.