Dictionnaire de théologie catholique/ANGE. VII. chez les Arméniens.

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 648).

saint Michel, fêté le 12 mars, est le protecteur des crues du lleuve. Nilles, Kalendarium manuale, Inspruck, 1898, t. i, p. 697, note 3. Les syriens, comme les grecs célèbrent la commémoration des anges le 8 novembre. Les arméniens la célèbrent aussi à la même époque de 1 année, c’est-à-dire le samedi après le VIIIe dimanche de l’Exaltation de la Croix. Ibid., t. i, p. 463 ; t II, p. 619. Les nestoriens, qui mentionnent fréquemment les anges dans leurs offices, ne leur ont pas dédié, semble-t-il, de fête particulière.

VI. Erreurs sur les anges.

L’erreur commune des nestoriens est que les anges ne jouissent pas de la vue de Dieu, et que la béatitude, pour eux connue pour les hommes, ne doit consister que dans la contemplation de l’humanité du Christ. « L’incessant désir des êtres raisonnables est d’approcher du créateur ; mais ni dans ce inonde ni dans l’autre il n’est donné à la créature de voirson auteur qui habite dans la lumière, et toutefois reste invisible aux anges de lumière eux-mêmes. Mais dès qu’ils en sont jugés dignes, les saints anges et les hommes purs et justes dès ce monde contemplent Notre-Seigneurà visage ouvert ; ils jouiront de son amour dans le siècle futur, lorsque toutes les créatures, raisonnables, corporelles et incorporelles, y seront réunies dans la perfection. » Livre des Pères, I, v, 3, fol. 152, p. 10. Voir Assémani, Disscrlalio de Syris Nestorianis, dans Bibliot/teca orienlalis, t. m b, p. ccxxxii, ccxxxiv. Voir aussi les fragments arméniens de Grégoire le Thaumaturge : Louange de la Mère de Dieu, dans Pitra, Analecta sacra, Spicil. Solesm., t. iv, p. 159, 406.

Les écrivains nestoriens expriment un autre sentiment, en corrélation avec l’idée de la privation de la vision divine ; c’est que les anges d’ordres inférieurs ne jouissent pas continuellement de la vue des chérubins, qui sont les plus élevés. Livre des Pères, I, vi, fol. 156 b, p. 13. J. Parisot.

VII. ANGÉLOLOGIE dans l’Église arménienne. —

1° Saint Grégoire Illuminaient-, apôtre de l’Arménie ({ 332), dans sa Doctrine conservée par Agathange, auteur contemporain, dans son Histoire, Venise, 1862, dit des anges : 1° « Dieu créa de la terre les corps terrestres, et de la lumière les anges, en les ornant d’une lumière splendide, » c. xxxvi ; 2° « Ils habitent dans les airs supérieurs, au-dessus du firmament des eaux, » c. xxiv ; 3° « Ce sont des êtres doués d’intelligence et de raison : et par l’office de leur ministère, ils sont chargés de transmettre aux hommes les ordres de la majesté de Dieu, » c. xxxi. — Voir aussi Garabed Toumaian, Agalltangelos et la doctrine de V Église arménienne au v siècle, Lausanne, 1879, p. 118-129.

2° Eznïg de Golp, évéque de Pakrévante, auteur classique de la première moitié du Ve siècle, a composé un immortel écrit philosophique sur la Réfutation des sectes. Il y explique ainsi la nature des anges (nous reproduisons avec des retouches la traduction de Le Vaillant de Elorival, Paris, 1853) : 1. « Il faut savoir que les anges… sont incorporels, car il est dit d’eux : Il a fuit scs anges esprits, et ses ministres des flammes de feu. Ilebr., i, 7. Or l’Écriture les appelle esprits, à cause de leur vélocité : comme si elle disait qu’ils sont plus légers que les vents ; car pour dire esprit et vent, on emploie le même mot en hébreu, en grec, en syriaque et aussi en arménien. Ils sont appelés encore des êtres enflammés, à cause de leur impétuosité : aussi est-il écrit d’eux, qu’ils sont puissa71ts et remplis de force pour faire sa volonté. Ps. en, 20. Ce n’est pas toutefois qu’ils soient de la nature du vent et du (eu ; car s’ils étaient de celle nature, ils seraient conséquemment appelés corporels et non pas incorporels… Leur nature est donc au-dessus du vent et du feu, plus déliée el plus véloce que l’intelligence. » L. I, c.xxin. — 2. E/nig de Golp en tire ensuite celle conséquence : « Puisque

les anges… sont incorporels, par cela même ils sont sans générations ni lignée. » Ibid., c. xxiv. « Les anges… ne reçoivent ni accroissement par naissance, ni diminution par mort ; mais comme ils ont été créés et institués, de même aussi ils restent en même nombre sans accroissement et sans diminution. » Ibid., c. xxv. — 3. En parlant des apparitions des anges aux patriarches, il dit : « Le Fils de Dieu, venant près d’Abraham avec deux anges, daignait manger dans sa tente. » Ibid., c. XXIII.

— 4. La doctrine des anges gardiens est clairement exposée. « Nous savons, dit Eznig, d’après les saintes Écritures, que les anges sont des serviteurs (arpangag) qui viennent au secours des hommes, des nations et des royaumes, selon ces paroles, Deut., xxxii, 8 : lia marqué les limites des peuples selon le nombre des anges de Dieu (la version arménienne faite sur les Septante porte : selon le nombre des enfants de Dieu ; tandis que la Vulgate lit ici : fdiorum Israël). De même aussi Jésus-Christ dit dans l’Évangile : JVe méprisez pas un des petits, car leurs anges voient toujours la face de mon Père qui est dans les deux. Matth., xviii, 10. Il parait donc qu’à chaque homme en particulier est attaché un ange gardien ; quoique d’autres aient cru, que ces paroles ont été dites par Notre-Seigneur au sujet de la prière : comme si les prières des hommes qui remontent sans cesse devant Dieu, étaient appelées anges. » Ibid., c. xxvi. — 5. En parlant de la vie que possèdent les anges, il dit : « C’est de la plus grande impiété de regarder la vie de l’essence de Dieu comme appartenant à tous les êtres spirituels… et de n’admettre point plutôt une vie créée dans les anges. » L. III, c. vi.

— 6, Il compare les vierges de la sainte Église aux esprits célestes, car « elles renoncent aux bonnes créatures de Dieu, pour aimer davantage le Seigneur : afin que, en ressemblant aux anges de Dieu, chez qui il n’y a ni mâle ni femelle, elles montrent aussi sur la terre la même vertu ». L. IV, c. xill. — 7. Il dit relativement aux astres lumineux, que « quelques-uns ont supposé que les anges les dirigent ». L. III, c. vu.

3 » Saint Nersès le Gracieux, patriarche de l’Arménie (1102-1173), dans le sermon prononcé le jour de son élection parle ainsi des anges : « Les esprits incorporels ayant hérité l’état béatifique, l’immortalité et l’impassibilité, ont gardé immuablement, depuis leur origine, la possession de la gloire et l’honneur ; car les dominations, les puissances, les principautés et les autres ordres hiérarchiques n’ont point permuté les uns avec les autres, en s’élevant plus haut d’un grade inférieur ; ils ne subiront jamais de changement dans ce qu’ils possèdent : mais toujours, durant toute l’éternité, ils conservent ce qu’ils ont reçu du créateur au commencement de leur existence. » Voir Sancti Nersetis Clajensis opéra, Venise, 1833, t. ii, p. 198.

Inutile d’ajouter, enfin, que l’Église arménienne, tant dans la liturgie de la messe que dans le bréviaire, invoque, les saints anges. J. Miskgian.

VIII. ANGÉLOLOGIE parmi les averroïstes latins.

— I. Doctrine d’Averroès sur les intelligences séparées. IL Angélologie des averroïstes latins au xine siècle. III. Angélologie des averroïstes latins au xive siècle.

I. Doctrine d’Averroès sur les intelligences séparées. — Les doctrines d’Averroès avaient déjà pénétré dans le monde latin dès la première moitié du XIIIe siècle, avec ses commentaires sur Aristote. Averroès affirmait la communauté d’un même intellect agent pour tous les hommes, à qui il refusait par suite l’immortalité personnelle et la liberté. Il admettait aussi l’éternité du monde et niait que la providence de Dieu s’y exerçât autrement que par des lois fatales et des intelligences intermédiaires agissant sans liberté. Ces intelligences séparées de la matière répondent dans son système aux anges des théologiens. Elles forment entre elles une échelle