Dictionnaire de la Bible/Tome 3.1.b GREC-HERNIE

Dictionnaire de la Bible
(Volume IIIp. 170-334).

un nom nouveau que seul connaît celui qui reçoit le caillou. Apoc, ii, 17.

H. Lesêtre.

1. GREC (hébreu : Yâvân ; grec : Ἕλλην, ἑλληνικός ; latin : Græcus), nom ethnique. La Bible désigne sous ce nom tous les peuples qui parlent la langue grecque, aussi bien ceux d’Asie et d’Afrique que ceux de l’Hellade proprement dite. La première mention que la sainte Écriture fasse des Grecs est dans la Genèse, , x, 2. La table ethnographique nomme, parmi les descendants-de Japhet, Yâvân, mot qui sous la forme lavanu désigne la Grèce et l’Ionie dans les inscriptions de Sargon à Khorsabadet de Darius à Behistoun. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit. in-12, Paris, 1896, l. i, p. 340, n. 1. Voir Javan.

I. Le mot Ydvân est resté en hébreu pour désigner les Grecs dans Isaïe, lxvi, 19 ; Ézéchiel ; xxvii, 13, 19 ; Daniel, viii, 21 ; x, 20 ; xi, 2 ; Zacharie, ix, 13. Dans ces diverses passages, les Septante emploient les mots Ἑλλάς, Ἕλλην v, et la Vulgate les mots : Græcia, Græcus. Les hébreux, vers l’époque de la captivité, ont dû connaître les Grecs en Egypte, car Psammétique employait des Ioniens et des Cariens comme mercenaires. Les Grecs étaient installés près de Bubaste, dans une partie de l’Egypte avec laquelle les Juifs avaient de fréquents rapports. Voir Cariens, t. ii, col. 281. — Isaïe, lxvi, 12, prophétise que les Grecs seront convertis par les Apôtres d’origine juive. — Joël, iii, 6 (hébreu 11), dit que les Tyriens vendaient les fils d’Israël comme esclaves aux Grecs. Il est encore question du commerce d’esclaves et de vases d’airain que les Grecs faisaient avec les Tyriens dans Ézéchiel, xxvii, 13. Daniel, viii, 21-25, prédit la puissance du bélier, c’est-à-dire d’Alexandre, roi des Grecs, et des rois qui se partageront son empire. Voir Alexandre, t. i, col. 346. Zacharie, ix, 13, annonce lés victoires des Machabées sur les rois grecs de Syrie ; Alexandre est désigné sous le nom de premier roi des Grecs. I Maçh., i, 1 ; vi, 2. Voir Alexandre, 1. 1, col. 245. Alexandre visita Jérusalem, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 3, et quelques Juifs se joignirent à lui dans son expédition contre les Perses. Josèphe, Cont. Apion., ii, 4. Les rois de Syrie qui soumirent la Palestine à leur domination sont également appelés rois des Grecs. Ce titre est donné à Antiochus IV Épiphane. I Mach., i, 11. Lorsque les Juifs sollicitent des Romains leur secours contre ces princes, ils demandent qu’on les soustraie au joug des Grecs. I Mach., viii, 18. Les mœurs grecques séduisirent un grand nombre de Juifs, même parmi les prêtres. Ceux-ci s’adonnèrent aux exercices helléniques, notamment à ceux de la palestre, au jeu du disque, etc. H Mach., iv, 15. Cependant la plupart restèrent fidèles aux coutumes et à la religion juive et Antiochus Eupator se plaint de ce qu’ils ne veulent pas adopter les mœurs grecques. II Mach., XI, 24. Les Grecs avaient établi des garnisons nombreuses en Palestine. Ils occupaient en particulier la citadelle de Jérusalem.

H. La langue et la monnaie grecques se répandirent en Palestine sous la domination syrienne. Voir Grec biblique ; Drachme, t. ii, col. 1502 ; Didrachme, t. ii, col.’l427 ; Monnaie.

III. Les Juifs furent en rapports avec les Grecs de l’Hellade proprement dite sous les Machabées. Le grand-prêtre Onias Ier demanda aux Spartiates leur alliance, et le roi Arius lui répondit par une lettre dans laquelle il affirmait que « les Spartiates et les Juifs étaient frères et de la race d’Abraham ». I Mach., xii, 20-23. Voir Arius, 1. 1, col. 965, et Spartiates.

IV. Les Juifs, dans les siècles qui précédèrent la venue du Messie, se répandirent en grand nombre dans les pays de langue grecque, ’en Asie, dans l’Hellade proprement dite, en Egypte et dans l’Italie du sud. Ils furent généralement bien traités et dans beaucoup de cités, ils avaient une sorte d’autonomie et souvent des privilèges, notamment à Alexandrie, à Cyrène, à Antioche et à Smyrne. Voir Cité (Droit de), t. ii, col. 786. C’est pour ces. Juifs hellénistes que fut faite la traduction des Septante. Un certain nombre d’entre eux écrivirent en grec des ouvrages remarquables ; tels furent l’historien Josèphe et Philon.

Les Juifs hellénisants étaient nombreux à Jérusalem. Il y en eut parmi les premiers chrétiens et nous voyons qu’ils n’étaient pas toujours d’accord avec les palestiniens. Ils se plaignirent que leurs veuves étaient négligées. Act. ; vi, 1. C’est à la suite de cette réclamation que furent choisis les premiers diacres qui, leur nom l’indique, furent choisis parmi les hellénisants. Act., VI, 56. Les Juifs hellénisants non convertis furent les adversaires les plus acharnés de saint Etienne. Act., ix, 29. Le texte grec emploie pour désigner les Juifs hellénisants le mot Ἑλληνιστής que la Vulgate traduit par Græcus. Voir Hellénistes. Le mot Ἕλλην dans le Nouveau Testament désigne les païens en général, Rom., i, 14, 16 ; ii, 9, 10 ; iii, 9, etc., parce que les premiers d’entre eux auxquels s’adressèrent les apôtres furent, en effet, des Grecs. Act., xi, 20 ; ix, 4. Saint Paul, pour affirmer que l’Évangile est destiné à tous les peuples, répète qu’il n’y a chez les chrétiens aucune distinction entre les Grecs, les Juifs et les Barbares. Rom., x, 12 ; Gal., iii, 28. Les Grecs recherchent la sagesse, mais il leur prêche le Christ crucifié qui est folie pour ceux qui ne veulent pas accepter sa doctrine mais puissance et sagesse pour les élus juifs et grecs. I Cor., i, 22-25. La connaissance qu’avait saint Paul de la langue grecque le rendait particulièrement apte à la mission que Dieu lui avait réservée de prêcher l’évangile aux païens. Act., xxi, 37. Il fait cependant observer à plusieurs reprises qu’il ne s’adresse aux Grecs qu’après avoir d’abord prêché aux Juifs. Rom., i, 16 ; ii, 9, 10 ; cf. Act., xiii, 46, etc.

E. Beurlier.


2. GREC BIBLIQUE. On appelle ainsi le grec de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. Le premier se compose 1° du grec post-classique parlé à l’époque de la traduction ou de la composition des livres de l’Ancien Testament et 2° d’un élément hébraïsant. Le second se compose 1° du grec post-classique parlé à l’époque où ont été écrits les livres du Nouveau Testament, 2° d’un élément hébraïsant et 3° d’un élément chrétien.

Ire Partie. — Histoire de la formation du grec biblique.

I. DIFFUSION DU DIALECTE ATTIQUE.

Période alexandrine ou macédonienne.

Les conquêtes d’Alexandre, les guerres et les bouleversements politiques qui se produisent sous ses successeurs broient les petites nationalités grecques, mettent violemment en contact les Grecs et les Asiatiques (y compris les Égyptiens), établissent entre eux des rapports nécessaires et suivis, et détruisent leur esprit national, particulariste et exclusif. C’est alors que se produit la diffusion de l’hellénisme, civilisation et langue.

Avant Alexandre, il n’existe que des dialectes grecs, dont le principal est l’attique. Désormais, l’attique supplante peu à peu en Grèce les autres dialectes. Il suit les armes d’Alexandre et de ses successeurs et se répand partout avec l’hellénisme, même jusqu’aux frontières de l’Inde. Il s’introduit en Palestine, il fait une fortune brillante en Egypte, à Alexandrie. Il devient la langue des pays grecs et hellénisés, du monde gréco-oriental.

Période gréco-romaine.

Les Romains réduisent la Grèce en province sous le nom d’Achaïe en 146 avant J.-C. Es s’emparent aussi de l’Egypte et des pays hellénisés de l’Asie occidentale jusqu’en Mésopotamie.

L’attique se répand alors du côté de l’Occident, et prend pour ainsi dire possession de Rome ; il s’étend jusqu’en Espagne et en Gaule, grâce aux marchands, aux esclaves, etc.

II. LANGUE COMMUNE OU GREC POST-CLASSIQUE.

L’at

tique qui s’est répandu autour des rivages de la Méditerranée et plus ou moins dans l’intérieur des terres, en Orient et en Occident, a été appelé par les grammairiens du iie siècle « langue commune », r xqivrj, et « langue grecque », ï| êXXyjvixti. Les modernes l’appellent aussi « dialecte alexandrin » et « dialecte macédonien », parce qu’il appartient à la période alexandrine ou macédonienne. Mais alors, il ne faut le confondre ni avec le dialecte macédonien qu’on parlait en Macédoine^ avant Alexandre et que nous connaissons peu ; ni avec le dialecte alexandrin, c’est-à-dire avec la langue commune telle qu’elle était parlée à Alexandrie, modifiée par des particularités locales. Aujourd’hui, la « langue commune » est le plus souvent appelée « grec post-classique ». — L’attique, qui est devenu la langue commune, n’est pas l’atlique littéraire des orateurs et des historiens d’Athènes, mais l’attique parlé par le peuple, soit à Athènes, soit le long des côtes européennes et asiatiques de la mer Egée. Il doit sa diffusion au commerce, à la navigation, aux guerres, aux expéditions, aux émigrations, aux colonisations, aux affaires politiques, en un mot aux mille rapports établis entre les hommes par les nécessités de la vie pratique. La langue commune est essentiellement la langue parlée, la langue familière et courante, écrite telle qu’on la parlait, et parfois la langue populaire. Elle est aussi, pendant les deux périodes alexandrine et gréco-romaine, une langue vivante, soumise aux influences intérieures et extérieures qui la modifient sans cesse.

III. CARACTÈRES DE LA LANGUE COMMUNE.

Voici les principaux : 1° Formation de nombreux dérivés et composés ou surcomposés nouveaux, sous l’influence des idées latentes du langage et de l’analogie. Adoption de mots et formes dits poétiques ; de mots et formes empruntés aux dialectes mourants ; d’un petit contingent de mots étrangers, sémitiques, perses, égyptiens, latins, même celtiques. Modification dans la prononciation et l’orthographe. Variations dans le genre des noms, dans les flexions nominales et verbales avec une certaine tendance à l’uniformité. Disparition du duel, ainsi que de mots et formes dits classiques. — Modification du sens des mots et des expressions ; certains termes, ayant un sens général, en prennent un spécial, ou inversement ; d’anciens sens se perdent, pendant que de nouveaux s’attachent aux anciens mots ; le sens originel de la métaphore dans certains mots et certaines expressions est oublié. — La nature physique des pays où se parle maintenant la langue commune, les conditions nouvelles de la vie au milieu des développements de la civilisation, des changements politiques et sociaux, produisent de nouvelles idées, de nouvelles métaphores, par suite, de nouveaux mots et de nouvelles locutions. Les nouvelles idées religieuses, philosophiques, scientifiques, etc., amènent aussi de nouveaux termes, de nouvelles expressions, des sens nouveaux et surtout spéciaux donnés à d’anciens mots. — De nouveaux rapports s’établissent entre les mots et leurs compléments et produisent de nouvelles constructions. Les constructions analogiques ou équivalentes influent les unes sur les autres, ou bien permutent entre elles ; ainsi pour l’emploi des cas (avec ou sans préposition), des particules, des modes, des formes des propositions. — Parlée par la majorité du peuple, sur une étendue de pays considérable, la langue commune n’est soumise que très faiblement à l’influence des rhéteurs, des grammairiens, des lettrés ; elle tend à se charger de tours et de termes très familiers, populaires. — Quoiqu’elle fût la même partout, la langue commune présentait çà et là des particularités locales ; ainsi le grec des Hellènes d’Alexandrie. — Elle se distingue si bien du dialecte attique littéraire et des autres dialectes disparus, que les œuvres des poètes et des prosateurs classiques ont besoin d’être commentées. Alors naît la philologie

grecque avec ses scholiastes, ses grammairiens, etc. — Les écrivains post-classiques qui veulent imiter alors les classiques forment une sorte d’école ; ce sont les atticistes.

2° La diction subit des changements essentiels. Le moule littéraire du dialecte attique est brisé. Ne cherchez plus ni les périodes bien liées, variées avec habileté, dont les parties se distribuent harmonieusement et se balancent dans un équilibre plein d’art et de grâce ; ni la mise en relief de l’idée principale autour de laquelle se groupent et se subordonnent les idées secondaires ; ni les nuances et les finesses de la pensée ; ni les métaphores, les comparaisons, les allusions des auteurs classiques ; ni lesatticismes de la pensée et de l’expression. Langue de tous, écrite pour tous, la langue commune évite d’être périodique, synthétique, littéraire en un mot. Elle est familière, analytique, déliée dans ses constructions, aimant à exprimer les idées séparément plutôt qu’à les fondre ; elle vise avant tout à la clarté, à la simplicité, à la facilité. — Aussi, elle est internationale, employée par des peuples très différents, qui ne sont pas grecs, ni même européens, comme les Syriens, les Juifs d’Alexandrie et de Palestine. — Elle est universelle ; elle sert à tous, et pour tout ; souple et flexible, elle peut être employée par tous, elle pr-t exprimer toutes les idées nouvelles, même étrangères.

— L’activité littéraire n’est plus cantonnée à Athènes ni même en Grèce ; elle’se manifeste à Alexandrie, à Antioche, à Pergame, à Rhodes, à Rome, etc.

IV. LES juifs HELLÉNISANTS.

La connaissance et l’adoption de la langue grecque par les Juifs est un des résultats de la conquête macédonienne. — Pendant les périodes alexandrine et gréco-romaine, l’hellénisme et, avec lui, le grec s’introduisent ou tentent de s’introduire en Palestine. Des colonies grecques entourent la Palestine presque de tous côtés. Il s’en rencontre aussi dans l’intérieur de la province. Les cites grecques renfermaient alors une minorité de Juifs, comme des villes juives renfermaient une minorité de Grecs païens. Les différents maîtres étrangers de la Palestine y avaient introduit des éléments d’hellénisation, comme des magistrats d’éducation grecque, des lettrés et des rhéteurs grecs, des soldats mercenaires parlant grec. Hérode I er avait à sa cour des lettrés grecs, comme le rhéteur Nicolas de Damas. Josèphe, Ant. jud., XVII, v, 4. Ajoutez les fêtes, les jeux, les gymnases, les représentations théâtrales en usage chez les Grecs ou les hellénisants de la province, Pour les grandes fêtes religieuses des Juifs, des étrangers hellénisants accouraient en foule à Jérusalem, ainsi que des milliers de Juifs, vivant à l’étranger et parlant grec. Beaucoup de ces Juifs émigrés revenaient terminer leurs jours à Jérusalem ou en Judée. Des relations, exigées par les nécessités de la vie pratique, par le commerce, par l’industrie, par le voisinage, s’établissaient entre l’élément juif et l’élément grec de la population juxtaposés. Ces causes réunies ont produit chez les Juifs de Palestine la connaissance de la langue grecque, mais une connaissance restreinte. Pour tous les détails qui précèdent, voir Éphébëe, Gymnase, Hérode. — Beaucoup de Juifs palestiniens émigrent ; ce sont les Juifs de ^Dispersion. Voir Dispersion (Juifs de la), t. ii, ’col. 1441. Ils adoptent régulièrement la langue de leur nouveau pays. Les Juifs parlant grec, et ce sont les plus nombreux, sont dits hellénistes ou hellénisants, iXkit iota t, Act., VI, 1 ; IX, 29 (et cf. IMrivîîeiv, « vivre comme les Grecs » ou « parler grec » ), tandis que les Juifs appellent tous les païens parlant grec « les Grecs », oî "EXXT, ve{.

— Mais le grec parlé par les Juifs est un grec distinct, appelé « hellénistique » par Joseph Scaliger, Animadv. in Euséb., in-f », Genève, 1609, p. 134. Au lieu de l’appeler « grec » ou « idiome hellénistique », mieux vaudrait dire « grec hébraïsant, langue grecque hébraïsante, langue judéo-grecque ». — Les Juifs lettrés, comme JoJosèphe et Philon, emploient la langue littéraire de leur époque, et non le grec hébraïsant ; ce que nous disons ici des Juifs hellénisants et de leur langue particulière ne s’applique pas à eux.

V. FORMATION DE L’IDIOME HELLÉNISTIQUE.— Les Juifs lettrés savaient seuls l’hébreu. Pendant les périodes de temps qui nous occupent, la langue nationale des Juifs est l’araméen, qui diffère peu de l’hébreu pour la manière de penser et de s’exprimer. Aussi nous appliquons les qualificatifs d’hébraïque et d’hébraïsant aussi bien à l’araméen qu’à l’hébreu, lorsqu’il n’y a pas lieu de distinguer. À parler d’une manière générale, les premiers Juifs hellénisants de la Palestine ou de la Dispersion ont appris le grec par la conversation, par les rapports journaliers du commerce et de la vie pratique, auprès de la partie la plus nombreuse de la population parlant grec, mais la moins cultivée ; ils ont appris le grec parlé ou familier de la langue commune. Leur but immédiat était de comprendre les Grecs et de s’en faire comprendre. Ces Juifs continuaient longtemps encore de penser en hébreu ou à la manière hébraïsante, tout en apprenant le grec et en le parlant. Comme le génie de l’hébreu diffère essentiellement de celui du grec, le grec parlé par les Juifs se chargea de tant d’hébraïsmes et prit une couleur hébraïsante si marquée qu’il se distinguait complètement de la langue commune. C’est le grec hébraïsant. Les Juifs hellénisants le transmettaient à leurs enfants. Ils le transmettaient aussi aux émigrants juifs qui arrivaient sans cesse de Palestine ; ces derniers apprenaient le grec, surtout auprès de leurs frères juifs, avec qui ils entretenaient naturellement et les premiers rapports et les rapports les plus fréquents. Dès lors, le grec hébraïsant est une branche de la langue commune ; il est fixé définitivement comme langue parlée, propre à la race juive. Puis, quand les livres sacrés des juifs ont été traduits ou composés dans ce grec hébraïsant, il se trouve aussi fixé comme langue écrite.. Les Juifs parlant grec habitaient des pays très différents et très éloignés les uns des autres. Mais leur idiome restait le même partout. Le fond de leur langue était la langue commune, la même partout, abstraction faite des particularités locales. L’influence de l’hébreu s’exerçait partout sur elle d’une manière identique. Enfin, l’influence des livres sacrés, qu’on lisait maintenant en grec, favorisait puissamment dans toute la Dispersion l’uniformité du grec hébraïsant parlé. À mesure que les années s’écoulaient, les Juifs entretenaient des rapports plus fréquents avec les Grecs de langue ; la dureté première du grec hébraïsant allait s’affaiblissant ; l’étrangeté de cette langue allait diminuant ; les Grecs pouvaient s’entretenir plus facilement avec les Juifs hellénisants et se familiariser eux-mêmes avec la pensée hébraïque et le grec hébraïsant.

IIe partie. — Ancien Testament grec ou Septante.— Ces deux appellations désignent tous les livres de l’Ancien Testament traduits ou composés en grec, protocanoniques et deutérocanoniques. Les Juifs de la Dispersion et de la Palestine se partagent au point de vue de la langue, pendant les périodes qui nous occupent, en trois catégories : ceux qui ne savent que l’araméen et l’hébreu ; ceux qui savent l’araméen et l’hébreu et le grec ; ceux qui ne savent que le grec. Les Juifs des deuxième et troisième catégories étaient les seuls qui pussent lire les livres composés en grec. Alexandrie fut, pendant la période alexandrine, le berceau de la littérature judéo-grecque. La population de cette ville comprenait alors trois éléments principaux : les colons et commerçants grecs et tout l’élément grec de la cour et des administrations ; les Égyptiens ou indigènes ; les colons et commerçants juifs.’Ajoutez des colons et commerçants venus de toutes les parties du monde. Alexandrie était une ville cosmopolite. La colonie juive était nombreuse et puissante. C’est pour elle, en premier lieu, que l’on a traduit en grec les livres sacrés des Juifs. Les traducteurs ou auteurs des Septante montrent parfois une certaine culture grecque. Cependant, ils ne paraissent pas être des lettrés ; ils ne sont pas maîtres de la langue grecque, dont ils connaissent mal les règles traditionnelles. Ils sont ouverts d’avance et pleinement à l’influence de l’hébreu qui s’exerce puissamment sur leur langue. Les livres des Septante ont eu divers traducteurs ou auteurs, écrivant à de certains intervalles ; de plus, quelques livres ont pu être composés, non à Alexandrie, mais ailleurs ; une différence de main et de style se fait donc parfois sentir ; cependant, la langue reste essentiellement la même ; elle est le grec hébraïsant tel qu’on le parlait à Alexandrie, au sein de la communauté juive ; on y retrouve le grec post-classique de cette ville, avec des particularités locales et un énorme mélange d’hébraïsmes ; beaucoup de ces derniers devaient exister déjà dans la langue courante des Juifs alexandrins ; l’influence du texte hébreu a dû seulement en accroître le nombre ou la dureté.

I. Élément grec ou post-classique dans les septante. — En principe, on regardera comme appartenant à la langue commune tout ce qui, d’un côté, s’écarte de la langue classique, et, d’un autre côté, n’est pas hébraïsant. Exemples : 1° Mots nouveaux et formes nouvelles (dialectales, alexandrines, populaires), ἀναθεματίζειν, ἐνωτίζεσθαι, ἔσθοντες, ἐλήμφθη. — 2° Mots composés (directement ou par dérivation), ἀποπεμτόω, ἐϰτοϰίζειν, ὁλοϰαύτωσις, προσαποθνήσϰειν, προτοτοϰεύω, σϰηνοπηγία. — 3° Flexions nominales. Au génitif Bαλλᾶς, Μοϋσῆ, Num., IX, 23 ; au datif, μαχαίρη, Exod., xv, 9 ; γήρει, Gen., xv, 15 ; à l’accusatif, ἃλω et ἃλωνα, Ruth, v, 6, 14. — 4° Flexions verbales, ἐλεαν, Tob., xiii, 2 ; ἱστᾶν, II Reg., xxii, 34, et ἱστᾶνω, Ézech., xxvii, 14 ; à l’imparfait, ἥγαν, II Reg., vi, 3 ; ἐϰρίνοσαν, Exod., xviii, 26 ; au futur, λιθοϐοληθίσεται, ἐλάσω, ἀϰoύσω, φάγεσαι, Ps. cxxvii, 2 ; à l’aoriste, ἥλθαν, ἀπεθαναν, ϰαθείλoσαν, Jos., VIII, 29 ; ἥρoσαν, Jos., iii, 14 ; εἴπoσαν et εἴπαν, Ruth, IV, 11, et 1, 10, ϰεϰράξαντες et ἐϰεϰραξεν, Exod., xxii, 23, et Num., xi, 2 ; ἀνέσαισαν, optatif 3e pers. plur. de ἀνασείω, Gen., xlix, 9, ἔλθoισαν, Job, xviii, 9 ; au parfait, παρέστηϰαν, Is., v, 29. — 5° Syntaxe : Emploi intransitif de certains verbes comme ϰατισχύω « » Exod., vii, 13, ϰoρέννυμι, Deut., xxxi, 20 ; ϰαταπαύω, Exod., xxxi, 18. Point de duel. Après un collectif singulier, les mots qui s’y rapportent immédiatement s’accordent ad sensum ; mais dans la suite de la phrase le verbe est au pluriel. Les particules adverbiales de mouvement peuvent être remplacées par celles du repos. La particule d’indétermination est ἐάν ; elle se joint aux relatifs (ὅς, ὅστις, ὅπoυ, ἡνίϰα, etc.) pour marquer que le sens du relatif ou la fréquence de l’acte sont indéterminés ; dans le second de ces emplois, on la trouvera avec les temps de l’indicatif. Exod., xvi T 3 ; xxiii, 9. Beaucoup de pronoms sujets ou compléments. Les particules de subordination sont moins nombreuses et moins employées qu’en grec classique ; la langue familière ne peut se parler en liant des périodes. Emploi extrêmement fréquent de l’infinitif avec ou sans article (τοῦ par exemple). Le style indirect est régulièrement écarté sous toutes ses formes, et, par suite, sous celle de l’optatif oblique. Extension de l’emploi du participe au génitif absolu. La construction du verbe avec son complément peut changer, comme avec πoλεμεῖν, Exod., xiv, 25, ἐξείλθεῖν, Num., xxxv, 26. Tendance à employer une préposition entre le verbe et le complément, etc.

II. élément hébraïsant des septante — L’hébreu est une langue essentiellement simple, familière et populaire, un peu primitive même et rudimentaire, par comparaison avec le grec classique. En écrivant, le Juif ne forme pas de périodes ; il ne subordonne pas les idées, il ne les groupe pas et ne les fond pas en un tout en les synthétisant. Pour lui, les idées sont toutes égales et prennent place sur la même ligne, les unes à la suite des autres ; les propositions se suivent tantôt sans être liées et tantôt en étant liées par une particule spéciale appelée « vav consécutif ». La fonction de cette particule ne consiste pas seulement à lier grammaticalement la phrase qui suit avec celle qui précède, mais encore à indiquer qu’il existe entre les deux un rapport logique : de causalité, de finalité, de condition, de comparaison, de conséquence, de simultanéité, de postériorité et d’antériorité, et même de manière, etc. Voir Hébraïque (Langue). Dans le grec des Septante, le vav consécutif est rendu en général par ϰαὶ. — De là la multitude de petites phrases et de fragments de phrases que nous offrent les Septante ; la multitude innombrable des ϰαὶ qui encombrent les pages de ce livre ; l’insuccès des essais de périodes que l’on y rencontre et le désordre assez fréquent de ces périodes ; l’embarras que l’on éprouve au premier abord devant cette manière d’exprimer la pensée, ainsi que pour saisir la valeur nouvelle de la particule ϰαὶ. — Tel est le mécanisme élémentaire et fondamental de l’hébreu et du grec biblique. On s’explique dès lors l’allure générale de ces deux langues.

— Si l’on compare la période artistique des auteurs classiques avec les phrases des auteurs qui emploient cette langue familière, il semble que la période grecque ait été démembrée, désarticulée, pour être réduite à ses éléments disposés séparément. Cette formation du grec post-classique, familière, à tendance analytique, était la condition nécessaire pour que le grec pût se rapprocher de l’hébreu, se plier à la pensée juive, et recevoir d’elle un moulage en partie étranger, tandis que l’attique littéraire y aurait été rebelle. Cette condition remplie, le judaïsme a pu s’approprier le grec, et alors s’est produite la fusion de ces deux langues d’un génie absolument différent, ou, pour mieux dire, l’infusion de la pensée, de l'âme juive, dans un corps grec qu’elle a façonné pour elle par un travail intérieur, très profond et très étendu.

— Deux exemples feront toucher du doigt la transformation du' grec sous l’influence de l’hébreu d’après ce qui vient d'être dit : Jud., xiii, 10 : ϰαὶ ἐτάχυνεν ἡ γύνη ϰαὶ ἔδραμεν ϰαὶ ἀναγγειλεν ϰτλ., littéralement, suivant le génie de l’hébreu : « et la femme se hâta et elle courut et elle annonça, » tandis que le génie du grec aurait demandé : zayéuti ià'jj' yvvti 8pa|ioû<ra àv^YYCtXev, « vite la femme courut annoncer ; » III Reg., xii, 6 : raoç 0(ieîç fiouXeÛEafle xa àwoxpiOû tô Xaô toutû) X<5yov ; littéralement : « Comment conseillez-vous et vais-je répondre une parole à ce peuple ? » tandis qu’on devrait avoir : 71(iç ùfiEÎç pouXeûeoOé (toi àitoxpt6rjveu tû Xaû> toûtu ; « comment me conseillez-vous de répondre à ce peuple ? »

III. Caractères du grec hébraïsant dans les septantes. — Le Juif, en écrivant, suit sa pensée beaucoup plus que les règles de la grammaire, qu’il connaît peu. De là, par exemple : lorsque la phrase commence par une construction périodique, cette tournure tend à se briser, ou l’accord grammatical à cesser. La phrase revient alors à la construction indépendante, plus facile, avec de courtes propositions. Lev., xiii, 31 ; Deut., vii, l-2 ; xxiv, 1-4 ; xxx, 1-3 ; Is., xxxiii, 20. — Le Juif aime à ajouter une explication, l’explication se relie facilement avec ce qui précède au point de vue logique ; grammaticalement, elle s’accorde ou ne s’accorde pas, ou s’accorde comme elle le peut. — Le grec biblique contient une multitude d’accidents de syntaxe : appositions ou juxtapositions indépendantes, changements de nombre, de personne, de genre, de temps et de mode ; répétitions et suppressions de certains mots ou d’une partie de la proposition ; accords bizarres ; absences d’accord, etc. — Les interruptions dans le développement régulier de la phrase et dans l’accord grammatical peuvent correspondre à des pauses ; les parties ainsi détachées reçoivent on accent oratoire ou se rapprochent de l’exclamation et de la parenthèse, et tendent à devenir indépendantes. Gen., vii, 4 ; IV Reg., x, 29 ; Ps. xxvi, 4. — - Le Juif aime à renforcer l’affirmation. On trouvera souvent : le ton interrogatif employé pour affirmer (et nier) plus vivement, IV Reg., viii, 24 ; les expressions : « tout le peuple, tout Israël, tout le pays, personne, pas un seul, » au sens de l’affirmation renforcée et exagérée. — Le Juif, comme tous les Orientaux, emploie les métaphores les plus extraordinaires. Gen., ix, 5 ; Lev., x, 11 ; Ruth, i, 7. — Le Juif aime à rapporter directement les paroles d’autrui. — Les cas n’existent pas à proprement parler en hébreu. Par imitation de la construction hébraïque, quand deux noms se suivent dont le second complète le premier, on trouvera, dans les Septante, par exemple : ϰαταϰλυσμον ὕδωρ. De plus, l’hébreu marque fréquemment la relation entre le verbe et le complément au moyen d’une préposition ou d’une locution prépositive ; les Septante imitent souvent cet Usage. Gen., vi, 7 ; Is., xxra, 20 ; Jonas, i ; iv, 2, 5, 6, 8, 10, 11. — Le Juif aime à considérer l’acte comme accompli ou s'accomplissant, à le représenter comme réel, et à l'affirmer. De là la facilité à concevoir l’acte futur comme accompli déjà ou comme s’accomplissant, Lev., v, 1, 10 ; xiii, 31 ; de là le mélange des temps passé, présent et futur dans les prophéties. De là l’emploi du participe présent, qui montre l’acte comme s’accomplissant. — Les modes grecs ne correspondent pas à ceux de l’hébreu, et le Juif ne pense pas comme le Grec ; plusieurs des modes grecs étaient difficiles à manier pour le Juif. Certains modes deviendront rares, comme l’optatif avec ou sans av, sauf pour le souhait ; comme l’impératif et le subjonctif parfait, et même le participe futur, etc. — Pour le Juif, la parole et la pensée ne font qu’un. « Penser » suppose qu’on a parlé et avec soi et avec d’autres ; « parler » peut signifier que l’on n’a parlé qu’avec soi-même, qu’on a seulement pensé. Le Juif n'établit pas, comme le Grec letlré, une différence nette entre les verbes du sens de « croire, penser, percevoir, dire ». — Les Septante ont été souvent contraints de transporter en grec des mots, des expressions, des constructions purement hébraïques, quand ils ne connaissaient pas d'équivalent en grec. Mais ils considéraient aussi leur texte comme la parole même de Dieu ; ce respect pour le texte matériel favorisait encore, même à leur insu, les hébraïsmes littéraux. — Les doctrines théologiques des Juifs, leurs idées morales, leurs sentiments de piété sont exprimés pour la première fois en grec dans les Septante. La langue en reçoit une physionomie toute nouvelle, tout à fait étrangère. — Il n’est pas une page des Septante qui ne présente des hébraïsmes ; cependant, certains livres sont moins hébraïsants que d’autres ; ainsi la version de Daniel par Théodotion, le second livre des Machabées, la Sagesse, ces deux derniers écrits en grec, etc. — Le grec des Septante prend avec la syntaxe grecque un nombre considérable de libertés ; néanmoins, il règne dans ce livre une uniformité de pensées, de style, d’expression, qui touche à la monotonie. Mais quand on s’est familiarisé avec ce grec particulier, il produit une impression profonde, toute particulière, qui doit provenir du fond. — De prime abord, le grec des Septante, fond et forme, devait être à peu près inintelligible, même pour un Grec lettré, instruit.

IV. EXEMPLES LU GREC BÊBRAÏSANT DES SEPTANTE. —

1° Idées religieuses juives : KOpio ;, « Dieu, le Seigneur maître du monde ; » xti'Çsiv et iroisïv, î créer ; » juveûjia, , « l’esprit ou l’inspiration de Dieu qui possède l’homme inspiré, l’instruit ou le conduit ; » StxaiosOvi), « la justification » théologique ; x*P'5> * ta grâce divine ; » ta (ixrraict, Ta | « | ôvta, « les idoles, les dieux qui n’existent pas. » — 2° Sens juif de mots grecs.-râxxoç, Gen., xxxvii, 53, « habit de deuil ; » apte ;, ôcp-rot, Ruth, I, 6, t des vivres, de quoi manger ; » tô pîjiia, Ruth, iii, 18, « la chose, l’affaire ; » « jxeOoç, Deut., i, 41 ; xxii, 5 ; Is., uv, 16V « un vêtement, un instrument, une arme ; » διδόναι, Deut., xxvii, 1 ; Num, xiv, 4, « établir, constituer, — rendre tel ou tel. » —
3o Métaphores juives  : ἐπέσκεπται Κύριος τὸν λαὸν αὐτοῦ δοῦναι αὐτοῖς ἄρτους, Ruth, i, 6, ="le Seigneur a favorisé son peuple de manière à lui donner de quoi vivre ; " εὕροιτε ἀνάπαυσιν, Ruth, i, 9, « le repos, = la vie tranquille et sûre ; » γένοιτο ὁ μισθός σου πλήρης παρὰ Κυρίου θεοῦ Ἰσραήλ, πρὸς ὃν ἦλθες πεποιθέναι ὑπὸ τὰς πτέρυγας αὐτοῦ, Ruth, ii, 12, ="s’abriter sous sa protection ; " ἐx χειρὸς πάντων τῶν θηρίων ἐκζητήσω αὐτό, Gen., ix, 5, et ἐλάλησεν Κύριος πρὸς αὐτοὺς διὰ χειρός Μωϋσñ, où les locutions métaphoriques avec χειρός sont de simples locutions prépositives, le sens de χειρός étant oublié ; ἐκ χειρός = ἐκ, « de, de la part de, » et διὰ χειρός = διὰ, « par l’intermédiaire de. » —
4o Mots hébreu : σάββατον, οἶφί, κόνδυ, βαάλ. —
5o Expressions hébraïques : εὑρίσκειν χάριν ; καὶ ἰδού ; καὶ ἔσται ; καὶ ἐγένετο ; τάδε ποιήσαι μοι Κύριος καὶ τάδε προσθείη, Ruth, i, 17 ; ἀναστῆσαι τὸ ὄνομα τοῦ τεθνηκότος, Ruth, , 5 ; ἐχθὲς καὶ τρίτης, Ruth, ii, 11, = « auparavant, jusqu’à présent ; » ζῇ κύριος, formule de serment ; ἐπορεύθη ἐν πάσῃ ὁδῷ Ἰεροβοάμ, III Reg., xvi, 26, — « il imita tout ce qu’avait fait… ; » ἐν βιβλίῳ λόγων τῶν ἡμερῶν τῶν βασιλέων, III Reg., xvi, 28d, —
6o Nominatif où accusatif absolus placés en tête : Lev., xxii, 14 ; Num., xx, 5 ; Is., xx, 17, —
7o Féminin avec la valeur du neutre pour désigner des choses. Exod., xiv, 31 ; Num., xix, 2 ; Jud., xix, 30 ; III Reg., xii, 8, 43 ; Ps. xxvi, 24 ; Is., xlvii, 12 ; Ezech., xxiii, 21. —
8o Sens du comparatif et du superlatif, δεδικαίωται Θαμάρ ἢ ἐγώ, Gen., xxxviii, 26, avec = « plus que » ; ἔθνη μέγαλα καὶ ἰσχυρότερα μᾶλλον ἣ ὑμεῖς, Deut., ix, 1 ; τὸ δὲ ὕδωρ ἐπεκράτει σφόδρα σφοδρῶς. Gen., vii, 19. —
9o Mot relatif, à compléter avec le pronom personnel qui suit le verbe : οἷς εἶπεν αὐτοῖς ὃ Θεὸς ἐξαγαγεῖν, Exod., vi, 26, en réunissant οἷς et αὐτοῖς, = οἷς seul ; τὴν ὁδὸν δι’ἧς ἀναβησόμεθα ἐν αὐτῇ, Deut., i, 2, en réunissant δι’ἧς et ἐν αὐτῇ, = δι’ἧς seul ou ἐν ᾗ seul. —
10o Multitude de prépositions et locutions prépositives : γίνεσθαι ὀπίσω τινός, III Reg., xvi, 21, « être du parti de, suivre ; » ἐκτήσατη… ἐν δύο ταλάντων, III Reg., xvi, 24 ; ἔσονται ὑμῖν εἰς ἄνδρας, Ruth, i, 11 ; ἐλάλησας ἐπὶ καρδίαν τῆς δούλης σου, Ruth, ii, 13 ; ἀνὰ μέσον τῶν δραγμάτων συλλεγέτω, Ruth, ii, 15 ; ὅσα ἐὰν εἴπῃς ποιήσω, Ruth, iii, 5, et, au verset suivant, ἐποίησεν κατὰ πάντα ὅσα ἐνετείλατο. —
11o Verbe grec avec sens causatif de l’hiphil : ἐβασίλευσεν τὸν Σαούλ, « il avait fait devenir roi ; » ὃς ἐξήμαρτεν τὸν Ἰσραήλ, IV Reg., iii, 3, « qui avait fait pécher. » —
12o Interrogation et serment avec εἶ : εἶ γεύσεται ὁ δοῦλός σου ἔτι ὃ φάγομαι ἢ πίομαι ; II Reg. xix, 85, Et : ὥμοσα αὐτῷ ἐν κυρίῳ λέγων Εἰ θανατώσω σε ἐν ρομφαίᾳ, II Reg., ii, 8, = « je lui ai juré par le Seigneur de le tuer d’un coup d’épée. » —
13o Proposition conditionnelle, avec la proposition principale introduite par καὶ : ἐὰν δὲ προσήλυτος ἐν ὑμῖν γένηται… καὶ ποιήσαι. Num., xv, 44 ; cf. Ruth, ii, 9.

IIIe Partie. — Grec du Nouveau Testament.

« Les Romains, dit M. Droysen dans son Histoire de l’hellénisme, t. ii, p. 774, ne sont pas parvenus, là où ils

rencontraient des civilisations déjà affinées, à imposer leur idiome avec leur domination, au lien que l’hellénisation paraissait s’implanter sur le sol d’une façon d’autant plus décisive que les peuples auxquels elle s’attaquait étaient à un degré de civilisation plus élevé. » En effet, la Grèce réduite en province romaine et les pays hellénisés conquis par Rome ont conservé leur langue, qui s’est même répandue chez leurs vainqueurs. C’est que le grec était plus facile, plus riche, et beaucoup plus connu et parlé que le latin, quand il s’est rencontré avec ce dernier. Aussi, dans la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, quand la prédication chrétienne s’établit dans le monde gréco-romain, elle parle le grec post-classique du monde gréco-romain, mais un grec hébraïsant, et qui exprime pour la première fois les idées chrétiennes ; d’où les trois éléments de sa langue : grec, hébraïsant et chrétien.

I. ÉLÉMENT GREC OU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT.

Ce que nous avons dit de l’élément grec dans les Septante s’applique aussi à cet élément dans le Nouveau Testament, sauf exception, s’il y a lieu.

1o Vocabulaire.

Le lexique du Nouveau Testament compte en chiffre rond 5500 mots : mots (et formes) classiques, un peu plus de 3000 ; mots (et formes) non classiques ou post-classiques, avec les mots prenant un sens nouveau, plus de 2000. Les seconds se décomposent ainsi :
1o mots et formes des anciens dialectes ;
2o mots et formes dits poétiques, qui ont toujours existé dans la langue parlée, mais que les poètes seuls avaient employés jusqu’alors ;
3o mots et formes paraissant spécialement populaires, très peu ;
4o mots et formes post-classiques, propres à la « langue commune », très nombreux ;
5o mots et formes paraissant propres au Nouveau Testament ;
6o mots étrangers ;
7o mots classiques ayant pris un sens nouveau ; mots grecs ayant pris une signification étrangère, purement juive par exemple.
La plupart des mots post-classiques sont dérivés ou composés de mots classiques. Beaucoup se rencontrent déjà dans les Septante. On trouvera tous les exemples dans les lexiques et Les grammaires du Nouveau Testament. En voici quelques-uns : γογγύζω, ρήσσω, πλημμύρης, συνειδυίης sont ioniens, et, d’ailleurs, l’élément grec des côtes méditerranéennes de l’Asie-Mineure paraît avoir joué un rôle important dans la langue commune ; ἵλεως est attique ; πιάζω, κλίβανος sont doriens ; κράβαττος, παρεμβολή (camp), ρύμη (rue) paraissent proprement macédoniens ; ἑώρακαν, τετήρηκαν paraissent des formes propres à Alexandrie ; βουνός est d’origine cyrénaïque ; εἰπόν est syracusain ; ἐνβριμᾶσθαι se trouve une fois, dans Eschyle ; les formes, apocopées Ζηνᾶς, Δημᾶς, sont populaires ; ἐπίβλημα, εὐκαιρεῖν, καταφέρεσθαι, οἰκοδεσπότης, οἰκιακός, παρεκτός, ἀποκαταλλάσσειν sont post-classiques ; ἐνκακεῖν, ἀποκαραδοκία, ἐπιδιορθοῦν (aussi sur une inscription) sont propres au Nouveau Testament ; sens nouveaux de mots grecs : χρηματίζειν, « recevoir un nom, » ὀψάριον, « poisson, » περιέχειν, « se trouver, » συναέρειν, « compter avec quelqu’un. »

2o Syntaxe.

Les expressions et constructions traditionnelles, qui forment l’ossature de la langue, restent dans le Nouveau Testament, surtout si elles sont claires, simples, faciles. Mais d’autres constructions, familières et faciles, y apparaissent aussi. On les trouvera recueillies dans les grammaires complètes du Nouveau Testament. En voici quelques exemples :
Tendance à unifier les flexions, διδῶ, ἀφίω, οἶδα οἴδαμεν, στήκω, ὁρέων πλοός, νοός. —
Locutions populaires : εἷς ἕκαστος, εἷς καθ’εἷς. —
Sujet partitif du verbe, συνῆλθον δὲ καὶ τῶν μαθητῶν, Act., xxi, 16 ; cf. Joa., xvi, 17. —
Relation particulière établie entre un verbe et son complément : comme l’emploi de εἷς avec l’accusatif ou de ἐν avec le datif, pour le repos dans un lieu ou le mouvement ; comme les constructions de πιστεύειν avec ses compléments, comme κρατεῖν τῆς χειρός, Matth., ix, 25, et κρατεῖν τοὺς πόδας, Matth., xxviii, 9, comme μνημονεύειν τι et τινός, I Thes., i, 3 ; II, 9, comme οἱ χρώμενοι τὸν κόσμον. I Cor., vii 31. —
Ὄφελον, particule invariable pour le souhait irréalisable. Ἄφες, ἄφετε, sorte de verbes circonstanciels avec le sens du français « laissez que, permettez que ». —
L’interrogation directe est introduite par τί ὅτι, ὅτι, ποταπός, etc., ou bien ne prend aucune particule, comme dans la conversation. Λαλεῖν est assimilé à λέγειν et εἰπεῖν ; δείκνυμι, δηλῶ, φανερῶ (= φαίνω) prennent ὅτι. —
La proposition finale avec ἵνα devient envahissante ; elle peut n’être qu’une seule périphrase (analytique) de l’infinitif et lui être coordonnée, comme ἐδόθη αὐτῷ λαβεῖν τὴν εἰρήνην… καὶ ἵνα ἀλλήλους σφάξωσι. Apoc., vi, 4. —

L’indicatif futur et l’aoriste du subjonctif sont regardés comme des équivalents et permutent ; on trouvera le futur après èiv ou une autre particule combinée avec « v, et le subjonctif aoriste après eî ou une autre particule sans av ou èiv. — Beaucoup de participes sont au génitif absolu ou même indépendants, qui auraient dû être fondus dans la construction. Mais bien des constructions de la langue familière employées dans le Nouveau Testament se rencontrent aussi chez les écrivains profanes post-classiques. D’autres constructions, qui appartiennent par nature à la langue familière et se rencontrent pour la première fois dans le Nouveau Testament, sont dites nouvelles ; de fait, la plupart d’entre elles, au moins, devaient être en usage dans la langue familière de l’époque, et particulièrement dans celle des Juifs de la Dispersion. Le grec post-classique, en continuant d’évoluer, est devenu le grec chrétien et le grec byzantin’; parfois, des formes et des constructions du Nouveau Testament trouvent des analogies et des confirmations dans le grec postérieur, chrétien, byzantin, moderne, plutôt que dans le grec classique.

II. ÉLÉMENT LATIN DU GREC POST-CLASSIQUE DANS LE

nouveau testament. — Cet élément n’existe pas chez les Septante, antérieurs à la conquête romaine en Egypte et en Palestine, mais existe dans le Nouveau Testament. Quelques-uns des auteurs du Nouveau Testament se sont trouvés en contact avec dés Latins, à Rome ou dans les provinces. De fait, l’élément latin du Nouveau Testament, d’ailleurs très restreint, existait déjà dans la langue grecque familière de l’époque et dans le grec hébraïsant des Juifs de là Dispersion ; C’est surtout à leurs contemporains parlant grec que les auteurs du Nouveau Testament ont emprunté : des mots comme 5r]vàpiov, xev-cupfwv, xt|V<70{, xoXtovia, xoucrTwSfa, xoSpctvmç, X-eyeûv, XévTiov, ), iëepTÏvoi, <pçnxyOû>, etc. ; des expressions comme ptofiatorC « en latin », xô Exavôv X.a[Lëâvstv, îxavbv jtotsïv xtvÉ, <7U[jiëoiiXiov X. « 6sïv, etc. Notons psêrj, mot celtique latinisé et ensuite grécisé. Voir P. Viereck, Sermo grmcus quo senatus populusque romanw… usi sunt examinatur, in-4°, Gœttingue, 1888 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques, 2e édit., 1896, p. 13-14. — Le Nouveau Testament est une source bien supérieure aux Septante pour la connaissance du grec post-classique. Les auteurs de ce livre savent la langue commune beaucoup mieux que les Septante, et ils en ont plus l’habitude ; ils pensent et composent en grec, plus ou moins correctement, mais plus librement que les Septante, constamment influencés et gênés par le texte hébreu qu’ils traduisaient. Les particularités du lexique, de la morphologie et de la syntaxe du Nouveau Testament constituent les caractères positifs de sa langue. Les mots nouveaux, les sens nouveaux, les formes nouvelles, les constructions nouvelles, même populaires, constituent les gains de cette langue.

111. LA LANGUE LITTÉRAIRE DANS LE GREC DU NOUVEAU

testament. — Elle y est représentée, pour le lexique et la syntaxe, par un assez grand nombre de vestiges, particulièrement dans saint Luc et saint Paul, dont le premier était d’Antioche et le second de Tarse, deux villes pleines de l’hellénisme pendant les périodes alexandrine et gréco-romaine. Ces vestiges sont recueillis dans les grammaires complètes du grec du Nouveau Testament. Voici quelques exemples : o-Jv, plus fréquent (dans saint Luc et saint Paul) que (letâ ; è-ptaX.eïv (saint Luc et saint Paul), au lieu de xocnrropeïv, « accuser ; ti Ç^ty)[mi (Act.), « objet de recherches et de discussion ; » jièv oîv ; [tév et 8s, pour distribuer la phrase en deux parties équilibrées, surtout dans saint Luc et saint Paul, y compris l’Epitre aux Hébreux ; iatioi, au lieu de ot’êant ; oi rap’i naOXov, Act., xiii, 13, « Paul et ses compagnons ; » emploi approprié des verbes simples et de leurs composés ; emploi correct du parfait, ainsi que de l’optatif potentiel et oblique (dans saint Luc) ; interrogation ou

DICT. DE LA D1BI.E

exclamation double (Jac, iii, 5) ; emploi de la proposition infinitive après les verbes du sens de déclarer, et du participe après les verbes de perception ; emploi de Srcwe av (dans saint Luc et saint Paul) ; emploi de constructions synthétiques du sujet et de l’attribut, etc. Mais beaucoup de mots, de locutions et de tours, très littéraires, sont abandonnés ou tendent à l’être ; ainsi : l’optatif, comme mode dépendant ou indépendant, en.dehors du souhait ; plusieurs interrogations fondues en une seule ; les formes enfermant une idée de duel comme sxarepoc, Tcdrepoc ; ôthoç ; orctoç et 6’tkoç >.t avec le futur ; le participe causal avec are, ofôv, oî « , et l’infinitif causal avec iizt tû après les verbes de sentiment ; le comparatif suivi de $ &rm et autres constructions analogues ; lapériode conditionnelle avec l’optatif pour la simple possibilité et plusieurs formes de la période concessive ; en un mot, les constructions et les tours trop synthétiques, difficiles ou délicats à manier, ou trop abstraits, ou demandant un certain travail d’élaboration, de combinaison et de polissage. Les mots, formes, locutions, constructions de la langue littéraire, abandonnés ou tendant à être abandonnés dans le Nouveau Testament, constituent les caractères négatifs de la langue de ce livre et les pertes de cette langue.

IV. RÉPARTITION DE L’ÉLÉMENT GREC (LANGUE LITTÉ-RAIRE ) DANS LE NOUVEAU TESTAMENT. — L’élément grec est inégalement réparti entre les livres du Nouveau Testament, soit pour la quantité, soit pour la qualité. Au premier rang viennent l’Épitre aux Hébreux, les Actes, l’Épitre de saint Jacques : au dernier, l’Apocalypse ; à un rang moyen les autres livres, avec quelques degrés de différence entre eux. La langue des deux ouvrages de saint Luc présente le même contraste ; d’un côté, une correction recherchée et des tours littéraires, dans la narration par exemple, et surtout dans les Actes ; de l’autre, les constructions les plus embarrassées, les hébraïsmes les plus rudes ou une couleur hébraïsante épaisse, principalement dans les discours ou les récits qui ont dû être rapportés en araméen ou en grec aramaïsant. Enfin la langue présente entre saint Paul et saint Luc beaucoup de points de ressemblance, qui donneraient lieu à beaucoup de rapprochements de détail.

7. ÉLÉMENT BÉBRAÏSANT DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

— Ce que nous avons dit de l’élément hébraïsant dans les Septante s’applique aussi à cet élément dans le Nouveau Testament, sauf exception. Jésus-Christ et ses Apôtres avaient pour langue maternelle Taraméen, et, comme ils vivaient à la campagne, leur araméen était plus rude que celui des lettrés des villes et particulièrement de Jérusalem. Tous les auteurs du Nouveau Testament, même saint Paul et saint Luc, nés hors de la Palestine, ont subi l’influence hébraïsante et introduit dans leurs écrits un élément hébraïsant. Aux aramaïsmes il faut joindre les rabbinismes, c’est-à-dire certaines expressions en usage dans les écoles et dans la bouche des rabbins ou docteurs de la loi. Les hébraïsmes du Nouveau Testament sont : parfaits ou complets, quand ils n’ont rien de grec ; imparfaits, incomplets ou partiels, quand ils présentent quelque chose de grec. On trouvera tous les hébraïsmes du Nouveau Testament dans les lexiques et les grammaires du Nouveau Testameûï’et dans les traités spéciaux qui leur sont consacrés. Voici des exemples : I. Mots. — 1° Mots hébreux fléchis ou non, àéaS&ôv, féevva, àprp, naTâv et (ratavâç ;

— 2° Sens hébraïsant donné à un mot grec, Oâvaxoç, « destruction, peste ; » xaxia, « peine, travail ; » à 5t<xëoX.oç, « l’accusateur, le dénonciateur » (en parlant de Satan) ; t) 6 « Xa<Nra, « le lac, ; » à âSrjî, « les enfers » (au sens du Se’ôl hébreu) ; xo >i : oZiyiov, « l’âne ; » eîç, « premier ; » — 3° Métaphores hébraïsantes dans le goût juif, nipS *a <x ?[ia, = « l’homme considéré dans sa nature faible et impuissante ; » itXarjvGiv tïiv xapSc’av, « élargir son cœur = entourer de sa tendresse ; » <nù.ai III - Il χνἰζόμαι, = « je suis ému de compassion, » et σπλάγχνα « l’affection, la tendresse ; » τὰς ὁδούς μου ἐν Χριστῷ, « ma méthode et ma manière d’agir ; » στηρέζειν τὸ πρόσωπον αὐτοῦ τοῦ πορεύεσθαι, = « se déterminer à se rendre ; » πορεύεσθαι et περιπατεῖν, = « se conduire, vivre, agir. » Mais beaucoup d’expressions figurées sont le bien commun de toutes les langues, parce qu’elles naissent spontanément dans l’esprit des hommes, comme « le sommeil de la mort, avoir soif de vengeance, dévorer son bien ». La prose la plus ordinaire contient ces figures. Lorsqu’on en trouve dans le Nouveau-Testament, on doit supposer a priori qu’elles sont hébraïsantes, comme πίνειν τὸ ποτήριον, = « subir son sort ; »

Expressions hébraïques transportées en grec, ἐν γεννητοῖς γυναικῶν = ἐν ἀνθρώποις ; οἱ υἱοὶ τῆς ἀπειθείας = oi ἀπειθοῦντες ; καὶ προσθεὶς εἶπεν et προσέθετο πέμψαι ; —

Besoin d’affirmer et de représenter l’idée, πάντες ἀπὸ μικροῦ ἕως μεγάλου, Act., viii, 10 ; καὶ ὡμολόγησε καὶ οὐκ ἠρνήσατο, Joa., i, 20 ; ἀνοίξας τὸ στόμα αὐτοῦ εἶπεν. Act., viii, 35 ; x, 34 ; διὰ στόματος Δαυείδ, Act., i, 16 ; iv, 25 ; ἐποίησεν κράτος ἐν βραχίονι αὐτοῦ, Luc., i, 51.

II. Syntaxe.

Constructions hébraïsantes : ἀνέπεσον πρασιαί πρασιαί, Marc., vi, 40, « par groupes ; » τρίτην ταύτην ἡμέραν ἄγει, Luc., xxiv, 21 ; ὅτι ἤδη ἡμέραι τρεῖς προσμένουσίν μοι, Μatth., xv, 32 ; —

Construction absolue d’un mot placé en tête de la phrase ou d’une apposition détachée, casus pendens, Marc., xii, 38 ; Luc., xx, 27 ; Act., x, 37 ; Phil, iii, 18, 19 ; Apoc., i, 5 ; iii, 24 ;

Génitif lié au mot précédent pour le qualifier ou le décrire, ἀνάστασις ζωῆς, ἀνάστασις κρίσεως, δικαίωσις τῆς ζωῆς ; σῶμα τῆς ἁμαρτίας ; τὸν οἰκονόμον τῆς ἀδικίας = τὸν ἀδικὸν οἰκονόμον ; τὸν μαμωνᾶ τῆς ἀδικίας, τέκνα φωτός, πληγὴ θανάτου, « une plaie mortelle ; » —

Degrés de comparaison, καλόν σοί ἐστιν εἰσελθεῖν… ἢ δύο χεῖρας ἔχοντα βληθῆναι, Matth., xvii, 8, et λυσιτελεῖ αὐτῷ… ἢ ἵνα σχανδαλίση, Luc. xv, 9, χαλεποὶ λίαν ὥστε, Matth., viii, 28, πιστός ἐστιν καὶ δίκαιος ἵνα ἀφῇ, I Joa., i, 9, « il est assez fidèle à sa parole et assez juste pour remettre… ; »

5° Serment négatif, ἀμὴν λέγω ὑμῖν. Εἰ δοθήσεται τῇ γενεᾷ ταύτῃ σημεῖον, Marc., viii, 12, et cf. la construction grecque dans Matth., xvi, 4 : σημεῖον οὐ δοθήσεται αὐτῇ ; —

Sens hébraïsant donné à une construction grecque ; ainsi le futur de commandement, qui atténue l’idée en grec ordinaire, la renforce en grec hébraïsant. Matth., i, 21. Si la manière de parler hébraïque trouve en grec une expression correspondante, elle favorise l’emploi de cette dernière ; ainsi l’emploi du tour interrogatif pour renforcer l’affirmation et la négation, l’emploi de la conjugaison périphrastique, l’emploi du présent et de l’imparfait aux dépens de l’aoriste de narration, l’emploi de l’infinitif avec τοῦ. Par suite, l’influence de l’hébreu porte aussi sur certaines constructions grecques par elles-mêmes, pour en multiplier l’emploi. Enfin, d’une manière générale, l’hébreu et l’araméen, langues familières et populaires, contribuent par leur influence à faire employer par les auteurs du Nouveau Testament la langue grecque familière avec ses constructions familières et même populaires. —

III. Aramaïsmes proprement dits.

Mots : ἀββᾶ, ρακά, μαμωνᾶς, ἐφφαθά, Κηφᾶς ; γεύεσθαι τοῦ θανάτου, = « subir la mort, » ἔρχου καὶ ἴδε, « venez voir, » formule d’invitation ; δέω καὶ λύω, = « je défends et je permets ; » τὰ ὀφειλήματα, « les péchés ; » τὰ ὀφειλήματα ou τὰς ἁμαρτίας ἀφιέναι ; σὰρξ καὶ αἶμα, cité plus haut ; ὃ αἰὼν οὗτος, ὁ ἐνεστὼς αἰών, ὁ νῦν αἰών, « le monde actuel jusqu’à sa fin ; » ὁ αἰὼν ἐκεῖνος, ὁ αἰὼν ὁ ἐρχόμενος, « le monde futur après la fin de celui-ci ; » μεθιστάνειν ὄρη, « transporter des montagnes ; » θάνατος, Apoc., vi, 8, xviii, 8, « peste ; » εἷς, « un, » article indéfini, et la conjugaison périphrastique sont surtout aramaïsants ; τί ὑμῖν δοκεῖ » formule rabbinique pour introduire la discussion. —

Constructions.

Les hébraïsmes sont moins nombreux pour les constructions que pour le sens des mots. L’hébreu diffère essentiellement du grec ; il était impossible d’imiter en grec beaucoup de constructions de l’hébreu ; mais il était facile, par analogie, d’attacher à un mot grec un sens hébraïsant. D’ailleurs, un étranger s’approprie assez facilement les constructions courantes et faciles d’une langue ; beaucoup moins facilement tous les mots du lexique avec tous leurs sens, ou la couleur générale, le génie de sa nouvelle langue. Josèphe, Ant. jud., xx, xi. —

Quand une locution hébraïsante ou post-classique est propre au Nouveau Testament et se retrouve ensuite chez les écrivains chrétiens, il faut supposer a priori qu’ils ont empruntée au Nouveau Testament, comme στηρίζειν τὸ πρόσωπον, ἐνωτίζεσθαι. —

Chaque catégorie d’hébraïsmes relève d’une loi, d’une règle, dont il est utile de trouver la raison. Ainsi, en grec biblique, les verbes du sens de croire, penser, percevoir, sentir, dire et déclarer prennent ou tendent à prendre la même construction avec ὅτι ; et ceux du sens de « penser » enferment souvent en eux l’idée de parler, dire, comme ἔδοξαν. Matth., i, 9 ; Marc., vi, 49. La raison de ces deux faits, c’est que, pour le Juif, penser et dire sa pensée ne font souvent qu’un. Ainsi l’optatif, en dehors du souhait, est le mode de l’abstraction, de la passibilité, de l’affirmation adoucie ; autant de manières de penser auxquelles le Juif répugne naturellement.

VI. COMPARAISON DE L’ÉLÉMENT HÉBRAÏSANT DU NOUVEAU TESTAMENT AVEC CELUI DES SEPTANTE.

L’influence de l’hébreu a modifié le grec du Nouveau Testament de la même manière que celui des Septante, et produit sur lui les mêmes effets. L’allure générale hébraïsante est substantiellement la même ; les hébraïsmes sont analogues ou identiques à ceux des Septante. —

Les Septante sont une traduction en grec ; les quelques livres composés en grec ont été, pour ainsi dire, pensés en araméen ou en hébreu, et sont presque aussi hébraïsants que les autres. Le Nouveau Testament a été composé immédiatement en grec ; ses auteurs pensent en grec (hébraïsant}), du moins le plus souvent. —

Au Ier siècle de notre ère, le grec hébraïsant se trouvait plus allégé, plus flexible, plus correct, plus riche de tours et de termes grecs que ne l’était le grec hébraïsant des Septante trois siècles plus tôt, au moment de sa naissance. —

Les Septante étaient des Juifs vivant dans un milieu juif, et traduisaient de l’hébreu qu’ils continuaient peut-être de parler et d’entendre, mais qu’ils lisaient à coup sûr, et ils le traduisaient dans un grec à peine né. Les Juifs, auteurs du Nouveau Testament, n’ont pas débuté par écrire aussitôt en grec la révélation chrétienne formulée en araméen. Cette doctrine était prêchée en grec depuis quelque temps quand les livres du Nouveau Testament ont été composés ; c’est cette langue grecque de la prédication chrétienne, déjà formée et courante, que les auteurs du Nouveau Testament ont employée en écrivant, après l’avoir parlée eux-mêmes plus ou moins longtemps. —

Le grec des Septante n’est souvent qu’une traduction servile de l’hébreu. Celui du Nouveau Testament se meut beaucoup plus librement sous l’influence hébraïsante. Par Suite, le Nouveau Testament nous offre la langue grecque familière du Ier siècle beaucoup plus et mieux que les Septante ne nous offrent celle de leur époque. Par suite aussi, si l’on veut bien saisir la manière vraie dont l’hébreu influait librement et normalement sur le grec, il faut se servir du Nouveau Testament et non des Septante. Et, même dans le Nouveau Testament, il faut écarter les morceaux contenant ce qui a été dit ou rapporté en araméen, parce que le grec de ces fragments peut retomber dans la traduction. Il faut choisir les livres, les morceaux, où l’auteur juif pense pour lui-même et s’exprime en grec spontanément et librement ; ainsi les Épitres. —

Les Septante sont une collection de traducteurs, et l’on sent une main différente dans les différents livres ; cependant, la langue et le style y restent

substantiellement les mêmes. Dans le Nouveau Testament, le matériel de la langue, mots et constructions, reste le même, on peu s’en faut, dans tous les livres ; mais le maniement de la langue et le style diffèrent profondément entre les divers auteurs. — Les Septante contiennent des hébraïsmes. Le Nouveau Testament contient de plus des aramaïsmes et rabbinismes. — Dans les Septante, la couleur hébraïsante est épaisse, éclatante ; elle est répandue dans tous les livres et dans toutes leurs parties, et à peu près au même degré partout. Dans le Nouveau Testament, la couleur hébraïsante est saisissable à peu près partout ; mais elle n’y est pas excessive comme dans les Septante, elle y est très inégalement répartie, et cela dans un même livre. À peine sensible dans l’Épi tre aux Hébreux et dans certains chapitres des Actes, elle est très forte dans l’Apocalypse et très inégalement distribuée dans l’Évangile de saint Luc et dans ses Actes, où certains morceaux sont particulièrement hébraïsants. — Les observations précédentes montrent que le Nouveau Testament a été composé immédiatement en grec, et n’a pu être composé d’abord en hébreu et traduit ensuite en grec. — Beaucoup d’idées du Nouveau Testament sont nouvelles, par exemple les idées spécialement chrétiennes ; et ces idées n’existent pas dans la Septante. — La langue du Nouveau Testament est la sœur puinée de celle des Septante, et non sa fille ; la plus jeune a seulement demandé aide et secours à Painée. Au moment d’être prêché par des Juifs dans le monde hellénisant, le christianisme s’est formé sa langue, comme le judaïsme s’était formé la sienne trois siècles plus tôt. — On ne peut comprendre le Nouveau Testament clairement et complètement, sans connaître les éléments essentiels de l’hébreu, comme pour comprendre les Septante. Comme pour les Septante, on ne peut s’attacher à la lecture du Nouveau Testament sans être suffisamment déshabitué de la forme littéraire et traditionnelle du grec classique, et sans s’être familiarisé avec une manière nouvelle de penser et de s’exprimer.

VII. ÉLÉMENT CHRÉTIEN DU NOUVEAU TESTAMENT. —

La première modification linguistique produite par le christianisme a été celle de l’araméen, commencée par Jésus-Christ lui-même, et continuée par ses disciples vivant avec les communautés chrétiennes aramaïsantes de la Palestine. — La seconde a été celle du grec, dans la bouche des prédicateurs chrétiens hellénisants. Elle s’est faite dans les conditions suivantes : 1° Elle a subi l’influence de l’araméen, en tant qu’il avait été christianisé lui-même, et elle a imité ou transporté en grec des expressions araméennes chrétiennes ; 2° La réflexion des prédicateurs chrétiens sur leurs principes religieux, les controverses avec les adversaires juifs ou hérétiques, la réfutation du paganisme, les explications requises pour l’instruction des néophytes, toutes ces causes amènent le développement théorique de la doctrine chrétienne. Mais cette doctrine est aussi pratique ; elle donne de la vie une conception nouvelle, surnaturelle ; elle s’applique à tous les besoins et à tous les actes de la vie ordinaire soumise à la loi morale. Ce développement théorique et pratique du christianisme produit nécessairement une modification correspondante de la langue grecque ordinaire, qui se développe parallèlement pour former la langue grecque chrétienne. Ainsi, dans les Épltres, le péché originel, la grâce, l’habitation et l’opération du Saint-Esprit dans les âmes, la renaissance spirituelle de l’âme et la vie nouvelle qui en découle, l’inutilité des œuvres et des formalités dé la loi juive, les tentations et épreuves, l’attitude du chrétien à l’égard du monde extérieur et de ses biens, voilà des idées qui travaillent maintenant la langue grecque profondément, la développent et la transforment ; 3° Lorsque les auteurs du Nouveau Testament ont employé dans leurs œuvres la -langue de la prédication orale déjà formée dans une

certaine mesure, ils ont contribué à la développer dans cette même direction chrétienne qu’elle suivait depuis l’origine ; 4° Les modifications de la langue sous l’influence chrétienne sont soumises aux lois de l’analogie : le sens propre d’un mot grec est étendu de manière à lui faire exprimer une idée chrétienne ; le sens hébraïsant d’un mot grec reçoit aussi une extension de cette nature ; les composés ou dérivés nouveaux, exprimant des idées purement chrétiennes, suivent les règles ordinaires du grec hébraïsant, etc. ; 5° L’élément chrétien est inégalement répandu dans le Nouveau Testament. Dans les Épitres, par exemple, qui nous donnent le développement des principes chrétiens, il apparaît considérable et frappant, plus net et plus proprement chrétien que dans les Évangiles, où il reste enveloppé de judaïsme ; 6° La couleur chrétienne est parfaitement distincte de la couleur hébraïsante. L’influence et la couleur chrétiennes sont plus profondes et plus étendues dans le Nouveau Testament que l’influence et la couleur hébraïsantes. Mais la couleur chrétienne frappe moins : nous sommes trop habitués aux idées et expressions chrétiennes ; l’élément chrétien consiste surtout dans la christianisation du sens des mots grecs ou gréco-hébraïsants ; il affecte beaucoup plus le lexique, le style et l’exégèse que la morphologie ou la syntaxe. Au contraire, l’influence hébraïsante produit des changements et des irrégularités considérables. — Exemples de l’influence chrétienne : Mots nouveaux, composés ou dérivés, àvavevvâv, àvaÇîjv, à>>.otpi£m<TX0710< ;, ai^xztxyyaltx, pdt7r-Tia |ia, naêêxtimiii, o-uvtrraupoûo-Sai. Mots et expressions prenant un sens chrétien, « prov xXâuat, x<io-| « >i ;, awT7]pi’a, ï<ixq, eùaYTféXiov, x » )pûo-(Teiv et x^puYH* ! °’xXï]Tof ; oî èxXex-TOi, aTtôcnoXoi, uâpTupe ;  ; o’xoSo|ir, et oîxoôo^eiv ; ctvwdev Yevvâirtat ; âxovetv et àpâv appliqués aux actes du Ufot dans l’Évangile de saint Jean. Mots et expressions techniques : potirriÇeiv, rccVmc, ol luazol, Siâxovoç, êict’ffxoito ;, tiffxsiv en parlant de la passion de J.-C, Cîjv h xupîu, TtpedêuTepoç ; tô 7tveû(ia ou icvcOfia âyiov pour désigner la troisième personne de Dieu, et ô X^yoç, ô ylrfç pour désigner la seconde ; (ô) 8eôç avec ou sans article, nom propre du seul Dieu qui existe, de celui que les Juifs appelaient 6 ôsôç 6 ïrôv. Métaphores nouvelles, où les choses du monde matériel expriment les choses du monde chrétien surnaturel, TrepiraxTeiv èv xatvÔTrjTi ïwîjc, xaià aâpxa, èv r|[i.épot, èv màtti, xarà SvOpwTrov, tû> aÛTâ icveii(jiaT(, èv tw ipwrf, etc. ; nérpa axavoaXou, tô axâvSocXov toO (TTaupoû ; Ta (ilXr) toO TtovrjpoO Ta Tceicupto^éva et tôv 6upebv Trje nîorew ;, Eph., VI, 16 ; eï ti ; OsXes ômau> (iou èX8eîv, àicapvr^aàabiù iauTÔv xaî àpàrw tov (rravpbv ocÙtou xat àxoXouOtkw pot, Matth., xvi, 24, avec l’expression hébraïsante ottotw [io’j èXôeïv prenant un sens chrétien ; lirt Taûr » i tîj TOTpa oîxo£o| » )<nt) (io’j tïjv êxxXï](r(av xa miXaf â80y où xaTiff/ûffouiiv aÙTÎjç, Swam <toi Tac xXeCSaç xtX. Matth., xvi, 19 ; à 5>/ eic tôv x<SX ?iov toû itaTpôç. Joa., i. 18. Rapport nouveau, chrétien, entre un mot et son complément et constructions particulières, àitoOavetv tî à(jL « pT ! à ; i ; î]v tô » 8sâ, Çîjv tw 8e<3 èv XpidTtï’Ikjo-oû, Rom., vi, 11 ; t&v 7riaTev<SvTwv Si’àxpo6’jemaç, et x-îjç èv àxpo6u<TTÎot m’o-Teo » ;  ; PauriÇeiv Tivà év nvtJ|j.aTi, ecç nveOjiot, eU tô ovo(ia toû mxTpô ;, èirt xû> àvo^aTi, êv tw iv6xan, etî.Xp^iTTO’v, etç tôv OâvaTov, sic 8v <nô|j.a ; rjv icpo ; tciv 8e<Sv avec le sens théologique de « en Dieu et en union avec Dieu », = i wv eï « tov x<SXm>v, Joa., i, 1, 18 ; èvSuva(loSafle èv Kvpfu t.a Èv tw xpàTei Trjç la^Joi aÙToû (Eph., vi, 10), « par le Seigneur et en union avec lui, par sa force et en restant dans la sphère d’action de cette force. »

VlllCARACTÈRES DE LA LANGUE DU NOUVEAU TESTA-MENT. — 1° L’analyse des éléments constitutifs de la langue du Nouveau Testament montre qu’il faut la considérer comme une langue vivante, en voie de se transformer radicalement sous l’action d’étrangers juifs prêchant au monde la doctrine nouvelle du ehristia

nisme. Après la mort de ces étrangers, la transformation continuera quelque temps encore sous l’influence chrétienne seule, pour produire la langue grecque chrétienne proprement dite. Toute langue normalement et complètement développée comprend en réalité trois langues : la langue littéraire des orateurs, historiens, philosophes, etc. ; la langue familière employée pour les. affaires quotidiennes par les personnes de bonne éducation ; la langue populaire des personnes sans culture aucune. Toutes trois peuvent s’écrire sans changer. Le ton de la langue littéraire apparaît dans certaines parties du Nouveau Testament. L’Epître aux Hébreux y touche par son style périodique et soigné. L’Epître de saint Jacques offre des procédés de style et une couleur poétique qui étonnent à bon droit. Dans les Actes, surtout après le chapitre IX, certains récits et discours ne manquent ni de pureté, ni d’élégance. Quand saint Paul y parle aux Grecs ou au roi Agrippa, la langue prend aussitôt un certain caractère littéraire. D’ailleurs des secrétaires grecs lettrés ont pu corriger certaines œuvres du Nouveau Testament. Ces secrétaires sont mentionnés Rom., xvi, 2 ; I Cor., xvi, 21 ; Col., iv, 28 ; II Thés., iii, 18 ; et, dans les Actes, xxiv, 1-2, le grand-prêtre juif emploie, pour plaider sa cause, un rhéteur grec appelé Tertullus. La lettre de saint Jacques peut sortir de la main d’un secrétaire lettré. Mais, régulièrement parlant, les auteurs du Nouveau Testament ne sont pas des littérateurs comme ^Elius Aristides, Dion Chrysostome, Josèphe et Philon, saint Clément de Rome, saint Justin, etc. Comme ils écrivent pour convertir, pour tous, ils emploient nécessairement la langue de tous, qu’ils ont apprise de la bouche de tous ; ils visent à être clairs, simples et faciles, sans se préoccuper d’écrire avec art. Le ton général de la langue du Nouveau Testament, c’est celui de la langue familière et courante. Mais on retrouve dans cette langue familière le soin qu’apporte spontanément une personne de la classe moyenne à écrire mieux qu’elle ne parle, en évitant d’instinct les mots et locutions trop populaires, négligés ou incorrects. D’un autre côté, sortis du peuple, mêlés surtout au peuple, les auteurs du Nouveau Testament ne pouvaient échapper complètement à son influence ; de là des mots, formes, constructions et locutions parfois populaires, et qu’on pourrait appeler des vulgarismes, et, parfois aussi, une certaine allure populaire du style. Un Grec lettré était dérouté par les idées, les images, l’allure et la couleur de la langue du Nouveau Testament, par le peu d’art que les. auteurs de ce livre y montraient en écrivant. Aussi saint Paul se rendait - il compte de cette impression plutôt pénible produite sur le Grec par la langue nouvelle de la prédication chrétienne, comme on le voitl Cor., ii, l, et II Cor., ii, 6. Cette impression défavorable se retrouve chez les lettrés de la Renaissance qui établissent une comparaison entre le grec des classiques : et celui du Nouveau Testament. Leur opinion se résume dans ces paroles de Saumaise, auteur du livre : De hellenistica, in-12, Leyde, 1643 : « Tels les hommes (les auteurs du Nouveau Testament), tel aussi leur langage. Leur langage est donc celui que l’on appelait idiomxdç, le langage commun et populaire. Car on appelle ISiûtoi les hommes du peuple sans éducation littéraire, qui emploient le langage dont le peuple se sert dans sa conversation, et qui ont appris ce langage de leurs nourrices, » Aux xviie et XVIIIe siècles, on se querella vivement sur la qualité et la nature du grec du Nouveau Testament. Cette discussion, - qui eut le mérite de faire étudier la langue de ce livre, donna lieu aux systèmes des puristes, des hébraïstes et des empiristes :

— 1. Les puristes défendaient la pureté et la correction absolues du grec du Nouveau Testament. Ils niaient ou taisaient les hébraïsmes ; ils justifiaient les singularités de la langue par des exemples analogues, ou prétendus tels, déterrés chez les auteurs profanes, même dans

Homère. Ce système dura jusqu’au milieu du xviiie siècle.

— 2. Les hébraïstes. Leur système, en vogue à la fin du XVIIe, domine pendant le xviiie. Suivant eux, les auteurs du Nouveau Testament ont pensé en hébreu ou en araméen et traduit leur ransée en grec : leur langue n’est que de l’hébreu transporté en grec. — Les empiristes du xviiie siècle croient que les auteurs du Nouveau Testament ne savent pas le grec, ou ne le savent que peu, et qu’ils l’écrivent au hasard. Ils voient partout des énallages ; grâce à cette figure de grammaire, lès écrivains du Nouveau Testament avaient pu employer un temps pour un autre, un mode pour un autre, un cas pour un autre, etc., sans compter les ellipses. Les empiristes défendaient leur système en prétextant que l’hébreu ne distinguait ni temps ni modes, et n’avait pas de règles de syntaxe. La vraie méthode grammatical » appliquée au grec du Nouveau Testament, dans notresiècle, a fait justice de ces fantaisies. Le tort des érudits et des hellénistes des xvi «-xviiie siècles était d’ignorer qu’une langue n’a pas que son époque dite classique ; qu’elle est un organisme vivant qui traverse les siècles en se modifiant ; qu’elle doit être étudiée et appréciéeà chaque phase distincte et décisive de son histoire, quand elle subit quelque transformation caractéristique ; que toute langue complètement développée comprend la langue littéraire, la langue familière et la langue populaire, que chacune d’elles doit être étudiée pour elle-même et appréciée à sa valeur, non pas condamnée ou exclue ; que foute doctrine, même divine, ne peut être prêchée et écrite que dans la langue ordinaire deses prédicateurs et de leurs auditeurs. D’ailleurs, comm& la langue du Nouveau Testament est composée d’éléments divers, Comme elle est en voie de transformation, qu’elle est de qualité moyenne et variable, et qu’elle subit des influences diverses, les affirmations portées sur elle sont nécessairement toutes relatives ; elles nepeuvent être vraies que dans la mesure variable qui convient à chacune d’elles ; toute affirmation exclusiveou absolue est nécessairement fausse dans ce qu’elle a. d’exclusif ou d’absolu.

Caractère psychologique de la langue.

Étrangers,

les auteurs du Nouveau Testament n’ont jamais réussi à penser et à s’exprimer en grec nettement, comme un Grec de race l’aurait fait ; ils ne se préoccupent pas non plus de conformer leurs pensées aux constructions grammaticales et traditionnelles du grec ordinaire. Ils sont livrés à lsurs propres idées telles qu’ils les conçoivent, à tous les mouvements de l’âme qui les entraînent ; ils subissent sans réagir, ou presquesans réagir, l’action des diverses influences que nous avons énumérées en analysant leur langue. De là le caractère spontané de l’expression dans le Nouveau Testament, où l’idée crée l’expression, la phrase, le mouvement du style. De là plusieurs conséquences, parmi 1 lesquelles les suivantes : 1° Tandis que le matériel de la langue, lexique et grammaire, est impersonnel, le style est très personnel. Les auteurs du Nouveau Testament pensent et écrivent avec fermeté et netteté, sans hésitation, sans souci de préparer et de synthétiser les idées, de polir les phrases. La fatigue ni le travail d’écrire ne se font vraiment sentir chez eux, au moins en général. Ils suivent la libre allure de leur esprit, la vivacité de leurs ; . impressions,-la promptitude de leur mémoire, la mobilité de leur imagination (en ce sens précis qu’ils aiment à représenter l’idée, même abstraite, d’une manièreconcrète, ou bien à rapporter un événement avec les détails qui le mettent sous les yeux). — 2° La phrase et le style réfléchissent à leur tour la manière de penser propre à chacun d’eux. La phrase apparaîtra, suivant le cas, simple ou compliquée ; facile ou embrouillée quand l’arrangement en était aisé ; correcte et unie, ou interrompue, brisée ; par suite, claire ou obscure (pour nous). Le style offrira la solennité monotone de saint Matthieu, ,

la vivacité et le pittoresque de saint Marc, la grandeur émue de saint Jean, le charme apaisant et pénétrant des Actes, le mouvement tendre ou passionné de saint Paul, etc. ; et cela avec l’uniformité et même la médiocrité de la langue.

3° Instinctivement, l’auteur juif du Nouveau Testament adoptera la construction grecque, le mol grec qui se rapprocheront le plus de sa langue maternelle ; il couvrira d’un vêtement grec quelque locution aramaïsante ; il contraindra la langue et r expression grecques à plier sous sa pensée et à la servir, d’autant plus que sa pensée est pour lui la vérité divine, et que souvent déjà, dans les Évangiles par exemple, cette pensée est celle de son Maître divin.

4° Les idées parenthétiques sont assez fréquentes dans le Nouveau Testament ; elles sont insérées à leur place logique, elles s’accordent ou non ; elles sont reliées par xot ou un pronom avec ce qui précède, ou flottent indépendantes. Si la note explicative est longue, comme dans les Épîtres, l’auteur oublie le début de la phrase -et la reprend sous une autre forme. Ces remarques s’appliquent d’ailleurs à d’autres accidents de syntaxe, Matth., xv, 32 ; xxv, 15 ; Marc, mi, 11 ; Luc, ix, 28 ; xxiii, 51 ; Joa., i, 6, 39 ; iii, 1 ; Rom., v, 12, 18 ; ix, 11 ; xv, 23-25 ; I Cor., xvi, 5 ; Hehr., xil, 18-22 ; souvent ^lans l’Apocalypse ; ainsi qu’aux citations et réminiscences des Septante, souvent dans l’Apocalypse.

5° L’auteur passera inconsciemment du style indirect au style direct, qui résonne, pour ainsi dire, à son oreille, en même temps qu’il revient à sa mémoire.

6° Destinés presque tous aux communautés chrétiennes, les livres du Nouveau Testament sont écrits pour être lus, ou mieux, pour être dits à haute voix dans l’assemblée des fidèles à qui ils s’adressaient. Aujourd’hui encore, si l’on veut les comprendre pleinement, qu’on les lise à haute voix dans le texte, en marquant l’intonation, l’ac-cent oratoire, les pauses et les changements de tons dans les discours, dans les dialogues, dans les lettres, en suppléant les gestes et les attitudes. L’idée de l’auteur s’anime alors et s'éclaire sans autre explication ; on détermine mieux le vrai sens des phrases et leur portée, les nuances et les oppositions d’idées, les interruptions et les reprises du récit, du dialogue, du raisonnement, la suppression de certaines idées accessoires de transition, la tendance de l’accord à cesser après une pause et une interruption, etc. De même, c’est le ton de la voix qui marquera l’interrogation, bien mieux et plus vivement que ne le ferait une particule.

Convenance de la langue du Nouveau Testament.

Malgré ses particularités, le grec du Nouveau Testament était la meilleure langue pour la prédication chrétienne : elle était riche et souple. Le vocabulaire grec était assez étendu pour que les auteurs du Nouveau Testament pussent y puiser à leur gré les mots auxquels ils imposeraient un sens chrétien. De plus, le grec se prêtait à des dérivés et à des composés en nombre illimité, aussi nombreux que les idées et les nuances d’idées à exprimer, aussi clairs que la pensée même de l’auteur. La syntaxe de la langue familière était simple, unie, facile, et l’influence hébraïsante avait encore augmenté ces qualités. Au lieu de s’imposer aux auteurs du Nouveau Testament et de les gêner, comme l’aurait fait le grec classique, le grec hébraïsant pliait et obéissait à leur pensée, dont il recevait immédiatement le moule et l’empreinte. Il s’appliquait avec une égale facilité aux choses banales de la vie et aux spéculations les plus élevées, aux idées abstraites et aux idées concrètes. La quantité d'élément hébraïsant qu’il contient lui permettait d'être facile pour des Juifs habitués à une langue d’un genre différent ; de rester lié avec le monde juif et oriental, avec ses idées, ses croyances, sa manière <ie penser et de s’exprimer ; de conserver la masse d’idées juives passées dans le christianisme. Sa quantité « ncore plus grande de grec le rendait accessible et in telligible pour les masses du monde gréco-romain. Le grec du Nouveau Testament était essentiellement une langue de communication, de circulation, de propagation, précisément la langue qu’il fallait au christianisme s'élançant à la conquête du monde gréco-romain. Tel était ce grec du Nouveau Testament, qui constitue le point d’arrivée du grec familier et du grec hébraïsant, et que trois ou quatre siècles de révolutions politiques et sociales avaient formé et mûri pour la prédication chrétienne. Ni l’hébreu, ni l’araméen, ni le latin n'étaient des langues favorables pour elle ; aucun de ces idiomes n’avait ni ne pouvait avoir la richesse, la souplesse et le caractère universel et international du grec.

IX. Bibliographie.

L'étude de la langue des Septante est peu avancée, tandis que celle de la langue du Nouveau Testament est cultivée avec ardeur et s’enrichit sans cesse. Voici les principaux ouvrages publiés dans ce siècle : F. W. Sturz, De dialecto macedonica et alexandrina liber, Leipzig, 1808 ; M. J. H. Beckhaus, Veber das Gebrauch der Apocryphen des Alten Testaments zur Erlàuterung der neutestamentlichen Schreibart, 1808 ; H. Plank, De vera natura orationis gracie Nov : Testamenti, Gœttingue, 1810 ; P. H. Haab, Hebrâisch-griechische Grammatik fur das N. T., 1815 ; C. G. Gersdorf, Zur Spræhcharacteristik der Schriftsteller des Neuen Testaments, I, Leipzig, 1816 ; A. T. Hartmann, Linguistiche Einleitung in das Alte Testament, 1818 ; G. B. Winer, Grammatik der neutestamentlichen Sprachidioms, 1823 ; éditions postérieures, et traductions anglaises ; Tholuck, Beitrâge zur Spracjierklârung des N.T., 1832 ; H. Stuart, Grammar of*the N. T. dialect, Andover, 1834 ; éditions postérieures ;. du même, Treatise on the Syntaæ of the N. T. dialect, 1835 ; F. Nork (scilicet Korn), Rabbinische Quellen und Parallelen zum N. T., 1839 ; D. £. F. Bôckel, De hebraismis N. T., 1, Leipzig, 1840 ; W. Trollope, A Greek Grammar to the N. T. and to the Common or Hellenic diction of the Greek writers, Londres, 1842 ; G. P. C. Kaiser, De speciali Joannis grammatica culpa negligentix liberanda, i, ii, Erlangen, 1842. Pareil travail sur : Pierre, 1843 ; Matthieu. 1843 ; Marc, 1846 ; Paul, i, ii, 1847 ; C. G. Wilcke : Die neutestamentliche llhetorik, Dresde, 1843 ; E. W. Grinfield, iV. T. editio hzllenutica, Londres, 1843 ; Id., Scholia hellenistica in N. T., Londres, 1848 ; H. C. A. Eichstàdt, Sententiarum do dictione N. T. brevis census, Iéna, 1845 ; Berger de Xivrey, Étude sur le texte et le style du N. T., Paris, 1856 ; J. T. Beelen, Grammatica grxcitatis A*. T. quam ad G. Wineri ejusdem argumenti librum composait, Louvain, 1857 ; Gerhard von Zeschwitz, Profangrâcitâtund biblische Sprachgeist, 1859 ; R. C. Trench, Synonyms of the N. T., Londres, 1858-1802 ; éditions postérieures, et traduction française par de la Faye (1869) ; A. Buttmann, Grammatik des neutestamentlichen Sprachgebrauchs, 1859 ; traduction anglaise ; S. Ch. Schirlitz, Grundzûge der neutestamentlichen Grâcitât fur Studirende, Giessen, 1861 ; Id., Anleitung zur Kenntniss der neutestanientlichen Sprache zugleich als griechinche neutestamentliche Schulgrammalik fur Gyrnnasien, 1863 ; K. H. A. Lipsius, Grammatische Untersuchungen ùber die biblische Grâcitât : ûber die Lesezeichen, 1863 ; W. Webster, Syntax and Synonyms of the Greek Testament, Londres, 1864 ; B. A. Lasonder, De linguse Paulinæ idiotnate pars I lexicalis, Il grammaticalis, Utrecht, 1866 ; W. H. Guillemard, Hebraîsms in the Greek Testament, Cambridge, 1879 ; A. Buttmann et J. H. Thayer, À grammar of the New Testament Greek (translated by H. Thayer), Andover, 1880 ; G. Winer et W. Moulton, À treatise on the Grammar of the New Testament Greek (translated by W. Moulton), Edimbourg ; G. Winér et J. H. Thayer, A Grammar of the Idiom of the New Testament (translated by H. Thayer), Andover, 1883 ; Schilling, Cornmentarhts exegetico-philologicus in hebraïsmos N. T., Malines, 1886 ; S. G. Green, Handbook to the Grammar of the Greek Testament, Londres, 1886 ; E. Hatch, Essays in Biblical Greek, Oxford, 1889 ; Th. Burchardi, Elementargrammatik der griechischen Sprache des N. T., 1889 ; W. H. Simcox, The language of the New Testament, Londres, 1889 ; C. H. Hoole, The classical Elément in the N. T., Londres, 1888 ; W. H. Simcox, The wrilers of the New Testament : their style and characteristics, Londres, 1890 ; de Pauly, ’Op80TO(u’a, sive de N. T. dialectis accentibusque, Lyon, 1890 ; J. Viteau, Étude sur le grec du N. T. ; le Verbe : Syntaxe des propositions, Paris, 1893 ; G. Winer et P. W. Sclimiedel : Grammatik des neutestamentlichen Sprachidioms, 8e édit. par P. Schmiedel, Gœttingue, 1894 ; E. Combe, Grammaire grecque du N. T., Paris, 1895 ; Kennedy, Sources of the New Testament Greek ; of the influence of the Septuaginta on the vocabulary of the N. T., Edimbourg, 1895 ; Fr. Blass, Grammatik des neutestamentlichen Griechisch, Gœttingue, 1896 ; traduction anglaise par II. Thackeray, Londres, 1898 ; J. Viteau, Étude sur le grec du N. T., comparé avec celui des Septante : Sujet, complément et attribut, Paris, 1896 ; E. Nestlé, Einf’ùhrung in das griechische Neue Testament, Gœttingue, 1897 ; K. Dieterich, Untersuchungen zur Geschichte der griechischen Sprache von der hellenistichen Zeit bis zum iO lahrhundert, Leipzig, 1898 ; F. Blass, The philology of the Gospels, Londres, 1898 ; I. Reinhold, De græcitate palrum apostolicorum librorumque apocryphorum N. T. quæstiones grammatiese, Halle, 1898 ; G. Heine, Synonymik des neutestamentlichen Griechisch, Leipzig, 1898. — Pour les lexiques des Septante et du Nouveau Testament grec, voir Dictionnaires de la. Bible, t. ii, col. 1419-1422.

J. Viteau.


GREC MODERNE (VERSIONS DE LA BIBLE EN). Le grec moderne, appelé aussi romaïque (de Pwjvaî’ot, « Romains, » nom pris par les Grecs pendant qu’ils étaient soumis aux empereurs byzantins), est dérivé du grec ancien et se rapproche plus particulièrement du dialecte attique. On le parle dans le royaume de Grèce, dans les îles Ioniennes, à Chypre, dans une partie de l’Asie Mineure, etc. Les principales différences qui distinguent le grec moderne de l’ancien, sont les suivantes : le datif n’existe plus dans les déclinaisons ; on emploie à sa place le génitif ou une préposition qui régit l’accusatif ; le duel est inusité ; plusieurs temps du verbe se forment avec des auxiliaires, s^o>, « avoir, » 6éXw, « vouloir, » le premier servant à composer les temps passés, et le second, le futur et le conditionnel ; la voix moyenne et l’optatif ont disparu ; l’infinitif est tombé en désuétude ; on lui substitue le subjonctif au moyen d’une périphrase ; ainsi, au lieu de dire : èm8u(i<5 ISeïv <xÛt(Sv, « je désire le voir, » on dit : êiutOujuù va (abréviation de tva) tôv ISû. La perte de l’infinitif est une des plus grandes imperfections du grec moderne.

On compte que cette langue est parlée par deux millions environ des descendants des anciens Grecs. Une traduction du Nouveau Testament en romaïque fut imprimée pour la première fois à Genève en 1638.’H Kaivï) AjaWjxr ; toO Kupt’ou r|(J.wv’ItjctoO XpioioO, SiyXwttoç, Iv 3) àvTrïtp omJnoç t6te 8eïov npwrÔTUnov xaV rj airapaXXàxTu ; èÇ èxeivou etç àit).r, v JiâXexTOV 81à xoô liaxapiTou Kupïou MaÇ((iou KaXXiouitoXtTou yevo[iiviri p.ETâ ?pa<n ; ajj.a hwno>ft-r]<jav. "Etei XIIHAAMIIII. Elle à pour auteur Maxime Calliergi ou Calliopoli. Comme l’indique le titre, elle est à deux colonnes, l’une reproduisant le grec ancien, l’autre donnant la version en grec moderne. Elle est précédée de deux préfaces, l’une du traducteur, l’autre de Cyrille Lucar, patriarche de Constantinople, qui avait passé sa jeunesse à Genève et s’y était imprégné des principes du calvinisme. L’une et l’autre insistent sur la nécessité de publier l’Écriture en une langue intelligible pour le peuple. La version de Calliopoli se distingue par sa littéralité et par la fidélité avec laquelle elle reproduit le texte original. Elle fut réimprimée à Londres avec des corrections en 1703 et en 1705 par la Society for propagating the Gospels in Foreign Parts. La reine Sophie-Louise de Priasse en fit donner une nouvelle édition in-12, à Halle, en 1710. La British and Foreign Bible Society la réédita en 1808 et 1812.

On conçut peu après le projet de donner une traduction complète de l’Ancien et du Nouveau Testament. Elle fut confiée en 1819 à l’archimandrite Hilarion, qui devint plus tard archevêque de Ternovo, et à deux ecclésiastiques, chargés de l’aider dans son travail. Le Nouveau Testament, entièrement revu, parut en 1827, après avoir été examiné par Constance, archevêque du Mont Sinaï. Il avait été imprimé à l’imprimerie même du patriarcat à Constantinople. Cette version est exacte, mais le style en est dur. — L’Ancien Testament avait été traduit par Hilarion sur les Septante. Il fut soumis en 1829 au comité de la Société biblique. Ce comité renonça à le faire paraître, préférant une traduction faite directement sur l’original hébreu. D. Leeves eut la mission de la préparer à Corfou. Il eut pour auxiliaires, outre son compatriote I. Lowndes, les professeurs indigènes Bambas, Tipaldo et Johannidès. Chacun de ces trois derniers fut chargé de traduire une partie des livres de l’Ancien Testament à l’aide de la version anglaise autorisée, de la traduction française de Martin et de la traduction italienne de ûiodati, sans négliger les Septante et la Vulgate latine. Le tout fut revisé par Leeves et Lowndes, et le travail fut achevé en 1836. Quelques portions séparées en avaient déjà été publiées. L’Ancien Testament complet fut imprimé en Angleterre en 1840 ; le Nouveau, revu par Bambas, à Athènes, en 1848. Depuis lors, il a paru de l’un et de l’autre plusieurs éditions nouvelles. — Voici un spécimen du grec ancien et du grec moderne comparés (grec moderne d’après l’édition d’Athènes de 1855) :

    1. GREC ANCIEN (Matth##


GREC ANCIEN (Matth. ; vi,

Zy)T£ÎT£ Si 7tpwTOV TY1V (Sa<Xt XÉtav toC ®£o0, xal tt|V

8txaioo"0v » ]v aÙToG, xa xaO ca itâvTa npo{Ts8ïj<reTai

û(iîv. Mti oîv (i£pt(iv^<jsxe

e’c ; tï)V oîîpiov y| yàp auptov [upt|iviï(7Et fà laoTÎj ; ’àpxe tôv Tîj T|[i£pa r| y.axfoc aÙTÏjç.

Voir S. Bagster, The Bible

dres (1860), p. 241-244.

33-34) GREC MODERNE’AXXà Çy)T£ÏT£ ItpÛTOV TïlV

(SauXei’av tou ©eoO, x « ttjv

81xaio<TJVY]V cctjtoO’xai TaO xa Tïotvxa ôéXouat aaç Trpo<x xeflîj. My] (iepi(ivr’ir(iT£Xo[7t(iv ns.pl tîji ; oupiov Siort tj

ai’ptov 6éXec (j.epi(Jiv^o"ei ù

iaoTÎjÇ - àpxeTÔv sïvoi’eiç tV

ri(iépav to xaxôv aùrij ; of every Land, in-4°, Lon

F. Vigouroux.


GRÈCE (hébreu : Yâvdn ; grec : ’EXXâç ; latin : Grsecia). La Bible désigne par ce terme non l’Hellade proprement dite mais l’ensemble des pays dont les habitants parlent grec. Is., lxvi, 19 ; Ezech., xxvii, 13, 19 ; Dan., vin, 21 ; x, 20 ; xi, 2 ; Zach., x, 13. Dans le Nouveau Testament, le mot’EXXaç, Grsecia, se trouve une fois pour signifier l’Hellade proprement dite, c’est-à-dire la province d’Achaïe ; saint Paul se rend en Grèce, en quittant la Macédoine. Act., xx, 3. Voir Achaïe, 1. 1, col. 126 ;

Grec.
E. Beurlier.


GRÉCO-VÉNÈTE (VERSION). Voir Græcus-Venetus, col. 291.


GRECQUES (VERSIONS) DE L’ANCIEN TESTAMENT. Voir Septante, Aquila 2, t. i, col. 811, Symmaqie, Théodotion, Gr* : cus-Venetus, col. 291 ; pour les versions grecques connues sous le nom de cinquième, sixième et septième versions, voir Hexaples d’Origéne ; 333 GREC MODERNE (VERS. DE LA BIBLE EN) — GRÉGOIRE DE NYSSE 334

pour les versions en grec moderne, voir Grec moderne (Versions de la Bible en).

    1. GREENHILL William##


GREENHILL William, théologien anglais non-conformiste, né en 1591, probablement dans l’Oxfordshire, mort le 27 septembre 1671. Son principal ouvrage est son Exposition of the Prophet Ezechiel, 5 in-4°, Londres, 1645-1662. Ce livre fut réimprimé en 1839. Q’est un savant commentaire du prophète, fort estimé, aujourd’hui encore, par les protestants. À. Régnier.

    1. GREFFIER##


GREFFIER, celui qui écrit les arrêts des juges, etc. On rend quelquefois par ce mot dans les versions françaises, l’hébreu sôtêr, qui signifie proprement « scribe », et désigne divers fonctionnaires, dont la Vulgate spécifie les fonctions en traduisant par magistratus, prœfectus populi, tribunus. Les Septante rendent généralement Sôtêr par Ypa|i|iaTeûç ou fpa i.cizoaaa.faifiûi ;.

Josèphe, Ant. jud., IV, xviii, 14, se sert du mot uTtspéTYiç. Voir Scribe. — On traduit aussi en français par « greffier » le YP « [*|iaT5’J « d’Act., xix, 35 (Vulgate : scriba). Voir Grammate, col. 294.

    1. GRÉGOIRE D’AGRIGENTE (Saint)##


1. GRÉGOIRE D’AGRIGENTE (Saint), naquit à Prætoria, près de Girgenti, en Sicile, l’an 559. Engagé dans les liens de la cléricature dès l’âge de douze ans, il professa la vie religieuse, dans divers monastères, à Carthage, en Palestine, à Antioche, à Constantinople et à Rome. En 590, il fut élu évêque d’Agrigente. Victime de fausses accusations, il fut dépossédé de son siège et mis en prison à Rome. Son innocence ayant été reconnue, il remonta en 595 sur son trône épiscopal. On ignore la date de sa mort, car après 598, le nom de Grégoire d’Agrigente disparait de l’histoire. L’exégèse lui est redevable d’un commentaire très étendu sur le livre de l’Ecclésiaste, ’E^vyio-iç eîç tôv’ExxX-/i<ria<rrriv 1 t. XCVIH, col. 741-1182. Ce commentaire est divisé en dix livres ; bien que le texte grec appelle ces livres Xtfyoi, c’est plutôt un traité suivi que ce commentaire constitue et non pas une suite d’homélies. Très net et très méthodique, le traité de Grégoire sur l’Ecclésiaste offre de ce livre de la Bible une explication qui contribue vraiment à en éclaircir le texte si difficile à comprendre.. En général l’interprétation est littérale et ne recourt que rarement à l’allégorie. L’étude du traité de Grégoire d’Agrigente présente une certaine importance au point de vue de la question du texte de la. Bible. En effet, les citations qu’en fait Grégoire montrent qu’il a eu en mains un exemplaire assez différent de l’édition des Septante, car on ne peut pas admettre qu’il cite de mémoire. Morcelli, qui a examiné cette question, croit que Grégoire s’est servi ou de la version de Symmaque ou des Hexaples d’Origène, Patr. gr., t. xcviii, col. 733-738. On possède aujourd’hui plus de ressources qu’à l’époque de Morcelli pour résoudre cet intéressant problème, et il se pourrait qu’examiné à nouveau il ne donnât plus la même solution. J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE DE NAREG (Saint)##


2. GRÉGOIRE DE NAREG (Saint), fils de Khosrov le grand évêque arménien de la province des Antzévatziks, né l’an 951 et mort en 1003. Religieux du monastère de Nareg, sur le lac de Van, près de l’île d’Aghthamar, situé vers le couchant : d’où son surnom de Narégatzi ; son corps repose dans ce même couvent jusqu’à nos jours. Il fut un des Pères les plus illustres de l’Église arménienne. On a de lui un Commentaire du Cantique des cantiques de Salomon (^hlpim.p fti.% }pq"$ Xspi’yï’jnqnXi%p), divisé en huit chapitres : il l’a écrit l’an 977 par ordre du pieux roi Kurken Ardzrouni, comme il le dit dans le Mémorial placé à la fin du livre. On considère cet ouvrage comme un chef-d’œuvre. Voir F. Nève, L’Arménie chrétienne et sa littérature, Louvain, 1886, p. 261. Il y suit principalement, mais en l’abrégeant,

le Commentaire de saint Grégoire de Nysse, auquel il renvoie le lecteur plus d’une fois pour plus amples développements ; souvent il cite aussi les homélies des saints Grégoire de Nazianze, Basile, Jean Chrysostome et saint Ignace d’Antioche. Son style est toujours sobre et clair, ses explications à la portée de tout le monde. Les méchitharistes ont publié tous les écrits de ce Père, à Venise, sous ce titre : Sancti Patris nostri Gregorii Naregx monasterii monachi Opéra, 1840, in-8°. Une première édition du Commentaire avait été publiée à Venise au couvent de Saint-Lazare en 1789.

J. MlSKGIAN.

3. GRÉGOIRE DE NAZIANZE (Saint) naquit vers l’an 326 à Arianze, village de la Cappadoce. Après avoir étudié là théologie à Césarée en Palestine, à Alexandrie, à Athènes, où il fut le compagnon de saint Basile et le condisciple de Julien l’Apostat, il reçut le baptême en 356. Après quelques années passées dans la solitude et dans l’état monastique, Grégoire devint en 380 évêque de Nazianze. Il mourut en 389 ou 390. Orateur et poète, saint Grégoire de Nazianze ne relève de l’exégèse que par l’homélie, prononcée à Constantinople en 380, sur les douze premiers versets du chapitre xix de saint Matthieu, t. xxxv, col. 281-308. J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint)##


4. GRÉGOIRE DE NYSSE (Saint). On ne connaît point la date exacte de la naissance de ce Père, frère de saint Basile le Grand ; on s’accorde pourtant à la fixer vers l’an 311. Saint Grégoire de Nysse s’adonna d’abord à la littérature profane et professa la rhétorique. Sur les instances de saint Grégoire de Nazianze, il embrassa l’état ecclésiastique et devint évêque de Nysse en 371. Quatre ans plus tard, il fut envoyé en exil sur l’ordre de Démosthènes, gouverneur du Pont. En 378, après la mort de l’empereur Valens, il fut replacé sur son siège. L’année suivante, Grégoire prit part au synode d’Antioche, et il assista, en 381, au concile de Constantinople. On le retrouve en 394 au synode convoqué à Constantinople par le patriarche Nectaire, puis son nom disparaît de l’histoire. Grégoire de Nysse a beaucoup écrit, et dans son œuvre littéraire l’exégèse occupe une large place, bien que sa valeur réelle ne soit pas dans ce domaine. L’exégèse de Grégoire de Nysse relève des principes herméneutiques de l’école d’Alexandrie. Il n’a pas le souci de l’interprétation littérale ; pour lui, toute l’exégèse consiste à entasser, à propos de chaque terme de la Bible, un monceau d’applications morales, basées principalement sur la signification allégorique qu’il donne aux passages de l’Écriture.

Voici l’énumération des œuvres exégétiques de saint Grégoire de Nysse : 1°’AtcoXo-piïix’oç itepi t^ç éÇaï)(jiÉpou, « discours apologétique sur l’Hexameron. » P. G., t. xliv, col. 61-124. Dans cet écrit, Grégoire s’est proposé de compléter l’ouvrage de son frère Basile sur l’Hexameron, par l’étude de certaines questions plus difficiles que celui-ci avait jugé à propos de ne point traiter. — 2° ILspl xaTeiiTxeurjç àvOptiitou, « sur la création de l’homme, » t. xliv, col. 125-251. Ces deux premiers traités sont les meilleurs travaux exégétiques de Grégoire, et ils échappent, plus que les autres, aux défauts généraux de sa méthode. Loin d’abuser de l’explication allégorique, ici au contraire, il prétend s’astreindre au sens des mots pris dans leur signification propre. — 3° IlepY to0 (Ji’ou Mwjctéwç, « sur la vie de Moïse, » t. xuv, col. 297-430. Du récit historique de la vie du législateur des Hébreux, Grégoire tire d’abondantes considérations morales et des conclusions spirituelles ; aussi l’ouvrage porte-t-il également le titre d’TitoBÉa-iç si ; tov téXeiov (Siov, « exhortation à la vie parfaite. » — 4° Dans la lettre à l’évêque Théodose iuep tt, ç ÈYYa<rtpipuj80u, « sur la pythonisse ventriloque, » t. xlv, col. 108-113, Grégoire commente le chapitre xxviii du premier livra des Rois, et veut démontrer que ce ne fut point l’âme de

Samuel, mais le démon qui apparut à Saul, — 5° El ; t » )v Èît ! Ypaij>T)v râv ipaX[*ûv, « du titre des psaumes, » t. xliv, col. 432-608. Ce traité divisé en deux parties explique d’abord le but, l’ordre et la division des psaumes, que Grégoire partage en cinq livres, puis vient une interprétation des titres des psaumes. — 6° On a aussi de saint Grégoire un commentaire complet sur le Psaume vi, t. xliv, col. 608-616. — 7° Les huit homélies sur l’Ecclésiaste, i, 1-m, 13, t. xliv, col. 616-753, partent de l’idée que Grégoire s’était laite du but poursuivi dans ce livre de la Bible. Il le croit composé pour élever l’esprit au-dessus des sens et l’arracher aux choses inférieures. Toutes les interprétations proposées cadrent avec cette idée préconçue et tendent à stimuler l’âme à atteindre la vie surnaturelle. — 8° Dans les quinze homélies sur le Cantique des cantiques, t. xliv, col. 7561120, Grégoire s’attache à retrouver le sens mystique de cette partie de la Bible. — 9° Cinq homélies sur l’oraison dominicale s’tç trjv xpaaiw/ry, t. xliv, col. 1120-1193, font valoir les qualités de la prière et fournissent un commentaire très ample de la prière du Christ. — 10° Une autre contribution à l’exégèse du Nouveau Testament se trouve dans les huit homélies sur les béatitudes d ; tejç jj-axapiaiio-jç, t. xliv, col. 1193-1301, qui expliquent le passage de saint Matthieu, v, 1-12. On a parfois attribué à saint Grégoire de Nysse un commentaire assez court sur I Cor., xv, 28, t. xliv, col. 1304-25, mais cette attribution a été contestée, et à juste titre.

J. Van den Gheyn.

    1. GRÉGOIRE LE GRAND (Saint)##


5. GRÉGOIRE LE GRAND (Saint), pape de 590 à 604. Né à Rome en 540, il suivit d’abord, comme fils de patrice romain, la carrière de la politique, et dès avant 571, il remplissait les fonctions de préteur de la ville de Rome. Il embrassa ensuite la vie monastique sous l’habit de saint Benoit. Créé cardinal par le pape Benoît I er, il fut, en 578, envoyé à Constantinople en qualité d’aprocrisiaire, et en 590, à la mort du pape Pelage, il devint son successeur dans la chaire de saint Pierre. Il mourut en 606. Ce grand pape a laissé un grand nombre d’écrits où l’exégèse tient une place assez restreinte. Nous avons toutefois à signaler : 1° Expositio in librum Job sive Moraliurn libri XXXV, t. lxxv, col. 509-1162 ; t. lxxvi, col, 9-782. C’est une œuvre considérable, qui fut commencée à Constantinople et achevée à Rome. Grégoire lui-même, dans la lettre d’envoi de son travail à Léandre de Séville, en explique le but, qui est de donner du livre de Job une interprétation à la fois historique, typique et morale. L’explication historique est assez maigre, et cède le pas aux considérations spéculatives et surtout aux dissertations morales. — 2° Homilix xxii in Ezechielem, t. lxxvi, col. 785-1072. Ces homélies divisées en deux livres fournissent de la prophétie d’Ezéchiel une interprétation mystique et morale. Les douze homélies du livre I commentent les trois premiers chapitres et les trois premiers versets du chapitre iv. Le livre II est tout entier consacré à l’interprétation du chapitre XL de la prophétie. — 3° Homiliss XL in Evangelia, t. lxxvi, col. 1075-1312. Ces homélies donnent l’explication des évangiles des dimanches et des fêtes : elles eurent si grand succès qu’elles furent pour la plupart insérées dans l’office comme leçons des matines. Sur ces homélies et les manuscrits qui nous en restent, voir Grisar, Die Stationsfeier und der erste rômische Ordo, dans la Zeitschrift fur katholische Théologie, t. ix, 1885, p. 396409. J. Van den Ghetn.

    1. GRÉGOIRE LE THAUMATURGE (Saint)##


6. GRÉGOIRE LE THAUMATURGE (Saint), évêque de Néocésarée. Il naquit dans cette ville vers 210 et s’appelait Théodore. À l’âge de quatorze ans, après la mort de son père, il partit pour Césarée en Palestine, où il fut l’élève d’Origène pendant cinq ans. Aussi l’influence de ce maître est-elle sensible dans les écrits de Grégoire, et déjà Eusèbe l’a constaté. H. E., vi, 30, t. xx, col. 590.

Origène poussa du reste son disciple à s’occuper d’exégèse et. lui adressa une lettre, t. xi, col. 87, où il lui donne certaines instructions pour ses travaux. Vers 233, Grégoire fut nommé évêque de sa ville natale. En 250, il. dut fuir devant la pésécution de Dèce, mais il reprit son siège épiscopal en 257. On voit, en 264, son nom figurer parmi les signataires du concile d’Antioche ; c’est la dernière date positive fournie par l’histoire. — Grégoire le Thaumaturge est l’auteur d’une METa<ppâ<riç eïç tôv’ExxÂY](ria(jTTjv SoXojj.&vtoç, t. x, col. 987-1081, dont Rufîn, E. E., vii, 25, édit. Cacciari, t. 1, p. 436, et saint Jérôme, De viris illustribus, 65, t. xxiii, col. 676, et Comment, in Eccl., 4, t. xxiii, col. 1049, font grand cas. Ce n’est toutefois qu’une paraphrase au sens strict du mot, car l’auteur ne s’est pas mis en grands frais d’interprétation. J. Van den Gheyn.

    1. GRÊLE##

GRÊLE (hébreu : bârâd ; Septante, ^ttXaïa ; Vulgate : grando), chute de glaçons tombant des hauteurs de l’atmosphère sous forme de grains, dont la dimension est généralement inférieure à celle d’une noisette, mais peut atteindre parfois le volume d’un œuf ou d’une mandarine. On explique aujourd’hui la formation des grêlons par le passage brusque et violent de petits cristaux de glace à travers des gouttelettes d’eau à l’état de surfusion, c’est-à-dire à l’état encore liquide malgré une température inférieure à 0°. Le phénomène se produit quand les petits cristaux de glace composant un cirrus traversent les gouttelettes d’un nimbus maintenu en surfusion. Les cristaux se revêtent alors de couches concentriques de liquide qui se congèlent et se superposent d’autant plus multipliées que les nimbus à traverser sont plus nombreux ou plus épais. Cf. W. Schwaab, Die Hagel-Theorien altérer und neuerer Zéit, Cassel, 1878 ; Durand-Gréville, Théorie de la grêle, dans la Revue scientifique, 1894, p. 225-229, 264-270, 455-465, 647-654.

1° La grêle est un phénomène naturel dont Job, xxxviii, 22, a pu dire : « As-tu vu les réservoirs de la grêle ? » L’auteur sacré pouvait parler ainsi à une époque où il était absolument impossible de se rendre compte de la formation du météore. La grêle tombe des nuées sous forme de petites pierres. Eccli., xliii, 16. Aussi est-elle appelée parfois’ébén bârâd, « pierre de grêle, » Is., xxx, 30, ’âbnê’âlgdbîs, « pierres de glace, » Ezech., xiii, 11, 13, ou même simplement’ébén, « pierre. » Au psaume cxlvi (cxlvii), 17, elle est comparée à de la glace, qorah, lancée par morceaux. — 2° Les effets de la grêle sont toujours désastreux pour les végétaux, parfois même dangereux pour les animaux et les hommes. Aussi, bien qu’elle soit appelée à louer le Seigneur, Ps. cxlviii, 8, comme les autres phénomènes de la nature, la grêle apparaît toujours dans les Livres Saints comme un terrible instrument de vengeance aux mains du Seigneur.

— 1. La septième plaie d’Egypte consista dans une grêle extraordinaire, accompagnée d’éclairs et de tonnerre, qui s’étendit à tout le pays, dévasta les moissons et les plantations, et fit périr les hommes et les animaux qui se trouvaient dans les champs. Exod., ix, 18-34. La grêle est fort rare en Egypte, mais elle n’y est pas inconnue. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1. 11, p. 332, 333. Celle dont parle l’Exode eut, comme les autres plaies d’Egypte, un caractère miraculeux, au moins par la manière dont elle se produisit à la prédiction de Moïse et par ses effets désastreux. L’accompagnement de la grêle par les phénomènes électriques est ordinaire. Il n’est pas étonnant que cette grêle ait tué des hommes et des animaux dans les champs. On a constaté parfois la chute de grêlons atteignant un poids de 200 et même 250 grammes et plus. Margollé et Zurcher, Les météores, Paris, 1865, p. 73-76. Les naturalistes ont noté des chutes de grêle plus formidables encore que celles que mentionnent les Livres Saints, « Pendant un orage d’une violence extraordinaire

.qui a éclaté à Narrabri (Nouvelle-Galles du sud), les grêlons gros comme des œufs causèrent d’immenses dégâts. Un troupeau tout entier fut anéanti en quelques minutes et un très grand nombre d’oiseaux, de kangourous et d’autres animaux furent trouvés morts dans toutes les directions. Tous les vitraux des fenêtres Exposées à l’orage ont été brisés et un toit formé de plaques de fer galvanisé a été perforé par les grêlons. Xes dimensions de ceux-ci atteignaient iii, 053. Leur forme était triangulaire ou plutôt conoïdale. » Revue scientifique, 1894, p. 222. On a constaté dans d’autres grêlons un diamètre de 9 à 12 centimètres. On comprend que de pareils projectiles, tombant de haut et pourchassés par un vent de tempête, puissent causer la mort même à de forts quadrupèdes. Le phénomène de la grêle est presque toujours localisé à une région restreinte. Son extension à toute l’Egypte en même temps est encore due à l’intervention divine. La grêle de la septième plaie avait épargné le froment et l’épeautre, qui n’étaient pas encore sortis de terre. Exod., ix, 32. Ces plantations échappées à la grêle devaient devenir la proie des sauterelles de la huitième plaie. Exod., x, 5, 15. — Deux Psalmistes rappelèrent plus tard la dévastation des vignes et du bétail d’Egypte par la grêle. Ps. lxxvii (lxxviii), 47, 48 ; civ (cv), 32. L’auteur de la Sagesse, xvi, 16, 20, fit une description poétique du fléau, dans lequel intervinrent à la fois le feu et la glace. — 2. Quand Josué eut mis en fuite à Gabaon les cinq rois ligués contre ses alliés, le Seigneur fit tomber sur les fuyards, à la descente de Béthoron, une pluie de grosses pierres, ’âbânîm gedolCf, et ces pierres de grêle, abnê habbdrdd, en firent périr un plus grand nombre que le glaive. Jos., x, 11 ; Eccli., xlvi, 6. On a observé que la grêle tombe très fréquemment à l’issue des vallées profondes des Alpes et sur les monticules qui les séparent de la plaine. Margollé et Zurcher, Les météores, p. 75. Or la descente de Béthoron se trouvait à peu près dans ces conditions. Cf. Béthoron, t. i, col. 1703. Le phénomène pouvait donc s’y produire naturellement, et la grêle être assez grosse pour faire périr des hommes en grand nombre ; mais Dieu s’en servit miraculeusement en la faisant tomber en cette circonstance pour détruire les ennemis de son peuple. Quelques auteurs ont cru que les’âbânîm gedolôf étaient des pierres véritables, et ils citent des exemples tirés des auteurs classiques. Cf. Rosenmûller, Josua, Leipzig, 1833, p. 168-170. Mais ces exemples ne concluent pas ici, parce que les faits, s’ils sont réels, se sont produits du côté de Véies, Préneste, etc., c’est-à-dire dans la région de ces anciens volcans du Latium dont l’activité n’a cessé qu’aprè »-la fondation de Rome. Cf. de Lapparent, Traité de Géologie, Paris, 1883, p. 1156 ; Tite Live, i, 31 ; xxii, 1 ; xxvii, 37. D’ailleurs, dans le même verset, l’auteur du livre de Josué indique la nature de ces « grosses pierres », puisque aussitôt après il les appelle « pierres de grêle ». — 3. Dans d’autres passages de la Sainte Écriture, la grêle devient le symbole des châtiments dont Dieu accable les pécheurs, Ps. xvii <xviii), 13, 14 ; Ezech., xxxviii, 22 ; Eccli., xxxix, 25 ; les Assyriens, ennemis de son peuple, Is., xxx, 30 ; xxxii, 19 ; les faux prophètes, Ezech., xra, 11, 13 ; son peuple lui-même, coupable d’infidélité, Agg., ii, 17, et contre lequel le roi d’Assyrie se déchaînera comme un orage de grêle. Is., xxviii, 2, 17. — Au dernier jugement, la colère do Dieu tombera sur les impies comme la grêle, Sap., v, 23 ; Apoc, viii, 7 ; xi, 19, et même comme une grêle pesant un talent (plus de 40 kilogrammes), par conséquent formidable et écrasante.

-Apoc, xvi, 2t.
H. Lesêtre.
    1. GRENADIER##


GRENADIER, GRENADE (hébreu : rimtnôn ; Septante : foi, poti, potoxo ;, xwSoiv ; Vulgate : malum punicum, malum granatum, malogra.na.lum), arbre et son

fruit, assez fréquemment nommés dans la Sainte Écriture.

I. Description.

Petit arbre très rameux, à feuilles oblongues, obtuses, glabres, luisantes et caduques, portées sur des rameaux opposés et souvent terminés en

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70. — Branche de grenadier fleurie.

épine (fig. 70). Les fleurs sont grandes, rouges, axillaires, formées d’un calice turbiné divisé en 5 à 7 lobes, d’une corolle à autant de pétales chiffonnés dans la préfloraison, et d’étamines très nombreuses sur plusieurs rangs insérées, comme les pétales, à la gorge du calice. La baie volumineuse porte à son sommet une couronne formée par les sépales persistants, et renterme des graines anguleuses au sein d’une pulpe de saveur acidulé qui rend ce fruit, communément appelé grenade

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71. — Grenade ouverte.

(tig. 71), très apprécié dans les pays chauds comme aliment rafraîchissant. L’espèce unique Punicum Granatum Linné, et se range dans la famille des Granatécs séparée des Myrtacées par la préfloraison valvaire des divisions du calice. F. Hy.

IL Exégèse. — 1° Nom. — Le rimmôn hébreu, avec les noms de même forme, en syriaque rûniônô, en araméen rûmmdna’, en arabe rumman (en berbère armoun), n’offre aucune difficulté d’identification, c’est certainement le grenadier. Le même nom s’emploie également pour l’arbre, Num., xx, 5 ; Deut., viii, 18 ; I Reg., xiv, 2 ; Joël, i, 12 ; Agg., ii, 19 ; Cant., iv, 13 ; vi, 11 ; vii, 13, et pour le fruit. Num., xiii, 23 ; Cant., iv, 3 ; vi, 7 ; xin, 2. La dénomination égyptienne de cet arbre, qui O

paraît avoir été importée de l’Asie avec la plante elle-même, rappelle très étroitement les noms sémitiques ;

c’est anhmâni ou arhmâni ; I ^^ fj ^ <*""> I ou

iSra^^^^i,, . VLoret, Recherches sur plusieurs plantes connues des anciens Égyptiens, dans Recueil de travaux relatifs à laphilolog. etarchéol. égypt., année 1886, t. vii, p. 108-111. Cette parenté, comme aussi la variété des formes que revêt l’appellation égyptienne, indique bien une origine non indigène. En copte le mot s’est transmis sous la forme 6pM AN, 26fM N. Les Septante appellent l’arbre et le fruit poi, quelquefois poiâ ; quant a ^ofoxoç, diminutif de £odt, il est employé pour désigner certains ornements en or, ressemblant à des grenades. Dans II Par., iv, 15, le mot xtiSwv, clochette, est employé pour traduire rimmon, grenade. Pour désigner la grenade la Vulgate, se sert de l’expression latine malum granatum ou malogranatum, « pomme à grains, ï et de malum punicum ainsi nommée parce qu’on la regardait comme importée de Carthage. Pline, H. N., xiii, 34.

Le grenadier en Egypte.

Le grenadier était déjà

connu en Egypte et cultivé sous la XVIIIe dynastie. Au nombre des arbres que le scribe de Thotmès I er, Anna, avait fait planter dans son parc funéraire, se trouvent mentionnés cinq anhmen ; mais comme il ne semble pas que les armées égyptiennes l’aient rapporté d’Asie à cette époque, et que cet arbre paraît déjà assez cultivé dans la vallée du Nil, son introduction en Egypte pourrait bien être plus ancienne et remonter au temps des Pasteurs. Les représentations des tombeaux de la XVIII 8 dynastie nous offrent quelques spécimens de grenadiers avec leurs fruits ou leurs fleurs (fig. 72). Champollion, Monuments, pl. clxxiv ; Lepsius, Denkmâler, iii, 48 ; v, 95 ; Fr. Wonig, Die Pflanzen im alten Aegypten, in- 8°, Leipzig, 1886, p. 324. On découvre parfois le fruit sur des tables d’offrande ; et les fleurs en ont été trouvées dans quelques tombeaux thébains. Schweinfurth, Les dernières découvertes botaniques, dans le Bulletin de l’Institut égypt., 2e série, t. v, p. 268 ; V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., p. 76-78. De petites grenades, recueillies dans des tombeaux égyptiens, sont

72. — Grenadiers figurés sur les monuments égyptiens. D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. III, Bl. 95.

conservées au musée du Louvre. V. Loret, Études de botanique égyptienne, dans Recueil de travaux rel. à laphil. et arch. égypt., année 1895, t. xvii, p. 189-190. En résumé le grenadier paraît avoir été assez répandu en Egypte sous la XIX » et même sous la XVIIIe dynastie. Aussi les Hébreux avaient-ils pu en manger les fruits dans la terre de Gessen. Dans le désert de Sin, ils se plaignent que Moïse les ait fait sortir d’Lgypte et amenés dans un pays où ne viennent ni le figuier, ni la vigne, ni le grenadier. Num., xx, 5. S’il faut s’en rapporter aux spécimens trouvés dans les tombes, les grenades d’Egypte auraient été plus petites que les grenades ordinaires.

Pline, H. N., xiii, 34, signale deux variétés de grenadiers en Egypte, l’une au feuillage rouge, l’autre au feuillage blanc. D’après Théophraste, Hist. plant., ii, 2, 7, les fruits recueillis en Egypte avaient un goût sucré avec une certaine saveur vineuse. Ch. Joret, Les plantes dans l’antiquité, i M part., L’Egypte, in-8°, Paris, 1897, p. 116-119.

Le grenadier en Palestine.

Le grenadier dut

être très anciennement connu en Palestine, puisque d’antiques localités rappellent par leur nom sa culture. Ainsi on trouve sur la frontière de Juda Rimmon,

73. — Grenadier figuré sur les monuments assyriens Koyoundjik. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 15.

Jos., xv, 32 ; I Par., iv, 32 ; Zach., xiv, 10 ; en Manassé, Gath Rimmon, Jos., xxi, 25 ; I Par., vi, 39 ; et dans la tribu de Zabulon, En Rimmon. I Par., vi, 77 ; II Esdr., xi, 29. Originaire, comme le pense de Candolle, L’Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 189, de la Perse et de pays adjacents comme le midi du Caucase, cet arbre devait naturellement être connu et cultivé en Palestine plus tôt qu’en Egypte. À leur sortie de ce pays, quand ils s’approchent d’Hébron, les Hébreux voient les espions envoyés par Moïse rapporter de la vallée d’Escol, de belles grenades avec des figues et des grappes de raisin magnifiques. Num., xiii, 23. La terre de Chanaan leur est dépeinte comme une terre qui produit la figue, J’olive et la grenade. Deut., viii, 8. Le grenadier devait donc être déjà largement répandu dans la Palestine : il fut certainement très cultivé par les Hébreux après leur occupation du pays. Car après une invasion de sauterelles, on signale au nombre des arbres qui ont souffert et causent p*r là une perte considérable aux habitants, le grenadier à côté du figuier et de la vigne. Joël, i, 12. Après la captivité, Aggée, ii, 20, reprenant le peu dé zèle des Juifs à rebâtir le temple, leur rappelle que c’est la raison de l’insuccès des récoltes : c Ne voyez-vous pas que la vigne, le figuier, le grenadier n’ont pas encore fleuri ? » Le Cantique des Cantiques, vi, 11 (Vulgate, 10) ; vir, 13 (Vulgate, 12), fait allusion à l’époque de la floraison du grenadier. Dans le jardin fermé de l’Épouse, iv, 13, on remarque des vergers plantés de grenadiers. C’est à la couleur rosée d’une tranche de grenade que l’on comparé les joues de l’upouse. Cant., iv, 3. D’ordinaire le grenadier est un petit arbre, mais l’un d’eux était célèbre en Israël peut-être par ses dimensions ; il sert, comme le térébinthe de Mambré ou le palmier de Débora, à désigner un lieu déterminé : on dit, I Reg., xiv, % que Saül demeurait à l’extrémité de Gabaa, au grenadier de Migron. — Le Cantique des Cantiques, vifl, 2, à côté du vin parfumé mentionne le’dsis (Vulgate : mustum) de grenades. Ce vin ou liqueur de grenades était connu dans tout l’Orient. Dioscoride, v, 34, le mentionne (pomic olvos). Les textes égyptiens parlent assez fréquemment d’une boisson [Hiéroglyphe à insérer], šedehit, qui est mentionnée en particulier comme une des trois liqueurs produites par le jardin fruitier de Ramsès II (Papyr. Anastas., iv, 6-7) et ne saurait être qu’une liqueur tirée de la grenade, la grenadine ou sirop de grenade. V. Loret, La flore pharaonique, 2° édit., p. 77-78. Les grenades, ῥοαί, sont comptées parmi les καρπούς οἰνώδεις par Plutarque, Sympos., l. III, q. v. Cf. Arnobe, Advers. gentes, , l. V, p. 164 ; Philostrate, Epist. ad Diodorum.

La grenade dans les arts.

Les fleurs ou les fruits ont souvent été employés dans l’architecture comme motifs de décoration : la forme gracieuse des grenades devait naturellement les faire adopter. Elles font partie de la décoration des deux chapiteaux pour les deux colonnes d’airain érigées devant le portique du Temple. III Reg., vii, 18. Il y avait deux cents grenades rangées sur deux rangs autour de chaque chapiteau, ꝟ. 20. Cf. II Par., iii, 16 ; iv, 13. Les grenades étaient en airain comme les colonnes. IV Reg., xxv, 17. Dans le passage parallèle de ce dernier endroit, Jer., lii, 22-23, le prophète, après avoir dit que les grenades étaient d’airain, place sur les faces du chapiteau, 96 grenades par rangée, et en compte un total de cent autour du treillage : ce qui suppose que quatre d’entre elles n’étaient pas disposées comme les autres. Sur ces différentes données, M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, p. 34, et plus heureusement encore M. Chipiez ont tenté une restitution du chapiteau. Ce dernier dispose les grenades au

[Image à insérer] 74. — La grenade figurée sur les colonnes du Temple de Jérusalem. D’après la reconstitution de M. Chipiez. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iv, pl. vii.

dessus et au-dessous du treillis, formant ainsi deux rangées de 96 grenades avec 4 grenades plus grosses tombant à l’intersection des lignes qui dessinent les quatre faces (fig. 74). Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iv, p. 318-320, et pl. vii. Un artiste phénicien, Hiram, ayant donné les plans de cette décoration, on ne saurait s’étonner d’y voir figurer la grenade. C’était un ornement phénicien, d’un sens symbolique qu’on retrouve fréquemment sur les stèles puniques (fig. 75). On remarque souvent la grenade au sommet d’une colonne. La grenade avec ses nombreux pépins était sans doute considérée comme l’emblème de la vie et de sa puissance de renouvellement. Les Phéniciens qui avaient souvent emprunté aux arts de Babylone et de Ninive, en avaient-ils reçu cet emblème ? En tous cas le grenadier est représenté sur les monuments assyriens comme arbre sacré (fig. 73). E. Bonavia, The Flora of the Assyrian monuments, in-8°, Westminster, 1894, p. 55. Dans un bas-relief du Louvre, Sargon, debout devant l’arbre sacré, tient à la main trois grenades. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 513, fig. 235.

[Image à insérer] 75. — Stèle phénicienne sur laquelle est figurée la grenade. Musée de Saint-Louis, Carthage.

Ce n’est pas seulement dans l’architecture mais encore pour la décoration des habits du grand-prêtre que les Hébreux employaient la grenade. Ainsi le bas de la tunique de l’éphod était orné de clochettes d’or alternant avec des grenades de couleur hyacinthe pourpre et écarlate. Exod., xxviii, 33-34 ; xxxix, 23-24. Cf. Josèphe, Ant. jud., III, vii, 4. — L’Ecclésiastique, xiv, 10, dans le texte grec ῥοΐκοι χρυσοῖ fait allusion aux grenades : la Vulgate a rendu le mot par tintinnabula, clochettes. Le texte hébreu découvert en 1896 porte bien רמנים, grenades. E. Cowley et Ad. Neubauer, The original Hebrew of a portion of Ecclesiasticus, in-4°, Oxford, 1897, p. 24. — Voir J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebræorum, in-8°, Leyde, 1680, p. 563-565 ; Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 271-280.

E. Levesque.

GRENIER, lieu où l’on ramasse les grains et aussi, par extension, les gerbes, le foin, la paille.

I. Noms.

’Asâmîm (d’une racine אסם, cf. Targum, אסנא, « grenier » ), Deut., xxviii, 8 ; Septante : ταμεῖα ; Vulgate : cellaria, Prov., iii, 10 ; Septante : ταμιεῖά ; Vulgate : horrea.

Mâzû, de זוֹה, « mettre de côté, » Ps. cxliv, 13 ; Septante : ταμεῖα ; Vulgate : promptuaria.

Ma’âbûs, « grenier à fourrage » (cf. assyrien, bit abûsâti), Jer., l, 26 ; Septante : ἀποθήκη ; Vulgate : ut exeant.

Megûrâh, sorte de grenier ou magasin souterrain, Agg., ii, 19 (cf. en égyptien : magar, magarati, « magasin » ) ; Septante : ἅλω ; Vulgate : germine, et Ps. lv, 16, comme synonyme de demeure cachée.

Miskenôt signifie plutôt magasin, approvisionnement, Exod., i, 11 ; III Reg., ix, 19 ; II Par., viii, 4, 6 ; xvi, 4 ; xvii, 12 ; xxxii, 28. Dans ce dernier endroit peut-être un grenier, un magasin de froment, apothecas frumenti.

’Ôṣâr ou beṭ hâ-ôṣâr, proprement « trésor, magasin », est pris dans le sens de grenier. Joël, i, 17.

Matmônîm, greniers creusés dans le sol, silos, Jer., xli, 8 ; Septante : θησαυροί ; Vulgate : thesauros.

’Arîm, dans Gen., xli, 35, 48, est habituellement traduit par ville ; n’y aurait-il pas lieu de rapprocher

ce mot de l’égyptien ^* C"3, âr, « magasin, grenier, » et de traduire par ce dernier mot ? Le groupe J* fJ3 ou C"3> dont la lecture est sujette à discussion, est plusieurs fois l’équivalent de -** 1 1 r, ou ^_^ 1 1 r^j

à côté et un jardin. Wilkinson, The Manners, 1. 1, p. 371, nous représente une propriété thébaine, entourée de murs, renfermant cinq ou plutôt six greniers (car le troisième de la première rangée doit être caché par le dessin de la porte du domaine) ; les trois greniers de la seconde rangée sont déjà remplis de blé ; on est en train de remplir les deux greniers visibles de la première rangée. Un

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76. — Grenier égyptien. IV* Dynastie. Sauiet el-Meitin. D’après Lepsius, UenkmiUer, Abtn. ii, BL 107.

<jui ne peut se lire que drit, et, d’un autre côté, C"3

âr, se trouve en parallélisme avec lvj r— > **"*> « le grenier. » Rien n’empêche donc, dans l’histoire de Joseph, de rapprocher le cny, ’drîm, du âr ou ârit égyptien, signifiant magasin, grenier public. II. Les greniers en Egypte. —D’après Wilkinson, The

autre domaine, d’après une peinture de Beni-Hassan, Champollion, Monuments, l. nr, pl. ccclxxxi ter, contient deux longues files de dix greniers voûtés (fig. 77). Un croquis donné par M. Perrot, Histoire de l’Art, 1. 1, p. 489, et pris dans une tombe de Saqqara, nous offre une série de greniers d’une forme singulière : au lieu de la voûte ordinaire, ils sont terminés comme des cruchons : ils

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77. — Grenier égyptien. Beni-Hassan. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pl. ccclxxxi

Afanners, 2e édit., 1878, t.i, p.372, les greniers étaient séparés des maisons et clos de murs comme les fructuaria des Romains. Quelques-unes des pièces dans lesquelles on serrait les grains paraissent avoir eu un toit voûté. On les remplissait par une ouverture proche du toit, à laquelle on parvenait par une échelle ; une porte était réservée à la base pour la sortie des grains. Prisse d’Avennes, Monuments égyptiens, Paris, 1847, p. 218, donne le plan d’une maison de Tell el-Amarna, avec deux greniers bâtis

sont percés d’une porte au ras du sol, et d’une fenêtre aux deux tiers de la hauteur. On trouve d’autres greniers avec des toits plats. Lepsius, Denkmâler, ii, 127 ; cf. le modèle du Louvre (fig. 78). — L’hiéroglyphe du grenier lvj, H Sun, primitivement.Ê. semblable à une meule de blé, rappelle’sans doute la façon antique de conserver le blé. Le grenier en forme de pyramide tronquée « était construit probablement en clayonnage revêtu de terre battue, et fermé au sommet d’un cou3*5

GRENIER’316

vercle en bois, plat ou légèrement concave, muni d’une poignée ; deux autres poignées saillantes, placées au sommet, permettaient aux ouvriers qui avaient grimpé le long de la paroi dé se maintenir quelques instants en équilibre pour enlever le couvercle lorsqu’ils voulaient ouvrir le grenier ». Maspero, La culture et les bestiaux, dans Études égyptiennes, t. ii, 1888, p. 93. Les greniers se disent encore shunèh dans la vallée du Nil, par un emprunt que les Arabes ont fait à l’égyptien. Les noms de scribe des greniers, surintendant des greniers, préposé aux doubles greniers, reviennent souvent dans les textes. Lepsius, Denkmâler, ii, 9, 47, 51, 103 ; iii, 76, 77 ; Maspero, Un manuel de hiérarchie égyptienne, dans Éludes égyptiennes, t. ii, i cr fasc, p. 57.

Les scènes du transport des céréales dans les greniers se rencontrent assez fréquemment dans les monuments, en sorte qu’on peut se faire une juste idée des coutumes égyptiennes. Quand le blé était battu et tamisé, il était mis en tas et on le mesurait sur place ou devant le grenier, dans la cour d’entrée. Des boisseleurs jurés, sous

35, 48, avec le mot égyptien âr, « grenier pnblic, s le nom, au lieu d’être sous-entendu, se trouverait expressément désigné et emprunté à la langue égyptienne dans des chapitres qui ont conservé tant de termes du pays. III. Grenieiîs en Palestine.

1° Ancien Testament.

— Le texte sacré ne nous a laissé aucune description des greniers construits dans le pays de Chanaa’n..Peut- _ être ne différaient-ils pas beaucoup des constructions que nous avons vues en Egypte. Il est seulement fait allusion aux greniers de Palestine. Joël, i, 17 ; Amos, viii, 5 ; Prov., iii, 10, et Matth., iii, 12 ; vi, 26 ; xiii, 30 ; Luc. r m, 17 ; xii, 18, 21. On ne pouvait ouvrir les greniers pour vendre le blé avant la fin du sabbat. Amos, viii, 5. Des greniers abondants sont une bénédiction, Deut., xxviii, 15-17 ; Prov., iii, 10 ; les greniers vides, suite de. la stérilité produite par une invasion de sauterelles, sont une malédiction divine. Joël, i, 17. — Dans la Vulgate, . Ruth, ii, 23, il est question de blé et d’orge qu’on renferme dans des greniers, in horreis. Mais le texte original porte simplement : « jusqu’à la fin de la moisson.

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78. — Modèle de grenier égyptien. D’après l’original du Musée de Louvre.

la surveillance d’un gardien, procédaient à l’opération : « Un crieur annonce chaque boisseau et un scribe l’enregistre (fig. 77). Dès qu’un tas est épuisé, des hommes de peine l’emportent dans des couffes et le rentrent sous la direction d’un magasinier ; parfois une échelle mobile permet aux manœuvres d’atteindre à l’orifice supérieur de chaque cellule, parfois les cellules sont surmontées d’une terrasse à laquelle on accède par un escalier en briques. » G. Maspero, Lectures historiques, in-12, 1892, p. 64. — Ces scènes des monuments nous permettent de nous représenter, avec la vérité des moindres détails, tous les soins que prescrivit Joseph en faisant accumuler dans les greniers publics l’excédent des récoltes des années d’abondance. Gen., xli, 35, 48, 56. Il y eut une telle quantité de blé recueilli, que les scribes se fatiguèrent bientôt d’inscrire les mesures. Gen., xli, 49. Vigouroux, Bible et découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 167171. Il est à remarquer que le mot horreum de la Vulgate, dans ces passages : Gen., xli, 35, 47, 56 ; xlvii, 22, n’a pas de correspondant dans le texte hébreu ; mais bien que le nom de grenier ne soit pas employé, il est sous-entendu. « Qu’ils fassent des amas de blé, des approvisionnements dans les villes et qu’ils en aient la garde, » avait dit Joseph. Gen., xli, 35. Évidemment ces approvisionnements tirés de toute la campagne entourant chaque ville, jfr. 48, se faisaient dans des greniers publics. Si on admet l’identification du on », ârim, Gen., xli,

des orges et des Mis. » — Il faut sans doute considérer comme des greniers publics ces magasins, ’âsrôt, de vivres que David fit établir dans les villes, les villages et les campagnes, I Par., xxviii, 25, et ceux que Robôam fit construire dans plusieurs villes fortes de Juda. II Par., xi, 11. — Ézéchias fit bâtir de semblables greniers, miskenôf, apothecas, pour le blé. II Par., xxxii, 28. Le même roi [fit préparer dans le temple des. chambres, lesâkôf, pour recevoir les offrandes, les dîmes. II Par., xxxi, 11. Mais ce sont plutôt des magasins, un trésor, qu’un grenier proprement dit, bien que la Vulgate traduise par le mot horrea ; c’est le trésor, Bet-hâ-’âsdr (Vulgate : horreum), où l’on doit porter la dlme. II Esd., xiii, 12-13 ; Mal., iii, 10. On conservait aussi le blé ou l’orge dans des greniers souterrains, des silos creusés dans les champs, matmônîm, où l’on peut cacher ses provisions plus sûrement et les mettre à l’abri des razzias des Bédouins. Jer., xli, 8. Les Arabes ont encore cette habitude. Robinson, Bïblical researches, 3e édit. 1867, 1. 1, p. 324-325 ; t. ii, p. 385.

Nouveau Testament.

La mention du grenier,

àro>flT ; xiri, revient dans plusieurs comparaisons ou paraboles de l’Évangile. Le Messie est comparé par saint Jean-Baptiste à un moissonneur qui, le van à la main, nettoie son grain et le ramasse dans son grenier, tandis qu’il jette la paille au feu. Matth., iii, 12 ; Luc, iii, 17. — Le Sauveur dit que les oiseaux du ciel qui ne sèment, ni

"ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, sont nourris par le Père céleste, exemple de la confiance en la Providence. Matth., vi, 26 ; Luc, iii, 24. — Le Messie, au temps de la moisson, fe » i arracher l’ivraie par ses serviteurs pour la brûler et ramassera le blé dans son grenier. Matth., xiii, 30. — Dans la parabole du riche cupide, Luc, xii, 18, on voit cet insensé ne pensant qu'à agrandir ses greniers pour amasser d’abondantes Técoltes sans autre préoccupation que ses intérêts matéTiels, tandis que ce superflu ne lui assure pas la vie même jusqu’au lendemain. E. Levesque.

    1. GRENOUILLE##

GRENOUILLE (hébreu : sefardê'a ; Septante : pâtpaxoç ; Vulgate : rana), batracien de l’ordre des anoures ^sans queue) et de la famille des ranidés.

I. Description.

Cet animal, bien connu dans nos contrées, est pourvu de dents à la mâchoire supérieure et se nourrit exclusivement de proies vivantes dont il a constaté le mouvement, larves, insectes aquatiques, vers, petits mollusques. Le mâle possède de chaque côté de la gorge une vessie au moyen de laquelle il produit son coassement. Pendant l’hiver, la grenouille vit engourdie dans la vase. Au printemps, elle se reproduit par centaines. — 1° La grenouille ordinaire, appelée rana escwlenta (fig. 79), parce que sa chair est fort bonne à manger, est très commune dans nos pays. On la trouve par myriades en Egypte, dans tous les endroits où il y a de Peau. Malgré le nom de rana nilotica qu’on a donné à la grenouille égyptienne, elle ne diffère en rien de celle de nos contrées. Elle est tellement abondante que ses coassements causent la plus grande importunité aux voyageurs. Elle est également commune en Palestine. — 2° La grenouille des arbres, hyla arborea, ou rainette, plus petite que la grenouille ordinaire, passe l'été sous les feuilles des arbres, restant accrochée dans cette position au moyen de ventouses qu’elle a sous leV doigts. Elle se nourrit de vers et d’insectes. Cette seconde espèce se rencontre aussi très fréquemment en Egypte et en Palestine, partout où la végétation se développe dans des lieux humides. On signale aussi en Egypte

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79. — La grenouille commune.

une autre espèce, la rana punctata, ainsi nommée à cause des points granulés dont elle est couverte. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 4889, p. 280.

II. La grenouille dans l'Écritdre. — Les grenouilles furent l’instrument de la seconde plaie d’Egypte. Sur l’ordre du Seigneur Aaron étendit sa verge et les grenouilles couvrirent le pays, pénétrant dans les champs, les cours et les maisons. Exod., viii, 2, 9. Josèphe, Ant. jvd., II, xry, 2, décrit ainsi cette plaie : « Une multitude immense de grenouilles se mit à dévaster le pays. Le fleuve en était tellement rempli qu’on n’en pouvait plus tirer qu’un breuvage souillé et infecté par le sang de ces animaux, dont beaucoup y mouraient et s’y putré fiaient. Toute la terre d’Egypte était souillée d’une ignoble vase d’où naissaient et où mouraient des grenouilles. Elles troublaient même les habitudes ordinaires de la vie ; on les trouvait dans les aliments et la boisson, et elles s’introduisaient même çà et là dans les lits. Enfin une odeur lourde et fétide se dégageait des animaux qui ne cessaient de mourir et de pourrir dans la vase. » Aux grenouilles se mêlaient probablement des crapauds, également abondants en Egypte. Frz. Delitzsch, Oie Psalmen, Leipzig, 1874, t. ii, p. 46. Les magiciens du pharaon imitèrent le prodige opéré par Aaron, ce qui eut pour effet d’augmenter le mal dont souffraient les Égyptiens. Pline, H. N., vin, 29, mentionne, d’après Varron, une ville des Gaules dont les habitants avaient dû fuir devant les grenouilles ; Justin, xv, 2, et Orose, iii, 23, t. cxxxiv, col.851, parlentaussi, d’après Trogue Pompée, d’une émigration. des habitants d’Abdère devant une invasion de grenouilles et de rats. Mais en Egypte, la plaie avait un caractère plus grave, puisque tout le pays en souffrait, et sa cause était surnaturelle, puisqu’elle se déchaînait sur l’ordre du Seigneur, et redoublait d’intensité grâce à l’intervention du démon sollicité par les magiciens. Dans la première plaie, Dieu avait humilié les Égyptiens en leur montrant que le Nil, qu’ils honoraient comme un dieu, n'était qu’une créature soumise à sa puissance. Dans la seconde plaie, il leur fit voir ce que valait leur déesse Hiqit (fig. 80), qu’ils représentaient avec une tête de grenouille, sur laquelle ils comptaient pour les protéger, et dont le culte remontait chez eux au moins à la cinquième dynastie. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, Paris, 1875, p. 241. Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1889, t. ii, p. 319-321. La grandeur du mal fit réfléchir le pharaon, qui parut se repentir. Sur une nouvelle intervention du Seigneur, les grenouilles furent confinées dans le fleuve. Celles qui restaient sur la terre périrent, furent entassées en monceaux et infestèrent le pays par leur pourriture. Exod., vin, 4-11 ; Ps. lxxviii (lxxvii), 45 ; cv (civ), 30. Ce dernier passage note l’invasion des grenouilles jusque dans les chambres des rois. Les maisons égyptiennes étaient assez peu closes pour que les grenouilles y entrassent aisément. Sap., xix, 10. — 2° Dans l’Apocalypse, xvi, 13, saint Jean voit les esprits impurs sous la forme de grenouilles. « On remarque dans ces grenouilles quelque idée d’une des plaies de l’Egypte. » Bossuet, Explication de l’Apocalypse, xvi, 13, Bar-le-Duc, 1870, t. ii, p. 249.

H. Lesêtre.

GRIESBACH Johann Jakob, théologien protestant allemand, né à Butzbach (Hesse-Darmstadt) le 4 janvier 1745, mort le 24 mars 1812. Il étudia successivement à Tubingue, à Halle et à Leipzig. Après avoir voyagé en Allemagne, en Hollande, et visité Londres, Oxford, Cambridge et Paris, pour faire des recherches critiques

80. — La déesse Hiqit. D’après Wilkinson, Manners, 1e édit., t. iii, n" 502.

319

GRIESBACH — GRILLE

350

sur le texte de la Bible, il devint professeur à Halle en 1773, et depuis 1775 jusqu’à sa mort, à Xéna. Il est devenu surtout célèbre par ses travaux critiques sur le Nouveau Testament : Libri Novi Testamenti historici, 2 parties, Halle, 1774. Les Épitres et l’Apocalypse parurent comme tome il en 1775. Seconde édition complète, 2 in-8°, Halle et Londres, 1796, 1806, sous ce titre : Novum Testamentum grsece ; textum ad fidem Codicum, versidnum et Patrum recensv.it et leclionis varietatem adjecit J. J. Griesbach. Troisième édition : Novum Testamentum grxce ex recensione J. J. Griesbach (édition de luxe sur papier vélin), 4 petits in-4°, ou petit in-f°, Leipzig, 1803-1807. Quatrième et cinquième éditions, ne contenant que les principales variantes,

81. — Gril romain trouvé à Pompéi. D’après L. Conforti, Le Musée national de Naples, pl. 27.

2 in-8°, Leipzig, 1805, 1825. — David Schulz entreprit en 1827 une nouvelle édition de l’œuvre de Griesbach, mais il n’en a paru que la première partie. Nouvelle édition par H. A. Schott, in-8°, Leipzig, 1805 ; J. White,

GRIFFON) nom donné à deux grands oiseaux de proie, le gypaète (probablement l’hébreu pérés, le Ypd<f des Septante, le gryphus de la Vulgate, Lev._. XI, 13 ; Deut., xiv, 12) et le vautour fauve, et aussi au martinet noir. Voir ces mots. Pour le griffon fabuleux, voir Animaux FABULEUX, 4°, t. i, COl. 612.

GRIL (Vulgate : craticula), instrument en métal, ordinairement en fer, composé de barreaux parallèles (fig. 81), quelquefois entrecroisés (fig. 82), sur lequel on fait rôtir des viandes ou des pâtes en le plaçant sur le feu. Le gril était bien connu des Romains. Saint Jérôme l’a nommé deux fois dans sa version. Il a rendu par craticula, dans le Lévitique, ii, 7 ; vii, 9, le mot hébreu

82. — Gril de saint Laurent, représenté sur le sarcophage de Galla. D’après Garrucci, Storia delV arle christiana, t. iv, pl.233.

marhését, mais ce substantif, qui vient du verbe rdhaS, « . bouillir, bouillonner, » signifie un vase ou chaudière dans lequel on fait cuire la viande et non un gril. Les Septante, comme saint Jérôme, avaient déjà traduit

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83. — Autel romain avec grille. Peinture de Pompéi. D’après le Museo Borbonico, t. vi, pl. 94.

2 in-8°, Oxford, 1808 ; A. Dickinson, in-12, Edimbourg, 1811, 1817, etc. — Plusieurs des leçons propres à Griesbach sont citées dans les éditions critiques du Nouveau Testament publiées dans notre siècle. On a aussi de Griesbach : De codicibus Evangeliorum origenianis, 1771 ; Curx in historiam texlus Epistolarum Paulinarum, in-4°, Iéna, 1777 ; Symboles critwee ad supplendas et co7Tigenda$ variarum Novi Testamenti leclionum collecliones, 2 in-8°, Halle, 1785-1793 ; Commentarius criticus in textum græcum Novi Testamenti, parti cula i, Iéna, 1798 ; particula ii, Iéna, 1811 ; Theopneusti, 1784 ; Christologie des Hebrûerbriefs, 1791 ; Vorlesungen ûber Hermeneulik des Neuen Testaments (ouvrage posthnme), 1815. Voir Th. H. Horne, Introduction to the Holy Scriplures, 3e édit., t. ii, 1822, p. 142, 55-58.

marfyését par ia/ipa, en lui attribuant ce sens, comme à mikbar, également rendu par craticula dans la Vulgate et dans ce dernier cas avec raison. Voir Grille.

    1. GRILLAGE##


GRILLAGE, ouvrage composé de barreaux de bois et de métal et disposé en forme de treillis. Il y avait aux fenêtres des habitations en Palestine des grillages ou treillis, ordinairement en bois, qui permettaient à la fumée de sortir, Os., XIII, 3, et aux personnes de regarder de l’intérieur de la maison sans être elles-mêmes aperçues. Prov., vil, 6 ; Cant., ii, 9, etc. Voir Fenêtre,

t. ii, col. 2202, 2203.
H. Lesêtre.
    1. GRILLE##


GRILLE, assemblage de barreaux d’airain destiné à soutenir le bois qu’on brûlait sur l’autel des sacrifices.

Dans la description de l’autel des holocaustes, il est dit : « Tu feras à l’aute ! une grille (mikbar de kâbar, « tresser ; » kafâ.pa., « foyer d’autel ; » cratieula) d’airain en forme de treillis (réSéf, « filet ; » epyw Sty-tuiotô ; in modum retis) et tu mettras quatre anneaux d’airain aux quatre coins du treillis. Tu le placeras au-dessous du rebord de l’autel, à partir du bas jusqu'à la moitié de la hauteur de l’autel. Tu feras [l’autel] creux avec des planches. » Exod., xxvii, 4-8. Il est encore question de cette grille. Exod., xxxv, 16 ; xxxviii, 4, 5, 30 ; xxxix. 39 (Vulgate, retiaculum dans ce dernier passage). Plusieurs commentateurs se sont imaginé qu’il s’agissait ici d’un grillage d’ornementation, entourant l’autel depuis le sol jusqu'à moitié de sa hauteur. Cette idée est erronée. La grille dont parle le texte sacré était faite pour être placée horizontalement à l’intérieur de l’autel, qui lui-même était creux, ainsi qu’il est expressément marqué. Elle reposait à mi-hauteur de l’autel et les anneaux des quatre coins servaient à la placer ou à la retirer. C’est sur cette grille qu’on allumait le bois et qu’on déposait les victimes à consumer, précaution indispensable pour la conservation de l’autel mosaïque qui, bien que, revêtu de plaques de métal, était cependant en bois. Exod., xxvil, 1. Les cendres, les charbons et tous les résidus de la combustion tombaient sur le sol même à travers la grille. Josèphe, Ant. jud., III, VI, 8, dit de l’autel des holocaustes, placé devant le tabernacle, qu’il était pourvu d’une grille en forme de réseau, et que l’autel n’ayant point de fond, la terre recevait tout ce qui tombait du foyer supérieur. On comprend d’ailleurs ^nécessité de cette disposition ; le feu ne pouvait avoir l’activité indispensable qu’autant qu’on ménageait un appel d’air au-dessous du foyer. La forme de résép, attribuée à la grille, suppose qu’elle se composait de barres longitudinales reliées entre elles par des barres transversales dans le genre de la fig. 83. — L’autel des parfums aurait eu une grille analogue d’après les Septante (êo-^apîç, i<r/âpa) et la Vulgate [cratieula), Exod., xxx, 3 ; xxxvii, 26, mais cette traduction n’est pas exacte. Le texte hébreu porte gâg, « toit, » ce qui désigne simplement le dessus, la partie supérieure de l’autel des parfums.

H. Lesêtre.

GRIMM Cari Ludwig Willibald, théologien protestant allemand, né à Iéna le 1 er novembre 1807, mort dans cette ville le 22 février 1891. Il y fit ses études de 1827 à 1832, y devint en 1837 professeur extraordinaire et en 1844 professeur honoraire de théologie. Parmi ses ouvrages, remarquables par leur érudition, nous devons mentionner : De Joanneæ Christologise indole Paulinse comparata, in-8°, Leipzig, 1833 ; De libri Sapientiæ Alexandrina indole perperam asserta, in-8°, Iéna, 1833 ; Commentar ûber dos Buch der Weisheit, in-8°, Leipzig, 1837 ; Die Glaubwùrdigkeit der evangelischen Geschichte, Iéna, 1845 ; Kurzgefasstes exegetisches Randbuch iu den Apokryphen des Alten Testaments (publié avec 0. F. Fritzsche), 6 in-8°, Leipzig, . 1851-1860. Grimm a publié dans cette collection : Dos ente Buch der Maccabàer, 1853 ; Dos zweite, dritte und vierte Buch der Uaccabàer, 1857 ; Dos Buch der Weisheit, 1860. Grimm a aussi donné plusieurs éditions nouvelles, revues, de Chr. Gottl. Wilkii Clavis Novi Testamenti phïlologica castigavit et emendavit C. L. W. Grimm, in-8°, Leipzig, 1877-1878 ; 2e édit., 1879 ; 3e édit., 1888. On a aussi de Grimm, Kurzgefasste Geschichte der hitherischen Bibelûbersetzung bis zur Gegenwart, in-8°, Iéna, 1884.

_ GRIVE, passereau du genre merle (flg. 84). La Sainte Écriture ne nomme les passereaux que d’une manière générale. Voir Passereau. Mais on rencontre dans le sud de l’Europe et' assez souvent en Palestine la grive bleue, petrocynela cyansea ou petrocossyphus cyanseus, rrdinairement solitaire et rarement plus de deux en semble. Cet oiseau, au plumage bleu foncé et d’allure peu vive, s'établit sur le haut d’un toit ou sur la cime d’un rocher, et fait entendre de temps à autre un cri

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84. — La grive bleue.

mélancolique et monotone. Il répond bien à l’idée qu’exprime un psalmiste de la captivité, pleurant surles malheurs de Jérusalem : « Je veille, pareil au passereau solitaire sur le toit. » PS. ci (en), 8. Cf. Tristram. The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 202 ;, Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 398.

H Lesêtre GRŒNLANDAISE (VERSION) DE LA BIBLE. Le Groenland, « la terre verte, » vaste région de l’Amérique du nord, est situé au milieu de l’Océan glacial arctique et encore aujourd’hui en partie incon* nu. Quelques Esquimaux habitent la côte orientale ; les Danois se sont établis sur la côte occidentale. Cf. C. C. A. Gosch, Danish arclic Expéditions, 1605 ta 1620, 2 in-8°, Londres, 1897. — Le groenlandais est le mieux connu des idiomes esquimaux. Il diffère assez notablement des autres. C’est une langue polysynthétique ou agglutinante, avec des composés fort longs ; les noms n’ont pas de genre, les cas se forment par des suffixes ou désinences. Voir S. Kleinschmidt, Grammatik der grônlandischen Sprache, in-8°, Berlin, 1851 ; Chr. Rasmussen, Grônlandsk Sprôglsere, in-8°, Copenhague, 1888 ; C. Ryberg, Dansk-grônlandsk Tolk, in-16, Copenhague, 1891, J. Kjer et Chr. Rasmussen, Dansk-Grônlandsk Ordbog, in-S 3, Copenhague, 1893. Un pasteur norvégien, Hans Egede, surnommé l’apôtre du Groenland (né à Harstadt, en Norvège, le 31 janvier 1686, mort à Falster le 5 novembre 1758), traduisit en groenlandais les Psaumes et les Épitres de sa^nt Paul. La version du Nouveau Testament fut complétée par son fils Paul (né en 1708, mort le 3 juin 1789). Des parties en furent publiées à Copenhague en 1744 ; une édition des Évangiles et des Actes parut en 1758 ; le Nouveau Testament complet, en 1766. La traduction étant défectueuse, Fabricius en donna une nouvelle en 1799, mais elle fut jugée encore insuffisante, et les missionnaires moraves entreprirent une troisième version, faite sur la version allemande de Luther ; elle fut imprimée en 1822 par laBrilish and Foreign Bible Society (nouvelle édition par la Société biblique danoise). Une édition retouchée a paru à Herrnhut en 1851. On a publié aussi quelques parties de l’Ancien Testament. Voir S. Bagster, The Bibleof every Land (1860), p. 442 ; Hans Egede, À Description of Greenland, in-8°, Londres, 1818 ; C. G. F. Pfoff, Bibliographia Grœnlandica, inr8°, Copenhague, 189ft

    1. GROSSESSE##


GROSSESSE, état de la femme qui est enceinte. — 1° La mère des Machabées dit au plus jeune de ses fils : « Je t’ai porté neuf mois dans mon sein, » IIMach., vu, 27, et l’auteur de la Sagesse, vil, 2, écrit qu’il a été porté « dix mois ». Les anciens attribuaient couramment dix mois à la grossesse. Aristote, Hist. anim., vii, 4 ; Virgile, Eclog., IV, 61 ; Aulu-Gelle, Noct. att., iii, 16 ; etc. Tertullien, De anim., 37, t. ii, col. 714, dit avec plus de précision que l’enfantement se produit au commencement du dixième mois. En fait, la grossesse dure neuf moisou 270 jours, avec une avance ou un retard de 8 à 10 jours. Surbled, La morale dans ses rapports avec la médecine, Paris, 1892, t. ii, p. 159. Comme les anciens comptaient par mois lunaires de 29 et de 30 jours alternativement, la période moyenne de 270 jours durait un peu plus de neuf mois, et la grossesse atteignait le milieu du dixième mois quand l’enfantement tardait de quelques jours. Les deux expressions employées par les auteurs sacrés sont donc approximativement justes l’une et l’autre. — 2° La loi réglait la peine encourue par celui qui frappait une femme en état de grossesse : l’amende, si aucun dommage sérieux ne résultait des coups ; la mort, si la femme ou l’enfant venaient à périr. Exod., xxi, 22, 23. Quand les coups étaient involontaires, le cas rentrait dans celui de l’homicide involontaire. Voir Homicide. — 3° La Sainte Écriture parle plusieurs fois de la grossesse. C’est pendant que la femme est en cet état que Dieu forme mystérieusement le corps de l’enfant. Eccle., xi, 5. Une forte émotion peut amener lin enfantement prématuré. I Reg., iv, 19. Dans les guerres, les vainqueurs fendaient le ventre des femmes enceintes. IV Reg., viii, 12 ; xv, 16 ; Am., i, 13. Le Seigneur ramènera de captivité les femmes enceintes, Jer., xxxi, 8 ; mais malheur à celles qui, en cet état, auront à fuir au moment où les Romains marcheront sur la Judée, car elles ne pourront s’échapper assez vite. Matth., xxiv, 19 ; Marc, xiii, 17 ; Luc, xxi, 23. — 4° Saint Matthieu, i, 18-24, mentionne l’effet produit sur saint Joseph par la grossesse de la très sainte Vierge et l’intervention de l’ange pour lui en révéler la cause.

H. Lesêtre.
    1. GROTIUS Hugo##


GROTIUS Hugo, de son vrai nom de Groot, polygraphe hollandais, protestant, né à Delft le 10 avril 1583, mort à Rostock le 28 août 1645. Il étudia à Leyde où, malgré son jeune âge, il fut remarqué du célèbre Scaliger. Il vint en France, séjourna à Paris et à Orléans où il se fil recevoir docteur en droit. De retour en son pays, il s’adonna à la jurisprudence et dès 1607 il était avocat fiscal des Pays-Bas. En 1616, il fut envoyé en Angleterre pour représenter son pays dans une conférence et cette mission lui permit de s’entretenir avec Casaubon des moyens de réunir les catholiques et les protestants. De retour en Hollande, il se mêla activement aux discussions religieuses, se déclarant en faveur des doctrines d’Arminius et contre celles de Gomar. Mais les partisans de ces derniers soulevèrent le peuple et le stathouder, Maurice de Saxe, heureux de cette occasion d’intervenir, se déclara en leur faveur contre les États de Hollande. Grotius fut arrêté et le 18 mai 1619 était condamné à la prison perpétuelle. Au bout de deux ans, grâce au dévouement de sa femme, il put s’échapper et gagna Anvers, puis Paris où il arriva le 15 avril 1621. Il resta dix ans en France où, après un court séjour en Suède, il ne tarda pas à revenir comme ambassadeur de la reine Christine. En 1645, il demanda son rappel et il était en route pour rentrer en Hollande lorsque la mort l’arrêta à Rostock. Grotius a laissé de nombreux ouvrages d’histoire, de jurisprudence, de droit international et de théologie. Parmi ces derniers nous citerons : Poemata sacra, in-4°, La Haye, 1601, renferme la paraphrase d’un certain nombre de psaumes ; Commentatio ad loca quædam Novi Testamenti qux de Anti-Christo agunt, aut agere putantur, in-8°, Amsterdam, 1C40 ; Annotâmes. DE LA BIBLE.

tiones in libros Evangeliorum cum tribus tractatibus et appendice ea spectantibus : scilicet annotata in quædam loca epistolarum S. Pauli, S. Jacobi, S. Johannis et Apocalypsis ; explicatio decalogi ut græce exstat et quomodo ad decalogi locos evangelica precepta referantur : et appendix ad interpretationem locorurii quai de Anti-Christo agunt aut agere putantur, in-f°, Amsterdam, 1641 ; Annotationes in epistolam ad Philemonem, in-8°, Amsterdam, 1642 ; Annotationes in Vêtus Testamentum, 3 in-f°, Paris, 1644 ; Annotationes in NovumTestamentum, in-f », Paris, 1644 ; Annotationum inNovum Testamentumpars secunda, videlicet in Acta Apostolorum et inepistolas apostolicas, in-f 1’, Paris, 1646 ; Annotationum in Novum Testamentum pars tertia et ultima, videlicet, in epistolas S. Pétri, Johannis et Judm : subjuncti sunt ejusdem auctoris libri pro veritate religionis christianse ita digesti ut annotata suis quæque paragraphe sunt subnexa, 3 in-f », Paris, 1650. Les œuvres théologiques de H. Grotius ont été réunies par les soins d’un de ses fils, Pierre Grotius, et publiées en 4 in-f", 1679, à Amsterdam. Les trois premiers volumes renferment les écrits ayant trait à l’Écriture Sainte. En tête du premier volume se trouve la vie de H. Grotius. L’exégèse de Grotius, exclusivement philologique et historique, est empreinte de rationalisme. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. i, p. 497591. — Voir Ch. Barksdale, Life of H. Grotius, in-12, Londres, 1652 ; J. Levesque de Burigny. Vie de H. Grotius, 2 in-8°, Paris, 1750 ; H. Luden, H. Grotius nach seinen Schicksalen und Schriften dargestellt, in-8° Berlin, 1806 ; J. Laurentius, H. Grotius papizans, in-8° Amsterdam, 1830 ; Valère André, Bibliolh. Belgica, p. 397.

B. Heurtebize.

GRUE, oiseau de l’ordre des échassiers et de la famille des hérodiens. La grue (fig. 85), très élevée sur ses pattes, a le cou allongé, le bec effilé et de même dimension que le reste de la tête. Chez l’espèce la plus commune, grus cinerea, le haut de la tête est rouge, la gorge noirâtre et le reste du corps gris cendré. La queue forme une sorte de panache qui contribue à rendre gracieuse l’allure de l’oiseau. La grue se nourrit de poissons, de reptiles, parfois de graines enlevées aux champs récemment ensemencés et de plantes aquatiques. Elle habite et fait son nid dans des endroits assez découverts pour lui permettre de n’être point surprise par les ennemis. En dehors de l’époque où elle couve, elle vit en sociétés nombreuses. Pendant le sommeil de la bande, quelques-unes demeurent éveillées pour avertir les autres du danger. C’est un oiseau essentiellement migrateur, qui vient habiter en Egypte, Hérodote, ii, 22, en Palestine et dans les autres pays méridionaux en hiver, pour retourner au printemps dans les pays du nord. Au moment du départ, les grues se réunissent par troupes de plusieurs centaines, s’élèvent dans les airs et y volent en formant un grand V dont la pointe est tournée en avant. C’est ordinairement pendant la nuit qu’elles voyagent ; elles poussent alors, sans doute pour s’avertir mutuellement, de grands cris qui ont quelque chose de lugubre au milieu des ténèbres, et qui retentissent au loin à raison de leur grand nombre. La grue est un oiseau de haute taille. En Palestine, elle mesure plus de l m 50 de haut et jusqu’à 2 m 50 d’envergure. Sa taille n’est dépassée que par celle de l’autruche.

— La grue est très vraisemblablement désignée dans la Sainte Écriture par le mot’dgûr, qui se lit dans les deux passages suivants : Is., xxxviii, 14 : « Comme l’hirondelle et comme le’dgûr, je criais, je gémissais comme la colombe, s Les Septante ne traduisent pas ici’dgûr et la Vulgate joint les deux noms : sicut pullus hirùndinis ; Jer., viii, 7 : « La tourterelle, l’hirondelle et le’dgûr connaissent le temps de leur retour.. » Septante : à<j(Sa, Vulgate : ciconia. Gesenius, Thésaurus, p. 990, fait de’dgûr un adjectif serrant à qualifier l’hirondelle

III. - 12 « caqueteuse ». Il lui semble que, dans les deux textes cités, il ne peut être question d’un grand oiseau comme la grue qui serait associé à de beaucoup plus petits, 1 hirondelle, la colombe, la tourterelle. Mais ces différents oiseaux ne sont nullement comparés au point de vue de la taille. Isaïe les associé à cause de leurs cris et

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85. — La grue.

Jérémie à cause de leur instinct migrateur. D’ailleurs dans les deux textes, la contexture de la phrase réclame un substantif. Le Talmud, Kidduschin, ꝟ. 44 a, traduit’âgûr par kûraki’a, « grue. » Rosenmuller, InJerem., vin, 7, Leipzig, 1826, t. î, p. 277, adopte aussi cette traduction d’autant plus probable qu’un oiseau aussi grand et aussi commun en Palestine n’a pu manquer d’attirer l’attention des auteurs sacrés, et ne serait nommé nulle part si’âgûr n’avait pas ce sens. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 239 : Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 474.. H.Lesètre.

    1. GUDE Gottlob Friedrich##


GUDE Gottlob Friedrich, théologien protestant allemand, fils de Frédéric Gude, théologien distingué lui aussi, né à Lauban, le 26 août 1701, mort dans la même ville, le 20 juin 1756. Il fit ses études à Halle et à Leipzig ; puis après avoir fait quelques cours à cette dernière université, il retourna à Lauban, où il fut successivement diacre adjoint, second diacre, premier diacre, et enfin archidiacre en 1753. Il a beaucoup écrit, et, entre autres, les ouvrages suivants : Comni. de ecclesise Ephesinx statu, contra Wesselvum, in-8°, Leipzig, 1732 ; Grûndlic/ie Erlâuterung des Briefs Pauli an die Epheser, in-8°, Lauban, 1735. A.’. Régnier.

GUÉ (hébreu : ma’âbâr, rna’àbârâh ; Septante Siâ-Same ; Vulgate : vadum, transitas, transcensus), partie peu profonde d’une rivière où l’on peut passer sans nager

et sans bateau. L’Écriture mentionne le gué au Jàboc, Gen., xxxii, 22, de l’Arnon, Is., xvi, 2 ; les gués du Jourdain, Jos., ii, 7 ; Jud., m-28 ; xii, 5, 6 ; II Reg., xix, 18, et de l’Euphrate (peut-être des ponts). Jer., li, 32. Voir Jourdain et Béthabara, 1. 1, col. 1647.

GUEL (hébreu : Ge’û'êl, « grandeur de Dieu ; » Septante : rou’SrqX), fils de Machi, de la tribu de Gad, fut un des espions envoyés par Moïse pour explorer la Terre Promise. Num., xiii, 16.

    1. GUELFERBYTANUS (CODEX)##


GUELFERBYTANUS (CODEX). Les manuscrits grecs désignés par les sigles Pet Q dans l’appareil critique des Évangiles, appartiennent ensemble à la bibliothèque de Wolfenbùttel et font partie d’un même manuscrit palimpseste (Isidore de Séville, dans l’écriture récente), conjointement avec des fragments de la version gothique d’Ulfilas. L’écriture première fut découverte par Knittel, qui en publia les textes en 1762. Tischendorf en reprit plus tard la lecture et en donna une édition complète dans ses Monumenta sacra inedita, t. iii, Leipzig, 1860, et t. vi, 1869. On en trouvera un fac-similé au t. iii, pl. n. Le manuscrit palimpseste passe pour venir de Bobbio ; il a été acheté à Prague en 1689 par le duc de Brunswick. Le ms. P est constitué par quarante-trois feuillets à deux colonnes de vingt-quatre lignes : il est écrit d’une grande onciale allongée, non accentuée, du VIe siècle. Ces quarante-trois feuillets "ont donné en trente et un fragments 518 versets environ des quatre évangiles. Le ms. Q est constitué par treize feuillets à deux colonnes de vingt-huit lignes ; il est écrit d’une grande onciale arrondie, non accentuée, du Ve siècle. Ces treize feuillets ont donné en douze fragments 247 versets environ de saint Luc et de saint Jean. Les leçons de P et de Q sont apparentées à celles de YAlexandnnus et du Vaticanus.

— Voir Scrivener-Miller, À plain introduction to thecrhticism of the New Testament, 1. 1, Londres, 1894, p. 143 ; C. R. Gregory, Prolegomena, Leipzig, 1894, p. 386-388.

P. Batiffol.

    1. GUÉNÉE Antoine##


GUÉNÉE Antoine, controversiste français, né à Étampes le 23 novembre 1717, mort à Fontainebleau le 27 novembre 1803. Né de parents pauvres, il fit néanmoins de bonnes études, embrassa l’état ecclésiastique et succéda en 1741 à Rollin comme professeur de rhétorique au collège du Plessis à Paris. Il remplit cette fonction jusqu’en 1761. Il renonça alors à l’enseignement pour se vouer tout entier à la défense de la religion attaquée par les philosophes. Il avait déjà appris, dans ce but, l’hébreu, outre le grec ; il étudia également les langues modernes en Italie, en Allemagne et en Angleterre, afin de mettre à profit les travaux apologétiques publiés dans ces pays. Ainsi armé, il devint le meilleur apologiste de son siècle en France. Le pieux évêque d’Amiens, d’Orléans de la Motte, le récompensa de ses travaux en lui donnant un canonicat dans sa cathédrale ; le grand aumônier de la cour l’attacha à la chapelle de Versailles et le comte d’Artois (depuis Charles X) le choisit comme sous-précepteur de ses enfants. Les assemblées du clergé de France lui décernèrent des éloges en 1775 et en 1780 ; l’Académie des Inscriptions l’admit comme un de ses membres en 1778 ; il fut nommé en 1785 à l’abbaye de Loroy, dans le diocèse de Bourges. La Révolution le priva bientôt de ce bénéfice ; il acheta alors un petit domaine près de Fontainebleau, mais, voulant l’exploiter lui-même, il ne réussit pas, le revendit et se retira à Fontainebleau où il mourut. — Guénée doit sa célébrité à ses Lettres de quelques Juifs allemands et polonais à M. de Voltaire, in-8, Paris, 1769. Les premières lettres publiées portaient le titre de Lettres de quelques Juifs portugais, parce qu’elles sont en effet d’un Juif originaire du Portugal établi à Bordeaux. Cette circonstance donna à l’abbé Guénée l’idée d’emprunter le nom de quelques Juifs étrangers pour réfuter les ca

lomnies et les erreurs de Voltaire contre les Écritures. Il le fit avec autant d’esprit que de science. « Le secrétaire juif, nommé Guénée, écrivait Voltaire à d’Alembert le 8 décembre 1776 (Œuvres, édit. Didot, t. x, 1861, p. 752), n’est pas sans esprit et sans connaissances, mais il est malin comme un singe. Il mord jusqu’au sang, en faisant semblant de baiser la main. » Les Lettres reçurent successivement de nombreuses additions et les éditions s’en multiplièrent. La cinquième parut en 1781, la sixième en 1805, Paris, 3 in-8° et 4 in-12, avec une notice sur l’auteur par M. de Sainte-Croix ; la septième en 1815, 4 in-8°, Paris (elle est précédée d’une Notice sur l’abbé Guénée par M. Dacier). Beuchot, l’éditeur de Voltaire, a donné la 8e édition sous ce titre : Lettres de quelques Juifs à M. de Voltaire avec un petit Commentaire extrait d’un plus grand à l’usage de ceux gui lisent ses Œuvres et Mémoires sur la fertilité de la Judée ; in-8°, Versailles, 1817. Cette édition, revue et corrigée, est augmentée de notes qui mettent l’ouvrage en rapport avec l’édition de Voltaire faite à Kehl. Les Recherches sur la Judée considérée principalement par rapport à la fertilité de son terroir avaient pour objet de répondre aux objections tirées de la stérilité actuelle de ce pays pour attaquer la véracité des Livres Saints. Guénée avait lu un premier Mémoire à l’Académie des Inscriptions le 4 mai 1779 ; il en composa depuis trois autres pour compléter le premier et on les a joints aux dernières éditions de ses Lettres depuis la septième. La neuvième édition des Lettres a été donnée en 1 in-12 à Paris en 1837. Autre édition par Desdouits, 3 in-12, Lyon, 1857, etc. — On doit aussi à Guénée une édition de : Les témoins de la résurrection de Jésus-Christ examinés suivant les règles du barreau, traduit (par Le Moine) de l’anglais de Sherlock, in-12, Paris, 1753 ; La religion chrétienne démontrée par la conversion et l’apostolat de saint Paul, traduit de l’anglais de lord Lyttleton, et suivi de deux Dissertations sur l’excellence de l’Écriture Sainte, traduites de Seed, in-12, Paris, 1754 ; Observations sur l’histoire et les preuves de la résurrection de Jésus-Christ, traduit de l’anglais de West, in-12, Paris, 1757. Ces trois derniers ouvrages ont été réunis et réimprimés in-12 à Paris en 1821. F. Vigouroux.

    1. GUÊPE##

GUÊPE (Septante : ayrfe ; Vulgate : vespa), insecte hyménoptère de couleur noire et brune mélangée de jaune, pourvu d’un aiguillon, et vivant en société comme les abeilles et les fourmis (fig. 86). La guêpe commune construit son nid dans la terre. Dans les piqûres que

— La guêpe.

produit son aiguillon, elle verse un liquide venimeux qui cause une sensation très douloureuse. Lefrelonest la plus grosse espèce du genre guêpe. Les guêpes ne sont mentionnées que dans le livre de la Sagesse, xii, 8, qui leur attribue, dans l’extermination des Chananéens, un rôle -que les livres antérieurs assignent aux frelons. L’auteur sacré nomme le genre au lieu de l’espèce. Voir Frelons.

H. Lesêtre.
    1. GUÉRIN Victor Honoré##


GUÉRIN Victor Honoré, palestinologue français, né à Paris le 15 septembre 1821, mort à La Tour (Seine-et-Marne ) le 21 septembre 1890. Ce savant, dont le nom est si souvent cité dans les pages de ce Dictionnaire, qui s’honore de l’avoir compté au nombre de ses premiers collaborateurs, est l’un de ceux qui ont le mieux fait connaître la géographie de la Palestine. Sa mère lui apprit à lire dans une vieille Bible illustrée où il puisa l’amour des Lieux Saints. Après avoir commencé ses études à l’institution de l’abbé Poiloup et les avoir achevées au collège Rollin, il fut admis à 19 ans, le 25 octobre 1840, à l’École normale supérieure de Paris, comme élève de la section de grammaire. Il en sortit en 1842 et devint cette année même professeur de rhétorique au collège de Coutances. Après avoir enseigné dans divers collèges et lycées, il fut chargé en 1852 de la surveillance des études à l’École normale supérieure, L’année suivante, 1853, il partait pour Athènes comme membre de l’école française établie dans cette ville et dès lors il pouvait donner libre carrière à son attrait pour l’archéologie et l’exploration scientifique, visitant la Grèce, la Syrie, l’Asie Mineure, plusieurs îles de l’archipel et en particulier Patmos, dont l’étude devait particulièrement satisfaire ses goûts de savant et ses sentiments chrétiens. Les résultats de ce voyage sont consignés dans sa Description de l’île de Patmos et de l’île de Samos, in-8°, Paris, 1856. Ce qui caractérise cette première publication comme toutes les suivantes, c’est l’étude consciencieuse des lieux et des monuments anciens et une exactitude minutieuse et irréprochable qui donne à ses descriptions une autorité irrécusable.

— En 1854, M. Guérin recevait une mission scientifique pour la Terre Sainte elle-même où il se sentait attiré par un charme irrésistible, à laquelle il devait consacrer la meilleure partie de sa vie. Le fruit de son pèlerinage fut une thèse latine présentée à la Sorbonne pour le doctorat es lettres : De ora Palestine a promontorio Cdrmelo usque ad urbetn Joppen pertinente, in-8°, Paris, 1856. Sa thèse française fut une Étude sur l’île de Rhodes, in-8°, Paris, 1856 (2e édit., 1880) ; il avait passé plusieurs mois dans cette île l’année même où il avait exploré pour la première fois la Palestine, en 1853-1854. — Au retour de ce voyage, il professa pendant un an (1855) la rhétorique au lycée d’Angers. Ce fut sa dernière année d’enseignement secondaire, En 1856, il prépara et soutint ses thèses de doctorat. L’année suivante, il fut chargé d’une mission scientifique en Egypte et en Nubie. Il en rendit compte dans son Rapport à M. le ministre de l’Instruction publique, daté d’Assouan Il février 1858. De janvier à avril 1859, il suppléa M. Heinrich dans la chaire de littérature étrangère de la Faculté des lettres de Lyon ; d’avril à août 1859, il donna le même enseignement à la Faculté de Grenoble. — À partir de 1860, il se donna tout entier aux missions et aux voyages scientifiques. En cette année 1860, il explora la régence de Tunis, presque complètement fermée jusqu’à lui aux Européens, et pénétra même dans la ville sacrée de Kairouan dont le fanatisme musulman interdisait rigoureusement l’accès aux étrangers. La notice qu’il lut sur.cette ville, réputée imprenable, à la séance générale de la Société de géographie le 24 décembre 1860, est si exacte et si précise que ce fut grâce à elle que nos troupes purent s’en emparer quelques années plus tard. Aussi au retour de leur conquête, une douzaine d’officiers allèrent-ils le visiter pour lui déclarer que c’était à lui qu’ils étaient redevables de leur victoire. Voir F. Deltour, dans l’Association des anciens élèves de l’École normale, in-8°, Paris, 1891, p. 35. Les années 1861 à 1863 furent consacrées à la rédaction de son Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, exécuté et publié sous les auspices et aux frais de M. H. d’Albret, duc de Luynes, par V. Guérin, 2 in-8°, Paris, 1862. m

359

GUÉRIN — GUÉRISON

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En 1863, une nouvelle mission le ramena en Palestine pour travailler à l’œuvre la plus importante de sa vie. fi partait, cette fois, avec la digne compagne que Dieu lui avait donnée en 1861. Il explora, ville par ville, village par village, on pourrait presque dire maison par maison et pierre par pierre, tout le territoire de l’ancienne Judée. La rédaction et la publication des nombreuses notes prises au cours de cette campagne archéologique l’occupèrent de 1864 à 1869. Elles furent imprimées par l’Imprimerie Impériale et parurent sous le titre de Description géographique, historique et archéologique de la Palestine, accompagnée de cartes détaillées. Première partie. Judée, 3 in-8°, Paris, 1869.

— À peine son travail était-il achevé, il repartait pour la Terre Sainte (1870) et explorait avec le même soin la Samarie et la vallée du Jourdain. C’est pendant ce voyage qu’éclata, la guerre de 1870. Au milieu des montagnes de la Samarie, il apprit le désastre de Wissembourg. Sur-le-champ il revint en France. Il trouva Paris bloqué. Il arrivait brisé de fatigue, brûlé par la fièvre ; il était âgé de cinquante ans ; et sans hésiter, il s’enrôla comme simple soldat dans l’armée de la Loire. Mais ses forces le trahirent. La maladie l’obligea d’aller se soigner à Fontainebleau. Dès que Paris fut rouvert, il y rentra par la première voiture qui partit de Fontainebleau pour la capitale. H s’y trouvait au 18 mars. Tant que la chose fut possible, il y lutta en faveur de l’ordre dans la garde nationale et il y resta pendant toute la Commune. La guerre finie, il rédigea, de 1871 à 1874, la deuxième partie de sa Description de la Palestine, Samarie,

2 in-C°, Paris, 1874-1875. — En 1875, il reprenait la route de la Palestine pour aller achever son œuvre et explorer la Galilée, la Pérée, la Cœlésyrie et la Phénicie. De 1876 à 1879, il mit en œuvre les notes qu’il venait de recueillir, et la troisième partie de sa Description de la Palestine, la Galilée, parut en 2 volumes in^° en 1880. Il avait publié aussi en 1879 ses Rapports sur une mission en Palestine, in-8°, Imprimerie Nationale. -*- Après avoif si fructueusement travaillé pour les érudits, M. Guérin s’adressa au grand public, et en 1881, il mit au jour La Terre Sainte, son histoire, ses souvenirs, ses sites, ses monuments (première partie) avec 22 planches hors texte et 288 gravures, in-f°, Paris, 1881. En 1882, il retourna au Liban, et à son retour il fit paraître la deuxième partie de la Terre Sainte. Liban, Phénicie, Palestine occidentale et méridionale, Pétra, Sinaï, Egypte. Avec 19 planches, 300 gravures sur bois et

3 cartes coloriées, 1883. La Terre Sainte se distingue, comme les autres ouvrages du savant explorateur, par la solidité de l’érudition, par la clarté et la sobriété du Style. —En 1884, M. Guérin visitait et étudiait à nouveau Jérusalem. En 1885, il entreprenait une seconde mission scientifique en Tunisie, en Tripolitaine et à Malte, et après son retour il publiait La France catholique en Tunisie, à Malte et en Tripolitaine, in-8°, Tours, 1886. La fin de l’année 1886 le ramenait en Egypte et le résultat de ce voyage d’études fut La France catholique en Egypte, hv8°, Tours, 1887. — En 1888, M. Victor Guérin, épuisé par tant de travaux et de fatigues, voulut visiter une dernière fois la Terre. Sainte avec la digne compagne de sa vie et ses enfants et lui faire Ses adieux. Celui qui écrit ces lignes eut le bonheur de faire avec lui une partie du pèlerinage, de s’édifier de sa piété, de profiter de sa science et de sa vaste érudition. Quand il fut revenu en France, Dieu lui laissa le temps de compléter son œuvre ; sa dernière publication, digne couronnement de tant de travaux, fut Jérusalem, son histoire, sa description, ses établissements religieux, avec carte en couleur, in-8°, Paris, 1889. — Quelques années auparavant, il avait publié une carte de la Palestine qui avait reçu, en 1881, une médaille d’honneur au congres géographique de Venise.

Maintenant la mission que Dieu lui avait confiée était terminée. Dieu rappela à lui son fidèle serviteur à l’âge

de 69 ans. Sur son lit de mort, il disait à Notre-Seigneur : « Seigneur Jésus, souvenei-vous que je vous ai prié à Bethléhem, à Nazareth, au Calvaire. » L’amour des Lieux Saints avait été sa grande passion ; les livres que cet amour lui a fait écrire seront toujours son titre de gloire. Sa foi chrétienne a pu seule lui donner la force de mener à bonne fin l’entreprise qui germa de bonne heure dans son esprit et dans son cœur : celle de faire une étude approfondie de la Palestine. L’œuvre qu’il a exécutée lui a coûté vingt-cinq ans d’explorations et de recherches, mais on peut le dire sans exagération, c’est la plus extraordinaire qui ait jamais été conçue et réalisée par un seul homme. Eusèbe avait décrit brièvement la Terre Sainte où il était évêque ; saint Jérôme avait traduit le livre d’Eusèbe, quand il fut devenu le solitaire de Bethléhem ; beaucoup d’autres après eux avaient raconté leurs pèlerinages aux Saints Lieux ; personne n’avait jamais fait une exploration méthodique et détaillée de la Palestine comme Victor Guérin. Il n’existe pas une localité, pas une ruine en Judée, en Samarie, en Galilée, que cet infatigable savant, doué d’un don remarquable d’observation et scrupuleux d’exactitude, n’ait étudiée pendant ces sept longs voyages dans l’antique terre de Chanaan, avec une patience que rien n’a pu lasser, avec une intrépidité que n’a effrayée aucun danger, avec une science qui a presque épuisé la matière. Il n’avait guère cependant d’autres ressources que les siennes propres, mais il les dépensait généreusement pour l’amour des Écritures Sacrées, parcourant en tout sens la Terre Sainte à cheval, accompagné le plus souvent d’un seul moukre et campant sous sa petite tente, à l’ombre du drapeau tricolore. La France, comme l’Église, a lieu d’être fière d’un tel savant. Il a pu se tromper dans quelques identifications de lieux ; personne ne peut échapper aux erreurs de ce genre ; mais ses descriptions sont d’une exactitude irréprochable. Depuis lui, le comité anglais du Palestine Exploration Fund a fait exécuter en Palestine des travaux qu’un particulier ne pouvait accomplir et a rendu ainsi de grands services à la géographie biblique ; néanmoins, même avec tous les secours pécuniaires fournis par une société puissante et malgré leur nombre, les savants anglais n’ont pas éclipsé l’œuvre de Guérin qui, pour les descriptions et les détails, reste en bien des cas supérieure à celle des Memoirs publics par l’Exploration Fund. Une modestie ou plutôt une humilité chrétienne qu’on serait tenté d’appeler excessive, jointe à la vivacité de ses sentiments chrétiens, a été cause qu’il n’a pas joui pendant sa vie de la gloire humaine qu’il avait si justement méritée, mais la postérité lui rendra justice, car ses travaux lui assurent pour toujours une des premières places parmi les explorateurs de la Terre Sainte. F. Vigouroux.

    1. GUÉRISON##

GUÉRISON (hébreu : rifùf, marpê’, de rdfà’, « recoudre, guérir ; » Septante : ïaj.a, ?a<nc, la-zpzia ; Vulgate : curatio, sanitas), rétablissement de la santé par des moyens naturels ou surnaturels.

I. GUÉRISONS NATURELLES.

Voir MÉDECINE.

II. Guérisons surnaturelles.

Dans la Saints Écriture, surtout dans le Nouveau Testament, la puissance divine intervient pour guérir surnaturellement des maladies. — 1° On remarque dans l’Ancien Testament la guérison des Hébreux du désert par la vue du serpent d’airain, Num., xxi, 9 ; Sap., xvi, 10-12 ; celle de Naaman le Syrien, guéri dans l’eau du Jourdain, IV Reg., v, 10-14 ; celle d’Ezéchias, IV Reg., xx, 5, 8 ; celle de Tobie. Tob., xi, 15. À la piscine de Bethesda, il se produisait des guérisons miraculeuses chaque fois que l’ange du Seigneur descendait et agitait l’eau. Joa., v, 4. — 2° En preuve de sa mission et pour témoigner son amour envers les malheureux, Notre-Seigneur a opéré beaucoup de guérisons miraculeuses : celle du fils d’un officier, Joa., iv, 46-54 ; de la belle-mère de saint

Pierre, Matlh., vjh, 14, 15 ; Marc, i, 29 31 ; Luc, iv, 98, 39 ; de l’homme à la main desséchée, Matth., xii, 9-13 ; Marc, iii, 1-5 ; Luc, vi, 6-10 ; du serviteur du centurion, Matth., viii, 5-13 ; Luc, vii, 1-10 ; de l’hémorroïsse, Matth., IX, 20-22 ; Marc, v, 25-34 ; Luc, viii, 43-48 ; de là fille de la Chananéenne, Matth., xv, 21-28 ; Marc, vii, 24-30 ; de la femme courbée, Luc, xiii, 11-13 ; de l’hydropique, Luc., xiv, 1-6 ; de Malchus, Luc, xxii, 50, 51 ; du postsédé de Capharnaûm, Marc, i, 23-27 ; Luc, iv, 33^36 ; du possédé aveugle et muet, Matth., xii, 22 ; Luc., xi, 14 ; des possédés de Gérasa, Matth., viii, 28-34 ; Marc, v, 1-20 ; Luc, viii, 26-39 ; du démoniaque muet, Matth., ix, 32, 33 ; de l’enfant possédé, Matth., xvii, 14-20 ; Marc, IX, 13-28 ; Luc, ix, 37-44 ; d’un lépreux, Matth., viii, 2-4 ; Marc, I, 40-45 ; Luc, v, 12-15 ; de dix lépreux, Luc, xvii, 11-19 ; du paralytique de Capharnaûm, Matth., ix, 1-8 ; Marc. ; ii, 1-12 ; Luc, v, 17-26 ; du paralytique de Bethesda, Joa., v, 1-14 ; de deux aveugles, Matth., ix, 2731 ; de l’aveugle de Bethsaïda, Marc, viii, 22-26 ; de l’aveugle-né, Joa., ix, 1-38 ; des deux aveugles de Jéricho, Matth., xx, 29-34 ; Marc, x, 46-52 ; Luc, xviii, 35-43, et enfin de nombreux malades qu’on apporte en masse à Notre-Seigneur et qu’il guérit à plusieurs reprises sans que l’Évangile entre dans le détail. Matth., iv, 23 ; viii, 16, 17 ; xii, 15 ; xv, 30, 31 ; Marc, i, 32-34 ; iii, 10-12 ; Luc, iv, 40, 41 ; v, 17 ; vi, 18, 19 ; ix, 11. Sur les guérisons de possédés, voir Démoniaques, t. ii, col. 1375.

— 3° Notre-Sèigneur donna le pouvoir de guérir miraculeusement, d’abord aux douze apôtres quand il les envoya en mission, Matth., x, 1 ; Luc, ix, 1, puis aux soixante-douze disciples, Luc, x, 9, enfin aux prédicateurs définitifs de l’Évangile. Marc, xvi, 18. — 4° Ce pouvoir fut employé par les apôtres pour les guérisons du boiteux de la Belle-Porte, Act, iii, 7, des malades de Jérusalem auxquels l’ombre de saint Pierre rendait la santé, Act., v, 15, 16, du paralytique de Lydda, Act., IX, 34, de l’impotent de Lystre, Act., xiv, 7, des malades d’Éphése, Act., xix, 12, du père de Publius et des malades

de Malte. Act., xxvii, 8, 9, etc.
H. Lesêtre.
    1. GUERRE##

GUERRE (hébreu : millfâmdh ; Septante : uôXe|j.o ;  ; Vulgate : bellum), lutte armée entre plusieurs peuples.

— Il est souvent question de guerres dans la Jsainte Écriture. Les Hébreux durent faire la guerre pour conquérir le pays de Chanaan et s’y maintenir. Ce pays, par sa situation même, les exposa à des guerres perpétuelles. Les rois d’Asie et ceux d’Egypte ne pouvaient entrer en lutte sans passer par la Palestine, et les Hébreux se trouvèrent par là même obligés de se défendre à main armée, soit contre les uns, soit contre les autres. Dieu se servit de la guerre pour maintenir son peuple toujours en haleine, pour exercer envers lui tantôt sa miséricorde et le plus souvent sa justice, finalement pour le disperser à travers le monde comme témoin vivant de son intervention dans l’Ancien Testament et préparateur de la prédication du Nouveau.

I. Les usages anciens.

Sur la composition des armées chez les Hébreux et les autres peuples, voir Armée, t. i, col. 971-1000. Sur l’armement des combattants, voir Arme, t. i, col. 967-971. Sur le séjour des armées en campagne, voir Camp, t. ii, col. 96-102. Sur l’attaque et la prise des villes etdes forteresses, voir Siège.

Préparatifs.

C’était ordinairement le roi ou

le chef du peuple qui exerçait le commandement, non sans avoir comparé ses ressources avec celles de l’ennemi, surtout quand il s’agissait de prendre l’offensive. Luc, xiv, 31. On entrait habituellement en campagne au printemps. II Reg., xi, 1. On envoyait des espions pour connaître les forces et la situation de l’ennemi. Jos., vi, 22 ; Jud., xviii, 2 ; I Reg., xxvi, 4 ; I Mach., v, 38 ; xii, 26. Voir Espions, t. ii, col. 1966. Quelquefois une déclaration de guerre précédait l’entrée en campagne, Jud., XI, 12 ; III Reg., xx, 2 ; IV r.eg., xiv, 8 ;

mais plus communément les hostilités commençaient à l’improviste. Avant l’action, la parole était adressée aux troupes, soit par un prêtre, comme l’avait prescrit Moïse, Deut., xx, 2, soit par le roi lui-même. II Par., xx, 20 ; Enfin, en face de l’ennemi, on offrait un sacrifice pour se rendre Dieu propice. I Reg., vil, 9 ; xiii, 8.

Stratégie.

La ruse, la force numérique de l’armée

et la valeur individuelle des combattants constituaient les éléments principaux de la stratégie. On employait volontiers les embuscades, Jos., viii, 2, 12 ; Jud., xx, 36 ; I Reg., xv, 5 ; IV Reg., vil, 12 ; les surprises, Jud., vu, 16 ; les mouvements tournants, II Reg., v, 23 ; les stratagèmes. IV Reg., vii, 12 ; Josèphe, Bell, jud., III, vu, 13, 14, 20, 28. L’ordre de bataille était assez simple. Toute la masse des soldats tombait sur l’ennemi et combattait corps à corps. Mais on trouve parfois l’armée divisée en trois corps (Jud., vii, 16) ; I Reg., xi, 11 ; II Reg. xviii, 2 ; I Mach., v, 33 ; II Mach., viii, 22. Les trompettes donnaient le signal et animaient à la lutte, Num., x, 9 ; xxxi, 6 ; II Par., xiii, 12 ; IMach., xvi, 8, et les combattants poussaient eux-mêmes des cris. I Reg., xvii, 52 ; Is., xlii, 13 ; Am., i, 14 ; Jer., i, 42 ; Ezech., xxi, 22. Voir Cri de guerre, t. ii, col. 1117. On voit une fois les deux armées adverses s’en remettre aux chances d’un combat singulier. I Reg., xvii, 48-54. Une autre fois on choisit douze champions contre douze. II Reg., ii, 14, 15. Avec le temps, les Hébreux perfectionnèrent leur stratégie, à l’école même de leurs ennemis, et ils devinrent capables de tenir tête honorablement aux années syriennes, Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 5, et plus tard aux armées romaines elles-mêmes.

Conséquences.

Pour arrêter le combat, les trompettes

sonnaient la retraite. II Reg., Il, 28 ; xviii, 16 ; xx, 22. On mettait à mort les chefs ennemis, souvent en leur coupant la tête. Jos., x, 26 ; Jud., vii, 25 ; I Reg., xvii, 51 ; xxxi, 9 ; II Mach., xv, 30 ; Josèphe, Bell, jud., I, xvii, 2. On mutilait les survivants, Jud., i, 6 ; IReg., xi, 2 ; on les réduisait en esclavage, Deut., xx, 11 ; Jos., xvi, 10 ; Jud., i, 28, 30, 33, 35 ; v, 30 ; IV Reg., v, 2, ou on les faisait périr, quelquefois d’une façon très cruelle. Jud., viii, 7 ; ix, 45. Les femmes, les enfants et les vieillards n’étaient même pas toujours épargnés par les ennemis d’Israël. IV Reg., viii, 12 ; xv, 16 ; Is., xiii, 16, 18 ; Os., x, 14 ; xiii, 16 ; Am., i, 13 ; Nah., iii, 10 ; Il Mach., v, 13. Parfois tout un peuple vaincu était soumis à la déportation. IV Reg., xvii, 6 ; xxiv, 14 ; xxv, 11. Les vainqueurs coupaient les jarrets des chevaux qu’ils ne pouvaient utiliser, Jos., xi, 6 ; II Reg., viii, 4 ; recueillaient le butin, I Reg., xiv, 26 ; IV Reg., xiv, 14 ; xxiv, 13, voir Butin, t. i, col. 1975 ; imposaient des tributs, IV Reg., xviii, 14 ; brûlaient ou détruisaient les villes prises, Jud., ix, 45 ; IV Reg., iii, 25 ; I Mach., v, 28, 51 ; x, 84, et dévastaient les champs. I Par., xx, 1 ; IV Reg., ni, 19, 25 ; Judith, ii, 17. On emportait aux vaincus leurs idoles, Is., xlvi, 1, 2, et de leur côté les Hébreux détruisaient les temples idolâtriques. I Mach., v, 68. — On célébrait la victoire par des chants, Exod., xv, 1-21 ; Num., xxi, 14, 15, 27-30 ; I Reg., xviii, 6-8, et des danses, Exod., xv, 20 ; Jud., xi, 34 ; I Reg., xviii, 6, 7 ; xxi, "12 ; xxix, 5 ; xxx, 16. Voir Danse, t. ii, col. 1289. On érigeait des pierres commémoratives. I Reg., vil, 12. On déposait des armes dans le sanctuaire, comme un hommage de reconnaissance au Seigneur. I Reg., xxi, 9 ; IV Reg., xi, 10. Les Philistins mettaient aussi dans les sanctuaires de leurs dieux les armes des vaincus. I Reg., xxxi, 10 ; I Par., x, 10. Des récompenses particulières étaient distribuées à ceux qui s’étaient distingués par leurs hauts faits, Jos., xv, 16 ; I Reg., xviif25 ; xviii, 17 ; II Reg., xviii, 11 ; leurs noms étaient consignés dans l’histoire. II Reg., xxiii, 8-39 ; I Par., x, 1047. Tout le peuple se réjouissait à la suite de la victoire. Judith, xvi, 2, 24 ; I Mach., iv, 24. Mais on n’oubliait pas ceux qui avaient glorieusement succombé. Leur

mort disait l’objet d’un deuil national, II Reg., iii, 31 ; on les inhumait avec soin, III Reg., XI, 15, tandis que les cadavres des ennemis restaient privés de sépulture et devenaient la proie des bêtes. I Reg., xvii, 44 ; Jer., sxv, 33. On plaçait dans leur tombeau leurs armes de guerre, Ezech., xxxii, 27 ; on composait des chants funèbres pour honorer leur mémoire, II Reg., i, 17-27 ; II Par., xxxv, 25, et enfin l’on offrait des sacrifices pour larémission de leurs péchés. II Mach., xii, 43-45. Au retour, les combattants se soumettaient aux rites purificatoires imposés à ceux qui avaient tué des hommes ou qui avaient touché des morts. Num., xxxi, 19. — La plupart de ces usages n’avaient rien d’absolu ; plusieurs ont dû être suivis ou omis selon les circonstances, sans que les écrivains sacrés aient pris la peine de le noter. II. La législation mosaïque.

Les prescriptions de Moïse, relativement à la guerre, ont pour but d’en diminuer la cruauté et d’en limiter les occasions.

Dispositions législatives.

Les Hébreux ne pouvaient frapper à la guerre que les hommes ; défense leur

était faite d’exterminer les femmes, les enfants et même le bétail. Deut., xx, 13, 14. Les femmes et les jeunes filles pouvaient être réduites en captivité et l’Hébreu était autorisé à prendre pour épouse l’une de ces dernières. Mais il devait tout d’abord lui laisser un mois pour pleurer son père et sa mère, et si ensuite il ne voulait plus d’elle pour compagne, il était obligé de lui rendre sa liberté. Deut., xx, 10-14 ; Jud., v, 30. Il était défendu de détruire les arbres fruitiers, et même on ne pouvait abattre d’autres arbres que pour faire des retranchements. Deut., xx, 19, 20. Cependant, sur l’ordre d'Élie, il fut dérogé à cette règle dans la guerre contre les Moabites. IV Reg., iii, 19, 25. Ces dispositions contrastaient avec la férocité dont les autres peuples de cette époque étalent coutumiers, et les Syriens, voisins immédiats des Hébreux, constataient eux-mêmes que les rois de la maison d’Israël étaient miséricordieux. III Reg., xx, 31. Ces derniers obéissaient ainsi à la lettre et à l’esprit de leur loi. Cf. Josèphe, Cont. Apion., ii, 29. Les rares exemples de cruauté qu’on peut mettre à l’actif des Hébreux ont le caractère de représailles ou sont des violations formelles de la loi. II Par., xxv, 12. Encore, l’un des principaux, attribué à David, n’existe-t-il que dans des traductions fautives du texte hébreu. On fait dire à ce texte que David fit sortir les Ammonites de la ville de Rabba pour les « placer sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les faire passer par des fours à briques ». Il Reg., xii, 31. En réalité le texte peut signifier seulement que David préposa les Ammonites aux scies, aux haches et aux moules à briques, c’est-à-dire fit d’eux des bûcherons, des tailleurs de pierre et des briquetiers. "Voir Four, t. ii, col. 2338. — Les Hébreux ne pouvaient assiéger une ville sans commencer par lui offrir de se rendre. Deut., xx, 10-15. — Le jour du sabbat n’interrompait pas les opérations militaires, comme on le voit pour Jéricho, assiégé durant sept jours consécutifs. Jos., vi, 15-21. À l'époque des Machabées, un zèle mal entendu porta des Israélites à ne pas se défendre contre les ennemis le jour du sabbat. Si ce rigorisme eût prévalu, les ennemis eussent facilement exterminé toute la nation, en multipliant leurs attaques le jour du sabbat. Mathathias jugea qu’il n’en pouvait être ainsi et il fut décidé qu’on se défendrait à main armée ce jour-là aussi bien que les autres. I Mach., il, 34-41 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vi, 2. Cependant les Juifs ne cessèrent pas de s’interdire, le jour du sabbat, certains travaux militaires d’une nature plus servile. Josèphe, Bell, jud., i, vil, 3. Cf. II Mach., xv, 1-5. Il est probable que l’abstention, était encore plus stricte à l'époque des trois grandes fêtes, car le Seigneur avait promis que pendant ces solennités son peuple ne serait pas attaqué. Exod., xxxiv, 24. 2° Les ennemi » d’Israël. — La loi mosaïque avait pris

soin de déterminer dans quelle mesure les Hébreux pourraient faire la guerre avec leurs voisins. Les Chananéens furent voués par le Seigneur à une extermination complète, parce que le pays qu’ils occupaient avait été. promis à Abraham et à ses descendants. Gen., xv, 7-21, et que l’abominable culte idolâtrique qu’ils professaient aurait pu entraîner au mal les Hébreux. Deut., xx, 1618. De fait, c’est pour n’avoir pas exécuté cette prescription à la rigueur que les Israélites se laissèrent aller si souvent aux pratiques de l’idolâtrie. — Les Amalécites avaient attaqué les Hébreux à leur sortie d’Egypte ; la guerre contre eux devait être perpétuelle. Exod., xvii, 16 ; Deut., xxv, 17-19 ; I Reg., xv, 2, 3. — Les Madianites avaient attiré les Hébreux au culte de Béelphégor } ils étaient voués à l’extermination, comme les Chananéens. Num., xxv, 16-18 ; xxxi, 1-12. — Les Moabites et les Ammonites étaient descendants d’Abraham. Les Hébreux ne devaient donc pas leur faire la guerre ; mais il leur fut défendu de contracter aucune alliance avec ces peuples, qui avaient refusé des provisions aux Hébreux dans le désert et suscité contre eux le faux prophète Balaam. Deut., ii, 4-6, 19 ; xxiii, 4-7. — Les Iduméens avaient refusé le passage aux Hébreux dans le désert, Num., xx, 14-21 ; mais comme ils descendaient d'Ésaù, toute hostilité à leur égard fut défendue. Deut.. xxiii, 7. — Quant aux Égyptiens, les Hébreux devaient garder avec eux de bons rapports, parce qu’ils avaient reçu l’hospitalité dans le pays d’Egypte. Deut., xxiii, 8. — Il n’est point question des autres peuples. Les Israélites gardaient la liberté soit de prendre l’offensive, soit de se défendre contre eux quand les circonstances l’exigeraient. L’offensive semble prévue par l’extension que le Seigneur assigne au domaine des Hébreux. Ce domaine doit en effet avoir pour limites d’un côté le fleuve d’Egypte, et de l’autre le grand fleuve de l’Euphrate. Gen., xv, 18-21 ; Exod., xxiii, 31 ; Deut., i, 7. Les Israélites étaient donc autorisés de droit divin à faire la guerre pour atteindre ces limites.

III. Les interventions divines.

Les préliminaires.

La mission providentielle assignée au peuple

hébreu ne pouvait s’accomplir sans l’intervention de Dieu. Aussi la Sainte Écriture nous montre-t-elle souvent le Seigneur agissant miraculeusement pour assurer la victoire aux Israélites dans les combats. Dieu luimême avait promis de soutenir son peuple contre les ennemis et lui avait recommandé de ne pas craindre. Deut., xx, 1-4. Les Hébreux savaient d’ailleurs que le Seigneur donne le courage qui fait les hommes de guerre, Ps. xvii, 40 ; cxliii, 1, et l’assistance qui assure la victoire, Ps. lxxxviii, 44 ; cxxxix, 8, qu’il arrête, quand il lui plait, les guerres et les guerriers. Ps. xlv, 10 ; lxvii, 31. Aussi, avant d’entreprendre une guerre, les Hébreux commençaient par s’enquérir de la volonté du Seigneur, soit en le consultant lui-même par YUrim et le Thuramim, Jud., i, 1 ; xx, 27 ; I Reg., xiv, 37 ; xxiii, 2 ; xxviii, 6 ; xxx, 8, soit en interrogeant un de ses prophètes. III Reg., xxil, 6 ; IV Reg., xix, 2, 7 ; II Par., xviii, 5. Cf. Ezech., xxi, 26 ; l Mach., v, 67. On offrait ensuite le sacrifice pour appeler le secours divin. I Reg., vu, 9 ; xiii, 8. Comme gage de l’assistance divine, on emportait l’arche d’alliance à la guerre. Elle était au milieu des combattants comme le symbole de la présence de Dieu. Jos., iv, 6-16 ; Jud., xx, 18-27 : I Reg., iv, 3-22 ; xiv, 18 ; Ps. lxviii, 1-24. Voir Arche d’alliance, t. i, col. 919-921. La guerre entreprise avec ces garanties méritait vraiment le nom de « guerre du Seigneur ». I Reg., xviii, 17 ; I Par., v, 22.

Les interventions miraculeuses.

Outre l’assistance ordinaire qu’il prétait à son peuple dans les combats, Dieu daigna plusieurs fois intervenir d’une manière

extraordinaire en sa faveur, principalement durant la période de la conquête chananéenne. De même qu’il a fait périr les Égyptiens qui poursuivaient les Hébreux

à la mer Rouge, Exod., xiv, 27, 28, il aide Josué contre les Amalécites pendant que Moïse prie sur la colline, Exod., xvii, 9-13 ; fait tomber les murs de Jéricho, Jos., vl, 20 ; accable d’une grêle formidable les rois chananéens réunis près de Gabaon et prolonge le jour pour assurer leur défaite, Jos., s, 10-14. Il prête successivement le concours de sa puissance aux juges d’Israël, principalement à Gédéon, Jud., vi, 34-40 ; vii, 22 ; à Jephté, Jud, , xi, 32 ; à Samson, xiii, 5 ; xvi, 28-30. Dans la suite, le Seigneur intervient encore miraculeusement pour causer une panique aux Syriens qui assiègent Samarie et les obliger à s’enfuir, IV Reg., vii, 6, 7 ; pour faire périr les Assyriens de Sennachérib qui assiègent Jérusalem, IV Reg., xix, 35, 36 ; et pour soutenir Judas Machabée contre les Syriens de Lysias. II Mach., XI, 6-9. Par contre, le Seigneur irrité par les crimes de son peuple prépare son châtimeut et conduit contre lui les Assyriens, IV Reg., xv, 19-20, 29 ; xvii, 3-6 ; xviii, 941 ; 13 ; I Par., v, 6-26 ; Judith, vii, 1 ; les Babyloniens, IV Reg., xxiv, 10-16 ; xxv, l-ll, et plus tard les Romains. Il est à remarquer que dans la catastrophe finale, la main de Dieu fut reconnue par Titus lui-même. Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 1 ; cf. VI, iv, 5.

IV. Les guerres des Hébreux.

Dès leur sortie d’Egypte, les Hébreux furent en guerre avec les peuples qu’ils rencontrèrent dans le désert, Amorrhéens, Num., xxi, 23-26 ; Madianites, xxxi, 1-54, etc. Il existait alors un livre, perdu depuis, et intitulé « livre des guerres de Jéhovah ».Num., xxi, 14. Les Hébreux eurent ensuite à combattre les tribus chananéennes qui occupaient la Palestine. Le récit de ces luttes pour la prise de possession de Chanaan remplit les livres de Josué et des Juges. Dès cette époque, la guerre civile fit son apparition parmi les Hébreux ; la tribu de Benjamin périt presque tout entière à la suite d’un crime commis par l’un de ses membres. Jud., xix-xxi. En Palestine, les Hébreux trouvèrent établis, sur le bord de la Méditerranée, les Philistins, peuple qui n’était pas de race chananéenne et qu’ils n’avaient pas mission d’exterminer, mais qui, rusé, brave et industrieux, lutta avec acharnement contre les nouveaux venus sous le gouvernement des Juges, iii, 3, 31 ; x, 7 ; xiii, 1 ; xv, 9 ; xvi, 1-31 ; d’Héli, I Reg., iv-vi ; de Samuel ; I Reg., vii, 7-14 ; de Saûl, I Reg., xiii, 5 ; xiv, xvii, etc. ; de David, II Reg., v, 17-25 ; viii, 1 ; xxr, 15-22 ; et d’Ézéchias. IV Reg., xviii, 8. Voir Philistins. Par leurs incessantes hostilités, ils contribuèrent notablement à développer chez les Hébreux les aptitudes militaires. Saùl eut à combattre les Ammonites, I Reg., xi, 1-11 ; les Amalécites, I Reg., xv, et plusieurs fois les Philistins, qui finalement furent la cause de sa mort.

I Reg., xxxi, 1-6. David fit la guerre aux Philistins, aux Moabites, aux Syriens, aux Iduméens, aux Ammonites, II Reg., viii, 1-18 ; x, 7-19 ; xxi, 15-22, et eut à soutenir une guerre civile contre son propre fils Absalom.

II Reg., xv, 1-xvill, 33. Il fut un roi guerrier et pour cette raison ne put être admis à bâtir le temple du Seigneur, comme il l’aurait désiré. III Reg., v, 3. Le règne de Salomon fut pacifique, bien que sous ce roi le domaine des Israélites ait atteint son apogée en s’étendant de l’Egypte à l’Euphrate. III Reg., IV, 21. Les guerres recommencèrent sous ses successeurs, guerres entre les deux royaumes de Juda et d’Israël, III Reg., xv, 6, 7, 16, 17, 32 ; IV Reg., xiv, 8-12 ; guerre avec les Égyptiens sous Roboam, III Reg., xvi, 25-28, et plus tard sous Josias et Joachaz, IV Reg., xxiii, 29-36 ; guerres contre les Moabites, IV Reg., iii, 21-27, et les Iduméens. IV Reg., viii, 20-22. Durant cette période, les guerres les plus nombreuses se firent avec les Syriens de Damas.

III Reg., xv, 20, 21 ; xx, 1-21, 29-32 ; xxii, 31-36 ;

— IV Reg., vi, 24, 25 ; vii, 3-9 ; viii, 28, 29 ; x, 32, 33 ;, xii, 17, 18 ; xiii, 3, 7, 24, 25 ; xv, 37 ; xvi, 5, 6. Les guerres avec les Syriens occupaient surtout les rois d’Israël et les empêchaient de chercher trop souvent

querelle aux rois de Juda. Les Syriens faisaient habile’ment manœuvrer leur cavalerie dans les immenses plaines de leur pays ; les Israélites se défendaient avec avantage dans leurs montagnes, comme ils l’avaient fait précédemment contre les Philistins, habitants de la plaine. Aussi les Syriens disaient-ils : « Leurs dieux sont des dieux de montagnes ; voilà pourquoi ils nous ont vaincus. Combattons-les dans les plaines et nous en serons vainqueurs. » III Reg., xx, 23. Ils ne cessèrent leurs incursions contre le royaume de Samarie que quand eux-mêmes furent déportés par les Assyriens. Ceux-ci furent les derniers et les plus terribles des ennemis en face desquels se trouvèrent les anciens Hébreux. Le Seigneur en délivra une fois miraculeusement Jérusalem sous Ézéchias. IV Reg., xix, 9-36. Mais déjà le royaume d’Israël était tombé sous leurs coups, IV Reg., xv, 27-29 ; xvii, 3-6 ; xviii, 9-12, et plus tard le royaume de Juda fut aussi détruit par les Chaldéens. IV Reg., xxiv, 10-20 ; xxv, 1-21. Il n’est plus question de guerre, dans l’Ancien Testament, que sous les Machabées, qui luttent héroïquement contre les rois de Syrie, avec des fortunes diverses, pour l’indépendance de leur nation. Dans le Nouveau Testament, il n’est fait mention que de la grande guerre finale que les Juifs auront à soutenir contre les Romains, et que Notre-Seigneur prédit à l’avance avec détail. Matth., xxiv, 1-21 ; Marc, xiii, 1-19 ; Luc, xxi, 5-24. Pendant cette effroyable guerre, les Juifs montrèrent tout ce que la Providence leur avait accordé de valeur militaire et de patriotisme. Les Romains eurent mille peines à les vaincre ; les Juifs périrent glorieusement et il fut visible que la main de Dieu aidait leurs ennemis. « Jamais, en aucun temps, nation n’a tant souffert et ne s’est jetée si bravement et tout entière entre les bras de la mort, pour échapper au plus poignant des malheurs, à l’envahissement et à l’asservissement par la force brutale des armées étrangères. Ils ont payé de leur sang le droit de transmettre à leur descendance le souvenir de la plus belle résistance qui ait jamais été faite par les faibles contre les horreurs de la conquête. » De Saulcy, Les derniers jours de Jérusalem, Paris, 1866, p. 437.

H. Lesêtre.
    1. GUERRES (LIVRE DES) OU SEIGNEUR##


GUERRES (LIVRE DES) OU SEIGNEUR. Voir t. iv, col. 317, 4% 1°.

    1. GUEULE##

GUEULE (hébreu : péh, « bouche ; » chaldéen : pum ; Septante : ardjjwi ; Vulgate : os), la bouche chez la plupart des grands carnassiers, des reptiles et des poissons.

— 1° Au sens propre. La Sainte Écriture parle de la gueule du lion dans laquelle, d’après les versions spécialisant le sens de l’hébreu, Samson trouva un essaim d’abeilles, Jud., xiv, 8 ; des lions auxquels Dieu fit échapper Daniel, Dan., vi, 22 ; I Mach., ii, 60 ; Hebr., xi, 33 ; du lion auquel le berger arrache les restes de sa brebis, Am., iii, 12 ; de l’ours, Dan, , vil, 5 ; du crocodile, Job, xli, 10 ; du serpent qu’adorent les Babyloniens et que Daniel fait périr, Dan., xiv, 26 ; du poisson dans lequel saint Pierre trouve le statère destiné au tribut. Matth., xvii, 26 ; — 2° Au sens figuré. La gueule du Hon symbolise la férocité des persécuteurs. Ps. xxi, 22 ; cꝟ. 14 ; II Tim., iv, 17. Les ennemis d’Israël, Is., ix, 11, et les mauvais pasteurs, Ezech., xxxiv, 10, sont comme des bêtes à la gueule dévorante. La bête infernale que voit saint Jean a une gueule de lion, Apoc, xiii, 12, et Satan une gueule de serpent. Apoc, xil, 15 ; xvi, 13. La terre qui s’entr’ouvre est comparée à un animal qui ouvre sa gueule pour engloutir. Num, , xvi, 30, 32 ; xxvi, 10 ; Deut., si, 6 ; Ps. lxviii, 16 ; Apoc, xii, 16 ; xvi, 13. De même le scheôl. Is., v, 14.

H. Lesêtre.
    1. GUEVARA Antonio##


1. GUEVARA Antonio, théologien espagnol du xvie siècle, a écrit les deux ouvrages suivants : IAteralis expositio in primum caput Geneseos, in-4°,

Vienne, 1585 ; Commentarius et Ecphrasis inHabacuc prophetam et in psalmos Davidicos brèves annolatiunculæ, in-4°, Madrid, 1595. — Voir N. Antonio,

Bibl. Hispana nova, t. i, p. 128.
B. Heurtebize.
    1. GUEVARA Jérôme##


2. GUEVARA Jérôme, jésuite espagnol, né à Séville en 1585, mort à Madrid le 19 février 1649. Entré au noviciat en 1600, il professa la théologie morale. Commentarius in Evangelium Matthœi, 3 in-f°, Madrid, 16341641 ; ibid., 1736 ( ?). C. Sommervogel.

    1. GUILLAERTS Dominique##


GUILLAERTS Dominique, théologien catholique des Pays-Bas, était chanoine de la cathédrale d’Anvers, et mourut dans cette ville en 1722. Il est auteur d’un commentaire, qui ne parut qu’après sa mort : Annotationes in Evangelium secundum Joannem, in ivpriora capita Evangelii secundum Matthxum, et in mpriora capita secundum Lucam, Gand, 1724. A. Régnier.

    1. GUILLAUD Claude##


GUILLAUD Claude, théologien français, né à Beaujeu, mort en 1561, était docteur de la maison et société de Sorbonne. Ses commentaires sur les Épîtres canoniques ayant été censurés par la faculté de théologie, il se retira en Bourgogne. Il fut curé de Villefranche-en-Beaujolais, chanoine et théologal d’Autun. Voici ses principaux ouvrages : Colla’tio in omnes D. Pauli epistolas, in-4°, Lyon, 1542 ; Collatio in canonicas Apostolorum vu Èpistolas, in-4°, Paris, 1543 ; in-8°, Paris, 1550 ; Enarrationes in Evangelium Joannis, in-f°, Paris, 1550 ; Collationes in Matthseum, in-f », Paris, 1562. — VoirDupin, Histoire des auteurs ecclésiastiques de 1550

à la fin du siècle (1703), p. 5.
B. Heurtebize.
    1. GUILLAUME de Saint-Thierry##


GUILLAUME de Saint-Thierry, bénédictin, puis cistercien, né dans le diocèse de Liège, mort à l’abbaye de Signy vers 1150, fut envoyé à Reims pour y faire ses études. Il s’y consacra à Dieu sous la règle de saint Benoît dans l’abbaye de Saint-Nicaise et devint abbé de Saint-Thierry au mont d’Hor. Ayant connu saint Bernard dans un voyage à Clairvaux, il se résolut, à embrasser la vie cistercienne à l’abbaye de Signy. Ses œuvres imprimées se trouvent dans le tome clxxx de la Patrologie latine de Migne. On y remarque Brevis commentait in priora duo capita Cantici Canticorum ; Commentarius in Cantica Canticorume scriptis S. Ambrosii collectus ; Excerpta ex libris S. Gregorii papse super Cantica Canticorum ; Expositio altéra super Cantica Canticorum ; Expositio in Epistolam ad Romanes. — Voir Fabricius, Biblioth. latina médise tetatis (1858), t. iii, col. 157 ; Hist. littéraire de la France, t. xii, p. 312 ; Visch, Bibl. Cisterciensis, p. 137 ; D. Ceillier, Hist. générale des auteurs ecclésiastiques (2e éd.), t. xiv, p. 386 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’hist. littéraire des Pays-Bas, t. ii, p. 207 ; Patrologie

latine, t. clxxx, col. 185-726.
B. Heurtebize.
    1. GUILLEBERT Nicolas##


GUILLEBERT Nicolas, prêtre et théologien français, vécut dans la première moitié du xviie siècle. Il a laissé plusieurs paraphrases de l’Ancien et du Nouveau Testament : Les Proverbes de Salomon paraphrasés, in-8°, Paris, 1626 ; in-8°, 1637 ; Paraphrase sur l’Ecclésiaste de Salomon, in-8°, Paris, 1627, 1635, 1642 ; La Sagesse de Salomon paraphrasée, in-8°, Paris, 1631 ; Paraphrase sur les Épitres de saint Paul aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timolhée et à Tite, in-8°, Paris, 1635 ; Paraphrase de l’Épitre aux Hébreux et des Épître8canoniques, ’m-8f>, PaLTÏs, i&$8. A. Régnier.

    1. GUILLEMIN Pierre##


GUILLEMIN Pierre, bénédictin, né à Bar-le-Duc, profès de l’abbaye de Saint-Mihiel le 9 juin 1703, mort à Neufchâteau en Lorraine, le 9 septembre 1747. Il fut prieur de Saint-Mansuy de Toui. Il est auteur d’un Commentaire, littéral abrégé sur tous les livres de

l’Ancien et du Nouveau Testament avec la version française, 3 in-8°, Paris, 1721. Ces trois volumes qui ne comprennent que le Pentateuque devaient être suivis de sept autres qui n’ont jamais été imprimés. Guillemin résume les Commentaires de Calmet, mais ne craint pas de s’écarter des explications de ce dernier quand il le croit nécessaire. — Voir Dom François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit, t. i, p. 445 ; Journal des savants, janvier

1723, p. 34.
B. Heurtebize.
    1. GUIOT DE MARNE Joseph Claude##


GUIOT DE MARNE Joseph Claude, théologien français, naquit à Bar-le-Duc le 8 janvier 1693. Il fut grand-vicaire de l’Ordre de Malte dans les duchés de Lorraine et de Bar, et membre de l’académie de Florence et de Tortone. Il a laissé : Une dissertation latine, adressée au cardinal de Polignac, pour prouver que saint Paul a passé à Malte d’Afrique, et non pas à Méléda du golfe Adriatique comme le prétendait le P. George de Raguse, Rome, 1731 ; Commentarium in Acta Apostolorum, Palerme. — Voir A. Calmet, Bibliothèque lorraine, in-f°, Nancy, 1751, col. 471. A. Régnier.

    1. GULLOTH##

GULLOTH (hébreu : gullôf ; Septante : Boteavfç, TovaiôXâv, Jos., xv, 19 ; XvEpcoijiç, Jud., i, 15 ; d’autres manuscrits portent : r<oXàè|*ae’(i, rwXcfô [voir Vigouroux, Polyglotte, t. ii, p. 88] ; Vulgate : irriguum), mot qui signifie « sources, fontaines » et indique peut-être des eaux qui jaillissent en bouillonnant (A. P. Stanley, Sinai and Palestine, 1877, p. 512), chose rare en Palestine. Axa, fille de Caleb, femme d’Othoniel, dit un jour à son père : « Tu m’as donné une terre aride ; donnemoi aussi gullôf mayim, des sources d’eaux. Et il lui donna Gullôf’iliyôf (les fontaines de dessus) et Gullôf tahfiyôf (les fontaines de dessous). » Jos., xv, 19 ; Jud., i, 15. Voir Axa, t. i, col. 1295. Rosen, dans la Zeitschrift der deutschen morgent ândischen Gesellschaft, t. ii, 1857, p. 50-64, suppose que ces deux sources^sônt "* VAïn Nunkur et le Devir-Ban actuels, dans une belle vallée à une heure environ au sud-ouest d’Hébron. Contre cette opinion, voirDABm, t. ii, col. 1198. Voir ibid., col. 1200, pour d’autres identifications.

GUNI (hébreu : Gûnî), nom de deux Israélites.

1. GUNI (Septante : r<owt, Gen., xlvi, 24 ; TauvEÎ, Codex Alexandrinus : rWivî, Num., xxvi, 48, et Twvef, Codex Alexandrinus : Twjvi, I Par., vii, 13), le second des fils de Nephthali, Gen., xlvi, 24 ; I Par., vii, 13, chef de la famille des Gunites. Num., xxvi, 48. Il semble qu’à la place de Gésonite dans I Par., xi, 33, il faille lire Gunite ou fils de Guni d’après la recension de Lucien. Voir Gézonite.

2. GUNI (Septante : Touvf), descendant de Gad, père d’Abdiel lequel l’était d’Achi ou Ahi. C’est ce dernier et non Guni qui était chef d’une famille au temps de Jéroboam H, roi d’Israël, ou de Joatham, roi de Juda. I Par., , V, 15, 17. Voir Ahi 2, 1. 1, col. 291. E. Levesque.

    1. GUNITES##

GUNITES (hébreu : hag-Gûnî ; Septante : à Vaml, Codex Alexandrinus : rWvé ; Vulgate : Gunitse), famille issue de Guni, le second fils de Nephthali. Num., xxvi,

    1. GURBAAL##

GURBAAL (hébreu : Gûr-Ba’al, « demeure de Baal ; » Septante : tj nérpa), localité d’Arabie, au sud de la Palestine, dont les habitants, furent battus par Ozias roi de Juda. II Par., xxvi, 7. Le nom de cette ville semble indiquer qu’on y rendait un culte particulier à Baal. Son identification est incertaine. Les Septante paraissent l’avoir confondue avec Pétra, capitale de l’Idumée. Le-Targum y a vu Gérare, lisant tu au lieu de tu. Sur uneDlCT. UK I.A BlHI.K

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Imp. G. DLBERQUE, 103, rue de Vauglrard

BIBLE HISTORIALE

IFKU1LLKT 1. VERSO. COM M ENCt M (NT DE LA GENÈSE)

Ilililinllicquc Mazniinc. Manuscrit Mi

des dernières ramifications des montagnes de Juda, qui va se perdre dans la vallée de Bersabée, se trouve un endroit appelé el-Ghurra et une colline appelée Tell elGhur, qui conservent peut-être le nom de Gur-(Baal).

    1. GUYART DESMOULINS##


GUYART DESMOULINS, chanoine d’Aire, traducteur de la Bible en français. On écrit aussi son nom Guyard et Guiars Desmoulins. Lui-même s’appelle dans un opuscule latin : Ego Guiardus de Molendinis (De capite B. Jacobi Majoris Apostoli, publié dans la Revue des sociétés savantes, 1861, t. v, p. 510) et dans une charte française « Guiars des Molins », N, de Wailly, Charles d’Aire en Artois, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, t. xxviii, part. i, 1874, charte 9, p. 193 (Guiart, dans la charte 6, ibid.), de même que dans plusieurs manuscrits de la Bible hisloriale (S. Berger, La Bible française, p. 160). Il était né à Aire en juin 1251, Le 1 er octobre 1297, le chapitre de Saint-Pierre d’Aire, dont il faisait partie, le nomma son doyen. On ignore la date de sa mort, on sait seulement qu’il vécut jusqu’après 1313, probablement jusque vers 1322, époque où il avait un successeur. Guyàrt a été un des premiers écrivains qui aient traduit une partie de la Bible en français. Sa traduction, très importante pour l’histoire des versions des Écritures en notre langue, est connue sous le nom de Bible historiaux ou Bible hisloriale. Sur son œuvre, voir Françaises (versions) de la Bible, t. ii, col. 2355-2357. Nous reproduisons ici le verso du premier feuillet de la Genèse (fig. 87), d’après le manuscrit 312 de la bibliothèque Mazarine. — La Bible historiale fut imprimée par Antoine Vérard à Paris, en 2 volumes, vers la fin du xve siècle, mais d’après des manuscrits dans lesquels l'œuvre du chanoine d’Aire avait été notablement modifiée et transformée. Voir Fr. Morand, Un opuscule de Guiard des Moulins, dans la Revue des sociétés savantes des départements, 1861, t. v, p. 495-500 ; Ed. Reuss, Fragments relatifs à l’histoire de la Bible française, dans la Revue de théologie, t. xiv, 1857, p. 1248, 73-79 ; Sam. Berger, La Bible française au moyen âge, in-8°, Paris, 1874, p. 157-188, 325-327, etc. ; Paulin Paris, Guyart des Moulins, dans l’Histoire littéraire de la France, t. xxviii, 1881, p. 440-455.

    1. GUYAUX Jean Joseph##


GUYAUX Jean Joseph, théologien catholique belge, né à 1684 à V amfercee en Brabant, mort à Louvain le 8 janvier 1774. Il avait fait ses études de philosophie en cette dernière ville. Il y devint professeur d’Ecriture Sainte, chanoine, puis doyen de la collégiale de SaintPierre. Il a travaillé à l'édition de la Bible publiée par du Hamel, in-f », Louvain, 1740, et une grande partie des notes sont de lui. Il est en outre auteur d’un Commenterais in Apocalypsim, in-8°, Louvain, 1781. M. Gérard, chanoine de Gand et professeur de philosophie à Louvain, a fait imprimer l’ouvrage suivant de J.-J. Guyaux : Prxlectiones de sancto Jesu Christi Evangelio deque actis et epistolis Apostolorum, 7 in-8°, Lout vain. — Voir Hurter, Nomenclator literarius (2 « éd.),

t. iii, col. 9t.
B. Heurtebize.
    1. GYMNASE##

GYMNASE (grec : »(iv<xo-tov ; latin : Gymnasium), ensemble des locaux spécialement affectés chez les Grecs aux exercices physiques de la jeunesse et à l’entraînement des athlètes. Sous le règne d’Antiochus IV Épiphane, l’impie Jason et ceux qui, comme lui, voulaient introduire chez les Juifs les mœurs païennes, obtinrent du roi, à qui ils promirent, en échange de cette permission, la somme de cent cinquante talents d’argent, l’autorisation de construire à Jérusalem un gymnase et une éphébée. I Mach., i, 15 ; II Mach., iv, 9. Ce gymnase fut en effet construit par eux aux pieds de la citadelle. II Mach., r ?, 12. La description la plus complète d’un gymnase grec est celle que nous donne Vitruve, V, Xi (fig. 88). En voici l’ordonnance. On trace d’abord un

péristyle carré ou rectangulaire, sur un pourtour de deux stades olympiques, soit 384 mètres. Trois des portiques qui bordent les côtés sont à colonnade simple, lé quatrième, qui fait face au sud, est à double colonnade. Sous ce portique double sont placées les pièces suivantes : i°l’ephebeum, k(voiT Éphébée, t. ii, col. 1830), vaste salle où sont disposés des sièges de façon à ce que les éphèbes puissent s’exercer en présence de leurs maîtres ; 2° le coryceum, B ; quelques savants croient que cette salle était destinée au jeu du corycos, sorte de ballon suspendu contre lequel les athlètes et les jeunes gens s’exerçaient au pugilat. D’autres en font le lieu où ils déposaient leurs provisions de bouche renfermées dans des besaces, en grec xdpuxoc ; 3° le conisterium, C, c’est-à-dire l’endroit où les lutteurs se frottaient de sable fin, xovi'Çw ; 4° le bain froid, D, ou ).outpôv ; 5° l’elxothesium, E, où ils oignaient leurs membres ; 6° le frigidarium, F, pièce fraîche qui servait de transition entre la cour et le tepidarium ; 7° G, un couloir qui conduisait au propnigeum ; 8° le propnigeum, H, c’est-à-dire la pièce qui précède l'étuve et où se trouvait le calorifère ; 9° en retour, l'étuve voûtée, I, dont la longueur est double de la largeur et qui renferme à une extrémité le laconicum, c’est-à-dire l’endroit où l’on transpirait à l’aide de l’air chaud et à

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88. — Gymnase. Plan, d’après Vitruve ; Saglio, Dictionnaire des antiquités, i. ii, p. 1687.

A. Ephebeum ; B. Coryceum ; C. Conisterium ; D. Bain froid ; E. EUeothesium ; F. Frigidarium ; G. Couloir ; H. Propnir geum ; I. Étuve voûtée.

l’autre la piscine d’eau chaude. En face, se trouvaient les exèdres ou sièges des juges et des maîtres. L’ensemble de ces bâtiments formait la palestre. — Un passage conduisait de la palestre dans le gymnase proprement dit. « En dehors de la palestre, dit Vitruve, on construira trois portiques ; l’un sera contigu au péristyle, les deux autres seront placés à droite et à gauche sur la longueur d’un stade. Le premier, qui regarde du côté du nord, sera double et très large, le second simple. Dans ce dernier on disposera le long du mur des trottoirs larges de 10 pieds au moins. Au milieu, on creusera une chaussée qui sera de deux marches de 1 pied et demi en contre-bas du trottoir. La largeur de la chaussée sera d’au moins 12 pieds. » Ce portique était appelé par les Grecs Çikttô ;. « Le long du xyste et du portique double on tracera des allées que les Grecs appellent icap « Spo|tî8e(. » Les athlètes s’exerçaient dans la mauvaise saison sous le xyste couvert ; pendant.les beaux jours ils se tenaient sous des arbres en plein air. Derrière le xyste était un stade assez vaste pour contenir les spectateurs. Les ruines des gymnases découvertes dans les fouilles récentes correspondent assez bien à la description de Vitruve. Il est facile de s’en rendre compte par le plan de celui d’Olympie (fig. 89). Toutefois ce n’est que par conjecture qu’on identifie la plupart des pièces. — Les gymnases étaient fermés la nuit et ne s’ouvraient qu’au lever du soleil. L’administration de ces

établissements était confiée à des magistrats spéciaux appelés gymnasiarques, qui avaient sous leurs ordres des fonctionnaires subalternes et des esclaves, portiers,

COUR BTJ G-TMKASE

89. — Gymnase d’Olympie. D’après E. Curtius, F. Adler, etc., Die Ausgrabungen zur Ôympia, t. v, 1881, pi, 38.

garçons de bains, cuisiniers, etc. Pour les exercices du gymnase voir Athlètes, t. i, col. 1222. — Voir Scbmidt, Die Gymnasien als VebunsgsplàHe, in-8°, Halle, 1844 ; A. L. Brugsma, Gymnasiorum apud Grœcos descriptio, in-8°, Groningue, 1855 ; Petersen, Dos Gymnasium d-er Griecfwn nach seiner baulichen Einrichtung, in-4°, Hambourg, 1858 ; Buegsen, De Gymnasii Vilruviani palœstra, in-8°, Bonn, 1863 ; A. Baurneister, Denkmàler des cla3sichen Alterlums, in-4°, Munich, 1885, t. i, p. 609-611. E. Beurlier.

    1. GYPAÈTE##


GYPAÈTE, grand oiseau de proie, de l’ordre des rapaces diurnes, tirant son nom du vautour et de l’aigle, auxquels il ressemble, et ne formant qu’une seule espèce, le gypælus barbatus, appelé aussi leemmergeier, s vautour des agneaux » (fig. 90). Le gypaète a la tête et le cou jaunes, avec une touffe de poils raides sous le bec,

qui est fort et renflé vers la pointe, le reste du corps fauve en dessous et noir en dessus. Une ligne noire s’étend à la base du bec jusqu’au-dessus des yeux. L’oiseau atteint aisément l m 50 de long et 3 mètres d’envergure. Il se nourrit de proies mortes ou vivantes, et s’attaque parfois aux quadrupèdes de moyenne taille, agneaux, chèvres, daims, etc. Il profite du moment où ces animaux se trouvent sur le bord de quelque précipice, fond sur eux, les frappe des ailes et de la poitrine pour les faire tomber dans l’abime, les suit dans leur chute et peut alors les déchiqueter à son aise. Il habite les montagnes et les hauts rochers, dans lesquels il

établit son aire. Les gypaètes vivent isolément par paires, et ne se réunissent que rarement en plus grand nombre.

— Le gypaète n’est pas commun en Palestine. Il se rencontre cependant dans les rochers des gorges profondes, comme celle du Jaboc, et Tristram a pu personnellement en observer une paire. Natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 171. Il est probable que le gypaète est désigné dans la Bible sous le nom Aepérés, qui se trouve rangé parmi les noms d’oiseaux impurs entre l’aigle commun et l’aigle de mer. Lev., xi, 13 ; Deut., xiv, 2. Les Septante traduisent pérés par ipity, « griffon, » la Vulgate par gryps, qui a le même sens, Bochart, Hwrozoicon, Leipzig, 1793, t. ii, p. 770, par ossifraga, « orfraie » ou aigle de mer, les modernes plus communément par « gypaète ». Wood, Bible animait,

Londres, 1884, p. 333-338.
H. Lesêtre.

E

H. Voir HÉ et Hem 2.

HABA (hébreu : Yehubbâh (ketib) ; Yahbe’h et ve-Hubbâh (keri) ; Septante : ’ùëiê ; Codex Alexandrinus : ’Oëâ), troisième fils de Somer, de la famille de Baria dans la tribu d’Aser. I Par., vii, 34. La leçon du ketib est évidemment fautive ; la conjonction i, vav, qui doit régulièrement se trouver devant le nom propre Hubbâh, s’est trouvée raccourcie en’, yod, parune faute de copiste.

1- H ABACUC (hébreu : Hâbaqqûq ; Septante : ’A|16axoû [j.), le huitième des petits prophètes.

]. Temps et âge. — 1° Il est difficile à fixer avec précision. Il est dit i, 5e, qu’il va se faire parmi les nations une chose incroyable, qu’elle se fera du vivant de ceux qui écoutent, 5 b, savoir que Dieu est près de susciter les Chaldéens, race avide, impétueuse et dure. Or, leur première irruption en Juda tombe vers 604, quelque temps après la défaite de Néchao par le jeune Nabuchodonosor en 605. Donc la prophétie existait à cette date. Certainement elle existait plus tôt encore, avant l’an 608 ou 607, car c’est l’année où Ninive succomba sous les efforts réunis de Nabopolassar et du Mède Cyaxare, et à ce moment il ne pouvait être incroyable que le Chaldéen se jetât sur la Palestine. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., p. 516 ; F. Vigouroux, ia Bible et les découvertes modernes, 6 B édit., 1896, t. iv, p. 136, 139-140 ; cf. C. TÏele, Babilonisch Assyrische Geschichte, t. ii, p. 414. On peut remonter plus haut encore. L’état social, dont le prophète se plaint, 1, 24, est plutôt mauvais. Partout l’oppression, la violence, l’injure, veSôd vehdmâs, la justice mal rendue. La loi, « âme et cœur de la vie politique, liturgique et privée, » Keil, Die kleinen Propheten, p. 411, est paralysée, sans vigueur. L’idolâtrie cependant ne paraît pas avoir été très répandue. Du moins il n’en parle pas. Il se peut que les idoles aient été tolérées avec le culte du Dieu vivant. Pusey, On the minor Prophets, Londres, 1895, p. 399. Or, cet état général représente assez bien la seconde partie du règne de Manassé et la première du règne de Josias avant 623. La date du temps de Manassé ne paraît pas improbable. Telle fut, du reste, l’opinion ancienne, juive et chrétienne, confirmée d’ailleurs, entre autres, par les imitations de Sophonie et de Jérémie, et par le fond, la forme et le style même du livre. Voir les auteurs qui sont de cette opinion dans Frz. Delitzsch, De Habacuci Prophètes vita atque œtate, in-8°, Leipzig, 1842, p. 9-12. Soph., i, 7, vient de Hab., ii, 20, comme Jer., iv, 13 et V, 6 vient de Hab., i, 8. Pusey, On the minor Prophets, p. 399. Or, ces prophètes qui imitent le nôtre, sont, dans ces versets, des premières années de Josias. Il est l’imité et non l’imitateur, car on lui reconnaît, dans la conception, l’usage des mots, le style, une indépendance, une personnalité que certes les deux autres n’ont pas. On peut donc vraisemblablement placer la prophétie entre l’an 645 environ et l’an 630, entre la fin de Manassé : remonter plus haut est impossible à cause de Hab., i, &> bimêkém, « de vos jours, » et les premières années de Josias, avant que le nom chaldéen ait pu pa raître menaçant à Israël. — Les modernes critiques eu général et nommément les rationalistes en abaissent la date à l’an 615, 608, 605, 604 et même 590. Ils y sont amenés presque tous, qu’ils le veuillent ou non, par l’axiome, que la prophétie est métaphysiquement impossible. « On trouverait sans peine et vite l’âge d’Habacuc, si l’on se défaisait de ce préjugé, qui est l’âme de la critique moderne, qu’une prédiction fondée sur une illumination d’en haut n’est pas possible : elle ne saurait être que l’effet d’une humaine prévoyance et d’une sorte de divination. Puisque Habacuc prophétise l’invasion des Chaldéens, il faut donc qu’il ait vécu au temps où, par son intelligence naturelle, il pouvait prévoir avec certitude ce terrible événement, savoir, un peu avant ou après la bataille de Carchamis, la quatrième année de Joakim. » Par là on s’explique les dates légèrement antérieures à l’an 604 et celle de 590. La prophétie alors, faite après 604, ne serait plus, quoi qu’en dise Kuenen, Histoire critique de l’Ancien Testament, t. ii, p. 448, 449, qu’un vaticiniutn ex eventu. Nous retrouverons plus bas ces questions. Voir sur l’âge et le temps du prophète Frz. Delitzsch, Der Prophet Habakuk, Leipzig, 1843, p. iv-xxiii. Cf. Pusey, The minor Prophets, p. 398-405. 2° Tout ce qu’on sait de certain sur lui se réduit à ceci : Habacuc le prophète, i, 1 ; iii, 1. Il était donc prophète, d’office. Pusey, p. 398. Donc son livre n’est pas une histoire mais une vraie prophétie. Le nom ne se lit pas ailleurs. Il dérive de hdbaq, par redoublement de la dernière radicale, et il signifie « embrassement » ou « celui qui embrasse ». Il pourrait signifier aussi « lutte » ou « lutteur », S. Jérôme, In Hab., Prol., t. xxv, col. 1333, mais c’est moins probable. Les Septante auront lu l, iâbbaqûq, qu’ils ont transcrit : ’A|iëaxo’j|j., le premier n et le dernier p rendus par (i, par euphonie. L’assyrien a un mot pareil hambakûkû, mais c’est un nom de plante. Frz. Delitzsch, De Habacuci, etc., p. 1-5 ; L. Reinke, Der Prophet Habakuk, p. 1-3. — L’agada juive s’est plu ensuite, avec, du reste, la légende chrétienne, à suppléer à l’histoire. Quelques rabbins, à cause de IV Reg., IV, 16 (hôbéqét), ont pris le prophète pour le fils de la Sunamite ressuscité par r.lisée. Il serait né, selon les Vies des prophètes existant en deux recensions attribuées, l’une à saint Epiphane et l’autre à Dorothée, dans les environs de BeS^xapfa ? à soixante-dix stades de Bethsur dans la tribu de Juda, I Mach., vi, 32-33 ; Josèphe, Ant. judiyJJI, ix, & ; Bell. jud., 1, i, 5, aujourd’hui Beth Zachariyéh, à seize kilomètres au sud de Jérusalem. Il serait de la tribu de Siméon, d’après les deux Vies. Le Daniel tétraplaire, dans l’extrait : Bel et le Dragon, le dit de la tribu de Lévi, ce qui n’est pas, car il est très douteux qu’il s’agisse du même prophète, encore que les notes musicales de iii, 1 et 19* semblent trahir un lévite. Hab., ii, 1, rapproché de Is., xxi, 6, 8, fit surgir la légende inadmissible que le prophète était cette sentinelle posée par le fils d’Amos pour signaler l’approche des Mèdes et des Perses. Il est raconté aussi dan* les Vies du pseudo-Épiphane et du pseudo-Dorothée que notre prophète, au moment du siège, s’enfuit à Ostracine, eî « ’OuTpaxivïiv (Straki), sur les côtes de l’Egypte, qu’il as

revint dans son pays qu’après l’éloignement des Chaldéens, qu’il y mena une vie agricole et qu’il y mourut deux ans avant l’édit de retour, en 538. S. Ëpiphane, t. xliii, col. 409. Cf. S. Isidore de Séville, De ort. et ob. Patr., 47, t. lxxxhi, col. 145. Le récit, en un point, coniirme l’extrait de Daniel sur l’Habacuc discophore dont parle du reste une tradition orientale très répandue, mais il ne regarde pas notre prophète. Il fut enseveli dans son champ, et son tombeau se voyait, du temps d’Eusèbe, à Ceila ou, plus exactement, entre Ceila et Gabata, non loin d’Éleuthéropolis. Ses restes furent trouvés par Zébennios, évêque de cette ville au vie siècle. Disons cependant que la tradition juive nomme plutôt Huqqoq en Nephthali. Hormis le fait raconté Dan., xiv, 32-38, qui ne touche pas probablement à notre prophète, tous ces récits sont incertains, incohérents, et la critique, même la plus raffinée, ne sait en général où se prendre dans ces légendes. Voir Frz. Delitzsch, De Habacuci prophetse vita atque mtate, Leipzig, 1842, et S. R. Driver dans le Dictionary of the Bible de J. Hastings, Edimbourg, 1899, t. ii, p. 272. Cf. W. Farrar, The minor Prophels, p. 159-174. II. Le livre du prophète.

Analyse.

La prophétie,

massa’, onus, « fardeau, » cf..L. Reinke, p. 63, s’ouvre brusquement par une plainte : Jusqu’à quand crierai-je sans être écouté ? La violence et l’oppression augmentent. L’inique prévaut. La loi est morte, i, 1-i. — Réponse de Dieu : Qu’ils regardent au loin. Il va exercer sur eux, de leur vivant, un jugement qu’ils ne croiraient pas, s’il leur était raconté : voici que je fais lever les Chaldéens, sauvage nation, avide de ce qui n’est pas à elle, plus légère que le léopard, plus rapide que le loup du soir, race terrible sans autre droit qu’elle-même, — elle viendra pour détruire et ravager : ni rois, ni princes, ni villes ne l’arrêteront, elle emportera tout, puis elle s’exaltera, alors elle excédera et elle dira : ma force est mon dieu.ꝟ. 5-11. Le prophète effrayé intercède pour le peuple menacé : Dieu, vous êtes le Dieu de l’alliance (mn>) qui ne se rompt pas, l’Élohim d’Israël, le Saint qui ne doit pas vouloir que le peuple saint périsse. Donc, nous ne mourrons pas. Le Chaldéen n’a pas été fait si fort pour détruire absolument. D’ailleurs, l’œil divin est trop pur pour souffrir l’impie et le laisser dévorer en somme plus juste que lui. Israël est comme le poisson qui n’a pas de chef : le Chaldéen l’enlève à l’hameçon, le ramasse dans son filet. U triomphe. Il sacrifie à son filet, il offre de l’encens à ses rets. Cf. y ll b. En sera-t-il toujours ainsi ? Est-ce logique ?ꝟ. 12-17. — Il se relire en lui-même, en sa conscience de prophète, et attend que Jéhôvah lui réponde, ii, .1. Jéhovah lui répond et lui enjoint d’écrire très lisiblement la prédiction de la ruine, lente à venir mais inévitable, du Chaldéen. Le décret prophétique est rédigé par manière de proverbe :

Voici, elle [l’âme du Chaldéen] s’est enflée, elle manque de rec-Pour le juste. [Israël], il vivra par sa foi. [titude ;

L’orgueil sera la mort du Chaldéen, la foi, la vie d’Israël, y. 2-4. Leꝟ. 5 paraphrase 4°. Le Chaldéen est pris du vin d’orgueil, d’un orgueil qui monte, monte, s’annexant peuples sur peuples. Mais ceux-ci, en un môsâi, « proverbe » de cinq strophes, chantent à l’envi sa ruine, qui est leur vengeance prédite. Les strophes énoncent chacune un malheur distinct pour un crime distinct. — 1. Malheur à qui s’approprie ce qui ne lui appartient pas, il sera dépouillé par les survivants, à cause du sang versé et de la violence faite à la terre, à la ville et à ses habitants, ꝟ. 6 c -8. — 2. Malheur à qui cherche par une opulence mal acquise à se rendre inaccessible aux coups du sort, il sera atteint par la confusion méritée par ses oppressions et ses crimes, ꝟ. 9-11. — 3. Malheur à qui bâtit de somptueux édifices et des villes superbes avec l’injustice et du sang, c’est pour le feu et le néant qu’il aura fait travailler, et en fin de compte la connaissance de Jéhôvah remplira toute la terre, ꝟ. 12-14. —

4. Malheur à qui a traité les peuples avec le dernier mépris, plus grande encore sera sa honte et son ignominie : € Bois, toi aussi, et qu’on voie ta nudité » pour avoir si honteusement raillé et les hommes et les choses. y. 15-17. — 5. Malheur à qui fait des idoles et les invoque : « il n’y a pas de souffle à l’intérieur. »ꝟ. 17-19. — Transition. Pour Jéhovah, « celui qui est, s il habite dans son ciel ; que toute la terre fasse silence devant lui.ꝟ. 20. Il va exercer le jugement et opérer la délivrance. Habacuc, plein d’effroi à ces révélations, le prie d’abréger les délais et de joindre la miséricorde à « l’œuvre » de colère, iii, 2 hc. Une vision grandiose est la réponse à cette prière. — 1. Le Dieu saint vient par le sud, par Theman et Phâran : sa gloire, son cortège, les effets de sa présence : les peuples tremblent et se dissolvent sous son regard, les montagnes originelles s’affaissent et s’écroulent, ꝟ. 3-7. — 2. Il vient a) pour juger les impies, les Chaldéens et 6) pour sauver son peuple. Il le dit symboliquement d’abord, ꝟ. 12, puis en termes explicites :

Tu sors pour sauver ton peuple,

Pour sauver ton [peuple] Christ.

Tu frappes le faite de la maison de l’impie ;

Tu mets à nu son fondement jusqu’au ras du sol.

Tu perces de tes traits la tête de ses princes,

Ils se précipitent comme un tourbillon pour me disperser :

Leur joie est de celui qui dévore le juste en secret.

Tu te fais un chemin dans la mer,

Et tes chevaux traversent la boue des grandes eaux. ꝟ. 13-15.

Il revient encore sur l’effroi que cette vision terrible lui inspire, ꝟ. 16 (16 b très difficile et altéré peut-être), vision à laquelle il ajoute quelques autres traits, ꝟ. 17. Mais il s’y mêle un vif sentiment de joie et de confiance en Dieu, qui est sa force et son libérateur, ꝟ. 18, 19, héb.

Division.

Le petit écrit se partage en deux parties,

iii et m. — Première partie. 1. Plainte du prophète, i, 1-4 ; — 2. Réponse de Dieu : prophétie de l’invasion des Chaldéens, ꝟ. 5-11 ; — 3. Prière du prophète qui cherche à conjurer l’extermination dont Israël est menacé, ꝟ. 12-17 ; — 4. Attente ferme d’une réplique de Dieu, ii, 1 ; — 5. Révélation d’une des lois du gouvernement théocratique, ꝟ. 2-5 ; — 6. Ruine et destruction des Chaldéens annoncée, conformément à cette loi, dans une série de cinq « malheurs » ou Vse répondant à cinq grands crimes distincts : a) ambition insatiable, y. 6-8 ; — b) avidité criminelle et effort pour se mettre hors de toute atteinte, ꝟ. 9-11 ; — c) oppression des peuples et extorsions pour élever de superbes monuments, y. 12-14 ; — d) humiliation et mépris des nations soumises, y. 15-17 ; — e) idolâtrie absurde et vaine, ꝟ. 18-20. — Deuxième partie. 1. Prière du prophète afin de hâter l’heure du salut et de faire entrer la pitié dans le châtiment, m, 2 ; — 2. Jugement et délivrance. Théophanie, y. 3-7. But et fin de cette apparition divine, exprimés par symbole et figure et ensuite en termes exprès, ꝟ. 7-16 ;

— 3. Conclusion. Joie et confiance du prophète en la force de Jéhovah sauveur, ꝟ. 17-19.

Intégrité critique.

L’école critique s’est beaucoup

occupée du texte. Voyons rapidement comme elle l’a jugé. Tout d’abord, quelques-uns disent que I, 1-4, doit s’entendre des Chaldéens : c’est eux qui sont 1’« impie qui prévaut », ꝟ. 4e, et Israël, le juste qui souffre violence. Giesebrecht, Seitrâge zur Erklârung des Jesaias, Leipzig, 1897, p. 196,. Certainement, s’il en est ainsi, i, 5-11, n’est pas à sa place, il faut ou le mettre avant i, 1-4, ou le regarder comme inauthentique ou interpolé. Le mettre avant i, 1-4, est arbitraire et rien n’y oblige. Le tenir pour inauthentique ou interpolé est « non pas dénouer la difficulté, mais la trancher ». Donc, il n’est pas vrai que 1, 5-Il ne soit pas à sa place et, partant, que i, 1-4 s’entende des Chaldéens. — R n’est pas. plus vrai qu’il doive s’entendre des Assyriens. K. Budde, dans les Studien und Kriliken, 1893, p. 383, et dans. YExpositor, mai 1896, p. 372, le prétend. Selon lui, i,

1-4, se rapporte aux Assyriens ; i, 12-17 prédit la punition qui les attend, et i, 5-11, l’exécution dont les Chaldéens sont l’auteur. Ici encore, I, 5-11, n’est pas à sa place : sa place est après ii, 4. L’ordre réel est donc : l, 1-4, 12-17, ii, i-i, i, 5-11. La date du livre serait 621 environ. Mais il y. à un obstacle à cet arrangement, c’est le rôle de libérateurs — rôle étrange pour eux — qu’y prennent les Chaldéens. Un rédacteur, avant 538, voulut le lever et il fit d’eux non pas les rédempteurs d’Israël, mais, ce qui est historique, ses oppresseurs et leur appliqua i, 12-17. On eut ainsi l’ordre actuel : i, 1-4, 5-11, 12-17. L’opinion de K. Budde, qui, au fond, ne repose que sur un sens probable donné au mot râsâ’(impius, 4°), est sans valeur. Il suffit d’expliquer i, 1-4, de l’état intérieur d’Israël, où l’impie domine, où le juste est opprimé, pour que tout s’accorde aisément. Mais non, visiblement, ces critiques sont gênés par I, 1-5, qui est une prophétie, Réfractaires à toute prophétie, ils cherchent par tous les moyens à éliminer celle-là, et leurs opinions ne sont que l’un de ces moyens. — W. Nowack, Die kleinen Prophelen, 1897, p. 261, dit que ii, 5 est très altéré. Non. ii, 5 est obscur et difficile, mais pas altéré. — Quelques autres, B. Stade, dans la Zeitschrift fur die altt. Wissenschaft, 1884, p. 154, et A. Kuenen, Einleitung, § 76, 77, terminent le livre à II, 8 et regardent ii, 9-20 comme une glose postexilienne. ii, 9-11, disent-ils, ne saurait convenir au roi chaldéen, que nul ne menace, mais c’est plutôt de’Joakim qu’il s’agit : raison mauvaise, tirée d’une image {nidus ejus, 9 b) qu’ils ont mal saisie. — ii, 12-14, provient, selon eux, de réminiscences étrangères : ꝟ. 12 est pris de Mich., iii, 10 ; >. 13 de Jer., li, 58, et 14 d’Is., xi, 9.

— Il est plus exact de dire simplement que Habacuc a imité Michée et Isaïe et qu’il a été imité par l’autre.

— Il, 15-17, serait douteux, parce que ꝟ. 17 b est répété du ꝟ. 8 b et ꝟ. 17 a rappelle une injure, hâmâs, faite au Liban, dont il n’y a pas, historiquement, trace ailleurs. Bisons plutôt que la répétition il. 17 b est un refrain comme il en existe beaucoup et que l’idée de ꝟ. 17° se rencontre déjà Is., xiv, 8. — II, 18-20 enfin est un reproche d’idolâtrie fait aux païens, et l’on sait, qu’à cet égard, les prophètes ne s’adressent qu’à Israël. Non, ils s’adressent aussi aux nations étrangères, comme on le voit par Is., XL, 18 ; x, 10-11 ; Jer., x, 1-10 ; Ps. cxv, 4-8. Toute cette critique, partiale et pointilleuse, est en vérité bien mesquine. — Finissons, iii, d’après cette école, est un chant détaché d’un recueil liturgique postesilicn. Le titre, ꝟ. 1, et les notes ou indications de musique, J. 19 b, 3, 9, 13, le prouvent. Il n’est donc pas d’Habacuc. On le lui aurait attribué à cause de l’inscription {eftllâh le-Ifâbaqqûq, qui, en fait, n’est pas plus vraie que nombre de titres dans les Psaumes. Il n’a, du reste, aucune parenté d’idées avec le livret prophétique et ne reflète en rien l’état social et religieux révélé par i et il. Et puis, à le prendre en lui-même, il offre des altérations de mots et de textes très considérables, W. Nowack, p. 266-273, et il se brise net au t- 16, les jr. 17-19 ayant été substitués après coup à la finale originelle perdue (Wellhausen), à moins qu’ils n’aient été, comme il semble, l’occasion de cette ode. W. Nowack, p. 266. — Reprenons. La théorie indiquée n’est pas admissible. Habacuc est certainement l’auteur : le titre le dit. Que si quelques titres sont inexacts, on le prouve. Ici, le prouve-t-on ? Il est, en outre, faux qu’il n’y ait aucun rapport logique de i-ii à m : ces deux parties, au contraire, se lient très étroitement : le jugement contre les Chaldéens et la libération d’Israël, qui sont les idées-mères du livre, II, 4, se rencontrent aussi expressément dans l’une que dans l’autre ; du reste, ii, 20 b est une transition assez visible. V. Kirkpatrick, The Doctrine of the Prophets, Londres, 1897, p. 281. Puis, si le texte est irrégulier, difficile, obscur, il ne faut pas oublier 1° qu’il appartient littérairement au

genre dithyrambique (hgyônôf, iii, 1), et 2° que ce genre comporte des libertés de mots et de forme, qui ne sont pas ordinaires. Quant aux annotations musicales, ꝟ. 19e, 3, 6, 13, leur présence n’est pas une preuve d’origine postexilienne, car on en constate de semblables dans les Psaumes du premier temple. Enfin, la rupture qui est affirmée au ji. 16 par Wellhausen, est toute imaginaire : le contexte en effet est plein et entier, et il s’enchaîne logiquement, comme on s’en convaincra en lisant J. Knabenbauer, In minores Prophetas, t. ii, p. 117-120. — Voilà quelques difficultés des critiques contre le prophète. Le commentaire de W. Nowack est écrit en ce genre. La recherche critique la plus serrée le remplit presque exclusivement : lettres, mots, versets, tout est analysé, examiné minutieusement ; additions, gloses, corrections, transpositions, interpolations, tout est hardiment tenté, admis, sans égard à la science antique. Avec combien peu de vérité, nous venons de le voir. Cf. A. B. Davidson, Nahum, Habakkuk and Zephaniah, Cambridge, 1896, p. 55-59.

Valeur littéraire.

Le mérite du prophète comme

écrivain est hors de conteste. La pensée est forte et personnelle. Le style est classique, sans imitation servile. — 1. Il s’y trouve, çà et là, des mots et des tournures propres, des sens nouveaux, un usage assez répété de formes verbales irrégulières ou inusitées. En voici des exemples : Megammap (ventus urens), i, 9. Knabenbauer, p. 63. Delitzsch, p. 15, 16, usité ici seulement. —’Abêtît (densum lutum), ii, 6. Knab., p. 79. — Qlqâlôn (vomitus ignominix), ii, 6. — Meza’ezeékâ (diveccantes te), n, 7, forme irrégulière. — Me’uqqâl (perversum), i, 4, inusité ailleurs. — Hittamehû (admiramini), i, 5, niphal inusité. Frz. Delitzsch, p. 9. — Yehîtan (déterrebit eos), ii, 17, hiphil anormal, de frdtâp pour iaha(. Knab.. p. 88 ; cf. L. Reinke, p. 120. — Massêkâh (conflatile), il, 18. — Hê’drel (consopire), ii, 16, hébreu : nudator, niphal inusité. Knab., p. 87. — Va-yemôdéd (et mensus est), iii, 6, inusité poel. Keil, p. 442, 443. — Vaiiteposesû (contriti sunt), iii, 6, hithpalpel inusité. — * fë’ôr(suscitabis), iii, 9, niphal. Gesenius-Drach, p. 458, de’ûr =’ârâh, Keil, p. 444. —’Âlisufdn (exultatio eorum), iii, 14, tournure peu usitée. — Qesôp (concidite), II, 10, hébreu : concidere. Nowack, p. 263. — l Uffeldh(quiincredulusest), ii, 4, hébreu : tumida, puai usité seuiement ici et Num., xiv, 44. Voir les différents sens dans Frz. Delitzsch, p. 45-53. — Inevéh (décor abitur), II, 5, sens nouveau. Nowack, p. 261 ; Knab., p. 78 ; Delitzsch, p. 56, 57. — (fébyôn (abscondita est), iii, 4, hébreu : absconsio, inusité. — Rôgéz (cum iratus fueris), ni, 2, sens nouveau. Frz. Delitzsch, p. 133. — Tâfûs (coopertus est), ii, 19, usité seulement ici dans le sens de obducere. Frz. Delitzsch, p. 160. — Me’ôrêhêm (nuditateni ejus), ii, 15.— Vehaddû (velociores), r l, 8, SlUc ;, usité ici seulement.— Ve-kdfîs (etlignum), ii, 11. Knab., p. 82. — Limesissôt (in rapinam), II, 7, de màsas, sens nouveau. — l}âlelû (contrernuerunt), iii, 16, pour signifier le tremblement des lèvres, inusité. — Ifôme’r (in Mo), iii, 15, hébreu : xstus undarum, sens nouveau. Frz. Delitzsch, p.188. Cf. E. B. Pusey, On the minor Prophets, p. 405. 2. La forme n’est pas moins classique et originale. Le petit livre tout entier est un dialogue auquel est jointe une poésie lyrique. Le dialogue est pressant, dramatique : une plainte exaspérée, une réponse promettant un châtiment, une réplique suppliante, puis après un instant, un arrêt définitif qui clôt le dialogue. Voir en particulier i, 6-11 : portrait et invasion des Chaldéens ; en outre II, 6 b -20 : chant (niâsâl) en cinq strophes très burinées du jugement qui va frapper les Chaldéens et leurs crimes. Quant à la poésie lyrique, c’est une des plus belles qui soient en hébreu. G. Gietmann et G. Bickell en ont étudié le mètre et la strophe. G. Gietmann y distingue exactement 63 vers heptasyllabiques et 10 strophes inégales (De re metrica llebrxoru.ni, Fribourg, 1830,

p. 77-79). Il ne touche aucun mot du texte, sinon pour donner à quelques-uns une forme plus pleine ; ainsi il écrit : ꝟ. 12 b gevajim pour gôîmi, ꝟ. 15 b rebâbîm pour rabbîtn, ꝟ. 16' vetachtajja pour vetafyfai, ꝟ. 17° tepârach pour fifr&h et ꝟ. 17e ma’assajja pour ma'âséh, Et il se justifie de ces modes d'écrire par des règles générales, p. 18, 21, 24, 27. G. Bickell agit plus librement. Il avait d’abord établi 65 heptasyllabes et 12 strophes avec peu de corrections (Metrices bibliese Regulx, Inspruck, 1879, p. 11-13), mais ensuite il s’en tint à Il strophes de 3 distiques heptasyllabiques (Carmina Veteris Testamenti metrice, p. 213-214). Il ajoute un vers 12e, trois parties de vers 9e, 11e, 19 b, trois mots 14e, 16 d et 19°, et fait quelques autres corrections. Il retranche à tort comme insignifiant 4 1 et comme inutile S>>. Tout cela n’est pas également probable, d’autant plus que certaines mutations sont inspirées par le désir d’obtenir des strophes régulières. Plusieurs cependant s’appuient sur le contexte et le grec. Il nous paraît d’une sage critique d’adopter le texte de G. Gietmann en corrigeant ainsi selon G. Bickell ses corrections : ꝟ. 12 b lire « beafkâ » et laisser « gôîm », ꝟ. 15 b lire « behomér » et laisser « rabbîm », ꝟ. 16 ajouter « 'aSûri » et laisser « vetahtai », enfin ꝟ. 17e lire « haz-zait » et laisser « ma'âsêh ». Cf. Knabenbauer, p. 120, 121. Un écrivain récent applique à cette poésie la théorie du P. Zenner sur la forme chorale attribuée à des psaumes. Il y distingue deux strophes, deux antistrophes et une strophe alternante. Les strophes et les antistrophes sont régulières et se répondent, sens et forme. Mais la strophe alternante offre un ordre de vers très troublé et parait avoir souffert dans sa transcription actuelle. Il propose donc la division chorale suivante :,

Strophe, 2, 3-. Antistrophe, 3°, 4, 5.

Strophe alternante, trois alternes : a) 6. 9 10. b) 7, 8°. 11, 12. c)

Stropne, 14, 15, 16. Antistrophe, 17, 18, 19. [8°, 9'. 13.

Voir Condamin, dans la Revue biblique, janvier 1899, p. 133-140. Le système est vraiment ingénieux, mais il faut regretter qu’il ne soit pas suffisamment prouvé. Ici, en particulier, l’arrangement de la strophe alternante est par trop subjectif, je crois. Quoi qu’il en soit, l'éloge de ce petit poème n’est plus à faire. On l’a exalté à l’envi. Pensées élevées, style et expressions sublimes, images hardies, audacieuses même, prises à la nature et à l’histoire populaire, passions variées et étonnamment profondes, tout tend à faire de cette ode « l’une des plus partàites qui existent ». R. Lowth. Tel n’est pas, toutefois, le jugement de plusieurs modernes. « Ce psaume indiscrètement loué, dit H. Cornill, Einleitung, p. 195, est de la rhétorique pure : on y chercherait en vain une claire progression dans la pensée et une situation historique précise. Il ne saurait être du prophète, n’ayant pas d’analogie dans toute la littérature de son temps. Les idées exprimées sont celles des apocalypses à couleur eschatologique. Quant au style, c’est le style artificiellement archaïque des vieilles pièces qu’on lit Deut., xxxii ; II Reg., xxiii, 1-7 ; Ps. lxviii et xc. L’inscription de ce dernier se retrouve dans le cantique. » Cf. E. Reuss, Les Prophètes, t. i, p. 396. Voir, au contraire, S. R. Driver, An Introduction, 1891, p. 317 ; Frz. Delitzsch, Der Prophet Habakkuk, p. xii, xiii, 118-125.

III. Doctrine du prophète.— « Habacuc, qui est comme apparié à Nahum…, appartient commelui aux prophètes du groupe isaïen. » Frz. Delitzsch. Tout son livre en effet est écrit — avec des différences accidentelles, qui viennent de la mesure du don reçu — sur le thème commun à ce groupe : a) que le peuple est coupable ; 6) qu’il sera, puni par les Chaldéens suscités de Dieu et c) que les Clialdéens seront punis à leur tour, et, par là même, Israël délivré. L’intervention divine, dans ce conflit, est exprimée ex profeiso. Et telle est l’ampleur de conception de la poésie qui la raconte, iii, qu’elle oblige à

admettre, par-dessus la libération chaldéenne, des jugements et des délivrances futures plus suprêmes. Il ne parait pas cependant que 'et meUlfèkâ, iii, 12, se doive entendre du Messie, au moins au sens littéral. Knabenbauer, p. 112. Mais à passer plus avant, le nœud de toute la prophétie, comme du livre, se trouve dans le preverbe ii, 4, qu’il faut expliquer :

Les versions, un peu différentes, dans 4 a surtout, donnent finalement le même sens. Knab., p. 76-77 ; Frz. Delitzsch, p. 48-49. Il y a là deux parallèles antithétiques, dont l’un (4°) inachevé est complété par l’autre. Qui a l'âme enflée d’orgueil ['uffelâh= tumefacta], qui ne l’a pas droite et simple, par conséquent qui ne croit pas (Vulgate : gui incredulus est), car l’orgueil est antipathique à la foi — celui-là ne vivra pas (suppléé de 4 b non vivet). Au contraire (i, ve adversatif), le juste, celui qui est simple et droit, moralement [ydsâr = planus, rectus], ꝟ. 4°, vivra d’une vie de sécurité, d’abondance et de paix ; et c’est par la foi en Dieu, en sa parole et ses promesses, et dans cette foi, opposée à l’enflure, ꝟ. 4°, qu’il vivra de cette pleine vie. Ainsi, d’un côté, là~Vie heureuse, affranchie du mal, et la foi, celle-ci principe de celle-là ; de l’autre, le malheur ou la ruine et l’esprit d’impiété, ceci cause de cela, — telle est la loi complexe de la providence messianique. Isaïe l’avait déjà énoncée, Yli, 9 b, cf. Knabenbauer./n Isaiam, t. l, p. 157.0r la foi dont il s’agit est la foi « dogmatique », comme il ressort incontestablement du contexte. Il en ressort en effet qu’elle est l’adhésion ferme 3 de l’esprit à la vision {hâzôn, ꝟ. 2) ou révélation du sort divers des Juifs et des Chaldéens, révélation dûment proposée par un prophète accrédité. Et à cette foi sont jointes l’espérance et la confiance, ji. 2-3, ainsi que l’humble soumission de l’esprit et du cœur. Que tel soit le sens du mot 'ëmûndh, fides, on peut le voir par Frz. Delitzsch, p. 49-51, et par J. Fùrst, Concordantise hebraicm atque chaldaicse, Leipzig, 1840, au mot 'âmân, p. 81. Voir cependant J. B. Lightfoot, Ephtle to the Galatians, Londres, 1881, p. 138, 154-158. Saint Paul a cité le verset selon les Septante. Il le cite Heb., x, 38' en entier, Rom", i, 17, et Gal., m, Il en partie seulement (ꝟ. 4 b), mais partout au sens littéral, ꝟ. 4 b est une preuve qu’il invoque de préférence dans sa thèse de la justification par la foi. Cf. R. Cornely, EpUtola ad Galatas, p. 485. — Le sens de cette loi connu et expliqué, il est aisé d’y ramener le livre et de l’appliquer. Le juste, i, 4 ; ii, 4, est manifestement l’Israël fidèle ; et l’impie, l’homme d’orgueil, l, 4, 13 ; ii, 4 a, 5, le Chaldéen en général. Suivant sa loi exprimée, Dieu châtie l’Israël impie avec, par accident, les justes, en envoyant contre lui la terrible nation chaldéenne. Apaisé par l’intercession prophétique et par des raisons spéciales, 1, 12, 13, il prend en pitié son peuple de justes et déchaîne sa colère sur les Chaldéens qui, dans l’exécution de son jugement, ont passé toute borne. Ils seront détruits de fond en comble, à cause des cinq grands crimes dans lesquels ils sont tombés. VOratio Habacuc dénonce la lutte ardente où Dieu intervient personnellement pour punir et abattre, pour relever et pour sauver. Et la prophétie du livre s’est exactement accomplie. L’irruption des Chaldéens et leurs ravages en Juda sont racontés IV Reg., xxiv ; II Par., xxxvi ; Dan., ii, 1, 2 ; Jer., xxxiv, xxxix, ni ; Josèphe, Ant. jud., X, 7, 8. Cf. G. Brunengo, t. ii, p. 270. Quant à la chute des Chaldéens et de-leur empire, les historiens sacrés et profanes nous en ont transmis le récit exact et concordant. On trouverait aisément chez eux la men-r tion des crimes : impiété, violence et sang, orgueil et cupidité, cause de leur ruine. Dan., v, 30, 31. Cf. G. Brunengo, t. ii, p. 421. À voir sur la doctrine d’Habacuc, Knabenbauer, In Prophetas minores, t. ii, p. 70-78 ;

A. F. Kirkpatrick, The Doctrine of the prophets, Lecture X, Londres, 1897 ; Frz. Délitzsch, Messïanic Prophéties, Edimbourg, 1880, § 46.

IV. Bibliographie.

Outre les auteurs nommés dans cet article, voir : Hamaker, Conimentariorum in Habacuci vaticiniorum Prolegomena, dans Orient, édit. Juynboll, Roorda, Weijes, t. ii, p. 1-26 ; A. C. Ranitz, Introductio in Habacuci vaticinia, Leipzig, 1808 ; A. Carrière, Étude historique et critique sur l'époque de la prophétie d’Habacuc, Strasbourg, 1864 ; J. A. Tingstad, Animadversiones philologicge et criticx ad vaticinia Habacuci, Upsal, 1795 ; H. C. Hænlein, Symbolse criticx ad interpretationem vaticiniorum Habacuci, Erlangen, 1795 ; F. Plum, Observationes in textum et versiones maxime greecas Obadise et Habacuci, Gœttingue, 1796 ; Commentaire de R. Tan’hum de Jérusalem sur le livre de Habakkouk, publié pour la première fois en arabe sur un manuscrit unique de la Bodléienne et accompagné d’une traduction et de notes par S. Munk. Extrait du t. xii de la traduction de la Bible de Cahen, Paris, 1843. — Outre les commentaires généraux de saint Cyrille d’Alexandrie, de Théodoret, de saint Jérôme, voir A. de Guevara, Commentarius et ecphrasis in Habacuc prophetam, Madrid, 1585 et 1593 ; Augsbourg, 1603 ; Anvers, 1609 ; M. Luther, Der Prophet Habacuc ausgelegt, Wittenberg, 1526 ; Strasbourg, 1526 (en latin) ; J. Grynams, Hymnemata in Habacuc, Bâle, 1582 ; D. Chytræus, Lectiones in prophetiam Habacuc, Leipzig, 1592. A. Agelli, Commentarius in prophetam Habacuc, Anvers, 1597 (excellent) ; H. Garthius, Commentarius in prophetam Habacuc, Wittenberg, 1605 ; Ild. de Padilla, In Habacuc prophetam commentaria, adnotationes ad literam et discursus ad mores complectentia, Madrid, 1657 ; Salzbach, 1674 ; Rome, 1702 ; Salomon van Till, Phosphorus prophelicus, seu Mosis et Habacuci vaticonia novo ad istius canticum et hujus librum propheticum commentario illustrata, Leyde, 1700 ; J. G. Kalinsky, Vaticinia Chabacuci, Breslau, 1748 ; J. G. Abicht, Adnotaticmes ad vaticinia Habacuci prophétie, Wittenberg, 1732 ; Ludwig, Habakuk der Prophet nach dem ebràischen Text, mit Zuziehung der âlteren Ubersetzungen, ûbertragen und erlaïttert, Francfort, 1779 ; W. Justi, Habakuk, neu ûbersetz und erlaûtert, Leipzig, 1821 ; A. Wolf, Der Prophet Habacuc, mit einer wôrtlichen und einer metrischen Ubersetzung, einem vollstândigen philologisch-kritischen und exegetischen Commentare, Darmstadt, 1822 ; L. Bauemlein, Commentationes de Habacuci vaticinio, Heilbronn, 1840 ; J. von Gumpach, Der Prophet Habakuk, Munich, 1860 (systématique). Bibliographie plus complète dans C. Trochon, Les Petits Prophètes, p. 325, 326, et dans L. Reinke, Der Prophet Habakuk, p. 56-62. Voir aussi E. Reuss, Die Geschichte der Heiligen Schriften Altes Testamentes, Brunswick, 1890, p. 394. — Explications de VOratio Habacuc : A. Agelli, Commentarius in Psalmos et in Cantica, Rome, 1506, p. 670690 ; Siméon de Muis, Commentarius in omnes Psalmos cum versione nova ex hebrseo, Paris, 1650, p. 884-894 ; G. Perschke, Habacuc vates olim hebrxus, in primis hymnus denuo illustratus, Leipzig, 1777 ; A. Schrœder, Dissertatio in canticum Chabacuci, Groningue, 1781 ; C. F. Schnurrer, Dissertatio philologica ad carmen Chabacuci, c. iii, Tubingue, 1786 ; Mœrer, Hymnus Habacuci, Upsal, 1790 ; J. G. Stickel, Prolusio ad interpretationem c. m Habacuci, Neustadt, 1827 ; V. Thalhofer, Erhlârung der Psalmen, Ratisbonne, 1880 (excellent).

E. Philippe. 2. HABACUC ('A[igaxo15(i.), prophète de Judée. Au tDoment où il allait porter à ses moissonneurs le repas qu’il venait de leur préparer, un ange du Seigneur lui commanda de prendre ces aliments et il le transporta à" Babylone en le tenant par sa chevelure, afin qu’il donnât de quoi manger à Daniel enfermé dans la fosse

aux lions. Ce qu’ayant fait, l’envoyé céleste le rapporta dans son pays. Dan., xiv, 32-38. Ce prophète est, d’après les uns, le huitième des petits prophètes (voir col. 376) ; d’après les autres, c’est un personnage différent, parce qu’il a vécu à une époque plus tardive. Il est d’ailleurs inconnu. Cette seconde opinion paraît plus probable.

    1. HABER##

HABER (hébreu : Hébér ; Septante : Xâëep, Cinéen, descendant d’Hobab, parent de Moïse. Il s'était fixé, à Sennim, près de Cédés, Jud., iv, 11, après avoir quitté les autres Cinéens établis dans le désert de Juda. Jud., i, 16. Il avait pour épouse Jahel qui tua Sisara en lui enfonçant un clou dans la tempe. Jud., iv, 17, 21 ; v, 24. C'était à l'époque où Jabin, roi d’Asor, était en paix avec, la maison d’Haber le Cinéen. Jud., iv, 17.

    1. HABERT Isaac##


HABERT Isaac, évêque français, né à Paris, mort à Pont-de-Salars, près de Rodez, le 15 septembre 1668. Docteur de Sorbonne, chanoine, puis théologal de NotreDame de Paris, il se montra toujours l’adversaire des disciples de Jansénius. En 1645 il devint évêque de Vabres en Rouergue et on lui attribua, non sans raison, la lettre adressée en 1651 à Innocent X et signée par 85 évêques demandant au souverain pontife de condamner les doctrines jansénistes. Il était tout à la fois helléniste, poète latin et érudit. Parmi ses écrits, nous n’avons à mentionner que le suivant : In B. Pauli Apostoli Epistolas très episcopales expositio perpétua, in-8°, Paris, 1656. — Voir Gallia Christiana, t. i, p. 282 ; Rapin, Mémoires, t. i, p. 43 ; Hurter, Nomenclator

literarius (2e édit.), t. ii, col. 64.
B. Heurtebize.

H ABIA (hébreu : Habayyâh, IEsdr., ii, 61, etHôbâyàh, H Esdr., vil, 63 ; Septante : Aaéetâ ; Codex Alexandrinus : 'Oëouâ, I Esdr., Il, 61 ; et 'Eëeiâ, Codex Sinaiticus : 'Aëeiâ, II Esdr., vii, 63 ; Vulgate : Hobia, Esdr., ii, 61, et Habia, II Esdr., vii, 63), père d’une famille de prêtres qui, au retour de la captivité au temps de Zorobabel, ne purent indiquer leur lignée d’une façon certaine.

    1. HABILLEMENT##


HABILLEMENT. Voir Vêtement.

    1. HABITATION##


HABITATION. Voir Maison.

    1. HABOR##

HABOR (hébreu : Hâbôr ; Septante : 'Aëtip, IV Reg., xvil, 6 ; xviii, 11 ; Xaëtip, I Par., v, 26 ; Vulgate : Habor), fleuve de Mésopotamie, affluent de l’Euphrate, qui porte encore aujourd’hui le nom de Khabour. Il est mentionné dans les inscriptions cunéiformes et par les anciens auteurs grecs et latins. Assurnasirhabal le nomme comme la Bible, Ha-bur (col. i, lig. 77 ; iii, 3, 31). Strabon, XVI, i, 27, édit. Didot, p. 636, et Procope, Bell, pers., u, 5, 19, édit. de Bonne, 1833, t. i, p. 171, 236, l’appellent 'Aëoppaç ; Isidore de Charax, édit. Didot, p. 248, 'Aëovpaç ; Zozime, iii, 12, édit. de Bonne, 1837, p. 141, 'Aëwpaj ; Ptolémée, v, 18, Xaêtipaçjvmmien Marcellin, xiv, 3 ; xxxiii, 5, édit. Teubner, 1874, t. i, p. 13, 315, 316, Aboras ; Pline, H. N., xxx, 3, Chaboras. Les rives du Habor furent un des endroits où Théglathphalasar III et Sargon, rois d’Assyrie, déportèrent les Israélites réduits en captivité. I Par., v, 26 ; IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11. Procope^ Bell, pers., ii, 15, l’appelle avec raison « une grande rivière », 7toTa(i.ôç (léyaj, mais malgré son importance, il est encore peu et mal connu. Voir la carte d’AsSYME, t. i, vis-à-vis de la col. 1147.

1° Les auteurs arabes placent sa source à Ras-el-Aïn. « La rivière du Khabour, nahr Alkhabour, dit Aboulféda, prend naissance dans la ville de Ras Aïn… Ras Aïn (tête de la source) est située dans une plaine. Ibn Hauqal dit que de cette ville sortent les eaux de plus de trois cents sources limpides, lesquelles se réunissent pour former le Khabour. » Géographie d’Aboulféda, traduct. Reinaud et Stan. Guyard, 3 in-4°, Paris, 1848

1883, t. ii, part, i, p. 66 ; part, ii, p. 55. Strabon, XI, v, 6 ; xiv, 2, p. 434, 452, et Ptolémée, v, 18, p. 142, disent que le Chaboras a sa source dans le mont Masius (le Karadja-Dagh actuel), non loin de Nisibe. Pline, H. N., xxxi, 22, t. iv, p. 267, ajoute que c’est l’unique source au monde qui soit parfumée et exhale une bonne odeur, xxxii, 7, p. 288, qu’on y trouvé des anguilles portant des boucles d’oreille. Ce qui est certain, c’est que ce cours d’eau est formé dès son origine par un grand nombre de ruisseaux. C. Ritter, Èrdkunde, t. x, p. 247. « La source principale de la branche qui donne son nom à cette rivière (l’Araxe de Xénophon), dit Chesney, The Expédition for the survey of the rivers Euphrates and Tigris, t. i, 1850, p. 49, se trouve dans la chaîne de l’Abd-el-Aziz, près de Ras al-Aîn, en un endroit appelé Al-Zahriyéh (parterre

plus chauds de l’été ; c’est comme un paradis terrestre vers lequel l’Arabe nomade tourne ses pas quand il peut y conduire ses troupeaux en sécurité. » Voir ibîd., p. 269. Aujourd’hui les Bédouins Djébour, en partie nomades, qui de pasteurs sont devenus agriculteurs, dressent leurs tentes dans cette région fertile, Ed. Sachau, Reise in Syrien und Mesopotamien, in-8°, Leipzig, 1883, p. 291, 295 ; mais elle est aujourd’hui peu peuplée, après avoir nourri autrefois de nombreux habitants, Und., p. 293, et avoir vu fleurir sur ses rives plusieurs villes importantes. On a trouvé dans cette région des ruines considérables et de beaux spécimens de l’art assyrien, en particulier à Arban (fig. 91). — Le Khabour se jette enfin dans l’Euphrate, sur la rive gauche, à Kerkesiéh, le Circésium des anciens. Isidore de Charax, p. 248 ; Ammien Marcel 91. — Le Khabour, près d’Arbah. Vue prise du côté du nord.

de fleurs), situé à une journée de marche à l’ouest de Mardin, et non loin d’Orfah. Il suit une direction générale sud-est et est grossi par dé nombreux ruisseaux. » Son principal affluent est le Mygdonius. Sur ses autres affluents, voir ibid., p. 49-52 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, in-12, Leipzig, 1881, p. 183. Sur d’autres sources du Khabour, voir W. F. Ainsworth, Travels in the track of the Ten Thousand Greeks, in-12, Londres, 1844, p. 75 ; A. Layard, Nineveh and Babykm, 1853, p. 308-309, 312. Il devient navigable pendant une partie notable de son cours au-dessus de son embouchure, C. Ritter, Erdkunde, t. x, 1843, p. 120. Le colonel Chesney le remonta en 1836 pendant plusieurs milles. Journal of the geographical Society of London, t. vii, 1837, p. 425426. Son cours est de plus de trois cents kilomètres. G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, 1862, p. 236. La vallée qu’il arrose et où furent déportés les Israélites, est riche en pâturages. Ammien Marcellin, xiv, 3, t. i, p. 13, vante ses bords couverts d’herbages (herbidas ripas). Layard, Nineveh and Babylon, 1853, p. 235, fait aussi l’éloge de sa fertilité. « Les pacages y sont abondants, les fleurs fort belles ; ses jungles fourmillent de gibier de toute espèce ; le feuillage épais de ses arbres forme une ombre très agréable pendant les jours les

lin, xxiii, 5, t. i, "p. 315 ; Géographie d’Aboulféda, t. ii, part, i, p. 66 ; Procope, Bell, pers., ii, 5, p. 171. C’est le dernier affluent que reçoit le grand fleuve avant de se jeter dans la mer. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1891, p. 549. Dans son cours inférieur, le Habor sépare la Mésopotamie méridionale (le désert) de la Mésopotamie septentrionale et c’est jusque-là que s’étendit l’empire romain (Vwpaiav ippoûpwv eu^otov, dit Procope, Bell, pers, ii, 5, p. 171).

2° Au xii » siècle, lorsque le Juif espagnol Benjamin de Tudèle visita Circésium, il y trouva environ cinq cents Israélites. Il en avait trouvé à peu près deux cents aux sources du Habor. The Itinerary of Rabbi Benjamin of Tudela, translated by A. Asher, 2 in-8°, Londres, 1840-1841, t. i, p. 92, 90. On peut croire qu’ils étaient, au moins en partie, les descendants des Israélites déportés en ces lieux par les rois d’Assyrie. À l’époque où eut lieu cet événement, le pays portait le nom de Gozan. Voir Gozan, col. 287. Les premiers captifs qui s’y établirent y furent envoyés par Thëglathphalasar III. I Par., v, 26. Le quatrième livre des Rois, xv, 29, dans son récit, dit simplement que le roi de Ninive transporta les Israélites « en Assyrie ». Le premier livre des Paralipomènes, v, 26, détermine exactement quelle 385

HABOR — HACELDAMA

était la partie de l’Assyrie où ils avaient été transplantés. Voir Ara, t. i, col. 818. C’est dans les mêmes lieux que Sargon exila aussi plus tard les Israélites, après la prise de Samarie et la ruine du royaume du nord de la Palestine. IV Reg., xvii, 6. Comme les localités énumérées sont à peu près les mêmes dans les deux passages, I Par., v, 26, et TV Reg., xvii, 6, plusieurs commentateurs ont pensé qu’il y avait une altération dans les Paralipomènes. L’altération est possible, sans doute, elle est même certaine pour quelques détails, par exemple pour le nom du roi d’Assyrie qui est appelé par corruption « Tilgalpilhéser » et de même pour la répétition Phul et Tilgalpilnéser, ces deux noms royaux indiquant un seul et même personnage (voir F. Vigouroux, La Bible

Babylon, p. 56 ; voir la carte d’Assyrie, t. i, col. H 47), mais la région qu’arrose cette rivière ne s’est jamais appelée le pays de Goian.Voir Eb. Schràder, Die KeiU inschriftenunddas alte Testament, 2e édit., 1883, p. 614. 3° Enfin, c’est non moins faussement qu’on a souvent confondu autrefois le Habor où furent déportés les Israélites avec le Chobar sur les bords duquel Ézéchiel, i, 1, eut sa vision célèbre des chérubins. Le Chobar était un grand canal situé dans le voisinage de Nippour, en ^abylonie. Voir Chobar, t. ii, col. 709. Il s’appelle en assyrien Kabaru et non ffabur, comme l’attestent les contrats cunéiformes trouvés par les savants américains qui ont exploré les ruines de Nifler. H. V. Hilprecht, Note on recently found Nippur l’ablets, dans le Pales 92. — Haceldama. D’après une photographie.

et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 501) ; mais on n’a aucune raison suffisante de nier que Théglathphalasar ait le premier déporté des Israélites dans les endroits où devait en déporter plus tard un de ses successeurs, Sargon. Les documents cunéiformes nous montrent que des déportations ont été faites dans les mêmes lieux à des époques différentes. Les guerres continuelles des rois de Ninive dépeuplaient leurs États et il était souvent nécessaire d’en combler les vides. — Il n’y a pas non plus de motif d’admettre l’opinion d’autres commentateurs d’après lesquels il aurait existé deux pays de Gozan. S’appuyant sur ce fait qu’il y avait deux rivières portant le nom de Khabour, ils supposent que l’une des deux déportations s’est faite à l’est du Tigre, l’autre à l’ouest. Il est vrai que, outre le Khabour affluent de l’Euphrate, il y a un second Khabour affluent du Tigre, qui prend naissance dans les hauts plateaux du centre du Kurdistan, coule du nord-est au sud-ouest et se jette dans le Tigre à une centaine de kilomètres au nord, au-dessus de Mossoul (A. Layard, Kineveh and

MCI.’DE LA BIBLE.

Une Exploration Fund, Quarterly Statement, janvier 1898, p.55. F. Vigouroux.

    1. HABSANIAS##

HABSANIAS (hébreu : Çâbassineyâh ; Septante : Xaëowîv), père ou ancêtre de Jérémie qui était père de Jézonias, lequel au temps du prophète Jérémie était le chef de la tribu des Réchabites. Jer., xxxv, 3.

    1. HACCUS##

HACCUS (hébreu : Haqqôs ; Septante : <Ax166 ; Codex Alexandrinus et Sinaiticus : ’Axxûç), ancêtre d’un Israélite du nom de Merimuth qui bâtit une partie des murs de Jérusalem sous Néhémie. II Esd., iii, 21. Au ꝟ. 3 du même chapitre, la Vulgate orthographie le nom Accus, et les Septante’Axwç. Cet Haccus paraît bien être le même que le chef de la famille sacerdotale de la septième classe, I Par., xxiy, 10, et que la Vulgate appelle Accos. I Esd., ii, 61 ; II Esd., vil, 63. Voir Accos 1.

    1. HACELDAMA##

HACELDAMA (’AxfXSagiâ-/, ou dans certains manuscrits, ’AxeXBoGjià), nom donné par les Juifs au champ

m. - 13

qui fut acheté prés de Jérusalem avec le prix de la trahison de Judas. Matth., xxvii, 8 (dans la Vulgate ; non dans le grec) ; Act., i, 19. Cet endroit était appelé auparavant « le champ du potier ». Matth., xxvii, 7. L’argile qu’il contenait étant probablement épuisée en grande partie, il put être acquis pour une somme modique, et fut destiné à la sépulture des étrangers. Mais comme les trente deniers étaient « le prix du sang », les habitants de Jérusalem le nommèrent « en leur langue Haceldama, c’est-à-dire le champ du sang ». Matth., xxvii, 6, 8 ; Act., i, 19. Le grec 'AxeXSauà n’est, en

effet, que la reproduction de l’araméen ttrn Sçn, hâqal

demâ' ; le x de 'AxeXSapuxx semble même ajouté pour rendre le son de la gutturale finale. D’après saint Matthieu, ce sang serait celui du Sauveur ; d’après les Actes, ce serait celui de Judas. Rien n’empêche que le nom soit dû aux deux circonstances. Pour l’explication des difficultés qui peuvent naître des deux textes, cf. J. Knabenbauer, Commentarius in Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 490-494 ; Comment, in Actus Apostolorum, Paris, 1899, p. 34-35.

La tradition, bien qu’ayant parfois varié, place généralement le champ d’Haceldama au sud de Jérusalem, c’est-à-dire sur la pente nord-est du Djebel Deir Abu Tôr, au-dessus de la vallée de Hinnom (fig. 92). Saint Jérôme, Onomastica sacra, Gceltingue, 1870, p. 99, nous le montre « au sud du mont Sion ». Il corrige ainsi Eusèbe, qui l’indique, p. 229, au nord de la même colline. Au VIe siècle, Antonin Martyr signale, en venant de la fontaine de Siloé, le champ d’Akeldemac, où, parmi les tombeaux, sont des cellules des serviteurs de Dieu, et, çà et là, des vignes et des vergers. Cf. T. Tobler, Itinera Terres Sanctæ, édités par la Société de l’Orient latin, Genève, 1877, t. i, p. 106. Au vu » siècle, Arculphe le visite souvent « au sud du mont Sion », et le donne cotnme lieu de sépulture des pèlerins. Ibid., p. 160. Tel est également, au vin », le témoignage du vénérable Bède. Ibid, ., p. 221. Au moyen âge, Haceldama ou Akeldemaç se corrompt en Caudemar. « D’autre part, la valée à main senestre, priés d’ileuques, a un carnier c’on apiele Caudemar. Là getoit on les pèlerins qui moroient h VOspital de Jherusalem. Cette pièce de tiere où li carnièr est, fu acatée des deniers dont Judas vendi le car Nostre Seigneur Jhesu Crist, si comme l'Évangile tesmongne. » Ernoul, La citez de Jherusalem, dans les Itinéraires français de la Société de l’Orient latin, Genève, 1882, t. iii, p. 45. D’autres documents placent Acheldemac non loin de la fontaine de Siloé. Ibid., p. 168, 184, 195, 231. Une croyance populaire attribuait à la terre de ce champ la propriété de consumer très rapidement les corps. Sainte Hélène en fit transporter une grande quantité au Campo Santo de Rome. Au temps des croisades, la ville de Pise imita cet exemple. Cf. T. Tobler, Topographie von Jérusalem, . Berlin, 1854, t. ii, p. 260-275.

Le champ d’Haceldama est aujourd’hui en partie inculte et abandonné ; il appartient aux Arméniens non unis. On y remarque surtout une construction en ruine, élevée sur des cavités creusées dans le roc et sur une profonde tranchée pratiquée elle-même dans les flancs escarpés de la colline. Au fond, c’est-à-dire à la partie méridionale, la roche forme le toit ; mais le côté nord, plus bas, est fermé par un mur rectangulaire, sur lequel s’appuie une voûte arrondie, que supporte également un pilier carré placé au centre. Le faîte de cette voûte est percé de neuf ouvertures situées à égale distance les unes des autres et de niveau avec le sol y adhérant au côté sud. Elles devaient servir de soupiraux, ou bien l’on descendait par là les corps des morts. Deux brèches ont été faites par le temps, l’une dans le mur occidental, l’autre dans le mur oriental ; plus récemment, une partie du mur du nord s’est écroulée. An de la de cette

tranchée Voûtée, remplie de décombres, se trouvent des cavités naturelles et artificielles, dont une partie a été utilisée pour-des tombeaux, comme le prouvent les six loculi que l’on voit au sud-ouest. Le coin sud-est ne renferme qu’une chambre avec deux bancs creusés dans la paroi rocheuse pour recevoir les corps. Une partie de ces cavités semble bien avoir été formée par l’extraction de l’argile. L’ensemble du monument répond ainsi au double usage que lui assigne la tradition. On peut en voir la description détaillée et le plan d’après C. Schick, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1892, p. 283-289.

A. Legendke. HACHAMONI (hébreu : Hakmônî ; Septante : 'Axa[ « .dcv et Axapu ; Codex Alexandrinus : 'A^au-avÉ), donné comme le père de Jesbaam, I Par., xi, 11, et de Jahiel, I Par., xxvii, 32, tous deux appelés Bén-Hakrnôni. Hakniônî ou plutôt Hdkmôn devait être le fondateur de la famille : car le père de Jesbaam est appelé Zabdiel. I Par., xxvii, 2. Au lieu de « anan-p nyaw », Yaéob’dm, ben-Hakmônî, dans la liste parallèle, II Reg. (Sam.), xxiii, 8, on lit isnann nawa aw>, YôSeb baSSébéf (ahkemôni ; ce dernier passage a été très altéré par les copistes, et on doit lire d’après la comparaison des Septante YiSba’am ou plutôt YiSba’al, le Hakmônite, ijDSnn, le ii, ha article, est changé en ii, thav. Ha-hakmônî, le Ifakmônite, est donc un nom patronymique, équivalent à Bén-H akmôn. Cf. Driver, Notes on the Hebrew Text of the Books of Samuel, in-8°, Oxford, 1890, p. 279.

    1. HACHE##

HACHE (hébreu : magzêràh, de gâzar, « fendre ; » garzén, kèlapôt, kaSUl, ma'àsdd, qardom ; Septante : încoTO[jie15{, àÇi’vT), iréXexvj, Xaleur^piov, (jxératpvov ; Vulgate : ascia, cultrum, securis), outil tranchant et pesant, muni d’un manche assez long, et pouvant être brandi pour fendre ou couper le bois, tailler la pierre

Haches assyriennes en bronze. British Muséum. D’après une photographie.

ou même tuer des hommes à la guerre, Voir t. i, fig. 225, 268, 286, col. 903, 991, 1061. Cet outil peut affecter différentes formes. Les noms multiples qu’il a en hébreu et en grec répondent à ce que nous appelons hache, hachette, cognée, merlin, hache d’armes, etc. Les premiers hommes se fabriquèrent des haches rudimentaires avec des silex taillés. Voir Adam, t. i, col. 196-202 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 755. Plus tard, ils employèrent le métal, le cuivre, le bronze, voir t. ii, fig. 434, col. 1155, et le fer (fig. 93). Voir t. i, col. 2206-2208 ; Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 756.

Chez les Hébreux.

La législation mosaïque prévoyait le cas du meurtre involontaire, commis par celui

qui brandit contre un arbre une hache dont le fer se détache du manche et va frapper quelqu’un mortelleHACHE — HACHILA

390

ment. Deut., xrx, 5. Elle défendait d’abattre les arbres à coups de hache quand on faisait le siège d’une ville. Deut., XX, 19. Cette pratique était familière aux autres peuples de l’antiquité. Voir t..i, col. 990, fig. 265. Depuis leur entrée en Chanaan jusqu’au temps des rois, les Hébreux s’adressèrent aux Philistins pour forger ou aiguiser leurs haches. I Reg., XIII, 20-21. Plus tard, ils fabriquèrent eux-mêmes ces outils, en mettant le fer au feu et en le battant avec le marteau, Is., xliv, 12. Abimélech et ses soldats se servirent de la hache pour couper les branches d’arbres destinées à incendier la tour de Sichem. Jud., ix, 48. Quand David eut vaincu les Ammonites de Rabbath, il les plaça be-magzerôt hab-barzél, non pas « sous des haches de fer » pour les faire périr, mais « sur des haches de fer » afin qu’ils exerçassent pour son compte, en qualité d’esclaves, le métier de bûcherons. II Reg., xii, 31. Voir Fodh, t. ii, col. 2338. Pour la construction du temple, les pierres

94. — Haches égyptiennes. Musée du Louvre.’furent apportées toutes taillées, de sorte qu’on n’entendit pas le bruit de la gazzén (seeuris) au cours du travail. III Reg., vi, 7. Pendant que des fils de prophètes coupaient du bois sur le bord du Jourdain, le fer d’une hache tomba dans l’eau. Or, c’était une hache d’emprunt. Elisée, témoin de l’accident, voulut tirer d’embarras celui qui avait ainsi perdu l’outil emprunté. Il jeta donc un morceau de bois dans l’eau, à l’endroit où la hache était tombée, et celle-ci vint surnager à la surface, de sorte qu’on put la saisir avec la main. IV Reg., 71, 4-7. Il est clair que l’écrivain sacré entend ici raconter un fait extraordinaire. Si l’on se fût contenté de passer un morceau de bois dans le trou de la hache pour tirer celle-ci hors de l’eau, il n’y eût rien eu là qui méritât d’être relaté entre la guérison de Naaman et le récit d’une campagne militaire.

Chez les étrangers.

C’est à coups de hache qu’on

abattait le* bois dans la forêt pour tailler des idoles. Jer., x, 3. Voir des haches (fig. 94) et des charpentiers égyptiens qui travaillent le bois avec la hache, t. ii, col. 600, Gg. 210. On avait beau mettre ensuite une hache aux mains de l’idole, elle était incapable de se défendre contre les voleurs. Bar., vi, 14. Voir 1. 1, fig. 454 et 474, col. 1481 et 1559, à gauche, une idole babylonienne, Bel ou Ramman, dieu des orages, portant la hache. Le même dieu est représenté avec la hache sur une petite stèle de terre

cuite conservée au British Muséum. Les Assyriens marchèrent contre l’Egypte avec des haches, comme des bûcherons qui s’avancent dans une forêt. Jer., xlvi, 22. L’auteur du Psaume lxxiv (lxxiii), 5, 6, dit en parlant de la destruction du temple par les Chaldéens :

On les a vus, tels que ceux qui brandissent

Les haches (qardummôt) dans l’épaisseur des arbres.

Et maintenant, toutes les sculptures à la fois,

Ds les ont brisées avec la cognée (kassiC) et les kêlapôt.

Ce dernier mot, qu’on ne lit qu’en ce passage, n’est autre que l’assyrien kalapâti ou kalabâti, désignant un outil ou une arme qui pouvait servir à la fois de hache et de marteau.

Au sens métaphorique.

La hache ne s’enorgueillit

pas aux yeux de celui qui la manie. Is., x, 15. De même l’Assyrien n’a pas le droit de s’enorgueillir des choses que lui fait accomplir la justice divine. La hache, qui est déjà à la racine de l’arbre, pour le couper s’il tarde à donner des fruits, figure la justice de Dieu prête à frapper les coupables s’ils ne se convertissent. Matth.,

m, 10 ; Luc, va, 9.
H. Lesêtre.
    1. HACHELAÏ##


HACHELAÏ, nom du père de Néhêmie, dansIIEsdr., x, 1, qui est appelé dans II Esdr., i, 1, Helchias. Voir Helchias.

    1. HACHILA##

HACHILA (hébreu : gib’at ha-R~âkîlâh ; Septante : à poOvôç to0’E/eXS, et <5’E^eXâ ; Vulgate : coJKs Hachila ; Gabaa Hachila), colline boisée de la tribu de Juda, au sud d’Hébron, dans le désert (midbar) qui était dans le voisinage de Ziph, à droite, c’est-à-dire au sud de Jésimon. I Reg., xxiii, 19, 24. Jésimon signifie « désert » et s’entend ici spécialement d’une partie du désert de Juda. Voir Désert, 4°, YeSimôn, t. ii, col. 1390. La Vulgate, a conservé Je mot Jésimon, I Reg., xxiii, 24 ; elle l’a traduit par « désert ». I Reg., zxiii, 19 ; xxvi, 1, 3. — 1° De l’ensemble du récit, on peut conciure que la colline d’Hachila était située entre Ziph et Maon, de sorte qu’on pouvait désigner indifféremment cette région sous le nom de désert de Ziph ou désert de Maon. I Reg., xxiii, 14-25. Cette situation était forte, ꝟ. 14, 18, 19, et la forêt, ꝟ. 16, 19, qui couvrait la colline en faisait un endroit propice pour s’y cacher. (Les Septante, au lieu de « forêt », hôréî, ont lu hôdéi et, en faisant un nom propre de lieu, ont traduit : iv-ri) Kaivfj, « à la [Ville] Neuve, » mais cette lecture et cette traduction sont probablement inexactes.) Les Septante, I Reg., xxiii, 14, dans le passage où il est dit que David habitait « sur la montagne de Ziph », ajoutent au texte : lv tt}-pi T*i aù^fiiiSeï, « dans la terre aride ; s la Vulgate, de son côté, ajoute : in monte opaco, « sur une montagne ombragée. » « La forêt dont il est question ici est probablement l’un de ces fourrés de chênes verts qui couvrent, encore aujourd’hui, plusieurs des montagnes des environs (de Ziph), et qui autrefois pouvaient être plus considérables et plus étendus que mainlenant. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 160. Son véritable emplacement est inconnu. « La colline d’Hachila n’a pas encore été retrouvée d’une manière certaine. Elle devait être située entre Ziph au nord et Maon au sud, puisque David, en abandonnant cette colline, se retira dans le désert de Maon, qui faisait suite vers le midi à celui de Ziph. » V. Guérin, ibid., p. 161. M. Çonder, Palestine Exploration Fund, Memoirs, t. iii, 1883, p. 313, a proposé d’identifier Hachila avec la colline de Dahr el-Kôld, au nord de l’ouadi eU Uar ; et son hypothèse est acceptée par F. Buhl, Geographie des alten Palâstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 97, et par quelques autres. — À peu de distance à l’ouest de la ville de Ziph se trouve une colline appelée Tell Zif. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, 3 in-8°, 1841, t. ii, p. 190-191. Quelques exégètes, comme P. Holmes, dans Kitto, Cyclopœdia of Biblical

Literature, 3e édit., 1864, t. ii, p. 184-186, croient que Hachila était cette colline voisiné de Ziph. Le problème n’est pas encore résolu. Voir Ziph et Maon.

2° David s’était réfugié à Hachila pour échapper à la persécution de Saül et il y reçut la visite de son ami Jonathas. I Reg., xxiii, 16-18. Les Ziphéens dénoncèrent au roi le lieu de retraite du fils d’Isaï. Celui-ci, averti aussitôt, se retira dans le désert voisin de Maon, sur le rocher qui fut appelé en souvenir de cet événement Séla’ham^mahleqôt, « Rocher de la séparation » ou « de la délivrance ». Il échappa à cette poursuite, grâce à la nouvelle qui fut apportée à Saül d’une invasion de Philistins qui l’obligea de marcher à leur rencontre. I Reg., xxiii, 20-28. — Quelque temps après, David s’était caché de nouveau dans les bois d’Hachila. Les Ziphéens le trahirent encore et Saül revint pour s’emparer de sa personne. Pendant la nuit, David arriva jusqu’à la tente de son ennemi, et, sans vouloir le tuer, comme les siens l’en pressaient, il se contenta de lui prendre sa lance et sa coupe pour lui prouver qu’il avait respecté sa vie. Le roi, touché de sa générosité, cessa sa poursuite et le laissa en paix. I Reg., xxvi. Voir David, t. ii, col. 1313-1314. F. Vigouroux.

    1. HACKSPAN Théodore##


HACKSPAN Théodore, théologien et philologue allemand, luthérien, né à Weimar, en 1607, mort à Altorf le 19 janvier 1659, avait étudié sous le célèbre Calixte et devint professeur à l’université d’Altorf. Nous avons dé lui : Observationes À rabico-syriacse in quædani loca Veteris et novi Testamenti, in-8°, Altorꝟ. 1639 ; Quadriga dispulatio de locutionibus sacris, ih-4, Altorf, 1648 ; Miscellaneorum sacrorum libri duo, in-8°, Altorf, 1660 ; Notée philogico-theologicm in varia et difficilia Scripturse loca secundum ordinem librorum biblicorum Veleris et Novi Testamenti, 3 in-8°, Altorꝟ. 1664, ouvrage pubHé par les soins de G. M. Koenig. Dans le Dispulatiorinfh philologicarum et theologicarum sylloge, in-4°, Altorꝟ. 1663, de Th. Hackspan, on remarque : Ad epistolam D. Hieronymi de nominibus divinis exercitationes duse ; Disputàtiones circulares in xvii priora capita Geneseos ; Exercitatio in psalmum ex. Dans le Thésaurus librorum philologicorum et historicorum, de Thomas Crenius, 2 in-8°, Leyde, 1700, a été publié le travail suivant de Hackspan : Interpres errabundus, hoc est brevis disquisitio de causis errandi interpretuni, comnientatorum, disputatorum, omniumque adeo qui circa sanas utriusque Fœderis occupantur litleras. — Voir Lelong, Biblioth. sacra, p. 760 ; Walch, Biblioth.

tlieologica, t. iv, p. 300, 789, 925.
B. Heurtebize.
    1. HACUPHA##

HACUPHA (hébreu : Jfâqûfâ’; Septante : ’Axouçii, flans I Esdr., ii, 51 et’A/içi, dans II Esdr., vii, 53), chef d’une famille de Nathinéens, dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabel. IEsdr., H, 51 ; IIEsdr., vii, 53.

    1. HADAD (IJâdad)##


1. HADAD (IJâdad), huitième fils d’Ismaël, I Par., i, 30, appelé Hadar dans la Genèse, xxv, 25. Voir Hadar.

2. HADAD (hébreu : Ifâdad ; Septante : *À5âS), dieu syrien qui n’est pas mentionné individuellement dans l’Écriture, d’après l’opinion générale, mais qui entre comme élément composant dans plusieurs noms propres iduméens et araméens (Voir Bénadad, t. i, col. 1572 ; Adarezer, t. i, col. 211 ; Adadremmon, 1. 1, col. 168-169), dont quelques-uns se lisent déjà dans les lettres cunéiformes trouvées à Tell el-Amarna et remontantau xvsiècle avant notre ère. Voir 1. 1, col. 1573. On en retrouve aussi dans les inscriptions ninivites. Cf. Schrader, Die Keilinschriften und dos alte Testament, 2e édit., 1883, p. 200-203 ; Die Namen Hadad, Hadadezer, dans la Zeitschrift fur Keilischriftforschung, t. ii, 1885, p. 365-384. De même sur les monnaies d’IIiéra polis (Bambyce), fig. 342, t. i, col. 1200, où l’on voit au revers le prêtre

Abd-Hadad, c’est-à-dire « serviteur d’Hadad », debout dans un temple figuré par deux colonnes supportant un toit triangulaire et tenant une pomme de pin au-dessus d’un petit autel. E. Babelon, Les Perses Achéménides, 1893, p. i.m, 45. Le nom du dieu lui-même nous est connu par les auteurs anciens et par les monuments figurés. Il est mentionné dans Philon de Bjblos (Eusèbe, Prsep. ev., t.xxi, col. 84) ; dans Macrobe, Saturn., i, 23, et dans Pline, H. N., xxxvii, 71, édit. Teubner, t. v, 1897, p. 467. Celui-ci énumère trois pierres précieuses qu’on appelait « les reins, l’œil et le doigt d’Hadad ». Adadit nephros sive renés, ejusdem oculus, digitus. Cî. V. De-Vit, Totius Latinitatis Onomasticon, t. i, Prado, 18591868, p. 51. De précieux monuments de son culte ont été découverts ces dernières années. Une statue du dieu Hadad avec une inscription votive a été trouvée en 1888 pendant les fouilles de Sendjirli, à Gerdjin, près de cette dernière localité. Voir Ausgrabungen in Sendschirli, in-f°, Berlin, 1893, p. 49-52. Nous avons reproduit cetlç statue, t. i, fig. 481, col. 1572. Quelques années auparavant, en 1868, M. de Vogué avait publié un cylindre où est aussi représenté, mais naturellement en petites dimensions, le même dieu Hadad. Voir t. i, fig. 482, col. 1573. Il résulte des inscriptions qu’on lit sur la statue du dieu et sur le cylindre que son nom véritable était bien Hadad et non Hadar ou Adar, comme l’ont cru certains exégètes, parce qu’il est quelquefois altéré sous cette dernière forme dans les noms propres scripturaires, Hadarézer au lieu de Hadadézer, voir t. i, col. 211 ; "ASsp, au lieu d’Adad, col. 266, etc. Du reste, l’origine et l’étymologie du nom restent jusqu’à présent une énigme. Frd. Bæthgen, Beilrâge zur semitischen Beligionsgeschichte, in-8°, Berlin, 1888, p. 68.

1° On sait peu de chose sur le dieu Hadad et sur ses attributs. Philon de Byblos, dans Eusèbe, Prsep. ev., i, 10, t. xxi, col. 84, l’appelle « roi des dieux », "ASwSoç êa<ji), EÙc 8£ûv. Macrobe, Saturn., 1, 23, est celui qui nous fournit le plus de renseignements. « Voici, dit-il, l’idée que se font les Assyriens de la puissance du soleil. Ils ont donné au dieu qu’ils vénèrent comme le plus élevé et le plus grand le nom d’Adad, ce qui signifie unique (unus). » Et il ajoute : « À ce. dieu qu’ils adorent comme le plus puissant, ils unissent une déesse, appelée Adargatis. (Voir Atargatis, t. i, col. 1199.) Ils attribuent le souverain pouvoir sur l’universalité des choses à ces deux divinités, par lesquelles ils entendent le soleil et la terre ; et, au lieu de désigner par des termes particuliers les diverses manifestations de leur puissance, ils expriment leur prééminence multiple par les attributs dont ils les décorent. Or tous ces attributs se rapportent au soleil : la statue d’Adad est, en effet, entourée de rayons inclinés pour montrer que la force du ciel réside dans les rayons que le soleil lance sur la terre ; tandis que la statue d’Adargatis se distingue par des rayons dirigés obliquement de bas en haut, ce qui montre que tous les fruits de la terre sont le produit des rayons envoyés d’en haut. » — Ce que dit Macrobe est exact, non dans tous les détails, mais dans l’ensemble. Hadad ne se confondait pas cependant complètement avec le soleil. L’inscription gravée par le roi Panammou sur la statue d’Hadad le place en tête de tous les dieux, mais elle en nomme quatre autres après lui, entre autres §émé8 r « le soleil » (lignes 2, 11, 18), de même que l’inscription de Bar-Rekoub, fils de Panammou (ligne 22).Dav. H. Mûller, Die altseniitischen Inschriften von Sehdschirli, in-8°, Vienne, 1893, p. 19-20, 8. Hadad et le Soleil étaient donc deux divinités distinctes. On peut supposer, d’après certains documents cunéiformes, que Hadad était le dieu de l’atmosphère, appelé en assyrien Ramman, ce qui pourrait être confirmé^ par le’nom d’Hadadrimmon (Vulgate : Adadremmon) qu’on lit dans Zacharie, xii, 10, el qu’on peut expliquer étymologiquement comme ignifiant que Hadad est le même que Rimmon ou Ramman.

393

HADAD — HADRACH

394

Quelques traits de ce dieu expliquent néanmoins pourquoi on l’assimila au soleil. Ce que dit Macrobe de la manière de le représenter, ainsi qu’Alèrgatis, paraît exact.

— Les Romains ayant emprunté le culte d’Hadad à Héliopolis (Baalbek), d’où le nom de Jupiter Heliopolitanus, qu’ils lui donnèrent, le confondirent, avec Hélios ou le Soleil qu’on adorait dans cette ville d’Asie. L. Preller, Rômische Mythologie, 2 in-8°, Berlin, 1881-1883, t. ii, p. 402. Cf. Lucien, De dea Syria, 31, édit. Didot, p. 742, où Hadad, sans être nommé, est assimilé à Jupiter. Bæthgen, Beitrâge, p. 72. La distinction entre les divers dieux était, d’ailleurs, souvent assez difficile à établir, et l’on pouvait aisément, et quelquefois avec raison, les confondre les uns avec les autres. — Movers a rapproché Hadad d’Adonis, qui est aussi une personnification du soleil. Die Phônizier, t. i, 1881, p. 196 ; t. II, p. I, 1849^ p. 513. Il s’appuie sur ce que Zacharie, . xii, 10, parle de la « lamentation d’Hadadrimmon », et il y voit une allusion aux lamentations des femmes de Byblos sur la perte d’Adonis. L’allusion est fort douteuse. Voir Die Klage ûber Hadàd-Rimmon, dans W. von Baudissin, Studien zur Religionsgeschichte, t. l, in-8°, Leipzig, 1876, p. 295-325. 2° Quelques commentateurs tels que Grotius, Bochart, Vitringa, Lowth, Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, Jesaias, t. iii, 1791, p. 963, ont cru trouver la mention du dieu Hadad dans un passage obscur et peut-être altéré d’Isaïe, lxvi, 17. Cf. Cornélius à Lapide, In Is., édit. Vives, t. xi, p. 763. Le prophète annonce les châtiments qui frapperont ceux qui pratiquent les rites païens, « qui se sanctifient et se purifient au milieu des jardins, » ’ahar’ahad (Vulgate : postjanuam). D’après certains exégètes, ’ahad ne serait autre que le dieu Hadad et ce serait contre les adorateurs du faux dieu qu’Isaïe ferait entendre ses menaces. Cette hypothèse n’est pas généralement admise. Voir W. Gesenius, Commentar ûber den Jesaja, t. i, part. ii, 1821, p. 307. Siir les mots’ahar’ahad, qui ont un sens si douteux, voir J. Knabeniauer, Conim. in Isaiam, t. ii, 1887, p. 512-513.

F. Vigouroux.

H ADAÏA (hébreu : ’Adâyâh ; Septante : ’EJeVi ; Codex Alexandrinus : ’UStBâ), de Bésécath, père de la reine Idida, la mère du roi de Juda Josias. IV Reg., xxii, 1.

    1. HADAR##

HADAR (hébreu : Radar, Gen., xxv, 15 ; Hâdad, I Par., i, 30 ; Septante : Codex Alexandrinus : XoSôetv ; Codex Cottonianus : Xaî, 8ô ; Codex Bodleianus : XoSSâB, Gen., xxv, 15 ; Codex Vaticanus.-XovSâv ; Codex Alexandrinus : XoSSetS, I Par., i, 30 ; Vulgate : Radar, Gen., xxv, ’15 ; Hadad, I Par., i, 30), nom du huitième fils d’Ismaël. Gen., xxv, 15 ; I Par., i, 30. Quelle est la vraie forme de ce nom ? Le texte original et les versions offrent des variantes embarrassantes. La leçon Hâdad a pour elle le meilleur appui. Ces ! celle que donnent, même pour Gen., xxv, 15, plus de trois cents manuscrits et de nombreuses éditions imprimées. Le Pentateuque samaritain et beaucoup de manuscrits chaldéens ont le daleth final, bien que le heth initial soit remplacé par un hé. Les Septante, malgré la corruption du mot, semblent avoir aussi lu ljàdad ; le X du commencement représente le heth. Dans les anciens manuscrits et les vieilles éditions de la Vulgate, on trouve Hadad ou Adad. Cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1781, t. i, p. 22-24 ; t. v, p. 5 ; C. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatse latinee, Rome, 1860, t. i, p. 91. Quant à l’histoire d’Hadad ou de la tribu qui en descendit, nous ne savons absolument rien. On a cherché à rapprocher de ce nom la côte arabe de Hatf, entre Oman et Bahrein, le pays de Xarrr.vs’a de Polybe, ï’Attene de Pline. Cf. Keil, Genesis, Leipzig, 1878,

p. 224.
A. Legendre.
    1. HADASSA##

HADASSA (hébreu : Hâdàëâh ; Septante : Codex Vaticanus : ’ASouriv ; Codex Alexandrinus : ’AJaui),

ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., xv, 37. Le nom signifie : neuve [ville] : on peut le rapprocher du phénicien Qarfhadaif et de l’assyrien Qar-ti-fya-da-as-ti, « Villeneuve, Neapolis. » Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, Paris, 1881, part, i, t. i, p. 25-26. Hadassa fait partie du deuxième groupe des cités de « la plaine » ou de la Sêphélah. Elle est citée entre Sanan et Magdalgad. Cette dernière peut être reconnue dans El-Medjdel, à l’est d’Ascalon. C’est donc dans le voisinage qu’il faudrait chercher la ville dont nous parlons. Les explorateurs anglais proposent de l’identifier avec’Ebdis ou’Eddis. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 409 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 76. Si le dernier nom, ’Eddis, est exact, il peut à la rigueur convenir. Il est clair, en tout cas, qu’il ne faut pas, comme l’a fait Eusèbe, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 220, confondre Hadassa avec F’Aêocaâ (Vulgate : Adarsa, Adazer) des Machabées, située au nord de Jérusalem. I Mach., vii, 40, 45. Voir Adarsa, t. i, col. 213. Les Talmuds, Mischna, Erubin, v, 0, parlent d’une localité de Juda, HadaSah, qui ne renfermait que cinquante maisons. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 98. Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, pense qu’il s’agit de celle de Josué.

A. Legendre.
    1. HADÈS##

HADÈS ("<xc8ï)ç, 88 « 15), séjour des morts. Les Septanto ont ordinairement rendu par ce mot le terme hébreu se’ôl. Voir Enfer, . t. ii, col. 1793. Les écrivains du Nouveau Testament ont fait de même. Luc, xvi, 23 ; Act., if, 27, 31 ; Matth., xvi, 18 ; I Cor., xv, 55 ; Apoc, i, 18 ; vi, 8 ; xx, 13, 14. Ils l’ont employé dans un sens métaphorique. Matth., xi, 23 ; Luc, x, 15. Le mot SSric se lit aussi dans les livres et parties deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Tob., iii, 10 ; iv, 19 ; xiii, 2 ; Sap., i, 14 ; ir, 1 ; xvi, 13 ; xvii, 14 ; Eccli., ix, 12 ; xiv, 12, 16 ; xvii, 27 ; xxi, 10 ; xxvilij 21 ; xli, 4 ; xlviii, 5 ; li, 5-6 ; Baruch, ir, 17 ; iii, 11, 19 ; Dan., iii, 88 ; II Mach., vi, 23. La Vulgate a traduit Se’ôl et &81)i ; par infemius, inferi, inferus. Voir Enfer et Scheôl.’HADID (hébreu : Hàdîd ; Septante : AoSaSf ; Codex Vaticanus : AU, ’ÂpwB ; Codex Alexandrinus : A68’AUS,

I Esdr., ii, 33 ; AoSaBéS ; Codex Vaticanus : A68, ASià ; Codex Alexandrinus : "ASÎ8, II Esdr., vii, 37 ; ’AStAS,

II Esdr., xi, 34), ville mentionnée entre Lod, l’ancienne Lydda, au sud-est de Jaffa, et Ono, Kefr’Ana. I Esdr., n, 33 ; II Esdr., vii, 37 ; XI, 34. C’est la même qu’Adiada, de I Mach., xii, 38. Voir Adiada, t. i, col. 216.

A. Legendre.
    1. HADRACH##

HADRACH (hébreu : Ifadrâk ; Septante : 2e8pi-/, Vaticanus : ’A8pi/, variante). Ce nom, ne se rencontran l qu’une seule fois dans la Bible, dans l’oracle de Zacharie IX, 1, contre les nations limitrophes d’Israël, a donné lieu à des interprétations incertaines et contradictoires. Toutefois le texte même de Zacharie, lui donnant comme parallèle Damas, et le faisant suivre au ꝟ. 2 d’Émath, noms de villes de Syrie bien connues, indique suffisamment qu’Hadrach est une appellation géographique, désignant également une localité syrienne, dans le voisinage des deux précédentes. Si l’on ne trouve plus présentement dans le voisinage de Damas de localité de ce nom (J.-L. Porter, dans Kitto, Biblical Cyclopsedia, . 1876, t. ii, p. 190), et quelque valeur qu’on attribue à l’affirmation de R. José reproduite par Iarchi (Calmet, Comment, liitér., Zacharie, ix, 1 ; Gesenius, Thésaurus, p. 448), il est certain que les Assyriens connaissent et mentionnent, précisément dans les environs de Damas et d’Émath, en Syrie, une terre et une ville dont le nom est transcrit dans les textes cunéiformes : Rala-ri-ka, Ha-ta-ra-ka ou Ra-twak-ka, où l’on ne peut se refuser à reconnaître le nom même d’Hadrach. Uno

liste géographique assyrienne, The cuneifoi m Inscriptions of the Western Asia, t. ii, pl. 53, n. 1, verso, col. b, 1. 35-38, nous donne en effet la série suivante : Damas, Karninï, tfamat, ffatarika ; la liste des éponymes assyriens relatant la série chronologique des guerres entreprises par les monarques ninivites, mentionne l’invasion par Salmanasar du pays de I.Iatarika après celui de Damas, aux années 773 et 772 ; voir aussi aux années 765 et 755 ce même pays envahi par Assurdan-il : Schrader, Keilinschriftèn und Geschichtsforchung, p. 122, 96 ; et dans Riehm, Handwôrterbuch des biblisch. Altert., 1884, t. i, p. 551 ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform Insa-iptions and the Old Test., t. ii, p. 153 ; Frd. Delitzsch, Wo-lag dos Parodies, p. 279 ; Schrader, Eponymen Kanon, dans Keilinschriftliche Bibliofek, t.i, p. 210-211. Cette ville et son nom ayant disparu depuis longtemps, dès l'époque d’Eusèbe et de saint Jérôme on donnait de ce mot une interprétation allégorique, suivant une méthode juive fort usitée, en le découpant en syllabes : iii, Jlad, « dur, » et-p, rak, « doux » (cf. miktam, le nom spécifique de certains psaumes, décomposé en mik, humble, et tam, parfait), deux qualités qu’on appliquait ensuite à la prophétie de Zacharie, à la parole de Dieu en général, au Verbe, au Messie, au conquérant de Damas, et même au Tigre et à l’Euphrate. S. Jérôme, In Zachar., t. xxv.. col. 1479. D’après Kimchi, R. Juda appliquait ce terme au Messie, doux pour Israël et sévère pour les nations. Kitto, Cyclopsedia, t. ii, p. 190. D’autres enfin y voyaient sans plus de fondement le nom d’un roi Adarézer ou Ador, Gesenius, Thésaurus, p. 449, ou celui d’une idole, la déesse phénicienne Dercéto-Atargatis, l’idole babylonienne Sadrak ou Adar, etc. Nous ne connaissons, d’ailleurs, de

cette ville que le nom.
E. Pannier.
    1. HADRIEL##

HADRIEL (hébreu : 'Adrî'êl ; Septante, omis dans le Codex Vaticanus, I Reg., xviii, 19 ; 'EaSpi^X, JI Reg., xxi, 8 ; Y Alexandrinus lit 'EoSpï dans ce dernier endroit et 'Iirparii dans le premier), fils de Berzellaï, le Molathite, auquel Saül donna sa fille Mérob, qu’il avait promise à David. I Reg., xviii, 19. Il naquit de ce mariage cinq fils que David livra plus tard aux Gabaonites. II Reg., xxi, 9. Dans cet endroit, il est vrai, le kétib porte Mikal, Michol ; mais c’est une faute évidente de copiste que corrige le keri : il faut lire Mêrab, Mérob.

    1. HAENLEIN Heinrich Karl Alexander##


HAENLEIN Heinrich Karl Alexander, théologien évangélique allemand, né à Ansbach le Il juillet 1762, mort à Esslingen le 15 mai 1829. Il professa la théologie à Erlangen, remplit des fonctions diverses et devint finalement membre, puis directeur du Consistoire supérieur protestant à Munich, On a de lui, outre des programmes et des sermons, Dissertatio inauguralis. Observationes criticæ atque exegeticse ad loca quædam Veteris Testamenti, in-8°, Gœttingue, 1788 ; Handbuph der Einleitung in die Schriften des neuen Testaments, 3 in-8°, Erlangen, 1794 ; 2e édit., 1802-1809 ; Lehrbuch der Einleitung in die Schriften des neuen Testaments fur Akademien und Gymnasien, in-8°, Erlangen, 1802 ; Dissertatio inauguralis. Commentarius in [Epistolam Judse, in-8°, Erlangen, 1796 ; Epistola Judée grsece commentario critico et annotatione perpétua illustrata, in-8°, Erlangen, 1799 ; 2e édit., 1804.

HAEVERNICK Heinrich Andréas Christophe exégète protestant, né le 29 décembre 1811 à Erôpelin dans le Mecklembourg-Schwerin, mort à Kônigsberg le 19 juillet 1845. Après avoir étudié au Gymnasium Fridericianum, d’Ostern, il suivit Michaëlis à l’université de Leipzig en 1827, puis à celle de Halle en 1828 où il se livra à l'étude de l’Ancien Testament et des langues sémitiques. Il alla ensuite à Berlin où, en 1832, il s’attacha étroitement à Hengstenberg, dont il suit ordinairement

les principes d’exégèse. Après avoir enseigné à Genève, à Rostock, il devint professeur à Kônigsberg en 1840. Ses travaux exégétiques sont : Commentar ûber das Buch Daniel, iri-8°, Hambourg, 1832 ; Neue kritische Untersuchungen ûber das Buch Daniel, in-8°, Hambourg, 1838 ; Handbuch der historisch-kritischen Einleitung in das Alte Testament, part. I et ii, 2 in-8°, Erlangen, 1836-1844 ; part, iii, achevée par Keil, in-8°, Erlangen, 1849 ; 2e édit., 1854-1856 ; Commentar ûber den Propheten Ezechiel, in-8°, Erlangen, 1843 ; Symboles addefendendam authentiam Vaticinii Jesaise, c. XIII-xiv, 13, in-8°, Regismonti Boruss., 1843 ; Vorlesungen ûber die Théologie des Alten Testaments, publiées après sa mort par Hahn, in-8°, Erlangen, 18482e édit., par H. Schultz, 1863 ; on lui doit aussi un certain nombre d’articles de la Cyclopœdia of biblical Literature de J. Kitto. Cf. Allgemeine Deutsche Biographie, t. xi, in-8°, Leipzig, 1880, p. 118-119.

E. Levesqoe. HAFENREFFER Mathias, théologien allemand, luthérien, né à Lorch (Wurtemberg), le 24 juin 1561, mort à Tubingue, le 22 octobre 1619. Il fut professeur à Tubingue et à composé les deux ouvrages suivants : Templum Ezechielis, sive in IX postrema prophétie capita commentarius, nontantum genuinam texlus et expeditam interpretationem, una cum lempli admirandi, Spiritus Sancti cura et studio delineati, architectonica œneis formis expressa ; … facilem insuper de Ebrmorum omnium generum mensuris, ponderibus ac monetis, cum nostratibus comparatam, explicationem complectens, in-f°, Tubingue, 1613 ; Commentarius inNahum et Habacuc, in-4°, Stuttgart, 1663. —Voir Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 550, 551, 586, 588 ; Th. Lansius, Monumentum amiciliee M. Hafenreffero consecratum, in-4°,

Tubingue, 1620.
B. Heurtebize.
    1. HAGAB##

HAGAB (hébreu : IJâgâb ; Septante : 'Aycî.6), chef d’une famille de Nathinéens dont les descendants revinrent de la captivité avec Zorobabel. [ Esdr., ii, 46. Dans la liste parallèle, II Esdr., vii, 48, la similitude de ce nom avec celui d’Hagaba, l’a fait omettre dans l’hébreu., Le Codex Alexandrinus porte 'Afâê comme dans l’autre liste.

    1. HAGABA##

HAGABA (hébreu : ffâgâbâh dans I Esdr., ii, 45, et Hâgâbâ' dans II Esdr., vii, 48 ; Septante : 'AfaSct), chef d’une famille de Nathinéens qui accompagnèrent Zorobabel à son retour de la captivité. I Esdr., ii, 45 ; vu, 48.

    1. HAGADA##


HAGADA, nom de l’exégèse homilétique chez les Juifs. Voir Midrasch.

    1. HAGGI##

HAGGI (hébreu : Ifaggî ; Septante : 'A-fY'?) » second fijs de Gad, Gen., xlvi, 16, père de la famille des Haggites. Num., xxvi, 15. Le nom est écrit Aggi par la Vulgate dans ce dernier endroit. Voir Aggi.

    1. HAGGIA##

HAGGIA (hébreu : ffaggiyydh ; Septante : 'A|La ; Codex Alexandrinus : 'Ayyia), lévite, fils de Sammaa et père d’Asaïa, dans la branche de Mérari. I Par., vi, 30 (hébreu, 15).

    1. HAGGITH##

HAGGITH (hébreu : Haggip ; Septante : 'AytW ; II Reg., iii, 4 ; 'Ay-fett, III Reg., i, 5, 11, et I Par., III, 2 ; omis dans III Reg., ii, 13, sauf dans le Codex Alexandrinus : oiôç 'Ayçiô), une des femmes de David, la mère d’Adonias, le quatrième fils de David, né à Hébron. II Reg., iii, 4 ; III Reg., i, 5, 11, ii, 13 ; I Par., iii, 2. Dans ce dernier endroit, l’orthographe du nom, dans la Vulgate, est Aggith. E. Levesque.

    1. HAGIOGRAPHES##


HAGIOGRAPHES, c écrivains sacrés. » On appelle ’ainsi les auteurs des livres qui forment-la troisième division de la Bible hébraïque (kefubîm), comprenant les Psaumes, les Proverbes, Job, le Cantique des Cantiques, Ruth, les Lamentations de Jérémie, , 1’Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie et les deux livres des Chroniques (Paralipornènes).

    1. HAHN Heinrich August##


HAHN Heinrich August, théologien protestant allemand, né le 19 juin 1821 à Kônigsberg, mort le 1 er décembre 1861, était fils d’Auguste Hahn, professeur extraordinaire de théologie à Kônigsberg ; il suivit son père à Leipzig, puis à Breslau, où il commença, à l’université de cette ville, ses études théologiques, qu’il acheva à celle de Berlin : il s’appliqua surtout à l’exégèse de l’Ancien Testament au point de vue de l’archéologie et de la doctrine. Sa thèse fut : De spe immortalitalis sub Veteri Testamento, gradatim exculta, dissertatio, in-8°, Breslau, 1845. Il donna ensuite : A<xvit|X xotù toù ; ’E680|j.TixovTae codice Chisiano post Sagaarium edidit secundum versionem syriaco-hexaplarem recogn. annot. crit. et philog. illustr., H. A. Hahn, grand in-8°, Leipzig, 1845 ; Commentar ïiber das Buch Hiob, in-8°, Berlin, 1850 ; Das hohe Lied von Salomo, ùbersetzt und erklàrt, in-8°, Breslau, 1852 ; Commentar ùber das Predigerbuch Salomo’s, m-8°, Leipzig, 1860. Il édita, en 1848, Hâvernick’s Vorlesungen ùber die Théologie des Alten Testaments, et collabora, avec Frz. Delitzsch, à la il » et m 8 partie du Der Prophet Iesaia de Mor. Drechsler, 2 in-8°, Berlin, 1854-1857. Voir Zimmernian’s Allgemeine Kirchenzeitung, 1862, t. i, p. 401 ; Allgemeine Deutsche Biographie, Leipzig, t. x, 1879, p. 362. E. Levesque.

HAI (hébreu : Hd-’Ai, avec l’article, Gen., xii, 8, etc. ; ’Aî, Jer., xux, 3), nom de deux villes situées, l’une à l’ouest, l’autre à l’est du Jourdain.

1. HAI (hébreu : Hd-’Ai, avec l’article, « le monceau de pierres » ou « de ruines », partout, excepté II Esd., xi, 31, et Is., x, 28, où l’on trouve’Ayyâh et’Ayydf ; Septante : ’Ay-fat, Gen., xii, 8 ; xiii, 3 ; Is., x, 28 ; Ta : ’, Jos., vu, 2, 5 ; viii, 1, 2, 3, 9, 12, 14, 17, 18, 21, 23, 25 ; ix, 3 ; x, 1, 2 ; xil, 9 ; ’A : a, I Esd., Il, 28 ; Codex Vaticanus ; "AXeiâ ; Codex Sinaiticus et Cad. Alexandrinus, ’Ai, II Esd., vii, 32 ; ’Ai’a, Codex Sinaiticus, ’Aéw, II Esd., xi, 31 ; Vulgate : Aiath, Is., x, 28), cité royale chananéenne, Jos., viii, 23, 29 ; x, 1 ; xii, 9, existant déjà à l’époque d’Abraham, Gen., xii, 8 ; xiii, 3, assiégée et prise par Josué, Jos., viii, 1, 2, etc. Josèphe, Ant. jud., V, i, 12, l’appelle "Aïva ; édition Dindorf, "Awa.

I. Identification.

L’emplacement d’Haï est nettement indiqué, au moins d’une façon générale, par l’Écriture. La ville se trouvait « à l’orient de Béthel », aujourd’hui Beitin, Gen., xii, 8 ; Jos., vii, 2 ; xii, 9 ; « c près de Béthaven, » Jos., vii, 2 ; apparemment plus prés de Béthel que de Machmas, Mukhmas, I Esdr., II, 28 ; Il Esdr., vu, 32 ; au nord de cette dernière. Is., x, 28. Elle avait au nord une vallée, Jos., viii, 11, et à l’ouest un terrain propice aux embûches, où 5000 hommes pouvaient se cacher. Jos., viii, 12. C’est donc entre Béthel, Machmas et le désert de Béthaven qu’il la faut chercher. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. Malheureusement, elle est insaisissable comme le feu-follet, dit un auteur anglais. Voici les quatre hypothèses principales. — 1° V. Guérin, Judée, t. iii, p. 59, l’identifie avec Khirbet el-Kudéiréh, au sud-est de Beitin. « Près de Béthel, dit-il, dans la direction de l’est, aucune autre ruine n’égale en importance le Khirbet el-Kudéiréh. Si le village actuel de Deir Diudn, situé plus au nord et à l’est-sud-est „ de Beitin, répond mieux à la position que la Bible assigne à’Aï ; d’un autre côté, d’après les traditions conservées dans le pays, Deir Diudn a été construit avec les débris à’El-Kudéiréh, et c’est un village relative ment moderne, tandis que El-Kudéiréh présente tous les caractères d’une cité antique rasée, mais dont la nécropole, les citernes et les birket prouvent la primitive grandeur. » Robinson, Biblical Reseàrches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 575, semble indiquer le même emplacement. — 2° D’autres ont cru le retrouver un peu plus au nord, sur une colline escarpée appelée Tell el-Hadjâr, « la colline des pierres, » à cause d’un amas dç pierres informes de petites dimensions, qui en couronnent le plateau supérieur et sont les restes d’habitations détruites de fond en comble. Suivant certains voyageurs, le vrai nom serait plutôt simplement Et-Tell, qui représenterait ainsi exactement le mot dont se sert l’Écriture, lorsqu’elle dit que « Josué brûla la ville et en fit un Tumulus » (hébreu : fêl) ou « monceau » éternel. Jos., viii, 28. Par ailleurs, le site correspondrait parfaitement à toutes les données topographiques de la Bible : la proximité de Béthel, une vallée au nord, et, à l’ouest, une pointe rocheuse, appelée Burdjmus, coupant la vue de ce côté, et pouvant cacher une troupe. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 62. Telle est l’opinion de Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 282 ; Reise durch Synen und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 251 ; de Ch. Wilson, dans le Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. ii, p. 372. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 56, objecte que Tell el-Hadjar n’offre pas les ruines d’une ville véritable : ce sont les restes d’un simple village, composé d’un petit nombre de maisons, et qui n’a jamais dû renfermer même la dixième partie de la population que la Bible attribue à Haï. La proximité de Béthel semble à d’autres un inconvénient. Ils se demandent comment les 5000 hommes purent se cacher à si peu de distance de la ville, sans que les habitants s’en aperçussent. Il est probable, en effet, que, s’ils avaient vu ce mouvement, ils ne se seraient pas tous lancés à la poursuite des Israélites, en laissant leur propre cité à la merci d’un coup de main. Jos., viii, 17. Cf. Palestine Explor. Fund, Quart. St., 1878, p. 75. — 3° Il existe au sud-est d’Et-Tell, entre Deir Diudn et Khirbet el-Kudéiréh, un endroit dont le nom, suivant certains auteurs, répondrait suffisamment à l’antique dénomination, Hd-’Ai. C’est Khirbet Haiydn. Ce nom rappelle 1’'Aiva de Josèphe, Ant. jud., V, i, 12, et le site offre, d’après eux, mieux encore qu’Et-Tell, toutes les conditions topographiques exigées par le récit biblique. C’est l’hypothèse admise par Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 253 ; Palestine Explor. Fund, Quart. St., 1881, p. 254. — 4° On a voulu aussi chercher Haï à Khirbet el-Haiyéh, au sud-est de Mukhmas. Tel est le sentiment de Krafït, Die Topographie Jerusalems, Bonn, 1846, p. 9, et de H. Kitchener, Palestine Explor. Fund, Quart. St., 1878, p. 10, 75, 132 ; Survey of West. Pal., Memoirs, t. iii, p. 33. Il a été justement, croyons-nous, combattu par V. Guérin, Judée, t. iii, p. 66, et Robinson, Biblical Reseàrches in Palestine, t. iii, p. 288, note 3. Cet endroit est trop loin de Béthel, et d’après Is., x, 28, Haï ou Aiath était plutôt au nord de Machmas. Il suffi ! enfin de mentionner l’hypothèse de H. Guest, identifiant HaTavec Rummon, à l’est de Béthel. Cf. Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1878, p. 194 ; Survey of Wëst. Pal., Mem., t. iii, p. 34. — En somme, s’il est difficile de se prononcer entre les trois premiers points, c’est-à-dire Et-Tell, Khirbet Haiydn et Khirbet el-Kudéireh, ils nous semblent circonscrire le terrain des recherches.

II. Histoire.

Haï est mentionnée pour la première fois dans l’histoire d’Abraham, qui dressa sa tente et un autel sur une colline située entre Béthel à l’ouest et Haï à l’est, Gen., xii, 8, où il revint à son retour d’Egypte. Gen., xiii, 3. Elle est célèbre surtout par la conquête qu’en firent les Israélites dès leur entrée dans la Terre Promise. Maîtres de Jéricho, il leur fallait maintenant

pénétrer au cœur de la contrée, dans l’intérieur du massif montagneux. L’heure était critique, semblable à celle où ils avaient tenté d’aborder le pays de Chanaan par le sud, et où ils avaient été repoussés dans le désert. Num., Xiv, 45. Comme alors, Josué envoya donc des explorateurs pour examiner le site et l’importance de la ville. Jos-, vii, 2. Ceux-ci revinrent en disant que deux ou trois mille hommes suffiraient pour s’en emparer. Trois mille hommes s’avancèrent en armes ; mais ils lâchèrent pied aussitôt devant les habitanls de la place, qui en tuèrent Un certain nombre, ꝟ. 3-5. josué apprit que cet échecétàit un chàtimentcéleste, parce qu’on avait dérobé quelque chose de l’ànathème de Jéricho. Après avoir recherché et puni les coupables, il entreprit une nouvelle attaque contre Haï. Plaçant cinq mille hommes en embuscade à l’occident de la ville, il alla se poster du coté du nord avec le reste de ses troupes. Par une tactique commune dans ces temps-là, il simula une fuite à la première sortie des assiégés, pour les attirer loin de leurs remparts. Ceux-ci, en effet, le poursuivirent, laissant la ville sans défense. Mais, à un signal donné, le détachement caché à l’ouest envahit la place désertée et la livra aux flammes. En même temps, l’armée des Hébreux se retournait contre les habitants d’Haï. Pris bientôt par devant et par derrière, ceux-ci furent complètement exterminés. Leur roi fut pendu à un gibet : le soir, au coucher du soleil, son cadavre fut descendu « t jeté à l’entrée de la ville, et l’on amassa dessus un monceau de pierres. Jos., viii, 1-29 ; ix, 3 ; x, 1, 2 ; xii, 9. Haï, détruite par Josué, fut néanmoins rebâtie plus lard, car Isaïe, x, 28, décrivant la marche des Assyriens sur Jérusalem, signale Aiath, qui, d’après le contexte, semble bien être la même ville. Elle fut, avec Béthel, réhabitée au retour de la captivité. I Esdr., ii, 28 ; II Esdr., vu, 32 ; xi, 31. À l’époque d’Eusèbe et de saint Jérôme, qui^par erreur ou par une faute de copiste, la placent à l’ouest de Béthel, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 83, 209, elle, était déserte, et l’on ne montrait plus que quelques ruines sur l’emplacement qu’elle avait

occupé.
A. Legendre.

2. HAI (hébreu : ’Ai ; Septante : Tac ; omis par le Codex Vaticanus), ville dont il est question dans Jer., xlix, 3. « Hurle, Hésébon, dit-il, parce que Haï a été dévastée. » Hésébon est aujourd’hui Hesbân, à l’est de la mer Morte. Il s’agit donc d’une cité voisine, et d’une cité importante, qui vient de tomber au pouvoir de l’ennemi. Yoilà pourquoi l’autre doit craindre le même sort. On ne saurait penser ici à la ville chananéenne prise et détruite par Josué, viii, 2, etc., rebâtie plus tard et mentionnée dans Isaïe, x, 28. Voir Haï 1. Il est plutôt question d’une localité des Ammonites, restée complètement inconnue. Malgré l’obscurité du nom, il vaut mieux le prendre pour un nom propre que de chercher à le transformer en un substantif commun applicable à Rabbathvmmon. Cf. liei, Der ProphetJeremia, Leipzig, 1872, p. 479 ; J. Knabenbauer, Commentarius in Jeremiam,

Paris, 1889, p. 542.
A. Legendre.

HAIE (hébreu : meSûkàh, de Sûk, « entourer ; » Septante : çpaYiiôç ; Vulgate : sepes), barrière, ordinairement formée d’épines, destinée à clore un terrain ou à fermer Un passage. Les verbes Sûk, sûg, sâkak, gâbal, iteptçpâffiretv, çpiaireiv, sepire, signifient « établir une haie ». La clôture est souvent faite en pierres. Voir Mur. Dans plusieurs passages, les versions rendent par « haie » des mots qui en hébreu ont le sens de « mur ». Ps. lxxxviii, 41 ; Eccle., x, 8 ; Jer., xux, 3 ; Nah., iii, 17, etc. — Moïse eut à établir une haie pour empêcher le peuple d’approcher du Sinaï.’Exod., xrx, 23. On mettait des haies d’épines autour des vignes pour empêcher les passants et surtout les animaux d’y entrer. Is., v, 2, 5j Hatth., xxr, 33 ; Marc, xii, 1. Sans haie, une pro priété élait au pillage. Eccli., xxxvi, 27. Aussi les chemins étaient-ils souvent bordés de haies, pour empêcher l’accès des cultures. Luc, xiv, 23. L’épouse du Cantique, vu, 3, est comparée à un monceau de froment entouré d’une haie de lis, image gracieuse de la fécon^ dite unie à la beauté et à la pureté. — Au figuré, la haie symbolise la protection divine qui entoure Job et ses biens, Job, i, 10, et la puissance de Dieu qui arrête la mer à sa limite. Job, xxxviii, 8. La haie d’épine qui empêche de passer figure les obstacles par lesquels Dieu entend mettre fin aux débordements d’Israël. Os., ii, 8. Le chemin du paresseux est comme une haie d’épines, Prov., xv, 19, parce que le paresseux trouve difficulté à tout. Mettre à ses oreilles une haie d’épines, Eccli., xxviii, 28, c’est prendre ses garanties contre les mauvaises langues. — Les docteurs pharisiens finirent par donner force de loi à Une foule de pratiques qu’ils avaient ajoutées aux prescriptions de Moïse. Josèphe, Ant. jud., X11I, x, 6. Ces pratiques formaient d’après eux une « haie à }a loi », c’est-à-dire une sauvegarde contre sa transgression. Dans la Mischna, Pirke aboth, 1, 2, il est dit : « Soyez circonspects dans le jugement, formez beaucoup de disciples, faites une haie à la loi. » Notre-Seigneur eut souvent à renverser cette haie, composée en partie de prescriptions puériles, abusives ou impraticables.

H. Lesêtre.
    1. HAINE##

HAINE (hébreu : èdnê’; Septante : fu<rêw). Le sentiment d’aversion que ce mot signifie a pour objet, dans l’Écriture, tantôt le mal et les méchants, tantôt le bien et les justes. Dans la première de ces acceptions, il est dit que Dieu hait toute pensée ou œuvre de péché. Sap., xiv, 9 ; Eccli., xii, 3, 7. Dans le même sens, les justes ont la haine de l’iniquité, Ps. cxviii, 113, 138 ; cxxxviii, 22 ; les disciples de Jésus haïssent le monde et ses convoitises. I Joa., ii, 15, 16 ; cf. v, 19. De’son côté, le monde, c’est-à-dire les méchants, hait les disciples de Jésus-Christ, Matth., x, 22 ; xxiv, 9, 10 ; Marc, xiii, 13 ; Luc, xxi, 17 ; Joa., xvii, 14, comme il hait Jésus-Christ lui-même. Joa., xv, 18-25. La haine des hommes entre eux est un péché et une source de toutes sortes de péchés. Prov., x, 12. Aussi, vàut-il mieux être pauvre avec la charité ; que riche avec la haine au cœur. Prov., xv, 17. Si la loi ancienne tolérait qu’à la haine on répondit par la haine, Jésus-Christ demande à ses disciples de répondre à la haine par l’amour ; il donne-cette différence comme l’un des traits caractéristiques de la loi évangélique. Matth., v, 43. Déjà pourtant, dans la loi mosaïque, la haine, quand elle s’ajoutait au crime, était regardée. comme une circonstance aggravante, et il en était tenu compte, dans l’appréciation du tort fait au prochain. Num., xxxv, 20-22 ; Deut., xrx, 4-6, M.

C’est un hébraïsme assez fréquent dans l’Écriture que_ l’emploi du mot haine dans le sens d’un moindre amour par exemple : « J’aime Jacob, et je hais Ésaû, » pour « Je préfère Jacob à Ésaù. » Gen., xxix, 30 ; Mal., i, 2, 3 ; Rom., ix, 13. Cf. Gen., xxv, 23 ; xxvir, 27-29, 37-40. De même, Deut., xxr, 15, où l’épouse « aimée », c’est-à-dire préférée, est opposée à l’épouse « haïe », c’est-à » dire moins aimée. Cf. Deut., xxi, 16. Il est dit dans le même sens que le père qui ne châtie pas son enfant le hait, Prov., xiii, 24 ; que celui qui hait sa vie en ce monde la sauvera dans l’autre, Joa., xii, 25, et que celui qui prétend servir deux maîtres en même temps haïra sûrement l’un d’eux. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 13. Au contraire, lé terme privatif « ne pas haïr » est pris quelquefois pour désigner un amour de prédilection. C’est ainsi que saint Paul montre aux Éphésiens le grand amour de Jésus-Christ pour son Église, par cette considération que l’Église est son corps et que personne « ne hait » son propre corps. Eph., v, 29. P. Renard.

HALA (hébreu : ffâlab ; Septante : ’AXai, ’E)Xal, IV

Reg., xvii, 6 ; xviii.ll, — et hébreu : Hélah ; Septante : XoXôx ; Vulgate : Lahela, I Par., v, 26), localité dépendante de l’Assyrie, où furent déportés les Israélites, d’abord par Théglathphalasar III, vainqueur des tribus transjordaniennes Rùben, Gad et Manassé, puis par le destructeur de Samarie, Salmanasar ou Sargon, après la chute du royaume d’Israël. La forme de la Vulgate Lahela ne diffère de l’hébreu IJelah que parce qu’on a omis d’en séparer le lamed ou préposition « à, vers ». Cette localité est distincte de Chalé, l’une. des capitales de l’Assyrie, mentionnée dans la Genèse, x, 11 ; l’hébreu, suivant très exactement l’orthographe des textes cunéiformes, en donnant un kaf, d, à la capitale assyrienne et un heth, ii, au lieu de la déportation des Israélites, ne permet pas de les confondre, comme avaient fait anciennement entre autres Bochart, Phaleg, Francfort, 1681, t. i, p. 220, et Calmet, Dissertation sur le pays où les tribus d’Israël furent transportées, Comment, des Paralipomènes, 1721, p. xxxi ; Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 1866, t. iii, p. 658. Hala doit être la ville nommée par les Assyriens Ifa-lah-hu, qu’une table géographique cunéiforme mentionne à côté de Ra-tsap-pa = Réseph, et non loin de Gu-za-na = Gozan et Na-tsibi-na = Nisibe, toutes localités de la Mésopotamie septentrionale dépendantes de l’Euphrate. The Cuneiform Inscriptions of the Western Asia, t. ii, pl. Lin, 1. 3643. La Bible nous maintient dans la même région, en groupant ensemble, aux deux passages indiqués, Hala, Gozan et le Haborï Voir ces noms. Plus tard Ptolémée place également sur la rive orientale du haut Euphrate Chalcitis et la Gauzanitide, où l’on ne peut méconnaître les noms Halah et Gozan. Actuellement, le nom de Hala paraît conservé sous la formjî Gla ou Kalah, donnée par les Arabes à des monceaux de ruines près de la source du Khabour, affluent de la rive gauche de l’Euphrate. — Winckler, À Ittestamentliche Untersuchungen, p. 108-110 ; Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, 1899, t. iii, p. 216, note, supposent une altération du texte hébreu et une confusion du beth, a, et du l.ieth, ii, de sorte qu’ils lisent, au lieu de Hala, Balikh, nom d’un affluent oriental de l’Euphrate. Mais rien n’oblige à recourir à cette hypothèse ; le lieu de déportation des Israélites n’en est pas d’ailleurs notablement changé. Les textes anciens ne nous apprennent rien d’autre sur Hala. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtforschungen, p. 167, note ; Schrader-Whitehouse, The Cuneif. Inscript, and the Old Test., t. i, p. 268 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iii, p. 561 ; G. Rawlinson, The five great monarchies,

1879, t. i, p. 196.
E. Pannier.
    1. HALAA##

HALAA (hébreu : Hel’âh ; Septante : 'Ao>6a ; Codex Alexandrinus : ’AXai), première femme d’Assur, fondateur de Thécué. I Par., iv, 5, 7. Au ꝟ. 7, on lui donne pour fils Séreth, Isaar et Ethuan.

    1. HALAKA##


HALAKA, nom de l’exégèse légale chez les Juifs. Voir

MlDRi-SCH.

    1. HALCATH##

HALCATH (hébreu : Hélqat ; Septante : Codex Valicanus : ’EXexéÔ ; Codex Alexandrinui : XeXxâfc, Jos., xix, 25 ; Cod. Val. : XeXkôt ; Cod. Alex. ; QeXxâô, Jos., xxi, 31 ; Vulgate : Halcath, Jos., xix, 25 ; Helcath, Jos., xxi, 31), ville de la tribu d’Aser, Jos., xix, 25, assignée, avec ses faubourgs, aux lévites, fils de Gerson. Jos., xxi, 31. Dans la liste parallèle des cités lévitiques, IPar., VI, 75 (hébreu, 60), elle est appelée Hûqôq, Septante : Cod. Vat. : ’Ixàx ; Cod. Alex. : ’Iaxax ; Vulgate : Hucac. C’est la première localité dont Josué, xix, 25, se sert „ pour déterminer les limites de la tribu. Elle semble .bien, d’après l’énumération, appartenir au centre de la tribu. Voir Asek 3, et la carte, 1. 1, col. 1084. R. J. Schwarz, -Dca heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 152,

l’identifie avec Yerka, au nord-est d’Akka ou Saint-Jean d’Acre. On peut voir, en effet, une certaine analogie entre l’hébreu nj’in, Hélqat, et l’arabe l^>, Yerka,

bien que le changement de heth initial en yo soit difficile à expliquer. On peut au moins, avec V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 16, et d’autres, regarder cette assimilation comme très probable. Yerka est un village assis sur le sommet d’une colline qui a 324 mètres d’altitude Il Venferme une population de 850 Druses. Dans la construction de beaucoup de maisons, on a employé un assez grand nombre de belles pierres de taille d’apparence antique. On remarque aussi çà et là plusieurs fûts de colonnes monolithes brisées, provenant d’un édifice totalement détruit, peut-être une synagogue, à laquelle avait pu succéder une église chrétienne. Une centaine de citernes creusées dans le roc, dont une moitié est actuellement hors d’usage et dont l’autre sert encore aux besoins des habitants, révèlent également l’existence, en cet endroit, d’une ancienne localité de quelque importance. Du point culminant de la colline, le regard embrasse une assez vaste étendue de mer et toute la plaine de Saint-Jean d’Acre. À l’est des habitations, s’étend un plateau où un grand réservoir antique, en partie construit avec des pierres de dimension moyenne mais régulière, et en partie creusé dans le roc, recueille les eaux pluviales. À côté, croissent dans des vergers des abricotiers, des mûriers, des figuiers et du tabac.

A. Legendhe.

    1. HALEINE##

HALEINE (hébreu : hébél, et plus rarement néfés, Job, xli, 12 ; neSâmâh, rûah ; Septante : 7tv$0(ia, tcvoti ; Vulgate : halitus, flatus, aura, spiritus, spiraculum), air qui sort des poumons et qui s’échappe par la bouche, soit sous forme d’haleine proprement dite, par le jeu naturel de la respiration, soit sous forme de souffle, quand cet air est expulsé vivement à travers une étroite ouverture formée par les lèvres.

Au sens propre.

Job, xix, 17, dit que son haleine,

rûah, cause du dégoût à sa femme. Son haleine est en effet devenue fétide par suite de l’éléphantiasis dont lui-même est atteint. L’haleine, ne’/e’S, du crocodile enflamme des charbons, Job, xli, 12, c’est-à-dire parait enflammée sous les rayons du soleil.

Au sens figuré.

Les deux mots hébél, de hâbal, « respirer, » et neëâmdh ne sont employés que dans ce

sens. — 1. L’haleine de Dieu, c’est-à-dire le vent, produit la glace. Job, xxxvii, 10. L’haleine de Dieu, c’est-à-dire son souffle créateur et tout-puissant, a formé l’armée du ciel, les étoiles, Ps. xxxiii (xxxii), 6 ; donne la vie et la sagesse, Job, xxxii, 8 ; xxxiii, 4 ; fait périr les méchants, Is., xi, 4, et est l’expression de la colère divine. Job, iv, 9 ; Ps. xviii, 16 ; Is., xxx, 33 ; lvii, 13. — 2. L’haleine est un souffle léger qui sert à symboliser les choses périssables ou méprisables, la vie de l’homme, Job, vii, 7, 16 ; Ps. xxxix (xxxviii), 6, 12 ; lxxvih (lxxvii), 39 ; cxliv, 4 ; les usages et la science des hommes, Jer., x, 3, 8 ; les trésors mal acquis, Prov., xxi, 6 ; les richesses, Prov., xiii, 11 ; la beauté, Prov., xxxi, 30, et en général toutes les choses de ce monde passager. Vingt fois l’Ecclésiaste emploie le mot hébél, que les versions traduisent par [laTaii-riiç, (lâ-raiov, (làraia, vanitas, vanum, vana, pour qualifier les soucis que s’imposent les hommes. Eccle., i, 2, 14 ; ii, 11, 17, 19, 20, 26 ; iii, 19 ; iv, 4, 7, 8 ; v, 9 ; vi, 2, 9, 11 ; vii, 16 ; vin, 10 ; ix, 9 ; xi, 10 ; xli, 8. — Enfin le même mot hébél sert à désigner les idoles, qui sont les choses futiles et méprisables par excellence. Deut., xxxii, 21 ; (II Reg-, xvi, 13 ; IV Reg., xvii, 15 ; Jer., ii, 5 ; xiv, 22.

H. Lesêtre.
    1. HALGRIN##


HALGRIN, cardinal français appelé aussi Alégrin. Voir Algkis, t. 1, col. 342.

    1. HALHUL##

HALHUL (hébreu : Halhûl ; Septante : Codex Vati

canus : ’Alouà ; Codex Alœeandrinus : ’A), oû).), ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans la Bible. Jos., xv, 58. Elle fait partie du quatrième groupe des cités de « la montagne », groupe dont presque toutes les localités sont parfaitement identifiées : Bessur (hébreu : Béf-Sûr) = Beit Sûr, à sept.kilomètres au nord d’Hébron ; Gédor = Khirbet Djedûr, plus au nord ; Béthanoth = Bêit Ainûn, au nord-est. Voir la carte de la tribu de Juda. C’est donc aux environs d’El-Khalîl qu’il faut chercher Halhul, et nous y trouvons précisément, un peu au sud-est de Beit-Sûr, un village dont le nom ( JLs’**", Uall, iûl, reproduit avec une remarquable exactitude l’ancienne dénomination hébraïque, bmbrt,

Jfalhûi. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palâstina, dans la Zeitschrift des Palàstina-Vereins, t. xvi, 1893, p. 39. Cet emplacement, conforme aux données de l’Écriture, ne l’est pas moins à celles de la tradition. Saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 119, identifie Elul de la tribu de Juda avec une localité nommée Alula, près d’Hébron. Babbi Ishak Chelo, qui se rendit en Palestine en 1333, écrit dans Les Chemins de Jérusalem : « De là (de Téko’a, l’ancienne Thécué, aujourd’hui Khirbet Teqiïa), on va à Halhul, endroit mentionné par Josué. Il y a ici un certain nombre de Juifs qui vous conduisent vers un ancien monument sépulcral, attribué à Gad le voyant. » Cf. E. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p. 242. La mention de ce tombeau se rencontre également dans le Jichus ha-Tsadikim et le Jichus ha-Abot. Cf. Carmoly, ouv. cit., p. 388, 435. L’Écriture ne nous dit rien sur le lieu de la naissance, de la mort et de la sépulture du prophète. Halhul est « un village de sept cents habitants, situé sur le sommet d’une colline. Un certain nombre de maisons sont bâties avec des matériaux antiques. Plusieurs tombeaux creusés dans le roc datent également de l’époque judaïque. Les habitants s’approvisionnent d’eau à une source située au-dessous du village, vers le sud, et appelée’Ain Ayx’ib, « source « de Job. » À une faible distance des maisons, s’élève, sur un plateau, une mosquée vénérée sous le nom âeDjama’Néby Y unes, « mosquée du prophète Jonas. » Les murs de cet édifice ont été construits en partie avec des blocs antiques ». V. Guérin, Judée, t. iii, p. 284. Cf. Survey of Western Palestine, Metnoirs, Londres, 1881-1883,

t. iii, p. 329.
A. Legendre.

HAL1CARNASSE (grec : "AXtxâpvairo-oc ; Vulgate : Alicarnassus), ville d’Asie Mineure, capitale de la Carie (fîg. 95). Halicarnasse est nommée. dans I Mach., xv, 23, parmi les villes auxquelles le consul Lucius envoya la lettre dans laquelle il annonçait l’alliance conclue entre la République romaine et le grand-prêtre Simon. Il y avait à Halicarnasse une population juive à laquelle plus tard les Romains permirent de bâtir des lieux de prières près de la mer, suivant leurs usages nationaux. Josèphe, Ant. jitd., XIV, x, 23. Halicarnasse était une colonie de Trœzène, ville d’Argolide ; elle fît partie de l’hexapole dorique. Hérodote, vil, 96 ; Strabon, XIV, II, 16 ; Pausanias, II, xxx, 8. Elle était située sur la côte du golfe Céramique (fig. 96). Plusieurs citadelles, placées sur le sommet des rochers, la protégeaient du côté du nord. Arrien, Anab., i, 23. Les Perses, lorsqu’ils soumireDt toute la côte d’Asie, établirent à Halicarnasse des tyrans qui devinrent maîtres de toute la Carie. Une des reines de Carie, Artémise, figura avec ses vaisseaux dans la flotte de Xerxès à Salamine. C’est aussi à Halicarnasse qu’une autre Artémise éleva, en mémoire de son mari Mausole, le fameux tombeau qui était compté parmi les sept merveilles du monde. Halicarnasse resta fidèle aux Perses et se djfendit avec énergie contre Alexandre le Grand qui la détruisit par le feu après un long siège. Arrien, Anab., l) 23 ; St.abon, XIV, ii, 17. Là ville rebâtie plus tard ne

recouvra jamais son ancienne splendeur. Aujourd’hui on a peine à distinguer les traces des murailles antiques. Ce qui reste du mausolée a été transporté au British Muséum, à Londres. La ville qui occupe actuellement

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95. — Monnaie d’Halicarnasse de Carie.

    1. AAIKAPNAE##


AAIKAPNAE. Buste de Pallas, à droite.— fy Tête d’Hélios

(le soleil) de face.

l’emplacement d’Halicarnasse s’appelle Budrum (fîg. 96).

— Voir C. T. Newton, À history of discoveries at Halicarnassus, Cnidus and Branchidx, 2 in-8°, avec atlas, Londres, 1862-1863 ; 0. Benndorf et G. Niemann, Reisen in Lykien und Karien, in-f°, Vienne, 1884, p. 11-12.

E. Beurlier.

    1. HALLEL##

HALLEL (V ?n, hallêl, « louange » ), nom donné au

groupe des Ps. cxiii-cxviii (hébreu) que les Juifs avaient la coutume de réciter aux trois grandes fêtes (Pâques, Pentecôte et Tabernacles), à la fête de la Dédicace du Temple et aux néoménies ou premier jour du mois. Ces Psaumes sont ainsi appelés parce qu’ils sont des Psaumes de « louange » et parce que le Ps. cxii (hébreu) commence par halelu-Yâh pu Alléluia (voir 1. 1, col. 369). On distingue « Vhallêl égyptien » et « le grand hallel ». Le premier est ainsi appelé parce qu’on le chantait dans le Temple pendant l’immolation de l’agneau pascal qui rappelait la délivrance de la servitude d’Egypte. Le « grand hallel » s’entend du groupe des Ps. cxxcxxxvi (hébreu) et spécialement du Ps. cxxxvi où l’on répète vingt-six fois le refrain : « car ta miséricorde est éternelle. » — Vhallêl égyptien était chanté dans le Temple dix-huit fois dans l’année aux fêtes mentionnées plus haut. À Babylone, on le chantait aussi en partie, au moins depuis le second siècle de notre ère, aux néoménies. Taanith, 28 a. On le chantait enfin en particulier dans les familles pour la célébration de la Pâque, le premier soir de la fête, en le divisant en deux parties, La première partie, Ps. cxiii et cxiv (hébreu), était chantée pendant qu’on buvait la seconde coupe (voir Cène, t. ii, col. 414), et la seconde, Ps. cxv et cxvi, pendant qu’on buvait la quatrième et dernière coupe réglementaire. Ceux qui désiraient prendre en plus une cinquième coupe récitaient en la prenant le grand hallêl, qui servait aussi à remercieT Dieu dans les circonstances de grandes réjouissances. Mischna, Taanith, iii, 9. — Il est impossible de déterminer à quelle’époque précise l’usage de Vhallêl s’introduisit dans le service liturgique. Les rabbins l’ont fait remonter sans preuves à une haute antiquité. Pesachim, 117 a. On peut conclure de II Par., xxxv, 15, que du temps du roi Josias on avait déjà l’habitude de le chanter pendant l’immolation de l’agneau, pascal. Cf. aussi, pour l’époque d’Ézéchias, II Par., xxx, 21, spécialement dans la traduction des Septante : xotOu (ivoOvTeç. — Le livre de la Sagesse, xvii, 9, parle expressément sous le nom de at’vou ;, laudes, de Vhallêl chanté pendant la célébration de la Pâque. — Les évangiles, le mentionnent également à propos de la dernière Pâque de Notre-Seigneur : ù|ivin<TavTe ;, hymno dicto. Matth., xxvi, 30 ; Marc, xiv, 26. Cet « hymne » est la secondepartie du hallêl. Voir Alléluia, t. i, col. 370 ; Chr. Ginsburg, dans Kitto, Cyçlopœdia of Biblical Literature, t. ii, 1864, p. 280 ; Frz. Delitzsch, Die Psalmen, 4e édit., 1883,. p. 735. <’'

HAM. Le mot hébreu Hâm, Gen., xiv, 5, désigne probablement une localité située à l’est du Jourdain ou de la mer Morte. L’auteur sacré, racontant l’expédition de :

Chodorlahomor et de ses alliés, dit qu' « ils frappèrent les Raphaïm à Astarothcarnaïm et les Zuzim à Hâm, et les Émim à Savé-Cariathaïm ». Le texte massorétique porte, en effet, à propos des Zuzim, ons, be-Hàm, comme il porte pour les autres peuples vaincus : 6e’Asferôt Qarnaîm et be-Sdvêh Qiryâtâîm. Il y a ainsi régularité dans la phrase, avec indication du lieu où fut défaite la seconde de ces tribus. Cette régularité, au contraire, est brisée par les Septante et la Vulgate, qui ont vu dans 3, b, une préposition, et dans nn, hm, le pronom suffixe, et, lisant ans, bâ-hém, ont traduit par âp.a ccÙtoîç et cum eis, « avec eux, » ç'est-à-dire avec les Raphaïm. Cependant, saint Jérôme dans son livre Reb.

p. 173 ; Frz. Delitzsch, Die Genesis, Leipzig, 1887, p. 265 ; A. Dillmann, Die Genesis, Leipzig, 1892, p. 239. Il est difficile de faire ici autre chose que des hypothèses

plus ou moins plausibles.
A. Legendre.
    1. HAMATHÉEN##

HAMATHÉEN (hébreu : ha-hâmâti), habitant de Hamath, ville que la Vulgite appelle Émath. I Par., i, 16. Notre version latine a orthographié ce mot Amathœus, dans Ja Genèse, x, 18. Voir Amathéen, t. i, col. 447, et ÉMA.TH, t. ii, col. 1715.

    1. HAMBURGENSIS (CODEX)##


HAMBURGENSIS (CODEX). Le manuscrit grec désigné par le sigle M dans l’appareil critique des

S6. — Vue d’Halicarnasse. D’après Newton, À history of discoveries at Halicarnassm. Frontispice.

Qussst, in Genesim, t. xxiir, col. 959, fait remarquer cette méprise de la version grecque, et, s’appuyant sur des manuscrits où le nom était écrit avec un ii, heth, au lieu d’un ii, hé, le regarde comme un nom de lieu, « àHom. » Le Pentateuque samaritain appuie cette leçon ; mais les manuscrits hébreux collationnés par B. Kennicott et B. de Rossi maintiennent le hé, bien que cette lettre soit souvent difficile à distinguer du heth. Cf. B. de Rossi, Varias lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1784, t.l, p. 14. La paraphrase chaldaïque porte Nrran, Hémtâ'. Reste la difficulté de savoir où se trouvait Hâm. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1352, p. 173, la place dans le pays de Moab et l’identifie avec le bourg actuel d'Ô Humeimat, à une demi-heure d’Er-Rabbah. Voir aussi G. Kampffmeyer, Alte Namen ini heutigen Palàslina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deulschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 38. D’autres y voient la ville qui devint plus tard la Capitale dès Ammonites, c’est-à-dire Rabbath Ammon, aujourd’hui 'Amman. Cf. Keil, Genesis Leipzig, 1878,

épltres paulines, appartient au Johanneum de Hambourg^ Deux feuillets de ce même manuscrit ont été retrouvés dans la reliure du cod. Harleian D. 5643 du British Muséum. Af se compose de quatre feuillets en tout, de 260 millimètres sur 208, à deux colonnes, de 45 lignes à Hambourg, 38 à Londres. L'écriture est onciale, récente, accentuée ; on l’attribue au IXe siècle. Les quatre feuillets ont fourni 196 versets pris à I Cor., II Cor. et Heb.^On désigne M quelquefois sous le nom de Codex ruber parce qu’il est écrit à l’encre rouge. Il proviendrait d’Italie, croit-on. Le texte est apparenté « ad optimos testes », dit Gregory. Les feuillets de Hambourg et de Londres ont été édités par Tischendorf dans ses Anecdota sacra, Leipzig, 1855. — Voir Scrivener-Miller, A plain introduction to the criticism of the New Testament, t. i, Londres, 1894, p. 184, et la planche xii, n. 34, qui donne un facsimile pris aux feuillets de Londres. C. R. Gregory, Prolegomena, Leipzig, 1894, p. 431-433.

P. Batiffol.

HAMDAN (hébreu : ïïémdân ; Septante : 'ApaSâ),

fc*.

fils" aîné de Dison, dans la descendance de Séïr l’Horréen. Gen., xxxvi, 26. Dans la liste parallèle de I Par., I, 41, le nom est en hébreu, ffanvràn ; en grec, Codex Vaticanus : 'EjjLEpwv ; Codex Alexandrinus : 'A|jLa8â ; Vulgate : Hamram. Cependant, un certain nombre de manuscrits du texte original portent Uamdân comme dans la Genèse. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum heb. cum variis lectionibus, Oxford, 1776-1780, t. ii, p. 645 ; J. B. de Rossi, Variée lectiones Vet. Testamenti, Parme, 1784-1788, t. iv, p. 170 ; C. Vercellone, Variie lectiones Vulgatæ latinx, Rome, 1860, t. i, p. 130. On a rapproché ce nom de celui de certaines tribus arabes, Hamâdy, Huméidy, à l’est et au sud-est d’Akabah, Béni Hamidéh, au sud-est de la mer Morte. Cf. Knobel. Die Genesis, Leipzig, 1860, p. 256 ; Frz. Delitzsch, Die

Genesis, leipzig, 1887, p. 432.
A. Legendre.
    1. HAMEÇON##

HAMEÇON (hébreu : hakkâh ; Septante : a-pii<rrpov ; Vulgate : hamus), petit crochet de métal qu’on attache à une corde, qu’on recouvre d’un appât et qu’on jette

i>7. — Pèche à la ligne en Egypte. D’après Wilklr.scn, Manners, 2- édit, t. ii, fig. 371.

dans l’eau pour que le poisson s’y prenne. Le nom hébreu de l’hameçon vient de fyêk, « palais, gorge, » parce que c’est au palais que le poisson est ordinairement saisi par cet engin. — On jette l’hameçon dans la

98. — Pêche à la ligne en Assyrie. D’après Layard, Monuments of Nirieveh, 1. 1, pl. 39.

mer et, quand le poisson est pris et arrive à fleur d’eau, on le recueille avec le filet de peur que son poids et ses mouvements ne brisent la corde. Habac, i, 15. — Les ' égyptiens péchaient à la ligne dans le Nil (fig. 97). Dans une scène de bazar, Lepsius, Denkm., ii, 96, on voit deux hommes qui débattent le prix d’un paquet d’hameçons (Voirfig. 512, t. il. col. 1555, adroite du registre inférieur de gauche). Dans sa prophétie contre l’Egypte, Isaïe, xix, 8, dit que ceux qui jettent l’hameçon dans le fleuve se lamenteront, parce que le fleuve sera desséché. — Le crocodile ne pouvait se prendre à l’hameçon comme un

vulgaire poisson. Job, XL, 20. — Sur l’ordre du Seigneur, Pierre jette l’hameçon dans le lac de Tibériade et y prend le poisson qui porte en sa bouche un statère. Matth., rvn, 26. — Amos, iv, 2, dit en parlant de Samarie : « On vous enlèvera avec des harpons, sinnôf, et votre postérité avec des hameçons, sirôf. » Les harpons conviennent bien pour les grandes personnes et les hameçons pour les enfants. Le mot sirô{ signifié « épines » ; il désigne aussi les hameçons, soit parce que ceux-ci avaient la forme d'épines, soit plus probablement parce qu’on fabriquait primitivement des hameçons avec des épines qu’on laissait attachées à la branche et qui, convenablement agencées, formaient un engin parfait. On trouve de même dans Ovide, Nux, 115, le mot hamus signifiant « épine de ronce ». Le mot sir veut dire aussi « marmite », d’où la traduction fautive des versions dans ce passage : Xéëexai, ollx. Voir Chaudière, t. ii, col. 628. — À un autre endroit, Eccle., ix, 12, les versions parlent d’hameçons là où il est question de filets

dans l’hébreu.
H. Lesêtre.
    1. HAM MATH##

HAM MATH (hébreu : Uammaf, Septante : À ! [isO ; Vulgate : Calor), ancêtre des Réchabites. I Par., iii, 55.

    1. HAMMOTH DOR##

HAMMOTH DOR (hébreu : HammôtDô'r ; Vaticanus ; NcjjLp.âO ; Alexandrinus : 'EfiaôStip), ville lévitique et de refuge dans la tribu de Nephthali. Jos., xxi, 32. Dans la liste parallèle de I Far., vi, 76 (heb., 61) on lit Hamon, hébreu Hamviôn. Les deux mots nsn, IJammôt, et jïEn, IJammôn.

se rattachent à la même racine, hdmam, « être chaud, » et peuvent facilement être confondus. Le Cod. Vaticanus, I Par., vi, 76, a lu Ifammôt, comme le prouve clairement sa traduction Xajjuiô. Ce dernier nom indique des « thermes », et peut aussi bien être ponctué nsn, lfammat, comme celui de la ville mentionnée Jos.,

xix, 35, appartenant à la même tribu, et appelée Émath dans la Vulgate. Voilà pourquoi on applique généralement les trois dénominations à une seule et même localité voisine de Tibériade, Elrljammâm, célèbre par ses eaux thermales. El-IJammâm n’est, du reste, on le voit, que l’exacte reproduction de la racine hébraïque. Voir Emath 3, t. ii, col. 1720. D’où vient l’adjonction de Dô'r ? Il est difficile de le savoir. Remarquons simplement que le Cod. Vaticanus ne la porte pas et suppose la leçon ffamniaf ; NsjjL|iâô est une faute des copistes grecs pour Xsjjl[kï8. D’autre part, nous trouvons le mot Dôr, précédé de nâfaf, Jos., xii, 23 ; de nâfôf, Jos., xi, 2, à propos de^ la ville maritime que représente aujourd’hui Tantûrah ; de 'en dans 'En-Dôr, ou Endor, Jos., xvii, 11, au pied du Djebel Dâhy ou Petit-Hermon. Nous aurions ainsi sur trois points différents : « les hauteurs de Dor, la source de Dor, les thermes de Dor. » E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, Giessen, 1883, p. 172, a cru reconnaître Hammolh Dor dans une liste géographique des inscriptions assyriennes. Ce n’est pas certain. Cf. Frd. Delitzsch, Vo lag das Parodies ? Leipzig, 1881, p. 278.

A. Legendre.
    1. HAMON##

HAMON (hébreu : Ifammôn ; Septante : 'E|ie(j.a<iv, Xafiwv), nom de deux villes de Palestine, l’une appartenant à la tribu d’Aser, l’autre à la tribu de Nephthali.

1. HAMON (hébreu : Blammôn ; Septante : Codex Vaticanus : 'EjjLejjLotiiv ; Codex Alexandrinus : 'Ajjuàv), ville de la tribu d’Aser. Jos., xix, 28. Mentionnée entre Rohob, aujourd’hui Tell er-Rahib, et Cana, Qdna, au sud-est de Tyr, elle appartenait au nord de la tribu. Voir Aser 3 et la carte, t. i, col. 1084. On a voulu la chercher jusqu'à Hammana à l’est de Beyrouth. Cf. Keil, Josua, Leipzig, . 1874, p. 157. C’est beaucoup trop haut ; le territoire d’Israël ne s'étendait pas si loin. Rohob et Cana,

du reste, nous amènent au sud-est et au sud de Tyr. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, ’t. iii, p. 66, et Van de "Velde, Memoir to accom.pany the Map of the Holy Lànd, Gotha, 1858, p. 318, signalent, comme pouvant représenter Hamon, le village de Hamûl, sur l’ouadi de même nom, entre le Rds el-Abiad et le Râs en-Naqurah. Il n’est pas question du village dans les autres voyageurs ; mais l’ouadi et l’am Hamûl en maintiennent le nom. Il existe dans le voisinage une localité, Vmmel-’Amtdou élr’Auâmid ou encore el-Amûd, avec laquelle "V. Guérin, Galilée, t. ri, p. 146, identifie l’antique cité d’Aser dont nous parlons (fig. 99). Des ruines importantes y ont été explorées surtout par

comme un monument égypto-phénicien. À côté, vers l’est on voit les vestiges d’un autre qui était pavé de larges dalles et orné de colonnes monolithes, dont quelques tronçons mutilés sont couchés là. Les beaux blocs avec lesquels il avait été bâti paraissent indiquer un travail grec. Enfin, à l’extrémité occidentale da la ville, des ruines très considérables couvrent une grande plate-forme artificielle. Là s’élevait autrefois un grand édifice que décoraient des colonnes monolithes en pierre, surmontées de chapiteaux ioniques et doriques. Ce sont ces colonnes, dont quelques-unes se dressent encore debout et attirent de loin les regards du passant, qui ont fait donner par les Arabes au lieu en question le

99, _ Vue des ruines d’Oumm el-Aouamid. D’après Renan, Mission de Pliénicie, pl. 54.

M. Renan, et sont décrites dans sa Mission àe Phénicie, in-4°, Paris, 1864, p. 695-749. Situées à une faible distance du rivage, qui forme en cet endroit une crique, sorte de petit port naturel, elles s’étendent de l’ouest à l’est sur les pentes et sur le plateau accidenté d’une colline, tout entière couverte de débris (fig. 100) dans une longueur de 1 kilomètre au moins sur 800 mètres de large. Au pied méridional de cette colline serpente l’ouadi el-Hamûl, dans une étroite vallée plantée de beaux caroubiers, de térébinthes, de lauriers-roses et de lentisques. La hauteur où la ville s’élevait en amphithéâtre est elle-même envahie en grande partie par des broussailles et des arbres ; quelques-uns de ceux-ci tombant de vétusté, prouvent que les édifices et les maisons au milieu desquels ils se sont développés ont été abandonnés depuis des siècles. Tout y paraît antique. À une époque très reculée appartiennent de gros murs de soutènement ou de défense, construits avec d’énormes blocs assez mal équarris, de toute forme et de toute grandeur, la plupart sans ciment. Parmi les édifices encore reconnaissables, il en est un, à peu près au centre de la ville, regardé

nom de Khirbet Vmm el-’Audmîd, « ruine de la mère des colonnes. » Cf. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 141-144. Parmi les inscriptions phéniciennes découvertes en cet endroit, il en est une sur laquelle on lit le nom de |on, Ifanimôn. Elle est ainsi conçue : « À Malak-Astarté, Dieu Hammon, vœu fait par Abdesmun, pour son fils, s Cf. Corpus inscriptionum senriticarum, Paris, 1881, part. i, t. i, p. 33. S’il s’agit ici du « dieu Hammon », l’inscription ne nous apporte aucune lumière pour l’identification cherchée. Mais si, avec quelques auteurs, on peut voir dans’El Hammon, « le dieu de Hammon, » la divinité adorée dans cette ville, la preuve est faite. Les auteurs du Corpus, loc. cit., p. 34, disent que la cité de Josué était « une cité méditerranéenne », tandisque le nom actuel d’ouadi Hamûl vient de Yaïn Hamûl, situé plus haut dans la montagne. Mais rien dans l’Écriture n’indique que Hamon était absolument sur les bords de la mer. La source d’ailleurs est à peine à 25 minutes de Vmm el-’Auâmid. Si elle ne représente pas exactement l’emplacement de la ville biblique, elle en rappelle parfaitement le nom. Il est clair que Vmm -- « 1

411

HAMON — HANAN

412

el-’Auâmîd est une dénomination banale donnée par les Arabes à tous les endroits où se trouvent des colonnes tant soit peu apparentes ; mais on n’en saurait dire autant de Hâmûl. L’arabe J^oli », Hlâmûl, ’peut bien être regardé comme le correspondant de l’hébreu r*12>n, ffam môn. Dans l’onomastique palestinienne, le ii, heth, est ordinairement rendu par le _, ha ; par exemple : Ifalhûl,

Jos., xv, 58, = Ifalhûl ; Héëbôn, Jos., xiii, 17, 26, = IJesbân, etc. Le changement du i, nun, en j, lâm, n’est pas aussi fréquent que celui de l en n ; mais il se rencontre cependant. Cf. G. Kampffmeyer, Aile Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 24, 66. Nous croyons donc que l’identification proposée se justifie et par le nom et par la position. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 147, après avoir exploré complètement tous les alentours d’Umm el-’Auàmîd et suivi tous les

r "*"**.

nu

100. — Siège trouvé à Oumm el-Aouamid. D’après Renan, Mission de Phénicie, pl. 53.

replis de l’ouadi Hamùl, s’est assuré qu’aucune localité située plus haut dans cette vallée ne portait le nom de Hamûl, comme le marquent par erreur quelques cartes, et dès lors ne pouvait être identifiée avec Hamon. Voilà pourquoi il s’en tient à Umm el-’Auâmîd, opinion acceptée par F. Buhl, Géographie des Alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 229. Les explorateurs anglais inclinent vers’Ain Hamûl. Cf. Survey of Western Palestine, Nome lists, Londres, 1881, p. 39, 57 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, , 1889, p. 78. Sur Khirbet Umm el-’Auâmîd, voir le Survey, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. i, p. 181-184. - Conder, Bandbook to the Bible, Londres, 1887, p. 413, propose pour Hamon le site de Khirbet el-Hama ou Hima, plus loin dans les terres, vers l’est. — Hamon n’est mentionnée qu’une seule fois dans la Bible, dans une simple énumération de villes ; son histoire nous est donc complètement inconnue.

.
A. Legendre.

2. HAMON (hébreu : tfammôn ; Septante : Cod. Vaticanus, Xa|uJ0 ; Cod. Alexandrinus, Xapûv), ville de la

tribu de Nephthali assignée aux lévites fils de Gerson.

I Par., VI, 76 (heb., 61). Dans la liste parallèle de Josué, xxi, 32, on trouve Fammoth Dor. Elle est donc identique à celle-ci, qui est elle-même généralement assimilée à Émath (hébreu : Ifammat). Jos., xix, 35. Voir Hammoth Dor, et Émath 3, t. ii, col. 1720.

A. Legendre.

3. HAMON Jean, médecin français, janséniste, né à Cherbourg vers 1618, mort à Port-Royal le 22 février 1687. Docteur de la faculté de médecine de Paris et déjà célèbre, il distribua, sur les conseils de M. Singlin, tous ses biens aux pauvres et, âgé de trente-trois ans, se retira parmi les solitaires de Port-Royal où il vécut dans la pratique de la pénitence la plus austère, donnant tous ses soins aux indigents, mais refusant de se soumettre aux décisions du souverain pontife sur la doctrine de Jansénius. Parmi ses écrits on remarque : JEgrse animas et dolorem suum lenire conantis pia in Psalmum cxrill soliloquia, imprimé en Hollande en 1684, traduit en français, in-12, Paris, 1685 ; Explication du Cantique des cantiques, 4 in-12, Paris, 1709, ouvrage publié par les soins et avec une préface de Nicole. — Voir Nécrologe de Port-Royal (1723), p. 95 ; Quérard,

La France littéraire, t. iv, p. 2t.
B. Heurtebize.
    1. HAMRAM##

HAMRAM (hébreu : Hamrân ; Septante : ’Ejxsptiv), orthographe, dans I Par., i, 41, du nom de l’Iduméen, descendant de Dison, appelé dans la Genèse, xxxvi, 26, Hamdan. Voir Hamdan, col. 409.

    1. HAMUEL##

HAMUEL (hébreu : IJammu’êl ; Septante : mis dans le Codex Vaticanus ; ’AjiourjX dans V Alexandrinus), fils de Masma, de la tribu de Siméon. I Par., iv, 26.

    1. HAMUL##

HAMUL (hébreu : Ifamûl ; Septante : ’IenourjX, dans Gen., xlvi, 12 ; I Par., ii, 5 ; ’Ia|xojv, et Codex Alexandrinus, ’Ioc|xour ; X, dans Num., xxvi, 21), fils de Tharès, dans la descendance de Juda. Gen., XLVi, 12 ; I Par., ii, 5.

II est mentionné dans Num., xxvi, 21, comme Chef de la famille des Hamulites.

    1. HAMULITE##

HAMULITE (hébreu : héhâmûli, nom patronymique avec l’article ; Septante : h’Iajxouvei ; Codex Alexandrinus : à’Iau.oveXi), famille de la tribu de Juda dont le chef était Hamul. Num., xxvi, 21.

    1. HANAMEEL##

HANAMEEL (hébreu : ffâname’êl ; Septante : ’Ava|X£T|X), fils de Sellum et cousin de Jérémie. C’est de lui que Jérémie, ayant droit d’achat, acquit un champ à Anathoth. Jer., xxxii, 7-9, 12, 44.

    1. HANAN##

HANAN (hébreu : Hdnân, de la racine hânan, « faire grâce ; » Septante : ’Avàv), nom de dix personnages.

1. HANAN (hébreu : Bén-hdnân ; Septante : uVô ; <f avi ; Codex Alexandrinus : ’Avàv ; Vulgate : filius Hanan), le troisième fils de Simon, dans la tribu de Juda. I Par., îv, 20. Dans l’hébreu il est appelé : Bén-hdnân ; les Septante et la Vulgate ont traduit le premier mot Bén, uiôç, filius, de sorte que Rinna paraît être dans ces versions le fils de Hanan. En réalité, c’est son frère.

2. HANAN, chef de famille de la tribu de Benjamin, un des onze fils ou descendants de Sésac. I Par., vm, 23.

3. HANAN, le sixième des fils d’Asel dans la descendance de Saûl. I Par., viii, 38 ; ix, 44.

4. HANAN, un des vaillantsguerriérs de David, d’après la liste de I Par., xi, 43. Il n’est pas nommé dans b liste parallèle de II Reg., xxiii, 8-39, qui est moins développée. Il était fils de Maacha.

413

HANAN — HANANIAS

414

5. HANAN, chef d’une famille de Nathinéens qui revint de Babylone avec Zorobabel. I Esdr., ii, 46 ; II Esdr., vu, 49.

0. HANAN, un des Lévites, qui faisaient faire silence au peuple pendant qu’Esdras lisait la loi. II Esdr., viii, 7. C’est probablement le même personnage qui signa avec Néhémie le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., .x, 10.

7. HANAN, un des chefs du peuple qui signèrent avec Néhémie, après les Lévites, le renouvellement de l’alliance. II Esdr., x, 22.

8. HANAN (Septante : Aîvâv), autre chef du peuple qui signa dans les mêmes circonstances que le précédent. II Esdr., x, 26.

9. HANAN, un notable d’Israël, fils de Zachur et descendant de Mathanias. Dans la réforme de Néhémie, il fut chargé, avec un prêtre, un scribe et un lévite, de la garde des greniers. II Esdr., xiii, 13.

10. HANAN, (Ils de Jégédélias. Ses fils avaient dans le temple une chambre près de la salle des princes ou salle du conseil. Jer., xxxv, 4. Hanan (et non son père) est appelé « homme de Dieu », qualification donnée généralement aux prophètes. III Reg., xii, 22. Aussi « fils de Hanan » pourrait bien signifier ici « c disciples du prophète Hanan », comme dans IV Reg.. ii, 15 ; vi, 1, etc.

E. Levesque.

HANANÉEL(TOUR DE) (hébreu : migdal Hânan’êl ; Septante : Codex Vaticanus : itûp-fo ; "Avaver|X, II Esdr., ni, l ; xii, 38 ; Codex Alexandrinus et Codex Vaticanus n-jpi-oç’AvatisifX, II Esdr., iii, 1, xii, 38 ; Jer., xxxi, 38 ; Zach., xiv, 10), une des tours de l’enceinte de Jérusalem. Elle est mentionnée quatre fois dans la Bible : à propos de la reconstruction des murs de la ville sainte, II Esdr., ni, 1 ; de leur consécration solennelle, II Esdr., xii, 38 ; des limites de la nouvelle Jérusalem. Jer., xxxi, 38 ; Zach., xiv, 10. Elle se trouvait près de la tour d’Émath ou de Méâh, II Esdr., iii, 1 ; xii, 38 ; d’après ce dernier passage, on peut conclure qu’elle était à l’ouest de la dernière, et que les deux étaient situées entre la porte des Poissons et la porte des Brebis ou du Troupeau. Elle appartenait donc à la partie nord-est des murailles, à l’angle nord-ouest du Temple. Comme celui-ci pouvait être facilement attaqué de ce côté, on y construisit les deux tours en question, qui, plus tard, n’en firent qu’une sous le nom de Baris, puis d’Antonia. Voir t. i, col. 712. Cf. C. Schick, Nehemia’s Mauerbau in Jérusalem, dans la Zeitschnft des deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xiv, 1891, p. 45, pl. 2 ; P. M. Séjourné, Les murs de Jérusalem, dans la Revue biblique, Paris, t. iv, 1895, p. 46, plan, p. 39. Voir’ÉMATH (Tour d’), t. ii, col. 1723 ;

Jérusalem.
A. Legendre.
    1. HANANI##

HANANI (hébreu : #ânanî/abréviation de Hânanyâh ; Septante : ’Avav ;), nom de six Israélites.

    1. HANANI##


1. HANANI, père de Jéhu, le prophète qui eut à exercer son ministère contre Baasa. III Reg., xvi, i. Peut-être est-il le même que le prophète Hanani qui exerça le sien dans le royaume de Juda sous Asa. Voir Hanani 3.

    1. HANANI##


2. HANANI, lévite, le septième des quatorze fils d’Héman, chargés de chanter et de jouer des instruments dans le temple sous la conduite de leur père. Hanani serait le chef de la dix-huitième classe des chanteurs. I Par., xxv, 4, 25.

    1. HANANI##


3. HANANI, prophète qui s’éleva contre Asa, roi de Juda, parce qu’il avait manqué de confiance en Dieu,

et avait fait alliance avec Benadad, roi de Syrie. Il lui annonça que la fausse politique du roi serait cause qu’il aurait de nouvelles guerres à soutenir. Asa, irrité des reproches du voyant, le fit jeter en prison. II Par., vii, 10. On regarde communément cet Hanani comme le père de Jéhu, le prophète qui annonça à Baasa la chute de sa maison, III Reg., xvi, i, 7, et fit des reproches à Josaphat. II Par., xix, 2 ; xx, 34.

    1. WANANI##


4. WANANI, prêtre, fils d’Emmer, qui, ayant épousé en captivité une femme étrangère, la renvoya au retour. I Esdr., x, 20.

    1. HANANI##


5. HANANI, un des frères de Néhémie qui vint de Jérusalem à Suse, II Esdr., i, 2, et auquel Néhémie confia le commandement de Jérusalem. II Esdr., vu, 2.

    1. HANANI##


6. HANANI, prêtre, qui fit partie de la procession effectuée sur les remparts de Jérusalem pour leur dédicace. II Esdr., xii, 35. E. Levesque.

    1. HANANIA##


HANANIA. Voir Hananias 2, 5, 6, 8 et 9.

    1. HANANIAS##

HANANIAS (hébreu : Hânanyâh et Hânanyâhù, « Jehova fait grâce ; » Septante : ’Avavc’a), nom de douze Israélites.

    1. HANANIAS##


1. HANANIAS, fils de Zorobabel, et père de Phaltias. I Par., iii, 19, 21. Quelques exégètes ont voulu l’identifier avec’Iwavvàç, Joanna de saint Luc, dans la généalogie de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il est vrai que le sens du mot est le même : Hânanyâh et Yôhânan sont composés l’un et l’autre du nom de Jéhovah et du verbe hànan, « faire grâce. » Mais alors il faut supprimer Rhésa de la liste de saint Luc et donner Joanna comme fils à Zorobabel. On pourrait, d’autre part, regarder le nom de fils de Zorobabel dans I Par., iii, 19, comme synonyme de « petit-fils, descendant ».

    1. HANANIAS##


2. HANANIAS, nommé Hanania dans la Vulgate, chef de famille dans la tribu de Benjamin. I Par., viii, 24.

    1. HANANIAS##


3. HANANIAS, lévite, sixième fils d’Héman, qui avait la charge de chanter et de jouer des instruments dans le Temple sous la conduite de son père. Il était à la tête de la seizième classe de musiciens. I Par., xxv, 4-6, 23.

    1. HANANIAS##


4. HANANIAS, un des généraux de l’armée d’Ozias, roi de Juda. II Par., xxvi, 11.

5. HANANIAS (Vulgate : Hanania), - un des quatre fils de Bébaï, qui renvoyèrent à l’instigation d’Esdras les femmes étrangères qu’ils avaient prises durant la captivité. I Esdr., x, 28.

6. HANANIAS (Vulgate : Hanania), fils de Sélémias, bâtit une partie des murs de Jérusalem après la captivité. II Esdr., iii, 30. Il ne paraît pas être le même personnage que Hananias (Vulgate, Ananias), un des prêtres chargés de la confection des parfums sacrés, qui, lui aussi, rebâtit une autre partie des remparts. II Esdr., m, 8. Mais il pourrait bien être le prêtre Hananias (Vulgate : Hanania), qui prit part à la dédicace des murs de Jérusalem. II Esdr., xii, 40.

    1. HANANIAS##


7. HANANIAS, chef de la citadelle qui protégeait le temple, connue plus tard sous le nom de forteresse Antonia. Néhémie, après la reconstruction des remparts, lui confia la garde de Jérusalem, parce que c’était un homme sûr et craignant Dieu. II Esdr., vii, 2.

8. HANANIAS (Vulgate : Hanania), un des chefs du C

peuple, signataire de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 23 (hébreu, 24).

9. HANANIAS (Vulgate : Hanania), chef de la famille sacerdotale de Jérémie, qui revint d’exil avec Zorobabel. II Esdr., xii, 12.

10. HANANIAS, fils d’Azur, de la tribu de Benjamin, originaire de Gabaon. Cette ville étant sacerdotale, Jos., xxi, 17, il pouvait être prêtre. Jer., xxviii, 1. Au même verset, il est appelé prophète. C’était un faux prophète, qui se leva contre Jérémie. La quatrième année de Sédécias, roi de Juda, il vint au temple de Jérusalem, et, en présence du peuple et des prêtres, et à là face de Jérémie, il annonça que le joug du roi de Babylone serait brisé, que les vases de la maison de Dieu emportés à Babylone par Nabuchodonosor seraient rapportés dans deux ans, et que Jéchonias et les autres captifs reviendraient, ꝟ. 2-4. Jérémie répondit qu’il souhaiterait bien qu’il en fût ainsi, mais que l’événement montrerait que lui, Jérémie, avait annoncé la vérité. Alors Hananias, saisissant les liens que Jérémie portait sur son cou en figure de la captivité du peuple, les brisa en disant : Voici ce que dit le Seigneur : « Ainsi, dans deux ans, je briserai le joug du roi de Babylone. » ꝟ. 10-11. Sur l’ordre du Seigneur, Jérémie s’en fit un autre en fer, et vint dire à Hananias : « Ainsi j’ai mis un joug de fer sur le cou de toutes ces nations, afin qu’elles servent Nabuchodonosor. » Puis, se tournant vers Hananias, il lui annonça qu’en punition de ses fausses prédictions il mourrait dans l’année même. ꝟ. 1246. Et Hananias mourut cette année-là, le septième mois. }A7. Évidemment Hananias était du parti politique qui, alors, voulait favoriser l’.fegypte et entretenait secrètement des négociations avec Ophra et avec les peuples voisins, afin d’arriver par là à secouer le joug babylonien. Jcr., xxvii, 3. La meilleure politique était celle de Jérémie : elle eût préservé Jérusalem de la ruine complète.

11. HANANIAS, père de Sédécias, lequel était un des princes de la cour du roi Joachim. Jer., xxxvi, 12.

12. HANANIAS, père de Sélémias et grand-père ou "ancêtre de Jérias, qui gardait la porte de Benjamin, à Jérusalem, lorsqu’il arrêta le prophète Jérémie en l’accusant de passer aux Chaldéens. Jer., xxxvii, 13.

E. Levesqhe.

    1. HANATHON##

HANATHON (hébreu : Hannâtôn ; Septante : Codex Vaticanus : ’Ajitifl ; Codex Alexandrinus : ’Evvo8w6), ville de la tribu de Zabulon, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., xix, 14. Elle se trouvait sur la frontière nord de la tribu. On a voulu l’identifier avec Cana de Galilée ou Kana el-Djelîl, entre Rummanéh et Djefat. Cf. Keilj Josua, Leipzig, 1874, p. 153. Elle semble mieux placée à Kefr’Anân, plus haut vers le nord-est. Cf. Survey of. Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. i, p. 203-205 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 79. Le village en question, assis sur un monticule, compte de 100 à 150 habitants, tous musulmans. Quelques murs de soutènement sur les flancs de la colline paraissent antiques ; il en est de même d’une tombe creusée dans le roc. C’est le Kefar R~ananyah signalé dans le Talmud comme étant sur la frontière de la Galilée inférieure et de la Galilée supérieure. On y fabriquait des pots de terre noire. Les habitants en faisaient presque tous le trafic. « Amener des marchands de pots à Kelar Hananyah » correspondait à notre proverbee porter de l’eau à la rivière ». Cf. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 148 ; A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1808, p. 178, 179, 226 ; V. Guérin, 6a lilée, t. ii, p. 457 ; E. Carmoly, Itinéraire de la. Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p. 260, 382, 453.

A. Legendre.
    1. HANCHE (hébreu##


HANCHE (hébreu, toujours au pluriel : mofnayim ; Septante : oo-tp-j ;  ; Vulgate, toujours au pluriel : lumbi, quelquefois dorsa, ïlia, renés), saillie formée aux deux. côtés du corps humain par les deux os iliaques, qui font partie du bassin. Cette saillie sert d’appui naturel aux ceintures et aux vêtements légèrement serrés à la taille » Voir t. ii, fig, 24, 25, col. 61. Comme la ceinture fait le tour du corps, on dit vulgairement, en prenant la partie pour le tout, qu’elle ceint les reins, alors qu’en hébreu il est question des hanches. -— 1° Aux hanches s’attache le cilice qui sert de vêtement de deuil ou de pénitence, Gen., xxxvii, 34 ; III Reg., xx, 31 ; Is., xx, 2 ; Jer., xlviii, 37 ; Am., viii, 10 ; Matfh., iii, 4 ; la ceinture de guerre, III Reg., ii, 5 ; l’épée, II -Reg., xx, 8 ; la ceinture de voyage qui relève le vêtement, Exod., xii, 11 ; IV Reg., IX, 1 ; celle que prend le serviteur pour serrer ses vêtements et être prêt à agir, si bien que l’expression « ceindre ses hanches » signifie se tenir disposé à l’action, Prov., xxxi, 17 ; Jer., i, 17 ; Luc, xii, 35 ; Eph., vi, 14 ; I Pet., i, 13 ; la ceinture de cuir, IV Reg., i, 8, ou d’or, Dan., x, 5 ; la corde qui sert à entraîner le captif, Job, xii, 18 ; Jer., mi, 1, 2, 4, 11 ; la courroie à laquelle on suspend l’écritoire. Ezech., ix, 2. — 2° Les hanches sont considérées comme un des sièges principaux de la force de l’homme. Elles portent les fardeaux pesants. Ps. lxvi (lxv), 11. Retourner les hanches, Is., xlv, 1 ; les rendre immobiles, Ezech., xxix, 7 ; les faire chanceler, Ps. lxix (lxviii), 24 ; les briser, Deut., xxxiii, 11, c’est donc réduire quelqu’un à l’impuissance. — Le Messie aura les hanches ceintes de fidélité et de justice, Is., xi, 5, c’est-à-dire qu’il sera puissant par ses attributs

divins.
H. Lesêtre.
    1. HANEBERG (Daniel Boniface de)##


HANEBERG (Daniel Boniface de), évêque allemand, né le 16 juin 1816 à Tanne, hameau de la paroisse de Lenzfried près de Kempten, mort à Spire le 31 mai 1876. Il commença ses études à Kempten et là, sans maître, acquit ses premières connaissances des langues orientales. Il suivit ensuite les cours de l’université de Munich. Reçu docteur en théologie en 1839 et ordonné prêtre le 29 août de la même année, il obtint dans cette université la chaire d’hébreu et d’Écriture Sainte et commença ses leçons sur l’Ancien Testament. En 1850, il se retira à l’abbaye de Saint-Boniface de Munich où il fit profession de la règle de saint Benoît le 28 décembre 1851. Quelques années plus tard, il devenait abbé de ce monastère, tout en continuant son enseignement. Il fut sacré évêque de Spire le 25 août 1872 et pendant son court épiscopat se montra le zélé défenseur des droits de l’Église contre les empiétements de l’État. Théologien consommé, Haneberg n’était pas moins versé dans la connaissance du sanscrit, de l’hébreu, de l’arabe, du syriaque, du persan et de l’éthiopien. Parmi ses nom-. breux écrits, nous devons une mention spéciale aux suivants : De significationibus in Veteri Testamento prseter litteram valentibus, in-8°, Munich, 1839 ; Die religiôsen Alterthûmer der Hebràer, in-8°, Landshut, 1844, dont une édition complètement refondue parut sous le titre : Die religiôsen Alterthûmer der Bibel, in-8°, Munich, 1669 ; Einleilung in das Alte Testament, in-8°, Ratisbonne, 1845, qui devint. grâce à de nombreuses additions et modifications : Geschichte der biblischen Offenbarung, in-8°, Ratisbonne, 1849, 1854, 1863, 1876. Cet ouvrage a été traduit en français par Goschler : Histoire de la Révélation biblique, 2 in-8°, Paris, 1856. On commentaire sur l’Évangile de saint Jean, Kvangelium nach Johannes, 2 in-8°, Munich, 1878-1880, a été terminé et publié par les soins de P. J.’Schegg. — Voir Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., t. iii, col. 970, 971, 1265 ; P. J. Schegg, Erinnerungen

an D. B. von Haneberg, Munich, 1878 ; Weinhart, dans

le Kirclienlexiam, t. v, col. 1490.
B. Heurtebize.
    1. HANÈS##

HANÈS (hébreu : If ânes ; Septante : (la-rriv), ville d’Egypte mentionnée une seule fois dans la Bible. Is., xxx, 4. Le prophète reproche à Juda de tenter une alliance avec les pharaons et de leur demander appui. Cette alliance, honteuse en soi, demeurera complètement inutile. Les princes du peuple auront beau aller à Tanis, les ambassadeurs se rendre jusqu’à Hanès, les uns et les autres ne trouveront que confusion en voyant un peuple qui ne pourra leur être d’aucun secours, qui, loin d’être leur aide et leur soutien, sera plutôt leur

Peschito qui suit les Septante, ont vu ici un nom propre. Le Targum le rend par dtmsitc, Tahfanhès, Taphnés ou

Daphnie, sur la frontière orientale du Delta. Il est difficile de considérer Hànês comme une simple abréviation de Tahfanhès ; puis le contexte semble indiquer que la seconde ville mentionnée était plus éloignée que la première, c’est-à-dire Tanis. La version de Saadia met Lw. « , (j >, Bahnsa, YOxyrynchus des Grecs, dans la moyenne Egypte. Ce sont des conjectures auxquelles il est parfaitement inutile d’avoir recours. Le nom hébreu, Hânés, a son correspondant exact dans l’égyptien

i 3) j>( _ » Q, qu’on lit Hininsu, dans le copte £ ! UtC,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
101. — Vue des fouilles d’Aimas el-Medinéh. D’après Ed. Naville, Ahnas el-Medineh, frontispice.

honte et leur opprobre. Tanis est une ville bien connue du Delta, la capitale de plusieurs dynasties égyptiennes. Mais que peut bien être Hanès ? Les Septante donnent une leçon toute différente de l’hébreu. Au lieu de lire comme la Valgate : ïy » î> D3n, Hânés yaggi’û, « [les

ambassadeurs] parviendront à Hanès, » ils ont lu : W> o : ii, hinnâm yigâ’û, « en vain ils se fatigueront, »

l « TT|V xomdtaoumv. La pensée est toute naturelle et d’accord avec le contexte ; mais le parallélisme, bien marqué dans ce morceau, est brisé, et nous croyons qu’il réclame un nom de ville comme pendant de Tanis. On trouve néanmoins quelques manuscrits qui portent hinnâm. Cf. J. B. de Rossi, Variée lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1786, t. iii, p. 29. Certains auteurs ont adopté cette leçon, mais à tort. On comprend encore qu’à un nom étrange, dont la signification échappe, on substitue un nom connu. Mais, en supposant que hinnâm fût dans le texte, comment l’aurait-on remplacé par un nom inconnu ? D’ailleurs, les autres versions, excepté la

HICT. DE LA BIBLE.

l’arabe, ^Lofc^, Ahnâs % Cf. Jacques de Rougé, Monnaies des nomes de l’Egypte, Paris, 1873, p. 28. Cette ville est plusieurs fois mentionnée dans la stèle du roi éthiopien Piankhi-Mériamen. Cf. J. de Rougé, Chrestomathie égyptienne, Paris, 1876, fasc. iv, p. 6, 16, 35, 37. Elle se retrouve sur les monuments assyriens sous la forme Hi-ni-in-H. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften unadas Alte Testament, Giessen, 1883, p. 410. C’est YHéracléopolis des Grecs, le village actuel à’Ahnâs el-Medinéh, dans la moyenne Egypte, qui renferme encore des ruines, explorées par M. Naville. Voir fîg. 98. Cette ville eut autrefois une grande importance politique et militaire. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 445-448 ; t. iii, p. 162. À l’époque dlsaïe, l’Egypte n’avait plus l’unité qu’elle avait eue jadis. Émiettée, sous la suzeraineté des rois éthiopiens, elle comptait dans ses nomes différents princes, qui avaient plus ou moins d’autorité. Pouf obtenir un appui contre l’Assyrie menaçante, le roi de Tanis n’était plus le seul à qui l’on dût avoir recours.

III. - li

Parmi les princes égyptiens, celui de Ifininsu était un des plus puissants. A. Legekdre.

    1. HANIEL##

HANIEL (hébreu : IfannVël ; Septante : 'Avei^X), deuxième fils d’OUa, chef de famille et vaillant guerrier de la tribu d’Aser. I Par., vii, 39.

    1. HANNAPES (Nicolas de)##


HANNAPES (Nicolas de), dominicain français, patriarche de Jérusalem, né à Hannapes dans les Ardennes, vers 1225, mort en mer le 18 mai 1291. Entré fort jeune à Reims dans l’ordre' de saint Dominique, il fit ses études au couvent de Saint-Jacques, à Paris, et y enseigna la théologie. Après avoir été prieur de plusieurs maisons ûe son ordre, il fut envoyé à Rome où il devint grandpénitencier. En 1288, Nicolas IV le choisit pour patriarche de Jérusalem, lui confiant en même temps le gouvernement de l'église de Saint-Jean-d’Acre ou Ptolémaïde, une des rares villes de Syrie encore au pouvoir des chrétiens. Le souverain pontife le nomma également son légat en Syrie, en Chypre et en Arménie. Les musulmans ne tardèrent pas à venir assiéger Saint-Jeand’Acre, qui tomba en leur pouvoir le 18 mai 1291. Nicolas de Hannapes ne consentit à quitter la ville qu'à la dernière heure : mais la barque qui le portait étant surchargée par un trop grand nombre de fuyards fut engloutie dans les Ilots. Le seul ouvrage de Nicolas de Hannapes qui ait été imprimé, fut publié en 1477 sous le titre de Biblia pauperum et avec. le nom de saint Bonaventuré. C’est une collection de textes et d’exemples pris dans l'Écriture pour porter à la pratique des vertus et à la fuite du vice. Voir Biblia pauperum % 1. 1, col. 1787.

B. Heurtebize.
    1. HANNÉQEB##


HANNÉQEB, nom hébreu que l’on trouve uni à Adami, ville frontière de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 33. Voir Adami, t. i, col. 209, et Néceb.

    1. HANNETON##


HANNETON, insecte coléoptère qui, soit à l'état de larve, soit à l'état parfait, cause d'énormes dégâts dans la végétation. Quelques auteurs ont pensé que les livres sacrés le désignent sous le nom de yéléq, àxpîç, (SpoOxoî, bruchus. Mais ce nom est manifestement l’un de ceux qui conviennent à la sauterelle. Joël, i, 4 ; ii, 25 ; etc.

Voir Sauterelle.
H. Lesêtre.
    1. HANNI##

HANNI (hébreu : 'Unniv au ketib, 'Vnnô ou 'Unnî au keri ; Septante : omis dans les Codex Alexandrinus et Codex Vaticanus), lévite qui revint de la captivité de Babylone avec Zorobabel. II Esd., xil, 9.

    1. HANNIEL##

HANNIEL (hébreu : Hannî'êl ; Septante : 'Avsit|>), fils d'Éphod, de la tribu de Manassé, fut un des chefs, ndsî', chargés du partage de la Terre Promise. Num., xxxiv, 23.

    1. HANON##

HANON (hébreu : ffânûn ; Septante : "Avveiv, II Reg., xix, 1, et 'Avâv, I Par., xix, 1), fils de Naas, roi des Ammonites. II Reg., x, 1, 2. David, à la mort de son père, lui avait envoyé des ambassadeurs pour lui offrir ses condoléances ; mais, s’imaginant ou se laissant persuader que le roi de Juda. n’avait en cela qu’une intention cachée d’explorer le pays, Hanon les traita indignement, en leur infligeant l’affront de raser leur barbe et de couper leurs longs vêtements jusqu'à la hauteur des reins, II Reg., x, 4 ; I Par., xix, 1-2. David se vit obligé de lui déclarer la guerre et d’envoyer contre lui Joab avec l'élite dé ses troupes. II Reg., x, 7-15. Malgré le secours des Syriens, les Ammonites furent défaits. L’année suivante, Rabba fut assiégée et prise. II Reg., xi ; I Par., xix, 1-18.

H AN UN (hébreu : tfanûn), nom de deux Israélite ;.

1. HANUN(Septante : 'Avoûv), Israélite qui, avec les

habitants de Zanoé, réparèrent après la captivité la porte de la Vallée et mille coudées du mur jusqu'à la porte du Fumier. II Esd., iii, 13

2. HANUN (Septante : 'Avo-jfi), autre Israélite, sixième fils de Séleph, qui, avec Uanania, bâtit une partie des murs d’enceinte au temps de Néhémie. II Esd., iii, 30.

    1. HAPHAM##

HAPHAM (hébreu : Ifuppim. ; Septante : 'Airqpiv ; Codex Alexandrinus : 'Açei’jj.), donné avec Sepham comme fils de Hir. I Par., vii, 12. Ce verset paraît être un appendice à la généalogie des fils de Benjamin. Suppim (Vulgate : Sepham) et ffuppim (Vulgate : Rapham) répondent à Muppim (Vulgate : Mophim) et à Huppim (Vulgate : Ophim) qui sont rangés parmi les fils de Benjamin, Gen., xlvi, 21 ; on les retrouve sous une forme encore altérée dans la liste des descendants de Benjamin de Num., xxvi, 39 : Sefûfdm (Vulgate : Supham) d’où la famille des Suphamites, Sûfâmî (Vulgate : Suphamitarum) et Hûfâm (Vulgate : Hupham) d’où la famille des Huphamites, Hûfâmî (Vulgate : Huphamitarum). Dans notre verset l 'Par., vii, 12, Hapham est dit fils de Hir (hébreu : l’y, 'îr). Ce Hir est vraisemblablement le

fils de Bêla, appelé au ꝟ. 7, Urai (hébreu : n>y, Hrî).

Hapham (hébreu : tfuppim) se retrouve avec une autre orthographe dans la Vulgate au j ?. 15, Happhim (hébreu : Ifuppim). Voir généalogie de Benjamin, t. i, col. 1589.

    1. HAPHARAlM##

HAPHARAlM (hébreu : ïfâfdraim, ce les deux fosses ; » Septante : Codex Vaticanus : 'Ayciv ; Codex Alexandrinus : 'Aqpspæiji), ville de la tribu d’Issachar, mentionnée une seule fois dans l'Écriture. Jos., xix, 19. Elle a dû avoir une certaine importance, puisqu’on la trouve sur les monuments égyptiens, dans la liste des conquêtes de Sésac, n° 18. Le nom hébreu, nnsi], Hâfâraîm, y est exactement représenté par

TXT i V __l jK > "*", > Hci-pu-ra-ma. Cf. H. Brugsch, Geographische Inschriften altâgyptischer Denkmàler, Leipzig, 1858, t. ii, p. 60, pl. XXIV ; W. Max Mûller, Asien und Europa nach àltâgyptischen Denkmâlem, Leipzig, 1893, p. 153, 170. Mais quel est son correspondant actuel ? Il est assez dificile de le savoir au juste. Eusèbe et saint Jérôme, Onomâstica sacra, (icettingue, 1870, p. 94, disent qu’Afraim, Aiçpaîfi, était de leur temps un village nommé Afarea, 'Açpotfa, à six milles (près de neuf kilomètres) au nord dé Legio, aujourd’hui El-Ledjdjûn, dans la plaine d’Esdrelon. Or, à la distance voulue, vers le nord-ouest, on trouve une localité, Khirbet eUFarriyéh, qui rappelle l’antique dénomination hébraïque, à part la gutturale initiale. C’est là que plusieurs auteurs sont tentés de reconnaître Haphàraïm. Cf. Survey of Western Palestine, Menioirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 48 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 79 ; F. Buhl, Géographie des Altén Palâstina, Leipzig, 1896, p. 210. Ce site est évidemment ancien ; il renferme quelques ruines, une bonne source et des tombes antiques. Cf. Survey of West. Pal., Memoirs, t. ii, p. 58-59. Mais il a pour nous l’inconvénient d'être trop éloigné du groupe de villes auquel appartient la cité d’Issachar. Elle est, en effet, mentionnée, Jos., xrx, 19, après Jezraël, actuellement Zer'în, Sunem, Sôlâm, et avant Anaharath, En-Na’urah, ce qui la rapproche du Djebel Foqu’a et du Djebel Dahy, et la met plutôt an nord-est d’El-Ledjdjùn. Dans cette direction et à distance suffisante, se rencontre le village d’El-Afûléh, avec lequel on a, cherché à identifier Haphàraïm, le 'ain initial remplaçant le heth, et I tenant la place du resch. Telle est l’opinion de Knobel. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 154. Le rapprochement onoraas tique laisse à désirer. D’autre part, il est permis de e, j

421

HAPHARAÏM — HARAD

422

croire qa’El-Afuléh et le village voisin EUFuléh représentent deux villes de même nom, Apuru-Apulu, placées côte à côte sur les Listes de Karaak (n M 53 et 54). Cf. G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosopliical Society of Great Britain, Londres, 1886, p. 10. il y a donc lieu d’hésiter pour l’identification précise

d’Hapharaïm.
A. Legendre.
    1. HAPHSIBA##

HAPHSIBA (hébreu : Uefsi-bâh ; « mon plaisir en

elle ; « Septante : ’Ofeiêâ ; Codex Alexandrinus : ’OçuiÊâ), mère de Manassé, roi de Juda. IV Reg., xxi, 1.

    1. HAPHTARAH (rnpsri##


HAPHTARAH (rnpsri, haftârâh ; pluriel, haftdrôf), mot qui indique dans les livres prophétiques les sections de la Bible hébraïque telles qu’on les lisait déjà du temps de Notre-Seigneur, dans les synagogues, les jours de sabbat et les jours de fête. Act, xiii, 15. Les sections du Pentateuque portent un autre nom : elles s’appellent paraschah (pluriel, parschioth). Voir Paraschah. Les haphtaroth correspondent à peu près dans les livres prophétiques aux parschioth des cinq livres de Moïse. Elles sont au nombre de cinquante-quatre et sont marquées dans les éditions de la Bible hébraïque.

    1. HAPPHIM##

HAPPHIM (hébreu : ffuppim ; Septante : ’Açirtv ; Codex Alexandrinus : ’Aççe(v), présenté dans la Vulgate comme un fils de Machir. I Par., vii, 15. « Machir donna des épouses à ses fils Happhim et Saphan et il eut une sœur nommé Maacha. » En hébreu le sens est différent : « Machir prit une femme à Ijuppiin et à Suppim, et le nom de sa sœur Maacha. » Les Septante offrent le même sens. Mais auꝟ. 16, Maæha est dite femme de Machir. Aussi devrait-on trouver plutôt au verset précédent : « Machir prit une femme dont le nom était Maacha. » On ne s’explique pas ce que viennent faire dans ce ꝟ. 15, relatif à la tribu de Manassé, les noms de deux benjamites ffuppim et Suppim, dont il est question au ꝟ. 12. On ne s’explique pas non plus les mots : et te nom de sa sœur Maacha, puisque celle-ci au ꝟ. 16 est dite femme de Machir. Le texte est évidemment altéré. Plusieurs hypothèses ont été proposées, plus ou moins satisfaisantes. D’après certains critiques les noms ffuppim et Suppim auraient passé par erreur de copiste du jt. 12 au il. 15. Ce dernier verset aurait été primitivement ainsi : « Et Machir prit une femme dont le nom est Maacha et le nom de son frère est Salphaad. » Malheureusement Salphaad n’était pas le frère, mais seulement le neveu de Machir. Num., xxvi, 33, 27. D’autres^ critiques conservent les deux noms deÈuppim et de Suppim au ꝟ. 15, qu’ils remanient ainsi : Et Machir prit une femme de ffuppim et de Suppim ; le nom de la première était Maacha et le nom de la seconde Salphaad (hébreu : Selofhâd). De la sorte Machir aurait épousé deux femmes dans deux familles de Benjamin.

    1. HARAD##

HARAD (hébreu : Hârôd ; Septante : ’AptiS), fontaine près de laquelle Gédéon campa avec ses soldats, avant de livrer bataille aux Madianites. Jud., vu. Ifârôd en hébreu signifie le mouvement accéléré ou la palpitation du cœur sous le coup d’une impression violente, la frayeur en particulier. Gédéon se sert en effet dans l’allocution à ses soldats t-3, du verbe hârad pour désigner quiconque a peur et tremble. Coïncidence singulière, ce même verbe revient encore, I Reg., xxviii, 5, pour exprimer l’effroi de Saül en face des Philistins, peut-être auprès de la même fontaine ; car tandis que l’ennemi campait à Sunam, Saül était sur le versant du mont Geliioé, en sorte qu’il put, sans trop s’éloigner de son armée, aller à Endor consulter la pythonisse.Toutelois il esl probable que la fontaine portait son nom avant l’effroi

de ceux qui venaient y prendre position pour la bataille. Ce nom lui avait été donné sans doute à cause du mouvement par soubresauts, sorte de palpitation ou tressaillement, qui caractérise le jaillissement de ses eaux.

On sait comment, sur l’ordre du Seigneur, Gédéon ne garda pour mettre en fuite l’ennemi que les trois cents hommes ayant bu dans le creux de leurs mains ; les autres furent renvoyés chez eux comme inutiles. Son camp avait été établi aux flancs de la montagne, puisque d’après le ꝟ. 5, ses soldats « descendirent » pourallerà la fontaine où se fit l’épreuve. L’ennemi se trouvait au nord dans la vallée, vers la hauteur de More. Quand on examine la partie occidentale de la vallée de Jezraêl où se passa la, scène racontée au livre des Juges, on est porté à croire que « les fils de l’Orient, Madianites et Amalécites, remplissant l’étroite plaine comme une multitude de sauterelles, avec leurs chameaux innombrables comme les grains de sable sur les bords de la mer », occupaient les alentours de la belle fontaine de Sunam. C’était le point naturellement indiqué pour recueillir eu toute sécurité le produit des razzias tentées dans la riche plaine d’Esdrelon. La montagne de More correspond, en effet, à ce qu’on appelle aujourd’hui le Petit-Hermon. Vis-àvis et au sud, c’est-à-dire vers les hauteurs où l’Écriture place Harad, il n’y a que deux fontaines, celle d’Aïn el-Maïtèhou la « Source-Morte », et celle d’Aïn Djaloud. — La Source-Morte, ainsi nommée par les Arabes depuis qu’à la suite d’éboulements de terrain elle semblait avoir disparu, coule immédiatement au pied de la colline où se trouve Zéraïn, l’antique Jezraël, vers le nord-est. Aïn Djaloud est à demi-heure plus loin, vers le sud-est au pied même du dernier contrefort des monts Gelboé. À elles deux, ces sources sont assez abondantes pour créer un vrai cours d’eau, le Nahr-Djaloud, qui traverse de l’ouest à l’est la vallée de Jezraël et va, au delà de Beisan, l’ancienne Scythopolis, se jeter dans le Jourdain. Aïn el-Maïtèh est la source où vont puiser les habitants de Zéraïn. Depuis les excavations qu’on y a pratiquées, l’eau y est redevenue abondante, mais elle est loin d’égaler celle d’Aïn-Djaloud. En sorte que si, par sa situation plus rapprochée, elle a le droit d’être appelée la Fontaine de Jezraël, par le développement relatif du bassin où elle s’épanche, — on la voit sortir en petits filets à travers les cailloux avant de constituer un ruisseau, — elle doit s’effacer devant l’importance autrement considérable d’Aïn-Djaloud. Celle-ci avec son vaste réservoir est réellement la grande Fontaine ouverte et commune de tous les troupeaux de la vallée. Quand nous y sommes arrivés le 25 avril 1899 vers 8 heures du matin, il y avait des centaines de bétes à corne se desaltérant, se baignant et faisant retentir la vallée de leurs mugissements. La source jaillit au-dessous d’une grotte ou caverne creusée dans la masse rocheuse que les monts Gelboé projettent en s’inclinant dans la plaine (fig. 102). Ses eaux médiocrement fraîches, comme toutes celles de Palestine, sont quand même excellentes. À peine sorties avec impétuosité à travers les larges fentes de la roche, elles sont recueillies dans un vaste réservoir de 20 mètres de diamètre, jadis pavé et où à travers les pierres à demi soulevées, sous les joncs qui les couvrent d’ombre, se multiplient à l’aise d’innombrables poissons. On n’en fait guère la pêche que lorsqu’on n’a plus d’autre nourriture sous la main. Des bœufs, pour enter les piqûres des mouches, se tiennent mollement couchés dans ces eaux limpides, ne laissant voir que leur tête pleine d’une béatitude suprême. Nos moukres, comme pour rappeler le grand nombre des soldats de Gédéon, avaient commencé par s’agenouiller et boire la face contre terre, montrant ainsi qu’il est toujours difficile à de pauvres gens de ne pas se laisser aller’sans réserve même au plaisir de boire de l’eau. En sortant ]du bassin circulaire, la magnifique source va, par deux canaux différents, mettre en mouvement deux moulins sans importance

Elle devient ensuite la rivière dont nous avons parlé. Rien n’est plus aisé que de reconstituer sur place et la Bible à la main, comme nous l’avons fait nousmême, la scène où se passa le drame raconté an livre des Juges. Gédéon et les trois cents hommes que Dieu lui a fait choisir étaient campés au-dessus de la fontaine. Madianites et Amalécites se trouvaient au bout occidental de la vallée, là où les collines se rapprochent et où s’ouvre, sur l’autre versant, la plaine d’Esdrelon, dont les pillards convoitaient les récoltes. Peut-être leurs hommes et leurs troupeaux s’appuyaient-ils simultanément sur Sunam et Jezraêl où deux fontaines devaient leur fournir de l’eau en abondance. Les fils d’Jsraël

rait porté au temps de Gédéon, Jud., vii, 3, une partie des monts Gelboé, mais Galaad en cet endroit est à peu près sûrement une faute decopiste. Voir Gelboé, col. 157.

E. Le Camus.

    1. HARAM##

HARAM, pour Haran, Is. xxxvii, 12. Voir Haran 3.

    1. HARAN##

HARAN, nom de deux personnages et d’une ville.

A. HARAN (hébreu : Hârdn ; Septante : ’Appav), fils de Caleb et d’Épha, de la tribu de Juda. I Par., ii, 46.

2. HARAN, un des signataires de l’alliance théocratique. II Esd., x, 27. Voir IIàrim 2.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
102. — Fontaine d’Aïn-Djaloud. D’aprùs une photographie de M. L. HeidoL

étaient donc très proches de l’ennemi. C’est là, dans la vallée, ꝟ. 8, au milieu des ténèbres, que Gédéon descendit Ters eux, avec son serviteur Phara, pour savoir ce qui se passait au camp de ses adversaires. Puis, heureux de ce qu’il avait entendu, il remonta vers sa petite troupe qu’il organisa en trois groupes pour remporter sa fameuse victoire. Voir Gédéon, col. 148. — Quelques exégètes ont identifié la fontaine d’Harad avec celle de Jezraël. Voir Fontaine, t. ii, col. 2304. et Jezraël.

Au temps des Croisades, la belle fontaine servit de campement tantôt aux chrétiens qui la nommaient Tubania, Guillaume de Tyr, Hist. bell. sac., xxii, 26, peut-être en souvenir des trompettes, tubse, des soldats de Gédéon, tantôt aux troupes de Saladin qui l’appelaient, comme aujourd’hui, Aîn et Djaloud. Bohædin, Vita Saladini, p. 53. Ce nom d’Aïn-Djaloud lui est venu probablement de l’étrange tradition qui déjà, dès le commencement du IVe siècle, faisait mourir, dans la vallée où coule la fontaine, le géant Goliath terrassé par David. En arabe Goliath se dit Djaloud. D’après d’autres, la source aurait tiré sa dénomination actuelle de Galaad, nom qu’au 3. HARAN (hébreu : Hârân ; Septante : Xippiv, Xa£pà ; Vulgate : Haran ; C haran, Judith, v, 9 ; Act., vu, 2, 4 ; Haram, Is., xxxvii, 12), ville de Mésopotamie où se rendit la famille de Tharé après avoir’quitté Ur Kasdim. Geu., xi, 31. C’est là que mourut Tharé, Gen., xi, 32, et que restèrent les descendants de Nachor, Gen., xxvii, 43, près desquels Jacob vint.se réfugier. Gen., xxviii, 10 ; xxix, 4. Après y avoir séjourné un certain temps, Abraham en sortit pour aller dans la terre de Chanaan. Gen., xii, 4, 5 ; Judith, v, 9 ; Act., vii, 2, 4.

Dans le discours que le Rabsacès de Sennachérib adressa aux habitants de Jérusalem pour les engagera se soumettre au roi d’Assyrie, il rappela la prise de cette ville par les Assyriens, IV Reg., six, 12 ; Is., xxxvii, 12..

Cette ville a conservé jusqu’à nos jours son nom antique, qui n’a jamais changé. On le trouve fréquemment sur les monuments assyriens, où il est donné comme celui d’une cité araméenne. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dot Aile Testament, Giessen, 1KS3,

p. 134. Il est exprimé en caractères cunéiforme* par un dëogramme, ffarrànu, qui veut dire « route ». Jjarran, en efl’et, située au sud-est d’Orfah, se trouve au point d’intersection où se croisent les routes qui conduisent aux gués de l’Euphrate, d’une part, aux gués du Tigre, de l’autre. Elle occupait un point commercial important. Ezech., xxvii, 23. Le village actuel, sur le ISelikh, l’ancien Bilichus, petit affluent de l’Euphrate, est au centre d’une plaine d’alluvion, très fertile, qui se déploie au pied méridional d’un vaste plateau calcaire. Ses habitants conservèrent pendant longtemps l’usage de l’araméen et le culte des divinités araméennes. Il paraît avoir fait partie du royaume d’Abgar, dont la capitale était Édesse, éloignée seulement d’une journée de chemin. Il ne renferme plus que quelques vestiges de l’ancienne Carrhse. On peut cependant distinguer encore la vieille enceinte,

Elle est entourée d’une couronne de collines, formi’e de roches volcaniques, et dont les dernières ondulations vont expirer sur les bords de l’Euphrate. Son étendue est de plus de 30 kilomètres carrés ; de petits ruisseaux la parcourent dans tous les sens, mais ils sont souvent à sec ; on y compte plus de vingt villages. Abraham y a conduit certainement bien des fois ses troupeaux, comme plus tard son petit-fils Jacob y conduisit ceux de Laban. Pendant l’hiver, la température y est basse ; en été, la chaWr y est étouffante, surtout quand souffle le vent du sud, qui vient du désert d’Arabie. Aussi pendant deux mois de l’année, en octobre et en novembre, tout y est brûlé, excepté sur les bords de l’eau. Dès que quelques gouttes de pluie arrivent, la végétation pousse avec une vigueur extrême, mais elle est bientôt flétrie par les vents d’hiver. Ce n’est qu’au printemps que le sol se

103.

Vue de Harau.

dans l’intérieur de laquelle sont les ruines d’une basilique et d’une mosquée. Cf. E. Sachau, Reise in Syrien und Mesopotamien, Leipzig, 1883, p. 217-224 ; plan de IJarrân, p. 223. Les restes d’un vieux château se dressent au-dessus de la plaine et se remarquent de fort loin. Au pied des débris de la forteresse sont accumulées, semblables à des ruches d’abeilles, les habitations des Bédouins. Autrefois, quand Abraham y arriva, les maisons étaient bâties, comme de nos jours, en forme de pain de sucre (fig. 103), avec des pierres superposées les unes sur les autres, sans ciment, recevant la lumière par l’ouverture laissée à l’extrémité du cône. La pénurie, ou plutôt l’absence du bois, a toujours obligé de leur donner cette forme bizarre. Tout près du village est un puits qui attire surtout l’attention du voyageur, c’est celui où Rébecca rencontra Éliézer, où Sara s'était certainement rendue avant elle. Maintenant encore, les femmes de Harran y viennent tous les matins faire leur provision d’eau, les troupeaux viennent chaque jour s’y abreuver. « Lés principaux habitants actuels de Haran sont des Bédouins, attirés en ce lieu par les pâturages du voisinage. Quelqnes-uns logent dans des maisons, la plupart campent sous leurs tentes de peaux de boucs noirs. Ils nourrissent leurs bestiaux avec les herbages que produit la plaine de Servdj. Celle-ci s'étend entre Haran et l’Euphrate.

couvre d’une manière un peu plus aurable de ces plantes aux formes et aux couleurs variées, à la taille gigantesque, dont la description semble donner une couleur fabuleuse aux tableaux qui nous représentent l’Orient. Ce pays est cependant inférieur à la Chaldée et, sur un nouvel appel de Dieu, Abraham dut quitter Haran avec moins de peine que sa patrie, Ur Kasdim, pour se rendre en Palestine. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 450-451. Dès les temps les plus anciens, le district dans lequel Haran était bâtie était sous la domination de Babylone. Haran était, en fait, la ville frontière de l’empire, commandant la grande route qui menait de Chaldée et d’Assyrie en Syrie et en Palestine. La divinité à laquelle elle était dédiée était le dieu-lune d’Ur Kasdim. Le symbole de cette divinité était une pierre conique, avec une étoile au-dessus. Des pierres gravées à ce symbole se voient au British Muséum. Cf. A. H. Sayce, La lumière nouvelle, trad. de l’anglais par Ch. Trochon, Paris, 1888, p. 61. Il est souvent fait mention de l’antique cité dansJes inscriptions de Théglathphalasar, de Sargon.de Salmanasar, etc. Elle est célèbre dans l’histoire profane par la défaite de Crassus, qui y fut vaincu et tué par les Parthes. Pline, H. À 7., v, 24. — Cf. W. Ainsworth, Researches ï » Assyria, BabyloniaandChaldiea, Londres, 1838, p. 153 ;

R. A. Chesney, The Expédition for the Survey of the River* Euphrates and Tigris, 3 in-8°, Londres, 1850, t.i, p. 48, 106-115 ; t. ii, p. 401, 426, 433, 460 ; D. Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, Saint-Pétersbourg, 1856, t. i, p. 301-471 ; A. P. Stanley, The Jewish Church, Londres, 1870, 1. 1, p. 414-418 ; W. F. Ainsworth, Haran in Mesopotamia, dans les Proceedings of the Society of Bïblical Archteology, t. xiii, mai 1801, p. 385-301.

A. Legendre.
    1. HARBONA##

HARBONA (hébreu : ffarbônd’, Esth., i, 10, et IJarbônâh, vii, 9 ; Septante : ©apptx, Esth., i, 12 ; et Bouf a6âv, vii, 9), le troisième des sept eunuques du roi Assuérus, Esth., i, 10 ; ce fut lui qui suggéra à Assuérus de pendre Aman à la potence que celui-ci avait préparée pour Mardochée.

    1. HARDOUIN Jean##


HARDOUIN Jean, jésuite français, fils d’un imprimeur-libraire de Quimper, né le 23 décembre 1646, mort au collège Louis-le-Grand, à Paris, le 3 septembre 1729. Entré au noviciat, le 25 septembre 1660, il professa les belles-lettres, la rhétorique, quinze ans la théologie positive et fut longtemps bibliothécaire au collège de Paris. Homme d’une vaste érudition, de connaissances étendues en Écriture Sainte, théologie, philosophie, histoire, numismatique, chronologie, littérature, « il travailla quarante ans, dit Huet, à ruiner sa réputation sans pouvoir en venir à bout.- » Ce fut, en effet, le savant le plus paradoxal, non seulement de son époque, mais peut-être de tous les temps. Son imagination ardente lui fit concevoir en différentes branches des sciences les systèmes les plus extravagants et il les soutint avec une bonne foi et une conviction qu’il est aussi difficile de suspecter que de l’expliquer. Les contradicteurs, on le pense bien, ne lui firent pas défaut, et l’acrimonie qu’ils mirent dans leurs critiques, ne fit que rendre plus obstiné C6 singulier savant. N’eût-il pas mieux valu ne pas prendre au sérieux les théories du P. Hardouin, qui ne pouvaient séduire que des esprits aussi bizarres que le sien ? Combattu même par quelques-uns de ses collègues, il fut obligé par ses supérieurs de publier la rétractation de toutes ses erreurs, et il le fit avec une sorte d’ingénuité, devant laquelle on se sentirait presque désarmé. Ses ennemis soutinrent que, malgré sa soumission, il resta obstiné dans ses systèmes, rien ne le prouve. Parmi ses ouvrages, nous devons signaler De supremo Christi Damini Paschate, in-4°, Paris, 1693. Le président Cousin et le P. Lamy, de l’Oratoire, combattirent les idées du P. Hardouin, qui leur répondit par une Lettre, publiée en 1693 et insérée dans ses Opéra selecta. En 1727, un protestant de Wittemberg, G. J. Weidler, fit paraître des Anlmadversiones chronologie » in sententiam Harduini de ullimo Christi paschate. — Chronologia Veteris Testamenti ad Vulgatam versionem exacta, et nummis antiquis illustrata, in-4°, Paris, 1697 ; Leipzig, 1700. L’auteur y développe son système, que tous les écrits qui ont passé pour anciens ont été fabriqués au xiii 8 siècle, sauf les ouvrages de Cicéron, l’histoire naturelle de Pline, les Géorgiques de Virgile, les épltres et les satyres d’Horace et quelques autres. — Paraphrase de l’Ecclésiaste, avec le latin de la Vulgate à fa marge, avec l’explication des mots Vrim et Thummim et avec des remarques, in-12, Paris, 1729 ; — Le livre de Job selon la Vulgate, paraphrasé avec des remarques, in-12, Paris, 1729 ; — Commentant in Novum Testamentum. Accedit ejusdem Auctoris Lucubratio ; in cuj us prima parte ostenditur, Cepham a Paulo reprehensum, Petrum non esse ; in altéra parte, Joannis Apostoli de Sanclissima Trinitate locus explanatur et eidem Auctori suo vindicatur, in-f », Amsterdam, 1741. Ce commentaire, publié douze ans après la mort de l’auteur, fut mis à l’index, le 28 juillet 1742. Mo r de Fitz-James, évêque de Soissons, lança contre lui un mandement dans lequel il condamnait, en même temps, l’ouvrage du P. Berruyer. Outre

ces ouvrages d’une certaine étendue, le P. Hardouin a inséré dans les Mémoires de Trévoux un bon nombre de dissertations, dont les suivantes sont relatives à l’Écriture Sainte : Sur le mot de Libertinorum, qui se trouve dans les Actes des Apôtres au chap. vi, verset 9, et par occasion sur les Assidéens, Pharisiens, Sadducéens et sur le nom de Machabée (Mémoires, mai 1701) ; Explication de deux versets du chapitre septième des Actes où l’on voit que saint Etienne est parfaitement d’accord avec Moyse (1714) ; Conciliation de Moyse avec saint Etienne, au^ sujet du dénombrement des enfans de Jacob (1715) ; Étymologie du mot Boanergès (1719) ; Explication de quelques passages du IV chapitre de la Genèse (1725) ; Les deux premiers versets du v chapitre d’Isaïe expliqués (1727) ; L’apparition du Sauveur dans la Galilée dont parlent saint Matthieu et saint Marc (1729). — Dans le Journal des savans, mai 1707, Traduction et explication du lxvw psaume de David, Dans la seconde édition de Pline le naturaliste (1733), on inséra du P. Hardouin une dissertation De situParadi &i terrestris. Les Opéra selecta (1709), mis à l’index, le 13 avril 1739, renferment plusieurs des pièces précédentes et, en outre : De LXX Hebdomadibus Danielis, adversus H. P. Bernardum Lamy. Ce fut cet ouvrage contre la publication duquel protestèrent les supérieurs du P. Hardouin et qu’il rétracta lui-même.

C. Sommervogel.

1. HAREM (hébreu : tfârim ; Septante : ’Hpot(ji), chei d’une famille dont les membres revinrent de Babylone au nombre de 320. II Esd., vii, 35. Il est nommé Harim, I Esd., ii, 32. Voir Harim 2.

2. HAREM. Voir PALAIS.

    1. HARENBERG Jean Christophe##


HARENBERG Jean Christophe, polygraphe allemand, protestant, né en 1696, à Langenholtzen, près d’Ilildesheim, mort le 12 novembre 1774 à Saint-Laurent, près de Schœningen. H étudia à Hildesheim et à l’université de Helmstadt, où il devint professeur de langues orientales. Il fut successivement recteur du chapitre de Gandersheim, inspecteur des écoles du duché de Wolfenbuttel, professeur à Brunswick et prévôt du monastère sécularisé de Saint-Laurent. Outre une carte de Palestine publiée à Augsbourg en 1737, nous mentionnerons de cet auteur les ouvrages suivants : Jura Israélitarum in Paleestina, in-4°, Hildesheim, 1734 ; Erklârung der Offenbarung Joannis, in-4°, Brunswick, 1737, l’auteur veut découvrir dans l’Apocalypse l’annonce des événements de son époque ; Aufklârung des Buchs Daniels, 2 in-4°, Quedlinbourg, 1770-1772 ; Otia gandershemensia sacra, exponendis sacris litteris et historiés ecclesiasticse dicata, complexa très ac decem observationes, in-8°, Utrecht, 1740, onze de ces observations se rapportent à l’Écriture Sainte. Dans le deuxième volume du Thésaurus theologico-philesophicus, in-f°, Utrecht, 1739, se trouve une dissertation d’Harenberg : Demonstratio qua ostenditur Christum eadem die naturali judaica, qua in crucem actus est, cum reliquis Judseis comedisse agnum paschalem.

— Voir Walch, Biblioth. theologica, t. iii, p. 430 ; t. iv, p. 768, 810. D. Heurtebize.

    1. HAREPH##

HAREPH (hébreu : jfdrif et Jfdrif ; Septante : ’Apefç ; Codex Alexandrinus : ’Apesp), chef d’une famille du peuple. Les fils d’Hareph, benê-Bîarif, revinrent d’exil avec Zorobabel, au nombre de 112. II Esd., vii, 24. Dans la liste parallèle de I Esd., ii, 18, il est appelé Iora (hébreu : Yôrâh). Dans la recension de Lucien, on trouve également’IeopTie pour II Esd., vii, 24. Hareph se trouve parmi les chefs du peuple qui signèrent l’alliance théocratique au temps de Néhémie.II Esd., x, 19.

H ARES (hébreu : har-Bérès : Septante : Codex Vatir

canus : h tm ô’pei tco ost paxwfiei ; Codex Alexandrinus : iv ™ opsi to-j Mupcrtvûivo ;), montagne d’où les Danites ne purent chasser les Amorrhéens. Jud., i, 35. La Vulgate explique le nom par cetle addition : « c’est-à-dire la montagne des tessons. » Les Septante, d’après le manuscrit du Vatican, ont donné le même sens, en traduisant : èv Tô opst Tô 4(TTpene118et. Telle est, en effet, la signification de l’hébreu hérés, écrit par un samèch ou on tin final. Le même manuscrit grec ajoute : èv w a ; ôtp-icot xai èv u> aï àXwirr)-<e ;, « dans laquelle sont les ours et dans laquelle sont les renards. » C’est une mauvaise lecture et une_ mauvaise interprétation du texte : be-Ayydlôn ùbe-Sa’albim, qui, comme la Vulgate l’a bien compris, désigne deux villes, Aïalon et Salebim. Le manuscrit d’Alexandrie, avec toO Mup<nvô>voî, « du myrte, » suppose la lecture mn, hâdas, au lieu de mn, hérés ;

la confusion entre les deux premières lettres est facile à comprendre. Hérés, avec samech final, veut plutôt dire « soleil ». Har-Hérés signifie donc « la montagne du soleil ». Mais n’y a-t-il point lieu de voir ici une localité mentionnée ailleurs sous un nom à peu près semblable ? Il est permis de le croire. Har-Hérés précède les villes bien connues d’Aïalon, aujourd’hui Yâlô, et de Salebim, Selbît. Voir la carte de la tribu de Dan, t. ii, col ; 1232. Dans l’énumération des cités frontières de la tribu, Jos., xix, 41, 42, nous trouvons, après Saraa et Esthaol, Hirsémés (hébreu : ’lr Sâméë, « la ville du Boleil » ), Sélebin et Aialon. Ailleurs, III Reg., iv, 9, à propos des districts organisés par Salomon pour les approvisionnements de la maison royale, nous rencontrons dans le même : Salebim, Bethsamés (hébreu : Bê( Sâméé, « la maison du soleil » ) et Élon ou Aïalon. On peut donc regarder comme une seule et même ville Har-Iférés, ’lr SdméS et Bêf Sdméi, subsistant toujours dans’Aïn Schéma, « la source du soleil, » localité située sur les confins de Juda et de Dan. Voir Bethsamés, 1. 1, col. 1732.

— Cependant ceux qui font de Itérés un nom distinct y cherchent un correspondant aux environs d’Aialon, dans le village de Khurbetha ibn Harith, dans la colline de Batn Harâschéh, et plus loin dans Hdris ou Kefr Hdris. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testanient, Londres, 1889, p. 85. Nous préférons la première opinion. — Le mot Hérés se lit encore, Jud., viii, 13, dans ma’alêh hé-ÏJârés, « la montée de Hérés ; » voir Hérés ; puis, Is., xix, 18, dans’lr ha-Hérés, « la ville du soleil ; » voir

Héliopous.
A. Legendre.
    1. HARET##

HARET (FORÊT DE) (hébreu : ya’ar Hârét ; Septante : Codex Vaticanus : èv itôXsi Sape ; * ; Codex Alexandrinus : èv T » j rcdXei’ApidW), forêt dans laquelle David vint se réfugier, d’après les conseils du prophète Gad. IReg., xxii, 5. Les Septante, lisant’ïr, au lieu de ya’ar, ont fait de Haret une « ville ». Josèphe, Ant. jud., VI, xii, 4, appelle de même ce lieu de refuge’Sàpr) nota ;, s’appuyant probablement sur la version grecque. C’est d’après ces témoignages sans doute que quelques auteurs ont voulu identifier cette localité avec le village actuel de Saris, sur la route de Jaffa à Jérusalem. Cf. G. Bôttger, Lexicon zu den Schriften des Flavius Josephus, Leipzig, 1879, p. 220. Il semble plus naturel que David

soit venu se mettre à l’abri dans une forêt. Mais où se

trouvait-elle ? Tout ce que nous savons de certain, c’est qu’elle était « dans la terre de Juda ». I Reg., xxii, 5. Eusèbe et S. Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 96, 226, assimilent Arith à un village de leur temps nommé Arath à l’occident de Jérusalem. On croit plutôt que le nom de ffâré( s’est peut-être conservé dans celui àeKIiârâs, petit village entouré d’oliviers, au nord-ouest d’Hébron. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs,

Londres, 1881-1883, t. iii, p. 305.
A. Legendre.
    1. HARHUR##

HARHUR (hébreu : Harhûr, « embrasement, fièvre ; »

Septante : Apo15p ; I Esd., ii, 51 ; ’Apo-j(i, Codex Alexandrinus : VApoûp, II Esd., vii, 53), chef d’une famille de Nathinéens, dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabcl. I Esd., ii, 51 ; II Esd., vii, 53.

    1. HARIM##

HARIM (hébreu : Harim, « consacré, » cf. le sabéen, mn, Halévy, Éludes sabéennes, in-8°, Paris, 1875, p. 411, 504 ; Muller, Epigraphische Denkmàler aus Arabien, in-4°, Vienne, 1889, p. 43, n » xvh), nom de trois Israélites.

1. HARIM (Septante : Xap7)6 ; Codex Alexandrinus : Xapi^(i), prêtre, chef de la famille sacerdotale formant, au temps de David la troisième classe. I Par., xxiv, 8.

2. HARIM (Septante : ’HXV), chef d’une famille du peuple, dont les membres, au nombre de 320, revinrent de la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 32. Dans la liste parallèle, I Esd., vii, 35, la Vulgate l’appelle Harem. Parmi sa descendance, plusieurs épousèrent des femmes étrangères, d’après I Esd., x, 31, où la Vulgate l’appelle Herem. Harim (Vulgate : Haran) est parmi les chefs du peuple signataires de l’alliance avec Nehémie. Il Esd., x, 27 (hébreu 28).

3. HARIM (Septante : omis dans le Vaticanus pour I Esd., ii, 42 ; le Codex Alexandrinus a’Hpsn ; dans la liste parallèle II Esd., vii, 42, et dans I Esd., x, 21, le Vaticanus a’Hpâ(i comme V Alexandrinus), chef d’une famille sacerdotale dont les membres, au nombre de 1017, revinrent d’exil avec Zorobabel de la captivité de Babylone. I Esd., ii, 39. Dans II Esd., vii, 42, il est appelé Arem, t. i, col. 939. On trouva dans sa descendance des prêtres qui avaient épousé des femmes étrangères durant la captivité. I Esd., x, 21. Le nom de Harim devrait vraisemblablement se trouver dans la liste des prêtres qui revinrent à Jérusalem avec Zorobabel si l’on compare cette liste II Esd., xii, 2-7, avec la liste de II Esd., x, 1-8, mais on trouve à la place le nom de Rhéum, hébreu : mm, II Esd., xii, 3 : il n’y a qu’une transposition des consonnes avec un yod’, allongé en vav, i, ann. Aux jouis de Joachim, fils du grand-prêtre Josué, c’était Edna, fils de ffarim (Vulgate : Haram), qui était devenu chef de cette famille sacerdotale. II Esd., xii, 15. Harim (Vulgate : Harem) se trouve parmi les prêtres signataires de l’alliance avec Néhémie. II EsJ., x, 5 (hébreu, 6). Peut-être est-il le même que Harim, le père de Melchias, lequel rebâtit une partie des murs de Jérusalem. II Esd., iii, 11. La Vulgate l’appelle Hérem. Voir Hérem.

    1. HARIPH##

HARIPH (hébreu : Harêf ; Septante : ’Ap ! (i ; Codex Alexandrinus : ’Apet), descendant de Caleb, dans la tribu de Juda. Il est donné comme père, c’est-à-dire fondateur de Bethgader. I Par., ii, 51.

    1. HARLEMIUS Jean##


HARLEMIUS Jean, de son vrai nom Willems, jésuite hollandais, né à Harlem vers 1537, mort à Louvain le 1 er octobre 1578. Admis au noviciat en 1564, il enseigna l’hébreu, etc., l’Écriture sainte à Louvain, fut recteur de Louvain, puis provincial de Belgique. On a de lui Index biblicus, qui res eas, de guibus in sacris biblicis agitur, ad certa capita, alphabeti ordine digesta revocatas, summa brevitate complectuntur, in-16, Anvers, 1571, 1580 ; Lyon, in-8°, 1581, 1600. H est joint à la polyglotte d’Arias Montanus, 8 in-f° ; Anvers, 15691572, et à laBible de Salamanque, in-f°, 1685. Dans la polyglotte, on trouve encore du P. Harlemius : Varia lectionesin latinis Bibliis editionis vulgatx ex mss. collectSB, et ad textum Hebraicum, Chaldaicum, Græcum et Syriocum examinatx et discussee. C. Sommervogel.

    1. HARMA##

HARMA (hébreu : Hornidh ; Septante : Codex Vaticanus : ’Epjiz ; Codex Alexandrinus : ’Ep[iiX, Jos., XV,

30 ; ’Epu, i, Jos., xiic, 4) ville de la tribu de Juda, située à l’extrémité méridionale de la Palestine. Jos., xv, 30. Elle fut plus tard attribuée à Siméon. Jos., xix, 4. Elle est appelée Horma. Num., xiv, 45, Deut., i, 44, etc. Voir Horma..

    1. HARMONIE DES ÉVANGILES##


HARMONIE DES ÉVANGILES. Voir Évangiles (Concorde des), t. ii, col. 2099.

    1. HARNAIS##


HARNAIS, ensemble de cordes, de courroies ou d’objets de métal, de coussins, de tapis, etc., dont on revêt un cheval ou tout autre animal de selle ou de trait, quand on veut l’utiliser ou simplement l’orner. Les anciens monuments nous donnent une idée de la manière dont on harnachait les chevaux chez les Égyptiens, t. i, fig. 218, 226, col. 899, 903 ; t. ii, fig. 193, col. 566 ; chez les Assyriens (fig. 104) et t. i, fig. 228, 229, 235, 240, 312, col. 904, 905, 907, 983, 1146 ; t. ii, fig. 195, 430, col. 569, 1150, etc. ; à Cypre, t. ii, fig. 194, col. 567. On apportait souvent un grand luxe à décorer ces animaux, surtout quand ils avaient à porter des rois ou des chefs. Sur l’Obélisque noir de Nimroud, ïonservé au British Muséum, et sur lequel sont résumés les événements du règne de Salmanasar 111, on voit représenté un roi de Gilzàn, Sua, qui amène à Salmanasar un cheval tout harnaché (fig. 105). Jérémie, li, 27, parle de chevaux qui ressemblent à des sauterelles hérissées, peut-être à cause de leurs panaches et aussi des traits que les guerriers brandissaient au-dessus de leurs têtes. Zacharie, x, 3, mentionne « le cheval de gloire et de bataille », c’est-à-dire le cheval magnifiquement caparaçonné que le roi montait pour aller au combat. Le cavalier qui apparut pour terrasser Héliodore dans le temple montait un cheval orné d’un équipement magnifique, xaM.Ê<rTTi <t « y> optimis operi mentis. II Mach., iii, 24. Saint Jean décrit des chevaux harnachés pour le combat, avec des cheveux comme ceux des femmes et des têtes comme ceux des lions. Apoc, ix, 7, 8, 17. Ces traits font encore allusion à tous les ornements dont les chevaux étaient’surchargés. Les Orientaux ont toujours

de métal qu’on passait aux naseaux des animaux qu’on voulait dompter. On l’employait quelquefois pour le

104.

Tête de cheval assyrien avec ses harnais. Bas-relief du Musée du Louvre.

cheval. IV Reg., xix, 28 ; Is., xxxvii, 29. Voir Anneau, t. i, col. 636.

2° Méfég, xaXivôç, camus, frenum, la bride au moyen de laquelle on tire sur la bouche du cheval. Ps. xxxii (xxxi), 9 ; Prov., xxvi, 3. Le mé(ég est deux fois associé

^TMiimimuiiiiiiiiiiillil]

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105. — Sua amène à Salmanasar un cheval tout harnaché. Obélisque de Nimroud. D’après une photographie.

aimé à orner leurs montures. Cf. Jud., viii, 21. Quelques-unes des pièces du Harnachement sont seules nommées dans la Bible ; ce sont les suivantes : ! flah, aYxitrrpov f i|iô(, circultu, le mors ou anneau

au fyilf. IVReg., xrx, 28 ; Is., xxxvii, 29. Saint Jacques, m, 3, et saint Jean, Apoc., xiv, 20, mentionnent le frein, -/aï.ivo’c, qu’on met à la bouche des chevaux. 3° Résén, -/<iXivo « , xri|16’;, frenum, autre espèce de brido qui se met à la bouche du cheval, Job., xxx, 11 ; Is., xxx, 28, mais qui diffère de la précédente, puisque l’une et l’autre sont employées conjointement. Ps, xxxil (xxxi), 9.

Ḥébél, φορβεία, funis, Job, xl, 20, le licou de corde au moyen duquel on tire l’animal.

Yéṭer, χαλινός frenum, Job, xxx, 11, autre espèce de corde servant à maintenir et à diriger le cheval. Voir Corde, t. ii, col. 964-965.

Meṣillôṭ, χαλινός, frenum. Zach., xiv, 20. Les meṣillôṭ (sont des clochettes, des grelots ou de petites plaques sonores qui s’attachaient au cou des chevaux. Voir Clochette, t. ii, col. 808. La traduction des versions se justifie en une certaine façon, parce que ces clochettes devaient être attachées à une sorte de licol.

Kar, σάγματα, stramenta. Gen., xxxi, 34. Le kar est la selle du chameau, sorte de palanquin qui abritait contre le soleil. La selle du cheval n’est pas nommée.

Bigdê-hoféš lerikbâh, κτῆνοι εἰς ἅρματα, tapetes ad sedendum, en hébreu « les tapis étendus pour aller à cheval ». Ezech., xxvii, 20. On les faisait venir de Dedan. C’étaient des housses précieuses dont on recouvrait la selle ou qui elles-mêmes la remplaçaient. A l’entrée de Notre-Seigneur à Jérusalem, elles ont été représentées par les manteaux que les disciples étendirent sur l’ânesse et sur l’ânon. Matth., xxi, 7 ; Marc, xi, 7 ; Luc, xix, 35. Voir Tapis. — Sur le harnachement des divers animaux, voir Âne, t. i, col. 571 ; Chameau, t. ii, col. 523 ; Cheval, t. ii, col. 680 ; Éléphant, t. ii, col. 1661. — Les Israélites étaient fort peu cavaliers, à raison de la nature montagneuse de leur pays. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il y ait si peu de détails dans la Bible sur le harnachement des montures.

H. Lesêtre.

HARNAPHER (hébreu : Ḥarnéfér ; Septante : Ἁναρφάρ ; Codex Alexandrinus : Ἁρναφάρ), un des fils de Supha, dans la tribu d’Aser. I Par., vii, 36.


HARODI (hébreu : ha-Ḥărôdî ; Septante : ὁ Ρουδαῖος ; Vulgate : de Harodi), nom ethnique indiquant la patrie de deux des vaillants gibborîm de David, Semma et Élica. II Sam. (Reg.), xxiii, 25. Si l’orthographe du mot n’a pas été altérée, ces deux guerriers étaient donc originaires d’une ville appelée Harod, d’ailleurs inconnue. Mais la leçon ha-ḥărôdî peut être fautive ; car nous lisons dans le passage parallèle que Semma (ou Sammoth) était ha-ḥărôrî (Vulgate : Arorites), I Par., xi, 27 (sans parler de hay-yzrâḥ [Vulgate : Jezerites] qu’on lit I Par., xxvii, 8, et d’où il résulterait que le même personnage serait originaire d’une localité appelée Jezrâh). Voir Arari et Arorite 2, t. i, col. 882 et 1027 ; Semma et Élica, t. ii, col, 1670.


HAROMAPH (hébreu : En cours Hârûmaf ; Septante : Ἐρωμάθ ; Codex Alexandrinus : Ἐρωμάθ ; Codex Sinaiticus : Ἐιωμάθ), père de Jédaia, qui rebâtit la partie des murs de Jérusalem, située en face de sa maison. II Esd., iii, 10.


HAROSETH (hébreu : Hàrôséf hag-gâim ; Septante : Codex Vaticanus : Ἀρεισώθ τῶν ἐθνῶν, Jud., iv, 2, 13, 16 ; Codex Alexandrinus : ’Aaeip&i, sud., iv, 2 ; Spufiov, sud., iv, 16 ; Vulgate : Haroseth gentium, « Haroseth des Gentils »), ville de Palestine, résidence de Sisara, généralissime de Jabin, roi d’Asor. sud., iv, 2. C’est de là qu’il partit, avec ses neuf cents chars de guerre et toute son armée, pour s’établir sur les bords du torrent de Cison et attendre l’attaque de Barac et de sa petite troupe. Jud., iv, 13. C’est jusque-là que son armée en déroute fut poursuivie par les Israélites vainqueurs. Jud., iv, 16. Pour l’ensemble du combat, voir Cison (Torrent de), t. ii, col. 781 ; Histoire, col. 784 ; pour les détails, cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6° édit., Paris, 1896, t. iii, p. 116-123. La cité n’est mentionnée que dans ce récit des Juges. Elle est appelée Haroseth des Nations, sans doute à cause de l’influence qu’y avait gardée l’élément païen ou chananéen. Quelques auteurs l’ont cherchée dans les environs du lac Houléh ou de Cadès de Nephthali. A la suite de W. M. Thomson, The Land and the Book, New-York, 1859, t. ii, p. 143, on est généralement plus disposé aujourd’hui à la reconnaître dans El-Ḥarthiyéh, village situé à l’entrée de la gorge qui sépare la plaine de Saint-Jean-d’Acre de la plaine d’Esdrelon. L’arabe الحرتىيّة, El-Ḥârthiyéh, représente suffisamment l’hébreu חֲרשֶׁת, ḤârôSét. La position surtout paraît bien convenir aux données scripturaires. Le village, assis sur un monticule, est, à la vérité, bien misérable aujourd’hui et d’une étendue bien restreinte : il se compose d’une quarantaine de maisons grossièrement bâties, la plupart très délabrées ; mais les aires qui le précédent vers l’est semblent avoir été jadis occupées par des habitations. C’est certainement un point stratégique important, en ce qu’il commande le passage étroit, resserré entre le Carmel et les premières collines de Galilée, qui ouvre communication entre la plaine maritime et la grande plaine d’Esdrelon. On comprend donc très bien que Sisara s’y soit établi. Ses chars bardés de fer, qui n’auraient pu manœuvrer dans les montagnes de Nephthali, pouvaient se mouvoir à l’aise dans cette contrée. F. Buhl, Geographie des alten Palästina, Leipzig, 1896, p. 214, objecte que, d’après Jud., iv, 13, 16, la ville ne pouvait être située près du Cison et devait être plus éloignée du lieu du combat. Il nous semble, au contraire, très naturel que Sisara soit venu de El-Hârthiyéh prendre position entre Mageddo et Thanac, développer ses terribles chars de guerre à l’endroit où la plaine est le plus large et le plus unie. Il est naturel aussi que l’armée vaincue ait cherché à regagner sa forteresse, dont elle était assez loin pour ne pouvoir échapper à la poursuite des Hébreux. — Cette identification est admise comme possible par les explorateurs anglais : Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. i, p. 270 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 80. Elle est acceptée par F.Mühlau dans Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Alterlums, Leipzig, 1884, t. i, p. 572 ; G. A. Smith, The historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 392 ; carte, pl. vi.

A. Legendre.


HARPE (hébreu : kinnôr ; Septante : κιθάρα, κινύρα ; Vulgate : cithara, quelquefois lyra), instrument de musique triangulaire et portatif, pourvu d’une rangée de cordes d’inégale longueur, que l’on pince avec les mains.

I. Nom.

Le nom hébreu kinnôr provient de la racine כנר, kânar, « vibrer, rendre un son. » À la même classe appartiennent رنا, رنّ, רוץ, רנץ, רנה, « résonner, pousser des cris. » Les Grecs ont gardé ce nom sémitique sous la forme κιννύρα, κινύρα (dans, les Septante, κινάρα) ; כִּינָרָא dans l’hébreu talmudique.

II. Description.

Harpes les plus anciennes.

Dans sa tonne la plus ancienne, la harpe était composée d’une pièce de bois arquée ou de deux morceaux de bois présentant un angle dans l’ouverture duquel le jeu de cordes était tendu obliquement. Selon cette disposition, l’instrument affectait la forme triangulaire, d’où le nom de τρίγωνον. Deux des côtés étaient formés par les tiges de bois, et le troisième par la plus longue des cordes. Voir fig. 106. C’est la harpe que l’on trouve sur les monuments égyptiens à partir de l’invasion des Hyksos et dont le nom même, [Hiéroglyphe à insérer], kinnanaur, a été emprunté aux sémites comme l’instrument lui-même. V. Loret, L’Egypte du temps des Pharaons, in-12, Paris, 1889, p. 146. Ces instruments primitifs ne possédaient pas de caisse à résonnance. Une autre sorte de harpe antique

égyptienne présente une tige courbe. La caisse sonore adaptée à la partie inférieure de cette tjge donne à l’instrument l’aspect d’une guitare dont le manche serait recourbé. En ayant égard à cette disposition, on peut en quelque manière justifier la traduction de kin nor par. y^> dans la Bible arabe. Walton, Polyglotte. Les cordes, faites de boyaux de mouton, Odyss., xxi, 407, de gazelle, de chameau, étaient enroulées et fixées par une extrémité à l’une des tiges, et tendues à l’autre au moyen de chevilles de bois. Ces cordes pouvaient être de même grosseur, la longueur et la tension suffisant à différencier les sons. Elles étaient du reste en petit nombre. L’échelle tonale de la harpe était conséquemment d’une étendue fort restreinte, chaque note ne rendant qu’un son. Dans la simplicité de la

sans puissance, le « chant de la harpe » plaisait aux anciens. Grave et austère, il. était pour eux l’expression du calme et de la paix. Clément d’Alexandrie, Stromat., vi, 9, t. ix, col. 309. Tel était le trigone asiatique, dont les tribus du Caucase auraient, dit-on, gardé l’usage. Radde, Untersuchungen in den Caucasus Lànder, Tïflis, 1866, dans Guhl et Eoehner, La Vie antique, La Grèce, Paris, 1884, p, 291, note. La harpe antique manche recourbé a été de nos jours retrouvée par Schweinfurth chez les Nyamnyam et les Abyssins. Voir Hartmann, Les Peuples de l’Afrique, Paris, 1880, p. 164, 165.

Manière de jouer de la harpe.

La harpe se portait

appuyée contre le corps(fig.l06), serrée sous le bras(fig.l07), ou suspendue par une courroie au cou ou à l’épaule(fig.l08) Si l’on n’était pas en marche, on pouvait reposer l’instru 106. Harpes égyptiennes antiques représentées sur les monuments. IV’-VI" dynastie. D’après Lepsius, Denkmâler, Abth. II, Bl. 109, 36, 61.

construction primitive, le tirage des cordes sur les tiges devait amener le rétrécissement de l’ouverture de l’angle, par suite de l’absence de la colonne. L’instrument, surtout s’il ne possédait pas de boîte de réson 107. — Harpistes égyptiens. Beni-Hassan. D’après ChampoUion, Monuments de VÉgyptc, t. iv, pl. 397.

nance, ne pouvait rendre que des sons maigres et sans éclat ; l’intensité n’était jamais modifiée, les timbres variaient peu ; le joueur ne produisait donc ni effets ni contrastes. Pourtant, en dépit de sa sonorité sèche et

ment sur un appui ou sur le sol. Le joueur se tenait assis, 1. 1, fig. 383 ; t. ii, fig. 191, ou debout. — On faisait vibrer les cordes en les touchant à vide avec les doigts de la main droite ou avec les deux mains, si la gauche n’était pas employée à soutenir l’instrument. L’usage du

108. — Petite barpe à sept ccrdes. Développement de la caisse sonore. Ghizéb. D’après ChampoUion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pl. 418.

plectre, 7t>7jxTpov, bâtonnet ou crochet, de bois ou d’ivoire, destiné à pincer les cordes, est moins ancien que le procédé de percussion manuelle. Il est peut-être d’origine grecque, mais Homère n’en fait pas mention ; Ëpigone d’Ambracie (vne siècle) ne s’en servait pas, Athénée, Deipnos., iv, 25, p. 183 ; et, si pour les instruments nationaux des Grecs les deux procédés de percussion étaient employés, les instruments d’origine asia

tique n’admettaient « que le simple attouchement des doigts, t|/aX|Lô ;. De là leur dénomination commune de ^aXnfjpia ». Gevaërt, Histoire et théorie de la mu 109. — Harpe portative, appuyée sur l’épaule et harpe à pied. D’après Champollion, t. ii, pl. 142.

sique dans l’antiquité, Gand, 1875-1881, t. ii, p. 243. La Bible ne parle non plus que du second : niggèn be dimensions et d’étendue fort diverses, qu’aucune règle ne fixait, et l’on augmenta progressivement le nombre des cordes (fig. 107, 108, 109, 110, 111). Les modèles les plus anciens n’en comptaient que deux, trois, quatre (comme les harpes africaines signalées ci-dessus), sept au plus, à ce point que l’apparition, au temps des Rois, de l’instrument à huit cordes fut un fait assez considérable pour que cet instrument obtint une appellation particulière. Voir Musique. Ou vit apparaître plus tard la harpe à dix-hdit et vingt-quatre cordes. Les rabbins rapportent que le nombre des cordes s’éleva jusqu’à quarante-sept. Voir Ugolini, Thésaurus, t. xxxii, col. xxxi-xxxii. Les Grecs employaient l’épigone monté de quarante cordes. Pollux, Onomast., iv, 9, et le qanûn des Orientaux modernes en a soixante-six.

Harpes égyptiennes.

1. Le spécimen égyptien du

Musée du Louvre est une harpe à vingt et une cordes, dont la hauteur totale dépasse un mètre. Un ample corps de résonnance, recouvert encore en grande partie de son enveloppe en maroquin vert, forme la partie principale de l’instrument. Les cordes sont fixées par une extrémité le long de la caisse sonore : l’autre extrémité, terminée par une houppe, est enroulée à une tige transversale. Les chevilles qui fixent les cordes « sont alternativement en ébène noir, et en ébène jaune probablement pour permettre à l’exécutant de reconnaître facilement ses notes » (fig. 113). Voir Loret, L’Egypte au temps des Pharaons, p. 146. Le nom égyptien de la harpe est

J’jjU, ban, ou I V, banit. — 2. Parmi les repré sentations monumentales de l’Egypte, on doit signaler les deux harpistes du tombeau de Ramsès III, à Thèbes (fig. 114). L’un des deux instruments mesure presque deux mètres ; les cordes sont au nombre de onze, quoique la peinture n’exprime que dix attaches. Le second, un peu

110. — Harpe droite, jouée debout. D’après Champollion, t. ii, pl. 145.

1Il et 112. — Harpes ornées, jeu de cordes en éventail. Thèbes. D’après Champollion, t. ii, pl. 187, 134.

yâdô, percutiebat manu sud. I Sam. (Reg.), xvi, 23.

Perfectionnements de la harpe.

Les types de

harpes se perfectionnèrent dans la suite : on les courba

pour donner aux joueurs plus d’aisance, on les fit de

moins haut, a quatorze cordes encore visibles, pour dix-huit attaches. Les harpes reposent sur le sol. La caisse sonore, arrondie par la base et très développée, est ornée de peintures et de marqueteries. La pose des

deux harpistes est remarquable : ils inclinent l’épaule contre leur instrument, de façon à favoriser par la sta 113. — Harpe égyptienne triangulaire. Musée du Louvre.

bilité de leur corps le jeu des bras et des mains à notes rapides. Voir M. Fontanes, Les Égyptes, Paris, 1882,

en ont conservées les monuments, toutes les variétés de formes, de dimension et d’ornementation, les harpes assyriennes, peut-être d’une facture moins ornée, gardent toutes, dans leur construction, une disposition commune et paraissent faites sur un modèle invariable. Elles portent à la partie supérieure la boîte sonore, que l’exécutant appuie sur son épaule ou retient sous son bras, toujours d’une manière identique. La traverse inférieure à laquelle sont nouées les cordes, est à la hauteur de la poitrine du musicien. Les extrémités libres des cordes, ornées de houppes, sont pendantes au-dessous, de la longueur d’environ une coudée. Moins encore que pour l’Egypte, l’examen des monuments ne permet pas de distinguer avec précision les détails de construction de ces harpes assyriennes. Les sculpteurs ne se piquaient pas d’exactitude, et, dans les représentations qu’ils nous ont léguées, le nombre des chevilles ne correspond pas à celui des cordes ; aussi la supputation peut-elle varier de dix à vingt-trois. — La scène musicale du bas-relief de Koyoundjik fournit la représentation de vingt-six musiciens de Suse, dont sept harpistes (fig. 115).

Harpes des Hébreux.

D’après la leçon du texte

hébreu actuel, II Reg., vi, 5, suivie généralement par les versions, les harpes des Hébreux auraient été construites en bois de cyprès, bërôsîm ; mais cette lecture est fautive ; le vrai texte se litl Par., xiii, 8 ; voir C%près, t. ii, col. 1174 ; et il faut renoncer à trouver dans ce passage l’indication de la matière employée à la fabrication des instruments de musique. On adopta plus tard pour cet usage, mais exceptionnellement, le bois d’almuggîm ou algwnmîm, t le santal, » voir Algum, t. i, col. 366, quand les marchands eurent rapporté à Salomon ce produit de l’Inde, que la Judée ne connaissait pas. III Reg., x, 12. Le santal donne un bois fin, se fendant en planchettes très minces, susceptible d’un beau poli et fort recherché en tabletterie. Salomon, comme aujourd’hui encore les Hindous, le fit servir à la fabrication des instruments de

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114. — Harpistes égyptiens. Tombeau de Ramsès III. D’après Champollion, t. iii, pL 261.

p. 356, 357. Peut-être chantent-ils en s’accompagnant.

Harpes assyriennes.

Tandis que les harpes

égyptiennes affectent, dans les représentations que nous

musique, qu’il orna richement, les garnissant de chevilles et de clous d’argent et d’or. Josèphe, Ant. jud. r VIII, iii, 8 ; II Par., ix, 10, 11.

III. La. harpe dans l'Écriture. — 1° La harpe est l’instrument à cordes le plus anciennement connu, le premier dont nous trouvions la mention dans la Bible. « Jubal fut le père de tous ceux qui jouent de la harpe, kinnor, et de la flûte. » Gen., iv, 21. — 2° Elle sert dans les fêtes et dans les démonstrations joyeuses. Laban dit à Jacob : « Je t’aurais suivi avec des témoignages de joie, des chants, des tambourins et des harpes, kinnôrôf. » Gen., xxvii, 31. —3° On cherche, pour distraire Saûl, un homme sachant jouer de la harpe, menaggên bak-kinnôr, etl’on trouve David, qui faisait passer les accès du roi en jouant de son instrument. I Reg., xvi, 16-18. — 4° Le kinnor semble avoir été seul en usage jusqu’au temps des rois, époque où le nable est mentionné pour la première fois. —5° La troupe des prophètes descend de la montagne « précédée d’un nable, nêbél,

115.

Joueurs de harpe susiens. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 48.

d’un tambourin, d’une flûte et d’une harpe », kinnor. I Reg., x, 5. Devenu roi, David fait jouer devant l’arche des harpes, kinnôrôt, des nables, des tambourins, des cymbales et des trompettes, accompagnant les chants. I Par., xiii, 8 ; II Reg., vi, 5. — 6° Le concert sacré, organisé par David pour le second transport de l’arche, comprend trois classes d’instruments : les nables, nebdlim, les harpes, kinnôrôf, et les cymbales, I Par., xv, 16 ; six des fils des lévites chantent en jouant de la harpe à huit cordes, kinnôrôf 'al hassemînit, six autres jouent du nable accompagnant les voix hautes, nebâlini 'al-'âldmôf. I Par., xv, 20-21. Voir Exégèse musicale de quelques titres de psaumes, dans la Revue biblique, janvier 1899, p. 122-123. Ces instruments se joignent aux cornes et aux trompettes de métal et aux cris de la foule. IPar., xv, 28. — 7° Le service musical du’Temple, inauguré par David, renouvelé par Ézéchias, puis reconstitué par Néhémie, comporta ces mêmes classes d’instruments : nables, harpes et cymbales. Idithun était le chef des harpistes. I Par., xxv, 1-6 ; II Par., xxix, 25 ; II Esd., Xii, 27. — 8° La harpe kinnor est fréquemment nommée dans le psautier : seule, Ps. xliii (xlii), 4 ; xcviii (xcvn), 5 ; CXLvii (cxlvi), 7 ; associée au nable : Ps. lvii (lvi), 9 ; lxxi (lxx), 22 ; cvin (cvn), 3 ; cl, 3 ; à l’instrument à dix cordes, 'âsôr : Ps., xxxiii (xxxii), 2 ; xcn (xa), 4. — 9° Sous les règnes postérieurs nous voyons Saloraon

remplissant son palais de nables et de harpes, kinnôrôf, en bois A’algummîm, II Par., IX, 11 ; et Josaphat victorieux se rendre au temple avec des nables, des harpes, kinnôrôf, et des trompettes. II Par., xx, 28. — 10° La harpe est employée dans les fêtes profanes. Job reproche aux impies de se divertir au son du tambourin, de la harpe, kinnor, et de la flûte. Job, xxi, 12. Les femmes en jouaient. Is., xxiii, 15, 16. On l’employait enfin dans les festins. Elle s’y joignait au nable, au tambourin, à la flûte et ahx voix. Is., v, 12. C’est pourquoi le prophète annonce, pour peindre le deuil du pays, que le bruit joyeux des tambourins cessera, qu’on n’entendra plus le tumulte des voix en fête, que les doux sons de la harpe, kinnor, se tairont et que l’on ne boira plus le vin en chantant, Is., xxiv, 8, 9 ; et les Israélites captifs à Babylone suspendent leurs harpes aux branches des saules pour ne pas chanter les cantiques de Jérusalem en pays d’exil. Ps. cxxxvii (cxxxvi), 2. La harpe n’est pas employée, comme la flûte, dans les cérémonies funèbres. — 11° Les auteurs sacrés font allusion à la « résonnance », kémyâh, n’Dn, de la harpe, Is., xiv, 11, cf. xvi, 11 ; Ezech., xxvi, 13 ; « la voix de tes harpes, qôl kinnôrayk, ne s’entendra plus. » Voir Chant sacré, t. ii, col. 555. — 12° Le kinnor subsistait encore au temps des Machabées, distingué de la cithare grecque : xeôâpaïc xa xiv-jpaic. I Mach., iv, 54. C’est de même la cithare grecque que désigne le livre de Daniel par la transcription de qîtârôs, Dan., iii, 5 ; comme aussi les livres du Nouveau Testament. I Cor., xiv, 7 ; Apoc, v, 8 ; xiv, 2 ; xv, 2. On trouve de grossières représentations de cet instrument sur les monnaies de Barcochébas. Voir Lvre, t. iv, fig. 139, col. 450. — 13° Dans la symbolique chrétienne, la harpe désigne la divine louange et la joie éternelle des saints. Ce caractère a été pris des textes de l’Apocalypse indiqués ci-dessus. Voir Gagny, In Apoc, xv, 2, dans Migne, Cursus Script. Sacrée, t. xxv, p. 1354. Pour le nêbél, instrument qui est quelquefois rendu par harpe et que les exégètes regardent comme une sorte de guitare ou de luth, voir Nable. J. Parisot.

    1. HARPON##


HARPON, instrument de fer, en forme de pointe ou de croc et pourvu d’un long manche, pour percer et retirer de l’eau les animaux aquatiques. Dans le livre de Job, il est deux fois question du harpon, à propos du crocodile. On ne peut percer la mâchoire de cet animal avec le hôa)}, ni perforer sa tête avec le silsal. Job, XL, 21, 26. Le hôah, 'J/IXÀtov, armilla, dont le nom vient de l}âli, l’anneau qu’on passe aux naseaux, devait être en forme de croc ; on l’entrait dans la mâchoire du crocodile quand il bâillait et ensuite on tirait dessus. Le silsal, icXot’ov, gurgustium, la pique à poissons, est plutôt un instrument rectiligne, mais terminé par une pointe de flèche permettant de percer l’animal et de le tirer à soi. C’est cet instrument qui paraît être figuré sur les scènes de chasse à l’hippopotame ou au crocodile. Voirt. i, fig. 472, 473, col. 1552, 1554 ; t. ii, fig. 408, col. 1126. — Amos, iv, 2, parlant des femmes de Samarie, dit que le Seigneur les fera enlever avec des sinnôf. La sinnâh, ôicXov, contus, tire son nom de sa ressemblance avec les épines, sinnim. C’est un harpon aigu et légèrement recourbé, à l’aide duquel on enlève le poisson. Il est possible que primitivement la sinnâh n’ait été qu’une grosse épine qu’on utilisait en la laissant attachée à la branche. Voir

Hameçon.
H. Lesêtre.
    1. HARSÀ##

HARSÀ (hébreu : ffarsâ ; Septante : 'Apr.uâ, I Esd. il, 52, et 'AS<%?âv, II Esd., vii, 54), chef d’une famille de Nathinéens qui revinrent d’exil avec Zorobabel. I Esd., n, 52 ; II Esd., vii, 54.

    1. HARTMANN Anton Theodor##


HARTMANN Anton Theodor, théologien et orientaliste allemand, protestant, né à Dusseldorf le 25 juin 1774,

mort à Rostock le 20 avril 1838. Il devînt en 18Il professeur de théologie à l’Université de Rostock. Ses principaux ouvrages sont : Aufklàrung ûber À sien fur Bibelforscher, ^ in-8°, Oldenbourg, 1806-1807 ; Die Hebrâerin am Putztische und als Braut, 3 in-8°, Amsterdam, 1809-1810 ; Supplementa ad J. Buxtorfii et W. Geseni Lexica, in-4°, Rostock, 1813 ; Thesauri linguæ hébraicm e Mischna augendi, 3 in-8°, Rostock, 1825-1826 ; Linguistiche Einleitung in das Studium der Bûchades Alten Testaments, in-8°, Rostock, 1818 ; Historisch-kritische Forschungen ûber die Bildung, das Zeitalter und Plan der fûnf Bûcher Moses, in-8°, Rostock et Gustrow, 1831 ; Die enge Verbindung des Alten Testaments midem Neuen, in-8°, Hambourg, 1831. Voir Redslob, dans YAllgemeine deutsche Biographie, t. x, 1879, p. 680.

    1. HARTUMMIM##

HARTUMMIM (hébreu : hartummîm). Voir Divination, 2°, t. ii, col. 1443.

    1. HARUPHITE##

HARUPHITE (hébreu : ha-Jfârufi, et au keri : ha-lfârifî ; Septante : 4 XapccitpiY|X ; Codex Alexandrinus : ’Apou<p(), nom patronymique appliqué à Saphatia de la tribu de Benjamin, qui serait, d’après la leçon plus correcte du keri, un descendant de Jfarif. Par., xii, 5. Ce Saphatia, fils de Hârif, au temps de David, était peut-être de la même famille que les fils de Harif (Vulgate : Hareph), qui revinrentà Jérusalem au temps de Zorobabel. Il Esd., vii, 24. Voir Hareph.

    1. HARUS##

HARUS (hébreu : Ifârus ; Septante : ’Apoiic), père de Massalémeth, épouse de Manassé et mère d’Amon, roi d « Juda. Harus était de Jétéba (hébreu : Yotbâh). IV Reg., xxi, 19.

    1. HARWQDD Edouard##


HARWQDD Edouard, philologue anglais, de la secte des unitaires, né en 1729, dans le comté de Lancastre, mort à Londres le 14 janvier 1794. Il se livra d’abord à l’enseignement et acquit une grande connaissance de la langue grecque. En 1765, il était à Bristol, où il exerçait les fonctions de ministre ; mais ses mauvaises mœurs et ses doctrines entachées „d’arianisme le forcèrent à chercher un refuge à Londres, où il vécut péniblement et mourut dans la misère. Parmi ses nombreux écrits, nous n’avons à mentionner que les suivants : A new Introduction to the study and knowledge of the New Testament, in-8°, Londres 1767 ; À libéral Translation of the New Testament, 2 in-8°, Londres, 1767 ; The New Testament collated with the mostapproved Ms. with sélect notes in English, critical and explanatory, 2 in-12, Londres, 1776. — Voir W. Orme, Bibliotheca

biblica, p. 232.
B. Heurtebize.
    1. HASABAN##

HASABAN (hébreu : Ifâsubah ; Septante : 'A<rot>6l ; Codex Alexandrinus : ’Aos6à), un des fils de Zorobabel. I Par., iii, 20.

. HASABIA ou HASABIAS (hébreu : Qâsabyâh, et Bîàsabyâhû, « Jéhovah estime, » Septante : ’AeraëJa ou "Aoraëiccç), nom de neuf prêtres ou lévites ; l’hébreu en compte quatre autres que la Vulgate orthographie Ilasébia.

. 1. HASABIAS (Septante : ’AatSti), lévite, fils d’Amasias, un des ancêtres d’Êtlian le chantre, dans la branche de Mérari fils de Lévi. I Par., vi, 45 (hébreu, 30).

2. HASABIAS (hébreu : BîâSabyâhû), lévite, le quatrième des six fils d’Idithun, maître de chant du temps de David, I Par., xxv, 3. Il était à la tête de la douzième classe de chanteurs. I Par., xxv, 19. Dans ce dernier passage, les Septante d’après le texte du Codex Vaticanus ont’Apid, mais le Codex Alexandrinus porte’Aoa6 ; ’a.

3. HASABIAS (hébreu : Bîàsabyâhû), lévite de la famille d’Hébron, fils de Caath. Lui et les Hébronites au nombre de 1700 avaient la surintendance de tout ce qui concernait le culte du Seigneur, et le service du roi, à l’ouest du Jourdain. I Par., xxvi, 30.

    1. HASABIAS##


4. HASABIAS, lévite, fils de Camuel et chef de la tribu de Lévi au temps de David. I Par., xxvii, 17.

5. HASABIAS (hébreu : Bîàsabyâhû), un des chefs des lévites qui, du temps du roi Josias, fournirent auxlévites ce qui était nécessaire pour célébrer la Pâque. II Par., xxxv, 9.

G. HASABIAS (Septante : ’Aueêefa), lévite de la branche de Mérari, qui revint de Babylone avec Esdras. I Esd., vin, -19. Peut-être est-ce le même personnage que le lévite appelé par la Vulgate Hasébia. I Par., ix, 14.

    1. HASABIAS##


7. HASABIAS, un des princes des prêtres qui accompagna aussi Esdras à son retour. I Esd., viii, 24.

8. HASABIA (Septante : omis dans le Vaticanus, mais Codex Alexandrinus : ’Auaëîa), lévite, fils de Boni. II Esd., xi, 15.

    1. HASABIAS##


9. HASABIAS, lévite, ancêtre d’Azzi, et fils de Mathanias. II Esd., xi, 22. E. Levesque.

    1. HASADIA##

HASADIA (hébreu : Blasadyâh, a. Jéhovah fait miséricorde ; » Septante : Aera8îa), un des fils de Zorobabel. I Par., iii, 20. Peut-être est-il né après le retour de la captivité : il est énuméré parmi les cinq derniers enfants de Zorobabel, séparés des trois premiers et paraissant former une catégorie à part.

    1. HASARSUHAL##

HASARSUHAL (hébreu : Ifàsar Sû’âl ; Septante : ’Effsperouâi), ville de la tribu de Siméon. I Par., iv, 28. Elle est appelée ailleurs Hasersual. Jos., xv, 28 ; xix, 3 ; II Esd., xi, 27. Voir Hasersual.

    1. HASARSUSIM##

HASARSUSIM (hébreu : Ifâsar sûsîm ; « le village des chevaux » ; Septante : 'Huao><jsw<sh), ville de la tribu de Siméon, I Par., iv, 31, appelée ailleurs Hasersusa. Jos., xix, 5. Voir Hasersusa.

    1. HASBADANA##

HASBADANA (hébreu : Ifasbaddânâh ; Septante : omis dans le Codex Vaticanus ; dans Y Alexandrinus : ’A<raëaau.â, et Sinaiticus : ’AdaëSavâ), un des lévites qui se tinrent à la gauche d’Esdras pendant qu’il lisait la loi au peuple rassemblé à Jérusalem. II Esd., viii, 4.

    1. HASBÉYA##


HASBÉYA, ville de Galilée, appelée N’son dans le Talmud, Demai, ii, 1 (voir M. Schwab, Talmud de Jérusalem, t. ii, 1878, p. 145), que plusieurs géographes, probablement à’tort, identifient avec Baalgad. Jos., xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 15. Voir Baalgad, t. ii, col. 1337. Située sur le versant occidental de l’Hermon, elle est bâtie en amphithéâtre dans l’ouadi et-Teim, au fond d’un vallon, sur le flanc occidental. Les deux côtés de la vallée sont cultivés en terrasses jusqu’à leur sommet et couverts de vignes et d’oliviers. Il y a dans les environs beaucoup de mines de bitume. À une demi-heure d’Hasbéya, au nord, est la source de Hasbani, la source la plus septentrionale du Jourdain. Voir V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 287 ; Ed. Robinson, Bïblical researches, 2e édit., t. iii, p. 380.

    1. HASÉBIA ou HASÉBIAS##

HASÉBIA ou HASÉBIAS (hébreu : HâHbijâh : Septante : ’Aaaêia, ’Aaa61aç), nom d’un prêtre et de trois lévites.

    1. HASÉBIA##


1. HASÉBIA, lévite, de la branche de Mérari, un des premiers habitants de Jérusalem au retour de la capti

vite de Babylone. I Par, , ix, 14.. Il pourrait bien être le même que le lévite Hasabia de I Esd., viii, -19. Voir Hasabia, 6.

    1. HASÉBIAS##


2. HASÉBIAS, lévite, chef d’une des [deux circonscriptions du territoire de Géila. Il rebâtit une partie dès remparts de Jérusalem. II Esd., iii, 17.

3. HASÉBIA (Septante : omis dans le Codex Vaticanus, II Esd., x, 11 ; Alexandrinus : 'E<re6(a ;  ; Codex Vaticanus : 'ASla ; Alexandrinus : 'Aoaëla. pour II Esd., xii, 24), un des lévites signataires de l’alliance théocratique, renouvelée sous Néhémie. II Esd., x, 11. Il paraît être le même que Hasébia un des chefs des lévites, sous le pontificat de Joacim, fils de Josué. II Esd., xii, 24, 26.

4. HASÉBIA (Septante : omis dans le Codex Vaticanus et Y Alexandrinus), prêtre de la famille d’Helcias, sous le pontificat de Joacim, fils de Josué, après le retour de la captivité de Babylone. II Esd., xil, 21.

    1. HASEBN À##

HASEBN À (hébreu : ffàSabndh ; Septante : 'Eoaëavâ), un des chefs du peuple qui signèrent après Néhémie le renouvellement de l’alliance. II Esd., x, 25.

    1. HASEBNIA##

HASEBNIA (hébreu : Ifaiabneyâh ; Septante : omis), un des lévites qui, au temps de Néhémie, firent au nom du peuple l’aveu du péché et la prière. II Esd., ix, 5.

    1. HASEBONIA##

HASEBONIA (hébreu : Ifasabneyâh ; Septante : 'A<T6avâ[i ; Codex Alexandrinus : 'Aaëavia.), pèrede Hattus qui rebâtit une partie des remparts de Jérusalem. Il Esd., iii, 10.

    1. HASEM##

HASEM (hébreu : IfâMm ; Septante : 'Aoip ; Codex Alexandrinus : 'A<rdu(ji), chef d’une famille du peuple dont les membres revinrent avec Zorobabel au nombre de 328. Dans la liste parallèle, 1 Esd., Il, 19, il est, appelé dans la Vulgate Hasuni ; de même dans II Esd., x, 48, et Hasom dans I Esd., x, 33.

E. Levesque. HASÉRIM (hébreu : Ifâsêrim ; Septante : Codex Vaticanus : 'AarfiM ; Codex Alexandrinus : 'AtïjpcoO), nom que les Septante et la Vulgate ont inexactement pris pour un nom propre. Il est dit, Deut., ii, 23, que les Caphtorim chassèrent les Hévéens « qui habitaient ba-hâsêrîm jusqu'à Gaza », c’est-à-dire au sud-ouest de la Palestine. L’hébreu hàsêrim est le pluriel de hàsêr, dont l'état construit, hâsar, se trouve dans plusieurs noms composés : Ifâsar-' Adddr, Vulgate : villa nomine Adar, Num., xxxiv, 4 ; ffàsar-Gadddh, Asergadda, Jos., xv, 27 ; tfâsar-Sûsdh, Hasersusa, Jos., xix, 15 ; ffâsar 't, nân, villa Enan, Num., xxxiv, 9, 10 ; Ifâsar Sû'al, Hasersual, Jos., xv, 28. Une autre forme du pluriel, tf&sèrôt, indique une station des Israélites dans le désert. Num., xr, 35. Or, ce mot signifie proprement « lieu entouré de clôtures ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 512. Il correspond aux douars des Arabes d’Afrique. Voir Haséroth. Le passage du Deutéronome que nous venons de citer représente donc les Hévéens comme une tribu nomade qui habitait dans ces sortes de campements, « dans les clôtures, » et non pas a à Haserim ». De même presque toutes les localités dont le nom a pour élément hâsar se trouvaient sur les confins du désert ou dans le désert même. Il faut ajouter cependant que hâçêrîm indique aussi de simples villages, qui ne sont pas, comme les villes, protégés par des murailles, ce que les Septante appellent ticailtK, *<3|tai. Cf. Lev., xxv, 31 ; Jos., xiir, 23, 28 ; xv, 32. Voir Hévéens.

A. Legendre.
    1. HASÉROTH##

HASÉROTH (hébreu : B~âsêrôt ; Septante : 'A<n)p<18,

Nuin., xi, Si ; xiir, 1 (hébreu, xii, 16) ; xxxiii, 17, 18 ;

AûXiiv, Deut., i, 1), une des stations des Israélites dans

le désert, après leur départ du Sinaï. Num., xi, 34 ; xiii,

1 ;.xxxiii, 17, 18 ; Deut., i, 1. L’hébreu hâsêrôf signifie « clôtures, enceintes ». Voici comment l’explique un voyageur, E. H. Palmer, The désert of the Exodus, Cambridge, 1871, t. ii, p. 321 : « Les Maghrabins ou Arabes d’Afrique, venus primitivement de l’Arabie, ont conservé plusieurs usages domestiques tombés en désuétude dans leur patrie d’origine. Ils demeurent sous la tente, comme les Bédouins de l’Orient, mais n'étant pas, comme ceux-ci, entourés de gens de leur propre race, ils sont exposés à de fréquentes attaques de la part dés tribus qui habitent les montagnes de l’Atlas. Pour se protéger contre ces incursions, ils ont recours à une très ancienne méthode de fortification. Quand le lieu propice à un campement a été choisi, le bétail, regardé comme la plus grande richesse de la tribu, est réuni en un seul endroit, et les huttes ou les tentes sont dressées à l’entour en forme de cercle ; le tout est alors environné d’un petit mur de pierres, destiné à servir de défense ; entre les pierres sont placés d'épais fagots d’acacia épineux, dont les branches entrelacées et les pointes en forme de longues aiguilles constituent autour du camp une barrière infranchissable. C’est ce qu’on appelle douars ; on ne peut guère douter que ces douars ne soient la même chose que les hâsêrôt ou « clôtures » en usage parmi les tribus pastorales mentionnées dans la Bible. » — Cette station, mentionnée après celle de Qibrôt ha{ta'âvdh ou « les Sépulcres de concupiscence », Num., xi, 34, est depuis longtemps identifiée avec 'Aïn Ifadrah ou Jfûdrah. Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 151 ; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 81-83. L’arabe ïwô^,

Ifadrah, reproduit exactement l’hébreu n’nsn, ffâsêrôf.

et donne un sens équivalent : « habitation, parvis, maison. » Le site correspond oralement aux données scripturaires. C’est une oasis qu’on rencontre au nordest du Djebel Mûsa, dans la direction d’Akabah, à huit heures d’Eruéis el-Ébéirig, où une conjecture probable place Qibrôt hatta'âvâh. Elle se trouve un peu à gauche de la route principale qui va du Sinaï à Akabah, et qui, après avoir quitté l’ouadi Sa’al, passe à travers une plaine de sable, avant d’entrer dans l’ouadi Ghuzaléh. En montant quelque temps dans cette plaine, le voyageur atteint une gorge taillée dans le roc calcaire, à travers laquelle il aperçoit, vers le nord-ouest, Vouadi Ifadrah s’allongeant entre des rochers de grès, aux formés fantastiques, aux couleurs éclatantes, avec, au delà, une forêt de pics montagneux et, à gauche, une large vallée conduisant vers le Djebel et-Tih. Au milieu de l’ouadi Ifadrah, se dresse un bosquet de palmiers, d’un vert sombre, avec la source 'Aïn Ifadrah, qui sort du rocher par derrière. L’eau abondante a le goût douceâtre de celle de Gharandel ; un conduit creusé dans le granit la déverse dans un bassin, d’où elle se répand à travers les jardins que les Arabes cultivent encore aujourd’hui en cet endroit. Le paysage est sans contredit un des plus beaux du désert. Cf. Ordnance Survey of the Peninsula of Sinai, Southampton, 1869, t. i, p. 122 ; E. H. Palmer, The désert of the Exodus, t. ii, p. 312 ; M. J. Lagrange, L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, t. ix, 1900, p. 276. — Cette identification est combattue par Keil, Numeri, Leipzig, 1870, p. 246, et H. C. Trumbull, Kadesh-Barnea, NewYork', 1884, p. 314. — Au commencement du Deutéronome, i, 1, la Vulgate ajoute au nom d’Haséroth ces mots : « où il y a beaucoup d’or. » L’hébreu Dizdhdb, qu’ils traduisent, indique plutôt un nom de lieu.

Voir Dizahab, t. ii, col. 1453.
A. Legendre.
    1. HASERSUAL##

HASERSUAL (Ifâsar Sû'dl, « le village » ou plutôt « le douar du chacal » ; Septante : XuvocffccoXâ, Jos., xv, 28 ; 'ApuuXi, Jos., xix, 3 ; 'E<n)peouÀâ6, I Par., iv, 28 ; omis, II Esdr. xi, 27 ; Codex Alexandrinus : 'AuapuovXi,

Jos :, xv, 28 ; 2ep<rouX « , Jos., xix, 3 ; ’Erepaoua)., I Par., iv, 28 ; ’EoepsooX, II Esd., xi, 27 ; "Vulgate : Ifasersual, Jos., xv, 28 ; xix, B ; II Esd., xi, 27 ; Hasarsuhal, I Par., IV, 28), ville de la tribu de Juda, Jos., XV, 28, assignée " plus tard à Siméon, Jos., xix, B ; I Par., iv, 28, réhabitée, après la captivité, par les enfants de Juda, II Esd., XI, 27. Elle appartenait à l’extrémité méridionale de la Palestine. Elle n’a pu, jusqu’ici, être identifiée, comme la plupart des localités qui se trouvent dans le même groupe. Deux seulement, dont elle est rapprochée dans les différentes énumérations, Molada ou Tell el-Milh, et Bersabée, Bir es-Séba’, pourraient servir de point de

repère.
A. Legendre.
    1. HASERSUSA##

HASERSUSA (hébreu : ifâsar Sûsâh, Jos., six, 5 ; IXàsar Sûsïm, I Par., iv, 31, « le village des chevaux ; » Septante : Codex Vaticanus : Eap<jou<recv, Jos., xix, 5 ; ’Hiu’ïuæoopiji., I Par., iv, 31 ; Codex Aleooandrinus : ’A<rsp<rou<rî(i, Jos., XIX, 5 ; ’H[ii<rusti)<yfu., I Par., iv, 31 ; Vulgate : Hasersusa, Jos., xix, 5 ; Hasarsusim, I Par., iv, 31), ville de la tribu de Siméon, située par là même au sud de la Palestine. Jos., xix, 5 ; I Par., iv, 31. Le nom hébreu, par sa signification, semble indiquer un antique dépôt ou relais de cavalerie, de même que Bethmarchaboth, « maison des chars, » qui le précède, désigne probablement un entrepôt de chars de guerre. Voir Bethmarchaboth, t. i, col. 1696. Mais, où se trouvait la ville ? C’est encore un problème aujourd’hui. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 172, serait tenté de l’identifier avec Khirbet Sûsiyéh, localité située dans les montagnes dé Judée, au sud d’Hébron. Il est certain que le rapport onomastique est frappant, mais la position nous semble beaucoup moins convenable. Le village, placé entre El-Kurmul, Carmel, Khirbet Ma’în, Maon, et Es-Semu’a, Istemo, appartient à une portion du territoire de Juda, distincte de celle qui fut concédée à Siméon. Cf. Jos., xv, 26-31, 50, 55 ; xix, 2-6. On a proposé aussi,-d’après Tristram, Susîn, ou Beit Susîn, sur la route des caravanes de Gaza en Egypte. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 82. L’emplacement serait meilleur. — Dans la liste de Josué, xv, 26-31, parallèle à celle de Jos., xix, 2-6, on trouve Sensenna (hébreu : Sansanna) au lieu de Hasersusa. Reland, PaUestina, Utrecht, 1714, t. i, p. 152, est disposé à croire que les deux noms indiquent une même ville. Voir

Sensenna.
A. Legendre.
    1. HASIM##

HASIM (hébreu Jfuiim ; Septante : omis dans le Codex Vaticanus ; ’Aaàë, dans Y Alexandrinus), donné comme le fils d’Aher dans la Vulgate. I Par., vii, 12. Le texte hébreu a le mot fils au pluriel, ffuHm benê’ahêr, « Husim les fils d’Aher. » Le texte de ce verset a évidemment souffert : aucune des nombreuses restitutions essayées n’est bien satisfaisante.

    1. HASOM##

HASOM (hébreu : IfâSum ; Septante : ’H<rdtii), père de plusieurs Israélites qui renvoyèrent les femmes étrangères prises à Babylone contrairement à la loi. I Esd., x, 33. Voir Hasum 1.

    1. HASOR##

HASOR, ville chananéenne. I Keg., xii, 9. Ce nom est écrit ailleurs Asor. Voir Asor 1, t. i, col. 1105.

H ASRA (hébreu : Biasrdh ; Septante : XiMufo ; Codes. Alexandrinus : ’E<rmpr), père de Thécuath, ancêtre de la prophétesse Holda. II Par., xxxiv, 22. Dans le passage parallèle, IV Reg., xxii, 14, il est appelé Harhas (Vulgate : Amas).

    1. HASSÉMON##

HASSÉMON (hébreu :. Jfé&môn ; Septante : omis), ville de la tribu de Juda, située à l’extrémité méridio- ( nale de la Palestine, et mentionnée une seule fois dans I

l’Écriture. Jos., xv, 27. Elle est, comme la plupart des localités de ce groupe, restée inconnue.

A. Legendre.
    1. HASSUB (hébreu##


HASSUB (hébreu, : Hmùb ; Septante : ’AmiS), lévite de la branche de Mérari, père de Seméia, I Par., rx, 14. Dans la généalogie parallèle de II Esd., xi, 15, il est appelé Hasub dans la Vulgate. Voir Hasub 3. "

    1. HASUB (hébreu -##


HASUB (hébreu -.IfaSSûb ; Septante : ’A<ro-j6, sauf dans II Esd., x, 23, où on lit : ’A<roû9, mais le Codex Alexandrinus a la leçon ordinaire’Asoùë), nom de trois Israélites.

1. HASUB, fils de Phahath-Moab, rebâtit une partie de la muraille de Jérusalem et la tour des Fours. II Esd., m, 11.

2. HASUB bâtit vis-à-vis de sa maison une partie des remparts de Jérusalem, au retour de l’exil. II Esd., iii, 23. Il est différent du précédent. Il paraît être le même personnage que Hasub, un des chefs du peuple qui signèrent l’alliance. II Esd., x, 23.

S. HASUB, lévite père de Séméia, dans la branche de Mérari. II Esd., xi, 15. C’est le même personnage que la Vulgate appelle Hassub dans I Par., IX, 14.

    1. HASUM##

HASUM (hébreu : Hdsum), nom de deux Israélites. »

1. HASUM (Septante : I Esd., ii, 19, ’Aai^ ; Codex Alexandrinus : ’Auoil[i ; dans les autres endroits : ’Huo[i), chef d’une famille du peuple dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabel au nombre de 223. ! Esd., h, 19. Dans la liste parallèle, II Esd., vii, 22, il est nommé Hasem par la Vulgate. Le nombre des membres de cette famille est dans ce dernier passage de 328. Plusieurs des fils de Ifâs’um renvoyèrent les femmes étrangères qu’ils avaient prises à Babylone contrairement à la loi. I Esd., x, 33 : dans cet endroit la Vulgate donne le nom sous la forme Hasom. Hasum, chef d’une famille du peuple qui se trouve parmi les signataires de l’alliance, II Esd., x, 18, est vraisemblablement le même personnage.

2. HASUM (Septante : omis dans le Codex Vaticanus qui ne nomme que quatre lévites au lieu de sept ; le Codex Alexandrinus a’Q<jâ[i), lévite qui se tenait avec sis autres lévites à la gauche d’Esdras pendant qu’il faisait au peuple la lecture de la loi. II Esd., viii, 4.

    1. HASUPHA##

HASUPHA (hébreu : tfâsûfâ’et Bîàèufâ ; Septante.’Auouçé ; Codex Alexandrinus : ’Auouçâ pour I Esd., Il, 43 ; et’A<yqu, Codex Alexandrinus : ’Aotiçô pour II Esd., vil, 47), chef d’une famille nathinéenne qui revint de la captivité de Babylone avec Zorobabel. I Esd., Il, 43 ; II Esd., vii, 47.

    1. HATHATH##

HATHATH (hébreu : B~âtaf, Septante : ’AOiO), un des fils d’Othoniel, descendant de Cénez. I Par., iv, 13.

    1. HATIL##

HATIL (hébreu : Hattil ; Septante : ’Ateiâ ; Codex Alexandrinus : ’ArréX, pour I Esd., Il, 57, et’Ey^X, Codex Alexandrinus : ’EtrijX pour II Esd., vii, 59), chef d’une famille, « les fils d’Hattil, » rangée après les Nathinéens parmi les fils des serviteurs de Salomon. Ils revinrent de la captivité de Babylone avec Zorobabel. I Esd., ii, 57 ; II Esd., vil, 59.

    1. HATIPHA##

HATIPHA (hébreu : ifâtifâ’; Septante : ’Atouçix ; Codex Alexandrinus : ’Azupi pour I Esd., ii, 54 ;. et’Axtiçi pour II Esd., vii, 56), chef d’une famille de Nathinéens dont les membres revinrent à Jérusalem avec Zorobabel. I Esd., ii, 54 ; II Esd., vii, 56.

    1. HATITA##

HATITA (hébreu : IJâtità' ; Septante : 'Arfui, chef d’une famille de lévites, appelés « fils de portiers », I Esd., u, 42, et « portiers », II Esd., vii, 45 (Vulgate, 46), c’està-dire chargés de la garde des portes du Temple. Cette famille, ainsi que celles de plusieurs autres portiers, revint de la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 42 ; II Esd., vu, 45.

    1. HATTUS##

HATTUS (hébreu : (fallût), nom de trois Israélites.

1. HATTUS (Septante : Xarro-jç, I Par., iii, 22, et 'Atto-jç, I Esd., viii, 2), fils de Séméia et petit-fils de Séchénias dans la descendance de Zorobabel. I Par., iii, 22. Probablement on doit l’identifier avec le Hattus des fils de David qui revint de captivité avec Esdras. I Esd., vm, 2.

2. HATTUS (Septante : 'AttoûO ; Codex Alexandrinus : 'AutoÛç), fils d’Hasébonia, qui rebâtit une partie des remparts de Jérusalem, en face de sa maison. II Esd., iii, 10.

3. HATTUS (Septante : 'AttoiSç, II Esd., x, 4 ; omis dans II Esd., xii, 2, mais Codex Alexandrinus /Attôuç), prêtre qui signa l’alliance théocratique à la suite de Néhémie. II Esd., x, 5. Il était revenu de la captivité de Babylone avec Zorobabel. II Esd., xii, 1, 2.

    1. HAUTS-LIEUX##


HAUTS-LIEUX. I. Sens et étyhologie. — HautLieu répond à l’hébreu bâmâh, pluriel bdmôf. Le kamets est impur comme si le mot dérivait de la racine bùm. Mais cette racine n’existe ni en hébreu ni dans aucune langue sémitique. Le mot bâmâh lui-même n’est usité qu’en hébreu et en assyrien, où il s’emploie générale-' ment au pluriel. Delitzsch, Assyr. Handwôrt., p. 177. On a comparé le persan bàm, sommet, toit d’une maison, et le grec pw^ç, éminence naturelle ou artificielle. Bm[j.ôç, qui dans la langue commune veut dire autel, signifiait primitivement"estrade. lliad., viii, 441. Les Septante rendent en général bâmâh par unijXïi dans le Pentateuque, par ta tyrikâ, ta û^r, dans les livres historiques et par (3u>[j.ôç dans les prophètes. La Vulgate traduit d’ordinaire excelsum et quelquefois fanum. — Quelle que puisse être l'étymologie, le sens originaire du mot est certainement hauteur, lieu élevé. Ce sens ressort avec évidence en assyrien, où les bamâti sont opposés aux plaines, et même en hébreu, où le peuple monte vers les bâmôt, I Reg., ix, 13, 19 ; Is., xv, 2, et en descend. I Reg., x, 5. On trouve parfois bâmâh employé dans ce sens primitif, II Reg., i, 18 (super excelsa tua y est mis en parallélisme avec super montes tuos) ; Mïch., iii, 12, Jer., xxvi, 18 (la montagne du Temple sera changée ; en hauteurs [bâmôf] boisées) ; de même Ezech., xxxvi, 2 ; Num., xxi, 28. Plus souvent bâmâh signifie lieu fortifié, les forteresses étant bâties de préférence sur les hauteurs. Ps. xviii, 34 (hébr.) ; Hab., iii, 19 ; Am., iv, 13 ; Mich., i, 3 ; Deut., xxxii, 13 ; xxxiii, 29 ; Job, ix, 8 ; Is., xrv, 14 ; lviii, 14. Mais le sens le plus usuel de beaucoup est : 1) hauteur où l’on rend un culte à la divinité ; 2) par extension, sanctuaire construit sur les hauteurs ; 3) enfin lieu d’adoration ou sanctuaire quelconque, même dans les plaines et dans les vallées. Jer., vii, 31 {bâmôt de Topheth, dans la vallée des fils d’Hinnom) ; IV Reg., xvii, 9. Il faut remarquer que le sens religieux est à peu près le seul connu des prosateurs, les deux autres acceptions étant plus ou moins poétiques. Poétique aussi serait le sens de tumulus funéraire s’il était établi. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 188. — Bâmâh, très fréquent au pluriel, est assez rare au singulier. Il s’applique au singulier : — 1. au grand bâmâh de Gabaon, 1Il Reg., iii, 4 ; I Par., xvi, 39 ; xxi, 29 ; II Par., i, 3, 13 ; — 2. à celui de Rama où se rencontrent Saül et Samuel, I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25 ; — 3. à celui de


Gabaath-Élohim, I Reg., x, 5, 13 ; — 4. au sanctuaire fondé par Jéroboam à'Béthel, IV Reg., xxiii, 15 ; — 5 à l'édicule élevé par Salomon en l’honneur de Chanios, III Reg., xi, 7 ; — 6. à un lieu indéterminé. Ezech., xx, 29 ; Jer., xlvhi, 35 ; Is., xvi, 12. — On peut se demander si bâmâh ou bâmôf (la distinction entre le pluriel et le singulier est souvent difficile à faire) ne désigne pas en outre un objet servant au culte ou relatif au culte. Mésa nous apprend (ligne 3 de son Inscription) qu’il a fait ce bâmat (ou ces bâmôt) à Chamos, et par là il paraît entendre la stèle commémorative elle-même, érigée en action de grâces des bienfaits reçus de son dieu. Ézéchiel dit que Jérusalem, sous la figure d’une prostituée, a pris ses habits et en a fabriqué des bâmôf telu'ôf (tentes ou dais faits de morceaux cousus ensemble). Ezech., xvi, 16. Josias fait brûler le bâmâh, expressément distingué de l’autel, que Jéroboam avait érigé à Béthel. IV Reg., xxiii, 15. Cependant le bâmâf de Mésa peut être un édicule contenant la stèle ; celui d’Ezéchiel, une sorte de tabernacle formé de tentures ; et celui de Jéroboam, un édifice en planches bâti près de l’autel. Nous retombons ainsi dans l’un des trois sens ordinaires.

II. Symbolisme.

Chez un grand nombre de peuples les montagnes furent le temple de la divinité. Suivant Hérodote, i, 131, les Persans immolent à Jupiter, c’està-dire à leur dieu suprême, sur les plus hautes montagnes : Ati [liv êicl zk >ùr{klnaTa td>v oùpéeov àva6a(vovTaç 8)<n’aç ÊpS’sv. On faisait de même en Asie Mineure (Apollonius de Rhodes, Argonaut., Il, 524), ainsi que dans le monde grec, où toutes les cimes élevées étaient dédiées à Jupiter. Vossius, In Melam, i, 2. C’est surtout dans le pays de Moab et la terre de Chanaan que cet usage était en vigueur, comme nous l’apprennent les écrivains sacrés, mais il est faux de prétendre, ainsi que le font souvent les rationalistes, qu’il est exclusivement propre à ces peuples et que les Hébreux doivent le leur avoir emprunté ; comme si le monde grec n’avait pas ses acropoles, la Chaldée et le pays d'Élam ses ziqqurat, l’Egypte ses éminences artificielles et l’univers entier ses montagnes sacrées. Que les Hébreux aient hérité des HautsLieux de Chanaan comme de son territoire est. une théorie qui, pour être aujourd’hui très en vogue, n’en. est pas plus fondée pour cela. Cf. J. Wellhausen, Prolegomena zur Géschichte Isræls, 1886, p. 18 ; R. Smend, Lehrbuch der alttestam. Beligionsgeschichte, 1899, p. 157. En sens contraire, J. Robertson, The early Religion oflsroel, 5° édit., 1896, p. 248.

Un fait si général doit avoir ses racines dans les profondeurs de l’instinct religieux. On peut en donner trois raisons : — 1. Les montagnes étaient regardées comme plus rapprochées de Dieu et plus aptes, par conséquent, à établir le commerce entre le ciel et la terre. À défaut de montagnes on construisait des tours de Babel, des ziqqurrat, pour se rapprocher du ciel. — 2. Elles étaient considérées comme la demeure même des dieux. Chez Homère les dieux descendent toujours des crêtes escarpées et y remontent après avoir secouru leurs fidèles On sait que les Chaldéens appelaient Aralu la montagne où leurs grands dieux faisaient leur séjour. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 118. L’Olympe, le Pélion, l’Ida, le Casius et, en Palestine, l’Hermon, le Carhiel, le Thabor ; etc., furent toujours honorés comme la demeure des immortels. — 3. Les montagnes, par leur altitude, symbolisent la majesté de Dieu et font naître naturellement en nous le sentiment de sa grandeur. Toute montagne est appelée montagne de Jupiter : II5v ôpoc toû Alix ; opoî ôvo(*àC6Tat, dit Mélanthe, De sacrificiis. Peutêtre les montagnes de Dieu, Ps. xxxv, 7, doivent-elles s’entendre de même ; mais la chose reste douteuse.

A côté de ces avantages, les hautes montagnes avaient des inconvénients : l’accès difficile, l’impossibilité de s’y réunir en grand nombre et le manque d’eau, qui les rendaient impropres aux banquets sacrés, conclusion

m. - is

nécessaire de tous les sacrifices qui n’étaient pas des holocaustes. Pour ces motifs, les collines d’élévation médiocre furent souvent préférées, et surtout les bosquets arrosés par une source abondante ; la colline offrait un point de repère suffisant au rassemblement religieux et le bosquet prétait à la fête le charme de son ombre et la fraîcheur de son eau. Tous ces endroits, en dépit de l’étymologie, étaient compris sous le nom général de Hauts-Lieux. La formule complète était : Sacrifier sur toute montagne et sur toute colline et sous tout arbre touffii. Deut., xii, 2 ; III Reg., xiv, 23 ; IV Reg., xvi, 4 ; xvil, 10 ; II Par., xxviii, 4 ; Is., lvii, 5 ; Jer.,

mêmes arbres solitaires. Seulement ils ont érigé sue les montagnes sacrées un kubbéh, petit édifice à coupole blanche, qui marque pour eux la tombe d’un seheikh, d’un ouély (saint) ou d’un néby (prophète), et donne à leur vénération une couleur orthodoxe. Ces endroits s’appellent toujours maqâm comme dans le Deutéronome : Détruisez tous les lieux (meqômôt, pluriel de nias qôm) où les gentils adorent leurs divinités. Deut., xii, 2. Les fontaines vénérées de nos jours et les arbres où les Arabes suspendent des haillons en ex-voto sont associés de même à la mémoire d’un patriarche ou d’un saint. Clermont-Ganneau, The Survey of Western Pales 116. — Bâmâk assyrien. Bas-relief du British Muséum.

il, 20 ; iii, 6, 13 ; xvii, 2 ; Ezech., vi, 13 ; xx, 28. La raison de ce choix est expressément indiquée par Osée, iv, 13 : « Ils sacrifiaient sur la cime des montagnes, et ils brûlaient de l’encens sur les collines, sous le chêne, le peuplier et le térébinthe ; car l’ombrage en est agréable. » L’agrément de l’endroit lui-même, le silence recueilli de sa solitude, le paisible mystère de sa retraite, la vue des grands arbres, témoignage de la fécondité de la nature sans le travail de l’homme, l’abri d’un frais ombrage contre les ardeurs d’un soleil oriental, la proximité de l’eau pour les ablutions, les libations et le festin sacré, surtout quand le culte religieux avait lieu en plein air et revêtait trop souvent un caractère dissolu et impudique : telles étaient sans doute les raisons d’être des Hauts-Lieux chananéens.

Mais il est curieux de noter que les mêmes endroits ont continué à exercer à travers les âges les mêmes séductions sur les habitants du pays. Malgré leur rigoureux monothéisme, les musulmans de nos jours vénèrent encore Iss mêmes collines, les mêmes sources, les

Une, Londres, 1881, p. 325 ; Conder, Tent Work in Palestine, 1880, p. 304-310. Ces faits, en nous montrant la persistance des coutumes locales, nous aideront à mieux comprendre l’histoire des Hauts-Lieux. — Pour les textes des auteurs classiques relatifs aux Hauts-Lieux, voir J. Spencer, De legibus Hebrseorum ritualibus earumque rationibus, . II, c. xxiii. Sur une autre explication naturelle des Hauts-Lieux, cf. W. R. Smith, Lectures on the Religion of the Sémites, 2e édit., 1894, p. 489.

III. Histoire.

Moïse et les Hauts-Lieux.

La législation

du Deutéronome, relativement aux lieux souillés par un culte idolâtrique, paraît des plus nettes. « Détruisez tous les lieux où les nations dont vous occuperez l’héritage adorent leurs divinités, sur les hautes montagnes et sur les collines et sous tous les arbres touffus. Renversez leurs autels, brisez leurs massébas, brûlez leurs achéras, mettez en pièces les statues de leurs divinités et abolissez jusqu’au nom même de ces lieux. "Vous n’agirez pas ainsi à l’égard de Jéhova, votre Dieu ;

mais l’endroit que Jéhova, votre Dieu, aura choisi parmi toutes les tribus, vous le rechercherez et vous y viendrez. » Deut., xii, 2-5. — Cette législation comprend deux parties : — 1. injonction absolue de détruire tous les édifices ou objets ayant servi au culte des idoles ; de débaptiser les lieux eux-mêmes pour effacer la mémoire d’un culte superstitieux ; — 2. défense d’offrir à Jéhovah des sacrifices en dehors d’un lieu unique, à partir d’une époque encore vague qu’une révélation ultérieure devait déterminer. Voir Sanctuaire (Unité du). — La première injonction est formelle. Elle est répétée, en termes presque identiques, en d’autres endroits du Pentateuque, Deut., vii, 5 (destruction des autels idolâtriques, des massèbâh, des’â&érâh et des statues) ; Exod., xxiii, 24 (destruction des massèbâh) ; Exod., xxxiv, 13 (destruction des autels, des massèbâh et des’âSérâh) ; Num., xxxiii, 52 (destruction des images, maikîyôf, des statues de métal fondu, salmê massékôf, et enfin des Hauts-Lieux, bâmôf). Il peut être intéressant de noter que, dans ce dernier passage, le seul où les Hauts-Lieux soient proscrits sous leur nom technique de bdmôp, Moïse ne dit pas : « Détruisez tous les Hauts-Lieux, » comme la Vulgate le donnerait à entendre, omnia excelsa vastate, mais bien : « Détruisez tous leurs Hauts-Lieux. » Ce ne sont pas les Hauts-Lieux en eux-mêmes qui sont réprouvés, mais les Hauts-Lieux de Chanaan. Cf. Lex mosaica, or The Law of Moses and the Higher Criticism, Londres, 1894, p. 266 et 502. — La seconde clause est beaucoup moins Claire. D’après la tradition talmudique, elle ne devait entrer en vigueur qu’après la construction du Temple. Quoi qu’en pensent un certain nombre d’exégètes catholiques, cette interprétation est beaucoup plus conforme soit au texte du Deutéronome, soit aux passages de l’Écriture qui l’expliquent ou y font allusion. Voyons d’abord comment l’entendit la coutume, qui a force de loi lorsqu’elle se fait l’interprète de la loi. Sur les différents sentiments des catholiques à cet égard, cf. de Hummelauer, Comment, in libros Samuelis, p. 93-95.

2° Les Hauts-Lieux depuis Moïse jusqu’à la constniction du Temple. — Les Hébreux ne furentpas toujours fidèles à détruire les autels des idoles. Tud., ii, 2. Ce fut une des suites de leur tolérance à l’égard des peuples vaincus. Cette tolérance devait les perdre. Jud., Il, 3. Tls firent disparaître, il est vrai, les monuments préhistoriques, dolmens, menhirs, cromlechs, cairns, etc., associés non sans raison au culte des idoles. On n’en rencontre aucun en Judée, un seul douteux en Samarie, un de médiocre importance dans la Basse -Galilée et quatre dans la Haute. Au contraire, ils sont fréquents dans la Syrie, au delà du Jourdain, sur les montagnes de Galaad et surtout dans le pays de Moab, où les explorateurs anglais en comptèrent, en 1881, plus de sept cents. C. R. Conder, Heth and Afoab, 3 8 édit., 1892, p. 197, 271. Dans la Palestine proprement dite, ils doivent avoir été détruits systématiquement et, ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’ils l’aient été dans la Samarie schismatique et la Galilée à moitié infidèle. Les critiques pour lesquels le Deutéronome remonte seulement à l’an 622 et le Code sacerdotal à l’an 444 ont à expliquer cela. — La loi mosaïque eut donc un commencement d’exécution. Mais, en épargnant des populations imprégnées de paganisme, les Juifs perpétuaient au milieu d’eux des foyers d’idolâtrie. Les Hauts-Lieux, détruits aujourd’hui, se relevaient le lendemain. Nous avons vu plus haut combien sont tenaces les coutumes populaires. Aussi, dans tout l’Ancien Testament, nous entendons parler sans cesse des Hauts-Lieux chananéens et du culte infâme qui s’y pratiquait.

Du reste, les Juifs ne s’interdisaient pas non plus d’adorer Jéhovah sur les hauteurs. Eux aussi avaient leurs Hauts-Lieux qu’ils regardaient comme légitimes. Quand Saûl vient à Rama consulter Samuel, on lui annonce

que le prophète ne tardera pas à paraître, car il doit y avoir un sacrifice solennel sur le Haut-Lieu. Le mot bâmâh est répété cinq fois dans ce contexte, sans que l’auteur sacré manifeste la moindre surprise. I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25. On dit que Samuel étant prophète pouvait autoriser, par exception, les sacrifices sur les Hauts-Lieux. Hais ceci n’a pas l’air d’une dérogation. C’est une chose usuelle à laquelle tout le peuple s’attend.

— La vraie raison qui autorisait le culte des Hauts-Lieux nous est donnée par le livre des Rois. « Le peuple sacrifiait sur les Hauts-Lieux, car on n’avait pas bâti jusqu’alors de temple au nom de Jéhovah. Or, Salomon aimait Jéhovah et suivait les voies de David, son père ; mais il sacrifiait et brûlait de l’encens sur les Hauts-Lieux. II alla donc à Gabaon pour y offrir des sacrifices ; car c’était là le Haut-Lieu principal (hab-bâmâh hag-gedôlâh). Salomon offrit mille holocaustes sur cet autel. Et Jéhovah apparut en songe à Salomon, la nuit, » etc. III Reg., m, 2-5. Puisque Gabaon était le Haut-Lieu principal, il y en avait d’autres, où le peuple immolait ses victimes, sans que l’écrivain sacré y trouve rien de répréhensible.

— Salomon est favorisé d’une vision divine après son sacrifice. Le culte sur les Hauts-Lieux était donc alors légitime, à condition d’avoir Jéhovah pour objet, et l’auteur inspiré nous dit expressément pourquoi : Parce qu’on n’avait pas encore bâti de temple à Jéhovah ; en d’autres termes : Dieu n’avait pas encore déterminé lé lieu du sanctuaire unique, II Reg., vii, 6, 7 ; III Reg., vin, 16, et la loi du Deutéronome, xii, 5, 11, n’avait pas encore à recevoir son application. En attendant, on restait sous le régime de la première loi du Sinaï, Exod., XX, 24, 25 ; car la législation plus rigoureuse du Lévitique, XVII, 3-9, avait été abrogée, expressément pour une partie et équivalemment pour l’autre. Deut., xii, 10-15. Ceux qui maintiennent dans sa rigueur la loi du Lévitique ne font pas attention que les Juifs ne la connaissaient pas avant Salomon. Quand Absalom dit à son père qu’il a fait vœu d’aller à Hébron offrir des sacrifices à Jéhovah, le saint roi David n’y voit rien que de très naturel : Va en paix, répond-il à son fils. II Reg., XV, 7, 9. Cf. I Reg., xx, 29, où il est question d’un sacrifice de famille à offrir à Bethléhem le jour de la néoménie. Les partisans de cette opinion ne remarquent pas non plus que si la loi du Lévitique avait été en vigueur, entre l’occupation de la Terre Promise et la construction du temple, les sacrifices offerts devant l’arche d’alliance séparée du tabernacle auraient été illicites, ce que personne n’a jamais prétendu. En effet, le texte du Lévitique est formel, xvii, 9. Ce n’est pas devant l’arche, c’est expressément devant l’entrée du tabernacle, pas ailleurs, que la victime doit être immolée, pour se conformer à cette prescription. Du reste, nous savons pourquoi Gabaon était au temps de David et de Salomon le grand Haut-Lieu, non pas le seul mais le principal. C’est que le tabernacle s’y trouvait. I Par., xvi, 39 ; xxi, 29 ;

II Par., i, 3, 13. Il fallait donc, comme nous l’enseigne l’auteur des Paralipomènes, qu’on y immolât le sacrifice perpétuel et qu’on y célébrât le culte public. IPar, , xvi, 39. C’est ce qu’on avait fait toujours, là où se trouvait le tabernacle, à Silo d’abord, puis à Nobé.

Voici d’ailleurs la liste des Hauts-Lieux de Jéhovah, en entendant ce mot non d’Un autel érigé, en passant, pour une circonstance particulière, mais d’un sanctuaire stable, où l’on se rendait à des époques fixes, pour y rendre un culte au vrai Dieu. — 1. Gabaon, le Haut-Lieu principal, appelé cinq fois du nom technique de bâmâh,

III Reg., iii, 4 ; I Par., xvi, 39 ; xxi, 29 ; II Par., i, 3, 13. — 2. Rama, partie de Samuel, dont le bâmâh est mentionné en propres termes cinq fois de suite. I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25.-3. Gabaath-Élohim, où Saûl rencontre le cortège des prophètes descendant du bâmâh. I Reg., x, 5, 13. — Six autres localités, sans porter dans l’Ecriture le nom de bàmâh, en vérifient la définition. Ce

sont : — 4.Bethléhem oùl’ontientdesréunionsreligieuses régulières, aux néoménies, avec sacrifices publics. I Reg., X2, 24-29 ; xvi, 2-5. — 5. Galgala. Josué y avait érigé les douze pierres commémora tives, Jos., iv, 19-25, circoncis les hébreux, Jos., v, 2-9 ; c’était une des trois places où Samuel se transportait périodiquement pour juger Israël et que les Septante appellent des lieux sanctifiés :

  • Ev toîc r, fca<r(iévot ;. I Reg., vii, 16. Samuel y convoque

le peuple pour le sacrifice. I Reg., x, 8. Ce devait être une habitude qui subsista après la construction du Temple. Ose., iv, 15 ; cf. ix, 15 ; xii, 11. —6. Ophra possédait l’autel érigé par Gédéon à Jéhovah sur les ruines de l’autel deBaal, Jud., vi, 26, et appelé par lui Yehôvâh sàlôm. Cet autel existait encore à l’époque où écrivait l’auteur du livre des Juges. Jud., VI, 24. Après sa victoire, Gédéon y mit un éphod fait avec l’or et la pourpre du butin. Jud., viii, 27. — 7. Hébron avait comme Bethléhem ses sacrifices de famille. On y acquittait des vœux faits à Jéhovah. II Reg., xv, 7-9, 12. Il est évident par le récit que c’était une coutume reçue dont les plus pieux, comme David, ne se formalisaient pas. — 8. Silo fut le grand Haut-Lieu au même titre que Gabaon tant que le tabernacle y resta. — 9. Il faut en dire autant de Nob, I Reg., xxi, 1-9, qui eut quelque temps le privilège de posséder le tabernacle, le grand-prêtre et l’éphod.

On ne saurait appeler Hauts-Lieux les endroits témoins d’un sacrifice isolé, offert à Jéhovah pour un motif exceptionnel, théophanie, victoire éclatante, etc., tels que Bochim, le locus flentium de la Vulgate, Jud., ii, 5, et Saraa. Jud., xiii, 8-23. L’autel de Saül après sa victoire contre les Philistins, I Reg., xiv, 35, n’a même absolument rien d’exceptionnel. L’arche est dans le camp et le grand-prêtre Achias aussi. I Reg., xiv, 18. Au contraire il est vraisemblable, sans qu’on puisse le démontrer, que Béthel, Dan, Masphath, le mont des Oliviers, le Carmel, étaient des lieux consacrés au culte de Jéhovah. Pour Béthel et Masphath nous avons le mot des Septante cité plus haut. I Reg., vii, 16. Pour le mont des Oliviers le choix qu’en fait David pour y adorer Jéhovah. II Reg., xv, 30-32. Le mari de la Sunamite s’étonne qu’elle veuille aller au Carmel un jour ordinaire qui n’est ni sabbat, ni néoménie. IV Reg., iv, 23. Il est certain que le culte étrange de Micha, transféré ensuite à Dan, avait pour objet Jéhovah, Jud., xvii, 3 ; le lévite qui fait fonction de prêtre consulte Jéhovah. Jud., xviii, 5-6. À Dan c’est un descendant de Moïse, Jonathan, qui est prêtre, et ce culte dure jusqu’à la captivité, ibid., 30 ; mais il est mêlé à tant de pratiques idolâtriques qu’on ne peut, de bonne foi, le considérer comme un culte rendu au vrai Dieu. Il en est de même de Béthel, quelle que fût l’intention secrète dé Jéroboam. Le culte qu’il établit à Béthel et à Dan est non seulement schismatique et illégitime, mais formellement idolâtrique, III Reg., xii, 2653 ; II Par., ri, 15 ; xiii, 9, bien qu’il prétendit sans doute rendre hommage au Dieu national d’Israël.

De la construction du Temple à la captivité.

Il est

évident que durant cette période le culte sur les Hauts-Lieux fut illicite. H n’avait plus de raison d’être, il était contraire à la centralisation religieuse désormais nécessaire, il était en opposition directe avec la loi du Deutéronome, dont l’application stricte ne pouvait plus être retardée. Les prophètes s’élèvent avec vigueur et indignation contre les Hauts-Lieux, sans distinguer entre les Hauts-Lieux de Jéhovah et les Hauts-Lieux idolâtriques. Tous sont maintenant considérés comme sacrilèges. « Ils seront dissipés, les Hauts-Lieux impies, crime d’Israël, où l’on adore les vaches (c’est-à-dire le veau d’or) de Bethaven (entendez Béthel). » Ose., x, 5, 8. Amos n’est pas moins virulent, vii, 9 ; ni Michée, I, 5 ; ni Jérémie, xvii, 3 ; ni Ézéchiel, vi, 3, 6. Les livres historiques eux aussi condamnent sévèrement le culte des Hauts-Lieux. Les rois qui en ont érigé n’échappent jamais au blâme. Salomon, LU Reg., xi, 7 ; Jéroboam, ÙI Reg., xii, 31 ; xiii,

32 ; Joram, II Par., xxi, 11 ; Achaz, II Par., xxviii, 4, tombent tour à tour sous le coup de cette réprobation. Au contraire, pour les avoir renversés, Ëzéchias, IV Reg, , xviii, 4, Josias, IV Reg., xxiii, 8, Asa, II Par., XIV, 2-5, Josaphat, II Par., xvii, 6, sont comblés d’éloges. Il est une formule intermédiaire qui revient dans l’Écriture comme un refrain et ne semble pas impliquer un blâme sévère. C’est la formule de la Vulgate : Excelsa autem non abstulit. III Reg., xv, 14 ; xxii, 44 ; IV Reg., xii, 3 ; xiv, 4 ; xv, 4, 35 ; II Par., xx, 33. Elle s’applique à des rois qui ont marché droit devant le Seigneur tels que Josaphat, aussi saint que son père Asa, III Reg., xxii, 43, Joas au temps où il était docile aux conseils de Joïada, IV Reg., xii, 3, Amasias dont la droiture, sans égaler celle de David, est cependant louée par l’auteur sacré, IV Reg., xiv, 3, Azarias, approuvé dans la même mesure, TV Reg., xv, 3, Joatham, IV Reg., xv, 34, et enfin Asa qui nous est présenté comme un modèle accompli de piété et de fidélité à la loi de Dieu : Asa fit ce qui était droit en présence du Seigneur, comme Davidson père ;.. Mais les Hauts-Lieux ne furent pas supprimés ; cependant le cœur d’Asa fut parfait devant le Seigneur, tous les jours de sa vie. III Reg., xv, 11-14. S’il y a faute, ce ne peut être évidemment que faute vénielle. Remarquons d’abord que la formule de la Vulgate est moins explicite en hébreu. Au lieu de : « Il n’abolit pas les bâmô(, » on lit dans le texte la tournure passive : « Les Hauts-Lieux ne furent pas abolis, » ce qui donne une nuance un peu différente.

De tout temps les rois ont dû tolérer beaucoup de choses qu’ils n’approuvaient pas. En politique le mieux est parfois l’ennemi du bien ; et, en tout cas, l’impuissance ou la bonne foi excusent. Il ne faut donc pas s’étonner des éloges que les livres des rois donnent à Josaphat, à Joas du vivant de Joïada, à Amasias, à Azarias, à Joatham, à Asa surtout. Ils cédèrent sans doute à une nécessité politique et ils pouvaient d’autant plus se tranquilliser qu’ils laissèrent probablement subsister les seuls Hauts-Lieux de Jéhovah. Nous avons pour le conjecturer un témoin inattendu, l’auteur des Paralipomènes. Au dire des rationalistes, ce dernier arrangerait l’histoire à sa façon ; il refuserait en particulier de reconnaître la légitimité des Hauts-Lieux de Jéhovah et supprimerait de parti pris la mention : Excelsa autem non abstulit, dont les livres des Rois accompagnent la notice des rois pieux. Toutes ces assertions sont erronées. Au sujet d’Asa, II Paralipomènes, xv, 17, reproduisent exactement la mention de III Reg., xv, 14. De même pour Josaphat « qui marcha, sans se détourner, dans la voie d’Asa son père, faisant ce qui était juste aux yeux du Seigneur. Seulement les Hauts-Lieux ne furent pas abolis, et le peuple n’avait pas encore affermi son cœur dans le service de Jéhovah son Dieu ». II Par., xx, 32, 33. L’obstination et l’aveuglement du peuple excusent le roi, du moins en partie. Que le culte des Hauts-Lieux toléré par ces rois pieux fût non pas le culte infâme des idoles mais le culte illégal de Jéhovah, l’histoire de Manassès nous permet de le supposer. Elle appartient en propre à l’auteur des Paralipomènes. L’impie Manassès, après avoir rétabli les Hauts-Lieux, démolis par Ézéchias son père, érigé des autels à Baal et des’âsérâh, adoré toute la milice des cieux et placé des statues idolâtriques. jusque dans le temple de Salomon, II Par., xxxiii, 1-7 V fut emmené captif à Babylone, rentra en lui-même, fit une sincère pénitence et reconnut que Jéhovah était Dieu. jk. 8-13. De retour à Jérusalem il fit disparaître lesdieux étrangers et l’idole, kas-sémél, de la maison du. Seigneur, ainsi que les autels élevés sur la montagne du Temple. Il rétablit l’autel du Seigneur, y sacrifia des victimes pacifiques et des hosties de louanges et enjoignit à Juda de servir Jéhovah Dieu d’Israël, ꝟ. 14-16. « Cependant, ajoute l’écrivain sacré, le peuple sacrifiait encore sur les Hauts-Lieux, mais seulement à Jéhovah.)<

Ce texte est fort intéressant à plusieurs titres : — 1. Il nous montre combien l’auteur des Paralipomènes est exempt de cet esprit de système qu’on lui reproche tant. — 2. Il nous apprend qu’il y avait deux sortes de HautsLieux, ceux des idoles et ceux de Jéhovah. Manassès converti démolit les premiers, qu’il avait autrefois érigés lui-même, et épargna les seconds. —3. Malgré cela l'écrivain inspiré ne met pas en doute la sincérité de sa pénitence ; il le croit donc excusé soit par la bonne foi soit par les nécessités politiques.

Après le retour de la captivité.

Il n’est plus désormais question de Hauts-Lieux et le nom de bâmôp luimême semble oublié. Ézéchiel, qui écrivait durant la

captivité, est le dernier à l’employer et son invective contre les Hauts-Lieux n’est que l'écho du passé. C’est cependant vers cette époque ou même plus tard, selon l'école rationaliste, que l’auteur du code sacerdotal se serait avisé de proscrire les Hauts-Lieux et d’en ordonner la démolition. Cela n’est guère vraisemblable ; mais la critique interne aime à se jouer dans l’invraisemtlance. — Voir Idolâtrie. F. Prat.

    1. HAVOTH JAÏR##

HAVOTH JAÏR (hébreu : Ifavvôp Yâ'ir, Septante : iitavXei ; 'Iorfp, Num., xxxii, 41 ; Jud., x, 4 ; @au<18 'Iatp ; Codex Alexandrinus, 'Avxiô Tafp, Deut, III, 14 ; a[ x(i[iai 'Iaip, Jos., xiii, 30 ; I Par., ii, 23 ; Codex Vaticanus, omis ; Codex Alexandrinus, 'AuwB 'Iapet’p, III Reg., iv, 13 ; Vulgate : Havoth Jair, Num., xxxii, 41 ; Deut., iii, 14 ; Jud., x, 4 ; vici Jair, Jos., xiii, 30 ; oppida Jair, I Par., ii, 23 ; Avothjair, III Reg., iv, 13), groupe de villes situées à l’est du Jourdain, primitivement conquises par Jaïr, descendant de Manassé, dont elles portèrent le nom. Num., xxxii, 41 ; Deut., iii, 14 ;, Jos., xiii, 30 ; III Reg., iv, 13 ; I Par., ii, 23. Plusieurs difficultés se rencontrent ici à propos du nom, de la situation et du nombre de ces villes.

Nom.

Suivant certains auteurs, le mot Jfavvôt,

d’après une racine commune à l’arabe et à l’hébreu, désignerait des tentes disposées en cercle, ou, par extension, de simples villages. C’est le sens donné par les versions anciennes : Septante : £itaijXei ;, Ti(i[iat ; Vulgate : vici, oppida. « Les Amorrhéens avaient bâti des villes fortes sur les confins de Moab et d’Ammon ; mais dans l’intérieur du pays, ils habitaient des bourgs ouverts, que tes fils de Manassé prirent facilement et fortifièrent au besoin pour y mettre à l’abri leurs familles et leurs troupeaux. » F. de Hummelauer, Comment, in Num., Paris, 1899, p, 358. Il semble pourtant que les ifavvôp tle Jaïr sont les cités « munies de murs très hauts, de portes et de traverses », que la Bible signale dans la région d’Argob. Deut., iii, 4, 5. On comprend que le vainqueur ayt été fier d’attacher son nom à cette conquête, à moins d’admettre, avec R. Cornely, Introductio in S. Script., Paris, 1887, t. ii, p. 84, que le vaillant guerrier appela ironiquement ces places fortes « ses bourgs, ses tentes ». D’autres exégètes prennent tout simplement ici la racine hâvdh, « vivre, » avec le sens de « demeurer », comme live et dwell en anglais s’emploie l’un pour l’autre, comme en allemand leben se trouve dans certains noms de villes, par exemple, Aschersleben, Eisleben. Bavvôp Yâ'ir signifierait donc « les habitations de Jaïr », Jairsleben. Cf. Gesenius, Thésaurus, T>. 451 ; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, T>. 526 ; Keil ; Die Bûcher Mose’s, Leipzig, 1870, t. ii, P. 428.

Situation.

D’après certains passages de l'Écriture, les cités de Jaïr étaient en Galaad. Num., xxxii,

14 ; Jud., x, 4 ; III Reg., iv, 13 ; I Par., ii, 23. D’après d’autres, elles étaient en Argob et en Basan. Deut., iii, 14 ; Jos., xiii, 30. Y a-t-il ici contradiction, ou est-il besoin de distinguer, suivant les parties de la Bible, les Havoth Jaïr de Galaad et celles de Basan ? Nous ne le croyons pas. Galaad désigne, d’une façon générale, la

région transjordane, Basan et Argob déterminent le pays d’une façon spéciale. Cf. Deut, , iii, 13-14. Voir Argob 2, 1. 1, col. 950 ; Basan, 1. 1, col. 1486 ; Galaad 6, t. iii, col. 47. Quelques auteurs, cependant, croient voir une distinction nettement marquée dans III Reg., iv, 13 : « Bengaber, à Ramoth Galaad, avait Havoth de Jaïr, fils de Manassé, en Galaad ; il avait le district d’Argob, qui est en Basan, soixante villes grandes et murées. » Il semblerait, en effet, au premier abord, que le territoire d’Argob est. en opposition avec les cités dont nous parlons. Mais on peut très bien aussi regarder la seconde partie de la phrase comme un développement de la première, Argob étant, nous venons de le dire, en Galaad ; ce qui ressort encore davantage de la comparaison avec Num., xxxii, 40-41 ; Deut., iii, 4, 5, 13, 14 ; Jos., xiii, 30.

Nombre.

D’après Josué, xiii, 30, et III Reg., iv,

13, les villes étaient au nombre de soixante. Le Livre des Juges, x, 4, ne parle que de trente, et, dans I Par., ii, 23, on n’en compte que vingt-trois. En ce qui concerne Jaïr, le Juge, il suffit de répondre qu’il fit simplement revivre l’ancien nom, et que* lés trente villes mentionnées sont en rapport avec ses trente fils, qui en étaient les gouverneurs. Le livre des Paralipomènes, après avoir dit, ii, 22, que Jaïr, fils de Ségub, posséda vingt-trois villes dans la terre de Galaad, ajoute, ꝟ. 23, que « les Gessurites et les Araméens prirent les Havoth Jaïr, Canath et ses villages, soixante villes ». Le texte ici est obscur et paraît altéré. Quoi qu’il en soit, certains auteurs tranchent ainsi la difficulté. Les soixante cités dont il est ici question indiquent celles de Jaïr unies à Canath et ses dépendances. Jaïr n’aurait, en réalité, conquis que vingt-trois villes, en Basan, tandis que Nobé se serait emparé de trente-sept du côté de l’est. Cf. Num., xxxii, 42. Le territoire de Basan ou d’Argob, avec ses soixante places fortes, aurait ainsi appartenu à deux grandes familles de Manassé. Mais, en raison même de cette parenté, et peutêtre d’une certaine suzeraineté exercée par Jaïr, Josué et l’auteur du III' livre des Rois, auraient indistinctement appliqué le nom de Jaïr aux soixante villes. D’autres exégètes, admettant la distinction entre les Havoth Jaïr de Galaad et celles de Basan, supposent que Jaïr prit vingt-trois villes dans la première contrée, en leur donnant son nom, qu’elles conservèrent jusqu’au temps des Juges et des Rois, bien qu'à ce moment leur nombre fût monté à trente. Le même conquérantprit soixante villes dans la seconde région, en leur imposant le même nom, qui disparut bientôt. Cf. Keil, Die Bûcher Mose’s, t. ii, p. 429 ; Cornély, Introductio, t. ii, p. 85. Voir, du reste, sur cette difficile question, les commentateurs et leurs différentes solutions. Ces villes ne sont pas mentionnées en particulier ; mais nous savons que le pays d’Argob et de Basan possédait d’antiques cités, comme Canath, Salécha, Édraï, qui conservent encore des vestiges de

leur primitive grandeur.
A. Legendre.
    1. HAYMON D’HALBERSTADT##


HAYMON D’HALBERSTADT, évéque bénédictin, né vers 778, mort le 23 ou le 26 mars 853. Moine de Fulde, il vint à Tours avec Raban Maur pour étudier sous Alcuin ; de retour dans son monastère, il en fut le chancelier et l'écolâtre. Il était abbé d’Hersfeld lorsque, en 841, il fut élu évêque d’Halberstadt. Au dire de Trithème, il avait composé des commentaires sur p.-esque tous les livres de la Bible. Seuls ont été imprimés : In omnes psalœos explanatio, in-8°, Cologne, 1523 ; In Isaïam libri très, in-8°, Cologne, 1531 ; In xii prophetas et in Cantica canticorum, in-8°, Cologne, 1533 (le commentaire sur le Cantique des cantiques est généralement attribué à Rémi d’Auxerre) ; Commentaria in Epistolas Pauli omnes, in-8°, sans lieu, 1528 ; in-8°, Cologne, 1539 ; In Apocalypsim libri vii, in-8 1, Paris, 1535. Les œuvres d’Haymon d’Halberstadt se trouvent aux tomes cxvi, cxvii et cxviii de la Patrologie latine. —

fc.

Voir P. Antonius, Exercitatio historico-theologica de vita et doctrina Haymonis Halberstadiensis, in-4°, Halle, 1704 ; C.-G. Derling, De Haymone episcopo floiberstadiensi commentatio hislorica, in-4°, Helmstadt, 1747 ; Histoire littéraire de la France, t. v, p. 111 ; Mabillon, Acta sanctorum ord. S. Benedicti, sæc. iv, part, i (1677), p. 618 ; Annalesord.S. Benedicti, t. n (1739), p.585, 586 ; dom François, Bibl. générale des écrivains de l’ordre de S. Benoît, t. i, p. 455 ; Ziegelbauer, Hist. rei litterarite ord. S. Benedicti, t. iv, p. 24, 28, 29,

30, etc.
B. Heurtebize.
    1. HAZAEL##

HAZAEL (hébreu : Hâzd’êl, Hâzâh’êl, II Par., xxii, 6, « Dieu regarde, c’est-à-dire protège ; » Septante : ’ACariX ; Vulgate : Hazæl) est un roi de Syrie qui régna à Damas de 886 à 857 avant notre ère et qui est mentionné dans les inscriptions cunéiformes sous le nom de Haza i-lu. Il n’était d’abord qu’un des principaux officiers du roi Bénadad I er, peut-être le général en chef de son armée, et Josèphe, Ant. jud., IX, iv, 6, le qualifie « le plus fidèle des serviteurs » de ce roi. Le prophète Élie reçut un jour du Seigneur l’ordre d’aller à Damas sacrer Hazaël roi de Syrie, III Reg., xix, 15, qui était désigné dès lors comme le futur instrument des vengeances divines sur Israël. III Reg., xix, 17. Son glaive fut, en effet, terrible pour le royaume d’Israël. Voir t. ii, col. 1226, 1673. Plus tard, quand Elisée alla à Damas, le roi Bénadad I er, qui était malade, envoya Hazaël consulter l’homme de Dieu sur sa guérison. Hazaël alla à la rencontre du prophète avec la charge de quarante chameaux en présents, choisis entre tous les biens de Damas, les plus beaux produits et les objets les plus précieux de la capitale Elisée connaissait les projets ambitieux d’Hazaël, il savait que, quelle que fût sa réponse, le courtisan annoncerait au roi sa guérison ; aussi il répondit à l’envoyé : « Allez et dites au roi : - Vous guérirez ; cependant le Seigneur m’a montré qu’il mourrait de mort. » Puis, debout devant Hazaël, il fixa sur lui un regard pénétrant, et l’ambassadeur royal, comprenant que ses sentiments secrets étaient dévoilés, se troubla et rougit. Elisée se mit à pleurer. Hazaël surpris demanda : « Pourquoi mon seigneur pleure-t-il ?

— Je sais, répliqua l’homme de Dieu, quels maux vous infligerez aux fils d’Israël, Vous brûlerez leurs villes fortes, vous tuerez par l’épée leurs jeunes hommes, vous écraserez leurs petits enfants et vous ouvrirez le ventre des femmes enceintes. » Par une fausse et feinte humilité, Hazaël répartit : « Qu’est votre serviteur, un chien (selon les Septante, , un chien mort), pour accomplir de si grandes choses ? » Elisée ajouta : « Le Seigneur m"a fait voir que vous serez roi de Syrie »  » Revenu auprès de son maître, Hazaël lui dit au nom du prophète : < Vous recouvrerez la santé. » Mais le lendemain, il prit une couverture, la plongea dans l’eau, puis retendit mouillée sur le visage de Bénadad qui mourut étouffé, et il régna à sa place. IV Reg., yili, 7-15. Voir t. i, jcol. 1574 ; t. ii, col. 1227, 1694.

Hazaël eut bientôt l’occasion de commencer à exécuter contre Israël les maux prédits par Elisée. Joram, en effet, semble avoir mis à profit le changement de dy. nastie opéré à Damas, pour reprendre aux Syriens la forteresse de Ramoth-Galaad. Hazaël, qui n’avait pu sauver cette ville, se vengea de sa perte par l’échec qu’il infligea aux Israélites dans les environs de Ramoth. Joram, qui avait pour allié Ockozias, roi de Juda, Il Par., xxii, 6, fut blessé dans le combat et se rendit à Jezraël pour se soigner, laissant à Jéhu le. commandement de son armée. Le général en chef fut sacré roi d’Israël par l’envoyé d’Elisée à Ramoth même, et c’est de là qu’il partit pour aller exterminer la maison d’Achab. rV Reg., vm, 28, 29 ; ix, 1-16. Calmet, Commentaire littéral nulle quatrième livre des Bois, 2e édit., Paris, 1724, t. ii, p. 847, 849-850 ; Ms r Meignan, Les prophètes d’Israël,

Quatre siècles de lutte, Paris, 1892, p. 278-279. Au début de son règne, Jéhu chercha à se fortifier contre les. Syriens et, inaugurant la politique fatale que devait suivre un siècle plus tard Achaz, roi de Juda, il implora contre Hazaël la protection dé Salmanasar II, roi d’Assyrie, et s’assura son appui en lui payant tribut. Ce fait nous est révélé par deux inscriptions cunéiformes, celle destaureaux et celle de l’obélisque de Nimroud, qui racontent la campagne du roi de Ninive contre Hazaël. Dans la dix-huitième année de son règne, Salmanasar II traversa TEuphrate pour la seizième fois. Hazaël, roi de Damas, se confiant sur la force de ses soldats, en rassembla utr grand nombre et se fortifia à Saniru, un pic des montagnes qui sont vis-à-vis du Liban. Salmanasar le défit, tua six mille hommes de son armée, prit onze cent vingt et un de ses chars et quatre cent soixante-dix de ses chevaux. Hazaël s’enfuit et s’enferma dans sa capitale. Le roi de Ninive assiégea Damas, coupa les plantations, s’avança vers les montagnes du Hauran, saccageant les villes, y mettant le feu et emmenant de nombreux prisonniers. Voir t. ii, col. 1227. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 479-482 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 5e édit., Paris, 1893, t. ii, p. 379. Trois ans plus tard, en la vingt-unième année de son règne, 839, Salmanasar fit une seconde campagne contre Hazaël et il lui prit quatre villes. Hazaël n’essaya plus de résister aux Assyriens ; pour ne pas s’exposer à de nouvelles défaites, il se soumit et consentit à payer tribut. En paix de ce côté, il poursuivit avec succès ses entreprises contre Israël, dont Jéhovah était las. Dans une série d’escarmouches, sous le régne de Jéhu, il battit les Israélites sur toute la partie des frontières de leur pays qui était en contact avec la Syrie, depuis le Jourdain jusqu’au point le plus oriental, dans le pays de Galaad, de Gad, de Ruben et de Manassé, depuis Aroër sur l’Arnon jusqu’à Basan. IV Reg., x, 32, 33 ; Maspero, op. cit., p. 381-382. Le prophète Amos, i, 3, 13, prédit des châtiments contre Damas, dont le roi à écrasé Galaad sous les herses de fer et a éventré les femmes enceintes. Voir col. 55. Sous Joachaz, fils de Jéhu, Hazaël et son fils Bénadad II furent encore les ministres de la vengeance divine contre Israël. Le roi de Syrie avait fait périr presque toute l’armée israélite et l’avait réduite en poussière, pareille à celle de l’aire qu’on foule aux pieds. IV Reg., xiii, 3, 7. Cependant, dans cette extrémité, Joachaz implora le Seigneur, qui écouta sa prière, vit l’affliction de son peuple et lui envoya un sauveur. IV Reg., xiii, 4-5, 22, 23. On a soupçonné que ce sauveur, à moins que ce ne soit Joas, fils de Joachaz, IV Reg., xiii, 25, n’était autre qu’un roi assyrien qui, en battant le roi de Damas, avait donné du répit aux Israélites. « Mon opinion, dit G. Smith, The Assyrian Ëponym Canon, p. 192, est que par ce sauveur il faut entendre Salmanasar dont les expéditions contre Bénadad durent abattre pour un temps la puissance et donnèrent ainsi aux Israélites le temps de respirer. » Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 484-485 ; Meignan, Les prophètes d’Israël. Quatre siècles de luttes, p. 301-305. Hazaël fit aussi une expédition contre le royaume de Juda, sous le règne de Joas. Il vint assiéger Geth et, quand il l’eut prise, il se mit en marche contre Jérusalem. Joas acheta la paix et donna au roi de Syrie tout l’argent que ses prédécesseurs avaient offert au temple de Jérusalem. IV Reg., xii, 17, 18. Cf. II Par., xxiv, 23, 24. Hazaël eut pour successeur son fils Bénadad IL IV Reg., xiii, 24. Ce roi habile et valeureux avait bâti dans sa capitale un palais magnifique, que le prophète Amos, i, 4, menaça d’incendie pour venger les crimes des Syriens contre Israël. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, t iii, p. 489. Quelques assyriologues pensent qu’il y eut d’autres rois de Syrie qui portèrent le nom d’Hazaël ; mais il est fort

possible qu’Hazaël II ne soit qu’un dédoublement d’Hazaël Ier. Voir t. ii, col. 1225.

HAZAZEL, nom du bouc émissaire. Voir Bouc émissaire, t. i, Col. 1871.

HAZIA (hébreu : Ifâzâyâh, « Jéhovah voit ; » Septante : Ὁζειά), fils d’Adaïa, ancêtre de Maasia, l’un des chefs de Juda qui habita Jérusalem au retour de la captivité. II Esd., xi, 5.

HAZIR (hébreu : Hêzîr ; Septante : Ἡζείρ), un des chefs du peuple signataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémie. II Esd., x, 20.

, ה, cinquième lettre de l’alphabet hébreu, représentant une aspiration comme notre h aspirée. Il est impossible de dire avec certitude ce que signifie le mot הא, hê', ou הי, hê, et quel objet représentait l’hiéroglyphe primitif de cette lettre. J. Fürst, Hebräisches Handwörterbuch, 3e édit., 1876, t. i, p. 310, voit dans la forme phénicienne du caractère, ϡ, l’image grossière d’une haie. D’après H. Ewald (voir Gesenius, Thesaurus, p. 359), ce signe représente une fente, une crevasse. D’autres y voient une fenêtre. E. de Rougé le fait dériver de l’image hiéroglyphique égyptienne figurant un plan de maison. Voir Alphabet, t. i, col. 405. — Dans les transcriptions des noms propres, la Vulgate supprime ordinairement le hé : הרסה = Edissa, Esth., ii, 7 ; הדזרם = Aduram, Gen., X, 27, etc. Elle est quelquefois conservée comme dans היר = Hor, Num., XX, 22, etc. ; mais généralement notre traduction latine se sert de la lettre h pour rendre la heth ou le aïn hébreu. Voir Heth 2, col. 668.

HÉBAL (hébreu : 'Êbâl), nom d’un descendant de Jectan et d’une montagne de Palestine.

1. HÉBAL (Septante : Codex Vaticanus, omis ; Codex Alexandrinus : Γεμιάν), huitième fils de Jectan, descendant de Sem. I Par., i, 22, L’orthographe de ce nom est ailleurs, Gen., x, 28, Ébal. Voir Ébal 1, t. ii, col. 1524.

2. HÉBAL (hébreu : har 'Êbâl, « mont 'Êbàl ; » Septante : ὄρος Γαιϐάλ), montagne de la chaîne d'Éphraïm, située au nord de Naplouse, en face du mont Garizim. Deut., xi, 29 ; xxvii, 4, 13 ; Jos., viii, 30, 33. Sa situation est déterminée dans le premier passage de la Bible où il en est question, Deut., xi, 30. Voir Garizim, col. 106. C’est la montagne des malédictions, c’est-à-dire celle au pied de laquelle se tenait une partie des Israélites pour l’imposante cérémonie prescrite par Moïse, Deut., xi, 29 ; xxvii, 13, et accomplie par Josûé, viii, 33. Les tribus qui y prirent place furent Ruben, Gad, Aser, .Zabulon, Dan et Nephthali. Deut., xxvii, 13. Elle fut aussi marquée par un double monument religieux, destiné à montrer que Dieu et sa loi prenaient possession de la terre de Chanaan en même temps que le peuple hébreu. Le premier était un monument de pierres enduites de chaux, espèce de stèle gigantesque, sur laquelle furent gravées les paroles de la loi, c’est-à-dire probablement un résumé de la législation proprement dite. Deut., xxvii, 2-4. Le second était un autel de pierres brutes et non polies, sur lequel on offrit des holocaustes au Seigneur. Deut., xxvii, 5-7 ; Jos., viii, 30-32. D’après le Pentateuque samaritain, ces pierres et cet autel auraient été dressés sur le mont Garizim et non sur le mont Hébal. Mais tous les manuscrits hébraïques, aussi bien que la version des Septante et celle de la Vulgate, portent, dans le passage en question, le mot t&âï au lieu de Garizim. Le mont Hébal (fig. 117) s’appelle aujourd’hui Djebel Slîmali, ou pleinement Djebel Sitti Slîmah ; ou encore Djebel Eslâmiyéh, du nom d’une femme musulmane dont le tombeau y est vénéré. Peu visité par les voyageurs européens, il n’est guère fréquenté non plus, du moins dans toutes ses parties, par les habitants de Naplouse. Les Juifs craignent de s’y aventurer, parce qu’il passe pour peu sûr ; les Samaritains l’ont en horreur, parce que, à leurs yeux, c’est la montagne des malédictions, et que le Garizim est leur montagne sainte, celle des bénédictions, où s'élevait jadis leur temple et où ils sacrifient encore. Quant aux musulmans, ils y vénèrent, à la vérité, deux oualis ; mais, en dehors de ces deux points, ils parcourent rarement le plateau de cette montagne. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 446. L’Hébal est à 938 mètres au-dessus de la Méditerranée, et à 360 au-dessus de la vallée de Naplouse, dépassant ainsi le Garizim de 70 mètres environ. Il renferme, sur ses flancs inférieurs et méridionaux, plusieurs anciens tombeaux creusés dans le roc, et qui sont sans doute les restes de l’antique nécropole de Sichem. Cf. F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, t. ii, p. 250-252. Il est, en général, beaucoup plus dénudé que la montagne opposée. Il a cependant, jusqu'à une certaine hauteur, une bordure de jardins entourés de. haies de cactus. Malgré les rochers qui hérissent ses pentes abruptes et la roideur de leur inclinaison, elles étaient autrefois cultivées par étages, comme l’attestent de nombreux murs de soutènement ; aujourd’hui encore, elles ne sont pas complètement incultes ; car, dans les endroits les moins escarpés et où les anciennes terrasses sont mieux conservées, on y sème soit du blé, soit du dourah. Le sommet forme un plateau assez étendu ; la vue qu’on embrasse de là est à peu près semblable à celle du mont Garizim, mais avec une plus grande extension vers le nord-est. La partie nord n’offre nulle part de ruines apparentes ; seulement çà et là, de petits murs d’enclos renversés et ayant servi à délimiter des propriétés prouvent que jadis ce sommet était cultivé en céréales ou en vignes ; de vieux ceps rampent encore sur le sol en plusieurs endroits. À la partie sud, on remarque des ruines appelées Khirbet Kléiséh ou Knîséh, selon V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 449, Khirbet Quléisa ou Qunéisa, suivant les explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Name lists, Londres, 1881, p. 185. Elles occupent le point culminant de la montagne. De nombreuses maisons jonchent de leurs débris confus un sol inégal et rocheux ; les matériaux avec lesquels elles étaient construites avaient été à peine équarris. Une enceinte carrée, mesurant environ 32 pas sur chaque face et bâtie avec des blocs plus considérables, eux-mêmes très grossièrement taillés, est appelée El Qala’ah, « le château. » On en ignore la destination. Les musulmans vénèrent sur l’Hébal deux tombeaux : celui d’une femme, Sitti Slîmah, qui lui a donné son nom, et celui d’un scheikh appelé 'Amâd ed Din, « soutien de la religion. » Voir la carte du mont Garizim, col. 109. Reste-t-il quelque chose de l’autel primitif élevé par Josué? Voici ce que dit à ce sujet V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 451 : « Pour retrouver ce monument précieux, j’ai parcouru avec soin tout le plateau méridional de la montagne, de même que j’en avais exploré le plateau septentrional ; mais toutes mes recherches ont été vaines. D’abord, il est à croire que cet autel n’existe plus depuis longtemps, les Samaritains ayant transporté au Garizim la tradition qui le rattachait à l’Hébal et, par conséquent, ayant peut-être, pour accréditer ce transfert, effacé jusqu’aux traces du monument primitif ; ensuite, quand même il existerait encore, comme il était bâti avec des pierres informes et non taillées, et que la plus grande partie du plateau méridional de l’Hébal est couverte de blocs de rocher plus ou moins considérables, et diversement entassés, ou disposés naturellement par assises horizontales, il serait à peu près impossible actuellement de le retrouver au milieu de ce chaos confus, à moins d'être guidé dans

cette recherche par la tradition ; mais celle-ci a été complètement perdue par les Juifs, et les Samaritains l’ont reportée ailleurs depuis de longs siècles. Ce qui me semble le plus probable, c’est que l’enceinte carrée signalée par moi au Khirbet Kléiséh peut avoir jadis renfermé cet autel. Ensuite, elle paraît avoir été remaniée et avoir servi à un but de défense. Cette enceinte occupe, en effet, le point le plus élevé de l’Hébal, et tout porte à penser que l’autel érigé par Josué devait être situé sur le sommet de cette montagne. » Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1873, p. 66-67 ; 1876, p. 191 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 186-187 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 35-36.
A. Legendre.

HÉBER, nom de six personnages. Il répond dans la Vulgate à deux noms hébreux dont la première lettre diffère, עבר, ’Êbér, et תבר Hébér, le premier ’Êber venant d’une racine, ’âbar, « passer au delà, » le second, Hébér, d’une racine, ḥábar, « joindre, associer. » Au premier nom se rapportent les nos 1, 4, 5 ; au second, 2, 3, 6. Les Septante ont habituellement gardé une distinction entre ces deux noms : le premier étant rendu par Ἔϐερ ou Ὠϐήδ, le second par Χάϐερ, Xόϐωρ ou Ἅϐαρ.’La Vulgate a mis indistinctement Héber, excepté dans Jud., iv, où elle a Haber. Voir Haber, col. 382.

1. HEBER (hébreu : ’Êbér ; Septante : Ἔϐερ, et dans Num., xxiv, 24 ; Ἔϐραίους, mais Codex Ambrosianus : Ἔϐερ), fils de Salé, descendant de Sem, et père de Phaleg et de Jectan. Gen., x, 24 ; I Par., i, 19 ; Luc, iii, 35. Dans la généalogie de Gen., xi, 16-17, il est dit que Héber avait 31 ans quand il engendra Phaleg, et qu’ensuite il vécut 430 ans. Dans I Par., i, 24, 25, la même suite des patriarches est donnée, moins l’indication de leur âge. Il est présenté comme l’ancêtre du peuple hébreu, qui porte son nom. Gen., x, 21 ; Num., xxiv, 24. Voir Hébreu.

2. HÉBER (hébreu : Hébér, et Num., xxvi, 45 : Hêbér ; Septante : Gen., xlvi, 27, Xόϐωρ ; Num., xxvi, 45, Xόϐερ ; I Par., vii, 31 : Γάϐερ, Codex Alexandrinus : Xάϐερ ; I Par., vji, 32 : Xάϐερ), fils de Beria, le fils d’Aser. Gen., xlvi, 17 ; I Par., vii, 31. De lui se forma la famille des Hébérites. Num., xxvi, 45. Les descendants d’Héber ne sont énumérés que dans I Par., vii, 32-34.

[Image à insérer] 117. — Le Mont Hébal. D’après une photographie. — Au pied de la montagne, Naplouse.


3. HÉBER (hébreu : Hébér ; Septante : Ἀϐειδὰ, Codex Alexandrinus : Ἄϐερ), un des fils de Méred par une de ses femmes, Judaia. Il est présenté comme le fondateur de la ville de Socho. I Par., iv, 17, 18.

4. HÉBER (hébreu : ’Êbér ; Septante : Ὠϐήδ), chef d’une famille de Gadites qui habitait dans le pays de Basan ou en Galaad. I Par., v, 13, 16.

5. HÉBER (hébreu : ’Êbér ; Septante : Ὠϐήδ) Benjamite, fils d’Elphaal. I Par., viii, 12.

6. HÉBER (hébreu : Hébér, à la pause Hâbér ; Septante : Ἅϐαρ), autre Benjamite, fils d’un Elphaal, I Par., viii, 17, qui paraît différer d’un précédent Elphaal lequel a aussi un Héber parmi ses enfants, v. 12.

HÉBÉRITES (hébreu : ha-Hébri ; Septante : ὁ Χοϐερεί), famille de la tribu d’Aser, dont Héber 2 était le père. Num., xxvi, 45.

1. HÉBRAÏQUE (BIBLE). Voir Bible, t. I, col. 1776.

2. HÉBRAÏQUE (LANGUE). — La langue hébraïque est la langue que parlaient les anciens Hébreux et dans laquelle a été écrite la plus grande partie de l’Ancien Testament. À part un verset de Jérémie, x, 11, quelques chapitres de Daniel, ii, 4b-vii, 28, et d’Esdras, I Esd., IV, 8-vi, 18 ; vii, 16-26, qui sont en araméen, c’est en hébreu qu’ont été rédigés tous les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, ainsi que plusieurs deutérocanoniques conservés seulement dans les traductions (Eccli. ; peut-être Dan., iii, 24-90), xiii, xiv ; I Mach.) et un certain nombre d’apocryphes (Énoch, les Psaumes de Salomon, etc.). — En dehors de ces écrits bibliques ou se rattachant à la Bible, il ne nous est parvenu que quelques inscriptions rédigées en hébreu : l’inscription de Siloé, découverte à Jérusalem en 1880 et remontant au VIIIe siècle av. J.-C. ; une vingtaine de sceaux en partie antérieurs à la captivité et ne contenant guère autre chose que des noms propres ; des monnaies du temps des princes machabéens. — Le nom de langue hébraïque n’est pas ancien dans la Bible ; il remonte aux environs de 130 av. J.-C., date à laquelle il est pour la première fois employé par le traducteur de l’Ecclésiastique (ἐν ἑαυτοῖς ἑβραϊστὶ λεγόμενα ; voir Hébreu 2, col. 515). La langue hébraïque a été appelée langue sacrée par les Juifs en opposition avec l’araméen qui est dit langue profane. Les savants désignent souvent l’hébreu biblique sous le nom d’ancien hébreu par opposition au néo-hébreu de la mischna. — L’hébreu est une branche de cette grande famille des langues sémitiques (voir Sémitiques [Langues]) répandues dans l’Asie occidentale, de la Méditerranée au Tigre et à l’Euphrate, des montagnes d’Arménie au sud de l’Arabie, portées par les Arabes jusqu’en Abyssinie et par les Phéniciens dans les îles et sur divers rivages (Carthage) de la Méditerranée. — Pour les savants qui divisent les langues sémitiques en quatre groupes : méridional (arabe, éthiopien), septentrional (dialectes araméens), oriental (assyro-babylonien), et intermédiaire (dialectes chananéens), c’est à ce dernier groupe qu’appartiennent, avec le phénicien, le punique, le moabite, etc., l’ancien hébreu et les dialectes néo-hébreu et rabbinique qui en sont issus.

I. Écriture. — I. alphabet et consonnes. — L’un des traits les plus caractéristiques dans les langues sémitiques est l’importance des consonnes. Ce sont les consonnes qui indiquent l’idée maîtresse du mot dont les voyelles ne servent qu’à marquer les nuances ou les points de vue secondaires. Toutes les fois par exemple que les trois lettres Q D Š seront groupées dans cet ordre, et quelles que soient les voyelles, on aura des mots renfermant l’idée de sainteté : QâDaŠ, « il a été saint ; » QâDôŠ, « saint ; » QôDéŠ, « sainteté, sanctuaire ; » QâDêŠ, « voué à la prostitution sacrée. » Il en est tout autrement dans nos langues, comme le prouvent les mots suivants qui ne diffèrent entre eux que par leurs voyelles. : PâLiR, PeLeR, PiLeR. PoLiR. Cette remarque nous permet de comprendre pourquoi l’alphabet hébreu pouvait ne renfermer que des consonnes. Lorsque l’hébreu était une langue parlée, il suffisait au lecteur expérimenté de connaître le sens principal exprimé par les consonnes ; le contexte et la teneur générale du passage déterminaient le sens secondaire qu’il devait exprimer au moyen de telles ou telles voyelles. — Il y a vingt-deux lettres dans l’alphabet hébreu ; toutefois, comme l’une de ces lettres correspond à deux articulations, on peut dire qu’il y a en tout vingt-trois consonnes. Leurs noms, d’origine phénicienne, désignent les objets avec lesquels leur forme primitive présentait des ressemblances. Nous reproduisons ici la forme des lettres, leurs articulations, leurs noms transcrits en caractères romains, la signification certaine ou simplement probable de ces noms. Enfin puisque les lettres hébraïques ont été employées comme chiffres, nous indiquons dans une dernière colonne leur valeur numérique.

ALPHABET HÉBREU
forme. articulation. nom
en hébreu
transcription. sens. valeur
numérique.
11. א ’, esprit doux אָלֶף Aleph. Bœuf. 101
12. ב b בֵּית Beth. Maison. 102
13. ג g, toujours dur. גּימֶל Ghimel. Chameau. 103
14. ד d דָּלֶת Daleth. Porte. 104
15. ה h הֵא Hê. Fenêtre. 105
16. ו v וָו Vav. Crochet. 106
17. ז z זַיִן Zaïn Arme. 107
18. ח ḥ, aspiration très forte חֵית Ḥêth. Rempart. 108
19. ט t טֵית Têth. Serpent. 109
10. י y, consonne יוֹד Yôd. Main. 110
11. ך, כ k כָּף Kaph. Creux de la main. 120
12. ל l לָמֶד Lamed. Aiguillon. 130
13. ם, מ m מֵם Mêm. Eau. 140
14. ן, נ n נוּן Nun. Poisson. 150
15. ס s סָמֶךְ Samek. Appui. 160
16. ע ‘, esprit rude עַיִן Aïn Œil. 170
17. ף, פ p פֵּא Pê. Bouche. 180
18. ץ, צ ts צָדֵי Ṣadê. Harpon. 190
19. ק q קוֹף Qoph. Nuque. 100
20. ר r רֵישׁ Rêsch. Tête. 200
21.
שׂ s שִׂין Ṡin.
Dent.
300
שׁ ch שׁין Šin.
22. ת תָּו Tav. Signe. 400

Remarques. — 1. Cinq de ces lettres ont une forme différente à la fin des mots ; ce sont les lettres צ, פ, נ, מ, כ, qui deviennent ץ, ף, ן, ם, ך. — Le Ṡin et le Šin ne diffèrent entre eux que par le point diacritique placé à gauche pour la lettre Ṡin (שׂ), à droite pour la lettre Sin (שׁ).

9 8 7 6 5 4 3 2 1

— 2. L’hébreu s’écrit de droite à gauche (בראשית ברא) et non de gauche à droite comme s’écrivent nos langues européennes. Jamais on ne commence un mot à la fin d’une ligne pour le continuer au début de la ligne suivante : on laissera plutôt un espace blanc à la fin de la ligne. Certaines lettres toutefois peuvent se dilater pour remplir cet espace blanc : ת, ם, ל, ה, א, peuvent devenir ﬨ, ﬦ, ﬥ, ﬣ, ﬡ. i — 3. Au point de vue de la prononciation, la plupart des lettres hébraïques ont leur équivalent dans nos langues. Les gutturales, ע, ח, ה, א, présentent seules une difficulté notable ; l’א se fait sentir par une articulation très légère semblable à l’esprit doux du grec ; le ה correspond à notre h aspiré, le ח au ch allemand très fort ; quand au ע, c’est une articulation toute particulière aux Orientaux (gh ou rg). Parmi les sifflantes ז, שׁ, שׂ, ץ, ס, ז correspond à notre z, ס à notre s ; שׂ a un son un peu plus dur ; le צ est intermédiaire entre s dur et ts. — 4. Les lettres hébraïques servent aussi à marquer les chiffres, notamment pour l’indication Ses chapitres et des versets de la Bible. Les unités sont exprimées par les lettres א à ט, les dizaines par les lettres י à צ. Le premier groupe des centaines (100 à 400) est indiqué par les lettres ק à ת ; le deuxième groupe des centaines (500 à 900) est parfois indiqué par les lettres finales (ךi= 500, םi= 600, ןi= 700, ףi= 800, ץi= 900), parfois aussi par תi= 400 joint aux lettres du premier groupe des centaines (תקi= 400 + 100 = 500). Pour exprimer les mille, on fait souvent usage des premières lettres de l’alphabet surmontées de deux points (א֞i= 1000, ב֞i= 2000). Quand il faut combiner ces lettres pour former des chiffres complexes, les lettres les plus importantes précèdent les autres. Une remarque spéciale est à faire à propos du chiffre 15. Il s’écrirait régulièrement יהo(10 + 5) ; mais יה est l’écriture abrégée du nom divin יהוה ; aussi l’écrit-on טוo(9 + 6). Une raison analogue fait écrire 16 par טז au lieu de יו.

II. les voyelles. — Dans nos Bibles hébraïques les voyelles sont indiquées par des signes spéciaux dus à diverses combinaisons du point et du trait, et placés, soit au-dessus, soit à l’intérieur, soit surtout au-dessous des consonnes. Ces points-voyelles sont combinés d’après un système adventice ajouté après coup aux textes sacrés par les Massorètes (voir plus bas, col. 504). — On distingue trois groupes de voyelles : les longues, les brèves et les semi-voyelles. Les noms araméens donnés à ces signes se rapportent à la forme que prend la bouche ou aux mouvements qu’elle exécute en prononçant ces voyelles.

1o Voyelles longues. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ָ Kamets, â long, אַָב ’âb, « père. » align=right |2. ֵ Tséré, ê long, אֵם ’êm, « mère. » align=right |3. ִ Chireq gadol, î long, אִישׁ ’iš, « homme. » align=right |4. וֹ Cholem, ô long, קוֹל qôl, « voix. » align=right |5. וּ Schoureq, û long, קוֹל sûs, « cheval. »

Comme on le voit, les trois dernières voyelles longues supposent, quand elles sont pleinement écrites, la présence d’une consonne. Le Cholem toutefois est assez souvent indiqué par un simple point placé au-dessus des consonnes (קְטֹל) : cette écriture défective ne s’emploie pas toujours d’une façon arbitraire, mais est soumise à certaines règles qu’il serait trop long d’indiquer ici. Quant à l’écriture défective du Chireq gadol et du Schoureq, elle est considérée comme fautive.

2o Voyelles brèves. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ַ Patach, a bref, אַָח ’âḥ, « frère. » align=right |2. ֶ Ségol, é bref, מֶלֶךְ mêlêk, « roi. » align=right |3. ִ Chireq qaton, i bref, אִם ’im, « si. » align=right |4. ָ Kamets chatouph, o bref, -כָּל kol, « tout. » align=right |5. ֻ Kibbuts, u bref, אֻמִּים ’ummim, « peuples. »

Un des grands défauts du système massorétique est l’emploi du même signe pour indiquer â long et o bref. Le meilleur moyen de se fixer sur la prononciation de ce signe dans les divers cas où on le rencontre est de recourir à l’étymologie. Toutefois on peut remarquer que la prononciation â long est la plus fréquente et formuler le principe suivant qui sera plus facile à comprendre après ce qui sera dit des syllabes : L’o bref ne se rencontre que dans les syllabes fermées non accentuées, ou dans les syllabes ouvertes devant un chateph-kamets ou un autre kamets-chatouph.

3o Semi-voyelles. — Elles sont appelées schevas (שְׁוָא) et l’on en distingue deux espèces : le scheva simple et le scheva composé.

1. Le scheva simple (&ensp ; ְ&ensp ;) a une double fonction. Parfois il ne rentre pas, à proprement parler, dans le système des voyelles. D’après la tradition massorétique en effet, aucune lettre, dans le corps du mot, ne peut être dépourvue de signe vocalique : si elle n’a pas de voyelle propre, on met un scheva. Le rôle de ce scheva est souvent alors de marquer la fin d’une syllabe fermée, de diviser deux syllabes consécutives (voir plus loin la question des syllabes : II, Phonétique, col. 469). Il est à noter toutefois que les lettres faibles (voir II, Phonétique) peuvent être dépourvues de tout signe vocalique, même dans le corps du mot. À la fin des mots, le ך final est la seule lettre qui prenne régulièrement ce scheva simple (מֶלֶךְ), que l’on appelle « scheva quiescent » et que l’on ne fait pas sentir dans la prononciation. — Au commencement des mots (קְטֹל), et des syllabes, soit après une voyelle longue קוֹ_טְלָה, soit après un scheva quiescent יְַק_תְלוּ, le scheva simple est appelé « scheva mobile » ; il se fait entendre dans la prononciation comme un e muet très bref : qetôl, qô-telâh, iq-telu. C’est souvent alors (voir VII, Histoire de la langue hébraïque, col. 502) un reste d’ancienne voyelle. — 2. Les « schevas composés » que l’on appelle aussi chateph, sont obtenus par la juxtaposition du signe du scheva simple et des signes des voyelles brèves. On a ainsi : un chateph-patach, ֲ i (חֲמוֹר, ḥămôr), un chateph-ségol, ֱ i(אֱמֹר, ’émôr), un chateph-kamets, ֳ i(הֲלִי, hôlî), qui équivalent à des voyelles a, é, o, très brèves, analogues à celles qui terminent les mots italiens Róma, Amáre, Córso. Ces schevas composés s’emploient surtout avec les gutturales ; toutefois ֲ iet ֳ ise rencontrent avec d’autres lettres.

III. autres signes massorétiques. — Le système massorétique ne pourvoit pas seulement à l’indication des voyelles ; il renferme d’autres signes dont les uns servent à préciser la prononciation de certaines consonnes, dont les autres marquent les relations qui existent entre les mots et les phrases.

1° À la première catégorie appartiennent : — 1. Le daguesch fort ; c’est un point placé dans des lettres qui se trouvent d’ordinaire au milieu des mots pour indiquer qu’elles se redoublent dans la prononciation : קִטֵּל doit se prononcer qit-têl. — 2. Le daguesch doux ; c’est un point qui se met en certains cas dans les lettres בגדכפת pour indiquer qu’elles ne sont pas aspirées (voir II, Phonétique). — 3. Le mappiq ; c’est un point placé dans les lettres faibles אהדי pour indiquer qu’elles gardent leur valeur de consonne (voir II, Phonétique) : on ne le trouve guère que dans le ה final. — 4. Le raphé ; c’est un signe d’un emploi assez rare dans la Bible. Il consiste en un trait placé au-dessus d’une lettre pour indiquer qu’elle n’a ni daguesch ni mappiq.

5. Le méthég, ' petit trait vertical placé à gauche d’une voyelle (&ensp ; ָֽ&ensp ;) ; il indique que, même dans une syllabe non accentuée, par exemple dans une syllabe tonique secondaire, cette voyelle ne doit pas être prononcée trop rapidement.

2o À la seconde catégorie appartiennent : — 1. Le maqqef, trait d’union que l’on met entre deux mots qui ne doivent plus en faire qu’un avec un seul accent principal sur le second mot : כָּל-אָדָם, kol-’âdâm, « tout homme ; »

— 2. Surtout les accents proprement dits. Ils sont très nombreux dans le système massorétique. Leur fonction est double. Ils indiquent avant tout la syllabe tonique de chaque mot ; pour cette fin et quelles que soient leurs autres fonctions, ils se placent au-dessus ou au-dessous de cette syllabe tonique, généralement au-dessus ou au-dessous de la consonne qui en marque le début. L’accent tonique est généralement sur la dernière syllabe du mot (qui est alors appelé milra), parfois sur la pénultième (le mot est alors dit mil‘ĕl), jamais sur l’antépénultième. — Les accents servent en outre à indiquer le lien logique de chaque mot avec la phrase tout entière, en marquant soit la connexion, soit la séparation des termes ; on distingue, à cause de cela, des « accents conjonctifs » et des « accents disjonctifs ». — De plus il y a deux systèmes d’accentuation, dont l’un est employé pour les livres regardés comme poétiques par les Massorètes (Psaumes, Proverbes, Job), l’autre pour les livres censés rédigés en prose. Les accents prosaïques sont au nombre de vingt-sept, les accents poétiques au nombre de dix-neuf. Il est inutile de les énumérer ici. — Les accents les plus importants sont les deux disjonctifs suivants : le Silluq ( –ֽ ) qui, joint au Soph-Pasuq (&nbsp ; ׃&nbsp ;), marque la fin du verset, et l’athnach Athnach, signe de cantilation< ! -- Cette police de caractères n’accepte pas le caractère Unicode de l’Athnach --> qui se met sous la tonique à la fin de la première moitié du verset.

II. Phonétique. — La phonétique est l’étude des propriétés des consonnes et des propriétés des voyelles.

I. propriétés des consonnes. — 1o Il faut distinguer d’abord plusieurs groupes de consonnes importants à signaler, à savoir : les gutturales (ע, ח, ה, א), les muettes (ת, פ, כ, ד, ג, ב), les faibles (י, ו, ה, א), les sifflantes (שׁ, שׂ, ץ, ס, ז), les dentales (ת, ט, ת), les liquides (ר, ן, ם, ל).

2o Les phénomènes généraux auxquels les consonnes hébraïques peuvent être sujettes sont : — 1. La commutation, en vertu de laquelle une lettre a été remplacée par une autre lettre du même organe ou assez homogène, par exemple dans עלץ, עלם, אלז, « être dans la joie, » גאל et געל, « racheter. » — 2. L’assimilation, en vertu de laquelle la consonne qui termine une syllabe se change en la consonne qui commence la syllabe suivante. Le cas le plus fréquent est l’assimilation de la consonne יִקָּטֵל : נ pour יִנְתָטֵל. L’assimilation n’a lieu d’ordinaire que dans le cas où la première consonne n’a pas de voyelle, mais un simple scheva quiescent ; quant à la seconde consonne, elle se redouble et prend le daguesch fort. — 3. La suppression des consonnes et plus particulièrement des faibles, אהוי, et des liquides, למנ. Elle a lieu soit au commencement des mots quand la consonne aurait un simple scheva mobile (גַּשׁ pour נְגַשׁ, impératif kal de נַגָשׁ), soit au milieu des mots surtout après une consonne munie du scheva mobile (יַקְטִיל pour יְהַקְטִיל, imparfait hiphil de קָטַל), soit à la fin des mots par exemple aux 3es pers. ptur. mas. des verbes (יִקְטְלוּ pour יִקְטְלוּן, imparfait kal de קָטַל), soit aux états construits pluriels des noms, où ים–ִ devient י–ֵ.i— 4. La transposition. On la remarque dans certains mots ; c’est ainsi par exemple que שִׂימְלָה et שַׂלְמָה ne diffèrent que par la transposition du ל et du מ et ont exactement le même sens. La transposition a lieu aussi dans certaines formes grammaticales, lorsque la conjugaison amène la juxtaposition d’une sifflante après une dentale préformante ; dans ce cas la sifflante passe avant la dentale et la forme הַשְׁתַּמֵּר remplace, à l’hithpahel de שָׁמַר, la forme normale הִתְשַׁמֵּר.i— 5. Surtout le redoublement, indiqué par le daguesch fort. Le redoublement est essentiel : quand une consonne devrait être écrite deux fois sans autre intermédiaire que le scheva simple quiescent, הִכְרַתִּי pour הִכְרַתְתִּי ; quand il y a assimilation, יִגַּשׁ pour יִנְגַּשׁ ; quand le redoublement est caractéristique d’une forme grammaticale soit dans la conjugaison du verbe (לִמֵּד de לָמַד), soit dans la dérivation des noms (גַּבּוֹר). Il est en revanche des cas où le redoublement n’a d’autre raison d’être que l’euphonie. On ne redouble pas les consonnes finales, ni certaines consonnes (notamment les sifflantes et נ, מ, ל, י, ו) munies du scheva simple.

3o Les lettres muettes, les gutturales et les lettres faibles donnent lieu à plusieurs remarques particulières : 1. Les muettes ont une double prononciation : un son primitif dur et rapide, et un son aspiré, plus doux et plus faible (on ne fait guère sentir la différence que pour le פ, dont la prononciation dure est p, dont la prononciation aspirée est ph). La prononciation dure, indiquée par le daguesch doux, s’est maintenue dans les muettes : au début des mots, quand ils commencent une phrase ou un membre de phrase, ou bien quand ils sont précédés d’un mot terminé par une lettre sans voyelle ; au commencement des syllabes dans le corps des mots, quand la syllabe précédente se termine par une consonne munie du scheva quiescent (יִרְפָּא, « il guérit » ) ; enfin toutes les fois que ces consonnes sont redoublées (le daguesch fort remplit alors une double fonction : il indique le redoublement et sert de daguesch doux). — 2. Les gutturales ont trois propriétés spéciales. — Leur dureté ne permet pas qu’on les redouble ; elles n’ont jamais de daguesch ; le ה et surtout le ח peuvent avoir un redoublement atténué que l’on appelle virtuel et qui exerce son influence sur le choix des voyelles qui les précèdent. — Leur prononciation rauque est inséparable d’une certaine association avec le son a ; de là vient que, toutes les fois que c’est possible, la voyelle a prend, devant les gutturales, la place des autres voyelles : זֶבַח pour זֶבֶח, « sacrifice. » Quand cette substitution répugne aux principes de la grammaire, on introduit, entre la voyelle et la gutturale, un a intermédiaire très bref, dit patach furtif, qui n’est pas même une voyelle proprement dite et qui se prononce avant la lettre sous laquelle il est inscrit : שָׁלוּחַ, Šâlua, pour שָׁלוּח. — Enfin lorsque ces consonnes n’ont qu’une semi-voyelle, on ne peut généralement les prononcer sans faire entendre un son plus caractérisé que celui du scheva simple mobile ; de là l’emploi des schevas composés avec les gutturales, אֱמֹר׃ pour אְמֹר ; et יַהֲרֹג pour יִהְרֹג ; même le scheva composé est remplacé par une voyelle proprement dite devant un scheva simple, יַהַרְגוּ pour יַהֲרְגוּ (chaque gutturale a une affinité particulière avec un scheva composé : א avec ֱ , i ה et ח avec ֲ ).{{{1}}} Toutefois la règle du scheva composé, absolue quand la gutturale est au début des mots et des syllabes (גָּאֲלָה, עֲמֹד), admet beaucoup d’exceptions quand la gutturale termine la syllabe (יַחְשֹׁב, שָׁלַחְתָּ). — Le ר est assimilé aux gutturales en tant qu’il ne peut pas se redoubler, et qu’il a quelque affinité pour le son a. — 3. Les lettres faibles ont ceci de particulier que leur articulation est, en certains cas surtout, très atténuée, très adoucie, et peut même, sous diverses influences, ne plus se faire entendre du tout ; dans ce dernier cas, les lettres faibles ne servent plus qu’à allonger les voyelles qui les précèdent. — L’א est l’esprit doux du grec ; il garde toujours cette articulation et reste lettre gutturale quand il est au début du mot ou d’une syllabe : אָמַר, ’âmar, « il a dit. » Il la garde même en certains cas, lorsque dans le corps du mot il termine une syllabe, נֶאְדַר. Mais l’א perd le plus souvent sa valeur de consonne à la fin des syllabes dans le corps du mot ; il la perd toujours quand il termine le mot lui-même. Dans ces deux cas il ne fait plus qu’allonger la voyelle qui précède : ריאצל pour ריאצל (pour ריאצל), לאבר pour , סצא לאסד pour סצא (cf. aussi ראשים pour ראשים avec transposition, sous la consonne munie du scheva, de la voyelle de la lettre suivante). Parfois on n’écrit plus l’א « devenu muet : >ns' pour >rNï>. — Au début des mots et des syllabes, le ח garde toujours sa valeur de consonne gutturale (sauf pour le verbe חלף, qui suit, en grande partie, la conjugaison d’un פי). Il la garde aussi d’ordinaire à la fin des syllabes soit dans le corps des mots (יתףר), soit même â la fin (בכה). Parfois cependant on l’élide : c’est, par exemple, quand il est précédé d’une lettre munie de scheva simple mobile et qui prend alors la voyelle du ii, yiNS pour ywrra ; c’est aussi quand la voyelle qui le précède et celle qui le suit se contractent en une diphtongue : "IMD pour WDiD. — À la fin des mots, le ח n’est pas toujours une consonne même atténuée ; très souvent il n’a d’autre rôle que d’indiquer une des voyelles longues â, ê, ô (voir plus bas). — Le י est une vraie consonne, assimilable, quant à sa prononciation orientale et primitive, au w anglais dans war. Toutefois le son du י est très obscur ; quand, d’une part, le י est précédé d’une des voyelles o ou u et que, d’autre part, il n’a pas de voyelle propre, il tend à s’affaiblir, à se contracter avec cette voyelle qui le précède de manière à donner un û long : atfin pour suhn ou atfin. Le même affaiblissement en u (ou en o) a lieu lorsque, suivi d’un ô long, le י est précédé d’un simple scheva (oip pour Dip) ou même quand il est entre deux voyelles (aip pour mp). Précédé de la voyelle a, le י muni d’un simple scheva donne la diphtongue au : 3>înn pour 2tnhn. Il faut enfin noter que le t se change assez facilement en’soit au début des mots (ib> pour Tbi) soit

-’' -T -T

au milieu, sous l’influence du son i (ntpn pour D’ipn).

— L’i est, lui aussi, une véritable consonne, assimilable à l’y du mot anglais year. Mais précédé du son i ou du son é, il perd sa valeur de consonne et donne un î long ou un ê long ; précédé de o, il donne la diphtongue ai. — En dehors des cas où le t etl’i sont précédés des voyelles de son analogue ou homogènes (u et o pour le i, i pour 1) ou de la voyelle o, ces lettres gardent leur valeur de consonne : fhi, îb^. — À la fin des mots

T - "T

toutefois, même quand elles sont précédés des voyelles homogènes ou de a, i et > disparaissent très souvent : >ba, par exemple, devient bî et un n est introduit pour

"T TT

marquer la voyelle longue qui résulte de ce changement : nbî (voir, pour l’emploi de ce ii, VII, Histoire de

la langue hébraïque, col. 499).

II. propriétés des voyelles.

Les voyelles constituent un élément secondaire dans la langue hébraïque ; aussi sont-elles généralement flottantes et pour le plus grand nombre soumises à des changements multiples : allongements, abréviations, additions, suppressions. — Il y a peu de mots dont les voyelles échappent à toute espèce de changement et sont « impermutables ». Certaines voyelles sont, dans tel mot donné, impermutables par nature ; ce sont généralement les voyelles longues â, ê, i, ô, û, mais seule la connaissance des formes grammaticales permet de savoir avec certitude si elles ne peuvent changer. Le plus souvent toutefois, â, ê, i, ô, ù, essentiellement longs, sont pleinement écrits ; é et t sont écrits avec » (tst), ô et û avec i ("rtsa) ; l’a long est rarement représenté par une consonne dans le corps des mots. — En d’autres cas, les voyelles sont impermutables à raison de leur position. Ainsi une voyelle brève est impermutable quand elle est suivie d’une consonne redoublée (tel ï’i bref-nsi) ou d’une lettre qui, d’après les principes de la grammaire, serait munie du daguesh si sa nature ne s’y opposait (tel l’a bref de nnn pour min). Pareillement une voyelle longue sera impermutable quand elle remplacera une voyelle brève devant une consonne qui devrait être redoublée si sa nature ne s’y opposait (tel l’a long de ^13 pour ip12). — Quant aux voyelles « permutables », elles changent généralement sous l’influence des désinences ou des transformations diverses qu’amènent la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes. Mais on peut préciser davantage les causes de ces changements en disant qu’ils peuvent dépendre : de la syllabe, de l’accent tonique, de la pause, de l’euphonie. 1° La syllabe.

En hébreu, comme dans les autres

langues, la syllabe est le résultat de la conjonction des voyelles et des consonnes en groupes caractérisés. — En hébreu, une syllabe commence toujours par une consonne. Il n’y a d’exception au principe général que pour la conjonction T lorsqu’elle est ponctuée i. — Quant à leurs finales, certaines syllabes se terminent par une voyelle (p et n dans nbiap) et sont dites & ouvertes ».

T T T : - T

D’autres syllabes se terminent par une consonne (td

dans nbisp) ou deux (nbio dans Fibisp) et sont dites

t : - t ::- ::- t « fermées ». Parmi les syllabes fermées on donne le nom spécial de syllabes « aiguës » à celles qui sont terminées par une lettre redoublée : dn dans "isn. — Il faut noter

aussi que ni le scheva simple mobile ni le scheva composé ne peuvent constituer, avec les consonnes qui les entourent, des syllabes proprement dites : la consonne munie de ces demi-voyelles se rattache à la syllabe qui suit (iVep> se doit lire yiq-telû ; "iby£ se doit lire pô-’âlô).

— Les syllabes ouvertes ont généralement des voyelles longues : btJp, etc. Quant aux syllabes fermées ou aiguës,

elles ne peuvent prendre que des voyelles brèves (nsbD,

nDDn), à moins qu’elles n’aient l’accent (ddtt, « sage » ).

7 : T TT

Il arrive sans cesse que la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes transforme des syllabes fermées en syllabes ouvertes, des syllabes ouvertes en syllabes fermées, et amène par conséquent des changements dans leurs voyelles.

L’accent tonique. — L’accent tonique principal est d’ordinaire sur la dernière syllabe, parfois sur la pénultième. Lorsqu’on ajoute des désinences, elles attirent généralement l’accent ; plus rarement elles le laissent sur la dernière syllabe du radical. Or, en hébreu comme d’ans toutes les autres langues qui font sentir la tonique, la syllabe accentuée attire sur elle l’effort de la voix, souvent même aux dépens des autres syllabes. Lors donc que, en vertu des flexions grammaticales, l’accent tonique principal est déplacé, les voyelles et les syllabes initiales se trouvent modifiées, abrégées et même supprimées.

La pause. — On désigne sous ce nom la forte intonation que, dans la lecture publique et rythmée des synagogues, on donne à la syllabe tonique du mot qui termine une phrase ou un membre de phrase important. Elle se produit régulièrement avec les grands accents silluq et ahtnaq ; on la rencontre parfois avec des accents secondaires moins importants (zaqeph-qaton, rebia, pazér, etc.). Elle amène l’allongement des voyelles et parfois en fait réapparaître que la flexion grammaticale avait supprimées.

L’euphonie. — On a vu qu’un mot hébreu peut se terminer par deux consonnes sans voyelles. Toutefois, pour éviter l’articulation dure qui en résulte, on introduit souvent une voyelle auxiliaire entre ces deux consonnes, é bref avec les consonnes ordinaires

(jVp pour 1)Sd) ; a bref avec les gutturales 1-tTi pour -173) ; t bref avec > (n’a pour n’a). La même raison d’euphonie fait qu’on ne laisse jamais deux schevas consécutifs au début d’un mot ou d’une syllabe ; on remplace le premier par une voyelle auxiliaire (i bref en général ; sous les gutturales ou immédiatement avant, la voyelle qui correspond au scheva composé qu’elles affectent) : nst pour.n’ai ; hbah pour Von 1 ;.

III. Morphologie.

La morphologie est la science des formes grammaticales, c’est-à-dire des modifications ou flexions que subissent les mots en vue d’exprimer les diverses nuances de la pensée qui se rattachent à l’idée principale figurée par la racine elle-même. — 1° La racine est l’élément fondamental en hébreu comme dans toutes les autres langues. Les racines hébraïques ont généralement trois lettres qui, avec les voyelles qu’elles soutiennent, forment deux syllabes. Il faut regarder comme réellement trilittères un certain nombre de racines dans lesquelles une des deux dernières lettres a disparu et qui dès lors paraissent n’avoir que deux radicales : il en est ainsi avec les mots dont les deux dernières consonnes sont semblables : Ta pourtn, « piller, » avec ceux dont une des deux dernières lettres est faible : Dp pour mp, « se lever ; » quant aux racines à quatre lettres, elles sont souvent d’origine étrangère ; parfois aussi elles sont dérivées de racines trilittères. Les racines ont des voyelles spéciales pour les verbes et pour les noms. Généralement on choisit, pour point de départ des flexions grammaticales, la racine sous la forme qu’elle revêt à la 3° pers. sing. masc. du parfait, dans le verbe à sa conjugaison la plus simple.

Les flexions sont de deux sortes en hébreu.

Il

y a des flexions « internes » consistant en des modifications introduites dans l’intérieur même de la racine, telles que des redoublements de lettres : Sup de biop ; des

changements de voyelles : hwp, btop, biop, etc. — Il y a

— t :

aussi des flexions « externes » consistant dans l’addition de divers éléments qui, tout en étant distincts de la racine, s’unissent à elle pour ne constituer qu’un seul mot. Ces éléments adventices prennent le nom de préformantes ou préfixes quand ils sont mis au début du mot avant la racine : Vcp, MspJ, S’iapn, Vispnn ; quand

ils sont à la fin du mot, on les appelle affermantes, suffixes ou désinences : SiDp, nVop, « Vopn. — La morphologie doit s’occuper : des pronoms, des verbes, des noms, des particules.

I. les pronoms.

Pronoms personnels.

Ils sont

les plus importants et se présentent sous plusieurs formes. — 1. Pronoms séparables isolés :

    1. SINGULIER##


SINGULIER.

1° pcrs.com. > ::>* (à la pause

T

< <

>r : N), > : x (à (a pause » : n).

t — : t

2° pers. masc. niw (rarementVHi.à t - t < la pause rtPN).

1’pers. fém. PK (rarement’fin ;

pause DN)

t

3° pers. masc. N"n

3* pois. fém. N’il

    1. PLURIEL##


PLURIEL.

wn : N (à la pause !  ; rt : x),

i : n3(àtop.ijn :), . « N.

- : t -.

ont ».

n : nx (ou nanx, rarem. T » - T.._

pis ou tfin).

en (-on) ou rœn. … T..

nsn (rorcmentin, "p).

l’on veut attirer d’une façon particulière l’attention sur le sujet du verbe. Les pronoms personnels sont indiqués le plus souvent par des débris de ces formes complètes, qui se joignent comme préfixes ou comme suffixes aux mots auxquels ils se rapportent.

2. Pronoms inséparables.

Une première série de ces formes mutilées sert à indiquer les personnes dans la conjugaison des verbes et elles se divisent en deux groupes selon qu’on les met avant ou après le radical. Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnes au parfait se mettent après le radical et correspondent d’ordinaire à la finale du pronom séparable. Ce sont :

    1. SINGULIER##


SINGULIER.

    1. PLURIEL##


PLURIEL.

1™ pers. com. » s.

i :.

2° pers. masc. p.

B71.

2e pers. fôm. ru

P.

3° pers. com…

1.

Ces pronoms séparables sont d’un emploi assez peu fréquent. Ils ne peuvent en effet être utilisés comme compléments ; d’autre part les formes verbales renferment en elles-mêmes l’indication des personnes ; on ne se sert donc des pronoms personnels séparés que dans les cas où

Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnes à l’imparfait se placent. avant le radical et correspondent d’ordinaire au début du pronom séparable. Si la première lettre est identique pour plusieurs formes, on complète l’indication des personnes par des désinences empruntées aux finales de ces mêmes pronoms ; on a ainsi :

    1. SINGULIER##


SINGULIER. PLURIEL.

1™ pers. com pré), n prèf. j,

2e pers. masc prêtn. (désin. ^), préf. ri »

2* pers. tém.(désin. 1), préf. n. (désin. ru), prèf. n.

3° pers. masc (désin. 1)

3’pers. fém (désin. ni)

T

Il est à remarquer que les pronoms de la 3° pers. ne sont pas employés comme désinences au parfait singulier, ni comme préfixes à l’imparfait ; toutefois on empfoie les désinences 1 (des vieilles formes de dfin et de on) et na

(des formes rniw et nsn) pour distinguer les genres

à l’imparfait pluriel.

Une deuxième série de formes pronominales mutilées sert à indiquer les pronoms compléments des verbes, des noms et des prépositions. Elles sont généralement les mêmes, que les pronoms soient compléments des noms, des verbes ou des prépositions ; il n’y a d’exception que pour la 1™ pers. du sing. Voici le tableau de ces pronoms suffixes :

    1. SINGULIER##


SINGULIER. PLURIEL.

l"pers. com. >_ (avec les verbes i ;), 13,

2’pers. masc. ^, D3. 2° pers. fém. ^, p,

3< pers. masc. iii, 1 ( v), nn, D. 3’pers. fém. ri, -..)h, t.

T T

Parmi ces pronoms il en est qui commencent par une consonne : ce sont ceux que de préférence on joint aux formes qui se terminent par une voyelle. Quand il est nécessaire de les joindre à une forme qui se termine par une consonne, on intercale très souvent une voyelle de liaison (r, , ? : _) ; seuls les pronoms 03 et p ne prennent jamais

cette voyelle. — La plupart des suffixes qui commencent par une voyelle (’__, 3, o, t_J ont l’accent tonique.

Au contraire, le plus grand nombre des suffixes qui commencent par une consonne laissent l’accent sur la voyelle de liaison ou sur la dernière syllabe du mot, et sont dits suffixes légers ; il n’y a d’exception que pour 475

hébraïque (langue)’476

as, p. on, jn, qui ont toujours l’accent toniqqe et sont

dits suffixes graves. — Lorsque les pronoms suffixes sont joints au verbe, ils expriment d’ordinaire le complément direct du verbe actif de l’hébreu. — Unis au nom ils expriment le génitif et équivalent à de véritables pronoms possessifs : nsD, « le livre de moi » (c’est-à-dire :

mon livre). — Avec les particules, ils peuvent exprimer tous les compléments dont elles sont susceptibles.

Autres pronoms.

1. Pronoms démonstratifs. —

On peut employer comme pronoms démonstratifs les pronoms personnels de la 3° pers. (nv, N>n, nn, jn) : ils

servent alors de préférence à indiquer les objets éloignés. . — Les pronoms démonstratifs proprement dits se rapportent surtout aux objets présents ou rapprochés. Ils ont une forme pour le masculin singulier (nr, .ou, avec l’article, rwn), une autre pour le féminin

singulier (tint, ou, avec l’article, riNin), une antre

enfin pour le pluriel aux deux genres (n’îS, ou, avec

l’article, n’wri). — On trouve aussi une forme poétique

invariable (n) et quelques autres formes extrêmement rares (n^n, nVi, rôn). — 2. Lepronom relatif invariable

est-itfN ; ce mot ne sert pas seulement de pronom relatif : c’est une application particulière du rôle général qu’il remplit pour indiquer la relation. — Dans plusieurs livres, Ttf » a perdu son » initial et assimiléson i final ;

telle paraît être du moins l’origine de la particule tf (tf, tf), qui se joint au mot en amenant le redoublé — T

ment de la lettre suivante. — 3. Les pronoms inlerrogatifs (qui peuvent aussi servir de pronoms indéfinis) sont : >d, qui, pour les personnes, et no, quoi, pour les choses.

v "’il. le verbe. — Le verbe a en hébreu une importance toute particulière. Il est, comme dans les autres langues, l’élément principal de la phrase. Mais en outre, c’est de lui le plus souvent que sont formées les autres parties du langage. Le nom hébreu est presque toujours dérivé du verbe. — Il est très rare, au contraire, qu’un verbe dérive d’un nom (il y en a pourtant plusieurs exemples et on les appelle verbes dénominatifs) ; mais, même en ce cas, le nom d’où ce verbe dérive se rattache souvent à un autre verbe qui lui a donné naissance.

Formes ou conjugaisons.

Ce qui frappe tout

d’abord dans le verbe hébreu, c’est une grande richesse de formes ou de conjugaisons. — 1. Conjugaison « impie. Elle est dite forme légère (Vp, kal), parce qu’elle n’a ni daguesch ni préfixe ; elle exprime de la façon la plus élémentaire l’action ou l’état correspondant à la racine. Le radical (c’est-à-dire la 3e pers. sing. masc. du parf.) est dépourvu de toutes préformantes spéciales et muni de deux voyelles ; dans les verbes transitifs ces deux voyelles sont â long et a bref : b13p, « il a tué ; » dans les verbes intransitifs, la seconde voyelle est souvent ê long (133, « il est lourd » ) ou ô long. (r’i’Dp, « il est petit » ). — 2. Conjugaisons dérivées. Dans nos langues indo-européennes il arrive parfois qu’en changeant une voyelle dans un verbe, ou en modifiant légèrement une de ses consonnes, ou encore en lui ajoutant un préfixe, on obtient un verbe nouveau dont le sens est dérivé par rapport à celui du précédent ; on a ainsi en grec-rEvo^ai et fewôu, en latin jacere et jacêre, lactêre et lactare, en anglais to fall et to fell, en allemand trinken et trânken, en français conter, raconter, etc. Mais ce qui dans nos langues ne se produit qu’à titre d’exception existe à l’état de s ystème dans les langues sémitiques, et notamment en hébreu. De la conjugaison simple se forme toute une série de conjugaisons secondaires que l’on appelle

graves, alourdies (onas), parce qu’on ne les obtient

qu’en chargeant le radical de diverses modifications internes ou externes. — On a encore recours, pour désigner ces formes, à l’ancien verbe-type Vts, « faire, 9

auquel on donne les voyelles ou les préfixes de chacune des formes qu’il doit indiquer. Ces conjugaisons sont au nombre de sept principales auxquelles s’en rattachent un certain nombre d’autres, plus rares en hébreu, bien qu’elles puissent être d’un fréquent usage dans d’autres langues sémitiques, et sur lesquelles il n’y aura pas lieu d’insister ici. — Ce sont :

a) Le pihel que l’on obtient en redoublant la seconde radicale et dont les voyelles t bref et ê long (on trouve aussi beaucoup d’exemples de pihal) ont pris la place de deux a brefs primitifs qui reparaissent dans la conjugaison : bsn

(pour Vep). — Le pihel exprime avant tout l’intensité ou

la répétition de l’acte ou de l’état indiqués par la forme simple : pm, « rire ; » pihel, « jouer, plaisanter. » L’intensité de l’action se manifeste parfois par un effet moral et amène l’agent à exercer son influence sur d’autres agents pour obtenir la réalisation de l’acte exprimé par la racine : de là le sens causât if qui s’attache quelquefois, au pihel, surtout dans les verbes qui sont intransitifs au kal : lob, « apprendre ; x> pihel, « enseigner ; » pis,

-T -T « être juste ; » pihel, « déclarer juste. » — Il est enfin à noter que beaucoup de verbes dénominatits sont usités au pihel, soit que cette conjugaison indique la production de l’objet exprimé par la racine nominale : j sp, « faire

un nid, » de rp, « nid, » soit qu’elle indique au contraire la suppression de cet objet : ffvt, - « déraciner, ?> de tfitf, « racine. » — Au pihel se rattachent plusieurs

formes rares dans le verbe régulier, mais assez fréquentes dans les verbes irréguliers : poel (biD’ip), pilel fijîisp) et pilpel (SSï, de bi, pour Vi », « rouler » ).

b) Le puhal passif du pihel, obtenu comme les autres passifs en assombrissant en ù bref la première des deux voyelles primitives (Visp) du pihel : bisp. Il a tous

les sens passifs correspondant aux divers sens actifs du pihel. — Au puhal se rattachent le poal, le polal, le polpal.

c) L’hiphil dont la caractéristique est le préfixe n et dont les voyelles i bref et î long (b’iopn) ont pris la

place de deux â brefs primitifs (Viapn) qui reparaissent dans la conjugaison. — L’hiphil exprime avant tout la causalité physique ou morale exercée pour la production de l’acte ou de l’état indiqués parle kal : xs>, « sortir ; »

TT

hiphil, « faire sortir ; » srrp, « être saint ; » hiphil, « sanctifier. » Cette signification donne naissance à une série de sens secondaires qui varient avec les différents verbes. — Souvent les verbes dénominatifs sont usités à l’hiphil pour exprimer la production de l’objet indiqué par le nom. — À l’hiphil se rattache le tiphel avec le préfixe n au lieu de ii, et le schafel avec le préfixe ti/ ; cette dernière forme, régulière en syriaque, est presque inouïe en hébreu.

d) L’hophal est le passif de l’hiphil ; on l’obtient en assombrissant en o bref la première des voyelles primitives (Vison) de l’hiphil : Vopn. Parfois, il équivaut simplement au passif du kal.

e) Le niphal est dérivé du kal au moyen d’un 3 préfixé au radical : Vopa. Dans une partie de la conjugaison, le i, qui est ici ponctué i bref, n’a qu’un simple scheva ; on le fait alors précéder du n (muni de Ja voyelle auxiliaire i bref) prosthetique ou euphonique ; il en résulte l’assimilation du ; avec la première consonne du radical, bispn (infinitif niphal, pour Vepan). —

Le niphal est avant tout une forme réfléchie : inD, « cacher ; » niphal, a se cacher. » Il exprime aussi la réciprocité : yy>, « conseiller ; » au niphal, « tenir conseil, »

le but tout personnel d’une action : Ssxtf, « demander ; » au niphal, « demander pour soi. » — Toutefois le niphal est souvent employé dans un autre sens. Tandis que le.pihel et l’hiphil ont une forme passive qui leur correspond directement, le kal n’a de passif qu’au participe. Pour le reste de la conjugaison c’est le niphal qui sert de passif au kal.

f) VlUthpahel formé du pihel (avec l’a bref primitif de la première radicale) en lui préfixant un ri, avec un n

euphonique vocalisé comme au niphal : Visprin. Le n

préfixe est, comme le :, l’indice des formes réfléchies. Aussi l’hithpahel est-il à proprement parler le réfléchi du pihel ; mais sa signification s’est étendue et il est purement et simplement la conjugaison réfléchie du verbe hébreu. Il exprime la réciprocité, le but personnel, très rarement le passif (forme passive très rare : hothpahal.)

Il arrive fréquemment que plusieurs de ces conjugaisons donnent des significations identiques ou dont les différences sont à peine sensibles. D’ailleurs il est très rare qu’un verbe ait ses sept formes ; le plus souvent plusieurs conjugaisons sont inusitées pour chaque verbe.en particulier.

Genre et nombre des verbes.

Très riche en conjugaisons,

le verbe hébreu est aussi très précis pour l’indication des personnes quant au genre et quant au nombre.

L’hébreu ne compte que deux genres : le masculin et le féminin, et que deux nombres : le singulier et le pluriel. Le duel n’est guère usité que pour les choses paires de leur nature, telles que les parties du corps, et n’a pas de forme spéciale dans la conjugaison. — Les personnes, dans le verbe, ont des formes particulières pour le singulier et le pluriel, et les 2° et 3 a pers. ont de plus des formes spéciales pour le masculin et pour le féminin. Il est à noter toutefois qu’à certains temps, la 3e pers. n’a, au pluriel, qu’une forme pour les deux genres.

Modes du verbe.

La conjugaison hébraïque n’a

que deux modes personnels : l’indicatif et l’impératif. Il n’y a que rarement des formes spéciales pour le subjonctif, le conditionnel et l’optatif. De là, en beaucoup de circonstances, de sérieuses difficultés pour l’intelligence de la dépendance et de la coordination des phrases. — Outre ces deux modes personnels, l’hébreu compte deux modes impersonnels, l’infinitif et le participe.

Temps du verbe.

La langue hébraïque, pauvre

en modes, l’est encore plus en temps. Les sémites n’avaient pas su exprimer nettement les trois périodes qui divisent la durée considérée à notre point de vue subjectif : le présent, le passé et l’avenir. L’hébreu se place au point de vue de l’objet, de l’acte, ou de l’état dont il est question, et se demande à quel point d’achèvement en est cet acte ou cet état, quelle que soit la période de la durée à laquelle il le considère. Aussi l’hébreu n’a-t-il, à proprement parler, que deux temps : — 1. Le parfait, qui indique que l’action ou l’état exprimés par le verbe sont accomplis ou pleinement réalisés. Ce parfait hébreu n’est donc pas toujours à confondre avec le parfait de nos conjugaisons indo-européennes. De fait, il faut souvent le traduire par notre parfait, par exemple : « Nous avons eu un songe. » Gen., XL, 8. Mais il exprime en d’autres cas notre plus-que-parfait : « Et il (Dieu) se reposa de tout son travail qu’il avait accompli, » Gen., ii, 2 ; notre imparfait, surtout dans les narrations : « II y avait dans le pays de Hus un homme qui s’appelait Job, » Job, 1, 1 ; notre plus-que-parfait du subjonctif : « Si Jéhovah des armées ne nous avait laissé un reste, nous eussions été comme Sodome. » Is., i, 9. — Il peut même correspondre

à notre présent quand, par exemple, il s’agit d’exprimer un état qui est la résultante d’une action ou d’un autre état pleinement accomplis : « Je sais » (c’est-à-dire « j’ai appris » ). Job, ix, 2. — Bien plus, il équivaut assez souvent à notre futur simple, par exemple, lorsqu’on a une telle certitude de l’accomplissement de l’acte à exécuter qu’on peut déjà le considérer comme achevé : « Tu me délivreras (sûrement), Seigneur. » Ps. xxx, 6. C’est à cette hypothèse que se rattache le Perfectum propheticum : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres verra (Vulgate : vidit) une grande lumière. » Is., îx, 1. De même il doit parfois être rendu par le futur antérieur : « Et les restes de Sion seront appelés saints… lorsque le Seigneur aura lavé les orduresdes filles de Sion. » Is., iv, 3, 4. — 2. Le second temps est l’imparfait qui représente l’action exprimée par le verbe dans un état incomplet d’achèvement ou de réalisation. Il est donc loin de correspondre à notre imparfait, et ses significations ne sont ni moins variées ni moins vagues que celles du parfait. Le plus souvent il faut le traduire par notre futur, celui de tous nos temps qui marque le plus clairement qu’une action est inachevée : « Voici, ils ne me croiront pas, ils n’écouteront pas ma voix, » Exod., iv, 1 ; ou par notre futur passé : « L’aîné qui devait régner » (qui regnaturus erat). IV Reg., iii, 27. — Très souvent toutefois il correspond à notre présent de l’indicatif : « Qui cherches-tu ? » Gen., xxxviii, 15 ; à notre présent du subjonctif : « Confondons leur langage afin qu’ils n’entenderd plus la langue les uns des autres, » Gen., xi, 7 ; à l’optatit : « Que ton serviteur parle. » Gen., xliv, 18. — Parfois même il correspond à notre passé, par exemple après certaines particules qui gouvernent l’imparfait même quand elles sont placées dans le récit d’événements passés : « Alors parla Josué, » Jos., x, 12 ; mais surtout quand il s’agit d’exprimer des actions qui se sont produites habituellement dans une période donnée. C’est ainsi qu’en parlant des relations de Job avec ses enfants, l’on dit : « Ainsi Job faisait-il avec ses enfants. » Job, i, 5.

Rien donc de plus vague que les temps hébreux ; leur signification est à ce point flottante qu’en nombre de cas on peut employer indifféremment l’un ou l’autre d’entre eux, et que souvent le contexte et quelques règles assez indécises de la syntaxe permettent seuls de saisir leur sens exact. Il en est résulté une grande difficulté pour les traducteurs qui avaient à rendre les textes sacrés en grec ou en latin. Parfois le souci de la fidélité leur a fait suivre des procédés de traduction qui nuisent à la précision et à l’exactitude. C’est ainsi, par exemple, que fréquemment ils ont, comme par principe, exprimé le parfait hébreu par notre passé et l’imparfait par notre futur, alors que l’un et l’autre correspondaient au présent. Le Ps. I est particulièrement instructif à cet égard. Une première série de verbes est au passé dans la Vulgate : non abiit… non stetit… non sedit ; ceux qui viennent ensuite dans les propositions principales sont au futur : meditabitur… et erit… dabit… non defluet… prosperabuntur… non résurgent… peribit. En réalité il s’agit d’un parallèle entre le juste et l’impie qui est toujours vrai et toujours présent.

Mécanisme de la conjugaison.

Il est assez simple.

La série des modifications se fait sur deux formes principales de la racine. — 1. En partant de la 3e pers. sing. masc. du parfait (bop), on obtient successivement : 1e reste

— T

du parfait, le participe (au kal et au niphal) et l’infinitif.

— a) Le parfait se conjugue en ajoutant au radical les désinences pronominales mentionnées plus haut, col. 474 ; à la 3e pers. sing. fém., la désinence n est une désinence

caractéristique du féminin que l’on retrouve aussi dans les noms. Les Voyelles du radical changeront selon que

les désinences commencent par une voyelle (n_, i) ou par une consonne, qu’elles sont accentuées (n_, i, dp, in) ou non (n, ii, >n). — 6) Les participes de la conjugaison simple et celui du niphal s’obtiennent également du parfait. Kal a deux participes ; un actif (Vop), dont

la voyelle caractéristique est l’ô long impermutable de la première radicale ; un passif fiTOp) caractérisé sur T

tout par l’û long impermutable de la deuxième radicale. Le participe niphal Oîispi) ne diffère du parfait que

par l’allongement de la voyelle de la seconde radicale. Ces participes sont des noms véritables qui se déclinent comme les adjectifs ordinaires. — c) On distingue en hébreu deux infinitifs : l’infinitif dit « absolu », et l’infinitif « construit ». Ces infinitifs sont, eux aussi, de véritables noms abstraits, dérivés du radical d’après les mêmes principes que les substantifs ordinaires. — L’infinitif le plus souvent employé est l’infinitif construit, qui ne mérite d’ailleurs cette appellation que pour le kal, jisp, où il est en réalité dans les mêmes rapports avec

l’infinitif absolu "rtisp que l’état construit avec l’état absolu

T

dans les noms. Aux autres conjugaisons l’infinitif construit est un nom à part ayant toujours, il est vrai, sa première voyelle semblable à celle de l’infinitif absolu (niphal inf. abs. "îispn, const. "îispn ; pihel inf. abs. "rép,

const. "rep, etc.). Cet infinitif qui exprime l’idée verbale

abstraite, par exemple, le tuer, peut avoir un double complément. Il peut avoir un complément à la façon du nom, indiquant la personne à laquelle il faut attribuer comme à un sujet l’acte exprimé par le verbe : le tuer de Pierre, c’est-à-dire l’acte par lequel Pierre tue. Il peut avoir un complément direct à la façon du verbe, indiquant le sujet sur lequel s’exerce l’action exprimée par la racine : le tuer Pierre, c’est-à-dire l’acte par lequel on tue Pierre.

2. L’infinitif construit sert à son tour de radical secondaire pour le reste de la conjugaison, c’est-à-dire pour l’imparfait, l’impératif et le participe de certaines conjugaisons quhel, puhal, hiphil, hophal, hithpahel). — a) L’imparfait s’obtient en faisant précéder l’infinitif construit des préfixes pronominaux indiqués plus haut (col. 474), ou des préfixes * (d’origine incertaine) pour les 3 M pers. masc, et n (ancienne désinence féminine)pour les3 M pers. fém. ; ces préfixes, munis par eux-mêmes d’un simple scheva, s’unissent au radical selon les règles générales de la phonétique : kal, hbpt.pour Map » ; pihel, Vep » ; hiphil,

<jfopt pour tyopn ». L’addition des désinences (col. 474) se

fait comme au parfait. — b) L’impératif n’a qu’un temps. Comme d’ailleurs il n’a que des secondes personnes, il n’a pas besoin de préfixes qui nuiraient à la brièveté du commandement. — c) Aux pihel, puhal, hiphil, hophal et hithpahel, les participes s’obtiennent en préfixant à l’infinitif construit un d qui se traite absolument comme les préfixes de l’imparfait : pihel, VispD ; hiphil, "vepD

pour. ViopriD, etc.).

Suffixes verbaux.

À la flexion des verbes se rattache

leur adjonction aux suffixes pronominaux compléments. Ces suffixes exprimant le complément direct ne s’unissent qu’aux formes actives. De plus, certains suffixes sont incompatibles avec certaines formes, personnelles du verbe ; les 2 M pers. du verbe ne prennent jamais les suffixes de la 2e pers., ni les i m pers. du verbe les suffixes de la l re pers. ; la 3e pers. sing. fém. ne reçoit pas les suffixes des 2° pers. ptur. Il est à noter que, devant ces suffixes, certaines désinences archaïques ont prévalu, que l’on ne retrouve plus dans la conjugaison ordinaire (qdtalti, pour qâtalte, à la 2’pers. sing. fém., parf. kal ; etc.). —Voir les suffixes verbaux, col. 474.

Verbes irréguliers.

Il n’y a pas en hébreu,

comme en latin et en français, de verbes qui suivent des’conjugaisons différentes de celle que nous venons d’indiquer. Toutefois la présence dans le radical de certaines lettres appartenant à des groupes spéciaux amène l’application des principes de phonétique propres à ces groupes, et par suite modifient les principes généraux exposés ci-dessus. De là les verbes dits irréguliers de l’hébreu. Leur nombre est assez considérable, puisque chacune des lettres du radical peut être empruntée à l’un ou à l’autre de ces groupes. On a encore recours pour les désigner, au verbe "î78 : chacune de ses lettres sert à indiquer la radicale qui présente quelque anomalie dans le verbe que l’on a en vue ; ainsi le verbe id ? est un verbe s guttural, parce que sa première radi "T

cale est une gutturale. — Les verbes irréguliers se divisent en gutturaux, assimilants, et faibles. — 1. Les « gutturaux » sont ceux qui ont une gutturale pour l’une ou l’autre de leurs trois radicales. — 2. Les verbes « assimilants », appelés aussi « défectifs », sont ceux qui ont un 3 comme première radicale (verbes as) et ceux qui ont leurs deux dernières radicales semblables (verbes 77). — 3. Enfin les verbes faibles sont ceux qui ont pour l’une de leurs trois radicales une des lettres faibles t », ii, i, et » : ns et ah ; rb ; >r, 17, et >7. Le même verbe peut se rattacher à plusieurs de ces conjugaisons à la fois et être, v. g. p et vh (Mta), iy et n 1 ! (n’iS), etc.

1T

m. nom. — Sous ce titre, il faut entendre les substantifs et les adjectifs ; ces derniers en effet se traitent exactement d’après les mêmes principes que les noms proprement dits.

I 3 Formation des noms. — Les noms primitifs sont peu nombreux. La plupart des substantifs qui dans les autres langues sont primitifs se rattachent en hébreu à un verbe. C est ainsi que les noms d’animaux, de plantes, de métaux, etc., sont des dérivés par rapport à un verbe exprimant l’une des qualités, des états ou des actes les plus saillants de l’animal, de la plante, du métal en question ; la cigogne par exemple (m>on) est l’oiseau

T * ~ pieux, le bouc (i » ït) est l’animal velu, l’orge (mrto) es

le blé barbu, l’or (anTjest le métal jaune (ans). Il y a

toutefois un certain nombre de noms qu’on ne peut ramener àaucune racine verbale de l’hébreu : 2t », « père ; »

dm, « mère ; » pp, « corne ; » etc.

Le plus grand nombre des noms dérivent d’un verbe Les procédés de dérivation sont multiples en hébreu mais se ramènent à quelques groupes principaux.

a) Beaucoup de noms dérivent du verbe par la simple modification des voyelles : ist, « parole, » de-ist, « parler. »

b) D’autres sont formés par le redoublement de l’une des radicales isn, « laboureur ; » parfois des deux

T *

dernières : ijssrn, « tortueux ; » ou de toute la racine babs, « roue. »

c) Un grand nombre sont dérivés au moyen d’un préfixe : « , 738N, « doigt ; » ii, rrran, « regard, vue, » de

nas, « voir ; » >,-ins>, « huile ; » 3, qiSipsj, « luttes ; »

-t t : * " : tf, narri*, « flamme. » Les plus fréquents sont d et n : D*ipc, « lieu, » de o r.p, « se tenir debout ; » Dann, « au t t : truche. »

d) D’autres noms enfin sont formés au moyen d’afformantes : >, "jms, « jardin planté ; » a, zho, « échelle, »

de Vîd ; et surtout j, fnsî, « souvenir. »

Un nom dérivé ou primitit peut donner naissance à d’autres noms qui sont dits dénominatifs, fisip, « oriental, » de cip. « orient. » ° Flexion des noms. — 1. Genre. — Les noms hébreux sont tous masculins ou féminins. La langue hébraïque ne connaît pas le genre neutre. Le masculin n’a pas de finale spéciale ; un assez grand nombre de noms féminins n’en ont pas non plus et se laissent reconnaître surtout par leur signification (comme les noms de familles, d’animaux, les noms d’objets qui seraient neutres en latin, etc.). Mais le plus souvent le féminin est indiqué par une finale particulière. Il était caractérisé primitivement par la désinence n_ ; on la retrouve encore dans certains mots

soit sous cette forme inaltérée (mnâ, « émeraude » ), soit

- : it

avec allongement de la voyelle (nSn ;, « héritage s).

Cette désinence était réduite à un simple n soit avec les noms terminés au masculin par une voyelle (nin>, « juif ; »

Timn », « juive » ), soit même avec des noms terminés par

une consonne. Mais à l'état normal de la plupart des noms, cette désinence a été altérée : le n a disparu, la voyelle s’est allongée dans la syllabe ouverte et un ii, mater lectionis, a indiqué cette voyelle longue : rroiD,

T « jument, » de did, « cheval. » Cette finale attire l’accent etamène des suppressions de voyelles : itf >, « juste, »

TT

fém. mtft. Les noms ségolés tels que "fia, « roi » (ou avec les gutturales iiii, « jeune homme » ) reprennent leurs formes primitives ftbD, ni) devant cette désinence : nsbD, « reine, » mvî, « jeune fille. »

2. Nombre.

Chacun des deux genres a une désinence propre pour le pluriel et pour le duel. Au pluriel masculin, on a n'*, rarement >., '., > Cette désinence

s’ajoute au radical d’après les mêmes principes que la désinence du féminin :-itf>, « juste, » ptur. nnxtf ». Tou tefois les noms ségolés se rattachent ici au type des noms dissyllabiques : ^bn, « roi, » ptur. nobn. Les noms terminés en t_ redoublent leur ' devant la désinence du pluriel (n3T, « hébreu, » ptur. o » "Dy), tandis que les noms terminés en nperdent cette consonne : mh, «-voyant ; » ptur. nnh. Au féminin, on substitue n*i (rarement DW ou D » ni), à la désinence n. du singulier. — Le duel

T

n’est employé que dans les noms et seulement pour les choses paires de leur nature, par exemple les deux mains, ou considérées comme paires par l’usage : une paire de souliers. Il se termine en d » _ (très rarement en j », j., ) ; au masculin cette désinence s’ajoute

au radical comme celle du pluriel ; au féminin elle s’ajoute à l'état construit (ancienne désinence at de l'état absolu) du singulier (n’nsty, de nsto, « lèvre » ).

, '-t : it

3. Etat construit.

C’est une modification de l'état normal ou absolu des noms particulière aux langues sémitiques ; il sert à indiquer le rapport de possession. Dans la construction latine Liber Pétri, c’est le nom du possesseur qui est modifié ; en hébreu, au contraire, c’est le nom de l’objet possédé qui éprouve un changement. Ce changement a d’ailleurs pour résultat d'établir une connexion plus intime entre le premier nom et le second : aussi la voix se précipite-t-elle sur le second nom ; le premier est prononcé le plus brièvement possible, privé des voyelles permutables qui ne sont pas absolument nécessaires à sa prononciation : -si, « parole, » état construit :-en. Au masculin pluriel,

l'état construit amène la suppression du o final et le remplacement de >_ par > : d>did, « chevaux, » état

construit : tpw. La désinence o' du duel masculin devient pareillement n » a », « yeux, » état construit : 'J’y.

.A l'état construit, le nom féminin singulier a gardé le n


de l’antique désinence ; on se borne à abréger ou à supprimer les voyelles permutables : npis, « justice, * état

construit : nps. Enfin l'état construit féminin pluriel a

la même désinence que l'état absolu et il n’y a de changement que dans les voyelles permutables : n’ipis, « les actions justes, » état construit : n*ipis.

4. Cas.

L’hébreu n’a pas de désinences pour les cas. Toutefois on pourrait rattacher à ces sortes de désinences certaines afformantes que l’on retrouve parfois à la suite du radical. La plus fréquente est la terminaison n_, appelée « hé local », qui donne au mot la force

T

d’un accusatif pour indiquer le plus souvent le lieu vers lequel on se dirige, rutes, « vers le nord, » de tiss. La

T T… T

désinence >_ qui correspondrait au génitif (et qui se

trouve généralement dans les états construits hjd >3311 ?, « l’habitant du buisson, » ou entre les noms et les prépositions qu’ils gouvernent, n’ija 'mi, « grande parmi

les peuples s), et la désinence i qui correspondrait au nominatif sont des archaïsmes que l’on ne retrouve qu’en poésie.

5. Suffixes des noms.

À la flexion des noms se rattache leur adjonction aux suffixes pronominaux. Ces suffixes exprimant des rapports de possession se joignent naturellement à l'état construit. Unis à un nom singulier, ils expriment la personne ou les personnes auxquelles un objet appartient ; unis à un nom pluriel, les suffixes du singulier et du pluriel expriment la personne ou les personnes auxquelles appartiennent plusieurs objets. Voir ces suffixes, col. 474.

6. L’article.

En hébreu l’article ne constitue pas un mot indépendant. Sa forme normale est un n préfixe, muni de la voyelle a bref et amenant le redoublement de la première consonne du mot auquel on le joint : -iyjn, « le jeune homme. » Ce redoublement est dû sans

doute à l’assimilation d’une lettre disparue, peut être d’un a que l’on retrouve dans une forme sabéenhe de l’article ou du h qui est resté dans l’article arabe. Devant certaines gutturales surtout, sa voyelle subit parfois des modifications dans le sens de l’allongement.

ïv. les particules. — » Adverbes. —Il est assez rare que les adverbes aient une forme spéciale. Le plus souvent on emploie adverbialement des mots empruntés aux autres éléments du discours : des noms à l’accusatif (Van, * beaucoup » ) qui parfois ne sont plus usités comme

substantifs (aoo, « alentour » ) ; des noms précédés de prépositions (1J1, « seulement » ) ; des adjectifs, particulièrement avec la désinence féminine (îuWM"i, « d’abord » ), des infinitifs absolus surtout de la forme hiphil (nain, « beaucoup » ), des pronoms (rn, « ici » )> des noms de nombre (rire*, « une fois » ). Parfois cependant on donne aux noms employés adverbialement une désinence

spéciale : □ (noi », « pendant le jour » ) ou □ (ntons, « soudain, » pour pjrns, de yns). Enfin certains adverbes

ont une forme spéciale, qui dérive généralement d’un substantif ou d’un pronom, mais qui est assez altérée pour qu’on ne puisse en dire l’origine d’une façon certaine : ctf, « là ; » ix, « alors ; » f3, « ainsi ; » il faut

T T "

surtout signaler les négations vii, bs, et la particule interrogative n (qui ire se distingue de l’article que par sa voyelle).

2° Prépositions^ — Elles ont d’ordinaire la même origine que les adverbes ; ce sont des substantifs employés dans une acception particulière ("irm, « .après ; » nnFi. « sous ; » by, « sur ; » etc.) et souvent, plus ou moins

III. - 16

mutilés. La mutilation est portée à son dernier degré dans les particules a, a et h. — Les particules a, "i, d (abrégé de pa) expriment les cas du nom. Le datif s’exprime

par le préfixe j qui marque le complément indirect et aussi la direction. L’ablatif est indiqué, tantôt par a, « par, au moyen de, dans, » tantôt par d qui correspond à ex du latin, a, « comme, » marque le rapport d'égalité. Les préfixes a, a,-a se joignent au nom à la faconde l’article, mais avec des voyelles qui varient selon les préfixes : nais, « selon la parole ; » rnian « de

tt : 7 :

l’orient. » — À ces particules se rattache le signe de l’accusatif : us. Les prépositions se joignent aussi aux suffixes pronominaux. Conformément à leur origine elles s’unissent d’ordinaire aux suffixes des noms et prennent la forme de l'état construit pluriel : onnnN, « après eux, » de nnx, « après. »

.3° Conjonctions. — Parmi elles on reconnaît : des formes primitivement pronominales (>a, « parce que ; »

ITtfN, « que » ), ou nominales (p, « de peur que, » etc.) ; des prépositions qui, unies aux conjonctions >a ou tj>n, donnent des locutions conjonctives (-ni>NS, « selon que ; » iu> « i ? » « parce que, » etc.) ; enfin des formes si altérées qu’on n’en peut indiquer l’origine (* ! « , « ou ; » DN, « si ; *

  • }N, « aussi » ). Â cette dernière catégorie appartient la

principale de toutes les conjonctions hébraïques : i, « et ; s c’est encore un préfixe ponctuel, souvent i (devant une lettre munie de scheva simple et devant a, o, s), etc.

Interjections.

En dehors de celles qui ne sont

que de simples cris, nN, Dn, etc., ce sont des formes pro T nominales : jn et nan, « voici ; » des formes verbales : lan, « allons, » ou des adverbes, » :, « de grâce, » appliqués par l’usage. à cette signification particulière.

IV. SYNTAXE.

Les langues sémitiques se distinguent d’ordinaire (il faut faire exception pour l’arabe, et en partie pour l’assyrien) de nos langues indo-européennes par la simplicité de leur syntaxe. La syntaxe de l’hébreu est particulièrement élémentaire. Il ne faudrait pas croire pourtant, comme on l’a fait parfois, qu’il n’y ait aucune syntaxe en hébreu. La langue hébraïque a des règles qui président aux rapports des mots entre eux, à la disposition des mots dans la phrase et des phrases dans le discours, et l’on peut diviser la syntaxe hébraïque en : syntaxe du verbe, syntaxe du nom, syntaxe du pronom, syntaxe des particules et syntaxe des propositions.

I. s yntaxb DU VEBBS.

De l’indicatif.

Nous avons

feit remarquer plus haut la pauvreté de l’hébreu lorsqu’il s’agissait d’exprimer les divisions du temps et l’indécision qui régnait fréquemment dans, l’emploi du parfait et de l’imparfait. Toutefois l’usage de ces temps n’est pas entièrement livré à l’arbitraire : si l’on peut, en certains cas, employer indifféremment l’un ou l’autre des temps hébreux, il n’en est pas ainsi dans la plupart des circonstances ; la syntaxe détermine auquel de ces deux temps il faut recourir quand il s’agit d’exprimer les diverses nuances de nos présent, passé et futur, que nous avons mentionnées plus haut (col. 477-478). — La syntaxe règle aussi certains emplois particuliers de l’imparfait pour exprimer des modes qui n’ont pas leurs équivalents dans la conjugaison hébraïque, à savoir le coltortatif (par lequel on s’exhorte soi-même à exécuter une action) et le jussif (par lequel on exprime l’ordre ou le désir qu’une autre personne accomplisse une action). Souvent on emploie pour exprimer ces nuances de la pensée l’imparfait pur et simple. Mais en certains cas, ï'imparlait prend une forme spéciale ; pour exprimer le eshortatif on ajoute souvent aux 1™ pers. une désinence

paragogique n ; il y a même à l’hiphil dans le verbe

régulier, et à plusieurs autres formes dans les verbes irréguliers, des imparfaits spéciaux apocopes pour exprimer le cohortatif et le jussif. — Surtout la syntaxe indique un emploi spécial de la conjonction 1, « et, » qui a une grande importance pour la précision des temps hébreux. L’hébreu est très pauvre en conjonctions ; il n’a pas cette variété de particules qui nous permet d’exprimer toutes les nuances de la subordination des idées. La lecture de la traduction latine elle-même laisse voir qu’il n’y a guère en hébreu qu’une seule conjonction fréquemment usitée, la conjonction i, « et. » Toutefois cette conjonction n’est pas toujours simplement copulative ; en certains cas elle exprime non seulement la coexistence de deux actions, mais leur subordination, leur dépendance. C’est ce qui arrive lorsque, dans les phrases débutant par un parfait ou par une locution équivalente au parfait, on met à l’imparfait précédé de i tous les autres verbes ; et il en est de même lorsque dans les phrasés commençant par un imparfait on met les autres verbes au parfait précédé de 1. Le but de cette construction est de marquer que toutes les actions indiquées par les divers verbes de la phrase autres que le premier sont dans une relation intime, une suite logique ou chronologique (d’où le nom de consecutio temporis) avec l’acte ou l'état indiqués par ce premier verbe. Si, par exemple, le premier verbe est mis au parfait pour relater un événement passé, tous les verbes qui suivent et qui sont à l’imparfait précédé de i doivent être rendus par le passé ; si au contraire le premier verbe au parfait annonçait un événement futur, tous les verbes à l’imparfait précédé de i devraient être rendus par le futur. Pareillement lorsque l’imparfait qui commence la phrase est à rendre par le futur, tous les verbes qui suivent (au parfait avec i) seront à traduire par le futur. Parfois même la portée de ce 1 sera plus étendue et exprimera une suite, une corrélation plus complexe. Les fonctions remplies par ce 1 font qu’on lui donne le nom de 1 consécutif terme plus exact que celui de 1 conversif usité autrefois. Devant l’imparfait, le 1 consécutif est caractérisé par sa voyelle (a bref avec redoublement de la préformante qui suit, où d long devant X), par l’influence qu’il exerce sur l’accent (pour le faire revenir sur la pénultième, s’il y a lieu) et par suite sur les voyelles

("TON’i, « et il dit, » de nDN>). Devant le parfait, le T

consécutif n’a pas de ponctuation spéciale.

De l’impératif.

L’impératif ne s’emploie que

dans les phrases affirmatives, et il exprime soit l’ordre au sens strict, soit le désir, l’exhortation (dans ces cas, il est souvent complété par des particules cohortatiïes ib, « a), parfois l’assurance, la confiance. Dans les phrases

T

négatives, l’impératif se rend par l’imparfait qussif)' précédé de b ».

De l’infinitif.

1. L’infinitif absolu exprime l’action

verbale d’une façon abstraite et ne s’emploie que dans des cas spéciaux. L’usage le plus particulier de cet infinitif est celui qui consiste à le mettre avant ou après, un verbe personnel pour exprimer l’action avec plusd’insistance : de là cette construction caractéristique de la littérature biblique que la Vulgate latine rend par des formules comme celle-ci : Plorans ploravit (Lam., i, . 2), etc. — 2. L’infinitif construit est le plus employé, il peut seul être régi par un nom ou par une préposition et, seul aussi, il peut régir les autres éléments de la phrase. C’est un véritable nom ; tantôt il est sujet de la phrase : « Un homme être seul, » c’est-à-dire « qu’un homme soit seul », « n’est pas bon, » Gen., ii, 18 ; ailleurs il sera complément d’un nom : « Le temps de rassembler, s Gen., xxix, 7, ou d’un verbe : « Je ne sais ni sortir ni entrer, » III Reg., m ; 7, ou d’une préposition : « dans son rencontrer lui, i c’est-à-dire a lorsqu’il le 485

hébraïque (langue)’486

rencontre ». Num., xxxv, 19. Quant au temps, Il peut, selon le contexte, exprimer le présent, le passé ou le futur ; précédé de la préposition b, il équivaut au gérondif : rrttoyb, « en faisant. »

Des participes.

Le participe hébreu n’a pas de

temps et peut prendre à cet égard toutes les significations que demande le contexte ; toutefois le participe actif se rapporte de préférence au présent, tandis que le participe passif doit souvent se traduire par le passé ou par le participe latin en dus, da, dum. Quant à la construction, on peut traiter les participes ou comme des adjectifs verbaux qui, demeurant à l’état absolu, prennent leurs compléments à la façon du verbe, ou comme des noms que l’on met à l’état construit devant leur complément à l’état absolu. — Le participe remplace parfois un mode personnel ; dès lors il a, au point de vue du temps, la même signification qu’aurait eue le mode personnel lui-même.

il. syntaxe du nom. — Nous nous bornerons à indiquer les points principaux. — 1° Détermination du nom. — 1. Par l’article. L’article ne s’emploie en hébreu que devant les noms déterminés, c’est-à-dire, d’une manière générale, devant les noms d’objets dont il a été déjà question (<t Dieu dit : Que lumière soit ; et la lumière fut » ), qui sont connus ou censés tels (le roi Salomon ) ou encore qui sont seuls de leur espèce (le soleil). De fait on met l’article : devant un nom générique employé collectivement ( « le juste, » « le Chananéen » ), devant un nom générique appliqué par excellence à un objet particulier (roiFn, » l’adversaire » ) ; devant des

noms propres de rivières ( « Jeîjil » ), de montagnes ( « le Liban » ), et parfois de villes ; devant certains noms que nous regarderions comme indéfinis, mais que le génie hébreu considère comme déterminés ; devant un adjectif qui qualifie un nom déterminé par l’article ou de toute autre façon ( « J’homme le bon, » pour « l’homme bon » ; parfois cependant on met l’article seulement devant l’adjectif ou seulement devant le nom). Au contraire, l’article hébreu se supprime : devant les noms propres de personnes, de pays, de peuple (lorsque ce nom est identique avec celui du fondateur de la nation : « Israël, Moab ; » en revanche les noms ethniques prennent l’article : « les Hébreux » ) ; devant des noms déterminés par l’état construit ou par un suffixe, devant les attributs. — 2. Par l’état construit. Un nom à l’état construit, qu’il soit suivi d’un autre substantif ou d’un suffixe, est par lui-même déterminé et limité dans ses applications. L’état construit s’emploie avant tout pour indiquer notre génitif. Dans ce cas, il est rare qu’un génitif dépende de plusieurs états construits ; au lieu de dire : « les fils et les filles de David, » on dira : « les fils de David et ses filles. » Il est rare aussi qu’un nom à l’état construit soit suivi de plusieurs génitifs ; au lieu de dire : <t le Dieu du ciel et de la terre, » on dira plutôt : « le Dieu du ciel et le Dieu de la terre. » Le génitif peut avoir tantôt un sens subjectif et désigner le possesseur, etc. ( « le Dieu des cieux » ), tantôt un sens objectif ( « la crainte du roi » ).

2° Expression des cas., — 1. Le nominatif et le vocatif se reconnaissent à la place qu’ils occupent dans la phrase.

— 2. Pour le génitif on emploie d’ordinaire l’état construit, mais parfois aussi certaines particules : b ptt, « qui (est) à » ( « le troupeau qui est à son père, » c’est-à-dire t le troupeau de son père », Gen., xxix, 9), ou

simplement b (b d’appartenance, comme dans "pnb i&to,

t ::" « Psaume de David » ) — 3. Le datif et l’ablatif se rendent par les particules préfixes dont nous avons déjà parlé. — 4. Quant à l’accusatif, il sert à désigner, outre le complément direct du verbe transitif, le lieu où l’on va, et parfois le lieu où l’on est, le point auquel une chose atteint, etc. La particule ns ne s’emploie guère

que devant les noms déterminés (surtout en prose).

Adjectifs exprimés au moyen d’un substantif.


L’hébreu a peu d’adjectifs proprement dits ; il est particulièrement pauvre en adjectifs indiquant la matière dont une chose est faite. De là, la nécessité de recourir à des périphrases, quand il n’y a pas d’adjectifs ;. de là, par extension, l’emploi de ces périphrases, même quand il y aurait un adjectif. Le plus souvent on rend l’adjectif par le substantif correspondant : « Ses murs sont bois, » pour « sont en bois », Ezéch., xiii, 22 ; « des vases d’argent ; » « une possession de perpétuité, » pour « une possession perpétuelle », Gen., xvii, 8 ; « une pierre de prix, » pour <t une pierre précieuse ». Pour exprimer les qualités d’un individu, on lui adjoint souvent une épithète composée d’un substantif (par exemple, homme, maître, fils ou fille), et d’un génitif exprimant plus spécialement la qualité en question : « homme de paroles, » pour « éloquent » ; « maître de songes, » pour « songeur », « fils de l’Est, » pour « Oriental » ; i fils de Sélial, » pour « méchant ». De même en parlant d’un coteau on dira : « un coteau fils de graisse, » pour « un coteau gras ». Is., v, 1.

Comparatif et superlatif des adjectifs.

Non seulement

l’hébreu a peu d’adjectifs, mais il ne connaît pour chaque adjectif que le positif. Le comparatit et le superlatif s’expriment par des circonlocutions. — Le comparatif est d’ordinaire rendu par la préposition p (ou

le préfixe d) ; ainsi pour dire « plus doux que le miel », on dira « doux plus que le miel ». — Les superlatifs corrélatifs ( « le plus grand…, le plus petit » ) sont exprimés par le positif : « un grand luminaire » et « un petit luminaire », pour « le plus grand luminaire » et « te plus petit luminaire ». Gen., i, 16. Le superlatif absolu s’exprime par le positif établi dans un contexte tel qu’il s’applique à un individu comme à celui qui possède éminemment la qualité dont il est question. « David était le petit, t> c’est-à-dire c< tepZttspeti£ » ; parfoisaussion répète l’adjectif trois fois : « saint, saint, saint, » pour <t très saint ». Is., vi, 3. (Cf. aussi : « le Saint des Saints, » etc.)

Genre et nombre.

1. À défaut du genre neutre on

se sert souvent en hébreu du féminin pour exprimer ce que les Grecs et les Latins auraient rendu par le neutre. De là vient que dans quelques passages de l’Écriture traduits servilement, on lit le féminin au lieu du neutre : « Unam petii à Domino, fianc requiram, ut inhabitem etc., » pour : « unum… hoc. » Ps. xxvi, 4. — 2. L’adjectif (comme le verbe) s’accorde en genre et en nombre avec le nom. Il y a exception pour les noms collectifs (souvent accompagnés d’adjectifs au pluriel), pour les pluriels de majesté (accompagnés d’adjectifs au singulier), etc.

m. syntaxe des pronoms. — 1° Pronom personnel. Le pronom personnel de la 3e personne se substitue au verbe être : « ceci est (n » n) un don de Dieu. » Eccle.,

v, 18.

2° Pronom relatif -|*N. Pour rendre les cas obliques

de notre pronom relatif (dont, à qui, etc.), l’hébreu arecours à des constructions particulières. Ainsi l’on a : « ^ que… à lui, » pour « à qui » ; « qui… lui » ("itfN’m’it » ), pour « qui » accusatif ; « qui… en lui, » pour « en qui » ; « que… son, sa, » pour « c dont ; » « que… là, » pour « où » ; « que… de là, » pour « d’où » ; etc. Souvent le relatif est supprimé pour alléger la phrase : « dans une terre non à eux, » pour « qui n’était pas à eux », Gen., xv, 13 ; « au temps le sacrifice commença, » pour « où le sacrifice commença ». II Par., xxix, 27.’iv. syntaxe dbs particules. — Il faut surtout noter l’emploi des négations : » *h (poét. ba) ou la négation pure et simple ; b « employé dans les phrases prohibitives : j>n qui rentenne le verbe « être » et équi487’hébraïque (langue)

vaut à « il n’est pas, il n’y a pas s>. L’emploi consécutif de deux négations renforce le sens négatif de la phrase.

v. syntaxe des propositions. — Le point le plus important est celui de la construction des phrases. Dans les phrases nominales (dont l’attribut est un subtantif ou un terme équivalent) on met d’abord le sujet, puis l’attribut. Dans les phrases verbales (dont l’attribut est nn verbe ou un mode personnel) on place successivement le verbe, le sujet, puis le complément du verbe ou l’objet. On change parfois cet ordre pour donner plus de relief à tel ou tel élément de la phrase. À signaler aussi les phrases complexes dans le genre de celle-ci : Dieu, sa voie est parfaite. Ps. xvii, 31.

V. Poésie.

i. livres et parties poétiques de la bible. —Il y a dans la Bible hébraïque des livres écrits en prose et des livres rédigés conformément aux principes d’une véritable poétique.

1° Des livres entiers sont en vers : Job, les Psaumes, les Proverbes, le Cantique, les Lamentations, auxquels il faut ajouter l’Ecclésiastique (et peut-être, d’après plusieurs critiques, l’Ecclésiaste). Les prophètes, Isaïe, Amos, Osée, Michée, Nahum, Habacuc, Joël etvbdias se sont presque toujours astreints aux règles de la poésie.

2° On trouve aussi des chants et des cantiques dans les livres rédigés en prose. — Dans les livres historiques : le chant de Lamech, Gen., ïv, 23 b -24 ; la bénédiction de Jacob, Gen., xlix ; le cantique de Moïse au sortir de la mer Rouge, Exod., xv ; le couplet de l’Arnon, Num., xxi. 14-15, el celui du puits, 17-18 ; le chant de victoire d’Hésébon, 27-30 ; les oracles de Balaam, Num., xxiii, 7-10, 18-24 ; xxiv, 3-9, 15-24 ; le dernier cantique de Moïse, Deut., xxxii, 1-43 ; la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 1-29 ; le couplet du soleil arrêté, Jos., x, 12-13 ; le cantique de Débora, Jud., v ; la fable de Joathan ( ?), Jud., ix, 7-15 ; les proverbes de Samson, Jud., xiv, 14, ’% ; le couplet de la mâchoire d’âne, Jud., xv, 16 ; le cantique d’Anne, I Reg., ii, 1-10 ; le refrain de la supériorité de David sur Saûl, I Reg., xviii, 7 ; la lamentation de David sur la mort de Saül et de Jonathas, II Reg., i, 18-27 ; le dernier cantique de David, II Reg., xxii, 2-51 ; et ses Novissima verba, II Reg., xxili, 1-7 ; le couplet qui sert d’exorde à la prière de Salomon lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 12 ; le cantique d’Asaph. I Par., xvi, 8-36. — Dans les livres prophétiques de Jérémie et d’Ëzéchiel, il y a aussi nn bon nombre de morceaux poétiques ; mais il est plus difficile de les distinguer que dans les livres historiques ; le style oratoire des^ prophéties a toujours beaucoup de ressemblance avec la poésie proprement dite.

II. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1° La richesse. — Abondance des images, force et élévation de la pensée, grandeur et simplicité de l’expression, puissance des métaphores, tel en est le caractère Voir le discours de Dieu, Job, xxxvih-xli ; Psaumes de la création, Ps. viii, ciii, etc. Le caractère oriental du poète inspiré, le milieu dans lequel il vivait, sont pour beaucoup dans la richesse exubérante des poésies bibliques. 2° Le lyrisme.

Il est inutile de rechercher dans

notre Bible les genres de là poésie classique. D n’y a pas d’épopée ; le drame n’a rien qui lui corresponde exactement, même dans le livre de Job ; en revanche, la poésie gnomique est abondamment représentée dans les Prov. et l’EccIi. Mais le trait le plus caractéristique des poèmes bibliques, c’est le lyrisme, l’expression des sentiments personnels de l’auteur, ou des sentiments qu’il a en commun avec les autres hommes. La plupart de nos poèmes bibliques présentent ce caractère que l’on rencontre plus spécialement dans les hymnes lyriques par excellence du Psautier. D’ailleurs tout en étant l’expression de sentiments personnels, les chants sacrés d’Israël ont un caractère assez universel pour que nous y trouvions l’expression de nos propres sentiments : il n’y a pas nne prière, dans le Psautier en

particulier, qui ne puisse devenir la prière de l’humanité tout entière.

Un caractère constamment religieux.

Il n’est

pas douteux que les Israélites, comme tous les autres peuples, n’aient eu leurs chants et leurs poésies profanes. Nous en avons pour preuve le témoignage des écrivains sacrés eux-mêmes : Is., v, 12 ; Amos, vi, 5. Il est assez probable même que plusieurs des vieux chants conservés dans le Livre des Guerres de Jéhovah ou dans le Livre du Juste, et consignés dans le Pentateuque, tels que le chant du puits, Num., xxi, 17-18, et celui d’Hésébon, 27-30, aient appartenu à la poésie profane des Hébreux : on ne découvre en effet dans ces chants aucun trait qui les signale comme des cantiques religieux. Mais la poésie profane des Israélites ne nous a pas été conservée, et, à part un tout petit nombre d’exceptions, nos poèmes bibliques sont des chants sacrés, tout pénétrés de l’esprit religieux. — Ils le sont d’ailleurs en différentes manières. Très souvent, surtout dans les Psaumes, ils sont religieux par leur sujet même : ils célèbrent les attributs divins, la puissance de Dieu, sa bonté, son action providentielle dans le monde et plus particulièrement dans le peuple choisi ; ils expriment les sentiments religieux de l’âme qui adore, qui admire, qui prie, qui rend grices. En d’autres circonstances, les poésies sacrées sont religieuses par la manière dont elles développent un sujet profane en lui-même. C’est ce qui arrive : lorsque, chantant les merveilles de là création ou les grands phénomènes de la nature, le Psalmiste en rapporte avec tant d’empressement la gloire à Dieu qui les produit ; lorsque l’auteur du livre de Job discute, à la lumière des principes fournis par la religion, le problème de la souffrance du juste ; il en est de même dans les sentences du livre des Proverbes où l’on rattache aux directions de la Sagesse éternelle, communiquée à l’homme, les règles les plus minutieuses de notre conduite.

III. LA LANGUE HÉBRAÏQUE AU POINT DE VUE POÉ-TIQUE. — 1° La langue hébraïque a ses richesses et ses lacunes ; mais elle est éminemment poétique. Elle met surtout en relief l’action : le verbe qui est l’expression directe de l’action occupe la place centrale ; les noms désignent les êtres par l’action qu’ils accomplissent le plus fréquemment, par l’état qui leur est le plus ordinaire ; les noms hébreux sont par excellence des noms d’action ou des noms d’agents. D’ailleurs l’emploi du nom est beaucoup plus développé que dans nos langues : il remplace nos adjectifs, nos adverbes, nos prépositions. Dans la langue hébraïque dès lors, tout est vie et activité : la poésie ne saurait trouver nulle part ailleurs d’aussi précieuses ressources. Parfois même certains défauts seront merveilleusement utilisés par le poète : si l’imprécision des temps hébreux rend difficile la tâche de l’historien qui veut marquer l’enchaînement des faits, le poète sera souvent heureux de ne pas voir sa pensée limitée par des indications trop précises de temps et d’époque. — 2° La langue hébraïque est trop poétique par elle-même pour qu’on puisse s’attendre à trouver en hébreu une langue spéciale aux poètes. Toutefois ils affectent souvent : a) certains mots inusités dans la prose (tfïjN, « homme, » pourtf » * » ; rnfc, « chemin, » pour ^-fl) et souvent d’origine araméenne ;

6) certaines acceptions particulières de mots usités en prose, surtout l’emploi de l’épithète pour le substantif : ion, « le fort, s pour « Dieu » ; rua 1 ?, « la blanche, »

T tt :

pour « la lune » ; m>n>, « l’unique, » pour « l’âme », etc. c) certaines désinences particulières : formes allongées des suffixes (iD.1. "hlL, pour □ et a), désinences des

cas dans les noms, prépositions séparées avec la terminaison de l’état construit pluriel, ’S 7 pour by ; » j »  » pour HÉBRAÏQUE (LANGUE)

490° t ; nnx pour nrm, etc. ; d) diverses particularités de

syntaxe, tendant souvent à introduire dans la phrase une plus grande brièveté : suppression de l’article, em-, ploi de l’état construit devant les prépositions, suppression du relatif et de la particule de l’accusatif, etc.

IV. BÈGLES PARTICULIÈRES DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1* Le parullélisme. — C’est un des traits les plus saillants de la poésie hébraïque, l’un des caractères que les versions nous ont le plus fidèlement conservé. Il a été néanmoins ignoré des exégétes chrétiens et juifs jusqu’en 1753. Plus d’une fois, sans doute, les anciens commentateurs l’avaient signalé pour divers cas particuliers. Mais c’est Lowth qui le premier, dans ses Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, fit voir dans cette particularité un élément essentiel de la poétique biblique. Depuis lors le parallélisme a été étudié en tous ses détails, et dans les éditions les plus récentes des Septante et de la Yulgate, on en a tenu compte pour la division du texte sacré. Le parallélisme, parallelismus tnembrorum, souvent comparé au mouvement d’un balancier, s est la correspondance d’un vers avec un autre » (Yigouroux, Manuel biblique, 11e édition, t. ii, p. 266) :

L’homme patient vaut mieux que l’homme fort, Et celui qui domine son esprit que celui qui prend des villes.

Prov, , xvi, 32.

Entre ces deux vers la correspondance est parfaite, ( l’homme patient » est identique à « celui qui domine son esprit », l’homme fort, » ou « vaillant », à « celui qui prend les villes d’assaut ». Quant à la comparaison, elle n’est pas exprimée dans le second vers ; il faut sous-entendre le terme même du premier membre. Parfois la correspondance est plus exacte encore :

La maison des impies sera détruite, La tente des justes prospérera.

Prov., xiv, 11.

On distingue diverses espèces de parallélisme : — 1. Au point de vue de la manière dont les membres se correspondent, il y a : — le parallélisme « synonymique », dans lequel le second membre exprime exactement la même pensée que le premier et en des termes respectivement équivalent » :

Les cieux proclament la gloire de Dieu, Et le firmament publie la force de ses mains. Ps., xviii, 2.

— le parallélisme c antithétique », dans lequel le second membre met en relief la vérité contenue dans le premier par le contraste de la maxime opposée. C’est le parallélisme le plus fréquent dans les Proverbes :

La crainte de Jéhovah augmente les jours, Mais les années des impies sont raccourcies.

Prov., x, 27.

— le parallélisme « synthétique », dans lequel le second membre complète la pensée exprimée dans le premier :

Mieux vaut rencontrer une ourse dont on a pris les petits, Qu’un Imbécile plein de confiance en sa sottise.

Prov., xvii, 12.

2. Au point de vue du nombre des membres il y a :

— le parallélisme « distique », qui ne compte que deux membres. Tous les exemples qui précèdent rentrent dans cette catégorie ;

— le parallélisme i tristique, » qui compte trois membres :

Les rois de la terre s’associent, Et les princes délibèrent ensemble Contre Jéhovah et contre son Oint.

Ps. ii, 2.

Dans ce tristique, les deux premiers membres for ment un parallélisme synonymique, mais le troisième membre est synthétique.

On pourrait peut-être distinguer un parallélisme « à quatre membres », mais il est facile de le ramener à deux parallélismes distiques.

Le parallélisme est un élément essentiel de la poésie hébraïque ; on le rencontre partout sous une forme ou sous une autre. Dans les passages poétiques où il fait actuellement défaut, l’expérience prouve que, le plus souvent, divers accidents de copistes et de manuscrits ont dénaturé le texte ; si on le rétablit soit à l’aide des fragments qui en demeurent, soit avec le secours des versions, on retrouve le parallélisme primitif. — De même que le mouvement du balancier, un pareil procédé engendrerait vite une fatigante monotonie ; c’est ce qui arrive en certains poèmes dans lesquels les auteurs n’ont pas su dominer cette difficulté. Mais le plus souvent les poètes sacrés en ont évité les inconvénients en s’appliquant à introduire dans le parallélisme même la plus grande variété. Tantôt ils ont combiné ensemble diverses espèces de parallélisme, le synonymique avec l’antithétique, le distique avec le tristique, etc. ; tantôt ils ont développé la même pensée dans plusieurs parallélismes consécutifs. D’autres fois, deux parallélismes s’enchevêtrent l’un dans l’autre ; plus souvent on sous-entend un verbe, ou un sujet dans l’un des membres, on interrompt la régularité monotone à l’aide d’interrogations, de suspensions, de parenthèses, etc.

Le vers hébreu.

Son existence est admise par

tous ceux qui se sont occupés de la poésie hébraïque. Mais quant à la nature de ce vers, les opinions ont beaucoup varié, et aujourd’hui encore il reste sur cette question des points obscurs. C’est ainsi tout d’abord que des critiques identifient le vers hébreu non avec le stique, ou le membre du parallélisme, mais avec le parallélisme lui-même : le stique ou membre du parallélisme ne serait alors qu’un hémistiche par rapport au vers tout entier. Cette opinion ne paraît pas fondée : si elle est susceptible de s’appliquer aux parallélismes distiques, il serait beaucoup plus difficile de l’admettre pour les parallélismes tristiques : on aurait alors des vers démesurément longs et irréguliers. Il faut voir selon toute probabilité un vers proprement dit dans chaque membre du parallélisme. — Les anciens Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, croyaient reconnaître dans les vers hébreux des mètres analogues à ceux de la poésie classique, des hexamètres, des pentamètres, etc. On en resta longtemps à cette opinion sans d’ailleurs se préoccuper de l’approfondir. Aujourd’hui elle paraît fausse ; lorsque les savants modernes ont voulu l’appliquer d’une manière rigoureusement scientifique aux poèmes bibliques, ils ne sont arrivés à aucun résultat. Il a fallu chercher un terme de comparaison non dans les mètres classiques, mais dans les poésies sémitiques les plus simples. M. Le Hir (Le rythme chez les Hébreux, dans son introduction au Livre de Job) eut le premier l’idée de comparer le vers hébreu avec le vers usité dans les anciennes hymnes de l’Église syrienne. M. Bickell a repris cette idée, l’a approfondie et l’a appliquée aux poésies de la bible hébraïque ; on peut contester un certain nombre de ses hypothèses (par exemple, sur le nombre des syllabes non accentuées qui peuvent séparer deux syllabes accentuées ) ; mais l’ensemble de son système paraît assez définitif. — 1. Dans le vers hébreu, on ne mesure pas les syllabes, on ne les distingue pas en brèves et en longues ; on les compte simplement et, au point de vue de la quantité, le vers hébreu est isosyllabique. Il n’ajdonc rien de commun avec le vers latin ou le vers grec ; il ignore le mètre proprement dit, le « pied. » En revanche, il se rapproche de nos poésies liturgiques les plus simples, telles que le Stabat ou le Dies irse. — 2. Si dans le vers hébreu on ne tient pas compte de la quantité

des syllabes, on attache au contraire une très grande importance à l’accent. La sjllabe accentuée a un rôle considérable dans la cadence et le rythme du vers hébreu ; on sait qu’il en est de même dans les poésies’liturgiques de l’Église. D’après la place occupée par l’accent, on peut même avoir des groupes de syllabes auquel on donnera, par analogie, le nom de pieds : ce seront des ïambes ou des trochées, selon que la syllabe accentuée sera, ou non, la première. — 3. La numération des syllabes est chose difficile. En plus d’un cas en effet il faut négliger la vocalisation actuelle du texte hébreu ; les Massorètes ignoraient le vers hébreu et ils ne se sont préoccupés que de fixer la lecture du texte d’après la prononciation qui prévalait à leur époque et qui s’écartait assez souvent de la prononciation ancienne. C’est ainsi qu’en beaucoup de cas il faut négliger, outre les schevas et les demi-voyelles, les voyelles auxiliaires et certaines voyelles initiales ; ailleurs il faut remonter à des formes primitives remplacées, dans le texte, par des formes plus récentes. Considérées en elles-mêmes ces corrections sont admissibles ; les textes bibliques ont beaucoup souffert dans tous ces petits détails. Toutefois on conçoit une certaine défiance lorsqu’on voit tant de modifications réclamées au nom d’un système qui est loin d’être arrêté dans ses détails. Les objections deviennent plus nombreuses encore en présence de toutes les restitutions ou suppressions de mots et de membres de phrase auxquelles donne lieu l’application des principes de M. Bickell ; sans doute, il n’est aucune de ces corrections que l’on ne puisse appuyer sur des exemples dûment constatés ; mais nul autre moyen de critique ne révèle autant d’altérations dans les textes sacrés. — 4. Les « espèces » du vers hébreu sont avant tout caractérisées par le nombre des syllabes. On en trouve de quatre, cinq, six, sept, huit, neuf et dix -syllabes. M. Bickell avait jadis admis des vers dodécasyllabiques ; mais une étude plus approfondie de la question l’a amené à voir dans ces vers deux membres de parallélisme, l’un de sept, l’autre de cinq syllabes. Le vers le plus souvent employé paraît être le vers heptasyllabique, c’est le vers usité dans le livre de Job, dans beaucoup de maximes et de portraits du livre des Proverbes, dans nombre de Psaumes. D’ailleurs des vers de diverses espèces peuvent se trouver groupés dans le même morceau. C’est ainsi que tout un genre poétique, le genre « Lamentation » ou Qinah, paraît caractérisé par l’alternance du vers heptasyllabique et du vers pentasyllabiquejon retrouve aussi cette alternance dans des poèmes didactiques tels que le grand Ps. cxviii : Beali immaculati in via.

Cf. G. Bickell, Metrices bibl. reg. exempl. illustrât., Inspruck, 1882 ; Supplem. ad metr. bibl., dans Zeitschr. derdeutsch. Morgent ànd.Gesellsch., t. sxxiii, xxxiv, xxxv ; Carmina Vet. Test, metrice, Inspruck, 1882 ; Dichtungen der Hebrâer, Inspruck, 1882-1883 ; Kritische bearbeitung der Proverbien mit einem Anhange ûber die Strophik des Ecclesiasticus, dans Zeitschr. ꝟ. d. Kunde des Morgent andes ; V. Grimme, Abriss des hebr. Metrik, dans Zeitschr. d. deutsch. Morgent ànd. Gesellsch. ; Gietmann, De re metrica Hebrseorum, 1880 ; A. Rohling, Dos Salomonische Spruchbuch, ûbersetzt und erklàrt, Mayence, 1879.

La strophe.

C’est le groupement d’un certain

nombre de vers dans un ordre déterminé. Son existence a été à peine soupçonnée jusque vers 1831, date à laquelle M. F.-B. Kœster la signala dans un article intitulé Die Strophen oder der Parallelismus der Verse der Hebrâischen Poésie, dans les Studien und Kritiken, 1831, p. 40-114. On admettait volontiers la distribution des Psaumes en parties distinguées par le sens, par le refrain ou de toute autre manière, et parfois on donnait à ces divisions et subdivisions le nom de strophes. Mais en réalité on ne reconnaissait pas l’existence de strophes

se rattachant pour chaque morceau poétique à un type déterminé. D’ailleurs ce type n’est pas encore rigoureusement précisé ; il a pu exister en hébreu, comme dans toutes les langues, des strophes de longueurs variables, et indécises. Cf. D. H. Mûller, Die Propheten in ihrer ursprunglichen Form. Die Grundgesetze der ursemitischen Poésie erschlossen und nachgewiesen in Bibel, Keilinschriflen und Koran, und in ihren Wirkungen erkarmt in den Choren der Griechischen Tragédie, Vienne, 1896 ; I. K. Zenner, Die Chorgesânge in Bûche der Psalmen. Ihre Existenz und ihre Form nachgewiesen, Fribourg en Brisgau, 1896.

4° Sur VAlphabétisme, voir Alphabétiques (Poèmes).

VI. Vocabulaire.

Nombre des mots.

On ne peut

juger du nombre des mots hébreux que par la Bible. Sans doute les Livres Saints ne représentent qu’une partie restreinte des sujets traités par les Hébreux, soit dans leurs conversations, soit dans les autres compositions littéraires qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Mais on est porté à croire que la langue hébraïque ne disposait pas d’un vocabulaire très riche. — On ne compte guère plus de 2050 racines parmi lesquelles beaucoup sont peu usitées ou tiennent une place très restreinte dans la formation des mots ; on estime qu’avec 500 racines l’on est capable de lire couramment la plupart des textes bibliques. Le nombre des mots est proportionné à celui des racines : si l’on fait abstraction des noms propres, l’hébreu biblique compte environ 5000 mots (d’après Renan).

Structure des racines et des mots.

À cet égard

l’hébreu se rapproche de très près des autres langues sémitiques (voir Sémitiques [Langues]), et ne présente pas de particularités notables.

Caractère du vocabulaire hébreu.

1. L’hébreu

a une grande abondance de termes pour désigner : des objets usuels, animaux domestiques, ustensiles divers servant à la vie quotidienne ; — les phénomènes qui tombent sous l’observation journalière, v. g. phénomènes. météorologiques, pluie, tempête, etc. ; — les relations sociales ordinaires ; — en particulier les actes de la vie religieuse ou du culte et les diverses conceptions se rapportant aux idées religieuses juives : ainsi il y a un grand nombre de mots pour désigner la sagesse, la loi de Dieu, etc. r~ 2. Mais le vocabulaire hébreu est pauvre pour l’expression des idées abstraites et des sentiments de l’âme. Ainsi, dans une langue dont le seul monument est un livre éminemment religieux, il n’y a pas de terme qui corresponde exactement à l’idée abstraite de « religion » ; l’idée de la religion ne peut s’exprimer que par le terme de « crainte de Dieu ». L’hébreu a des mots ^)our l’amour et la haine, mais non pour la préférence ; de là ces phrases évangéliques tout empreintes du génie hébraïque : « Si quelqu’un ne hait son père ou sa mère, … il ne peut être mon disciple. » Luc., xiv, 26. Elle ne peut nommer qu’imparfaitement les facultés de l’âme : les termes qui désignent le siège de ses diverses opérations sont vagues : le « cœur » désigne l’intelligence ; les « reins » ou le « foie », les affections. — 3. La plupart des racines qui expriment des opérations spirituelles, intellectuelles et morales ont gardé un sens primitif se rapportant à la vie physique et extérieure. Dans nos langues, ces racines se ramènent bien étymologiquement à des termes exprimant des opérations physiques : intelligere veut dire « lire entre » ; mais à peu près toujours ce sens primitif a disparu de l’usage et le mot aujourd’hui usité ne signifie plus rien autre chose que l’acte spirituel ou moral. En hébreu, au contraire, la coexistence des deux sens est très fréquente. C’est ainsi que le mot bâràk veut dire primitivement fléchir le genou. De là à l’idée de € saluer » selon les pratiques orientales, il n’y a pas loin ; en réservant ce nom à l’hommage rendu à Dieu, on aura la signification de « vénérer, d’adorer », avec les sens connexes de « prier, d’invoquer ». Le salut évoquera aussi l’idée de « louer », de « bénir », de faire des

vœux pour le bien-être de celui qu’on salue. Bien plus, soit parce que celui qui salue s’attire les faveurs du supérieur ou de Dieu, soit parce qu’on a simplement transporté au supérieur (en leur faisant subir les modifications nécessaires) les actes et les sentiments de l’inférieur, ce même mot s’appliquera à Dieu qui « bénit », qui « honore » un inférieur d’une façon quelconque. Enfin par contraste le mot bârâk exprimera la malédiction. Ni le mot latin benedicere ni le mot français « bénir » (qui est plus riche en acceptions que la plupart de nos autres mots) ne peuvent exprimer toutes ces multiples significations. Voir Bénédiction, t. i, col. 1580hébreu rendent la traduction des livres bibliques très difficile, plus difficile que la traduction de tous les autres auteurs anciens, et expliquent pourquoi les textes et les versions de l’Écriture ont particulièrement besoin d’être accompagnés de notes et de commentaires.

VII. Rapports de la langue hébraïque avec les autres langues sémitiques. — La comparaison doit s’établir aux divers points de vue que nous avons précédemment considérés pour l’hébreu.

I. ÉCRITURE.

Alphabet.

Pour la comparaison

des alphabets, voir les tables des Alphabets sémitiques, t. i, col. 405-414 et l’article Assyrienne (Langue) t. i, col. 1169-1174. — 2° Voyelles. — Le système des pointsvoyelles usité dans la Bible, avec la combinaison du point et du trait comme caractère principal, est apparenté avec les systèmes adoptés par les Syriens orientaux et les Arabes ; il se distingue nettement des procédés usités dans l’assyrien (écriture syllabique), dans l’éthiopien (voyelles indiquées par diverses modifications des lettres elles-mêmes), et le dialecte des Syriens occidentaux (emploi des lettres grecques).

II. phonétique..-* 1° Consonnes. — i. Nombre des consonnes. — En dehors des autres langues sémitiques du groupe intermédiaire, la langue syriaque est la seule qui ait exactement le même nombre de consonnes que l’hébreu ; encore ne dédouble-t-elle pas le v en deux lettres. L’hébreu possède plus d’articulations que l’assyrien, mais il est inférieur aux langues sémitiques du Sud pour la distinction des dentales (l’arabe compte deux lettres pour chacune des dentales i, ts, n), des labiales (l’éthiopien a trois lettres pour le s), des sifflantes aspirées (l’arabe et l’éthiopien décomposent le s en deux articulations secondaires). Les gutturales paraissent plus nombreuses en hébreu qu’en assyrien (il semble que l’assyrien ne distingue guère ii, n et y) ; mais le n et le y fournissent chacun deux gutturales en arabe (_ et z ;

s. et à ; le n en fournit pareillement deux en éthiopien,

  • h et " ?). On peut se demander si chacune des lettres

hébraïques n et y ne représente pas elle-même deux sons. II est en effet curieux de constater, pour le y en particulier, que, dans la transcription des noms propres, les Septante le rendent tantôt par y (équivalent assez exact du arabe), Tonoppapour mby, tantôt par l’esprit rude, ’HXf pour iby, ou même l’esprit doux, ’AtiaXVjx pour

  • pboy. Voir Heth, col. 668. Il est d’autre part intéressant

de remarquer que certaines racines hébraïques renfermant la lettre n ont deux sens très différents, correspondant en arabe à deux mots, l’un avec _,

l’autre avec ^ : bsn, « lier » (ar. ^3-j^-) et « prêter » ’/cî

{ar. ^J^^.1). Il est donc probable que pour plusieurs <le ces lettres l’écriture hébraïque ne reproduit pas toutes les nuances de la prononciation.

2. Propriétés des consonnes.

Les phénomènes géné-Taux, tels que la commutation, l’assimilation, la transposition et le redoublement se présentent dans les autres langues sémitiques comme dans l’hébreu. Il faut

noter toutefois : que la transposition est moins fréquente dans la conjugaison hébraïque que dans l’assyrien et les langues sémitiques du Sud (la métathèse du n dans la huitième conjugaison arabe a lieu avec toutes les lettres et pas seulement avec les sifflantes), que l’hébreu a conservé le redoublement avec beaucoup plus d’exactitude que certaines langues du groupe araméen, par exemple, les dialectes des Syriens occidentaux (ils ne font presque jamais entendre le redoublement qui, dans les textes ponctués, n’est indiqué par aucun signe spécial ).— On peut dire, d’une façon générale, que l’hébreu est une des langues sémitiques dans lesquelles les consonnes ont gardé avec le plus d’exactitude leurs articulations primitives, et qu’en dehors de quelques exceptions elle est à cet égard comparable à l’assyrien et à l’arabe.

Quant aux propriétés particulières à certains groupes de consonnes, on peut faire les remarques suivantes : — La double prononciation des labiales ne se retrouve guère que dans l’araméen. — Les gutturales ont moins souffert en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques : tandis que l’assyrien les confond, que l’éthiopien les a si souvent confondues et dénaturées, l’arabe est la seule langue sémitique.qui les distingue avec plus de précision que l’hébreu. D’ailleurs la loi d’euphonie qui empêche en hébreu le redoublement des gutturales ne se retrouve qu’en araméen ; l’affinité pour le son a ne paraît pas non plus s’exercer d’une façon constante dans la conjugaison et la déclinaison arabes. — L’aphérèse et l’assimilation du 3, communes à l’hébreu et à l’araméen, ne se produisent pas dans les langues sémitiques du Sud. — L’hébreu est seul à connaître le n lettre faible dans les verbes nb ; en revanche IV est plus stable encore dans l’hébreu que dans le syriaque (où parfois il perd sa valeur de consonne non seulement à la fin des syllabes mais même au début). Quant au 1 et à 1’», l’hébreu et le syriaque sont les principaux dialectes qui les confondent si constamment au début des mots ; l’assyrien et surtout les langues du Sud distinguent des verbes is et des verbes » s. L’arabe et l’éthiopien connaissent pareillement des verbes ib et >b, dans lesquels ces lettres faibles sont loin d’être aussi altérées qu’en hébreu ou en syriaque ; en revanche le n et l'> subissent à peu près partout les mêmes modifications, quand ils sont dans le corps des mots.

Voyelles.

1. Nombre des voyelles, — Si l’on regarde

le système massorétique comme la représentation suffisamment exacte des voyelles de l’hébreu biblique, on constatera que l’hébreu est l’une des langues sémitiques dont la vocalisation est la plus variée. Il a gardé les trois voyelles principales a, i, ii, sous leur double forme de voyelles brèves et de voyelles longues ; il a pareillement distingué avec précision les voyelles secondaires é et o en longues et en brèves. Seul l’arabe peut à cet égard être comparé à l’hébreu ; l’arabe en effet distingue très nettement les voyelles primitives en longues et en brèves et, bien qu’il no les indique pas par des signes spéciaux, il admet autour de ces trois sons principaux des prononciations tout à fait semblables aux voyelles secondaires de l’hébreu. Les imperfections du système d’écriture cunéiforme ne permettent guère de Vavoir jusqu’à quel point les Assyriens distinguaient les longues et les brèves. On sait en revanche que si cotte distinction existe chez les Syriens orientaux (qui ont les cinq voyelles de l’hébreu), elle manque assez souvent de précision chez les occidentaux ; quant à l’éthiopien, en dehors de l’a bref et d’un é bref qui se confond avec e muet, il ne signale, dans son écriture, que des voyelles longues (â, ê, i, ô, û) ; c’est la preuve que la distinction en brèves et en longues n’était pas très sensible pour les Abyssins. Il faut noter enfin que la précision des demi-voyelles par des signes spéciaux (schevas simples et composés) est particulière à l’hébreu.

2. Permutations, altérations des voyelles. — Ces phénomènes se produisent ou par suite des flexions grammaticales ou par suite de l’usure de la langue. A. ces deux points de vue, l’arabe a beaucoup mieux sauvegardé sa vocalisation que l’hébreu. Les flexions grammaticales sont loin d’amener autant de changements, de suppressions et d’additions de voyelles en arabe qu’en hébreu. D’autre part, l’usure n’a presque pas fait sentir son influence sur la vocalisation arabe. De là le recours fréquent des grammairiens à cette langue pour l’explication des formes hébraïques qui ont subi des altérations plus ou moins notables. En, revanche, l’hébreu a gardé la pureté de sa vocalisation beaucoup plus parfaite que le syriaque ou l'éthiopien : dans ces deux langues il semble qu’on n’ait conservé de voyelles proprement dites que le nombre strictement nécessaire pour la prononciation des consonnes ; l’e muet y remplace très souvent des voyelles que l’on retrouve en hébreu dans un état de parfaite conservation.

/II. morphologie. — 1° Pronoms. — i. Les pronoms personnels de l’hébreu présentent beaucoup de ressemblances avec ceux des autres langues sémitiques. Les consonnes essentielles sont identiques dans presque toutes ces langues. Il est à noter que l’hébreu est à peu près le seul dialecte dans lequel la première personne du singulier ait à la fois la forme longue >3lN (que l’on retrouve en assyrien) et la forme brève

>jn (que l’on retrouve en arabe, en araméen, en éthiopien). Seuls l’assyrien et le syriaque assimilent comme l’hébreu ; le 3 et le n dans des pronoms aux secondes personnes. Les éléments essentiels des pronoms de la B 8 pers. semblent être au singulier les voyelles û et î ; tandis qu’en arabe et en araméen ces voyelles sont précédées de n comme en hébreu, elles sont précédées de m en assyrien, suivies de lettres proclitiques en assyrien --- et en éthiopien. — Les voyelles n’ont pas naturellement la même fixité que les consonnes et varient avec chaque langue. Certaines variations proviennent d’ailleurs de ce que les voyelles de l’hébreu sont plus altérées que celles des autres langues. L'> final de la 2e pers. fém.

sing. (>pn) a généralement disparu de l’hébreu comme de

la prononciation du syriaque, 'on le retrouve au contraire dans presque toutes les autres langues sémitiques. Il en est de même de la voyelle m des désinences des 2e et 3e pers. ptur. qui s’est atténuée en hébreu (diw, juk, on, ]n)

comme en éthiopien (sauf aux 3 « pers.), tandis qu’elle s’est conservée en arabe, et, pour le masculin au moins, en syriaque et en assyrien. Cette dernière langue d’ailleurs a une très grande variété de pronoms personnels. — Des remarques analogues sont à faire pour les pronoms suffixes et préfixes destinés à marquer les personnes dans la conjugaison verbale et pour les pronoms suffixes compléments. — S. Les pronoms démonstratifs, relatifs et interrogatifs présentent une bien plus grande variété. On peut toutefois y reconnaître le plus souvent les mêmes éléments primitifs modifiés par certaines altérations de voyelles et même de consonnes, ou encore par l’addition do diverses lettres proclitiques et enclitiques (assyrien et éthiopien).

Le verbe.

L’hébreu est à peu près la seule langue

sémitique dont les radicaux soient presque constamment trilittères ; le syriaque et l'éthiopien en particulier admettent beaucoup de radicaux quadrilittères. Mais dans toutes les langues sémitiques, comme dans l’hébreu, le verbe est d’ordinaire le point de départ de la dérivation des noms et autres parties du langage.

i. Les formes ou conjugaisons. — Les conjugaisons hébraïques se peuvent ainsi classer : trois conjugaisons actives, la simple (ftaî), l’intensive quhel) obtenue par le redoublement de la 2° radicale, et la causative (kiphil) obtenue au moyen du préfixe n ; deux conjugaisons

passives, le passif de l’intensive (puhal) et le passif de la cansative (hophal), obtenues par des changements de voyelle ; une conjugaison réfléchie (niplial) obtenue de la forme active simple par le moyen du préfixe i ; une conjugaison réfléchie (hithpahel) obtenue de la forme intensive active au moyen du préfixe n. — La forme active simple se retrouve naturellement dans toutes les autres langues. — Tandis que l’assyrien et le syriaque n’ont comme l’hébreu qu’une forme intensive, les langues sémitiques du Sud (arabe, éthiopien) en ont au moins deux consistant l’une dans le redoublement de la 2e radicale, l’autre dans l’allongement de la première voyelle (arabe, qâtala ; éthiopien, qâtala, qêtala, qôtala) ; cette dernière forme se retrouve dans les verbes irréguliers de l’hébreu. — La conjugaison active causative n’est indiquée par le préfixe n que dans l’hébreu et le chaidéen ; dans l’arabe, le syriaque, ce ri est remplacé par un n ; l’assyrien le remplace par un w qui, en syriaque, donne une seconde forme causative. En éthiopien le système des formes causatives indiquées par N est beaucoup plus développé ; il y a des formes causatives particulières correspondant soit à l’actif simple, soit aux divers actifs intensifs. — Les formes passives n’existent qu'à l'état de vestiges dans la conjugaison syriaque ; on leur substitue pour l’indication du sens passif les formes réfléchies : on ne les retrouve pas davantage en assyrien. En arabe au contraire, à peu près toutes les formes verbales (actives, causatives, réfléchies) ont une forme passive correspondante, obtenue par un changement de voyelles : l'éthiopien n’a pas cette particularité. — La conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe

est particulière à l’hébreu, à l’assyrien et à l’arabe :

elle n’est employée qu’assez rarement dans l'éthiopien. — En revanche la conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe n est moins fréquente en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques. Le syriaque a une forme réfléchie en n (avec un s prosthétique au lieu de n) pour chacune des formes actives, simple, intensive et causative. Il en est de même : de l’assyrien qui a même une forme réfléchie avec n correspondant à son niphal ; de l’arabe, qui n’emploie pas de lettres prosthétiques devant le n aux réfléchis des intensives, et qui met le n après la première radicale au réfléchi de la forme simple (pour le réfléchi des causatives, cf. la forme Xe) ; de l'éthiopien. — L’hébreu d’ailleurs ne connaît pas une foule d’autres formes verbales usitées dans d’autres langues, par exemple les formes avec nt préfixe de l’assyrien, les formes avec si préfixe de l'éthiopien, etc.

2. Genre et nombre.

La plupart des langues sémitiques ne distinguent que les deux nombres, singulier et pluriel, dans la conjugaison : seul, l’arabe a des formes spéciales pour le duel. Quant aux genres, elles n’admettent que le masculin et le féminin : la distinction en est d’ordinaire mieux marquée, aux 3 M pers. du parfait pluriel, dans les autres langues que dans l’hébreu.

3. Modes du verbe.

L’indicatif, l’impératif, le participe et l’infinitif sont communs à presque toutes les langues sémitiques, bien que des formes spécialesfassent parfois défaut pour l’infinitif.

4. Temps.

La plupart des langues sémitiques n’ont que le parfait et l’imparfait. Il est même à noter que l’assyrien n’a pas de parfait proprement dit ; mais en combinant le participe avec les pronoms personnels il est arrivé à indiquer un état permanent assez analogue à notre présent, et a ainsi créé une sorte de temps nouveau, le permansif. Les Syriens, sans ajouter ainsi un nouvel élément à la conjugaison, ont souvent usé du même procédé pour indiquer le présent. — Les langues sémitiques autres que l’assyrien n’ont, comme l’hébreu, qu’un seul parfait pour chaque conjugaison. Mais en divers dialectes on trouve plusieurs imparfaits. C’est ce qui a lien : en assyrien (des deux imparfaits, 497

hébraïque (langue)

l’un sert de parfait, l’autre d’imparfait proprement dit) ; en éthiopien (les deux imparfaits sont formés à peu prés de la même manière que ceux de l’assyrien et servent, l’un pour l’indicatif, l’autre dans des phrases où nous emploierions le subjonctif), surtout en arabe. Cette dernière langue ne compte pas moins de cinq imparfaits pour chaque conjugaison ; ils diffèrent par leurs désinences et servent : pour l’indicatif (yaqtuh :), le conditionnel (yaqtula), le subjonctif (yaqtul), et l’énergique (yaqtulan et yaqtulanna). L’hébreu n’ignore pas absolument ces diverses formes ; ses imparfaits ordinaires correspondent à la forme arabe usitée pour l’indicatif (moins la voyelle finale) ; elle a pour le cohortatif des formes avec la désinence â qui rappellent celles du conditionnel arabe ; ses imparfaits apocopes sont, par leur forme et leur emploi, à rapprocher du subjonctif arabe : enfin devant les suffixes, l’imparfait hébreu prend parfois un 2 épenthétique qui tient des formes énergiques de l’arabe. Le mécanisme de la conjugaison est le même dans l’hébreu et dans toutes les autres langues sémitiques. Il y a aussi de très grandes similitudes entre tous ces idiomes quant à l’addition des suffixes pronominaux compléments. Toutefois l’arabe garde mieux ses voyelles que l’hébreu et la plupart des autres langues, qu’il s’agisse des voyelles primitivement caractéristiques de chaque forme (qaffala pour qittêl, au pihel ; ’aqtala pour hiqtîl, au hiphil), ou des voyelles qui se trouvent placées devant les désinences (qâtalaf pour qâtalâh ou qdtelah, à la 3’pers.sing. fém. parf. kal), ou des voyelles des préformantes (yaqtulu pour yiqtol à la 3e pers. sing. masc. impart, kal).

Les verbes irréguliers de l’hébreu se rattachent aux mêmes types que les verbes irréguliers des autres langues sémitiques. Toutefois l’arabe et l’éthiopien n’ont pas de verbes irréguliers à gutturales, et laissent moins aisément les lettres faibles perdre leur valeur de consonnes ; en syriaque, au contraire, il n’y a plus qu’une seule classe pour les verbes Nb, ib et >b.

Le nom.

1. Formation. — Il y a une très grande

analogie entre l’hébreu et les autres langues sémitiques pour la formation des noms. Presque toujours ces derniers dérivent des verbes et expriment un caractère plus saillant de l’objet qu’ils désignent. D’ailleurs leurs modes de dérivation sont identiques, avec cette réserve toutefois que l’arabe, ayant gardé plus fidèlement sa vocalisation, fournit l’ensemble le plus complet et le moins altéré de types nominaux, surtout quand il s’agit des formes obtenues par des changements de voyelles (c’est ainsi, par exemple, qu’à peu près tous les types de noms à voyelles brèves ont été altérés en hébreu). D’autre part, certaines langues sémitiques affectent de préférence telles ou telles préformantes, telles ou telles ail’ormantes. 2. Flexion.

a) Le neutre n’existe dans aucune langue sémitique. Quant au féminin, l’hébreu est avec le syriaque (n est remplacé par x prononcé ô) la seule langue

sémitique qui ait perdu à peu près complètement l’ancienne désinence n l’arabe toutefois admet d’autres

— j

désinences secondaires. — 6) L’hébreu n’a rien qui corresponde aux pluriels brisés ou internes de l’arabe et de l’éthiopien. D’autre part, la désinence im qui caractérise le pluriel masculin ne se retrouve guère dans les autres langues sémitiques. La consonne a est le plus souvent remplacée par n (syriaque, in ; assyrien, ani ; arabe, ùnna ; éthiopien, dn). La désinence du pluriel féminin ni est commune à l’hébreu, au syriaque et, sous une forme ât plus primitive, à l’assyrien, l’arabe, l’éthiopien (ici elle s’ajoute à la désinence du féminin singulier au lieu de la remplacer). Ignoré du syriaque, de l’éthiopien et peut-être de l’assyrien, le duel n’existe que dans l’hébreu et dans la déclinaison arabe. — c) L’état construit est commun à l’hébreu et à toutes les autres langues sémitiques et consiste toujours dans l’abréviation des

formes absolues. Au singulier, l’état construit produit partout la suppression des voyelles non caractéristiques (en syriaque les voyelles sont tellement réduites, à l’état absolu, que l’état construit ne produit aucun changement) et peut amener, dans les langues qui ont des désinences casuelles, la suppression de ces désinences (comme en assyrien ; en éthiopien, on emploie partout comme état construit la forme de l’accusatif). Dans les langues qui ont gardé l’ancienne désinence at à l’état absolu féminin, l’état construit ne diffère de l’état absolu que par la suppression des désinences casuelles. (assyrien : Sarratu, « reine, » état const., sarrat) et de certaines voyelles. Au pluriel masculin la consonne finale disparaît en syriaque et en arabe comme en hébreu ; en assyrien il n’y à pas de forme spéciale, à moins que l’on ne considère comme telles les désinences î et ê du pluriel masculin que l’on retrouve aussi à l’état absolu.

— L’araméen est seul à employer cette forme spéciale du nom déterminé qui est connue sous le nom d’état emphatique et qui semble formée du nom absolu auquel on aurait ajouté un suffixe représentant l’article. — d) Il reste dans le nom hébreu certaines désinences que l’on rapporte à des suffixes primitivement destinés à désigner les cas : u pour le nominatif, i pour le génitif, a pour l’accusatif. En dehors du syriaque, toutes les autres langues sémitiques ont gardé leurs cas plus fidèlement que l’hébreu ; on trouve régulièrement les trois cas dans l’assyrien, l’arabe (pour les noms triptotes et avec nunation malkun, malkin, màlkan, quand ils sont indéterminés ) ; l’éthiopien n’a gardé que la désinence casuelle de l’accusatif. — e) L’addition des suffixes se fait aux noms à peu près partout comme en hébreu. — f) Seuls, en dehors de l’hébreu, l’arabe et le sabéen ont un article représenté par une particule déterminée.

3. Particules.

Les particules ont les mêmes origines dans l’hébreu et les autres langues sémitiques ; ce sont le plus souvent des formes verbales ou nominales employées dans une acception particulière, parfois avec une désinence caractéristique. On retrouve à peu près dans toutes ces langues les particules 3, b (arabe, éthiopien, syriaque, etc.), 1 (arabe, éthiopien, syriaque, assyrien sous la forme de l’enclytique ma, etc.), mais il est à noter que l’arabe et l’assyrien renferment plus de particules que l’hébreu ; que le syriaque et surtout l’éthiopien sont très riches en particules explétives, analogues à celles que l’on retrouve en grec et qui ajoutent peu au sens.

IV. syntaxe.

La syntaxe hébraïque est une des plus élémentaires ; elle se rapproche à cet égard de la syntaxe syriaque, bien que celle-ci se soit compliquée peu à peu sous l’influence du grec. En revanche, les syntaxes de l’assyrien et des langues sémitiques du Sud sont complexes, à des degrés divers. Les points par lesquels elles l’emportent sur la syntaxe hébraïque sont surtout : la précision des temps dans le verbe, au moyen de divers auxiliaires ; l’expression des divers modes conditionnel, subjonctif, optatif ; la subordination des propositions au moyen de particules spéciales, etc. La syntaxe arabe est de toutes la plus riche.

v. poésie. — La poésie sémitique était partout très simple à l’origine, comme on peut le voir par les spécimens qui nous sont conservés des poésies assyriennes, et des anciennes poésies arabes. Elles semblent pour la plupart avoir eu le parallélisme comme trait principal ; les vers paraissent être à peu près toujours isosyllabiques ; mais l’arabe, comme d’ailleurs l’hébreu postérieur à la Bible, a beaucoup compliqué sa prosodie ; il y a introduit le mètre et des combinaisons de vers souvent très multiples.

vi. vocabulaires. — Le vocabulaire des autres langues sémitiques a beaucoup d’analogies avec celui de l’hébreu. Partout on remarque, avec des différences de degré, une certaine pauvreté en adjectifs et en adverbes, et une certaine difficulté d’exprimer les idées abstraites. HEBRAÏQUE (LANGUE)

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— Toutefois, on remarque que, d’une part, le vocabulaire hébreu tel que la Bible nous le fait connaître est pauvre relativement au lexique assyrien et surtout au dictionnaire arabe (celui-ci est d’une richesse inouïe) ; que, d’autre part, le vocabulaire hébreu n’est pas aussi mélangé de termes étrangers que les vocabulaires syrien et éthiopien. — On trouve dans les vocabulaires autres que l’hébreu beaucoup de racines vraiment sémitiques qui ne figurent pas dans la Bible. Mais souvent les racines sont communes à toutes ces langues. D’ordinaire elles gardent partout la même signification. Parfois elles admettent des nuances assez diverses : ’amar, par exemple, signifie : « dire » en hébreu et en syriaque ; « ordonner » en arabe ; « montrer » (forme pihel) et « savoir » (forme aphel) en éthiopien ; « voir » en assyrien. En certaines circonstances la même racine a dans ces diverses langues des sens absolument différents. — En d’autres cas les racines qui se correspondent dans les diverses langues sémitiques diffèrent selon des lois que la grammaire comparée a pu relever avec assez de précision ; c’est ainsi qu’en passant d’une langue à l’autre les gutturales, les labiales, les dentales, les palatales et les sifflantes de divers degrés peuvent s’échanger ; l’hébreu barzel, « fer, » devient parsel en assyrien et en araméen ; Hâqed, « amandier, » de l’hébreu devient Sêgdâ en syriaque ; qdtal, « tuer, » de l’hébreu devient qafala en arabe et en éthiopien, etc. Souvent les sifflantes de l’hébreu sont remplacées dans d’autres langues par dès dentales généralement de même degré : ze’êb, « ours, » de l’hébreu devient dibâ en araméen ; Sélég, « neige, » de l’hébreu (assyrien Salgu) devient talgd en syriaque, etc. ; bien plus s correspond parfois à y du syriaque : ’érés, « terre, » de l’hébreu, devient’ar’â en araméen, etc.

VIII. Histoire de la langue hébraïque.

I. origines.

— 1° L’hébreu, langue chananéenne. — L’hébreu est un , dialecte chananéen, ainsi que le prouvent les nombreuses similitudes qu’il présente avec le phénicien, le moabite et sans doute aussi les langues d’Ammon et d’Édom. Cf. Jer., xxvii, 3. Aussi ses origines se confondent-elles avec celles de ces divers dialectes. Or les monuments permettent de constater l’existence des langues chananéënnes à des époques déjà très reculées. Les tablettes découvertes à Tell-el-Amarna, par exemple, attestent qu’au xve siècle avant notre ère les peuples des bords méditerranéens de l’Asie occidentale, tout en se servant de l’assyrien pour leurs documents officiels, taisaient usage de dialectes chananéens dans le langage ordinaire. On peut même remonter plus loin et constater dans les documents égyptiens des mots empruntés aux langues chananéennes dès le xvie siècle.

Il est certain toutefois que ces divers documents, si anciens qu’ils soient, ne nous font pas arriver jusqu’aux origines des langues chananéennes. Ces origines sont enveloppées de nuages et paraissent se confondre avec celles des autres langues sémitiques. On a essayé, pour résoudre la question, de montrer dans quelles relations de filiation ou de maternité la langue hébraïque pouvait se trouver vis-à-vis des autres langues sémitiques-Richard Simon pensait que l’hébreu était de toutes les langues sémitiques la plus ancienne et celle qui avait donné naissance à toutes les autres. Cette opinion est aujourd’hui entièrement abondonnée. Des savants frappés d’une part par les ressemblances qui existent entre l’hébreu et l’arabe ou l’assyrien, constatant d’autre part que ces dernières sont dans un meilleur état de conservation, ont regardé tour à tour l’un ou l’autre de ces dialectes comme la langue sémitique mère et en ont fait dériver l’hébreu ; M. Delitzsch donne ses préférences à l’assyrien ; M. Schrader et M. D. S. Margoliouth optent pour l’arabe. Il n’est pas’sûr que le degré de conservation ou d’altération de diverses langues de même famille peuvent nous renseigner sur leurs rapports de maternité ou de filiation ; et beaucoup de savants sémitisants ont

renoncé à chercher la langue mère du groupe sémitique. Us aiment mieux voir dans tous les idiomes de cette famille autant de langues sœurs qui, comme les langues indo-européennes, ont eu un lieu d’origine commun et se sont ensuite diversifiées dans les différentes tribus, au fur et à mesure de leur séparation et avec des allérations plus ou moins rapides selon les circonstances et les milieux de diffusion. C’est généralement aux bords du golfe Persique que l’on place le berceau primitif deS"peuples sémitiques et de leurs langues ; de là ces tribus ont rayonné dans l’Asie occidentale pour se fixer peu à peu dans des contrées déterminées ; et c’est sous l’influence de ces localisations que les divers idiomes sémitiques se sont constitués en langues distinctes. Il n’est pas surprenant dès lors que l’on remarque plus de ressemblances entre certaines langues sémitiques (v. g. l’hébreu et l’arabe), qu’entre d’autres (v. g. l’hébreu et l’araméen) ; ressemblances et différences pourront tenir aux circonstances qui ont entouré le développement de ces divers idiomes. D’ailleurs certaines ressemblances auront peut-être une autre origine ; il n’est pas impossible, par exemple, que les idiomes chananéens aient été influencés après coup par la langue assyrienne, officielle dans toute l’Asie occidentale à l’époque des inscriptions de Tell el-Amarna.

A quelle époque faut-il placer l’origine des langues sémitiques sur les bords du golfe Persique ? À quelles dates assigner les premières migrations des peuples sémites fixés en Chanaan ? Autant de questions sur lesquelles il est impossible d’être précis. La Genèse rattæhe aux migrations d’Abraham la fondation des petits peuples d’Edom, de Moab et d’Ammon, et il est assez vraisemblable que ces migrations se placent avant l’an 2000 av. J.-C. — Abraham en arrivant en Chanaan parlait-il chananéen, ou bien, après avoir parlé assyrien ou araméen, adopta-t-il une langue déjà en usage dans le pays où il se fixait ? Autre question difficile à résoudre. Toujours est-il que c’est à partir d’Abraham que la langue chananéenne aurait commencé à se diviser lentement en divers dialectes ; ainsi se seraient formées les langues des peuples sémites fixés sur les bords de la Méditerranée, ainsi l’hébreu aurait-il acquis « es caractères distinctifs.

2° Les premiers développements de la langue hébraïque. — L’histoire de la langue hébraïque est très difficile à faire et pour plusieurs raisons. Tout d’abord le nombre des documents sur lesquels on pourrait en baser le développement (nous n’avons que les livres bibliques) est très restreint et ne représente pas à beaucoup près l’ensemble de la littérature hébraïque ; d’ailleurs aucun de ces documents ne nous permet de remonter jusqu’aux origines ; d’autre part enfin, nous n’avons sur la date de nombre de ces documents que des données incertaines. De plus, lorsqu’il s’agit de faire l’histoire d’une langue, les particularités grammaticales et orthographiques ont une grande importance : or il n’y avait pas à ces époques reculées de règles de grammaire ou d’écriture qui donnassent aux diverses formes de la langue hébraïque une fixité et une régularité rigoureuses ; de là les divergences que l’on rencontre fréquemment entre les diverses transcriptions d’un même morceau plusieurs fois reproduit dans la Bible. Cf. II Reg., xxiii, et Ps. xviii. Enfin il y a tout lieu de croire qu’en transcrivant les morceaux anciens, les scribes n’ont pas craint de remplacer des formes et des mots archaïques par des termes plus récents, plus intelligibles à l’époque où ils exécutaient leur travail (cf. ce qui a été fait pour le texte hébreu de l’Ecclésiastique). Il est donc très difficile de retracer l’histoire de la langue hébraïque ; mais cette histoire est spécialement obscure dans les premières phases de son développement. Laissant de côté la question de l’écriture (voir Écriture hébraïque, II, col. 1573-1585), on peut faire les remarques suivantes :

a) La famille d’Abraham apporta en Chanaan ou adopta

dans ce pays une langue très voisine des dialectes de Moab, de Tyr et de Sidon, plus rapprochée de l’arabe et de l’assyrien que des autres idiomes sémitiques. Une fois constituée, cette langue demeura assez fermée à l’importation de mots étrangers. La Bible^nous apprend que la famille patriarcale séjourna en Egypte pendant assez longtemps, et néanmoins les mots égyptiens employés dans la Bible sont très peu nombreux : ye’ôr, « le Nil ; » âhû, « roseau, » etc. On peut attacher une certaine valeur à l’hypothèse qui explique un certain nombre de mots communs à l’hébreu et à l’assyrien par des emprunts contemporains des tablettes de Tell el-Amarna ; mais il ne semble pas que, dans ces premières phases de son développement et en ce qui regarde les noms communs, l’hébreu ait subi l’influence étrangère bien au delà de ces limites. Dans la suite, quelques mots ont été empruntés soit à l’Assyrie, soit à l’Egypte, et même à l’Inde et peut-être à la Grèce.

b) Il est très difficile de dire si, dans la langue hébraïque, on peut découvrir plusieurs dialectes. Beaucoup d’essais ont été faits pour déterminer, dans les divers livres et documents de la Bible, les caractères spéciaux de ceux que l’on pourrait attribuer à des écrivains du Nord ou à des écrivains du Midi. Les résultats de ces travaux sont très douteux : d’une part, la diversité des opinions touchant l’existence et le nombre des dialectes est très grande ; d’autre part, les particularités signalées sont tellement minutieuses qu’on peut se demander si elles suffisent à distinguer des dialectes. C’est ainsi, par exemple, que la différence constatée entre les Ephraïmites et les habitants de Galaad, Jud., xii, 6, au point de vue de la prononciation de la lettre iii, ne saurait suffire à établir l’existence de deux dialectes.

3° Périodes antérieures à l’état actuel de la langue biblique. — Divers indices nous permettent de conclure qu’avant la période qui correspond à la forme actuelle de la langue biblique, l’hébreu a déjà eu toute une histoire et subi d’assez nombreuses modifications. Ces indices consistent surtout : dans des archaïsmes qui sont comme les témoins de cet âge reculé ; dans des formes très classiques d’ailleurs, qui en supposent d’autres depuis longtemps inusitées ; dans diverses analogies de l’hébreu avec les autres langues sémitiques, qui amènentà conclure à d’anciennes analogies plus nombreuses encore. Ces indices doivent être recueillis et examinés avec la plus grande prudence : car il est facile, dans des constatations aussi minutieuses, de faire des généralisations trop hâtives. D’ailleurs on ne saurait dire à quelles dates placer cette phase plus pure de la langue hébraïque, ni déterminer si elle est antérieure à la composition de tous les écrits bibliques ; il est très possible en effet que des morceaux écrits dans cette période archaïque aient été, par la suite, mis à l’unisson des autres écrits bibliques. La chose est d’autant plus probable que les différences principales portent sur des questions de détail (prononciation, etc.), assez variables de leur nature. Quoi qu’il en soit, on peut, de ces indices, tirer avec certitude les conclusions suivantes :

a) C’est surtout dans les voyelles que les changements ont été les plus nombreux. Il faut relever d’abord la multiplication des voyelles par le dédoublement des sons primitifs.il est du moins admis par beaucoup) de savants que l’hébreu comprenait d’abord trois sons susceptibles d’être longs ou brefs, en tout six voyelles : â, â, i, i, n, û. Il est douteux que, dès l’abord, il y eût des diphtongues proprement dites : dans les groupes ay et av, le > et le i étaient de véritables consonnes. En hébreu, comme en arabe, mais avec une fixité beaucoup plus grande des sons secondaires se sont groupés autour de ces sons primitifs ; ils ont fini par constituer des voyelles absolu" ment semblables aux précédentes : a bref a ainsi donné naissance à é bref (yad, « main, » yédkém, « votre main » ) et à i bref, (bat « Aile, » biffi, « ma fille » ) ; i bref a donné

naissance à é bref (héfsi, « mon bon plaisir, » du primitif /h/s) ; u bref qui s’est surtout maintenu dans les syllabes aiguës (’uzzi, « ma force s), a donné naissance à o bref (et. pour la forme hopkal : hoqtal et huggaS). En revanche â long a souvent donné naissance à ô long (cf. qôtêl de l’hébreu et qâtil de l’assyrien pour le participe actif kal), parfois même peut-être à m ; I long a donné naissance à ê long (cf. imparf. hiphil : yabîn et yabên), û long à ô long. Quant aux diphthongues, ay a donné S, et av a donné ô. Et c’est ainsi que l’hébreu a acquis ses dix voyelles, â, a, é, ê, i, i, ô, ô, û, û. Certaines de ces voyelles et tous les schevas composés doivent aussi leur origine à des raisons d’euphonie, et à la loi du moindre effort dans la prononciaton. Comme on le voit, cette multiplication des voyelles représenterait déjà une altération des sons primitifs. — Mais d’autres déviations se sont produites dans le système vocalique. Beaucoup de voyelles primitivement brèves se sont allongées, généralement sous l’influence de l’accent, soit dans les syllabes toniques, soit dans les syllabes prétoniques ; c’est ainsi que les noms du type primitif qâtal sont devenus qâtàl. Plus souvent encore les voyelles primitives ont disparu : cf. pour la forme verbale qâtelâh, l’arabe qatalaf ; pour la forme nominale sedâqâh, la forme arabe sadaqafun. — Ces altérations ont atteint les formes grammaticales elles-mêmes, comme on le voit surtout dans la conjugaison verbale ; les formes de l’imparfait kal, yâqûm et yâsob, indiquent pour le verbe régulier une forme primitive yaqtol ou yaqtul pour yiqtol ; les formes qittalta et yeqattel du pihel permettent de remonter à une forme primitive qattal au lieu de qittêl ; de même à l’hiphil, les formes hiqtalta et yaqtêl invitent à reconnaître une forme primitive hoqtal au lieu de hiqtîl, etc.

b) Il s’est produit aussi des changements en beaucoup de désinences qui se sont affaiblies dans leurs consonnes ou leurs voyelles, ou bien qui ont totalement disparu. — Telles sont les désinences pronominales : afpi (dont la trace survit pour la conjugaison verbale devant les suffixes, qelalfihû, « tu l’as tué » ) devenu aff ; affum, affun (dont on retrouve la trace dans la forme verbale qetalfu qui se place devant les suffixes), hum, hun, devenus aftêm, atpén, hêm, hên. — Telles sont les désinences’nominales, du féminin singulier (af devenu ah avec suppression du n et introduction du hé mater lectionis), du pluriel masculin absolu (la désinence ê de l’état construit semble évoquer pour l’état absolu une désinence aïm semblable à celle du duel ; cf., en syriaque, aïn qui parfois devient en) et surtout les désinences casuelles (voir plus haut). — Telles sont les désinences verbales, par exemple a( devenu âh (3e pers. fém. sing.), un devenu û (3 8 pers. ptur.) et celles que nous venons de mentionner à propos des pronoms.

c) Certaines formes verbales ont été supprimées : le participle qâtûl pourrait bien être un reste d’un passif de kal.

d) Enfin il y a eu des modifications plus profondes portant sur l’essence même de certains éléments du langage.

— Quand on compare les formes isolées des pronoms personnels’anôkî, atfah, avec les formes inséparables qui servent à marquer les personnes du verbe (fi, (a ; éthiopien, ku, ka) ou à indiquer les pronoms compléments (i, ka), on arrive à cette conclusion que dans le passé ces pronoms avaient vraisemblablement une double forme et se prononçaient tantôt avec { et tantôt avec fc. — Les particules préfixes servant à indiquer, soit les conjugaisons verbales, soit l’article, soit diverses prépositions, semblent n’être autre chose à leur tour que les derniers vestiges de mots qui avaient à l’origine une existence très indépendante.

Il est possible que ces deux dernières constatations et à plus forte raison celles de plusieurs savants touchant les racines bilittères primaires (voir Sémitiques [Langues]), nous conduisent à des époques beaucoup plus

éloignées que les remarques relatives aux voyelles et aux désinences. Mais toutes ces indications tendent à mettre en relief que l’hébreu biblique, tel qu’il se présente à nous, est un idiome déjà altéré, partiellement usé et vieilli ; elles nous font entrevoir, avant la période biblique, un autre âge dans lequel l’hébreu avait une bien plus grande richesse de phonétique et de morphologie.

Les périodes de l’hébreu biblique.

L’un des traits

caractéristiques de la langue hébraïque durant la période biblique est sa grande fixité. Sans doute il faut tenir compte des corrections qui ont pu ramener à des formes grammaticales plus récentes les plus vieux documents de l’Ancien Testament ; on peut dire toutefois que, durant les longs siècles auxquels correspond la série des écrits de la Bible hébraïque, la langue sacrée demeure sensiblement dans le même état ; on ne remarque pas les nombreux changements que l’on constate dans les langues indo-européennes pour une durée aussi considérable. — Néanmoins la captivité de Babylone est une date qui compte pour la langue hébraïque ; elle marque le moment où cet idiome arrivé à son apogée au temps d’Ézéchias entre décidément dans une période, de rapide décadence et elle en divise l’histoire en deux parties bien distinctes. Encore cette division de l’histoire de l’hébreu en deux périodes doit-elle être acceptée avec certaines réserves : il est en effet facile de constater que des morceaux (par exemple des psaumes) postérieurs à la captivité sont rédigés avec autant d’art que les plus belles compositions littéraires du temps d’Ézéchias ; quand l’hébreu cessa d’être une langue parlée, il demeura langue littéraire et il se trouva des écrivains assez heureux pour égaler, à des époques rapprochées de l’ère chrétienne, ceux de leurs prédécesseurs qui avaient écrit à l’âge d’or de la littérature hébraïque.

a) La période antérieure à la captivité ou l’âge d’or de la langue hébraïque. — La langue hébraïque garde, pendant toute cette période et avec une étonnante fixité, sa pureté et sa vigueur ; elle se fait remarquer, dans la prose, par la vivacité de ses tableaux, l’entrain de ses mises en scène, le naturel presque naïf de ses récits ; dans la poésie, par la régularité de son parallélisme, la hardiesse de ses images et la concision de ses compositions. C’est l’âge de l’hébreu sans mélange, c’est l’époque classique. Dans cette longue période, la fixité générale de la langue n’exclut pas la variété du style selon les auteurs et selon les diverses époques. On peut s’en rendre compte si l’on compare entre elles des compositions comme : le cantique de Débora (Jud., v) qui est rédigé dans un hébreu très pur et qui, en dehors du w relatif attribuable peut-être à une influence dialectale (il se retrouve dans le Cantique des Cantiques), ne renferme qu’un nombre restreint de particularités grammaticales et lexicographiques ; les oracles d’Amos, d’Osée, d’Isaïe et de leurs contemporains du VIIIe siècle, dont la langue est si harmonieuse, si concise, si énergique, si étudiée et pourtant si simple ; les écrits de Jérémie (vu » siècle), à la phrase plus longue, au style plus calme mais aussi plus lâche, au rythme plus doux. — Dans ces dernières époques, l’art et l’étude que l’on remarque dans les compositions bibliques laissent entrevoir qu’une distinction commence déjà à s’établir entre la langue littéraire et la langue du peuple.

i>) La langue hébraïque à partir de la captivité. — Depuis lors, tandis que les lettrés sauront demeurer fidèles au type ancien de la littérature hébraïque, la langue du vulgaire s’acheminera de plus en plus vers la décadence. Les écrivains bibliques n’échappent pas tous à cette influence. Elle se manifeste déjà en plusieurs endroits de Jérémie,-par deux de ses traits les plus caractéristiques, la prolixité et le pastiche : dans plus d’un oracle, le prophète met en prose et délaye les oeuvres de ses prédécesseurs. Cf. Is., xv-xvi ; Jer.,

XLvni. Dans Ézéchiel s’accuse un autre caractère qui ira s’accentuant de plus en plus, l’emploi des aramaïsmes. C’est à l’époque de la captivité en effet que s’opère peu à peu la substitution de l’araméen à l’hébreu dans l’usage vulgaire. Cette substitution n’a pas été l’œuvre d’un jour, mais s’est faite d’une manière progressive, à la suite des relations des Israélites avec les peuples qui parlaient araméen. Ces relations semblent avoir eu deux centres : la Palestine, où il paraît bien qu’on parlait l’araméen ou du moins un hébreu très aramaïsé à la fin de la captivité ; la Babylonie, où, malgré l’esprit de corps qui groupait les exilés en communautés assez fermées sous la direction de l’aristocratie sacerdotale, on ne sut pas entièrement se soustraire à l’influence étrangère. Toujours est-il qu’à partir du retour de l’exil le peuple parlait araméen et ne comprenait guère plus l’hébreu, II Esd., lia, 23-24 ; et, malgré l’essai de réaction tenté par Néhémie, II Esd., xiii, 25, l’usage de l’araméen alla se généralisant de plus en plus. L’hébreu ne demeura que comme langue littéraire et liturgique. Il perdit plus de terrain encore dans l’ancien royaume du Nord, dans le pays de Samarie, où on lui substitua, même dans l’usage littéraire, le dialecte samaritain qui se rattache nettement aux idiomes araméens. — Dans Daniel et dans Esdras se trouvent des passages entièrement rédigés en araméen. Sans présenter cette particularité dont l’origine certaine est encore à déterminer, les livres des Paralipomènes, de Néhémie, d’Aggée et de Malachie sont des livres de décadence. Pour l’Ecclésiastique, voir Ecclésiastique, t. ii, col. 1547.

5° L’oeuvre des Massorètés, ou la vocalisation dés textes sacrés. — À mesure que l’hébreu cessait d’être la langue parlée, à mesure aussi que le canon des Écritures se formait et que croissait le respect religieux dont on entourait les Livres Saints, deux préoccupations se faisaient jour et s’accentuaient de plus en plus. — Le peuple ne comprenait plus l’hébreu classique et était incapable de suivre les lectures liturgiques de la synagogue. Il fallut lui traduire la parole de Dieu et la lui expliquer ; de là la version grecque de l’Ancien Testament en faveur des juiveries alexandrines ; de là les interprétations paraphrastiques des Targums composés en chaldéen pour les communautés juives de Palestine et de Babylonie ; de là enfin les gloses et explications, conservées d’abord par la tradition orale, plus tard consignées par écrit et renfermées dans le Talmud avec son double élément : la mischna (me siècle ap. J.-C.) et la ghemara (ghemara de Jérusalem, au IVe siècle ; ghemara de Babylone au VIe siècle). — Un autre besoin se faisait aussi sentir : celui de la fixation du texte sacré. Les procédés de transcription étaient par eux-mêmes assez défectueux : l’incurie des scribes était parfois très grande, et leur audace allait souvent jusqu’à substituer sciemment des corrections arbitraires aux leçons anciennes. D’autre part, les changements qui s’introduisaient graduellement dans l’écriture favorisaient toute espèce de méprises et de bévues. Il en résultait de grandes différences entre les multiples copies de l’Ancien Testament qui circulaient dans les synagogues et chez les particuliers : la comparaison du texte hébreu massorétique avec la version des Septante permet de constater que ces altérations, tout en portant sur des détails, allaient parfois assez loin. La vénération croissante pour le texte sacré ne pouvait laisser subsister pendant longtemps ces divergences ; dès le deuxième siècle et peut-être dès le troisième avant notre ère, on surveillait avec beaucoup de soin la transcription des manuscrits, de ceux de la Loi en particulier ; au second siècle de l’ère chrétienne on était parvenu à une telle unité dans la transcription des textes sacrés qu’entre les divers manuscrits qui sont postérieurs à cette époque, qu’entre le texte massorétique et celui que suppose la version de saint Jérôme, on ne saurait relever des différences assez caractéristiques pour répartir ces

documents en diverses familles. Ce travail de fixation fat complété pendant l’âge talmudique (du IIe siècle au rv « ) par une étude très approfondie et très minutieuse des particularités grammaticales et orthographiques du texte (matres lectionis, écriture pleine, écriture défective ; petites lettres, grandes lettres, lettres surmontées de points, etc.), sur la computation du nombre des versets de la Bible et même des mots et des lettres, sur la détermination du qerî el du ketïb, la division du texte en sections et en phrases pour la lecture publique, etc. Mais il ne suffisait pas de préserver le texte contre tout danger de corruption à l’aide de précautions infinies : il fallut en arrêter la lecture. Comme on l’a vii, le texte hébreu ne portait que des consonnes. Le lecteur suppléait aux voyelles selon le sens et le contexte. Un tel procédé présenta de grandes difficultés dès que l’hébreu cessa d’être langue parlée. Aussi de très bonne heure se préoccupa-t-on d’indiquer au moins les voyelles principales. L’attention se porta d’abord sur les voyelles longues. Assez longtemps avant l’ère chrétienne, peut-être même avant la version des Septante, on les indiquait déjà au moyen des lettres quiescentes : N et n servaient à la fin des mots à indiquer les voyelles longues â (ê, ô) ; ~ servait, dans le corps des mots et à la fin, à indiquer la voyelle û long (et ô long) ; > servait à marquer i long (et parfois ê long). Ces lettres quiescentes étaient de la plus grande utilité ; sans elles en effet les formes grammaticales les plus nécessaires à distinguer étaient confuses. Les formes verbales qdtal et qâtelû se confondaient ; indiquée seulement par d, la désinence im du pluriel masculin ne différait pas de la désinence âm du suffixe masculin pluriel, etc. Toutefois cette introduction des lettres quiescentes ne se fit ni d’une façon officielle ni d’une manière uniforme. Il n’y eut à ce propos aucune préoccupation d’unifier les manuscrits. Laissé à peu près à la libre initiative de chaque scribe le procédé fut diversement appliqué. Les manuscrits dont se servaient les Septante avaient sûrement des lettres quiescentes : mais la différence qui existe entre certaines leçons de la traduction alexandrine et le texte massorétique ne s’expliquent que par l’absence de règles fixes dans l’introduction de ces quiescentes : cf. par exemple Ps. cm (civ), 18, l’hébreu d’wd, « cyprès, » et le grec r^âxtti aù-côv, own ; on peut conjecturer que le texte primitif ne portait que Dtina. Ce système était appliqué d’une manière assez irrégulière, et avec plus ou moins de discernement selon le degré d’intelligence des copistes ; au fond c’était déjà une interprétation du texte. Surtout ce système était loin de représenter toutes les voyelles du texte et de répondre à toutes les exigences de la lecture publique. Néanmoins aucun perfectionnement n’y fut apporté, ni pendant la période de fixation du texte, ni même probablement durant l’âge talmudique ; du moins si certains signes furent alors introduits autour du texte, ils furent très peu nombreux. Le système actuellement en vigueur pour l’indication des voyelles hébraïques ne remonte qu’à la période massorétique ( vie â xie siècle).

Étymologiquement le mot « massore » semble vouloir dire « tradition s, de la racine talmudique masar. Dans son acception primitive et générale, ce mot désigne les résultats du travail auquel la tradition juive a soumis le texte biblique après sa fixation, soit afin de prévenir les altérations dont les copistes pouvaient se rendre coupables et les divergences qui en pouvaient résulter, soit pour déterminer la lecture exacte de l’Écriture. Ainsi entendu le nom de « massorétique » peut aussi bien s’appliquer à l’âge talmudique qu’aux siècles qui l’ont suivi. Toutefois on réserve plus spécialement ce nom de massorétique à la période durant laquelle les observations léguées par l’époque talmudique au sujet du texte sacré ont été mises par écrit (durant l’âge talmudique, on disait : ce qui est transmis par la tradition orale ne doit pas

être écrit), durant laquelle aussi le système de la vocalisation et de l’accentuation du texte sacré a été élaboré (vie à xie siècle).

Le système des voyelles et des accents massorétiques est, on le sait, très compliqué. Il n’est pas l’œuvre d’un savant qui l’aurait inventé de toutes pièces ou d’une commission qui en aurait discuté les principes. Sans doute nous n’avons pas de documents positifs qui nous permettent de tracer l’histoire précise de cette invention, pas de manuscrits qui en représentent les diverses phases. Mais nous savons d’une façon certaine comment s’est peu à peu élaboré un autre système de vocalisation très voisin, quant à la date et quant au procédé, du système adapté à la Bible par les massorètes, à savoir le système des syriens orientaux ; et il n’y a pas de témérité à penser que le système des voyelles hébraïques, comme celui des voyelles syriennes, est le fruit d’une évolution lente et graduelle. — Tout d’abord les massorètes se sont gardés de ne rien changer aux consonnes du texte ; et ils ont porté le scrupule jusqu’à ne jamais introduire de nouvelles lettres quiescentes pour l’indication des voyelles longues, quand leurs manuscrits en manquaient ; ils ont préféré marquer î long et û long par les signes de i bref et de « bref. Il est probable qu’à l’origine un point indiquait, selon les positions qu’il occupait : le redoublement des lettres ou l’aspiration des muettes (quand il était à l’intérieur des consonnes), la différence de prononciation du tJ et du tir, et puis certaines voyelles (â, ô, quand il était au-dessus de la lettre ; i, ê, quand il était au-dessous). Au simple point on ajouta la combinaison de plusieurs points en groupes pour distinguer ê long et é bref, u bref et û long ; même pour le son a, on introduisit le trait horizontal, que l’on combina ensuite avec le point (selon la forme primitive du kamets _) pour distinguera long

(et o bref) de a bref. Le système alla se développant et se précisant, de façon à reproduire aussi exactement que possible toutes les nuances de la prononciation des voyelles hébraïques, des semi-voyelles elles-mêmes. Toutes ces dispositions du point, au-dessus, au-dessous et à l’intérieur des lettres, tous ces groupements de points, toutes ces combinaisons du point et du trait aboutirent à un système dans lequel on distinguait cinq voyelles longues, cinq brèves et quatre semi-voyelles. Pour compléter le travail destiné à fixer la lecture du texte sacré, les massorètes ajoutèrent aux signes qui indiquaient la prononciation des consonnes et des voyelles, d’autres signes destinés à marquer les coupures de la phrase ; développé, lui aussi, par une série d’essais successifs, le système de l’accentuation massorétique arriva, avec le temps et par degrés, à sa forme définitive. Cette ponctuation et cette accentuation furent d’abord appliquées à la Loi, mais on l’étendit ensuite à toute la Bible.

Tel est le système massorétique tel qu’on le trouve aujourd’hui encore dans nos Bibles hébraïques. A quelle date doit-on le faire remonter ? Il semble difficile d’en placer les premiers essais avant le VIe siècle. Il y a trop de différences entre les transcriptions des Hexaples et la vocalisation de nos Bibles hébraïques pour qu’Origène ait pu connaître la ponctuation massorétique même dans ses premiers éléments. Saint Jérôme paraît également l’avoir ignorée tout à fait, bien qu’à son époque la prononciation massorétique fût en grande partie fixée par la tradition orale. Le fait que la synagogue, fidèle aux traditions de l’âge talmudique, ne fait usage que de manuscrits sans voyelles nous invite à placer au VIe siècle les premiers essais d’un système de vocalisation massorétique ; c’est d’ailleurs le moment où se constitue la massore syrienne qui semble avoir exercé son influence sur la massore hébraïque. D’autre part, au moins en ce qui regarde Je système de vocalisation, il ne faut pas faire descendre bien au delà de la seconde moitié du viiie siècle son complet développement. Au

Xe siècle en effet, Aaron ben Ascher († 930), qui hérita peut-être de l’opinion de son grand-père Moïse ben Ascher, attribuait l’invention des points voyelles à la grande synagogue ; le gaon Mar Natronai II, chef d’école à Sura en 859-869, l’attribuait aux « sages ».’On était donc convaincu, dès le ixe siècle, de la très haute antiquité du système massorétique : sa constitution définitive est à placer avant le vii.i » siècle ou au moins avant 750 ; il fut complété dans la suite par des discussions sur les divergences des manuscrits, sur l’emploi de certains signes supplémentaires, par des remarques et des explications auxquelles les deux Ben Ascher ont donné une forme définitive : mais cette dernière période de l’histoire de la massore relève de l’histoire du texte hébreu, non de l’histoire de la langue.

On a généralement admis que notre système de vocalisation et d’accentuation du texte biblique avait été élaboré en Palestine, dans l’école de Tibériade. Des doutes toutefois ont été soulevés assez récemment contre cette opinion. Le nom de la voyelle â semblerait supposer qu’on le prononçait ô ; le signe commun pour â long et pour o bref confirmerait cette hypothèse. D’autre part, aucun signe ne permet de distinguer la double prononciation du i qui était en usage à Tibériade. Autant de raisons qui inviteraient à aller chercher ailleurs, peut-être en Babylonie, le lieu d’origine de ce système.

C’est dans une histoire du texte hébreu qu’il convient d’apprécier la valeur exégétique de la massore. Nous n’avons à rechercher ici que sa valeur pour l’indication des voyelles. Or on peut dire que le système massorétique représente bien la prononciation des voyelles hébraïques. Sans doute, il y a eu de la systématisation, on s’est préoccupé de fixer des règles de lecture, autant que de consacrer la prononciation reçue ; et il est probable que les signes massorétiques ne rendent pas exactement toutes les nuances dont les voyelles étaient susceptibles au temps même où ce système a été élaboré : à plus forte raison le système des points-voyelles est-il loin de correspondre partout à la prononciation en usage à l’époque où furent rédigés les plus anciens ocuments de l’Ancien Testament. Ce système, toutefois, n’est pas un système artificiel. Les massorètes ont fait des règles, mais après s’être appliqués à analyser avec soin la prononciation de leurs contemporains les plus autorisés. Aussi, non seulement la vocalisation massorétique est en parfaite harmonie avec la phonétique générale des langues sémitiques, mais elle représente une prononciation traditionnelle de l’hébreu qui remonte très haut dans l’histoire. C’est ce que l’on remarque en comparant la vocalisation massorétique, avec les transcriptions de l’hébreu renfermées dans les œuvres de saint Jérôme, dans les Hexaples, dans la traduction des Septante, avec les renseignements que les.anciens, nous ont légués sur la prononciation du phénicien. Sans doute, il y a des différences et elles vont s’accentuant à mesure que l’on fait appel à de plus vieux documents : mais la vocalisation demeure toujours substantiellement identique. On a récemment découvert un manuscrit hébreu des Prophètes copié en 916 (CodexBabylonicus, édité en 1876 et conservé à Saint-Pétersbourg), qui présente un système de vocalisation tout autre que celui dont nous venons de parler. Voir Babylonicus (CoDEX), t. i, col. 1359. Les signes sont d’ordinaire placés au-dessus des lettres : â long est indiqué par un « légèrement altéré, î long par un point provenant de la lettre > ; ë long par deux points placés horizontalement ; ô long par un trait vertical venant de la lettre î ; û par un point au milieu du î ; a bref et é bref accentués par un y raccourci et couché ; a bref et é bref non accentués par deux points disposés obliquement ; un trait place au-dessous des signes employés pour â, ê, i, û représente o, é, i, u ; placé au-dessus de ces signes et au-dessus de a tonique, ce trait indique la prononciation de ces voyelles devant une consonne

doublée ; placé seul au-dessus de la lettre, ce même trait marque l’e muet on l’absence de voyelles. — Comme on le voit, à côté de quelques éléments communs au système de nos Bibles hébraïques ce procédé renferme des signes tout à fait particuliers. On l’appelle « système babylonien », non qu’il ait été employé par l’ensemble des Juifs babyloniens à l’exclusion de l’autre, mais plutôt parce qu’il aurait été imaginé dans une école particulière de Babylone ; il est curieux d’y constater l’emploi d’un même signe pour a et ê, pour ô et o.

La période grammaticale.

La Bible ne nous

offre pas de vestiges d’études grammaticales contemporaines de la composition des Livres Saints. Il faut arriver jusqu’à l’âge talmudique pour trouver trace de semblables préoccupations ; beaucoup de particularités relevées par les rabbins dans le Talmud se rapportent à la grammaire. D’autre part les auteurs ecclésiastiques, saint Jérôme entre autres, ont consigné dans leurs œuvres un bon nombre de remarques philologiques et grammaticales ayant trait à la langue hébraïque. Toutefois c’est beaucoup plus tard que la grammaire hébraïque prit son essor. Il y eut d’abord quelques essais dans le monde juif oriental, surtout en Babylonie ; mais ces essais furent assez infructueux ; les auteurs qui se rattachent à ce premier mouvement, Menahem Ben Sarouk de Tortose (f950), auteur d’un lexique des racines hébraïques (publié par Filipowski en 1854) et son adversaire, Dounasch ibn Labrat (en hébreu Adonim ha-Levi), Rabbi Salomon ben Isaac (fll05) originaire de Troyes, appelé par abbrévation Raschi et parfois cité sous le nom de Jarchi, Rabbi Samuel ben Méir (Rashbam, fll50), Rabbi Jacob ben Méir (Rabbi Tam, f 1171), furent de grands interprètes de la Bible et d’excellents talmudistes, mais l’esprit de synthèse grammaticale leur fait grandement défaut. — C’est sous l’influence de la culture arabe que la science de la grammaire hébraïque entra dans une phase de progrès rapide. Le milieu de ce développement se trouva naturellement dans les communautés juives de l’Espagne et du nord de l’Afrique. Les premiers de ces grammairiens furent le juif africain Jehuda ibn Koreisch (vers 880 ; il reste de lui une lettre arabe aux Juifs de Fez où il est’question des rapports du chaldéen et de l’arabe avec l’hébreu) et surtout Saadyah (Saïd ibn Jakoub al-Fayoumi, -ꝟ. 942), gaon de l’école babylonienne de Sora et auteur de traductions et de commentaires fort estimés, qui, le premier, s’occupa de traités sur divers points de la grammaire et du lexique hébraïques. Toutefois, c’est environ un demi-siècle plus tard qu’on s’occupa de synthétiser les résultats des études grammaticales en des ouvrages d’ensemble sur la langue hébraïque. Juda Hayoug (chez les Arabes Abou Zacharia Jahia ibn Daud), médecin de Fez, établi à Cordoue († 1M0), pablia divers traités sur la nature des racines défectives, la permutation des lettres faibles, les principes de la ponctuation. Mais le premier auteur d’une grammaire hébraïque et d’un dictionnaire hébreu est Rabbi Jonah ben Gannah ou Rabbi Mérinos (chez les Arabes Aboù’l Walid Merwan ibn Djannah), surnommé « le plus fort des grammairiens » ; né vers 990, il était médecin à Cordoue. Cette grammaire et ce dictionnaire, composés en arabe, marquent l’apogée de la science grammaticale hébraïque au moyen âge. — Jusqu’au xvr siècle, l’étude grammaticale et lexicographique de la langue hébraïque fut le patrimoine des juifs. U faut citer : au xiie siècle, le juif aragonais Salomon ben Abraham ben Parhon, auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire ; Abraham ben Méir Aben Ezra, le Sage († 1167), disciple de Hayoug et de Rabbi Jonah comme le précédent, auteur d’une grammaire en hébreu et de plusieurs traitée spéciaux sur le même’sujet ; Joseph Kimchi (f vers 1160), auteur d’ouvrages critiques sur les écrits de Ben Sarouk, d’Ibn Labrat et Rabbi Tam ; Moïse Kimchi (Ramack, 1190), auteur d’une grammaire qui se

rapproche des nôtres et a été souvent imprimée aux xvi° et xviie siècles ; — au xiiie siècle, David Kimchi, le plus célèbre de la famille, auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire qui devaient être les deux parties d’un grand ouvrage appelé Miklol, « la perfection ; » de fait, ce nom a été réservé à la grammaire. Ces ouvrages sont les chefs-d’œuvre de la philologie juive au moyen âge ; — au xv 6 siècle, Profiat Duran (Isaac ben Moses ha-Levi Efodi, vers 1400), qui combat souvent Kimchi ; — au xvie siècle, Élie Levita (Eliah ben Ascher ha-Levi, surnommé Ashkenazi ou l’Allemand, 1472-1549) ; disciple, éditeur, commentateur des Kimchi et héritier de leur gloire, il a composé un dictionnaire chaldaïque, un lexique intitulé Thishbi et un ouvrage sur la massore.

Des juifs, l’étude de l’hébreu passa au xvie siècle aux mains des chrétiens ; les protestants poussés à l’étude de l’hébreu par le principe qui faisait de la Bible le seul document de la foi, contribuèrent beaucoup au progrès de cette science. Dès avant la réforme, Jean Reuschlin (1455-1522) et le dominicain Santés Pagninus (1471-1541) préparaient la voie aux célèbres Buxtorf (Jean Buxtorf, le père, mourut en 1629). Toutefois ces auteurs si justement célèbres suivaient les principes des grammairiens juifs. Il faut arriver au xviiie siècle, à Albert Schultens de Leyde (1686-1750), et à Schrœder, de Marbourg (1721-1798), pour voir inaugurer de nouvelles méthodes, celle par exemple de la comparaison de l’hébreu avec l’arabe.

Le dix-neuvième siècle marque une époque de renouvellement pour les études hébraïques. Le mouvement a été donné par Gesenius, puis entretenu par Ewald, Olshaùsen, Stade et Konig. Chacun de ces savants, s’efforçant d’introduire dans l’étude de l’hébreu une méthode rigoureusement scientifique, a employé des moyens spéciaux que M. Kônig caractérise avec beaucoup de iustesse. W. Gesenius (-ꝟ. 1842 ; voir col. 415 ; méthode analytique-particularité) explique d’ordinaire l’hébreu par l’hébreu, observe avec soin la formation et la flexion des mots et les diverses particularités qu’ils peuvent présenter, pour résumer ensuite ses observations dans des règles claires et précises ; il a été suivi par Bôttcher († 1863). Ewald († 1875 ; voir t. ii, col. 2131 ; méthode synthétique spéculative) recourt à un certain nombre de principes philosophiques puisés dans les lois générales du développement linguistique ; dans la phonétique, il observe surtout les influences que les consonnes et les voyelles exercent les unes sur les autres ; dans la morphologie, il considère les lois qui président au développement du langage pour les appliquer aux diverses espèces de racines, aux flexions des noms et des verbes ; il a été suivi par Seffer et Herman Gelbe. Justus Olshaùsen (méthode comparative et historique), en partant des mêmes principes qu’Ewald, remonte à une langue hébraïque primitive, sœur de l’arabe, de laquelle il déduit les formes actuelles ; il est suivi par G. Bickell et

A. Mùller. Les méthodes de Gesenius et d’Ewald ont été synthétisées par C. W. Ed. Nâgelsbach († 1880) ; celles de Gésénius et d’Olshausen l’ont été, dans les plus récentes éditions de la Gesenius’hebrâischer Granu matik, par Rédiger († 1874) et surtout E. Kautzsch. Enfin

B. Stade a suivi, en combinant leurs méthodes, Ewald et Olshaùsen. M. Kônig (méthode analylique-historiquephonétique-physiologique ) étudie à part chaque élément de la langue (noms, verbe), puis met en relief les formes les plus proches de l’arabe comme étant les plus anciennes, et cherche à expliquer les déviations par la phonétique et la physiologie.

Autour de ces grands auteurs, qui marquent les étapes de l’étude de la langue hébraïque depuis le xvie siècle, gravitent une foule d’auteurs secondaires : nous indiquerons les noms et les œuvres de nombre d’entre eux dans la Bibliographie.

IX. Bibliographie.

i. grammaire. — 1° Grammai riens juifs du moyen âge. — Jehudah ibn Koreisch (x » s.), Risalah, édit. Barges et Goldberg, Paris, 1842 (1857). Dounasch ibn Labrat (xe s.), traité contre Saadiah (Teshubhah), édit. R. Schrôter, Breslau, 1866 (cf. S. G. Stern, Liber Responsionum, Vienne, 1870) ; traité contre Ben Sarouk, édit. Filipowski, 1855. Ben Ascher de Tibériade (xe s.), Dikdukê ha-leamim, édit. Baër et Strack, Leipzig, 1879. R. Jonah (xie s.), Harrikmah, édit. Goldberg, Francfort, 1856 (1861) ; Opuscules arabes et trad. française, édit. J.-H. Derenbourg, 1880. Abr. Aben Ezra (xii » s.), Mozne lesôn haqqodesh, édité en 1546, etc., et en dernier lieu par Heidenheim, Offenbach, 1791 ; Sèfer Sahuth, édit. Lippmann, Fûrth, 1827 ; Safah Berurah, édit. Lippmann, Fûrth, 1839 ; autres traités, édit. Lippmann, 1843, et Halberstamm, 1874. Moïse Kimchi, Grammaire hébraïque, édit. Const. L’Empereur, Leyde, 1631 ; traduite en latin, Otôoitopioc ad scientiam, par Seb. Munster. David Kimchi, Miklol, l re édition à Constantinople, 1534 (Venise, 1545, etc. ; trad. latine de Guidacerio, 1540 ; édit. à Fûrth, 1793 ; édit. Rittenberg, Lyck, 1862). Profiat (Peripot) Duran, Grammaire hébraïque, rmrya nsx, édit. J. Friedlânder et J. Cohn, Vienne, 1865. 2° Grammaires antérieures au XIXe s. — 1. ïW s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. d’Elias Levita ; grammaires d’Abraham de Balmès (Miqneh Abram ; Venise, 1523), de Moïse Provençale (composée en vers à Mantoue, 1535, publiée à Venise, 1597), d’Emmanuel de Bénévent (Mantoue, 1557), etc. — 6) Chez les chrétiens : C. Pellican, De modo legendi et intellig. Hebrsea (Bêle, 1503) ; J. Reuchlin, Rudim. hebr. (Pforzheim, 1506), les grammaires de F. Tissard (Paris, 1508), de A. Giustiniani (Paris, 1520) ; Santés Pagninus, Institut, hebr, lib. JF(Lyon, 1526) ; Séb. Munster, Opus grammat. ex variis Elianis libris concinn. (Bâle, 1542) ; les travaux grammat. de Cinqarbres (Paris, 1546), R. Chevallier (Genève, , 1560), Martinez (Paris, 1567), Bonav. Com. Bertram (Comparât, gram. hebr. et aram., Genève, 1574), F. du Jon (Junius ; Francfort, 1586), etc. — 2. xviie s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de Sam. Archivolti (Padoue, 1602), d’Is. B. Sam. ha-Lévi (Prague, 1628), de R. Is. Ouziel, Manassé b. Israël, de Aguibar, Sal. di Oliveyra, etc. ; Spinoza (Compend. gram. ling. Aefcr., , Amsterd., 1677), J. L. Neumark (Francfort, 1693).

— b) Chez les chrétiens : Buxtorf, Epitomegram. hebr. (î(fâ>), Thesaur. gramm. (1609) ; les œuvres grammat.de Schickard (Horolog. hebr., Tubingue, 1623) ; Ph. d’Aquin (Paris, 1620), Th. du Four (Paris, 1642) ; J. Le Vasseur, (Sedan, 1649) ; Erpénius (1621, 1659), Dilherr (1659 et 1660), Jac. Alting (Fundam. punctat. ling. sanct. sive gramm. hebr., Groningue, 1654, 1687) ; J. A. Danî (Nucifrangibulum, Iéna, 1686 ; Compend. gram. hebr., 1694) ; les grammaires de Math. Walmuth (Kiel, 1666), Chrétien Reinecke, Cellarius, etc. — 3. xviii « s. — a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de AI. Sûsskind (Côthen, 1718), Salom. Cohen Hanau (divers traités), Aaron Moïse (Lemberg, 1763). — 6) Chez les chrétiens : œuvres grammat. d’Abr.Ruchat (Leyde, 1707), F. Masclef (Paris, 1716), P. Guarin (Paris, 1724), Ch. Houbigant (Paris, 1732), Schultens (Institut, ad fundam. ling. hebr., Leyde, 1737), J. D. Michaëlis (Hebrâische Gramm., Halle, 1744), J. B.Ladvocat (Paris, 1755), B. Giraudeau (La Rochelle, 1757, 1758), Simonis, Schrôder (Institut., etc., 1766), Robertson (Edimbourg, 1783), S. S. Vater (Hebrâische Sprachlehre, Leipzig, 1797), C. C. F. Weckherlin (Stuttgart, 1797), Hartmann (Anfangsgrûnde der Hebr. Sprache, Marbourg, 1798), G. P. Hetzel, etc.

3. Grammairiens du XIXe siècle. — Jahn, Gramm. ling. hebr., 1809 ; W. Gesenius, voir col. 415 ; Ewald, voir t. ii, col. 2131 ; J.-E. Cellérier, Eléments de la gramm. hébr. trad. librement de Gesenius, Genève, 1820 ; 2e édit., 1824 ; Ph. Sarchi, Gramm. hébr. raisonnée et comparée, Paris, 1828 ; J.-B. Glaire, Princip. de gramm. hébr. et chald., Paris, 1832, 3e édit.,

1843 ; Stier, Lehrgebaûde d. hebr. Spr., Leipzig, 1833 ; Hflrwitz.A Gramm. of thé Heb. Lang., Lond., 'î'éd.1835 ; Luzzato, Proleg. ad una gramm. ragionata délia ling. r, br, Padoue, 1836 ; S. Preiswerk, Gramm. hébr., Bâle, 1 838, 3e édit., 1884 ; Is, Nordheimer, À critic Gramm. of theHeb. Lang., New-York, 1838-1841 ; J.du Verdier, Nouv. gramm. hébr. raison, et camp., Paris. 1841 ; Hupfeld, Ausfûhrliche hebr. Gramm., 1841, Lee, Gramm. of the Itebt.lang.m a séries of iectares, Londres, 3e édit., 1844 ; Sal. Klein, Gramm. hébr. raison., et comp., Mulhouse, 1846 ; Moses Stuart, Gramm. of the Hebr. lang., plus, édit. ; Duverdier, Double gramm., édit. Migne, Paris, 1848 ; Luzzato, Gramm. délia l. ebr., Padoue, 1853-1869 ; C. Bôniias Guizot, Nouv. gramm. hébr. analyt. et raisonn., Montauban, 1856 ; Seffer, Elementarbuch d. hebr Spr., plus, édit. ; J. Olshausen, Lehrb. d. hebr. Spr., Brunswick, 1861 ; I. M. Rabbinowicz, Gramm. hébr. trad. de Voilent, par Clément-Mullèt, Paris, 1862-1864 ; H. Bôttcher, Ausfuhrliches Lehr. der hebr. Spr., édit. Muelhau, Leipzig, 1866-1868 ; H. Gelbe, Hebr. Gramm. fur den Schulgébrauch, Leipzig, 1868 ; G. Bickell, Grundriss der hebr. Gramm., 1869 (trad. ang. par S. I. Curtiss, 1877 ; trad. fr. par É. Philippe, Paris, 1883) ; J. P. N. Land, Hebreuwsche gramm., Amsterdam, 1869 ; F. I. Grundt, Hebr. elem. grammatik, Leipzig, 1875 ; B. Stade, Lehrb. der hebr. Spr., 1 Theil, Leipzig, 1879 ; C. W. E. Nâgelsbach, Hebr. gram. als Leitfaden fur gymnas. u. academ. Untemcht, Leipsig, 1856 ; A. Mùller, Hebr. Schulgram., Halle, 1878 ; F.-E. Kônig, Hist. Krit. Lehr gebaûde der hebr. Spr., Leipzig, 1881-1897 ; H. L. Strack, Hebr. Grammatik, 7e édit., Berlin, 1899 (trad. fr. par Baumgartner, Paris, 1886) ; K. Ludwig, Kurzer Lehrgang d. hebr. Spr., 2e édit., Giessen, 1899 ; B. Manassewitsch, Die Eunst, die hebr. Spr. durch Selbstwiterricht schnell u. leicht zu erlernen, 2e édit., Vienne, 1899 ; C. Vosen, Rudim. ling. hebr., édit. Kaulen, Fribourg, 1899 ; M. Adler, Elem of hebr. gram., Londres 1899 ; Scholz, Abr. d. hebr. Laut. undFormenlehre, 8e édit., Kautzsch, Leipzig, 1899.

n. lexicographie. — Voir Dictionnaires de la Bible, t. ii, col. 11, et Concordances, t. ii, col. 899.

m. histoire de la LANGUE. — Cf. les grammaires de Gesenius, Ewald, Olshausen, Stade, Kônig ; les traités de grammaire sémitique comparée ; Bertheau, art. Hebr. Spr., dans Herzogs' Realencykl., Nôldeke, art. Spr. Hebr. ; dans Schenkels' Bibellex. ; Œhler, art. Hebr. Spr., dans Schmids' Enctjcl. des gesammt. Erziehungsund Unterrichtswesens, l re édit. ; Nestlé, id. 2e édit. ; Gesenius, Kritisch. Geschichte d.hebr.Spr.u. Schrift, Leipiig, 1815 ; E. Renan, Hist. gêner, et systèm. comp. des lang. sémit., 3e édit., Paris, 1863 ; W. Lindsay A., Hebrew et Hebr. long., dans À Cyclop. of Biblic. Liter., éd. by Kitto, 3 vol., éd. W. Lindsay A., t. ii, p. 250-257, Edimbourg, 1864 ; Clermont-Ganneau, La stèle de Dhiban, Paris, 1870 ; W. Rob. Smith, Hebr. lang. and litter., dans VEncycl. brit., 9 8 édit., t. xl, p. 594 et sq., Edimbourg, 1880 ; E. Kautzsch, Die Siloah Inschrift, dans la Zeitschr. der deutsch. Palâst. Vereine, 1881, 1882 ; Chwolson, Corpus inscript, hebraic, St-Pétersbourg, 1882 ; Fred. Delitzsch, The hebr. lang. viewed in the light of Assyr. research, Londres, 1883 ; T. Nôldeke, Semit. Languages, dans l’Encvcl. britann., 9e édit., t. xxi, p. 641-656, Londres, 1886° ; W. Wright, Lectures on the compar. gramm. of the semit lang., Cambridge, 1890 ; Loisy, Hist. crit du texte et des vers, de la Bible, I, Hist. crit. du texte de l’A. Test., Paris, 1892 ; H. Zimmern, Vergleich. gramm. der semit. Spr., Berlin, 1898 ; D. S. Margoliouth, Lang. of the O. Testam., dans Hastings, Dict. of the Bible, t. iii, p. 25-35, Edimbourg, 1900

IV. HISTOIRE DE L'ÉTUDB DE L’BÉBBBU. — Voir Wolf,

Bibliotheca hebraica, 1715-1753 ; Fr. Delitzsch, Jesurun sive Prolegomena in Concordantias. a J. Furstio édi tas, Grimma, 1838 ; Ewald et Dukes, Beitràge zùr Gesch. der ait. Ausleg. des A. Testam., Stuttgart, 1844 ; Hupfeld, De rei gramm. ap. Jud. initUs, Halle, 1847 ; S. Munk, Notice sur AboulWalid Merwan et sur quelq. autr. gramm. hébr. du Xe et du xi' s., dans le Jour- : nal asiat., t. xv (1850), p. 297-337 ; Steinschneider, Bibliograph. Handb. uber die Literat. fur hebr. Sprachkunde, Leipzig, 1859 ; Neubauer, Notice sur la lexicographie hébr., dans le Journ. asiat., 1861 ; Fûrst, Biblioth. judaica, 3 vol., Leipzig, 1863 ; J. Tauber, Standpunkt und Leisxung des R. D. Kimhi als Gramm., Breslau, 1867 ; M. Weiner, Parchon als Gramm. und Lexicograph., Offen. ; 1870 ; L. Geiger, Dos Studium der hebr. Spr. in Deutschl. vom Ende des 15 bis z. Mille des 16 Jahrh., Breslau, 1870 ; S.-O. Stern, Liber responsionum, Vienne, 1870 ; S. Gross, Menahem B. Saruk, Breslau, 1872 ; A. Berliner, Beitràge zur hebr. Gramm. im Talmud und Midrasch, Berlin, 1879 ; E. Kautzsch, J. Buxtorf der atteste, Bâle, 1879 ; Bâcher, Abr. Jbn Ezra als Grammatiker, Strasbourg, 1881 ; Die gramm. Terminal, des Jehuda ben David Hajjug, Vienne, 1882 ; B. Pick, The study of hebr. lang. among Jews and Christians, dans la Biblioth sacr., 1884, p. 450 et suiv., 1885, p. 470 et suiv. ; Strack et Siegfried, Lehrb. der neuhebr. Spr. u. Liter. Karlsruhe, 1884 ; W. Bâcher, Die hébr.-arab. Sprachvergleich. des Abulw. M., Vienne, 1884 ; B. Drachmann, Abu Zakana (R. lehuda Chajjug), Breslau, 1885 ; W. Bâcher, Jos. Kimhi et Abulwalid Merwan, dans la Rev. des Etud. juiv., t. vi ; Leb. u. Werk. des Abulw. M., Leipzig, 1885 ; L. Rosenak, Fortschritte der hebr. Sprachwissens. von Jehuda Chajjûg bis David Kimchi, Frieb. 1899 ; W. Bâcher, Die Anfânge der hebr. Gramm., dans la Zeitschr. der Deutschen tforgent . Gesellsch., t. xlix, p. 62, 334-392, 1895.

v. travaux SPÉCIAUX. — 1. Phonétique. — Voir A.-B. Davidson, Outlines of hebr. accent., Londres, 1861 ; Pinsker, Einl. in d. babyl. hebr. Punkt. Sysl, Vienne, 1863 ; Fr. Deliztsch, Physiologie und Musik in ihrerBedeutung fur die gramm. besond. die hebr., Leipzig, 1868 ; Chwolson, Die quiescentes >in in der althebr. Orthogr., dans les Abhandl. d. Petersb. Orient Congress., 1876 ; Petermann, Versuch einer hebr. Forment, nach des Ausspr., der heutig. Samarit., 1868 ; E. Kônig, Gedanke, Laut, u. Accent als die drei Faktor. d. Sprachbild. compar. u. physiolog. am Hebr. dargestellt, Weimar, 1874 ; L. Segond, Traité élément, des ace. hébr., Genève, 2 édit. 1874 ; W. Wickes, À treatise onhébr. accent., Oxford, 1881-1887 ; Jos.Wijnkoop, Le</es de accent, hébr. ling. ascensione, Leyde, 1881 ; H. Grimme, Grundzûge der hébr. Akzentund Vokallehre, Fribourg, 1896 ; F : Prætorius, Ueber den rûckweich end. Ace. im Hebr., Halle, 1897.

2. Morphologie.

Voir F. Barth, Die Nominalbildung in den semit. Sprachén, 2 édit., Leipzig, 1894 ; Poznanski, Beitràge zur hebr. Sprachwissenscltafl, 1894 ; Is. Kahan, Die Verbalnominale Doppelnatur der hebr. Particip. und Infinitive, 1889 ; Ern. Sellin, id., 1889, de Lagarde, Ueber sicht uber die im Aram. Hébr. u. Arab. ûbliche Bild. der Nomina, Gottingue, 1889-1891 ; Diehl, Dos Pron. pers. suꝟ. 2 u. 3 pers. ptur des Hebr. in der alttest. Uberlieferung, Giessen, 1895 ; Fr. Philippi, Wesen und Ursprung des status constr. im Hebr., Weimar, 1871.

3. Syntaxe.

Voir S. R. Driver, À treatise on the use of the ternes in Hebrew, Oxford, 1874 ; 3 édit., 1892 ; Harper, Eléments of hebrew syntax, Londres, 1890. I. -B. Davidson, Hebrew. si/ntaa :, 1894 ; V. Baumann, Hebr. Relativsâtz, Leipzig, 1894 ; Isen Herner, Syntax der Zahlr wôrter im A. T., Lund> 1893 ; P. Friedrich, Die Hebrâischen Condilionalsalze, Konigsberg, 1884.

J. Todzahe.

2. hébraïques (versions) du nouveau testament.

D’après la tradition, l’Évangile de saint Matthieu fut écrit primitivement en hébreu, mais par « hébreu » il faut entendre l’araméen parlé au temps de Notre-Seigneur. Voir Matthieu. Sébastien Münster, en 1537, publia une traduction, qu’il avait découverte, de notre premier Évangile, en ancien hébreu ou plutôt en hébreu rabbinique, sous le titre de תורת המשיח, Tôraṭ ham-mašîaḥ. Le nom du traducteur était alors inconnu ; on sut plus tard qu’il s’appelait Schemtob Isaac. Son œuvré faite directement sur la Vulgate ou sur une version italienne, abonde en barbarismes et en solécismes. Elle eut néanmoins plusieurs éditions et l’on ajouta à l’une d’elles une version hébraïque de l’Êpitre aux Hébreux. Une nouvelle édition, d’après un manuscrit provenant d’Italie et meilleur que celui de S. Münster, fut donnée à Paris, en 1555, par Tillet, évêque de Saint-Brieuc, avec une version latine de Mercier. Herbst l’a rééditée sous ce titre : Des Schemtob ben-Schaphrut hebräische Uebersetzung des Evangeliums Matthæaei nach den Drucken S. Münster und J. du Tillet-Mercier, Gœttingue, 1879. — Les quatre Évangiles, traduits en hébreu classique, furent publiés à Rome, en 1668, par un Juif converti, originaire de Safed en Galilée, Giovanni-Batista Giona. — La première traduction complète du Nouveau Testament fut faite par Elias Hutter, et publiée en 1600 à Nuremberg dans sa Polyglotte. Voir Hutter. Cette œuvre n’est pas sans mérite. W. Robertson en a donné une édition revisée à Londres, en 1666. — R. Caddock publia à Londres, en 1798, un Corrected New Testament in Hebrew. — La Société biblique de la Grande-Bretagne publia une version nouvelle en 1818 et en 1821. Elle fut revue en partie par Gesenius et Joachim Neumann, et éditée par Greenfield, en 1831, dans la Polyglotte de Bagster. Une nouvelle édition revue par Mac Caul, S. Alexander, J. G. Reichardt et S. Hoga, parut également à Londres, en 1838. Dans le but de l’améliorer davantage, C. Reichardt et R. Biesenthal se remirent à l’œuvre, en 1856, et publièrent, en 1866, une édition avec voyelles et accents. Franz Delitzsch s’efforça de perfectionner encore cette version. La Société biblique édita son travail en 1877 ; puis, après qu’il eut été retouché en prenant pour base le textus receptus de l’édition Elzévir de 1624, en 1878 ; plusieurs éditions ont paru depuis. — Voir Frz. Delitzsch, The Hebrew New Testament of the British and Foreign Bible Society, in-8°, Leipzig, 1833. Voir Delitzsch, t. ii, col. 1342.

1. HÉBREU (hébreu : ‘Ibrî ; féminin : ‘Ibriyyâh ; pluriel : ‘Ibrîm, ‘Ibriyyôṭ ; Septante : Ἑβραῖος, Ἑβραϊκός ; Vulgate : Hebræus, Hebræa, Hebræi, Hebraicus), nom ethnique donné d’abord à Abraham, Gen., xiv, 13, et plus tard à ceux de ses descendants qui étaient issus de Jacob. Gen., xxxix, 14 ; Exod., i, 15, etc.

I. Ethymologie.

Il existe plusieurs explications de l’origine de ce mot.

1° D’après la tradition rabbinique, Midrasch, Bereschith Rabba  ; Aben Esra, In Exod., xxi, 2, les Chananéens auraient surnommé Abraham ‘Ibrî, parce que c’était un émigrant qui venait d’au delà (‘êbér) du fleuve de l’Euphrate. Déjà les Septante acceptaient cette étymologie puisqu’ils ont traduit hâ-‘Ibrî, Gen., xiv, 13, par ὁ περάτης, « celui d’au delà. » De même Aquila : ὁ περαΐτης. (Le jeu de mots ‘Ibrîm ‘âberu, « les Hébreux passèrent » le Jourdain, I Sam., xiii, 7, ne prouve rien dans la question présente.) Cf. Gesenius, Geschichte der hebraïschen Sprache und Schrift, in-8°, Leipzig, 1815, p. 9-12. Cette explication a été acceptée par Origène, Hom. xx in Num., 4, t. xii, col. 725 ; S. Jean Chrysostome, Hom. xxxv in Gen., 3, t. liii, col. 326 ; Théodoret, Quæst. lxi in Gen., t. lxxx, col. 165 ; S. Jérôme, Lib. heb. quæst, in Gen., xiv, 13, t. xxiii, col. 960.

2 » Une seconde explication fait dériver « hébreu » du nom d’Héber, un des ancêtres d’Abraham. Gen., x, 24-25. Voir Héber1, col. 463. Ce qui peut la confirmer, c’est que Sem est appelé, Gen., x, 21, « le père de tous les benê-‘Éber, » et que, dans ce passage, benê-‘Éber est évidemment une désignation indiquant la descendance d’Héber, comme ailleurs Benê-Isrâ’êl désigne les descendants d’Israël ou Jacob. Josèphe adopte cette étymologie dans ses Antiquités judaïques, I, vi, 4. Voir aussi Eusèbe, Præp. ev., vii, 6 ; x, 14, t. xxi, col. 516, 837 ; S. Augustin, De Civ. Dei, xvi, 3, t. xli, col. 481.

3° Personne ne soutient plus aujourd’hui l’opinion émise par Charax de Pergame : Ἑβραῖοι. Οὕτως Ἰουδαῖοι ἀπὸ Ἀβραμῶνος. « Hébreux. On appelle ainsi les Juifs du nom d’Abramôn (Abraham). » Dans C. Mûller, Historicorum Græcorum fragm., 49, édit. Didot, t. iii, p. 644. Nous la retrouvons dans l’Ambrosiaster, Comm. in Ep. ad. Philipp., iii, 5-7, t. xvii, col. 415, et dans S. Augustin, Quæst. in Gen., 24 (dubitativement), t. 552 ; cf. De consens. Evangelist., i, 14, t. xxxiv, col. 1051 ; mais ce Père l’a abandonnée dans ses Rétractations, ii, 16, t. xxxii, col. 636, et De Civ. Dei, xvi, 3, t. xli, col. 481. Sans compter les difficultés philologiques d’une pareille étymologie, Abraham étant appelé « l’Hébreu » dans la Genèse, xiv, 13, ce titre ne peut être une dérivation de son nom.

4° La forme grecque Ἑβραῖος et la forme latine Hebræus ne dérivent pas directement de l’original ‘Ibri, mais de la forme araméenne intermédiaire עִבְרַאי, ‘Ibra’i.

II. Emploi du mot Hébreu dans l’Ancien Testament et dans les auteurs profanes.

1° Le nom d’Israël et d’Israélite fut plus employé après l’Exode que celui d’Hébreu pour désigner les descendants de Jacob, voir Israélite ; mais les écrivains grecs et latins ne les appelèrent jamais de ce dernier nom ; ils les nomment toujours Hébreux ou Juifs. Lucien, Alexander (dial. xxxii), 13 ; Pausanias, IV, xxxv, 9 ; V, v, 2 ; vii, 4 ; VI, xxiv, 8 ; VIII, vii, 4 ; X, xii, 9 ; Plutarque, Symp., IV, vi, 1 (édit. Didot, Moralia, t. ii, p. 815) ; Ptolémée Chennos, dans Photius, Biblioth., 190, t. ciii, col. 625 ; Charàx de Pergame, dans Müller, Hist. græc. fragm., 49, édit. Didot, t. iii, p. 644 ; Porphyre, Vita Pyth., 11, édit. Didot (à la suite de Diogène Laërce), p. 89 ; Tacite, Hist., v, 2. Voir aussi Th. Reinach, Textes d’auteurs grecs et romains relatifs au judaïsme, in-8°, Paris, 1895, p. 65, 286. Josèphe lui-même appelle ses compatriotes « Hébreux » (ou Juifs), non Israélites. Ant. jud., I, vi, 5, etc. Une inscription trouvée à Rome porte : συναγωγή Αἰβρέων. Corpus inscript. græc., ii. 9902 ; E. Schürer, Geschichte des judischen Volkes, 3e édit., t. iii, 1898, p. 46 ; Berliner, Geschichte der Juden in Rom, 2 in-8°, Leipzig, 1893, t. i, p. 64. Nous avons vu à Corinthe en 1899 un linteau de porte que les Américains venaient de découvrir dans leurs fouilles et qui porte un fragment d’une inscription identique : [Συνα]ΓΩΓΗ ΕΒΡ[αιων].

2° C’est un problème non encore complètement résolu si le nom des Hébreux se retrouve sur des monuments profanes plus anciens que ceux des Grecs et des Latins.

1. Un égyptologue français, Fr. Chabas, a cru reconnaître les ‘Ibrim dans les Aperi-u ou Aberi-u des documents égyptiens. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes', 6e édit., 1896, t. ii, p. 258-261. Cette identification, d’abord admise par plusieurs égyptologues, est aujourd’hui généralement rejetée. M. Fr. Hommel la défend néanmoins dans son Altisrælitische Ueberlieferung in inschriftlicher Beleuchtung, in-8°, Munich, 1897, p. 258-259.

2. Les lettres assyriennes trouvées à Tell el-Amarna mentionnent des Abiri ou Khabiri. Le roi de Jérusalem Abdkhiba écrit à son suzerain le pharaon Amenhotep que le sud de la Palestine, le Négeb, la plaine maritime ou la Séphélah et la région connue plus tard sous le nom de tribu de Juda, est infestée par les Abiri. Ils ont poussé l’audace jusqu’à assiéger Jérusalem. Le roi chananéen demande des secours

contre eux au roi d’Egypte » parce qu’il est incapable de leur résister tout seul. Voir Journal asiatique, t. xviii, 1891, p. 517-527. Plusieurs assyriologues croient que ces 461° "isont les Hébreux. Hommel, Veberlieferung, p. 231. Il est possible en effet que ces Âbiri soient des enfants d’Israël qui auraient fait des incursions en Palestine, avant l’exode, pendant leur séjour en Egypte (cf. I Par., ti, 42-43, et voir W. M. Mùller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denktnâlern, in-8°, Leipzig, 1893, p. 236 ; Hommel, Veberlieferung, p. 228) ; mais le fait n’est pas certain.

3° On a cherché à se rendre compte de la raison pour laquelle les descendants de Jacob sont appelés tantôt Hébreux, tantôt Israélites. D’après Gesenius, Thésaurus, p. 987, tandis qu’ils s’appellent eux-mêmes Israélites ou Israël, ils ne sont nommés Hébreux dans l'Écriture que lorsque celui qui parle est un étranger, Gen., xxxix, 14, 17 ; xli, 12 ; Exod., l, 16 ; ii, 6 ; Num., xxiv, 24 ; I Sam. (Reg.), iv, 6, 9 ; xiii, 19 ; xiv, 11 ; xxix, 3 ; Judith, x, 18 ; xii, 10 ; xiv, 16 ; ou bien lorsque les Israélites parlent d’eux-mêmes à des étrangers, Gen., xl, 15 ; Exod., i, 19 ; ii, 7 ; iii, 18 ; v, 3 ; vii, . 16 ; ix, 1, 13 ; x, 3 ; Jonas, i, 9 ; Judith, x, 12 ; II Mach., vii, 3 ; ou enfin, lorsqu’ils sont mis en opposition avec les autres peuples. Gen., xliii, 32 ; Exod., i, 15 ; ii, 11, 13 ; xxi, 2 ; Deut., xv, 12 ; I Sam. (Reg.), xiii, 3, 7 ; xiv, 21 ; Judith, xv, 2 ; xvi, 31 ; II Maçh., xi, 13 ; xv, 38. Le passage de Jérémie, xxxiv, 9, 14, où le mot Hébreu est employé sans qu’on puisse le faire rentrer dans aucune de ces trois classifications, est considéré comme faisant allusion à Deut., xv, 12.

III. Emploi du mot Hébreu dans le Nouveau Testament.

Dans le, Nouveau Testament, le mot Hébreu désigne : — 1° dans un sens général, tout membre de la nation Israélite. II Cor., xi, 22 ; Phil., iii, 2. — 2° Dans un sens plus strict, les 'ESpaïot, « les Hébreux, » sont ceux qui, au commencement de l'ère chrétienne, habitaient en Palestine et parlaient « le dialecte hébreu » ou araméen (voir Hébreu 2), par opposition aux 'EXXtjvKTraf ou Juifs hellénistes qui faisaient usage de la langue grecque. Act., vi, 1. — 3° Dans le titre de l’H, pître aux Hébreux, ce dernier mot s’entend des Juifs convertis, qu’ils parlent grec ou araméen.

F. Vigouroux. 2. HÉBREU, nom donné à la langue parlée par les Hébreux. — 1° Dans les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, la langue parlée par les descendants de Jacob n’est jamais ainsi nommée. Cette appellation apparaît pour la première fois dans le Prologue grec de l’Ecclésiastique : iêpâïatl (Vulgate : Verba hebraica). Isaïe, xxix, 18, la désigne sous le nom de « langue de Chanaan ». Dans IV Reg., xviii, 26 (et Is., xxxvi, 11), de même que dans II Esd., xiii, 24, parler hébreu se dit parler yehûdît, îouêatW, judaice. L’hebraice, « en hébreu, » qui se lit" dans la Vulgate, Esther, iii, 7, est une addition du traducteur. Voir Hébraïque (Langue). — 2° Dans le Nouveau Testament, la langue qui se parlait en Palestine au temps de Notre-Seigneur et des Apôtres est appelée « hébreu » : iëpaU SiœXsxxoç, hebraica lingua, Act., xxi, 40 ; xxii, 2 ; xxvi, 14 ; iëpa’tW, hebraice, Joa., v, 2 ; xrx, 13, 17, 20 ; Apoc, ix, 11 ; xvi, 16 (cf. Josèphe, Ant.jud., III, i, 1 ; II, x, 6), parce qu’elle était en usage chez les Hébreux de Palestine, mais cette dénomination ne doit pas s’entendre de l’hébreu proprement dit, c’est-à-dire de celui de l’Ancien Testament ; elle désigne en réalité un dialecte araméen, se rapprochant beaucoup du syriaque. Voir Syriaque (Langue).

F. Vigouroux. HÉBREUX (EPITRE AUX). - Titre et souscription. — Les manuscrits.onciaux les plus anciens kAB, l’oncial K du ixe siècle, les minuscules 3, 17, 37, 47, 80, les versions sahidique et bohaïrique portaient en tête de cette épttre itpoç Egpaiou ;  ; le codex D n’a pas de titre.

Les autres manuscrits ajoutent Eic « rtoXri ou d’autres développements. Voir Tischendorf, Novuni Testamentum græce, editio octava major, t. ii, p. 780. Les manuscrits « 6, 17, ont pour souscription xpo ; ESpaioti » ; quelques codices ajoutent : E^poopr) aito pcofiiriç… airo ttaXtac, EypaçT) aito rraXta ; âia TcixoŒou, arco aBuvtov, EYpaçr) Eëpaïwu. Pour les souscriptions plus développées, voir Tischendorf, Nov. Test., t. ii, p. 839.

I. Destinataires de l'Épitre. — I. question préliminaire : CET ÉCRIT EST-IL UNE LETTRE ? — On lui conteste ce caractère, parce que l'Épitre aux Hébreux ne porte en tête ni la suscription, ni l’adressé qu’ont toutes les Épitres du Nouveau Testament, à l’exception de la première Épître de saint Jean, et parce qu’on n’y trouve pas non plus les indications préliminaires sur le sujet de la lettre, son occasion, les rapports de l’auteur avec ses lecteurs, que présentent les autres Épitres du Nouveau Testament. Après la conclusion de la lettre, fermée par un amen, xiii, 21, il y a, il est vrai, quelques lignes de salutation ; mais plusieurs critiques, [tels qu’Overbeck et Lipsius, supposent que ces données personnelles sont une addition postérieure. En outre, dit-on, cette Épttre est écrite d’après un plan nettement tracé, qui se développe régulièrement ; le style en est très littéraire. Les arguments se succèdent dans un enchaînement très strict, que ne comporte pas une lettre. Reuss, entre autres, et après lui Schwegler, Baur, Ewald, Hofmann, etc., ont donc soutenu que l'Épitre aux Hébreux n’est pas une lettre adressée à une communauté déterminée, mais « dans l’ordre chronologique le premier traité systématique de théologie chrétienne ». Reuss, Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, in-8°, Strasbourg, 1864, t. ir, p. 269. — Celte hypothèse ne paraît pas justifiée par l’examen de l'Épitre, car en plusieurs endroits l'écrivain s’adresse nettement à des personnes déterminées ; il est impossible de voir dans ces passages des observations ou des exhortations générales. Il dit lui-même à ses frères qu’il a écrit brièvement, et les prie de supporter ces paroles d’exhortation, xiii, 22 ; il montre qu’il connaît bien ses lecteurs ; il sait quels sont leurs défauts, v, 11 ; ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être, v, 12 ; ce qu’ils ont fait, VI, 10. Il leur rappelle le souvenir de leurs premiers combats, x, 32, de leur charité, x, 34. La forme de l'écrit et surtout son appareil dialectique ne peuvent établir que nous avons ici un traité de théologie ; car, si la conclusion s’imposait, il faudrait l’appliquer aussi à l'Épitre aux Romains, dont le développement logique est tout aussi serré que celui de l'Épitre aux Hébreux. Enfin les salutations de la fin et la promesse d’aller voir bientôt ses lecteurs doivent être tenus pour authentiques, car on les rejette uniquement parce qu’elles sont gênantes pour l’hypothèse qu’on veut établir. En fait, cet écrit est une espèce d’allocution écrite à des frères d’une communauté déterminée, à qui l’auteur a voulu envoyer une parole d’exhortation, Xiyoc ttje TOxpoaX7)<reo> ;, xiii, 22.

II. À QUELLE COMMUNAUTÉ EST ADRESSÉE L'ÉPITRE

AUX hébreux. — Il est difficile de l'établir d’une manière absolue, puisqu’il n’est fait aucune mention dans l'Épitre de ceux auxquels elle est adressée, ni de leur lieu de résidence. Les manuscrits les plus anciens, Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus, nous donnent cependant une indication : ils portent en tête l’adresse : irpoç Eëpatou ;. Quoique ces titres soient l'œuvre des copistes, qui s’en servaient pour classer leurs parchemins, ils nous apprennent quelle était la tradition de leur temps au sujet de cette Épître. Or, cette tradition, qui s’est maintenue jusqu'à nos jours, est justifiée par l'étude de l'écrit lui-même. L’auteur veut prouver la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’ancienne, afin que ses lecteurs^ chancelants dans leur fidélité, restent fermement attachés à la confession de leur espérance, x, 23. Et, quoiqu’il ait pu, en fait, adresser cette dé

monstration à des chrétiens autrefois païens, enclins à adopter les croyances et les observances juives, comme le firent les Galates, néanmoins toute l’argumentation suppose que les lecteurs sont des chrétiens, issus du judaïsme. Dieu a parlé autrefois à leurs pères, i, 1, et à eux en ces derniers temps par son fils, i, 2 ; c’est à la postérité d’Abraham, II, 16, que le Fils vient en aide. Le peuple, à).aô ;, dont il est plusieurs fois parlé, vii, 5, 11, 27 ; îx, 7, 19 ; IV, 9 ; xi, 25, est le peuple juif ; nulle part il n’est fait même allusion aux Gentils. C’est à des Juifs seulement que l’écrivain pouvait parler des souillures légales, des mets purs et impurs, ix, 10 ; xiii, 9 ; des purifications par les sacrifices d’animaux, ix, 13. La dialectique est toute scripturaire ; les preuves alléguées ne sont pas des raisonnements, mais des textes bibliques. La typologie de l’Épltre ne peut être comprise que par des Juits. Zahn, Einl. in dos N. T., t. ii, p. 129 — On a soutenu cependant (particulièrement von Soden, Schùrer, Weizsâcker, Pfleiderer) que les lecteurs étaient des païens convertis. Voici les arguments que présente von Soden, Handcommentar zum Neuen Test., iii, der Brief an die Hebrâer, p. 11-14 : — 1. C’est plutôt à d’anciens païens qu’à des Juifs que l’écrivain a pu parler de péchés volontaires, x, 26, de l’endurcissement par la séduction du péché, iii, 13, des entraves du péché, 311, 1. — 2. Les éléments de la parole du Christ, tels que la doctrine des baptêmes, la résurrection des morts, le jugement éternel, vi, 1, 2, étaient surtout enseignés aux païens ; les Juifs les connaissaient déjà au moment de leur conversion. — 3. Ce ne sont pas des Juifs qu’on devait exhorter à servir le Dieu vivant, ix, 14 ; cela s’adresse à d’anciens adorateurs des idoles mortes. — Ces quelques observations ne peuvent prévaloir contre l’impression générale, qui se dégage de toute l’Épitre. Les exhortations morales pouvaient être adressées à des Juifs aussi bien qu’à des païens ; les doctrines élémentaires, dont il est parlé, vi, 1, 2, étaient le fond de la prédication apostolique, quels que fussent les auditeurs, et enfin l’expression : Dieu vivant, que l’auteur aime à répéter, x, 31 ; xii, 22 ; iii, 12 ; ix, 14, lui vient de l’Ancien Testament. Ps. xlii, 3 ; lxxxiv, 3 ; Jer., x, 10 ; Dan., vi, 26. Cette formule avait passé dans le langage solennel, ainsi que le prouve l’adjuration de Caïphe à Notre-Seigneur. Matth., xxvi, 63. — Harnack, dans la Zeitschrift fur die neutestamentliche Wissenschaft, 1900, p. 18-19, croit que pour l’auteur la différence entre Juifs chrétiens et païens chrétiens n’existait plus. Tous les passages, où l’on a vu des allusions à des Juifs, peuvent aussi bien s’appliquer à des païens convertis. C’est possible pour quelques passages, nous le reconnaissons, mais non pour tous. Les lecteurs de l’Épître aux Hébreux étaient donc des Juifs convertis. — Cependant, comme cette lettre s’adresse à une communauté particulière et non à tous les Juifs convertis (quelques critiques cependant ont soutenu cette hypothèse), il faut déterminer le lieu de résidence de ces Juifs. Est-ce Jérusalem, Alexandrie, Rome ou même d’autres villes, telles que Corinthe, Antioche, la Galatie, etc. ? Les dernières désignations sont trop improbables pour être discutées. Examinons seulement les arguments en faveur des trois premières villes mentionnées.

Jérusalem.

La tradition, à peu près unanimement,

a cru que l’Épltre était adressée aux chrétiens de Jérusalem. La façon dont il est parlé du tabernacle et des cérémonies du culte, IX, 2-9. qui y était pratiqué, montre que l’auteur avait en vue^e temple de Jérusalem. En opposition avec le temple, l’auteur nomme rèiutffuvaytûYTJ, x, 25, des chrétiens. Or, s’il s’agissait d’une communauté de la dispersion, le contraste ne se^ rait pas de même degré ; il faudrait parler d’une auvaïavrf. Et l’on comprend très bien, ainsi que nous le montrerons plus loin, que les chrétiens de Jérusalem aient été tentés d’abandonner leur épisynagogue pour assister

exclusivement aux cérémonies du temple. Toute l’argumentation de la lettre tend à prouver que ce n’était pas un malheur de ne plus participer au culte du temple, d’en être exclu ; ce qui ne pouvait concerner que des chrétiens, habitant Jérusalem. — À cela on fait observer : 1. qu’une lettre adressée à des Juifs de Jérusalem aurait dû être écrite en araméen et non en grec. Nous répondrons simplement que l’auteur s’est servi de la langue qu’il connaissait le mieux. — 2. D’après cette lettre les destinataires ont déjà supporté des persécutions, x, 3234. « Souvenez-vous des premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances ; ici, exposés en spectacle aux opprobres et aux tribulations ; là, sympathisant avec ceux qui étaient traités ainsi. » Ceci pourrait à la rigueur s’appliquer aux chrétiens de Jérusalem, mais plus loin il est dit : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte [contre le péché, » xii, 4. Pouvait-on écrire ces paroles à une Église, arrosée du sang des martyrs, Etienne, les deux Jacques, et d’autres encore ?

— Remarquons que dans ce texte il ne s’agit pas de persécutions ; mais de luttes contre le péché ; ce qui peut indiquer des luttes morales et s’appliquer aussi bien aux chrétiens de Jérusalem qu’à d’autres. — Mais, pouvait-on leur dire : « Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les rudiments des oracles de Dieu ? » v, 12 ; VI, 1-3. C’est cependant aux chrétiens de Jérusalem que l’on a dû promettre que Dieu n’oublierait pas la charité, qu’ils avaient montrée en son nom, ayant servi les sainte et les servant encore, vi, 10, et cela d’autant plus que, lorsqu’il est parlé dans le Nouveau Testament des saints, o£ âyiot, sans adjonction de lieu, il s’agit des chrétiens de Jérusalem.

Alexandrie.

Quelques arguments indiqueraient

que l’Éptlre a été adressée à la communauté judéo-chrétienne d’Alexandrie. Celle-ci était nombreuse et influente, surtout au point de vue des idées. Or il n’est pas douteux, dit-on, que notre Épitre ne reflète les tendances des écrivains juifs d’Alexandrie et ne reproduise leur méthode d’interprétation allégorique des Saintes Écritures. Seuls, des Juifs alexandrins pouvaient suivre les raisonnements de l’écrivain et admettre sa spiritualisation du judaïsme. En outre, les citations de l’Ancien Testament sont empruntées au Codex Alescandrinas des Septante et l’on rencontre plusieurs expressions particulières aux livres alexandrins de la Bible : 7roXu[i.ep<îc, Heb., i, l= : Sap., vii, 22 ; ànapaa^a, Heb., i, 3=Sap., vu, 25 ; ûmoatâdiç, Heb., i, 3 = Sap., xvi, 21 ; ôepetmov, Heb., iii, 5 = Sap., x, 16. — De plus, l’auteur parait être un Juif alexandrin ; son vocabulaire et son style ont beaucoup d’analogie avec ceux de Philon ; or il était membre de la communauté à laquelle il écrivait. Enfin, cette Épitre a été connue dès les temps les plus anciens à Alexandrie. — Ces arguments ne sont pas très convaincants. Nous dirons plus loin jusqu’à quel point il faut reconnaître un caractère judéo-alexandrin à l’Épltre aux Hébreux et nous croyons bien que, si cette caractéristique détermine surtout la pensée personnelle de l’auteur, elle indique aussi l’état d’esprit des lecteurs ; par conséquent, elle implique chez ceux-ci des doctrines et des tendances judéo-alexandrines. Seulement, ces doctrines et cette méthode allégorique étaient connues ailleurs qu’à Alexandrie et s’étaient répandues dans toute la Diaspora juive et même à Jérusalem, puisque nous apprenons qu’il y avait dans cette ville une synagogue de Juifs alexandrins. Act., vi, 9. — Quant à l’emploi du Codex Alexandrinus dans les citations de l’Épitre aux Hébreux, il est restreint à quelques passages assez peu concluants, sauf un. L’Église d’Alexandrie a connu en effet de bonne heure notre Épitre, mais elle l’a connue comme écrite aux Juifs de Jérusalem. Voir Clément d’Alexandrie, Strom., i, 8, t. es, col. 284, et son témoi

gnage dans Ëusèbe, H. E., vi, 13 et 14, t. xx, col. 548, 549..

Rome.

Enfin, on a cru que cette Épitre avait été

écrite à la communauté judéo-chrétienne de Rome. Cette opinion est même actuellement la plus en faveur en Allemagne, où elle a été adoptée par Wetstein, Holtzmann, Harnack, Mangold, Schenkel, Zahn, von Soden. Alford, Bruce, Renan, Réville l’ont aussi acceptée. Déjà, vers la fin du I er siècle, Clément Romain, dit-on, connaît l'Épitre aux Hébreux ; en de nombreux passages, ainsi que nous le dirons plus loin, quoiqu’il ne cite aucune phrase textuellement, on voit qu’il s’est inspiré de cet écrit : le raisonnement est identique, les idées sont les mêmes, quelquefois aussi les termes. Cette connaissance de l'Épitre s’explique "très bien, si la lettre a été écrite à la communauté judéo-chrétienne de Rome. Celle-ci, en outre, devait avoir sur l'Épitre des données spéciales, puisque, d’après Eusèbe, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217, elle la rejetait, comme n'étant pas de saint Paul. De plus, « le grand combat, au milieu des souffrances, » x, 32, « le dépouillement de leurs biens, » x, 33, dont ils ont eu à souffrir, s’appliqueraient bien à la communauté de Rome, qui fut persécutée et expulsée de la ville par ordre de Claude, tandis que les allusions à des persécutions imminentes, x, 25 ; xii, 4, 26 ; xiii, 13, pourraient se rapporter à la future persécution de Néron, qu’on pouvait déjà prévoir. Enfin, l'écrivain envoie à ses lecteurs des salutations de la part de ceux qui sont : àitb-cvj « 'I-callxt, xiii, 24. Ces frères sont ceux qui sont venus de l’Italie et qui accompagnent l'écrivain ; c’est à une communauté d’Italie seulement qu’une telle salutation a dû être envoyée. Il est possible, il est vrai, de croire qu’il s’agit ici des « frères de l’Italie, » iico trS 'IraXtaç ; âiro, ainsi que la fait remarquer Blass, Gr. N. T., § 40, p. 122, a pris dans le Nouveau Testament la place de èç. Dans ce cas cette phrase indiquerait plutôt le lieu de départ de la lettre. — Ces arguments ne sont pas sans valeur ; cependant si cette lettre a été écrite à la communauté chrétienne de Rome, comment expliquer que l'écrivain dise de ses membres qu’ils sont lents à comprendre, v, 11, qu’ils ont besoin qu’on leur enseigne les doctrines élémentaires de la foi, qu’on les nourrisse de lait comme des enfants, v, 12, eux dont saint Paul a dit que leur foi était renommée dans le monde entier, Rom., i, 8, et à qui il a adressé une lettre, où il expose les doctrines les plus profondes du christianisme ? — En outre, l'Épitre aux Hébreux est adressée à une église, où les chrétiens d’origine juive sont prédominants, au point qu’il n’est nulle part fait allusion à des chrétiens païens d’origine. Or, dans l'Église de Rome, les paga no-chrétiens étaient en majorité. M. Milligan a supposé, il est vrai, The Theology of the Epistle to the Hebrews, p. 49-50, que cette lettre aurait été envoyée à une communauté judéo-chrétienne de Rome, composée de ces auditeurs, auxquels il est fait allusion au livre des Actes, ii, 10, auditeurs qui, de retour à Rome, dans leur patrie, seraient restés en dehors de la prédication apostolique, ce qui expliquerait leur état d’infériorité doctrinale. Cette hypothèse s’adapterait bien aux diverses circonstances de la lettre ; son défaut est d'être gratuite. Cependant, qu’il y ait eu à Rome diverses communautés chrétiennes, cela ressort de l'Épitre aux Romains, où l’on voit saint Paul distinguer, xvi, 3-13, plusieurs communautés et, ꝟ. 14-15, d’autres communautés. Ceci expliquerait le passage, x, 25, où les lecteurs sont exhortés à ne pas déserter leur assemblée, c’est-à-dire à ne pas aller à une autre communauté chrétienne. Il ne s’agirait donc pas ici de retourner à la synagogue juive. — Zahn, Einl. in dasN. T., Il, p. 144, et Harnack, dans la Zeitsch. fur die neutest. Wiss., 1900, p. 19, croient aussi que l'Épitre a été écrite à une des petites communautés de Rome.

II. Occasion et but de l’Epîthe. — L'étude même du contenu de l’tpître nous fait connaître à quelle occa sion et dans quel but elle fut écrite. Nous supposons qu’elle fut écrite, ainsi que nous le démontrerons, vers l’an 63-66 ; mais, le fût-elle plus tard, que nos observations auraient la même valeur ; quelques-unes même seraient encore plus démonstratives. Vers l’an 63-66, plus de trente ans s'étaient écoulés depuis la mort du Christ, et les fidèles ne voyaient pas se réaliser les promesses du Seigneur, qu’on avait mal comprises. Jésus avait dit, Matth., xxiv, 34 ; Luc, xxi, 32 : « Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point que tout cela n’arrive, » c’est-à-dire l’avènement du Fils de l’homme, le royaume de Dieu. Or la génération qui avait entendu ces paroles était disparue et le Sauveur n'était pas venu. En outre, les chrétiens juifs n’avaient pas oublié les splendides cérémonies du culte juif, tout cet ensemble d’institutions qui enserraient la vie et qui avaient pour elles de si solides fondements, et ils se rappelaient la grandeur et l’autorité de Moïse, qui avait été fidèle dans sa maison à celui qui l’avait établi, iii, 2, la promesse faite à Abraham par Dieu lui-même, vi, 13. C’est Dieu qui avait donné les ordonnances relatives au culte, ix, 1, et c’est sur ses plans qu’avait été construit le Tabernacle, IX, 2-5. Pour l’expiation des péchés où avait un grandprêtre, chargé de présenter des offrandes et des sacrifices pour les péchés, v, 1. Cette déception, ces souvenirs et ces regrets pouvaient éveiller dans l’esprit des chrétiens juifs le doute sur la valeur de l’institution chrétienne, qui n’avait aucun culte organisé, à part la participation à la fraction du pain. Point de temple, point d’autel, au sens matériel. Pour le chrétien de ce temps le christianisme était surtout une espérance. Or la réalisation de cette espérance paraissait s'éloigner de jour en jour. Nous ne pouvons dire s’il y eut de véritables apostasies, des retours complets au judaïsme, quoique certains passa’ges semblent y faire allusion, x, 39, mais il y eut certainement un affaiblissement de la foi chrétienne, puisque l’auteur déclare qu’il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés et qui sont tombés soient encore renouvelés, vi, 4-6 ; il parle de celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu et tenu pour profane le sang de l’alliance, qui aura outragé l’Esprit de la grâce, x, 29 ; il en est qui ont abandonné leurs assemblées, x, 25. Toutes les exhortations à la fidélité, si répétées et si puissantes, xiii, 9 ; IV, 14 ; x, 23 ; iii, 1, 2, 6, indiquent que cette fidélité allait diminuant. De là à un relâchement dans la piété et dans l’accomplissement des devoirs chrétiens, il n’y avait qu’un pas et il semble bien que ce pas avait été franchi ; car, en plusieurs endroits, il est parlé de péchés graves, vi, 4-8 ; x, 29 ; il est nécessaire d’exhorter les fidèles à la paix avec tous, à la sanctification, xii, 12, à l’amour fraternel, à l’hospitalité, xiii, 1 ; à la pureté, xii, 16, au respect du lit conjugal, xiii, 4, etc. On voit donc quelle était la situation : angoisse chrétienne au sujet du Christ, qui ne revenait pas ; doute sur la légitimité de l’abandon d’une institution divine et, en outre, persécution de leurs frères juifs, excommunications, rejet de la société ; toutes ces causes avaient amené un affaiblissement de la fidélité chez les chrétiens et une explosion de péchés. L’auteur de l'Épitre veut remédier à cette situation, répondre à ces doutes en envoyant à ses lecteurs une parole d’encouragement et de consolation, xiii, 22. Pour cela il établira la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’alliance ancienne, mais mêlera à chaque instant l’exhortation morale à l’exposé dogmatique, et insistera surtout sur la fidélité et la patience, sur l’espérance ; car, pour lui, la foi c’est la ferme attente des choses qu’on espère, xi, 1. En outre, après avoir achevé sa démonstration, l’auteur donnera les conseils et renouvellera les exhortations, dont ses frères avaient besoin. „

En vue de prouver la supériorité de l’alliance nouvelle sur l’ancienne, et de répondre aux attaques des adversaires, l’auteur établit d’abord que les organes de

l’ancienne alliance : les anges, les prophètes, Moïse, le grand-prêtre, les prêtres lévitiques, sont inférieurs à l’organe de la nouvelle alliance, qui est Jésus-Christ. Il compare ensuite les deux alliances elles-mêmes et prouve que la nouvelle alliance l’emporte sur l’ancienne : 1. par son sanctuaire qui est céleste, tandis que celui de l’ancienne était terrestre ; — 2. par son sacrifice, lequel est parlait et par conséquent n’a pas besoin d’être réitéré, tandis que celui de l’ancienne alliance, étant imparfait, devait être renouvelé. De cette démonstration découle l’exhortation principale de rester attaché à leur foi qui est parfaite, qui a sauvé les justes de l’ancienne alliance et les sauvera aussi. — C’est au moyen de l’Épître seulement que nous avons établi quelle en était l’occasion. Si nous croyons qu’elle a été écrite en 63-66 aux chrétiens de Jérusalem, nous pouvons ajouter quelques renseignements qui corroborent ceux que nous venons de donner. Nous apprenons par Eusèbe, H. E., iv, 22, t. xx, col. 379, qu’après le martyre de Jacques le Juste, premier évêque de Jérusalem, l’Église fut troublée par un certain Thébatis, furieux de n’avoir pas été choisi comme évêque. Il est probable que déjà se dessinaient ces tendances, qui aboutirent, plus tard, à l’ébionitisme. Notre Épitre paraît répondre à cet état d’esprit d’hommes qui, tout en croyant que Jésus est le Messie, veulent cependant maintenir les institutions et le culte mosaïques, et c’est à eux ou, si l’on veut, à une tendance analogue, que répond l’auteur de l’Épître aux Hébreux. — Tout cela se tient bien si l’on croit qu’elle a été écrite aux chrétiens de Jérusalem, mais devient moins cohérent, ’si les destinataires sont ailleurs. Dans ce cas, on appuie surtout sur les exhortations pratiques et l’on établit que le but a été de rappeler les lecteurs à leur ancienne foi, de renouveler leur courage en leur montrant la supériorité du Christ comme personne et comme œuvre. Si l’auteur a choisi comme point de comparaison l’ancienne alliance, c’est que la nouvelle alliance ne pouvait être mise en comparaison qu’avec celle-là. Pour des chrétiens, fussent-ils issus du paganisme, la comparaison était impossible avec d’autres religions que celle de l’Ancien Testament. Qu’ensuite l’auteur ait basé toute son argumentation sur les Saintes Écritures, cela ne peut nous étonner, car l’Ancien Testament était pour les premiers chrétiens, quelle que fût leur origine, le livre sacré, qui était lu et expliqué dans les réunions chrétiennes. La lettre de Clément Romain est tout aussi imprégnée de l’Ancien Testament que l’Épître aux Hébreux. Tout ce qui est dit ici du Christ a donc un caractère pratique et est destiné à promouvoir la fidélité à son égard. Cette manière de voir s’éloigne peu de la précédente ; l’angle de vue seulement est différent.

III. Date de l’Épître. — Les critiques sont en désaccord sur la date de l’Épître aux Hébreux. Ewald, Lewis et Ramsay la placent entre 58-60 ; Westcott, Lûnemann, Wieseler, EUehm, Weiss, Ménégoz, Davidson, Cornely, Schâfer, Trenkle, entre 64-67, probablement avant le commencement de la guerre juive. Holtzmann, Schenkel, von Soden, au temps de la persécution de Domitien, 90 ; Pfleiderer, en 95-115 ; Volkmar, Keim, Hausrath, pendant la persécution de Trajan, 116-118. Remarquons tout d’abord que les dates extrêmes sont exclues par le fait que Clément Romain, écrivant en 93-97, a certainement connu cette Épitre,

1° Ceci posé, cherchons dans l’Épître elle-même les -quelques indications qui nous permettront de fixer approximativement la date de composition. Ch. ii, 3, il est dit : « Le salut, annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu ; » d’après v, 12, les lecteurs devraient depuis longtemps être des maîtres, StSàoxaXoi, x, 32 ; ils ont subi autrefois, aux premiers jours, après avoir été éclairés, un grand combat, tandis que maintenant, xii, 12, 13, leurs mains sont languissantes et leurs genoux affaiblis ils suivent

des voies qui ne sont pas droites ; les conducteurs, qui leur ont annoncé la parole de Dieu, sont arrivés au terme de leur vie, xiii, 7. De cet ensemble, il résulte que la lettre a été écrite au temps où vivait la seconde génération chrétienne, mais déjà vers la fin de cette seconde génération. Si maintenant nous acceptons que le Timothée, mentionné au chapitre xiii, 23, est le compagnon de saint Paul, comme nous ne connaissons aucun emprisonnement de Timothée avant la fin de la captivité de saint Paul à Rome, cela reporte l’Épître après l’an 62-63. D’autre part, elle n’a pu, semblet-il, être écrite après l’an 70. À plusieurs reprises, il y est question des cérémonies du culte juif comme existant encore. En effet, quelle que soit la manière dont l’auteur envisage les sacrifices lévitiques, car son point de vue est souvent allégorique, il n’en reste pas moins qu’il dit nettement qu’on les offre de son temps. Après avoir décrit le tabernacle, ix, 2-5, et les cérémonies qui s’y font, ꝟ. 6-8, il ajoute : « C’est une figure pour le temps présent où Ton présente des offrandes et des sacrifices qui ne peuvent rendre parfait. » Au chapitre x, 1-3, il est encore plus catégorique : « Car la loi ayant une ombre des biens à venir et non l’image réelle des choses ne peut jamais par les mêmes sacrifices, qu’on offre perpétuellement chaque année, rendre parfaits ceux qui s’en approchent. Autrement n’aurait-on pas cessé de les offrir parce que ceux qui rendent ce culte, une fois purifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de leur péché ? Mais le souvenir des péchés se rattache chaque année à ces sacrifices. » Cf. ix, 6, 7, 22, 25. Dans ce dernier verset, le grand-prêtre paraît encore en exercice. « Ce n’est pas pour s’offrir lui-même que le. Christ est entré dans le tabernacle, comme le grand-prêtre y entre chaque année, avec du sang étranger. » Ailleurs, l’auteur affirme qu’il y a encore des prêtres qui offrent des sacrifices. : « Si Jésus était sur la terre, il ne serait pas même prêtre, car il y a des prêtres qui présentent des offrandes selon la loi. » viii, 4. L’auteur veut dire évidemment que Jésus n’étant pas de la tribu sacerdotale d’Aaron ne serait pas prêtre, ce qui n’est vrai que dans le cas où cette institution existe encore, ce qu’affirme d’ailleurs nettement la seconde partie du passage. Toute l’Épître, en outre, est fondée sur cette idée que l’institution légale subsiste toujours. Ainsi que nous l’avons vii, le but de l’auteur était de détourner ses lecteurs du culte mosaïque. Or, si le temple n’existait plus, il n’y avait plus de raison de les détourner de ce culte qui n’était plus en exercice, puisqu’il ne pouvait avoir lieu qu’au temple de Jérusalem. De plus, cette destruction du temple aurait été un argument puissant pour la démonstration de la thèse soutenue ; même pourrait-on dire, le plus puissant et absolument sans réplique. Comment l’auteur ne s’en est-il pas servi ? Enfin aurait-il pu dire ces paroles, viii, ’13 : « En disant : une alliance nouvelle, il a déclaré la première ancienne. Or, ce qui est ancien, ce qui a vieilli, est près de sa fin, èyYÙç àçovidiioO. » Cette minutie de détails dans laquelle entre l’auteur sur le sanctuaire et son culte, ix, 1-9, et ses comparaisons avec le ministère de Jésus, ix, 11-14, et les exhortations à ne pas retourner à ces images mortes, mélangées à cette argumentation, ix-x, prouvent tpie l’auteur compare deux alliances actuellement existantes et qu’il craint que ses lecteurs ne fassent défection et ne retournent à l’ancien culte, ce qui établit son existence. Enfin, l’attente prochaine du Seigneur, qui se retrouve en plusieurs passages et qui était jointe par les premiers chrétiens à. la prédiction de la ruine de Jérusalem, prouve que, cette ville existait encore, à moins qu’on ne veuille supposer que l’on croyait à la prochaine arrivée du Seigneur, parce que la première partie de la prédiction, la ruine de Jérusalem, avait eu lieu. H semble cependant que s’il en avait été ainsi, l’auteur l’aurait dit. Enfin, si nous admettons que l’Épître a 523

    1. HÉBREUX##

HÉBREUX (ÉPITRE -AUX)

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été écrite aux Juifs de Jérusalem, elle n’a pu l’être qu’après la mort de saint Jacques, car, xiii, 17, il est dit : « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte. » On peut supposer qu’après la mort de saint Jacques (an 62) les presbytres de Jérusalem exercèrent l’autorité, mais que ce ne fut pas sans difficulté, Eusèbe, H. E., ii, 22, t. xx, col. 380, ce qui expliquerait l’exhortation ci-dessus citée. L’Épitre a dû être écrite avant le commencement de la guerre juive, puisqu’il n’en est nulle part question ; peu de temps auparavant, car le temps des persécutions, xii, 4-5, et des promesses, x, 36-37, paraît s’avancer ; ils voient s’approcher le jour, x, 25. Ce serait donc entre 63-66 qu’il faudrait fixer la date de l’Épitre.

r 2° Malgré ces arguments, des critiques d’esprit modéré, parmi lesquels nous citerons Zahn, Einl. in das N. T., t. ii, p. 140, ont cru que l’Épitre aux Hébreux avait été écrite après 70. Voici les arguments mis en avant. Divers passages, ii, 3, 4 ; v, 12 ; x, 32, montrent que les lecteurs appartiennent à la génération post-apostolique. L’auteur connaît les Épîtres de saint Paul, de saint Pierre et de saint Jacques, les écrits de saint Luc et l’Apocalypse. Il parle de l’alliance mosaïque comme d’une ancienne alliance, IX, 1, qui avait un culte, par conséquent ne l’avait plus. L’argument tiré des allusions au culte lévitique prouve nettement que le temple n’existait plus, puisque constamment l’auteur, au lieu de parler du temple et du culte, qu’on y rendait à Dieu, parle du tabernacle, de ce qu’il contenait, du culte qui avait le tabernacle pour centre, ce qu’il n’aurait pas fait si le temple avait été encore debout et si le culte y eût été encore en exercice. De plus, en supposant que l’auteur ait voulu parler ici du temple, il pouvait le faire, même après qu’il avait été détruit, car pour un écrivain juif le temple, préexistant avant sa construction sur la terre, existait encore après sa destruction temporaire. La preuve qu’il a pu parler du temple et des cérémonies du temple au présent, c’est-à-dire comme existant encore, c’est que d’autres auteurs écrivant certainement après la destruction du temple ont écrit aussi comme si le temple existait encore. Clément Romain, 1 Cor., 41, 2, t. i, col. 289, Où navra^oO, àSeXçof, npoirçépovTat dum’at èvôeXs^’^oî *i eùxwv, ÔM’*) ^ v’IspouffoXriji fiovr). « Ce n’est pas en tout lieu qu’on offre des sacrifices perpétuels ou votifs, mais à Jérusalem seulement. » Cf. Barnabe, Episl, , vi[-ix, t. ii, col. 744-748 ; Epist. ad Dîognet., 3, t. ii, col. 1172 ; Justin, Dialog., 117, t. vi, col. 745. Nous-mêmes, nous nous servons constamment du présent pour raconter un événement passé ; c’est ce qu’on appelle le présent historique. — Ces arguments, ne sont pas décisifs. Les textes allégués prouvent que les lecteurs n’étaient pas disciples immédiats du Seigneur, mais n’obligent pas à dépasser l’an 64-70, comme date de l’Épitre. Les rapports entre l’Épitre aux Hébreux et les écrits du Nouveau Testament, seront discutés plus tard ; ils ne nécessitent pas en tout cas l’hypothèse d’un emprunt direct. Le contexte explique le passage ix, 1. Le temple de Jérusalem n’est pas nommé, mais seulement le tabernacle ; e’est vrai, mais remarquons que, si le temple n’est pas nommé, il est dans la pensée de l’auteur ; c’est de lui qu’il parle, quand il dit, IX, 6-7 : « Les prêtres officiants entrent constamment dans la première enceinte, tandis que dans la seconde le grand-prêtre seul entre une fois par an avec du sang qu’il offre pour lui-même et pour les péchés du peuple. » Cf. ix, 22, 25 ; v, 1-3. Les passages x, 1-3, et x, 11, s’appliquent évidemment au temple. Qu’en d’autres endroits l’auteur parle du tabernacle au lieu du temple, cela s’explique par son procédé d’allégorisation et de dialectique. Il voulait décrire l’ancien culte. Pour cela il a simplement reproduit les textes où il en était question. Or ces textes mentionnent le tabernacle et non le temple. Notre auteur

ne s’est pas cru autorisé à modifier les textes ; il les a reproduits tels qu’il les trouvait. Quant à l’emploi du présent pour raconter les événements passés, nous n’en contestons pas la possibilité, mais l’argument prouve seulement que l’auteur aurait pu parler ainsi, même après la destruction du temple. Il ne prouve pas que le temple n’existait plus.

IV. Lieu de composition.

On n’a sur ce point aucune donnée positive. La seule qui pourrait être une indication est le passage, xiii, 24, ào-TtâSovTat û|iâç oi àmb tt, ç’lTaX : ’a « . Si àrcô a ici le sens de t, comme il l’a, en effet, dans quelques passages, Act., x, 23, tûv àrcô ttiç’Idrocr) ;  ; XVII, 13, oi ànô trj’ç ©euo-aXovLxï) ; ’Ioufiatoi, etc., l’Épitre a été écrite en Italie. Ceux d’Italie les saluent. Cependant la signification régulière de àitô est « venant de ». Dans ce cas, l’auteur envoie à ses lecteurs les salutations des chrétiens venant d’Italie et étant avec lui. En quel endroit ? nous l’ignorons. Quelques manuscrits A, P, 47, ont en souscription : orao po>|jir) ;  ; d’autres, K, 109, 113, etc., erao raxXia ;  ; mais ces souscriptions sont relativement récentes et n’ont aucun caractère d’authenticité. Elles sont tirées des paroles mêmes de l’Épitre. Nous devons mentionner une hypothèse ingénieuse qui a été faite sur la date et le lieu de composition de l’Épitre aux Hébreux par Lewis, dans The Thinker, septembre 1893, et qui a été reprise et fortifiée par Ramsay dans The Expositor, juin 1899. La voici en bref. L’Épitre aux Hébreux a été achevée à Césarée de Palestine, en avril ou mai. 59, vers la fin du gouvernement de Félix. Il y est parlé de questions qui avaient été souvent discutées entre Paul et les chefs de l’Église de Césarée pendant l’emprisonnement de l’Apôtre dans cette ville ; le résultat en est consigné dans cette Épitre, qui fut la lettre de l’Église de cette ville au parti juif de l’Église de Jérusalem. L’écrivain a été Philippe le Diacre. Le but était de placer les lecteurs juifs sur un nouveau terrain d’idées, d’après lesquelles ils pourraient mieux comprendre les doctrines de Paul et son œuvre. Ainsi, on réconcilierait les Juifs intransigeants avec les partisans de Paul, non en essayant de leur expliquer les doctrines pauliniennes, mais en conduisant les judéo-chrétiens sur une nouvelle ligne d’idées qui les amènerait à des conceptions plus élevées. Le projet de composer une telle lettre avait été discuté d’abord avec Paul, puis celle-ci lui avait été soumise et il y avait ajouté les derniers versets. La lettre étant collective n’avait pas reçu la suscription ordinaire. — Celte hypothèse expliquerait bien la tradition orientale qui, tout en reconnaissant que le style et la langue de cette lettre ne sont pas de saint Paul, néanmoins rattachait celle-ci à l’Apôtre. Elle rendrait compte aussi de ce fait que les doctrines sont présentées sous un autre aspect que dans saint Paul, et cependant en plusieurs points se rattachent aux enseignements des Épîtres pauliniennes. Malheureusement aucun texte n’appuie cette hypothèse.

V. Auteur de l’Éi>itre aux Hébreux. — La question d’authenticité ne se pose pas pour l’Épitre aux Hébreux de la même façon que pour les autres livres du Nouveau Testament ; car, ainsi que nous le verrons, la tradition n’a pas été, dès l’abord, fixée sur le nom de l’auteur ; il y a eu, dès l’origine, sur ce nom, désaccord ou ignorance et, de nos jours encore, les critiques sont divisés. Outre ceux qui, comme Origène, concluent que Dieu. seul connaît celui qui a écrit cette Épître, les uns l’attribuent à saint Paul, d’autres à saint Barnabe, à saint Pierre, à saint Luc, à Silas, à Apollon, à saint Clément Romain. Étant donné cette variété d’opinions, nous devrons tout d’abord établir les faits, c’est-à-dire : 1° suivre l’histoire de l’Épître dans la littérature chrétienne ; 2° étudier l’Épitre en elle-même, pour en faire ressortir les particularités linguistiques, historiques et doctrinales. De xes deux études ressortiront les conditions auxquelles doit satisfaire toute hypothèse sur 1& nom de l’auteur.

I. BISTOIRE DE L’ÉPITRE AUX HÉBREUX. — Nous allons suivre les traces que PÉpitre aux Hébreux a laissées dans les premiers écrits chrétiens, fixer ce qu’on pensait de l’auteur et de la valeur de cette Épître comme Écriture, par conséquent, tout en étudiant son histoire, établir, à un certain degré, la canonicité. Comme l’histoire de l’Épltre aux Hébreux s’est poursuivie, au commencement, indépendante en Orient et en Occident, sans qu’une tradition influe tout d’abord visiblement l’une sur l’autre, nous étudierons séparément les deux traditions, jusqu’au jour où elles se confondent.

Tradition orientale.

Les allusions et les rapprochements

qu’on a signalés avec les passages de l’Épître aux Hébreux dans les Pères orientaux des deux premiers siècles sont, en général, peu concluants. On pourra remarquer dans l’Epltre de Barnabe, v, 1, t. ii, col. 734, 8 èfftiv èv tô) pavut’op-aii « Otoû toû aîjiaToi ; = Heb., xii, 24, xa aî’jiaTt pavrtffjioO. — Comme l’Épître aux Hébreux, Poiycarpe, xil, 1, t. v, col. 101, appelle le Christ : grandprêtre, sempitemus Pontifex ; Justin, Apol. I, 12, t. vi, col. 345, parle aussi du Christ comme apôtre. Or, c’est dans l’Épître aux Hébreux seulement que le Christ est appelé grand-prêtre, iv, 14, et apôtre, iii, 1. Saint Justin, disant, Dial., 113, t. VI, col. 737 : Oû-nS ; icrriv h xatà tt|v xiiÇiv MeX^ioeSèx PaaiXsù ; EaMiix xa aiwvtoç îepeùç GiI/iotou ûitâp/wv se rapproche de Heb., v, 9, 10 ; vi, 20 ; vu, 12. — Le premier témoignage certain que nous rencontrons est celui de Pantène, chef de l’école catéchétique d’Alexandrie, à la fin du IIe siècle, et c’est de lui que Clément d’Alexandrie tenait ses renseignements sur cette Épître. Voici ce que rapporte Eusèbe, H. E., VI, 14, t. xx, col. 549 et552 : « Clément dit dans ses Hypotyposes, t. ix, col. 748, que l’Épître aux Hébreux est l’œuvre de Paul et qu’elle a été écrite aux Hébreux en langue hébraïque. Luc l’a traduite avec soin et publiée pour les Grecs, ce qui explique la ressemblance de style dans cette lettre et dans les Actes. » Mais il explique que ces mots : Paul l’apôtre, n’ont pas été mis en tête, parce que l’Apôtre, écrivant aux Hébreux, qui le tenaient en suspicion, n’a pas voulu dès l’abord les choquer en voyant son nom. Et il ajoute : « Mais maintenant, ainsi que le dit le bienheureux prêtre, Pantène, puisque le Seigneur, étant l’apôtre du Tout-Puissant, a été envoyé aux Hébreux, Paul, envoyé aux Gentils, n’a pas voulu par respect pour le Seigneur s’inscrire comme apôtre des Hébreux, parce qu’étant apôtre des Gentils il a écrit aux Hébreux de sa surabondance. » Dans les Stromates, VI, 8, t. IX, col. 284, Clément d’Alexandrie cite un passage de l’Épître aux Hébreux, v, 12, comme ayant été écrit par Paul aux Hébreux. — Le témoignage d’Origène est encore plus caractéristique ; il est donné par Eusèbe, H. E-, vi, 25, t. xx, col. 584, comme un extrait des homélies d’Origène, t. xiv, col. 1309 : « Comme caractéristique le style de l’Épître aux Hébreux n’a pas la vulgarité de parole de celui de l’Apôtre, qui reconnaît lui-même qu’il est vulgaire dans son langage, c’est-à-dire dans sa phrase ; la diction de l’Épître est d’un grec plus pur, et quiconque a le pouvoir de discerner la phraséologie d’un auteur le reconnaîtra. En outre, que les pensées en soient admirables et qu’elles ne soient inférieures en rien aux écrits reconnus comme apostoliques, c’est ce que croira tout homme qui examine soigneusement les écrits apostoliques. Si je donnais mon opinion, je dirais que les pensées, voiîp.aTa, sont de l’Apôtre, mais que la langue et la disposition des pensées sont de quelqu’un qui s’est souvenu des enseignements apostoliques. Par conséquent, si quelque Église regarde cette Épître comme de Paul, qu’elle soit approuvée même pour cela. Car ce s’est pas sans raison que les anciens nous l’ont transmise comme étant de Paul. Mais quel est celui qui a - écrit l’Épître, tî ; Si i Ypàifiac-crv sitkjtoXtiv, Dieu sait la vérité. La tradition est venue jusqu’à nous qui rapporte que Clément, l’évêque des Romains, a écrit l’Épître ;

d’autres disent que c’est Luc, celui qui a écrit l’Évangile et les Actes. » Ce jugement paraît être celui qui résume le mieux la pensée d’Origène sur la question, sa pensée plus mûrie ; c’est une sorte de jugement critique, car dans ses autres ouvrages nous trouvons des affirmations plus catégoriques sur l’origine paulinienhe de cet écrit. Dans son Épître à Africanus, 9, t. xi, col. 65, il se déclare prêt à démontrer contre ceux qui le nient que l’Épître est de Paul ; In Num. Honi., iii, 3, t. xii, col. 596, il la cite, comme étant de Paul, ainsi que dans plusieurs autres passages, où il dit cependant que ce n’est pas l’opinion de tous. La question est de préciser ce qu’a voulu dire Origène. L’écrivain était-il pour lui un simple scribe ? C’est peu probable. Il affirme d’abord que l’Épître diffère des autres pour la langue et la disposition du sujet, ensuite que les pensées sont de Paul ; c’est donc qu’un disciple de l’Apôtre a composé l’Épître, en utilisant les pensées de son maître ; mais tout le reste, langue et raisonnement, est de lui. On remarquera que la critique catholique en est encore aujourd’hui au même point sur l’authenticité paulinienne de l’Épître. — Les écrivains de l’Église d’Alexandrie, saint Denys, Ep. ad Fab., 2, t. x, col. 1297, saint Pierre d’Alexandrie, Ep. can., 9, t. xviii, col. 485, saint Alexandre, De Ariana hmr. ep., 1-2, t. xviii, col. 557, 565, 575, saint Athanase, Serm. cont. Arian., ii, 1, 6, t. xxv, col. 148, 153, Didyme, De Trin., i, 15, t. xxxix, col. 317, 320, saint Cyrille, Thés, de Trin. Ass., 4-7, t. lxxv, col. 37, 40, regardèrent tous cette Épître comme étant de saint Paul. Euthalius, Ep. Paul. Arg., t. lxxxv, col. 776, rappelle les anciens doutes, mais y répond par les raisons déjà alléguées par Clément d’Alexandrie et Origène. On la trouve au dixième rang dans la Synopse du Pseudo-Athanase, t. xxviii, col. 484. Saint Cyrille de Jérusalem, Cat., t. xxxiii, col. 684, 912, 992, l’attribue aussi à saint Paul. Saint Épiphane, Hser. xlii, 12, t. xli, col. 812, ne connaît aucun manuscrit qui ne la possède tantôt au dixième, tantôt au quatorzième rang. En 264, les Pères du concile d’Antioche se servent contre Paul de Samosate de cette Épître comme étant de saint Paul. Mansi, Coll. Conc, t, i, p. 1038. Saint Jean Chrysostome, In Heb., t. lxiii, col. 10, Théodore de Mopsueste, In Heb., t. lxyl, col. 952, et Théodoret, In Heb. Arg., t. lxxxii, col. 673, l’acceptent aussi comme de saint Paul. Théodoret même In Heb. Arg., t. lxxxii, col. 673, affirme que ceux qui la repoussent comme supposée sont travaillés du morbus arianicus. La version syriaque, les Pères syriens et cappadociens reçoivent de même cette Épître comme paulinienne. — Eusèbe de Césarée résume bien ces diverses traditions. On sait qu’il s’est occupé à diverses reprises, dans son Histoire ecclésiastique, de rapporter les témoignages des Églises sur les livres du Nouveau Testament, de les caractériser et de les partager en diverses catégories. Or, H. E., ii, 17, t. xx, col. 180, il affirme que l’Épître aux Hébreux est de Paul ; iii, 3, t. xx, col. 217, il dit qu’il y a quatorze Épltres de Paul reconnues et non disputées. Dans sa Démonstration évangélique, t. xxii, col. 300, 317, etc., il est tout aussi catégorique. Cependant il faut mentionner que quelques-uns, dit-il, ont rejeté l’Épître aux Hébreux sous prétexte qu’elle était discutée par l’Église de Rome, parce qu’elle n’avait pas été écrite par Paul. Il dit, iii, 3, t. xx, col. 217, que Paul a écrit aux Hébreux dans leur propre langue, mais que Clément plutôt que Luc a traduit la lettre ; vi, 14, t. xx, col. 350, il range l’Épître aux Hébreux parmi les livres discutés, àvTiXsyrfjjLsvat ypaçat’. En résumé Eusèbe tient l’Épître aux Hébreux pour canonique et par conséquent comme étant d’origine apostolique et de saint Paul. — En fait donc, l’Église d’Orient, vers la fin du iie siècle, regardait l’Épître aux Hébreux comme un livre d’origine apostolique, par conséquent comme canonique. Probablement on la possédait dans la collection d’écrits canoniques à la suite des Épîtres de Paul,

ce qui a conduit à la rattacher à saint Paul. Toutefois, par scrupule littéraire on n’a pas regardé le texte grec comme étant de l’Apôtre. Les divergences sur le nom de l’écrivain prouvent qu’on ne possédait aucune tradition originale et que l’on faisait des conjectures. Peu à peu la question s’est simplifiée et, sous l’influence de la tradition alexandrine, on a accepté sans réstriction l’Épître comme paulinienne. Il n’en fut pas de même tout d’abord en Occident.

Tradition occidentale.

Le jugement de l’Église

latine sur l’Épître aux Hébreux est résumé en ces termes par saint Jérôme, dans son De Vir. ill., 59, t. xxiii, col. 669 : Sed et apud Romanos usqué hodie quasi Pauli apostali non habetur. — Parmi les Pères apostoliques, Clément Romain a certainement connu l’Épitre aux Hébreux. Le témoignage d’Eusèbe, H. E., iii, 38, t. XX, col. 293, est très important à ce sujet. « . Dans cette Épitre, dit-il (la première aux Corinthiens), il donne de nombreuses pensées tirées de l’Épître aux Hébreux et aussi cite verbalement quelques-unes de ses expressions, montrant ainsi pleinement que ce n’était pas une production récente. Quelques-uns ont cru que Clément avait traduit cette Épitre de l’hébreu. Cela semble probable, parce que, entre l’Épitre de Clément et celle aux Hébreux, il y a ressemblance de style et de pensées. » La même tradition est affirmée par saint Jérôme, De vir. ill., 15, t. xxiii, col. 663. — Funk a relevé 26 passages de la première Épitre Clémentine qui rappellent plus ou moins l’Épître aux Hébreux ; Holtzmann dit 47, mais ne les cite pas. Il n’y a aucune citation textuelle d’un passage entier, mais beaucoup d’expressions semblables. Les pensées que développe Clément Romain se rapprochent tellement de celles de l’Épître aux Hébreux, qu’il a dû en avoir le texte sous les yeux ou la posséder très bien de mémoire. On remarquera que les pensées des c. viii, IX, xii, t. i, col. 225, 228, de Clément Romain et les exemples à l’appui correspondent à celles de l’Épître aux Hébreux. Les exemples cités sont les mêmes mais en ordre inverse. Cf. Clément Romain, xvii, 1. 1, col. 241, avec Heb., xi, 32, xii, 3. Le passage de Clément Romain, xxxvi, 2, t. i, col. 281 : *0 ; ôv kTza^art^a. TÎ) ; LVftt.u)<rbvr[Z aùtoû, coffoOttù (istïojv lazlv àyfékiûv, fidip Staçoptvtspov ovona xexXï|p6vo[iï|xev. réYpairtat yàp oOtwî : ’O itoiôv-cou ; àYYÉ^ov ;, etc., se rapproche beaucoup de Heb., i, 3, 5, 7, 13. On y trouve les mêmes citations de l’Ancien Tes^ tament. Cf. encore : Clément Romain, ix, 2, 3, t. i, col. 228= Heb., xii, 1, 2 ; xi, 5. Clément Romain, x, 1, t. i, col. 228= Heb., Xi, 7, 8, 9. Clément Romain, xvii, 5, t. i, col. 245= Heb., iii, 2 ; Clément Romain, ix, 2, t. i, col. 228 = Heb., XI, 7. Pour la comparaison des textes, voir Charteris, Canonicity, p. 272. — Les ressemblances qu’on a signalées entre l’Épître aux Hébreux et le Pasteur d’Hermas sont très vagues. Aucun écrivain de l’Église romaine avant le IV siècle, en dehors de saint Clément, ne paraît avoir connu cet écrit. Marcion ne l’a pas inséré dans son Apostolicon. Le canon de Muratori, fin du IIe siècle, ne le mentionne pas et semble l’exclure, puisqu’il est dit que saint Paul écrivit à sept Églises, à moins qu’on n’adopte l’hypothèse des critiques qui, l’identifient avec l’Épître cataloguée : Ad Alexandrinos : Fertur etiam ad Laudicenses, alia ad Alexandnnos Pauli nomine finctse ad heresem Marcionis. Cette hypothèse paraît peu probable, car l’Épître aux Hébreux ne porte pas le nom de Paul et ne professe en rien les erreurs de Marcion. L’Épître aux Hébreux ne figure pas non plus dans le Catalogus Claromontanus. Cependant, elle n’était pas inconnue à Rome, puisque, d’après saint Épiphane, Hxr., lv, 1, t. xli, col. 972, les Melchisédéciens, qui avaient pour chef le banquier Théodote de Rome, vers le commencement du IIIe siècle, s’appuyaient sur l’Épitre aux Hébreux pour dire que Melchisédech est sans père ni mère. Eusèbe, H. E., v, 26, t. xx, col. 509, nous dit que, dans un livre de dissertations di verses ou sermons qu’il a connu, Irénée nomme l’Épître aux Hébreux et en cite des passages. Par contre, Etienne Gobaros, dans Çhotius, Bibl., Codex ccxxxii, t. ciii, col. 1104, dit qu’Hippolyte et saint Irénée affirment que l’Épitre aux Hébreux n’est pas de Paul. Nous n’avons dans les écrits que nous possédons de saint Irénée aucune citation de l’Épître aux Hébreux ou même de rapprochements à signaler. Or saint Irénée, dans son livre sur les hérésies, a cité toutes les autres Épitres de saint Paul, à l’exception de celle à Philémon. Cependant, qu’il ait connu et étudié l’Epitre aux Hébreux et s’en soit imprégné, cela paraît probable ; Zahn, Gesch. des neutest. Kan., i, p. 298, note 2, en donne la preuve, en citant de nombreux passages de saint Irénée, qui rappellent l’Épître aux Hébreux. Eusèbe, if. E-, vi, 20, t. xx.col. 573, nous apprend que dans son dialogue avec le montaniste Proclus, Caïus, prêtre de Rome, qui vivait au temps de Zéphirin, au commencement du ni a siècle, « mentionnait seulement treize Épitres de Paul, ne comptant pas l’Épitre aux Hébreux parmi les autres. Et jusqu’à nos jours il y en a parmi les Romains, Pio^aïoi, qui ne la regardent pas comme une œuvre de l’Apôtre. » Par Poinaîoi Eusèbe ne désigne pas seulement les chrétiens de Rome, mais les Latins. Rufin l’a traduit par apud Latinos — La position de l’Église d’Afrique à l’égard de l’Épître aux Hébreux est à peu près identique. Encore jusqu’à la fin du IVe siècle, tout en possédant un canon plus complet que celui de toutes les Églises d’Occident, elle ne reconnaissait que treize Épitres de saint Paul. Optât de Milève et tous les actes contre lesDonatistes ne s’appuient jamais sur cette Épitre. Saint Cyprien, et tous ceux dont on lui a attribué les écrits, ne citent jamais l’Épitre aux Hébreux ; il paraît l’exclure quand il dit que Paul écrivit à sept Églises. De exhort. niait., ii, t. iv, col. 668. Cette abstention s’explique par l’opinion que l’on avait en Afrique sur cette Épitre ; Tertullien nous la fait connaître. Dans son traité De padieilia, 20, t. ii, col. 1021, après avoir cité en faveur de sa thèse l’Ancien Testament, les Évangiles et tout l’ordre de bataille des Épitres de Paul, l’Apocalypse, la première Épître de Jean, il ajoute : Volo tamen ex redundanlia alicujus etiam comitis apostolorum testimonium superducere. Exstal enim et Bamabx titulus ad Hebrseos. Et utique receptior apud Ecclesias epistolà Barnabse illo apocrypho Pastore miechorum ; et il cite le chapitre vi, 1 et 4-8, et il ajoute : Hoc qui ab apostolis didicit et eum apostolis docuit nunquam mœcho et fornicatori secundam pœnitentiam promissam ab Apostolis norat. Optime enim legem interpretabalw et figuras ejus jani in ipsa veritate servabat. Ces derniers mots prouvent bien qu’il s’agit de notre Épître. On remarquera cependant que Novatien, qui enseignait qu’il n’y avait pas de deuxième pénitence pour lés Lapsi, ne s’est pas servi de cette Épitre pour établir son hérésie. Dans la controverse qui s’éleva au sujet des Lapsi, personne ne la cita, ce qui serait bien étonnant si on l’avait regardée comme paulinienne ou même canonique. — La vieille version latine est probablement originaire d’Afrique, dans sa forme la plus ancienne. Or on remarque que dans le Codex Claromontanus, qui représente le texte le plus primitif de cette version, la traduction de l’Épître est criblée de particularités de langage et d’inexactitudes. Le traducteur emploie des mots inusités, il adapte le latin à la forme grecque, il paraphrase, il méconnaît le sens ; bref, cette traduction n’est pas de la même main que celle des autres livres du Nouveau Testament et n’a pas subi la revision qui adaptait les autres livres à l’usage public, corrections grammaticales ou littéraires. Il ressort de la stichométrie de ce Codex qu’il attribuait cette Épître à saint Barnabe. On retrouve la même attribution dans la dixième homélie attribuée à Origène, dans la Revue biblique, 1899, p. 278. Sa position, en face des autres livres du Nouveau Testament, était donc spéciale. À la suite du grand mouvement que soûle

vèrent les hérésies ariennes dans l'Église, l’influence orientale se fit sentir en Occident et nous voyons dans les écrivains latins cet état d’indécision au sujet de l'Épître aux Hébreux se résoudre au Ve siècle par son admission parmi les Épîtres de saint Paul. Saint Jérôme nous dit quelle était au rve siècle l’opinion de l'Église latine. Comm. in Matth., xxvi, 8, t. xxvi, col. 192 : Nam et Paulus in Epistola sua quæ inscribitur ad Hebrseos licet de eamulti Latinorutn dubitent. Et Ep. cxxix, ad Dixrdan., t. xxii, col. 1103 : Quod si eam Latinorum consuetudo non recipit inter canonicas Scripturas et tamen nos utramque suscepimus nequaquam hujus temporis consuetudinem, sed veteram Scriptorum auctoritatem sequentes. Il semble donc que, sur ce point, saint Jérôme se sépare de la tradition latine pour suivre une autre tradition ancienne, probablement celle d’Alexandrie. Mais il n’y a pas, dans ses écrits, unité de vues sur la question. Il parle de l'Épître comme étant de saint Paul, sans faire aucune réserve, In Is., v, 24, vii, 14, t. xxiv, col. 202 ; puis il dit : « l’apôtre Paul ou qui que Ce soit qui a écrit PÉpltre, » ou bien : beaucoup de Latins doutent. In Matth., 26, t. xxvi, col. 199. Cependant l'Épître est utilisée comme paulinienne par saint Hilaire de Poitiers, De Trin., iv, 11, t. x, col. 104 ; Lucifer, De non conveniendo cwnx hssreticis, t. xiii, col. 782 ; Victorinus Afer, Pacianus, Faustinus, De Trin., 2, t. xiii, col. 61 ; Ambroise, De fuga ssec., 16, t. XIV, col. 557 ; Pelage ; Rufin, Symbol. Apost., 37, t. xxi, col. 374, etc. On ne la trouve pas commentée dans YAnibrosiaster. Philastre, évêque de Brescia, à la fin du IVe siècle, dit qu’elle n'était pas lue dans les églises ; Hser., 88, t. xii, col. 1199, ou du moins qu’elle ne l'était que dans quelques églises seulement. Ibid., 89, t. xii, col. 1200. En somme, il hésite ; il ne sait pas à qui il doit attribuer cette Épître : Sunt alii quoque qui Epistolam Pauli ad Hebrseos non asserunt esse ipsius, sed dicunt Barnabx apostoli aut démentis de Urbe Episcopi. Alii autem Lucse Evangelistse. La liste du Codex Mommseianus, écrit en Afrique, à la fin du IVe siècle, mentionne seulement treize Epîtres de Paul. Saint Augustin était aussi assez incertain sur l’auteur de l'Épître aux Hébreux. Dans son Inchoatio Exposit. Ep. ad Romanos, p. 11, t. xxxv, col. 2103, il laisse incertaine la question de canonicité. Il savait bien qu’elle n'était pas reçue en Occident, mais il accepte l’autorité des Églises orientales : ilagis me movet auctoritas Ecclesiarum orientalium quæ hanc Epistolam etiam in canonicis habent. De pecc. meritis et remis., i, 27, 50, ^. xli, col. 500. Ordinairement, il s’en sert comme d’une Épître de saint Paul. Cette indécision sur l’auteur de l’Epître se montre clairement dans les décrets des conciles d’Afrique de cette époque, et l’on voit la transition se faire entre une opinion et l’autre, probablement à la suite de discussions entre les membres du concile. Dans les conciles d’Hippone, en 393, et de Carthage en 397, sont déclarées canoniques : Pauli Apostoli Epistolse tredecim ; ejusdem ad Hebrseos una. Le deuxième de Carthage, 419, n’hésite plus et dit : Epistolse Pauli apostoli quatuordecim. Mansi, Concil., t. iii, p. 891 ; t. iv, p. 430. En février 405, le pape Innocent I er, écrivant à Exupère, évêque de Toulouse (Pair, lat., t. xx, col. 502), qui lui demandait quels livres il fallait tenir pour canoniques, dresse le canon du Nouveau Testament et y mentionne quatorze' Épitresde Paul. Le décret du pape Gélase est conforme à cette lettre, t. xlix, col. 158. C'était donc à ce moment la règle pour l'Église latine. En 360-370, l’authenticité paulinienne avait été officiellement décrétée au concile de Laodicée. Par suite des rapports plus fréquents entre les Eglises d’Orient et d’Occident, le mélange des traditions s’est donc opéré et, au commencement du ve siècle, tous acceptaient sans réserve la canonicité et l’authenticité paulinienne de l'Épître aux Hébreux. Au moyen âge, personne n’hésite sur ces deux questions. C’est au

xvie siècle gue les doutes renaissent avec le cardinal Cajetan et Érasme. Ce dernier en émet sur l’auteur et sur l’attribution à saint Paul. Cajetan, Comm. in Epist. Pauli, ad Hebrseos, Lyon, 1639, t. v, p. 349, cite saint Jérôme et conclut que l'Épître aux Hébreux ne peut être de Paul. Il va plus loin et affirme que le doute sur l’authenticité entraîne le doute sur son autorité canonique. Nisi Pauli esset Epistola non perspicuam esse ejus canonicitatem. C’est une erreur, car la canonicité n’est pas liée à l’authenticité. En effet, la canonicité de l'Épître aux Hébreux a été formellement reconnue par le concile de Trente, lorsqu’il déclare dans le canon des livres qu’il faut tenir pour sacrés et canoniques quatorze Épîtres de Paul apôtre, aux Romains…, aux Hébreux, etc. Remarquons que ce décret porte directement sur la canonicité seule. L’origine paulinienne de l'Épître n’est pas définie, quoique le décret porte : quatorze Épîtres de Paul, parmi lesquelles l'Épître aux Hébreux. Que les Pères du concile aient cru que cette Épître était de saint Paul, cela est certain ; ils n’ont pas même eu sur ce point les doutes qu’ils ont eus sur l’origine davidique des Psaumes et qu’ils ont exprimés par la formule plus générale de Psalterium Davidicum au lieu de Psalmi David. Aussi Melchior Cano a-t-il pu dire, De lotis theolog., ii, 11 : Quam hæreticum sit eam Epistolam a Scripturis sacris excludere, certe temerarium est (ne quid amplius dicamus) de ejus auctore dubitare quem Paulum fuisse certissimis testimoniis constat. Toutefois, comme les définitions de l'Église ne doivent pas être interprétées, mais acceptées dans leur sens strict, nous devons conclure que la question d’auteur reste ouverte à un certain degré. Le terme- « auteur » peut, d’ailleurs, être entendu dans un sens large ou restreint.

Les réformateurs, Luther en tête, rejetèrent l’origine paulinienne ; cependant, au xvii » et au xviiie siècles les protestants la reconnurent de nouveau. De nos jours, tous les rationalistes et la très grande majorité des protestants ne l’acceptent plus, Biesenthal et Kay exceptés. Les critiques catholiques croient en majorité qu’elle a eu Paul pour auteur, mais donnent à ce terme un sens plus ou moins large, depuis ceux qui tiennent l'Épître pour une traduction d’un original hébreu écrit par saint Paul, ou qui attribuent à un secrétaire seulement la forme du langage, jusqu'à ceux qui l’attribuent à un disciple de culture alexandrine, reproduisant librement les pensées de son maître. C’est à peu près l’opinion de M. Batiffol, Littérature grecque, in-12, Paris, 1897, p. 10. On dira plus loin à quel écrivain chacun attribue cette Épître.

il. caractéristiques internes. — La tradition primitive est, on vient de le voir, ou muette ou indécise sur le nom de l’auteur de l'Épître aux Hébreux. Quelques noms ont été mis en avant, plutôt comme des conjectures critiques que comme transmis par la tradition ; enfin saint Paul a fini par être déclaré l’auteur de cette Épître. Toutefois, on peut croire que c’est dans un sens large que l'Épître lui a été attribuée. L'étude des caractères internes va nous montrer à quel degré on peut maintenir cette tradition postérieure. Après avoir étudié la langue, les particularités historiques et la doctrine de l'Épître, surtout en comparaison avec saint Paul. les rapports de notre Épître avec les autres écrits du Nouveau Testament et l’Alexandrin Philon, nous résumerons les caractères que doit présenter l'écrivain et nous dirons quelques mots sur les auteurs proposés.

1° Langue de l'Épître. — Avant d’aborder l'étude de la langue, il faut d’abord nous demander si le texte grec, que nous avons, est l’original, ou s’il n’est qu’une traduction d’un original hébreu. Nous avons déjà vu que Clément d’Alexandrie, frappé de la différence de langue entre l'Épître aux Hébreux et les autres Épîtres de saint Paul, affirmait que l’Apôtre l’avait écrite aux

Hébreux en langue hébraïque, et que Luc l’avait traduite. C’était une conjecture critique et non une tradition ; la preuve, c’est qu’Origène proposa une autre solution du problème. Eusèbe, H. E., iii, 38, t. xx, col. 293, dit aussi que PÉpitre aux Hébreux a été écrite en hébreu et que la traduction en est attribuée par les uns à Luc, par les autres à Clément. Un certain nombre de Pères et d’écrivains ecclésiastiques ont accepté cette hypothèse : Théodoret, Euthalius, saint Jérôme, Primasius, saint Jean Damascène, Œcuménius, Théophylacte, Cosmas Indicopleustes. Grâce à saint Jérôme, elle fut adoptée par d’autres en Occident : Baban Maur, saint Thomas. Scripserat Paulus, dit saint Jérôme, De Vir. ill., 5, t. xxiii, col. 618, ut Hebrseus Hebrmis hebraice, id est suo eloquio disertissime ut ea qu& eloquenter scripta fuerunt in hebrseo eloquentius verterentur in grsscum et hanc causant esse quod a cxteris Pauli Epistolis discrepare videatur. Ce n’est encore qu’une conjecture. En fait, nous n’avons aucune trace documentaire d’un original hébreu de l’Épltre. Personne ne dit l’avoir vu et toutes les versions anciennes, syriaques, coptes, arméniennes, ont été faites sur le grec. Plus récemment, nous trouvons cette hypothèse, acceptée par Cornélius à Lapide, Noël Alexandre, Goldhagen et, de nos jours, par un certain nombre de critiques protestants et, parmi les catholiques, par Reith" mayr, Valroger, Bacuez. Les arguments sur lesquels on s’appuie ont été donnés par Michaélis : 1. Il y a plusieurs citations de l’Ancien Testament, qui n’ont aucune force probante, si l’on s’en tient aux Septante, et en ont, si l’on adopte le texte hébreu. Heb., xi, 21 ; i, 7 ; ix, 11, 23-24. — 2. Il y a dans l’Épître plusieurs passages difficiles à expliquer, parce que le traducteur a mal traduit, i, 2-11, 1, 9 ; iii, 3, 4, 5, etc. Berthold a répondu à cette argumentation. Pour nous, tenons-nous-en à l’exposition positive qui suffira pour prouver que le texte grec est bien l’original. L’étude de la langue prouve nettement que l’Épître a été écrite en grec. — 1° La pureté et l’élégance de la langue établibsent que nous avons ici une œuvre originale et non une traduction. Il suffit de se reporter à une traduction grecque d’un texte hébreu pour voir la différence : le mouvement de la phrase, la construction, l’agencement des propositions n’a rien de grec ; c’est de l’hébreu sous un vêtement grec. La construction de la phrase grecque en effet est essentiellement basée sur la subordination des propositions, tandis que celle de la phrase hébraïque est basée sur la coordination des propositions. Or, dans l’Épître aux Hébreux, la phrase, quoique teintée d’hébraïsme, est cependant d’un grec qui rappelle assez bien les écrits de ce tempslà. Les périodes abondent et l’on ne voit pas comment elles pourraient être une traduction d’un texte qui n’en avait pas. Qui pourrait croire que la belle période du premier chapitre vient de l’hébreu ? S’il fallait chercher à cette Épître des termes de comparaison, on les trouverait dans le livre de la Sagesse ou dans les écrits de Philon, lesquels sont des œuvres originales, sorties d’un cerveau juif, et non des traductions. — 2° Relativement d’ailleurs aux autres livres du Nouveau Testament, l’Épître aux Hébreux est assez pure d’hébraïsmes. On en trouve cependant assez pour que l’on soit obligé d’admettre que l’auteur était un Juif hellénisé. Voici les principaux hébraïsmes. — 1. Au point de vue grammatical : l’emploi d’un substantif au génitif, apposé à un autre pour tenir lieu de l’adjectif, i, 3, xffi panait " !  ; 8uvet|i£iûç aùxoû, la parole de sa puissance pour sa parole puissante ; IX, 5, x^pou^M- 86Et)c, Ie chérubin de gloire pour le chérubin glorieux ; iv, 2, 6 Xôyoç tïk cfooîjc, la parole de l’ouïe, de l’audition, pour la parole entendue ; v, 13, Xifoç Sdkxkntijvïiç,-la parole de la justice pour la parole juste ; vi, 1, etc. Les noms hébreux restent indéclinables, vii, 11 ; ix, 4, 5 ; xi, 30 ; xii, 22. Nous avons la construction à7to<rojvai àico, III, 12, au lieu du génitif ;

XaXeîv iv, i, 1, au lieu de 8tà ; Sy.wfit xati tJvoî, vi, 13, au lieu de l’accusatif ; xataTtoiveîv, qui est intransitif, construit avec ànâ, iv, 10 ; elvai eî ; ti, viii, 10, pour etvaé ti ; le pléonasme de éauTOÏç ou èv êavxotç avec exeiv, x, 34. Jamais un Grec n’aurait écrit : I, 2, lit’iafànov x<5v 7|{upùv Toiixuv, V, 7 ; Jv xaîç T|yipou ; tTJÇ aapxo’c avroû. — 2. Au point de vue lexicographique : Yeûofiai Savâxov, II, 9 ; arapii.a, ii, 16, dans le sens de postérité ; <ràp5 xecl a ?|ia, II, 14, pour signifier l’homme ; xâptv eûpïoxEiv, ry, 16 ; ôpioXovla, iii, 1, foi professée ; eôXoyîa, VI, 7, bénédiction ; èpY<xÇe<x8at Sixaiodiivrjv, xr, 33 ; pr, [xa, vi, 5, promesse ; è ! jepxo|i.<xc ê* ttjç ô<npôoç, vii, 5, pour signifier naître ; ’eSeîv Oivaxov, xi, 5 ; iteptitocuéto èv, xin, 9 ; èvtiîtiov ôeoû, xra, 21. Cette proportion d’hébraïsmes est insignifiante en comparaison de celle qu’on trouve même dans saint Luc, excepté dans la seconde partie des Actes des Apôtres. Il est certain que, si le texte avait été traduit de l’hébreu, on en aurait relevé un nombre beaucoup plus considérable. Ainsi, rien que dans le chapitre Ie * de saint Luc, qui est pour la longueur le cinquième de l’Épître aux Hébreux, j’en relève 25. — 3. On trouve des expressions grecques, dont on n’a l’équivalent ni en hébreu ni en araméen et qui ne pourraient être exprimées en hébreu que par des circonlocutions, ce qui prouve qu’elles proviennent d’une source grecque. On ne saurait comment traduire littéralement en hébreu : I, 3, àica.ifa(ry.a xr, ç S^Çrjç, « le reflet de sa gloire ; » liexpiorcafleïv, v, 2, « être dans de justes sentiments à l’égard de quelqu’un, compatir ; » SvxTcpinrivsuxoc, v, 11, « difficile à expliquer ; » EÎmepiVxotxo ; , xil, 1, « qui circonvient facilement, s et la phrase, XI, 1, Ttiaxi ; èXmÇojié’vtDv, ûîtôdxauiç îtpaYUa-rtiiv, cXeyxoç où [S).era>|jivwv. — 4. Il y a des assonances, des jeux de mots et des paronomases, qui seraient incompréhensibles et impossibles si l’original n’était pas grec : v, 8, e|ia6sv àf’ûv é’îtaOsv, « il a appris par les choses qu’il a souffertes ; » v, 14, xaXoO xe xai xaxoO, « ce qui est bien et ce qui est mal ; » vii, 19, è^y^ ^^ ! « nous nous rapprochons, » a, vii, 22, son relatif dans Ë-yyuo ?, « garant ; » vin, 7, a|A£|ijrco ;, « sans défaut, » dans viii, 8, (jiejiçô(jievo ;, « blâmant ; » ix, 28, rcpoævexŒU, « s’étant oifert, » danse ! ç xb àveveYxetv, . « pour porter ; » xiii, 14, eu nsvovi<rav, « qui ne demeure pas » est en opposition avec (iéùo’jo-av, « qui est à venir, a Citons encore : i, 1, tioXu-Hep £>ç-îtoXuxp<511(oi ;  ; II, 8, ôiroxâijai-àvvrao’TaxTov ; VII, 3, cHtâxup-àjr/jxtop ; vil, 23, itapaitâveiv-nsveiv ; ix, 10, èiti pp(i[i « o-( xa itô|iairt ; X, 29, ï)Yr]<x<z|AEvoc Èv & ï)Y’6’! r * ? l>e * c’Il est^ impossible de supposer que les deux langues, l’hébreu et le grec, aient permis un emploi aussi répété de la paronomase dans les mêmes phrases. — 5. Enfin, les citations de l’Ancien Testament sont toutes extraites des Septante, même quand Je texte grec n’est pas en accord avec l’hébreu. On pourrait supposer que le traducteur grec aurait fait cette adaptation au texte des Septante ; ce serait déjà étrange pour les cas où les textes ne sont pas concordants, mais la supposition devient fausse quand, par exemple, le raisonnement de l’auteur est basé sur un passage des Septante, qui est en désaccord avec l’original hébreu. Ainsi, x, 5, l’auteur cite le Psaume xxxix, 7, du texte grec : Siô xocl £Ï<TEpx<5|ievo{ eïç tbv x(S<j(j.ov Xéyet : Ousïkv xal Ttpoaipopàv oùx rfié-raa< ;, ffojp/x 8è xaxrjpxîffto (iot. « C’est pourquoi le Christ entrant dans le monde dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande ; mais tu m’as formé un corps. » Le raisonnement est celui-ci. Dieu n’a pas été satisfait des sacrifices mosaïques ; pour les remplacer il a donné un corps à son Fils de sorte que, x, 10, en vertu de cette volonté, nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ. Le raisonnement est basé sur cette proposition : aûiLa 5ï xecxTjfxisiû |aoi. Or le texte hébreu porte : « Tu ne désires ni sacrifice ni offrande, ’oznaîm kârita lî, tu m’as ouvert les oreilles. » Il est possible de voir comment du texte hébreu on est arrivé à celui des Septante ; mais, ce qui est certain, c’est que l’auteur raisonnait sur ce dernier et non sur le texte hébreu. En outre, en plusieurs passages, l’auteur sans faire de citations rappelle des faits, qui proviennent d’une mauvaise lecture des Septante. Ainsi, xt, 21, citant les Septante, il dit : Ἰακὼδ προσεκύνησεν, en s’inclinant sur le sommet de son bâton, ἐπὶ τὸ ἄκρον τῆς ῥάδδου αὑτοῦ. Or l’hébreu ἃ : « Israël adora en se tournant vers la tête de son lit. » La différence vient de ce que les Septante ont lu mattéh, « bâton, » au lieu de mittäh, a lit ; » il n’y a qu’une différence de voyelles. L’auteur ἃ même reproduit une faute de traduction, qui ne se retrouve que dans le Codex Alexandrinus. Ainsi, ΣΠ, 15, nous avons : Ἐπισχοποῦντες… μή τις ῥίζα πικρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῆ, « Veiïllant à ce qu’aucune racine d’amertume poussant des rejetons ne produise du trouble. » Or le Codex Alexandrinus, dans Deut., XxIX, 18, ἃ : μή τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα πιχρίας ἄνω φύουσα ἐνοχλῇ, tandis que le Codex Vaticanus, traduit exactement l’hébreu : μὴ τίς ἐστιν ἐν ὑμῖν ῥίζα ἄνω φύουσα ἐν χολῇ καὶ πικρία, « Qu’il n’y ait parmi vous aucune racine poussant des rejetons dans le trouble et l’amertume. » Il serait possible de citer encore d’autres exemples analogues. Il reste donc certain que le texte grec est le texte original.

Vocabulaire de l’Épitre.

1. Eu égard à la briéveté de l’Épitre, le vocabulaire en est particulièrement riche et offre des caractéristiques très marquées. Thayer compte dans cette Épître 168 ἄπαξ λεγόμενα ; cette proportion est considérable, puisque l’Épître aux Romains en contient seulement 1143 ; I Corinthiens, 110 ; IT Corinthiens, 99 ; Galates, 34 ; Éphésiens, 49 ; Colossiens, 38 ; Philippiens, M ; IThessaloniciens, 3 ; Il Thessaloniciens, 11, et Philémon, 5. Seules, les Épitres pastorales ont le même nombre d’ärat, soit 168. Mais l’Épitre aux Hébreux est approximativement plus longue d’un tiers. Ces ἄπαξ λεγόμενα se décomposent ainsi :

1. Mots spéeïiaux à cette lettre et inconnus soit au grec classique soit au grec biblique. Il y en ἃ 10 : ἀγενεαλόγητος, vil, ὃ ; αἱματεχχυσία, IX, 22 ; ἔχτρομος, XII, 21, dans les manuscrits N D, n’est pas dans les dictionnaires grecs, mais a été trouvé dans la 265 ligne de l’inscription d’’Hadrumète, découverte en 1890 et publiée par Maspero, Collections du Musée Alaoui, 1se série, 85 liv., Paris, 1890, p. 100 ; les manuscrits ACMr portent ἔντρομος ; εὐπερίστατος, xii, 1 ; θεατρίζειν, x, 33 ; Polybe a ἐχθεατρίζεϊν ; μέσθαπο- δότης, XI, 6 ; μισθαποδοσία, Ir, 2 ; πρόσχνσις, XI, 28 ; συγ- χαχουχεῖν, XI, 25 ; τελειωτής, XII, 2. Quelques-uns de ces mots ont dans le grec classique des similaires, provenant de mêmes racines. —

2. On trouve aussi dans cesse Épitre 92 mots du grec classique, qui ne se rencontrent ni dans les Septante ni dans le reste du Nouveau Testament, ce qui prouve assez bien la culture classique de l’auteur. Citons : ἀκλινής, X, 23 ; ἀλυσιτελής, x, 17 ; ἀναλογίζεσθα :, XII, 3 ; διόρθωσις, IX, 10 ; évo- ὀρίζειν, X, 29 ; εὐαρέστως, XI, 28 ; συμπαθεῖν, 1V, 15 ; ὑπείκειν, XIII, 17, etc. —

3. Dix-huit autres mots, inconnus aux Septante et au Nouveau Testament, se trouvent dans les auteurs de la littérature grecque contemporaine ou postérieure : ἀθέτησις, VIL, 18 ; ἀκατάλυτος, VII, 16 ; ἀφορᾶν, XII, 2 ; δυσερμήνευτος, ν, 11 ; εὐποιΐα, χπι, 16 ;. μετριοπαθεῖν, ν, 2 ; πολυμερῶς, πολυτρόπως. s. ꝟ. ; τυμπανΐζειν, XI, 35 ; ὑποστολή, x, 39, etc. —-—

4. Soixante-quatorze mots employés par les auteurs classiques et les Septante se retrouvent ici seulement et non dans les autres livres du Nouveau Testament : αἴγειος, χι, 37 ; αἴτιος, V, 9 ; διάταγμα, χι, 18 ; εὐλάδεια, ν, 7 ; κατάσκοπος, XI, 31 ; φοθερός, Σ, 25 ; xapaxtip, 1, 3. —

5. Treize mots post-classiques, mais employés dans les Septante, se retrouvent ici et non dansile Nouveau Testament : ἀγνόημα, 1x, 7 ; αἴνεσις, XIII, 15 ; λειτουργικός, τ, 14 ; ἀπαύγασμα, I, 2 ; ὁρχωμοσία, V, 2 ; πρωτοτόχια, XII, 16. —-— 6. On remarquera les préférences de cet écrivain pour les mots composés ; ils sont trés nombreux dans cette Épitre, | beaucoup plus que dans un livre quelconque du Nouveau Testament. La où saint Paul a l’expression simple, l’Épistre a un mot composé : μισθαποδοσία, 11, 2 = I Cor., πὶ, 8, μέσθος ; ἡ συντελεέα τοῦ αἰώνος, ΤΣ, 96 — I Cor., x, 11, τὸ τέλος τῶν αἰώνων ; συνεπιμαρτυρεῖν, π, 4 = Gal., v, 3 ; μαρτυρεῖν ; ἔν δεξιᾷ τοῦ θρόνον τῆς μεγαλωσύνης, VHI, 1 = Col., πὶ, 1, ἐν δεξιᾷ τοῦ θεοῦ ; ἀναλογίζεσθαι, XIL, 3 = λογίζεσθαι, Rom, iii, 8,

II. Si maintenant nous comparons le vocabulaire de l’Épitre avec celui de saint Paul nous relevons 292 mots étrangers aux écrits pauliniens. Il est vrai que 462 de ces mots s’y retrouvent à l’état composé à l’aide d’une préposition. Pour les 130 autres, à part quelques-uns, dont saint Paul n’a pas eu à se servir, parce qu’ils se trouvent dans des citations ou se rapportent au culte mosaïque, la plupart d’entre eux étaient d’usage courant et saint Paul les aurait utilisés, s’il les avait connus. Voici quelques observations sur les ressemblances et les différences entre le vocabulaire de l’Épitre aux Hébreux et celui des Épîtres de saint Paul.

1. Emploi des particules.

L’emploi des particules, conjonctions et prépositions, est une des caractéristiques les plus-nettes d’un style. Or saint Paul emploie εἴ. τις 50 fois ; εἴτε, 63 fois ; εἴ πως, 3 fois ; πότε, 9 fois ; € Era, 6 fois ; εἰ δὲ καὶ, 4 fois ; εἴπερ, 5 fois ; ἔχτος et μή, 8 fois ; εἴγε, 5 fois ; μή πῶς, 12 fois ; μηκέτι, 740 fois ; μὲν οὖν γε, 3 fois ; l’Épitre aux Hébreux n’emploie jamais ces conjonctions ; ἐάν qui se trouve 88 fois dans saint Paul n’est employé que 2 fois dans l’Épître aux Hébreux, si-l’on en excepte & fois dans les citations. Comme composé de εἰ, l’Énstre aux Hébreux ne connaît que εἰ μήν 1 fois, ur, 8, contre 98 fois dans saint Paul ; εἰ καὶ, 16 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., vi, 9 ; εἰ οὐ, 1 fois, χη, %5, contre 16 fois dans saint Paul ; ὅταν, 23 fois dans saint Paul, n’est qu’une fois dans Heb., 1, 6 ; ὄτε, 20 fois dans saint Paul, 2 fois dans Heb. ; ὥστε, 39 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb. ; μηδείς, μηδέ, 29 fois dans Paul, 2 fois dans Heb. ; πῶς, interrogatiꝟ. 40 fois dans Paul, À fois dans Heb. Mais ὅθεν, employé 6 fois et ἐάνπερ 8 fois dans l’Épitre aux Hébreux, sont inconnus à saint Paul ; διό est employé relativement 2 fois plus dans Heb. que dans saint Paul. L’usage des prépositions est très différent chez les deux écrivains. L’Épitre aux Hébreux préfère ἀπό, κατά, μετά, παρά, περί ; saint Paul διά, ἐχ, σύν, inconnu à Heb., ὑπέρ, ὑπό ; παρά avec l’accusatif, uni à un comparatif, fréquent dans Heb. et dans le grec classique, ne se trouve jamais dans saint Paul ; ὑπέρ avec la même construction, une fois dans Heb., , jamais danssaint Paul. —

2. Formules de rhétorique.

L’Épitre aux Hébreux ne connaît pas les formules de rhétorique ::τί οὖν, τί γάρ, ἀλλ᾽ ἐρεῖ τις, μὴ γένοιτο, ἄρα οὖν, οὐκ οἴδατε, familières à à saint Paul, et se sert des formules : ὡς ἔπος εἰπεῖν, ete τὸ διηνεκές, χαθ᾽ ὅσον, étrangères à saint Paul. —

3. Emploi des verbes et des cas.

Il y a quelques différences à signaler. L’Épitre aux Hébreux emploie καθίζω intransitivement, 1, 3 ; saint Paul dans un contexte semblable Pernploie transitivement, Eph., 1, 20. Heb. emploie χοινωνεῖν avec le génitif de l’objet, π, 14 ; saint Paul avec le datif de lo objet, Rom. ΧΗ, 43 ; xv. 27 ; Gal., vi, 6, etc. Heb. dit : εἴρειν πρὸς τίνα, 1, 13. Saint Paul se sert du datif de l’objet, Rom. 1x, 12 ; Gal., πὶ, 16. Heb. ἃ κρατεῖν avec le génitiꝟ. 1v, 14, saint Paul avec l’accusatif, Col. τ, 49. Heb. ἃ καταδαλλεῖν θεμέλιον, 11, 4, saint Paul dit : ἰσθάναι θεμέλιον, IT Tim, It, 19, τιθέναι θεμέλιον ; I Cor., ΠῚ, 10, οἰκοδομεῖν θεμέλιον, Rom., ἀν, 20. — 4, Tournures ei mots spéciaux à l’Épitre aux Hébreux. — Nous trouvons dans l’Épitre aux Hébreux de nombreuses tournures de phrases, qui lui sont absolument spéciales : διαφερώτερον ὄνομα κληρονομεῖν, I, 4 ; εἶναι εἰς πατέρα, 1, 5 ; ἀρχήν λαμβάνειν λαλεῖσθαι, 11, ὃ ; προσερχέσθαι θρόνῳ χάριτος, νι, 16 ; χεχωρισμένος ἀπὸ τῶν ἀμαρτολῶν, VI, 26 ; χρείττων, employé Il fois dans Heb. dans le sens de : « le plus

excellent, » n’est qu’une fois dans saint Paul, I Cor., xii, 31, et encore, dans les meilleurs manuscrits, il y a tietÇaw ; irpo<rcpx£<x8ai xû 8ew, 5 fois dans Heb. ; 1 fois seulement dans saint Paul et encore dans I Tim., VI, 3, où le texte est douteux ; des manuscrits lisent irpopé^ETai ; 06Ôç Cûv, iii, 12 ; Çûv h ï.6foz, iv, 12, se trouvent 6 fois dans Heb., jamais dans saint Paul ; teXeiom, 9 fois dans Heb. pour signifier « rendre parfait, atteindre à la perfection », une fois dans Philippiens, iii, 12, dans le sens d’être parfait ; saint Paul emploie de préférence ôixcuow. Le groupe : xXT)povo|jié(i>, xXïipovojiia, très fréquent dans Heb., l’est beaucoup moins dans saint Paul ; tepeûç est 14 fois et àp-/iepey « 17 fois dans Heb., jamais dans saint Paul. — 5. Nous avons certains mots très caractéristiques de la langue de Paul que PÉpître aux Hébreux ne connaît pas : sjayYÉXiov, pour signifier la révélation de Dieu par Jésus-Christ, employé 69 fois par saint Paul, ne l’est jamais par l’Épître aux Hébreux ; tù.arntkiÇouu.jtoujours employé par Paul à la voix moyenne, ne l’est que 2 fois par Heb., iv, 2, 6, à la voix passive et non dans le sens particulier de saint Paul ; xaTspyâïojias, 21 fois dans saint Paul ; jamais dans Heb. Muffx^ptov, tcXy)P(5(ù, oixoSou.éb), 61xaioo>, sont inconnus à l’Épître aux Hébreux ; le groupe de mots : àYaitâw, aYâro), àvaroixoc, fréquents dans saint Paul, 135 fois, est représenté 2 fois dans Heb. par àyaitâw et encore dans des citations, 1 fois par àyâit » ) et 1 fois par àfanrjtéç ; le groupe : àlrfizia, àVi)6ï)c, àXïiôeiw, 55 fois dans saint Paul, 3 fois seulement dans Heb. ; àîrôoroXoç, 1 fois dans Heb. et s’appliquant à Jésus-Christ, 34 fois dans saint Paul à son sens ordinaire. Le groupe xau-/ao|j.at, xaûxisi » ) 58 fois dans saint Paul, 1 fois dans Heb. Le groupe : çpovâ », çp<5vï)[i.a, 31 fois dans saint Paul, inconnu à Heb. L’optatif a, on le sait, à peu près disparu du Nouveau Testament ; on l’y trouve 66 fois seulement et, feit caractéristique, il est 28 fois dans Luc, 32 fois dans saint Paul et 1 fois seulement dans Heb., xiii, 21, et encore vers la fin du ch. xiii, qui, d’après quelques-uns, a été ajoutée par Paul, ce qui tendrait à prouver que l’auteur ne peut être un Alexandrin, car il saurait mieux employer les tournures grecques. — 6. Certains mots sont employés par Paul et par l’Épître aux Hébreux, mais différemment. On a signalé en particulier : ulo’; coO ©£oû, xXir)pov(Sfi.oç, ÛTt&crracTiÇi Tâ£ic, &PY<>v>e t c ->e * sur " tout ittaxiç. Signalons aussi la manière dont Jésus-Christ est appelé soit dans saint Paul, soit dans l’Épître aux Hébreux. Saint Paul, en parlant de Notre-Seigneur, ajoute presque toujours au nom de’IïjctoOç celui de Xptffrôç ou de Kupioç : ’Iï)(xoûç XpKxxoç, Xpio"ro’ç’Iï](To*jç, 6 KiSptoç’I^o-oO ? ; une fois sur trente, à peu près, il dira’Itjooûç tout seul. Dans l’Épître aux Hébreux la proportion est renversée ; presque toujours, neuf fois sur treize, on a’I^o-oûç seul et trois fois’It, <joûi ; Xpiax6ç ; une fois Kupioc ï)Si.wv’Ii)<ro5c. Les épithètes que saint Paul et Heb. ajoutent au nom de Jésus ou de Jésus-Christ sont différentes. Paul se sert de Kupioç xptfifo, êîxæoç (épithète donnée à Dieu par Heb., xii, 23), uiôç upwrdxoxoç, irpwtdToxoç "zr^ç xTi’asoiç, Tcpedxoi èx vExpôiv, êeuTepoç avOpwrco ;, [itakffi Beoû xat âvôptiîcwv, xEça>7) icâ<7r|ç « pxle *<**’s50u « Ji’o{. L’Épître aux Hébreux emploie les suivantes : Xpio-ro ; uM ; èiti-rov otxov, àpytepeiç, àp^iepE’Jç àfioXuyia ;, àizàazokos, (ieoÎtt)Ç.Sto&rpait, « PXIY^î o-(i>T<)ptaç, àp-/T)Y<i ; merrew ;, xX71pov<Su.oi ; iravTwv, âitayyaatia ZiXrfi xa : xapax-njp Tr, ? ûitoarâffetûc aOxoO. — 7. Il faut relever cependant un certain nombre d’expressions caractéristiques, communes à Paul et à l’Épître aux Hébreux : VEvexpw|tÉvo « , employé en parlant d’Abraham, Rom. rv, 19 = Heb., xi, 12 ; xaTapyéw, Heb.,-n, 14, employé dans le même sens que 1 Cor., xv, 26 ; II Tim., i, 10 ; icEpeffo-OTÉpu ; dix fois dans Paul, deux fois dans Hébreux et jamais dans les autres livres du Nouveau Testament ; vvvt dix-huit fois dans Paul, deux fois dans Hébreux, jamais ailleurs, excepté deux fois dans les Actes, dans

des discours de saint Paul. De même, xaOzrcep onze fois dans Paul, une fois dans Hébreux, jamais ailleurs. L’emploi du pronom indéterminé tîveç pour désigner une multitude est le même dans Rom., iii, 3 ; I Cor., x, 7, 10, et dans Heb., iii, 16 ; x, 25. Holtzmann a soutenu à grands renforts de textes qu’il y avait dépendance littéraire entre l’Épître aux Hébreux et les écrits de saint Paul. Voici les rapprochements les plus saillants :

Heb., ii, 10 =

Rom., xi,

36 Heb., ii, 4

ICor.

i xii, 4

m, 6

V,

12

7-11

vi, 12

IV,

13

n, 8

XV, 27

IV,

20

n, 10

vin, 6

x, 38

i,

17

n, 14

xv, 26

xi, 26 j

m, 7-19

j

xiii, 13 !

XV,

3

xii, 18-25

|

x, 1-H

xii, 14

XII,

18

xii, 4

IX, 24 ;

XIV,

19

x, 13

xiii, 1

xii,

10

V, 12

in, 2

xiii, 2

XII,

13

XI, 1

xv, 19

xiii, 9

XIV,

3

v, 14

H, 6

H cite aussi d’autres points de comparaison avec la seconde Épître aux Corinthiens, les Galates, les discours de saint Paul dans les Actes, l’Apocalypse, les Évangiles de Matthieu et de Luc. Nous avons comparé plusieurs de ces passages et nous nous sommes persuadé qu’il n’y avait certainement pas eu copie, car ces mots identiques entrent d’ordinaire dans des. phrases où la pensée exprimée n’est pas la même. Faut-il expliquer ces ressemblances de mots en attribuant la lettre à saint Paul ou en admettant que l’écrivain vivait dans la société intime de l’Apôtre et l’avait souvent entendu parler, ou bien qu’il possédait ses lettres et s’en était nourri ? Ou ne faut-il y voir rien autre chose que des analogies de mots, qui s’expliquent par la pauvreté du dictionnaire chrétien, par la communauté de l’enseignement et l’emploi d’un même livre sacré ? On peut choisir. La conclusion que l’on doit tirer de l’étude du vocabulaire d’un écrit ne peut être très affirmative, parce que les mots employés dépendent du sujet qui y est traité, et varient suivant la question. Cependant les divergences entre le vocabulaire de saint Paul et celui de l’Épître aux Hébreux sont trop considérables pour qu’on puisse admettre identité d’écrivain.

Style de l’Épître.

Quiconque a lu une page de

l’Épître aux Hébreux a été frappé par les caractères très particuliers du style. L’auteur était certainement un habile écrivain. Le style est très soigné et montre l’effort qui a été fait pour que tout soit fini. Tout y est arrangé avec art : l’ordre des mots, les incises, les parenthèses. Le discours coule facilement et ne présente pas ces à-coups et ces tournures embarrassées des écrits de saint Paul. Les longues périodes sont balancées exactement avec beaucoup d’habileté ; les proportions en sont régulières et les membres s’appellent et se répondent mutuellement. Voir par exemple : i, 1-4 ; ii, 2-4 ; 14-18 ; vi, 1-2 ; vii, 20-22, 23-25, 26-28 ; ix, 23-28 ; xii, 1824, et toute cette admirable péricope, xi, 1-xii, 3 qui est un des plus nobles et des plus majestueux développements du Nouveau Testament. C’est de la rhétorique la plus ample et la plus classique. La beauté des pensées est admirablement soutenue par la grande allure du style. Blass, Grammatik des Neut. Griechisch, p. 274, analyse les versets 1-4 du ch. I er, montre que la période y est conforme aux règles de la plus pure rhétorique et il ajoute : « Le reste de l’Épître est composé dans un style aussi coulant et d’une aussi belle rhétorique ; l’œuvre, tout entière, spécialement en ce qui regarde la composition des mots et des sentences, doit être tenue pour un morceau de prose artistique. Paul, au contraire, ne prend pas la peine qui est requise pour un style si soigné ; aussi, malgré toute son éloquence, les périodes artistiques ne se rencontrent pas dans ses écrits. » P. 290, il dit encore : « L’Épître aux

Hébreux est le seul écrit du Nouveau Testament qui, dans la structure des sentences et du style, montre le soin et l’habileté d’un écrivain artiste, et le seul où soient évités les hiatus, qui n’étaient pas admis dans la bonne prose classique. » Ainsi, XII, 7, icaiSeusi toxttip, sans l’article ; xii, 14, oi x<ope oiSeîç, au Heu de x<*pU g3 o-j8sîç. 11. ne les a pas tous évités cependant ; ainsi I, 1, TOtXai 6 8eôç, il aurait pu supprimer l’article ; ii, 8, a jtw âvvmfoax-tov àuxû est pléonastique, etc., voir Blass, loc. cit., p. 291. Le rythme oratoire est si bien gardé qu’il est facile de trouver dans cette Épitre des propositions formant des vers : xii, 13, x « ’t tpoxiàç ôpôàç itourjoaTE toïç noaiv û(j.wv est un hexamètre ; puis, 14 et 15, on a deux trimètres : oi j( w P’Ç oyîecç oifiE-tai tôv K’jpiov — èm^xoiroîvxeç ynr, xtç, etc. ; au commencement on a deux senaires de suite : icoXu^epôç, etc., et èir’èa^âfou, etc. Voir encore, i, 4 ; xi, 27 ; xii, 2, etc. Blass, loc. cit. L’écrivain emploie tous les artifices du style : les interrogations, xi, 32, les renvois, vii, 4 ; xii, ll (5wato<jijvTi ;) ; xii, 23 (©sw) ; les parenthèses explicatives, xii, 17, 21, 25 ; xiii, 17 ; les expressions figurées y sont vives et expressives, iv, 12 ; la parole est un glaive, vi, 7-19 ; l’ancre de l’espérance, xi, 13, etc., voir Westcott, The Epistle to the Hebrews, p. xl viii ; Bovon, Théologie du Nouveau Testament, t. ii, p. 391, a donc pu dire : « Si Paul est un dialecticien incomparable, le rédacteur de l’Épltre aux Hébreux a plutôt les qualités d’un orateur, riche et profond assurément, mais qui ne néglige pas non plus les effets de style et la recherche du beau langage. » Le plan de l’ensemble est bien déterminé et tout converge régulièrement au but ; chaque partie de l’argumentation découle logiquement de ce qui précède. L’auteur, au lieu du style passionné de l’Apôtre, a un style tranquille et d’une éloquence polie. Il aime à employer les figures de rhétorique, telles que la protase et l’apodose, qui contribuent à l’arrondissement de3 périodes ; il a soin de les relier par (iév et 5s : ii, 2-4 ; ix, 13-14. Les anocoluthes, si fréquentes dans saint Paul, sont ici très rares ; on pourrait dire presque absentes. Même dans les cas où, le plus ordinairement, saint Paul les emploie, l’Épltre aux Hébreux les évite. Ainsi, lorsque, dans une longue phrase, il y a des sentences, qui forment des espèces de parenthèses, Paul oublie souvent la construction primitive pour passer à une autre. L’Épître aux Hébreux, malgré la complication de la phrase et les parenthèses, maintient l’identité de construction. Voir vil, 20-22 ; v, 7-10 ; xii, 1-2. Le plus remarquable exemple est le passage, xii, 18-24, où malgré une longue parenthèse, xi, 20-21, qui en enfermait une plus courte, ꝟ. 21, la construction primitive est reprise au ꝟ. 22. La différence la plus caractéristique entre cette Épitre et celles de Paul est dans ce fait que les écrits de l’Apôtre sont plus strictement dialectiques, polémiques, tandis que dans l’Épltre aux Hébreux dominent la rhétorique et le développement oratoire. Cela ressort de l’ensemble, mais surtout des passages suivants : xii, 18-24 ; x, 19-25, x, et surtout xi-x.ii, 3. En outre, saint Paul, dans son argumentation, utilise tous les genres de preuves : métaphysiques, psychologiques, morales ; il essaye de pénétrer dans les profondeurs du mystère ; la preuve scripturaire n’est pour lui que l’appoint de la démonstration. L’auteur de l’Épître aux Hébreux procède autrement : il démontre à l’aide des textes 3cripturaires ; il les allégorise, il ne va pas plus loin. Enfin, saint Paul ne mélange pas les exhortations morales à l’exposé dogmatique. Le corps de sa lettre traite d’abord la thèse qu’il veut démontrer, et c’est lorsque sa démonstration est achevée, qu’il tire les conséquences pratiques. Tout autre est la marche de l’Epître aux Hébreux. Les exhortations morales sont intimement mélangées à l’exposé dogmatique. Dès que l’écrivain a prouvé une partie de sa thèse, il en tire les conséquences morales. Voir iii, 12-rv, 16 ; v, 11-vi, 12. A remarquer aussi l’habileté des transitions dans l’Épltre

aux Hébreux. Rien de brusque, rien de heurté ; on ne voit pas les soudures. Qu’on examine par exemple : i, 1-5, la transition du préambule au sujet ; iv, 14-v, 1, le retour au sujet après une digression morale ; ix, 9-12, la transition du sanctuaire aux sacrifices. — Malgré les différences de procédé entre Paul et Hébreux il y a lieu de signaler quelques ressemblances dans l’emploi des figures de rhétorique. La parole de Dieu est un glaive : Eph., vi, 17 = Heb., iv, 12 ; ceux qui ne sont pas encore parfaits sont nourris de lait, parce qu’ils ne peuvent supporter les aliments solides : I Cor., iii, . 1 = Heb., v, 13, 14 ; ce sont des enfants : I Cor., iii, 1 = Heb., v, 13, à qui l’on doit enseigner les éléments de la foi : Gal., iv, 9= Heb., v, 12 ; Paul emprunte ses comparaisons aux combats : I Cor., ix, 24 ; Col., ii, 1 ; Phil., i, 30 ; de même Heb., xii, 1, 4, 12, 13 ; iv, 1 ; v, 10 ; aux édifices : I Cor., iii, 10, 11, de même : Heb., yi, 1, à l’agriculture : I Cor., iii, 6-8 ; de même Heb., vi, 7, 8.

Citations de l’Ancien Testament.

Les citations

de l’Ancien Testament se présentent dans l’Épître aux Hébreux d’une façon toute particulière. — 1. Nombre de citations. — On compte 29 citations directes et littérales de l’Ancien Testament : quatre sont empruntées à la Genèse : vi, 2 = Heb., iv, 4 ; xxi, 12 = xi, 18 ; xxii, 16 = vi, 13 ; xiv, 17 = vii, 1 ; trois à l’Exode : xix, 12 = xii, 20 ; xxiv, 8 = ix, 20 ; xxv, 40 = viii, 5 ; une aux Nombres, xii, 7 = iii, 1 ; quatre au [Deutéronome, xxxi, 6, 8 = xiii, 5 ; xxxii, 35 = x, 30 ; xxii, 36 = x, 30 ; xxxii, 43 = 1*6 ; une au IIe livre des Rois, vil, 14==i, 5 ; une à lsaïe, viii, 17 = ii, 13 ; une à Jérémie, xxxi, 31 = viii, 8 ; une à Aggée, ii, 6 = xii, 26 ; une à Habacuc, II, 3 = x, 37 ; onze aux Psaumes, ii, 7 = i i, 5 ; viii, 5 = ii, 6 ; xxii, 22 = ii, 11 ; xl, 6 = x, 5 ; xlv, 6 = i, 8 ; xcv, 7 = iii, 7 ; eu, 25 = i, 10 ; civ, 4= i, 7 ; ex, 1 =i, 13 ; ex, 4 = v, 6, 10 ; cxviii, 6 = xiii, 16 ; une aux Proverbes, iii, 11 = xii, 5. — Westcott, Epistle to the Hebrews, p. 471, signale dans l’Épître aux Hébreux 47 réminiscences de l’Ancien Testament ; 33 se rapprochent des livres du Pentateuque, 7 d’Isaïe, 1 de Daniel, 1 d’Osée, 2 deZacharie, 2 des Psaumes et 1 des Proverbes. Il n’y a, on le voit, aucune citation ou réminiscence extraite des deutérocanoniques. Cependant, les passages 35-37 du ch. XIe semblent inspirés par les événements, racontés aux ch. vi et vu du second livre des. Machabées. — 2. Formules d’introduction. — Toutes les citations sont anonymes, et aucun nom d’auteur n’est donné, tandis que saint Paul, assez souvent, nomme l’auteur de la citation : vauiS Xéyst, Rom., IV, 6 ; xi, 9 ; ’Ho-aia ; Xéyst, Rom., x, 16 ; Moya-rje Xéyet, Rom., x, 19 ; èv’HXîa tê Xêyei r ; yçceç^, Rom., xi, 2, etc. Une caractéristique très spéciale des citations de l’Ancien-Testament dans l’Épître aux Hébreux, puisqu’on ne la retrouve que très rarement dans saint Paul ou dans les autres livres du Nouveau Testament, c’est que Dieu est présenté comme celui qui parle : I, 1, jtiXai 6 ©eôc XaXTJoaç toïc iraTpâoiv èv toïc icpoçriTatç èXâXr)aev iyXv. Les citations, que fait l’auteur, sont des paroles de Dieu : cf. i, 5, 7 ; v, 5, etc. Deux fois des paroles sont attribuées au Christ, ii, 12-13 ; x, 5, et deux fois au Saint-Esprit, iii, 7 ; x, 15. Certaines citations sont données comme paroles de Dieu, qui n’en sont pas / directement, puisque, dans les passages visés, l’écrivain parle en son propre nom et de Dieu à la troisième personne, iv, 4-8 ; x, 30 ; ii, 13. Lorsque saint Paul attribue une parole à Dieu lui-même, c’est bien une parole que Dieu a prononcée. II Cor., yi, 2 ; Rom., ix, 15-25. D’ailleurs, les citations de Paul n’ont pas d’ordinaire ce caractère d’attribution à Dieu ; l’Apôtre emploie des formes générales telles que : xotôùc yéypa7rrai, eu ; yéypaxro », yéypairrat yôp, Xéyei ï] ypïçirj, Iv tû> vôliù yéypaictat, & Xiyoç o yeypajinévoç, xaTa tô eipripévov, 6 vpioç eXeysv, etc. La formule la plus ordinaire de citation dans le Nouveau Testament, c’est yifpamai. Saint Paul, seul, l’em

ploie trente et une fois ; une seule fois l’Épîtreaux Hébreux introduit une citation par fifpamai- — 3. Nature des citations. — Quinze citations s’accordent avec les Septante, lesquels, en ces passages, s’accordent avec le texte hébreu ; huit s’accordent avec les Septante, lesquels, en ces passages, diffèrent du texte hébreu, iv, 4 ; x, 5-10 ; m, 7 ; i, 10 ; xii, 5 ; viii, 8 ; x, 37 ; xii, 26 ; vi, 13 ; ix, 20 ; x, 30. Trois sont des citations libres, reproduisant le sens seulement : xii, 20 ; xiii, 5 ; i, 6. Ceci prouve que le rédacteur de l’Épître aux Hébreux tenait les Septante pour le texte sacré, faisant autorité, et que, très probablement, il ne savait pas l’hébreu. — o) Saint Paul cite d’ordinaire, d’après les Septante, lorsqu’ils s’accordent avec le texte hébreu, mais plus ou moins textuellement, car il ne paraît pas avoir son manuscrit sous les yeux ; quelquefois, il garde les Septante, même lorsqu’ils différent du texte hébreu ; en quelques passages, tout en gardant les Septante, il les a corrigés d’après le texte hébreu ; enfin, en trois passages : Rom., ix, 9 ; x, 14 ; I Cor., iii, 19, il a traduit de l’hébreu un peu librement, mais contre les Septante. — 6) Saint Paul cite les Septante d’ordinaire d’après un texte qui rappelle celui du Vaticanus, quelquefois celui de YAlexanr drinus. Dans l’Épître aux Hébreux, la proportion est renversée : VAlexandrinut est d’ordinaire employé ; quelquefois seulement le Vaticanus. Cette observation de Bleek, Der Brief andie Hébràer, t. i, p. 369-375, n’estpas cependant indiscutable, car elle porte sur un trop petit nombre d’exemples.

Particularités historiques.

Nous ferons ressortir

dans la conclusion les caractéristiques de l’auteur de l’Épttre aux Hébreux, telles qu’elles se dégagent de l’ensemble des recherches ; remarquons seulement, pour le moment : 1. que l’auteur est un esprit calme, modéré, plein de mesure et porté à la paix. Il dit froidement les choses les plus fortes ; voir vi, 4-8 ; x, 31. — 2. Paul n’aurait pu écrire, semble-t-il, le passage de ii, 3 : « Comment échapperons-nous, si nous négligeons le salut qui, dès le commencement, annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu ? » L’auteur distingue ici deux prédications de la foi ; la première, annoncée par le Seigneur, ne lui a pas été faite, ni à lui, ni à ses lecteurs, et la seconde, qui a été la reproduction de la première, a été donnée par les disciples de Jésus ; c’est cette dernière prédication qu’il a entendue. Or, nulle part, Paul ne dit qu’il a été instruit par les Apôtres ; tout au contraire, il se réclame d’une révélation directe, qui lui aurait été faite par le Seigneur. La première partie de l’Épître aux Galates, i-m, est tout entière consacrée à établir l’indépendance apostolique de Paul et son égalité avec les premiers Apôtres ; il ne leur est inférieur en rien. Dans la deuxième £.pître aux Corinthiens, xi, 22, il déclare qu’il est plus ministre du Christ qu’eux. Ne serait-ce pas cependant le cas dans l’Épître aux Hébreux de revendiquer plus hautement que jamais son indépendance apostolique, puisqu’il écrivait à des Juifs, qui le tenaient plus ou moins en suspicion ? Saint Paul n’aurait-il pas dû faire ici une allusion personnelle à ses rapports avec l’Église de Jérusalem ou avec les communautés judéo-chrétiennes ? N’eût-ce pas été un argument puissant si l’auteur avait pu se dire directement enseigné par Jésus-Christ ? surtout dans une question où il s’agissait de démontrer l’infériorité d’une institution établie par Dieu. Si l’auteur avait pu dire qu’il tenait de Jésus-Christ, Comme Paul l’a fait en certaines occasions, que la loi ancienne était abrogée, l’argument eût été décisif. Ce pluriel : « la foi nous a été confirmée, » ii, 3, pourrait, il est vrai, être un pluriel oratoire, et nous accepterions cette interprétation, si, en quelque autre passage,-l’écrivain avait revendiqué une autorité apostolique quelconque. Or, il n’en est rien ; au contraire. Il ne se donne nulle part le titre d’apôtre ; la suscription ordinaire dans les lettres de Paul, où est

toujours ce titre d’apôtre, est absente ; il parle, non comme un apôtre, mais comme un frère à ses frères. « Je vous supplie, frères, de supporter ces paroles d’exhortation, » xiii, 22. Reconnaissons que Paul appelle souvent ses lecteurs : àîeXçof, mais en maintenant en d’autres passages son autorité apostolique. — 3. Remarquons encore quelques détails : — a) Contrairement à l’usage constant des Épitres de Paul, cette lettre n’a point de suscription, ni d’adresse, ni de souhaits de paix et de grâce, ni même de compliments sur la foi et la charité de ses lecteurs, assez ordinaires dans lesÉpîtres de Paul ; bref, aucun des moyens de captatio benevolentise qu’employait saint Paul. À cette observation, on fait remarquer que cet écrit [n’est pas, à proprement parler, une lettre, mais plutôt une homélie, un discours destiné à consoler et à exhorter des frères ; c’est possible, car ceci est une affaire d’appréciation. Quant à l’idée que Paul n’a pas écrit son nom en tête de l’Épître pour ne pas, dès l’abord, choquer ses lecteurs, c’est peu sérieux et ne serait guère dans le caractère de l’Apôtre, franc et loyal. A la fin, au lieu de ces longues listes de frères que salue Paul, et de compagnons de Paul qui saluent les lecteurs, nous avons Une salutation générale : « Saluez tous vos conducteurs et tous les saints. Ceux d’Italie vous saluent. » xiii, 24. Ce procédé serait extraordinaire si Paul était l’écrivain, car il connaissait beaucoup de gens ^i Jérusalem ou à Rome, si l’on veut que la lettre ait été écrite à des chrétiens de cette ville ; en outre, ses compagnons étaient connus et connaissaient eux-mêmes les chrétiens de Jérusalem. — b) L’allusion qu’on a cru voir, x, 34, aux chaînes de Paul, est une allusion à la compassion des lecteurs envers les prisonniers, car, malgré l’autorité de bons manuscrits, N DEHKLP, etc., il faut lire : toï ; Beuijiîoiç, « aux prisonniers, » qui répond mieux au contexte, et non toïç ô£<tixoîç (tov, « à mes chaînes ; » cette leçon doit être une glose intentionnelle. L’écrivain, en effet, ne paraît pas être en captivité lorsqu’il écrit, puisque, xiii, 23, il dit que si Timothée vient bientôt, il ira les voir avec lui. Il était donc libre de ses mouvements. — c) L’allusion à Timothée est très vague et ne prouvé pas qu’il s’agisse ici du compagnon de saint Paul, car on ne sait pas que Timothée ait été emprisonné du vivant de son maître. Ce Timothée paraît bien être son propre maître, puisqu’il est dit : « S’il vient bientôt, j’irai avec lui. » xiii, 23. — 4. Disons un mot de quelques autres observations, qu’on a faites contre l’authenticité paulinienne. — a) Paul, a-t-on dit, n’a pu écrire cette Épitre, parce que, dans la description dutemplejuif, il y a des erreurs de localisation d’objets ; de même dans le rituel. Ceci ne prouverait rien, car il ne s’agit pas du temple, mais du tabernacle, décrit d’après les livres du Pentateuque. L’auteur, quel qu’il soit, a dû connaître ces livres et, par conséquent, les divergences, qu’on peut expliquer, d’ailleurs, n’excluent aucun écrivain. — 6) On a fait remarquer aussi que Paul, par principe, ne semait pas dans le champ évangélisé par autrui, et surtout que, d’après l’accord passé entre lui et les Apôtres, ceux-cj s’étaient réservé Pévangélisation des Juifs. Gal., ir, 14. En principe général, l’observation est juste, mais Paul a écrit aux Romains qu’il n’avait pas évangélisés, et dans ses voyages de mission il s’adressait aux Juifs d’abord, ou tout au moins autant à ceux-ci qu’aux Gentils. De ces observations, il résulte qu’il existe quelques différences entre Heb. et les autres Épîtres de saint Paul, mais cependant rien de capital ; aucun fait historique ne s’oppose à l’authenticité paulinienne.

Enseignements doctrinaux.

Nous n’avons pas

à’faire ici un exposé de la théologie de l’Épître aux Hébreux, mais à en comparer les doctrines fondamentales avec celles de saint Paul, afin de rechercher les rapports de ressemblance et les différences, s’il en existe. — 1. Nous avons déjà dit que le but de l’auteur était de montrer la supériorité de la nouvelle loi sur

l’ancienne. Or, du point de vue différent où se placent saint Paul et l’Épître aux Hébreux pour envisager la loi mosaïque, découle un point de vue général différent et une différence d’argumentation. Saint Paul considère la Joi mosaïque dans son ensemble, mais surtout au point de vue moral, tandis que l’Épître aux Hébreux l’envisage plutôt au point de vue rituel. La loi pour saint. Paul, c’est une règle de vie, imposée par Dieu et qui a été Tendue impuissante par la nature charnelle de l’homme. Rom., viii, 3. Cette impuissance de la Loi a nécessité l’intervention de Dieu, qui a donné à l’homme un nouveau moyen de salut par la foi en Jésus-Christ. Les œuvres de la Loi ont donc fait place à la foi justifiante. Saint Paul, [cependant, ne veut pas dire que l’homme qui accomplirait toute la Loi serait justifié, ce serait contraire à son principe de la gratuité de la justification. Pour l’Épître aux Hébreux la Loi est un ensemble d’ordonnances, d’observances, que Dieu avait imposées à l’homme pour faciliter l’union entre lui et ses créatures. C’était le signe et le moyeu de l’alliance entre Dieu et le peuple juif ; cette ordonnance antérieure a été abolie à cause de son impuissance et de son inutilité, car la Loi n’a rien amené à la perfection, vii, 18, 19, et elle a dû faire place à une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu. Donc, pour saint Paul, c’est la faiblesse de l’homme à accomplir la Loi qui a nécessité une nouvelle alliance ; tandis que, pour l’Épître aux Hébreux, c’est l’impuissance de la Loi à produire la perfection. Partant de ce point de vue, l’Épître aux Hébreux montrera l’infériorité des organes, des médiateurs, des sacrifices, du tabernacle de l’Ancien Testament par rapport à ceux de la nouvelle Loi, tandis que saint Paul recherchera le rôle de l’Ancienne Alliance dans l’histoire de l’humanité et montrera que ce rôle est terminé parce que la Loi a accompli sa tâche, qui était de prouver que l’homme était incapable d’arriver à Dieu par ses propres forces. De là, dans saint Paul l’affirmation répétée que l’homme a besoin de la grâce de Dieu et que cette grâce lui est méritée et accordée par Jésus-Christ, tandis que, dans l’Épître aux Hébreux, l’auteur n’appuie pas sur cette idée ; en deux passages seulement, xii, 15 ; xiii, 9, on peut voir qu’il connaît la nécessité de la grâce. En outre, .son idée que, dans la nouvelle alliance, nous avons un libre accès auprès de Dieu, suppose le don gratuit de Dieu. L’expérience intime de Paul et de ceux qu’il avait convertis lui a prouvé que la Loi lui était désormais inutile, puisque sans elle on était uni à Dieu et d’une manière plus intime que par elle. En outre, la thèse de saint Paul sur la Loi tenait compte des Gentils, leur faisait une place dans le plan de Dieu dans l’humanité. Voir les Epïtres aux Romains et aux Éphésiens. L’Épître aux Hébreux ne parle jamais des Gentils, et sa thèse a toute sa valeur sans qu’il ait à s’en préoccuper et à se demander quelles sont les intentions de Dieu à leur égard. Bref, ils n’entrent pas dans le plan de sa thèse. En résumé, la Loi pour saint Paul est un état transitoire, préparatoire, un intermède entre la promesse et l’Évangile, tandis que, pour l’Épître aux Hébreux, la Loi était un Évangile imparfait, l’ombre de la réalité future, la figure du temps actuel. — Cette différence d’exposition et de points de vue s’explique par la différence de but et par la diversité des personnes auxquelles s’adressent ces divers écrits, entre lesquels il n’y a d’ailleurs aucune contradiction. Il se rencontre en effet de nombreux passages dans l’Épître aux Hébreux et dans l’Épître aux Galates, aux Romains et aux Corinthiens qui offrent sur le sujet qui nous occupe des ressemblances frappantes. Signalons quelques-uns de ces rapprochements : envoi du Fils par le Père en ces derniers temps, lorsque les temps sont accomplis, Heb., 1, 1 = Gal., iv, 4 ; la loi a été annoncée, donnée par les anges, Heb., ii, 2 = Gal., iii, 19 ; la loi est faible et inutile, Heb., vii, 18 = Gal., iv, 9 ; la loi est incapable de jus tifier, Heb., vii, 19 = Gal., ii, 16 ; la justification ne peut être opérée par les œuvres de la loi, Heb., x. 4 = Gal., m, 11, et ailleurs. Dans l’Épître aux Hébreux, xii, 22 ; m, 14, et dans celle aux Galates, iv, 26, il est fait allusion à la Jérusalem céleste ; de même les Épïtres aux Galates, m, 6 et aux Hébreux, xi, 8-19, parlent de la foi d’Abraham. — 2. Si, de l’idée directrice en général de l’Épître aux Hébreux, nous passons à ses éléments, nous relevons encore entre les écrits de Paul et l’Épître aux Hébreux des ressemblances et des divergences. Examinons seulement quelques points. — La personne du Christ ressort la même, mais avec des expressions différentes. Le Christ est l’héritier de toutes choses, le médiateur par lequel Dieu a créé le monde, l’image de Dieu-, le premier né de toutes créatures. D’après l’Épître aux Hébreux, I, 2 et 3, le Fils est xXïjpovvfto ; TuâvTuv Si’ou xa toÙç aîôvai ; l7to[’r)<rev ; d’après Cùlossiens, I, 16, Dieu êv aÙTû êxTiaBr) Ta rama. D’après Hébreux, I, 3, le Fils est ànaiJYa<T|Aa tîj ; S<5Çt]ç xa x<*P a *T71p tîjç imxjrâffsiDç aù-roO ; II Cor., IV, 4, le Christ est eîxùv toO ©eoO. Cf. Col., i, 15. Dans Philippiens, il est èv nopq>*i ®eo0, II, 6. Dans Hébreux, I, 6, le Fils est appelé 7cptûTÔToxoç ; dans Col., l, 15, il est itpuTÔToxo ; itâ<771ç xrt<rewç. Rom., viii, 29, le Christ, Sauveur, a participé à la chair et au sang : Heb., Il, 14. Puisque les enfants participent de la chair et du sang, le Fils a également participé, avTÔç itapa : rt, r)o-(ti)< ; (iST6(rxÊV tûv aÔT&v, afin que par la mort il anéantit celui qui ala puissance de la mort, îva Sià to-j Bavebou xatapY^<ïï| tov to xpetTo ; £-/ovTa toG Oavàrov ; de même, Rom., viii, 2, 3, Jésus m’a délivré de la loi du péché et de la mort, car Dieu a condamné le péché dans la chair en envoyant son Fils, êv <5tioi<i|iaTt p-apxbç. Jésus-Christ est mort une foispour toutes : Heb., vii, 27, toûto yâp êjcoinusv êcpâTtaÇ éauTÔv àvevéyxaç ; cf. IX, 27 = Rom., VI, 9, 10. "O yàp ànlOavev, tî) â(xapTta àitéOavev èçâital. Il a passé de l’humanité à là gloire : Heb., ii, 9, f3Xéito|iev’IyjitoOv Si& to « â6>i|m OavaTOU 8<SI ; r) xa Ti|iij laitifavtù(iévov. Phil., Il, 18, oitiïxoo ; |iéy_pi OavaTou 81b xa 6 ©eô ; aÙTÔv ûitêpu^iouev, Il est assis à la droite de Dieu : Heb., I, 3, èxâOtuev êv Seijiï tt| ; iie^aXtixTiivriç èv ûd/r)Xoï ; = Eph., I, 20, Dieu l’a ressuscité des morts, xaî éxd<01<r£v Iv SeÇià aÙToO Iv toï ; èitoupavJot ;. Dans cet état glorifié le Christ intercède pour son peuple : Heb., vii, 25, itivTOTe ïwv et ; to âvTUyy_avsiv VTtèp ccvtûv = Rom., viii, 34, oç xa : èvtuyx c’v£1 ^""P » ||*ûv. Jésus-Christ reviendra pour le salut final de ceux qui espèrent en lui. Heb., ix, 27-28 = Tit., ii, 13, — Nous pourrions continuer à comparer l’Épître aux Hébreux et les Épïtres de saint Paul au point de vue doctrinal ; nous en avons assez dit pour avoir le droit de conclure qu’il n’y a entre elles aucune divergence fondamentale, mais simplement des points de vue qui, tout en n’étant pas les mêmes, ne sont pas exclusifs les uns des autres et s’expliquent par les circonstances particulières.

7° Rapports avec l’Épître de saint Pierre et avec l’école d’Alexandrie. — Nous avons constaté qu’il y avait entre les Épitres de saint Paul et l’Épître aux Hébreux des ressemblances indéniables d’expressions et surtout d’idées, et en même temps des différences très sensibles de langue, et même à un certain degré de points de vue doctrinaux. Nous en conclurons que l’auteur ou plutôt le rédacteur de l’Épître aux Hébreux n’a pas été saint Paul directement, mais l’un de ses disciples ou quelqu’un ayant fortement subi son influence. En a-t-il subi d’autres et ne serait-il pas possible de retrouver ailleurs les doctrines ou la méthode de l’Épître aux Hébreux ? Quelques critiques l’ont cru. Or, des influences qu’a pu subir l’auteur, nous devons signaler celle du christianisme primitif et celle des écoles juives ou chrétiennes d’Alexandrie.

4. Influence du christianisme primitif et des écoles juives de Jérusalem. — L’auteur, Heb., ii, 3, a été instruit du christianisme par ceux qui ont entendu le Seigneur, par

conséquent par les Apôtresou par les disciples de Jésus. La phrase est assez générale cependant, pour qu’on puisse y voir simplement une manière de dire que la doctrine chrétienne a été enseignée d’abord par Nptre-Seigneur, puis confirmée par ses disciples. Quoi qu’il en soit, sa conception du christianisme se rattache plutôt à la conception des Apôtres de Jérusalem. Le christianisme est un achèvement de la Loi ; c’est la Loi accomplie. Jésus, suivant sa parole, Matth., v, 17, n’était pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. On trouve aussi dans cette Épltre quelques images, empruntées aux enseignements des rabbins palestiniens. La Jérusalem céleste, xii, 22, que nous cherchons, xiii, 14, rappelle la Jérusalem qui, d’après les rabbins, existant dans le ciel, devait descendre sur la terre toute bâtie, Apoc., xxi, 2, lorsque s’établirait le royaume de Dieu. Malgré cela, il ne semble pas que notre auteur soit un élève des écoles de Palestine. Son Épître se rapprocherait plutôt de la première Epître de Pierre avec laquelle on a pu signaler des rapports tout à la fois littéraires et doctrinaux. — 1. Rapports littéraires. Mention du corps du Christ, Heb., x, 5, 10 = I Pet., ii, 24 ; de l’oblation de son sang, Heb., xii, 24, xotl aîjiaTc ^avttTjio-j xpEircova Xa-Xoûvti, et I Pet., i, 2, e’ç Ôtkxxoïiv xa ^oivtktjaov ai’iJiaTo ; ’Iy]1700 Xptarov. Jésus-Christ nous est un exemple par ses souffrances, Heb., xii, 1-3, et I Pet., ii, 21-23 ; par lui nous offrons une hostie de louange, cxÏvégeuç, Heb., xiii, 15 ; spirituelle, m/Ej[j.aTixri, I Pet., ii, 5 ; 81’a-JToû, « par lui, » disent l’Èpître aux Hébreux et la première Épître de Pierre. Saint Paul, qui emploie cette préposition 81à, lorsqu’il parle d’action de grâces offerte à Dieu, ne s’en sert pas lorsqu’il est question de sacrifice. Signalons enfin quelques ressemblances verbales : ivrlTOicoç, Heb., ix, 24 = 1 Pet., iii, 21 ; ôyvooOvts ; xoù TtXavwjjivot, Heb., V, 2 ; rx, 7 = I Pet, i, 14 ; ii, 15, 25 ; fcévoi xoù naperc ! 87)|ioi ; Heb., xi, 13 = 1 Pet., i, 1 ; ii, 11 ; 6 Xôyo ; to-j ©eoû Çffl’v, Heb., iv, 12 = I Pet., i, 23 ; xlijpovojjiçtv ttiv sùXoyiav, Heb., xii, 17 = I Pet., iii, 9 ; EÏp7Jvr)v Simxsïv, Heb., xii, 14 = I Pet., *m, ll ; 6 ©eo ; xatapTia-ai, Heb., xiii, 21 =IPet., v, 10 ; aîjia â’|j.w|j.ov, Heb., IX, 14 = uu-îw aîjiati <&( àjjwoû àpiwnou, I Pet., i, 19. — 2. Rapports doctrinaux. Pour l’Épltre aux Hébreux et la. première Épître de Pierre, la foi est une ferme confiance en un Dieu invisible, Heb., xi, 1-3 = 1 Pet., i, 5-9 ; la justice, une voie droite, Heb., x, 38 = I Pet., ii, 24, iii, 14 ; l’espérance est fortement recommandée aux fidèles, Heb., VI, 11, 18 = I Pet., i, 3, 13. La doxologie, û> ï) &ôia eîç toOç alrâvaç twv a’i<5vwv à|MJv, est la même dans Heb., xiii, et I Pet., iv, 11 ; v, 11, sauf que l’Épltre de Pierre ajoute : xod tb xpdcToc. Le Christ est mort une fois pour toutes, Heb., vu, 27 — I Pet., iii, 18. — Malgré ces analogies et d’autres que l’on pourrait encore signaler, nous ne pensons pas qu’il y ait une dépendance entre ces deux écrits. Ces rapports s’expliquent par ce fait qu’ils ont un but commun : celui de prouver que la loi ancienne a fait place à la loi nouvelle. En outre, ils ne sont pas tels qu’on ne puisse les expliquer, comme beaucoup d’autres dans le Nouveau Testament, par le recours à la tradition commune. On ne doit jamais oublier que les écrivains du Nouveau Testament dépendent tous d’une tradition orale, d’un même fond d’enseignement, dans lequel chacun a puisé suivant la doctrine qu’il voulait enseigner et le but à atteindre. Enfin, rien ne prouve que ce soit l’Épitre aux Hébreux qui ait emprunté à l’Èpître de Pierre. Le contraire serait plus probable et dans la manière de procéder de cette Épltre, où l’on retrouve des traces visibles d’emprunts à d’autres écrivains, à saint Paul et à saint Jean, par exemple. En tout cas, nous ne pouvons accepter l’hypothèse de Velch, qui attribue à saint Pierre l’Épltre aux Hébreux. The Authorship of the Episile to the Hebrews, Londres, 1899.

2. Rapports de l’Épitre awx Hébreux avec l’école d’Alexandrie. — Depuis Çarpzov, Exercitaliones in

S. Pauli Apostoli Epistolam ad Hebrseos ex Philone Alexandrino, Helmstadt, 1750, les critiques ont insisté sur les rapports qui auraient existé entre le style et la langue de l’Èpître aux Hébreux et ceux des écrivains alexandrins, de Philon en particulier. Pour le détail de leurs opinions, voir Holtzmann, Lehrbuch der neutestamentlichen Theol., X. ii, p. 290. Tout en reconnaissant les ressemblances nous devons constater aussi deprofondes différences. — 1° Ressemblances. L’Épltre aux Hébreux et Philon emploient tous les deux les expressions suivantes : Sp^iEpEÛç ttj ; ô[ioXoYta ;  ; Muxiïje murb ; Èv ôXù) xS 6îx(p ; ai’Troç « rutiipia ;  ; <o ; eTto ; eiicEîv, etc. L’Èpître aux Hébreux et Philon placent l’autel des parfums dans le Saint des saints ; ils considèrent la Sainte Écriture comme littéralement inspirée ; c’est Dieu qui parle ; l’idée de la foi est la même, ainsi que l’argumentation allégorique. Tout dans l’Écriture était un symbole ; les hommes, les événements étaient la réalisation des vérités supérieures. Tous les attributs et les noms que l’Épltre aux Hébreux donne au Fils de Dieu se retrouvent dans Philon appliqués au Logos. — 2° Différences. Nulle part l’Épltre aux Hébreux ne parle du Logos et ne l’identifie avec le Christ. Entre le Logos de Philon et le Fils de Dieu de l’Èpître aux Hébreux, il y a cette différence capitale que le Fils de Dieu est un être qui a. vécu, un personnage réel, historique, tandis que le Logos de Philon est un être abstrait. D’un côté nous avons la vie ; de l’autre côté la spéculation. Les conceptions allégoriques ne sont pas non plus identiques des deux parts. Pour Philon, les observances légales sont les symboles des idées transcendantes ; pour l’Èpître aux Hébreux l’Ancien Testament et sa législation sont un fait historique, lequel est un exemplaire anticipé de l’alliance nouvelle. Ici encore les symboles sont l’image de la réalité, tandis que là ils sont le prototype des idées. Il ressort de ces observations que les ressemblances sont plutôt extérieures, tandis que les différences atteignent le fond.

III. conclusions.

Caractéristiques générales.


De cet ensemble de recherches sur la langue, les doctrines et l’histoire de l’Èpître aux Hébreux résultent les caractères généraux suivants, que l’on doit retrouver dans le personnage qui a écrit cette Épître. — 1. Le rédacteur a été de la deuxième génération apostolique, puisqu’il a reçu son enseignement de ceux qui ont entendu le Seigneur. — 2. Il connaissait les doctrines de saint Paul, par conséquent, il avait pu lire quelques-unes de ses lettres ou, ce qui est plus probable, il était de l’entourage de saint Paul, peut-être même un de ses disciples. — 3. Cependant, il devait en même temps être Juif et avoir une grande connaissance des Saintes Écritures, avec même une certaine tendance judaïsante. — 4. Il connaissait peut-être la première Épître de saint Pierre et les écrits de saint Luc. S’il n’a pas connûtes écrits de Philon, il a tout au moins été élevé à la même école que lui. Son éducation a été alexandrine et non palestinienne. — 5. Il devait connaître Timothée et avoir sur lui une certaine autorité. ^~ 6. Il devait appartenir d’une certaine façon an sacerdoce juif, car il est très au courant du rituel et

des cérémonies du culte mosaïque 7. Il devait être

un membre ancien et influent de l’Église à laquelle il écrivait. — 8. La pureté de son grec est telle que l’on ne peut supposer que cette langue n’a pas été sa langue maternelle. Il ne connaissait pas l’hébreu. Cependant comme il était juif, il devait être d’un pays où le grec était la langue nationale, car il pensait certainement en grec et ses tournures sont très idiomatiques. Les hébraïsmes de l’épître peuvent s’expliquer par la lecture fréquente des Septante. — 9. C’était en outre un très habile orateur, rompu à tous les artifices de la dialectique et de la rhétorique.

Examen des auteurs proposés.

Ceci posé, voyons

quel est, des auteurs qui ont été proposés, celui qui remplit le mieux les précédentes conditions. Examinons

d’abord ceux qui ont pour eux la tradition ancienne. — i. Saint Paul a pour lui Pantène, Clément d’Alexandrie, Origène, avec les réserves que l’on sait, les docteurs de l’Orient au ive et au ve siècle, ceux d’Occident depuis le ve siècle, les conciles, qui ont suivi ceux de Laodicée et de Cartnage, où l’on compte quatorze Épîtres de Paul, actuellement la majorité des critiques catholiques et un certain nombre de critiques protestants, Meyer, Paulus, Olshausen, Biesenthal, Wordsworth, Stuart, la plupart avec la réserve que Paul a fourni les pensées, mais que le style et la facture de l’Épitre sont d’un disciple de Paul. Ce que nous avons dit précédemment prouve que si l’auteur n’est pas saint Paul lui-même, c’est du moins un de ses disciples, qui connaissait bien ses doctrines et qui les a reproduites, tout en les présentant sous une forme à lui spéciale. — 2. Saint Barnabe a pour lui l’affirmation formelle de Tertullien et probablement la tradition occidentale primitive, tout au moins en Afrique ; le témoignage probable du Codex Claromonlanus et de la Xe homélie d’Origène, quelques critiques catholiques (Maïer), des critiques protestants de valeur (Ritschl, Weiss, Keil, Zahn, Harnack, Salmon). Il a surtout en sa laveur presque toutes les caractéristiques, qui doivent distinguer l’auteur de l’épitre aux Hébreux. Il était de la seconde génération apostolique ; il a été longtemps le compagnon de saint Paul, il connaissait les doctrines de l’Apôtre, et les partageait, tout en conservant cependant une certaine tendance à favoriser les Juifs. Il connaissait certainement les premiers écrits chrétiens et possédait la tradition orale, qui formait le fond de la première prédication chrétienne. Il avait des rapports tout à la fois de familiarité et de supériorité avec Timothée. Il était lévite et, par conséquent, connaissait bien le culte mosaïque pour l’avoir pratiqué. Il était natif de Chypre, île dont le grec était la langue nationale. Il a pu cependant connaître les écoles d’Alexandrie, peut-être même y être élevé, étant donné les fréquents rapports entre Chypre et l’Egypte. Enfin, il était très connu à Jérusalem et très populaire à cause dé sa générosité. Saint Luc dit de lui, xi, 24, qu’il fut un homme bon, plein du Saint-Esprit et de foi. On fait observer qu’il existe une autre lettre qui porte le nom de Barnabe et qui, malgré des ressemblances superficielles, est écrite dans un esprit tellement différent que le même auteur n’a pas pu écrire les deux lettres. Cette objection n’a aucune valeur, car Hefele, Patres apostolici, p. xi-xiv, a démontré que Barnabe n’a pas pu écrire l’Épitre qui porte son nom, et l’on s’accorde aujourd’hui à l’attribuer à un chrétien d’Alexandrie, vivant vers l’an 130-140 après Jésus-Christ. Barnabe, ajoutet-on, n’a pu se dire instruit par ceux qui ont entendu le Seigneur, puisque, d’après la tradition, il était un des 72 disciples. Cette objection est forte mais n’est pas insoluble. Il a pu dans le passage cité s’identifier avec ses lecteurs, par simple manière de parler. — 3. Saint Luc. Clément d’Alexandrie et d’autres, d’après une parole d’Origène, rapportée par Eusèbe, disent que l’Épitre aux Hébreux a été en réalité l’œuvre de Luc, qui l’avait traduite et publiée en grec ; des critiques catholiques, Hug, Dôllinger, Zill ; des protestants, Stier, Ébrard, Delitzsch, croient que saint Luc l’a écrite, sous la direction de saint Paul. Déjà Clément d’Alexandrie avait reconnu les ressemblances de langue qui existent entre l’épitre aux Hébreux et les écrits de Luc ; elles sont indéniables, Westcott a relevé un certain nombre de mots, 19, très particuliers, qui sont communs à ces deux écrits et ne se retrouvent pas ailleurs. Seulement, c’est là le seul point qui peut suggérer le nom de Luc ; il a contre lui la plupart des caractéristiques signalées plus haut. Saint Luc, en particulier, n’a rien de juif ou d’alexandrin. — 4. Saint Clément Romain. Au dire d’Origène, dans Eusèbe, H. E., VI, 25, t. XX, col. 584, quelques-uns attribuaient l’Épitre aux Hébreux à Clément, évêque de Rome.

D1CT. DE LA BIBLE.

Eusèbe, H. E., iii, 38, t. xx, col. 293, dit que le style de l’Épitre aux Hébreux et celui de Clément sont semblables et que les pensées ne sont pas très différentes ; Théodoret, In Hébr. arguni., t. lxxxii, col. 677 ; Euthalius, In Bébr. arg., t. lxxxv, col. 776 ; saint Jérôme, De vir. M., 5 et 15, t. xxxiii, col. 650, 663, professent la même opinion. Les critiques catholiques, Reithmayr, de Valroger, Bisping, Kaulen, Cornely, croient que Clément Romain a écrit cette lettre sous la direction de saint Paul. Il y a certainement des analogies nombreuses entre l’Épitre de Clément aux Corinthiens et l’Épitre aux Hébreux, par suite d’emprunts de la première à la deuxième, mais si l’on retranche ces passages empruntés, on constatera que la langue de la première a loin d’avoir la pureté de la seconde et qu’elle ne porte pas non plus la marque de l’originalité et de l’habileté de l’Épitre aux Hébreux. On ne voit pas d’ailleurs pourquoi Clément aurait écrit aux Juifs de Jérusalem. Il faudrait admettre que la lettre était destinée aux Juifs de Rome. — Quant aux autres auteurs qu’on a suggérés : Silas, Apollos, un Juif alexandrin inconnu, nous jugeons inutile de discuter leurs titres, vu qu’ils sont tout hypothétiques. Signalons seulement les tenants de chacun. Pour Silas, Godet ; pour Apollos, Luther, Bleek, Lunemann, de Pressensé, Hilgenfeld, Scholten, Reuss, Pfleiderer et le catholique Feilmoser ; pour un Juif alexandrin, Seyffarth, Ewald, Hausrath, Lipsius, von Soden, Holtzmann, Ménégoz, Jûlicher, Rendall, Westcott, Davidson. — Harnack a émis tout récemment l’hypothèse que peut-être l’auteur de l’Épitre aux Hébreux serait Priscille et Aquila, mais surtout Priscille aurait tenu la plume. Zeitschrift fur neutest. Wiss., 1900, p. 32-41. Les preuves de cette hypothèse étant plutôt des indices, il est difficile de les exposer et de les discuter.

yi. Canonicité. — Quel que soit l’auteur de l’Épitre aux Hébreux, il est certain que cet écrit a. été tenu pour sacré dès les premiers temps du christianisme. Pour l’Église de Rome nous en avons la preuve par l’usage qu’en a fait saint Clément Romain, et pour l’Église d’Alexandrie le témoignage que lui ont rendu Clément d’Alexandrie, Origène et les autres tPères orientaux déjà cités plus haut. En 363, nous trouvons mentionnée l’Épitre aux Hébreux dans le catalogue du concile de Laodicée. En Occident, si nous en exceptons le témoignage de Tertullien, il n’en est plus question avant le milieu du ive siècle, et c’est au m concile de Carthage, en 379, que nous la voyons pour la première fois rangée parmi les écrits canoniques. De ce fait, nous ne conclurons pas que cette Épitre était rejetée du canon, mais seulement qu’elle n’était pas lue publiquement dans les Églises d’Occident. Philastre de Brescia, Rxr., 89, t. xii, col. 1201, nous avertit qu’on ne la lisait pas, parce que les Novatiens auraient pu y trouver quelques passages favorables à leur hérésie, par exemple, Heb., ꝟ. 4-8. En tout cas la lettre d’Innocent I er à Exupère de Toulouse, en 405, prouve qu’au commencement du Ve siècle on n’hésitait pas à Rome sur la canonicité de l’Épître aux Hébreux. Depuis lors on a pu émettre des doutes sur son authenticité paulinienne, mais aucun sur sa canonicité.

Vil. Texte de l’Épitre. — Six manuscrits onciaux, &AD 2 K 2 L 2 *, contiennent l’Épitre dans son entier, six : B C H s Me Ne en partie seulement. On la trouve dans trois cents cursifs en tout ou en partie, ainsi que dans les lectionnaires. Pour le détail, voir Tischendorf, Novum Testamentum græce, Prolegomena, t. iii, auctore C. Gregory, p. 418-435, 653-675, 778-791. Elle était dans la vieille version latine, dans la Yulgate, dans les versions syriaques, Peschito et Harkléenne, dans les versions égyptiennes, sahidique et bohaïrique. Les manuscrits présentent un certain nombre de variantes. Parmi les plus remarquables nous citerons : I, 2, 8 ; II, 9 ; iv, 2 ; vi, 2, 3 ; ix, 11 ; x, 1, 34 ; xi, 4, 13, 35 ; mi, 7,

III. - 18

H ; xiii, 21. Plusieurs sont intéressantes au point de vue textuel ; deux le sont surtout au point de vue exégétique, a, 2 ; après xmv aprav, le Vaticanus, les versions baschmurique et éthiopienne ajoutent xal to -/puno-jv 6u|u<XT7Jptov et retranchent ces mois au ꝟ. 4. C’est probablement une correction pour résoudre l’objection que l’on fait que le texte est ici en désaccord avec plusieurs livres de l’Ancien Testament sur la place de l’autel des parfums ; x, 2, les manuscrits nDEKL, 17, 47, etc., la Vulgate, l’Harkléenne, la Memphitique, ont Upeûç, tandis que ACP, 31, 37, etc., Peschito, arménienne, ont àpx’epe’Jî- Cette dernière leçon produit une difficulté qui est supprimée par l’adoption de la première. Celleci cependant paraît devoir être adoptée, car elle est mieux appuyée que l’autre. Voir pour l’indication et la discussion des principales variantes : The Epistle to the Hebrews, p. xxvi, et les versets en question. "Voir aussi Tischendorf, Novum Testamentum græce, t. ii, p. 779839 ; t. iii, p. 1294-1296.

VIII. Analyse de l’ÉpItre. — L’auteur expose d’abord l’idée générale, d’où dérive le sujet qu’il va traiter ; la supériorité de la religion chrétienne sur l’ancienne alliance, i, 1-3, puis il prouve cette supériorité : 1° par l’excellence de la personne du Fils, i, 4-iv, 13 ; 2° par l’excellence de sa fonction, iv, 14-x, 18 ; 3° il tire les conclusions pratiques qui découlent de cette supériorité du Fils, x, 19-xiu, 17, et il termine par un bref épilogue, xin, 18-25.

Prologue. — Dieu a parlé autrefois à nos pères et de diverses manières par les prophètes, tandis qu’en ces derniers jours il a parlé par le Fils, héritier et créateur de toutes choses, reflet de sa gloire, qui soutient tout par sa parole puissante, purifie du péché et est assis à la droite de Dieu, I, 1-3.

1° Excellence infinie de la personne du Fils, médiateur de la nouvelle alliance sur les organes de l’ancienne alliance, i, 4-iv, 13. — 1. Supériorité du Fils sur les anges, i, 4-n, 18. — Le Fils est supérieur aux anges, parce qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur, i, 4, qu’il a été Fils de Dieu, que les anges l’adorent et que ceux-ci sont seulement des serviteurs, ꝟ. 5-7, que le Fils est roi de justice, créateur de toutes choses et éternel, dominateur sur ses ennemis, tandis que les anges sont des esprits au service de Dieu, en faveur de ceux qu doivent hériter du salut, ꝟ. 8-14. Par conséquent, nous devons nous attacher aux choses que nous avons entendues, car si la parole des anges a reçu son effet et si toute transgression de leur parole a été punie, à plus forte raison n’échàpperons-nous pas, si nous négligeons le salut annoncé par le Seigneur, confirmé par ceux qui l’ont entendu et dont le témoignage a été appuyé par des miracles et par les dons du Saint-Esprit, ii, 1-4. Cependant, le Fils de l’homme a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, mais, néanmoins, tout a été mis sous ses pieds ; il a été couronné de gloire et d’honneur à cause de la’mort qu’il a soufferte pour tous, ꝟ. 5-9 ; c’était de convenance que le prince du salut fût élevé à la perfection par les souffrances, qu’il participât de la chair et du sang, afin d’anéantir par sa mort celui qui a la puissance de la mort et qu’il nous délivrât, nous, ses frères ; qu’il devînt semblable en toutes choses, à ses frères, qu’il fût un grand-prêtre miséricordieux pour l’expiation des péchés, et qu’ayant été tenté il puisse secourir ceux qui sont tentés, ꝟ. 10-18.

— 2. Supériorité du Fils sur les autres médiateurs de l’ancienne alliance, iii, 1-rv, 13. — Jésus, l’apôtre et le grand-prêtre de notre foi, a été fidèle comme Moïse, mais il lui est supérieur, comme étant le constructeur de la maison où Moïse fut serviteur, tandis que le Christ

été établi, comme Fils ; sur la maison de Dieu, qui est nous, si nous sommes fidèles et persévérants, iii, 1-6 ; c’est pourquoi, n’imitons pas les Israélites dans le désert, qui endurcirent leur cœur et qui, à cause de cela, n’entrè rent pas dans la Terre Promise, ꝟ. 7-11. Prenez garde, frères, ’qu’aucun de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule ; exhortez-vous, afin que personne ne s’endurcisse dans le péché ; car nous sommes participants du Christ tant que nous restons attachés à notre espérance, puisque les Israélites furent exclus de la Terre Promise à cause de leur péché, de leur-désobéissance et de leur incrédulité, ꝟ. 12-19. Craignons donc de paraître être venus trop tard, tandis que subsiste encore la promesse d’entrer dans le repos de Dieu, iv, 1 ; car c’est à nous aussi qu’a été faite la promesse ; or à eux elle ne leur servit de rien parce qu’elle ne s’allia pas à la foi chez ses auditeurs, ꝟ. 2 ; et nous, nous entrons dans le repos, parce que nous avons cru ; et il s’agit bien du repos de Dieu, préfiguré par ce repos, dont il est parlé dans la Genèse, dans lequel il est encore donné à quelques-uns d’entrer, puisque ceux à qui a été faite la promesse n’y sont’pas entrés, ꝟ. 3-6 ; car Dieu fixe de nouveau un jour pour entrer dans son repos, puisqu’il a dit ces paroles dans David si longtemps après et que les Israélites n’étaient pas entrés dans le repos. Il y a donc un , repos de sabbat, réservé au peuple de Dieu, dans lequel il se repose de ses œuvres comme Dieu s’est reposé des siennes ; efforçons-nous d’entrer dans ce repos, ꝟ. 7-11, en mettant en œuvre la parole de Dieu car cette parole est vivante, elle pénètre ce qu’il y a de plus caché et tout lui est connu, ꝟ. 12-13.

2° Supériorité de la fonction du Fils, iv, 14-x, 18. — I. Jésus, le Fils de Dieu, est grand-prêtre, suîvant l’ordre de Melchisédech, iv, 14-vn, 3. — 1. Preuve de cette affirmation, iv, 14-v, 11. Demeurons donc fermes dans la toi, puisque nous avons un grand-prêtre, Jésus, Fils de Dieu, qui possède toutes les qualités du grand-prêtre par excellence et qui peut compatir à nos faiblesses, puisqu’il a été tenté comme nous et est demeuré sans péché, iv, 14-18. Car le grand-prêtre est établi pour offrir des sacrifices pour les péchés. Etant homme, il sympathise avec les hommes et offre des sacrifices pour ses péchés et ceux de son peuple ; de plus, nul ne s’attribue cette dignité s’il n’est appelé de Dieu, v, 1-4. Or le Christ ne s’est pas attribué la dignité de grand-prêtre selon l’ordre de Melchisédech, ꝟ. 5-7 ; en outre, il a été éprouvé par la souffrance pendant sa vie mortelle ; il a prié avec de grands cris ; il a appris l’obéissance ; il a été exaucé à cause de sa piété et, ayant été élevé à la perfection, il est devenu pour ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut étemel, ayant été déclaré grandprêtre, selon l’ordre de Melchisédech, jꝟ. 7-10. — 2. Avertissement pour préparer ses auditeurs à comprendre ces grandes vérités, v, 11-vi, 19. L’auteur a beaucoup à dire à ce sujet et des choses difficiles à expliquer, mais ils sont lents à comprendre, et ont besoin qu’on leur enseigne les éléments de la foi, et ils sont comme des enfants, nourris avec du lait, tandis que la nourriture solide est pour les hommes faits, v, 11-14. C’est pourquoi il laisse de côté les vérités élémentaires pour aborder ce qui est parfait, si Dieu le permet, vi, 1-3 ; il les avertit du péril de ne pas être renouvelés, où s’exposent ceux qui, ayant été éclairés, sont tombés, puisqu’ils crucifient en eux-mêmes le Fils de Dieu. D en est d’eux comme de la terre qui, suivant ce qu’elle produit, est bénite ou maudite, ꝟ. 4-8 ; mais il attend pour eux ce qu’il y a de meilleur, car Dieu n’oublie pas leur charité et il désire qu’ils persévèrent dans leur foi et qu’ils imitent ceux qui, par la foi, ont hérité des promesses, ꝟ. 9-12. Car Abraham ayant persévéré a obtenu l’effet de la promesse, que Dieu avait afiirmée par un serment en jurant par lui-même, né pouvant jurer par un autre, plus grand que lui-même. Il voulait montrer aussi l’immutabilité de sa résolution, afin que nous soyons encouragés à retenir l’espérance qui est devant nous. Cette espérance est l’ancre de l’âme ; elle pénétre dans le sanctuaire qui est derrière le voile, où Jésus est entré

comme notre précurseur, étant grand-prêtre, selon l’ordre de Melchisédech, jt. 13-20. — 3. Par ces mots, il revient à son argumentation et prouve que le Christ est prêtre selon l’ordre de Melchisédech ; car ce qui nous est dit de Melchisédech, roi de justice, roi de paix, sans généalogie, montre qu’il est semblable au Fils de Dieu, et, par conséquent, qu’il demeure prêtre à perpétuité, vii, 1-3.

II. Supériorité du sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech sur celui de l’ancienne loi, vii, 4-x, 18. — 1. En ce qui concerne les personnes, vii, 4-28. Melchisédech est grand, puisque Abraham lui paya la dlme ; mais les prêtres de Lévi lèvent la dime sur leurs frères, tandis que Melchisédech leva la dlme sur Abraham et bénit celui qui avait la promesse. Or l’inférieur est béni par le supérieur ; donc Melchisédech est supérieure Abraham et aux prêtres lévitiques, qui lui payèrent la dime par Abraham, leur père, vii, 4-10. Le sacerdoce lévitique a été changé, parce que la perfection n’était pas possible par lui ; il était donc nécessaire qu’il parût un prêtre, non selon l’ordre d’Aaron, mais selon l’ordre de Melchisédech. Car celui qui a été établi grand-prêtre était de la tribu de Juda et il a été institué, non en vertu d’une ordonnance charnelle, mais selon la puissance d’une vie impérissable, puisqu’il est prêtre pour toujours. Il y a donc abolition d’une ordonnance antérieure à cause de son impuissance, et introduction d’une meilleure espérance, ꝟ. 15-19. De plus, les lévites ont été établis prêtres sans serment, tandis que Jésus est devenu prêtre par un serment de Dieu ; ils sont en grand nombre, parce qu’ils sont mortels, mais Jésus, qui demeure éternellement, possède un sacerdoce intransmissible et, étant toujours vivant, il peut sauver ceux qui par lui s’approchent de Dieu, J. 20-25. En effet, il nous convenait d’avoir un grand-prêtre comme lui saint et sans tache, qui n’a pas besoin, comme les prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices pour nos péchés et ceux du peuple, car il s’est offert une fois pour toutes. La Loi avait établi des grands-prêtres sujets à la faiblesse ; la parole du serment a établi le Fils, qui est parfait pour l’éternité, f.- 26-28. — 2. En ce qui concerne les offrandes et les sacrifices, viii, 1-ix, 14. La supériorité du sacerdoce du Christ est prouvée par ce fait que nous avons un grand-prêtre assis à la droite de Dieu, ministre du sanctuaire véritable, dont le sanctuaire terrestre n’est qu’une image et une ombre, puisqu’il a été bâti d’après le modèle montré à Moïse, viii, 1-5. Le ministère du Christ est supérieur, parce que celui-ci est le médiateur d’une alliance plus excellente, établie sur de meilleures promesses ; la première alliance à cause de ses défauts a dû, suivant les paroles du Seigneur, être remplacée par une nouvelle, par laquelle la première devient ancienne et doit disparaître, ꝟ. 6-13. Cette première alliance avait un tabernacle, que l’auteur décrit, et un culte, des offrandes et des sacrifices, qui ne pouvaient rendre pariàits sous le rapport de la conscience et dont toutes les .ordonnances légales n’étaient que des ordonnances charnelles temporaires. Mais le Christ est venu ; il est entré dans le sanctuaire véritable, qui n’est pas fait de main d’homme ; il a pénétré dans le lieu très saint, non plus avec le sang des animaux, mais avec son propre sang et, si le sang des animaux procurait la pureté de la chair, le sang du Christ purifiera les consciences des œuvres mortes, ix, 1-14. —3. La mort du Christ a été nécessaire, mais ce sacrifice l’emporte sur tous ceux de l’ancienne alliance, ix, 15-x, 18. Jésus est le médiateur de la nouvelle alliance, il a donc dû mourir, parce que tout testament doit être scellé par la mort du testateur, ix, 1517 ; il en fut de même pour l’ancienne alliance, où toute chose fut purifiée avec du sang, ꝟ. 18-22. Puisque les images étaient ainsi purifiées, les choses célestes devient l’être par un sacrifice plus excellent. Le Christ est donc entré dans le ciel même, non pour s’offrir plu sieurs fois, comme faisait le grand-prêtre avec du sang étranger, mais pour souffrir une seule fois, afin d’abolir le péché par son sacrifice. Les hommes ne doivent mourir qu’une fois ; de même le Christ s’est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, puis il apparaîtra une seconde fois à ceux qui l’attendent pour letu* salut, ꝟ. 23-28. Cette mort du Christ était nécessaire parce que les sacrifices de l’ancienne alliance ne pouvaient amener personne à la perfection ; s’ils l’avaient pu, on aurait cessé de les offrir. Le Christ alors, entrant dans le monde, s’est offert à Dieu, qui ne voulait plus les sacrifices de l’ancienne alliance, et il est venu pour faire sa volonté, en vertu de laquelle nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes, x, 1-10. Dans l’ancienne alliance les prêtres offraient, chaque jour des sacrifices qui ne pouvaient ôter les péchés, tandis que Jésus a offert un seul sacrifice pour les péchés, parce que par une seule offrande il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. Le Saint-Esprit atteste en effet que, dans la nouvelle alliance, il ne se souviendra plus des péchés ; par conséquent, il n’est plus besoin d’une nouvelle offrande pour le péché, ꝟ. 11-18.

3° Exhortations générales qui découlent de ces enseignements, ^, 19-xiii, 17. — 1. Exhortations à persévérer dans la foi, x, 19-xii, 13. Ainsi donc puisque, par le sang de Jésus, nous avons une libre entrée dans le sanctuaire, puisque nous avons un grand-prêtre, établi sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur plein de foi ; gardons fermement notre espérance, veillons les uns sur les autres et n’abandonnons pas nos assemblées, x, 19-25. Car si nous péchons volontairement, il ne nous restera que l’attente terrible du jugement et l’ardeur du feu ; celui qui avait violé la loi de Moïse était puni rigoureusement ; de quel châtiment sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu ? Or, il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, ꝟ. 26-31. Qu’ils se souviennent de leur conduite passée, du combat au milieu des souffrances, de leur sympathie pour tous ceux qui souffraient ; qu’ils n’abandonnent pas leur assurance, source de la rémunération ; qu’ils persévèrent dans la volonté de Dieu, afin d’obtenir ce qui leur a été promis. Encore un peu de temps, celui qui doit venir viendra. Le juste vit par la foi et ne se retire pas, ꝟ. 3239 ; la foi est en effet une ferme attente des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas et c’est pour l’avoir possédée que les anciens ont obtenu un témoignage favorable, xi, 1-2 ; et l’auteur passe en revue tous les personnages de l’Ancien Testament, Abel, Hénoch, Noé, Abraham, Sara, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, les Israélites, Rahab, Gédéon, Barac, Samson, Jephté, David, Samuel, les prophètes, les martyrs de l’Ancien Testament qui, par leur persévérance dans la foi, firent de grandes choses, effectuèrent des prodiges, souffrirent avec courage, et cependant n’ont pas obtenu ce qui leur était promis, parce que Dieu leur réservait à eux et à nous, tous ensemble, quelque chose de meilleur, ꝟ. 3-40. Nous aussi, environnés d’une si grande nuée de témoins, tenant les yeux attachés sur Jésus, le chef et le consommateur de notre foi qui, ayant souffert là croix, a mérité d’être assis à la droite du trône de Dieu, courons avec persévérance dans la voie qui nous est ouverte, imitant l’exemple du Christ, xil, 1-3. Car les souffrances que vous avez supportées ne sont pas allées jusqu’au sang ; d’ailleurs, Dieu châtie ses enfants qu’il aime ; supportez donc le châtiment, car vous seriez des enfants illégitimes, si vous n’étiez pas châtiés. Nos pères selon la chair nous ont châtiés, mais à leur convenance et pour peu de jours, tandis que Dieu nous châtie pour notre bien. Le châtiment, sujet de tristesse tout d’abord, produit un fruit de justice, ꝟ. 4-11. Fortifiez-vous donc et marchez dans la voie droite, ꝟ. 12-13.

— 2. Vertus que doivent pratiquer les fidèles, xii, 14-xiu,

Éfe

17. L’auteur recommande la paix avec tous, la sanctification, la pureté et d'éviter l’exemple d'Ésaû, XII, 15-17. Car les chrétiens ne se sont pas approchés d’une montagne inaccessible, terrible, mais de la montagne du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, des chœurs des anges, des saints de Dieu, juge de tous, et de Jésus médiateur de la nouvelle alliance, ꝟ. 18-24. Écoutez donc celui qui vous parle ; car, si ceux qui ont refusé d’entendre des oracles, publiés sur la terre, ont été punis, comment échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut dès cieux ? rendons-lui donc un culte qui lui soit agréable, jfr. 25-29. Il leur recommande ensuite l’amour fraternel, l’hospitalité, le service des prisonniers, la sainteté du mariage, la fuite de l’avarice, xin, 4-6. Qu’ils se souviennent de leurs conducteurs et imitent leur foi ; qu’ils ne se laissent pas entraîner par des doctrines diverses, car Jésus est le même toujours, t. 7-9. Attachons-nous à notre autel, et suivons Jésus hors du camp, en portant son opprobre, et offrons par lui un sacrifice de louanges, ꝟ. 10-15. N’oubliez pas la bienfaisance et obéissez à vos conducteurs, qui veillent sur vous, t- 16-17.

Épilogue, ~mi, 18-25. — L’auteur leur demande de prier pour lui, afin qu’il leur soit plus tôt rendu, xiii, 18-19. Il prie Dieu de les rendre capables de toute bonne œuvre et leur demande de supporter ces paroles d’exhortation, ꝟ. 20-22 ; il leur promet d’aller les voir avec Timothée, récemment délivré, et leur recommande de saluer leurs conducteurs et les saints. Ceux d’Italie les saluent et que la grâce soit avec eux tous, ꝟ. 23-25.

IX. Bibliographie.

Pères grecs : S. Jean Chrysostome, Homilise in Epist. ad Hebrseos, t. lxiii, col. 9236 ; Théodoret de Cyr, Interpretatio, t. lxxxii, col. 673786 ; Théodore de Mopsueste, Fragments sur l'Épître aux Hébreux, t. lxvi, col. 951-968 ; S. Jean Damascène, Loci selecti, t. xcv, col. 930-998 ; Œcuménius, Commentarius in Ep. ad Hebr., t. cxix, col. 279 ; Théophylacter, Explanatio, t. cxxv, col. 404-454. — Pères latins : Primasius, Commentaria, t. lxviii, col. 685794 ; Cassiodore, Complexiones in Epist. Apost., t. lxx, col. 1357-1362 ; Sedulius Scotus, Collectanea, t. ciii, col. 251-270 ; Claudius Taurinensis, Commentarius, t. civ, col. 926 ; Florus Lugdunensis, Commentarius, t. cxix, col. 411-419 ; Raban Maur, Enarrationes, t. cxii, col. 711834 ; Alulfus, t. lxxix, col. 1377-1382 ; Alçuin, Tractatus in Ep. ad Heb., t. c, col. 1031-1084 ; Bruno, Cotnm. in Ep. S. Pauli, t. ciii, col. 489-566 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, t. cxiv, col. 643-670 ; Hay mon d’Alberstadt, Expositio, t. cxvii, col. 819-938 ; Alto de Verceil, Expositio Ep. S. Pauli, t. cxxxiv, col. 725-834 ; Hugues de Saint-Victor, Qusestiones, t. clxxv, col. 697734 ; Hervé de Bourgdieu, Commentarius, t. clxxxï, col. 1519-1562 ; Lanfranc, t. cl, col. 375-406 ; Pierre Lombard, Collectanea, t. cxcii, col. 399-520 ; Hugues de Saint-Cher, Postillse, Paris, 1482- ; S. Thomas d’Aquin, Commentarius, Paris, 1880 ; Nicolas de Lyre, Postillse ; Denys le Chartreux, Commentarius in Epist. S. Pauli, Paris, 1531. — xvie, xvii « , xviip siècles : Cajetan, Literalis Expositio, Rome, 1529 ; de Ribera, Commentarius in Epist. ad Hebrseos, Salamanque, 1598 ; Salmeron, Commentarii, Cologne, 1602 ; de Tena, Commentarius et disp. in Epist. Pauli ad Hebr., Tolède, 1611. — xixe siècle : Catholiques (commentaires spéciaux) : A. Gûgler, Privatvortrâge ûber den Brief an die Hebr. ; Sarmenstorꝟ. 1837 ; H. Klee, Auslegung des Br. an die Hebr., Mayence, 1833 ; C. Lombard, Commentarius in Epist. ad Hebrseos, Ratisbonne, 1843 ; L. Stengel, Erklàrung des Br. an die Hebrâer, Karlsruhe, 1849 ; A. Bisping, Erkl. des Br. an die Hebr., Munster, 1864 ; Ad. Maur, Kom. ùber den Brief an die Hebr., Fribourg, 1861 ; L. Zill, Der Brief an die Hebr., Mayence, 1879 : J. Pânek, Commentarius in Epist. ad Hebr., Inspruck, 1882 À SdàIer, Erklàrungde$Hebrâerbriefs, 'iiûDster,

1893 ; A. Padovani, Commentarius in Epist. ad Hebrseos, Paris, 1897. — Non catholiques (pour les travaux antérieurs au xrxe siècle, voir Dér Brief an die Hebr. von B. Weiss, p. 34) : Schulz, Der Brief an die Hebr., Breslau, 1818 ; Ar. M' Jean, À paraphrase and commentary on the Ep. to the Hebrews, Londres, 1820 ; T. A. Seyfîarth, De Epistolæ quæ dicitur ad Hebrseos indole maxime peculiari, Leipzig, 1821 ; Bohme, Ep. ad Hebr., Leipzig, 1825 ; M. Stuart, Commentary on ihe Epistle to the Hebrews, Andover, 1827 ; Frd, Bleek, Der Brief an die Hebrâer, 3 Theile, Berlin, 1828-1840 ; Chr. Th. Kuinoel, Comm. inEp. ad Hebr., Leipzig, 1831 ; Eb. Paulus, Ermahnungsschreiben an die Hebrâerchristen, Heidelberg, 1833 ; A. Tholuck, Kommentar zum Brief an die Hebr., Hambourg, 1836 ; Wilh. Stein, Der Brief an die Hebr., Leipzig, 1838 ; F. D. Maurice, The Epistle to the Hebrews, Londres, 1846 ; Olshausen, Der Brief an die Hebrâer, erklàrt von Ebrard, Kônigsberg, 1850 ; J. H. A. Ebrard, Biblical Commentary on the Epistle to the Hebrews, Edimbourg, 1853 ; Biesenthal, Ep. Pauli ad Hebr. cum rabbinico conim., Berlin, 1857 ; Frz. Delitzseh, Afom » nercfar zum Brief an die Hebr., Leipzig, 1857 ; Kluge, Ver Hebràerbrief, Neu-Ruppin, 1863 ; de Wette, Der Brief an die Hebrâer, Leipzig, 1844 (3e édit. publiée par W. Môller, 1867) ; E. K. A. Riehm.Der Lehrbegriff des Hebràerbrief es, Bâle, 1867 ; J. H. Kurtz, Der Brief an die Hebraër, Milan, 1869 ; H. Ewald, Dos Sendschreiben an die Hebr., Gœttingue, 1870 ; Jos. M’Caul, TAe Epistle to the Hebrews, Londres, 1871 ; von Hoffmann, Der Brief an die Hebr., Nordlingue, 1873 ; Woerner, Der Brief St Pauli an die Hebr., Ludwigsburg, 1876 ; Lange, Der Brief an die Hebr., bearbeitet von C. Bernh, Leipzig, 1861 (3e édit., 1877) ; W. F. Moulton, The Epistle to the Hebrews, Londres, 1878 ; Dos Trostschreiben des Apost. Paulus an die Hebr., Leipzig, 1878 ; M. Kâhler, Der Hebràerbrief, Halle, 1880 (2e édit., 1889) ; W. Kay, Commentary on the Epistle to the Hebrews, Londres, 1881 ; F. Rendall, The Epistle to the Hebrews in greek and english, London, 1883 ; Edwards, The Epistle to the Hebrews, 2e édit., Londres, 1888 ; Strack-Zôckler, Kurzgefasster Kommentar, Abth. 4 : Die Pastoralbriefe undder Hebràerbrief ausgelegt, von Kùbel, Nordlingue 1888 ; B. F. Westcott, The Epistle to the Hebrews, Londres, 1889, 2e édit., 1892 ; C. J. Vaughan, The Epistle to the Hebrews, Londres, 1891 ; Holtzmann, Der Hebràerbrief, bearbeitet von von Soden, 2e édit., 1892 ; E. Ménégoz, La théologie de l'Épître aux Hébreux, Paris, 1894 ; A. Murray, Eene verklaring van den Br. aan de Hebr., Amsterdam, 1893 ; en anglais, Londres, 1894 ; A. Saphir, The Ep. to the Hebr., Londres, 1894 ; Meyer, Ueber den Brief an die Hebr., neue Bearbeitung von Weiss, 1897 ; G. Milligan, The theology of the Epistle to the Hebrews, Edimbourg, 1899 ; B. Ayles, Destination, date and authorship of the Epistle to the Hebrews, Londres, 1899 ; A. Welch, Authorship of the Epistle to the Hebrews, Londres, 1899. E. Jacquier.

    1. HÉBREUX (ÉVANGILE DES)##


3. HÉBREUX (ÉVANGILE DES), Évangile mentionné par les anciens auteurs ecclésiastiques, qui l’appellent EùaneXiov * « <>' 'Eëpaiouç. Êusèbe, H. E., iii, 25, 27, 29, t. xx, col. 269, 273, 300. Cf. S. Irénée, Adv. hær., i, 26, 2 ; iii, 11, 7, t. vii, col. 686, 884 ; Hégésippe, dans EuBèbe, H. E., iv, 22, t. xx, col. 384 ; S. Épiphane, User., xxx, 3, t. xli, col. 409, etc. ; Evangelium secundum Hebrseos, S. Jérôme, De vir. ill., 2, t. xxiii, col. 611, etc. Voir A. Harnack, Geschichte der altchristlvchen Lileratur, t. i, 1893, p. 6-10 ; t. ii, p. 625._Sur les autres noms qu’on lui a donnés ou attribués, « Évangile des douze Apôtres, Évangile de Pierre, » voir Harnack, ibid., 1. 1, p. 205 ; t. ii, p. 625. Saint Jérôme nous fournit sut cet écrit les renseignements suivants : Evangelium juxta Hebrseos, quod chaldaico quidem syroque sermone sed hebraicis litteris servatum est, quo utuntur

usque hodie Nazarsei ; secundum Apostolos, sive ut plerique antumant, juxta Matthseum, quod et in Csesariensi habetur bibliotheca. Adv. Pel., iii, 2, t. xxiii, col. 570. Le même saint docteur, dans son Commentaire sur saint Mathieu, xii, 13, t. xxvi, col. 78, dit : In Evangelio, quo utuntur Nazarsei et Ebionitse, quod nuper in grsecum de Hebrseo (araméen) sermone transtulimus, et quod vocatur a plerisque Matthœi authenticum. Voir aussi De vir. ill., 2 et 3, t. xxiii, col. 611, 613 ; InEzech., xvi, 13, t. xxv, col. 137 ; In Mich., vii, 6, t. xxv, col. 1221. Cf. S. Épiphane, Hær., xxrx, 9 ; xxx, 3, 13, t. xli, col. 405, 409, 428. D’après les textes cités de saint Jérôme, il avait non seulement lu l’Évangile des Hébreux, mais il l’avait transcrit à Bérée, t. xxiii, col. 613, et l’avait traduit en grec et en latin. L’ouvrage était rédigé en langue araméenne et écrit en lettres carrées comme l’hébreu ancien. « La plupart s des chrétiens du 17e siècle croyaient que cet Évangile était l’Évangile araméen de saint Matthieu, mais il devait avoir été altéré par les Nazaréens et les Ébionites, c’est-à-dire par les chrétiens judaïsants qui en faisaient usage. De là vient qu’on l’appelait aussi l’Évangile des Ébionites et des Nazaréens. — Jusqu’à quel point il avait été corrompu par les hérétiques, il n’est pas aisé de le déterminer. Les opinions des critiques sont là-dessus très divergentes. Voir le résumé qu’en fait A. Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem receptum, Evangel. sec. Heb., 2e édit., in-8°, Leipzig, 1884, p. 10-12. Cf. Ed. Reuss, Geschichte der h. Schriften Neuen Testaments, 184, 6e édit., 1887, p. 198 ; Bleek-Mangold, Einleitung in dos Neue Testament, 3° édit., 1875, p. 118-133.

La question de l’origine et du caractère de l’Évangile des Hébreux tire son importance des éléments qu’elle peut fournir pour la solution du problème de l’origine des Évangiles synoptiques et de leur date respective, mais elle est très difficile à résoudre. Chacun interprète à sa façon les témoignages que nous ont laissés les anciens sur ce sujet. Nous ne possédons plus cet écrit, mais seulement quelques rares fragments disséminés dans les Pères. Ils ont été recueillis par divers savants, en particulier par J.-A. Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, 2 8 édit., 2 in-8°, Hambourg, 1719, t. i, p. 355 ; Th. Zahn, Geschichte des N. Test. Kanons, t. ii, p. 685-704 ; Handmann, Dos Hebrâer-Evangelium, p. 67-103, etc. Tout ce que l’on peut conclure avec certitude des documents que nous possédons, c’est que l’Évangile des Hébreux était rédigé en araméen et avait au moins des rapports étroits avec l’Évangile canonique de saint Matthieu. Hors de ces points, on ne peut guère émettre que des hypothèses. — Voir F. Franck, Veber dos Evangelium der Hebrâer, dans les Theologische Studien und Kritiken, 1848, p. 369-422 ; A. Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem, p. 5-38 ; E. W. B. Nicholson, The Gospel according to the Hebrews ; its Fragments translated and annotated with a critical analysis, in-8°, Londres, 1879 ; Gla, Original Sprache des Matthâusevangelium, 1887 ; R. Handmann, Dos Hebrâer-Evangelium, dans Gebhardt et Harnack, Texte und Untersuchungen, t. v, Heꝟ. 3, in-8°, Leipzig, 1888 ; Th. Zahn, Geschichte des neutestamentlichen Kanons, t. ii, 1890, p. 642-723 ; J. Belser, Einleitung in das Neue Testament, 1901, p. 763-776.

F. Vigouroux.

    1. HEBRI##

HEBRI (hébreu : ’Ibrî ; Septante : ’A6ai ; Codex ulexandrinus : ’QSSi), lévite, fils de Merari, au temps de David. I Par., xxiv, 27.

    1. HÉBRON##

HÉBRON (Bébrôn ; Septante : XtSpûv et Xiëptip.), nom de deux Israélites et d’une ville.

    1. HÉBRON##


1. HÉBRON, troisième fils de Caath, qui était le second fils de Lévi. Exod., w, 18 ; Num., iii, 19 ; I Par., vi, 2, 48 ; xxxiii, 12. On ne sait rien autre chose de lui, sinon

qu’il était chef de la famille des Hébronites, Num., iii, 27 ; xxvi, 58 ; I Par., xxvi, 23, 30, 31 ; ou fils d’Hébron, Benê JSébrôn, ’! Par., xv, 9 ; xxiii, 19. La quarantième année de David on comptait à Jazer de Galaad 2 700 hommes vaillants de cette famille, établis dans les tribus transjordaniennes pour le service de Dieu et du roi. Jeria était leur chef. I Par., xxvi, 32. Il y en avait 1 700 dans la Palestine cisjordaniennc sous le commandement d’Hasabias. I Par., xxvi, 30. La Vulgate appelle Hébron Hébroni dans Num., xxvi, 58.

    1. HÉBRON##


2. HÉBRON, fils de Marésa et père de Coré, Thaphua, Récem et Samma, dans la tribu de Juda. I Par., ii, 42, 43. Ces quatre fils sont les fondateurs des villes du même nom, ou simplement des noms de localités peuplées par des descendants d’Hébron.

3. HÉBRON (la Vulgate porte Chébron dans un seul endroit, I Mach., v, 65), antique cité royale chananéenne, située dans les montagnes de Juda, au sud de Jérusalem, et célèbre surtout au temps des patriarches et de David. Gen., xiii, 18 ; xxiii, 2 ; Jos., x, 3 ; II Reg., ii, 1, etc.

I. Nom.

La Bible nous apprend elle-même que le nom primitif d’Hébron était Qiryaf’Arba’, Gen., xxiii, 2 ; Jos., xiv, 15 ; xv, 13, 54 ; xx, 7 ; xxi, 11 ; Jud., i, 10 ; Qiryaf havrba’, avec l’article, Gen., xxxv, 27 ; II Èsd., xi, 25 ; Septante : irôXiç’Ap6ôx, Gen., xxiii, 2 ; Jos., xv, 13, 54 ; xx, 7 ; miXiç’ApyôS, Jos., xiv, 15 ; Kapia6apë<ix, Jos., xxi, 11 ; II Esd., XI, 25, K.apia8apëox<r£<pép, Jud., i, 10 ; iniXtç toO ireSiou, « ville de la plaine, » Gen., xxxv, 27, fausse lecture, ’ârâbâh, au lieu de’arba’; Vulgate : Civitas Arbee, Gen., xxiii, 2 ; xxxv, 27 ; Cariath Arbe, Jos., XIV, 15 ; xv, 13, 54 ; Jud., i, 10, ou Cariatharbe, Jos., xx, 7 ; xxi, 11 ; II Esd., xi, 25. D’après saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 84, et certains interprètes juifs, ’arba’serait ici le mot « quatre », et le nom de « ville des Quatre » viendrait du nombre des patriarches dont la caverne de Makpélah renfermerait les tombeaux, c’est-à-dire Abraham, Isaac et Jacob, auxquels, pour compléter le chiffre, les uns adjoignent Adam lui-même, d’autres, Esaû, d’autres enfin, Joseph. Cette explication n’est guère plus fondée que celle de M. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, Paris, 1865, t.- 1, p. 152, rattachant’arba’aux quatre quartiers de la ville. L’Écriture nous donne elle-même la véritable interprétation en rapportant l’origine du nom à’Arba’ou Arbé, père d’Énac, géant de la race des Enacim. Jos., xv, 13 ; xxi, 11. La ville s’appelle aujourd’hui El-Khalîl, « l’ami [de Dieu], » en souvenir d’Abraham que les Arabes nomment ainsi après la Bible. Cf. Is., xli, 8 ; Jac, ii, 23.

II. Description.

Hébron était située « dans la terre de Chanaan t>, Gen., xxiii, 2, 19, « sur le territoire et dans la montagne de Juda. » Jos., xi, 21 ; xv, 54 ; xx, 7 ; xxi, 11 ; I Par., vi, 55 ; II Par., xi, 10. Elle se trouvait à 22 milles (32 kilomètres) au sud de Jérusalem, suivant Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 84, 209.

1° Plan ; principaux quartiers. — C’est aujourd’hui encore une des plus grandes villes de la Palestine. Élevée de 927 mètres au-dessus de la Méditerranée, elle s’étend au fond d’une belle vallée qui se dirige du nordouest au sud-est et sur les pentes inférieures des montagnes qui la dominent. Elle se divise en quatre quartiers principaux (fig. 118). Le premier, celui que l’on rencontre en venant de Jérusalem, s’appelle Bîdret BSJbez-Zàuiyéh, « le quartier de la Porte de la Zâouiyéh, » espèce d’oratoire musulman. C’est le moins considérable ; il ne comprend qu’un petit nombre d’habitations assez bien bâties, du moins relativement aux autres villes de la Palestine. Le second s’élève en face, vers le nord-est, au delà de quelques jardins, soit dans la vallée, soit sur le versant du Djebel Béilûn. C’est le tfâret esch-Scheikh, t le quartier du scheikh, » c’est-à-dire d"Ali Bakka, personnage auquel est dédiée la belle mosquée qu’en

remarque de ce côté. Le minaret qui la surmonte est le principalornement de la ville dû à l’architecture moderne. De forme hexagone et construit avec des pierres alternativement rouges et blanches, d’une taille très régulière, il repose sur une tour carrée et est couronné par une petite coupole. Entre ces deux quartiers, plus près cependant du premier, on rencontre, au milieu des jardins, un puits appelé Bir Sidna Ibrahim, « le puits de notre seigneur Abraham, » dont l’eau est très bonne. La tradition locale le fait remonter jusqu’au patriarche dont il porte le nom ; il est difficile de distinguer les caractères de la construction, les pierres qui recouvrent l’orifice n’ont rien de saillant et l’ouverture carrée par où l’on y puise est trop étroite pour que le regard puisse étudier l’intérieur. Au-dessus du Hâret esch-Scheikh est l’aqueduc qui amène à un réservoir les eaux d’une

I, Th irin, » n rf « |j « 8. — Plan d’Hébron.

source éloignée de la ville, vers le nord-est, de quelques minutes seulement, appelée’Aïn Keschkaléh, mais mentionnée aussi sous la dénomination de’Aïn Eskali par Van de Velde, Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 97, et F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, t. i, p. 152. Sous cette dernière forme, le nom rappellerait celui de la vallée d’Escol, des environs d’Hébron, d’où les espions envoyés par Moïse rapportèrent une magnifique grappe de raisin. Num., xiii, 24 ; xxxii, 9 ; Deut., i, 24. Voir Escol 2, t. ii, col. 1928.

Les deux quartiers que nous venons de parcourir se correspondent l’un à l’autre ; il en est de même des deux suivants. L’un, ou le troisième que nous avons à mentionner, s’appelle Hâret el-Harâm, « le quartier du Haram » ou de la grande mosquée. Il est, en effet, dominé par ce monument remarquable dont nous parlerons tout à l’heure. Adossé au Djebel Dja’dbréh, il se compose lui-même de cinq autres subdivisions, qui ne forment qu’une seule et même agglomération de maisons.

La principale de ces subdivisions est nommée Hâret

cl-Qala’ah, « le quartier du château. » L’ancien château

— tort de la ville, réparé extérieurement depuis une

soixantaine d’années, tombe aujourd’hui en ruine à l’intérieur. Construit en partie avec des pierres relevées en bossage, mais de dimensions peu considérables, il ne parait pas remonter beaucoup au delà du moyen âge ; il a pu cependant succéder à une forteresse antérieure. Plusieurs colonnes antiques engagées transversalement dans la construction comme pièces de soutènement font çà et là légèrement saillie au dehors. Les murs sont extérieurement percés de meurtrières et de petites fenêtres carrées ou ogivales. Au fond d’une petite cour, près de l’entrée du souq ou marché, les musulmans vénèrent dans un oualy la mémoire de Sidna Yousef en-Nadjar, « notre seigneur Joseph le charpentier. » La dépouille mortelle du santon repose dans un grand sarcophage placé au milieu d’une chambre basse, espèce de caveau dans lequel on descend par plusieurs degrés. Selon les juifs, cette chambre sépulcrale en recouvrirait elle-même une seconde, située au-dessous, et où, suivant une tradition fort ancienne, aurait été enseveli Abner, fils de Ner, traîtreusement tué par Joab. II Reg., iii, 27-32. Cf. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p.- 187, 243, 388, 434. Dans le lit de la vallée, à l’ouest et au sud-ouest du Hâret el-Harâm, se trouvent deux grandes piscines. La première, appelée Birket el-Qazzazîn, est longue de 26 mètres sur 17 de large et 8 de profondeur. Irrégulière et mal construite, elle est munie d’un escalier à l’angle nord-est. La seconde, située à une centaine de mètres au sud de celleci, se nomme Birket es-Sultân. Très solidement et très régulièrement construite, elle forme un grand réservoir de 40 mètres carrés, soutenu par des murs d’un beau travail. Deux escaliers placés à deux de ses angles permettent d’y descendre. Selon la tradition, ce serait celle au-dessus de laquelle David fit suspendre les mains et les pieds de Baana et de Rechab, assassins d’Isboselh. II Reg., iv, 12. — Le quatrième quartier, appelé Hâret el-Meschârqah, est situé dans la partie sud-ouest de la ville, sur les dernières pentes du Djebel Qubbet el-Djâneb, montagne raide et escarpée, dont quelques parties néanmoins sont susceptibles de culture. Au pied septentrional de celle-ci, sont les bâtiments de la quarantaine d’Hébron,-et s’étend un grand cimetière musulman. Plus haut, en se rapprochant du Haret ez-Zaouiyéh, s’élève une quatrième montagne, le Djebel er-Reméidéh, plantée de magnifiques oliviers et cultivée en terrasses. Elle renferme plusieurs tombeaux antiques et des ruines, entre autres celles qui portent le nom de Deir el-Arba’în, ou « couvent des Quarante ». C’est une construction musulmane consistant en une petite mosquée avec ses dépendances. Plusieurs tronçons de colonnes et des pierres de taille, provenant évidemment d’une époque plus ancienne, ont été engagés çà et là dans l’épaisseur des murs. Une tradition très accréditée veut que la montagne entière, transformée depuis bien, des siècles par la culture en divers enclos plantés d’arbres, ait servi, dans les temps les plus reculés, d’acropole à Hébron. Ce qui prouve d’ailleurs que le Djebel er-Remeidéh était jadis habité, c’est que les nombreux murs d’appui qui soutiennent les terres d’étage en étage sont bâtis avec des matériaux dont beaucoup paraissent antiques ; en outre, il n’est pas rare d’exhumer du sol des pierres de taille plus ou moins considérables, restes d’anciennes constructions. La tradition actuelle, conforme à celle du moyen âge, place de ce côté la cité primitive d’Hébron. Il est sûr, en effet, que, à l’époque d’Abraham, la grotte de Makpélah se trouvait dans un champ et, par conséquent, en dehors de la ville. Dans ces dernières années, les anciens quartiers ont été reliés entre eux par de nouvelles constructions.

2° Aspect général ; le Haram ; la population. — Si maintenant nous jetons un coup d’œil sur l’ensemble d’Hébron (fig. 119), nous aurons une des plus belles vues

de la Palestine. La vieille cité des patriarches s’allonge entre deux chaînes de collines verdoyantes, qui lui forment, avec leurs bouquets d’oliviers, un cadre gracieux. Les maisons, construites en belles pierres de taille d’une blancheur éclatante, s’entassent les unes sur les autres autour de la magnifique mosquée qui les domine. Quelques-unes sont à terrasses, les autres sont recouvertes de petites coupoles surbaissées comme celles de Jérusalem. Aux étages supérieurs, les chambres sont aérées par des fenêtres nombreuses. Mais on trouve ici, comme dans la plupart des villes orientales, des rues étroites, malpropres et tortueuses. Il n’y a pas d’enceinte de murailles, les montagnes voisines servant de

large et 15 à 18 de hauteur. Ces murs, semblables à ceux d’un château fort, sont estimés comme le plus ancien et le plus beau reste de l’architecture en Palestine. Ils ont fait l’admiration de tous les voyageurs, depuis le pèlerin de Bordeaux, en 333 ; cf. Itinera Terræ Sanctæ, Genève, 1877, t. i, p. 20, jusqu’à M. de Vogué, Les églises de Terre Sainte, Paris, 1860, p. 344345. L’appareil est le même que celui du Haram de Jérusalem. Les blocs, dont quelques-uns ont plus de 7 mètres de long, sont de même dimension ; leur bossage offre le même caractère, bien qu’il n’ait pas ét4 exécuté par les mêmes moyens. Au sommet de la construction antique, les Arabes ont élevé une muraille en petit appareil, d’un

[[File: [Image à insérer]|300px]]
120. — *Le Harâm el-Khalil. D’après une" photographie.

forts naturels ; cependant des portes s’ouvrent aux deux extrémités et conduisent dans la campagne environnante, qui est un véritable jardin planté de vignes, d’oliviers, de grenadiers, de noyers, de figuiers et d’abricotiers. Quelques palmiers élèvent leurs panaches au-dessus des maisons, mais leurs fruits ne mûrissent pas à cause des brusques variations de température amenées par l’altitude. Aucun ruisseau ne coule dans la vallée ; mais un certain nombre de sources sont utilisées pour l’arrosage des cultures. — Le monument d’Hébron, c’est le Harâm el-Khalil (fîg. 120). Il comprend une grande cour, une mosquée et une crypte qui est la caverne de Makpélah. Nous nous contenterons de décrire l’enceinte extérieure, renvoyant à Makpélah tout ce qui concerne le tombeau des patriarches. C’est d’ailleurs la partie la mieux connue, bien qu’il soit impossible de l’examiner de près à cause du fanatisme des habitants. On sait, en effet, avec quelle sévérité l’entrée de ce sanctuaire, regardé comme l’un des plus saints de l’islamisme, est interdite aux chrétiens. L’enceinte sacrée constitue un .parallélogramme long d’environ 65 mètres sur 38 de

travail relativement moderne, et portant des créneaux à la partie supérieure. Cette enceinte est fortifiée de distance en distance par des pilastres engagés, de 1 mètre 10 centimètres de large, et d’environ 8 mètres de hauteur, au nombre de 16 sur les grands côtés du parallélogramme, et de 8 sur les petits ; ils ne sont point couronnés par des chapiteaux, mais seulement reliés entre eux par une corniche uniforme, un simple filet carré. Aux quatre angles s’élevaient autrefois autant de minarets : deux seulement sont aujourd’hui debout, l’un à l’angle nord-ouest, l’autre à l’angle sud-est. Deux portes auxquelles on monte par un escalier, permettent de pénétrer dans l’enceinte sacrée. « Cette enceinte, d’une exécution si soignée et d’un aspect si imposant, a-t-elle été bâtie sous les derniers Asmonéens ou sous la dynastie iduméenne ? On l’ignore ; ce qui est certain, c’est que l’on n’y sent nulle part l’influence du style grec, qu’elle est tout entière dans l’esprit et dans le goût du constructeur phénicien. On y retrouve cette alternance de faces saillantes et de faces creuses qui décore à l’extérieur le haut du mur dllérode fà Jérusalem]. » Perroti

Histoire de l’art, t iv, Paris, 1887, p. 277. MM. Mauss et Salzmann, ainsi que M. de Saulcy, la font remonter jusqu’au temps de David. Cf. F. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, t. i, p. 156 ; t. ii, p. 328. Voir aussi, sur l’enceinte sacrée d’Hébron, Renan, Mission de Phénicie, Paris, 1864, p. 799-607. — La population d’Hébron est de 8 à 10000 habitants, suivant les uns ; de 12 à 14000, suivant les autres ; la statistique officielle n’existe pas dans ce pays. À part un millier de Juifs, elle est tout entière musulmane, fanatique, turbulente et souvent fort désagréable pour les étrangers. Il n’y a pasde chrétiens. La forte garnison qu’y entretient le gouvernement turc ne suffit pas pour le rendre toujours maître de ce peuple insoumis. C’est d’ailleurs une belle et forte race qui doit ses qualités à la richesse du sol, à la salubrité de l’air, la pureté et l’abondance des eaux, la végétation luxuriante de la vallée. Parmi les Israélites, beaucoup sont allemands, polonais ou espagnols. Lés marchands de la ville font beaucoup de commerce avec les Bédouins et parcourent souvent le pays avec leurs marchandises. Entre autres branches d’industrie, nous signalerons la fabrication d’outrés en peaux de chèvre et deux verreries importantes. La soude nécessaire à ces dernières est apportée des contrées désertiques situées à l’est du Jourdain. Ces verreries sont très anciennes ; elles sont mentionnées en 1333 par le rabbin Isaac Chelo (cf. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, p. 243) ; mais il est probable qu’elles existaient déjà à l’époque juive. Les vignes sont très nombreuses aux environs d’Hébron. Depuis quelques années, les Juifs, à qui elles appartiennent presque toutes, font beaucoup de raisins secs, de sirop de raisin et de vin. Voir Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xlii, p. 134, 138-140. III. Histoire.

Hébron est une des plus vieilles villes du monde. La Bible nous apprend qu’elle fut bâtie sept ans avant Sô’an ou Tanis, capitale de la Basse Egypte. Num., xiii, 23. Une fausse interprétation de Jos., xiv, 15, aurait même fait croire à quelques critiques qu’Adamy fut enterré. La Vulgate dit, en effet : « Hébron s’appelait auparavant Cariath Arbé. Adam, le plus grand des Ènacim, y est enterré. » Mais le mot hâ’àdâm du texte hébreu est tout simplement le nom commun « homme », et le verset doit se traduire : « Le nom d’Hébron était auparavant Qiryaf (ville) d"Arba’, l’homme le plus grand parmi les’Andqitn. » C’est à cette race de géants, nous l’avons vii, qu’on en fait remonter l’origine. La première fois qu’il est question de cette ville dans l’Écriture, c’est lors de l’arrivée d’Abraham dans la vallée de Mambré. Gen., xiii, 18. À cette époque, elle est même quelquefois appelée Mambré, hébreu : Mamrê’. Gen., xxiii, 19 ; xxxv, 27. Le patriarche fixa longtemps sa tente en cet endroit, sous un chêne resté célèbre. Voir Mambré. — À la mort de Sara, il acheta d’Éphron, pour lui servir de tombeau de famille, la caverne double ou Makpêlah, Gen., xxiii, 2, 19, où il fut déposé lui-même plus tard par ses fils. Gen., xxv, 9. Isaac, à son tour, y fut réuni à son père par Ésaû et Jacob. Gen., xxxv, 27, 29. — Jacob habita dans la même vallée, et c’est de là que partit Joseph pour aller trouver ses frères vers Sichem et Dothaïn. Gen., xxxvii, 14.

— Les explorateurs envoyés par Moïse pour examiner la Terre Promise, vinrent à Hébron. Num., xiii, 23. — Lorsque les Israélites envahirent le pays de Chanaan, le. roi de cette ville, Oham, se ligua contre eux avec Adonisédech, roi de Jérusalem, et trois autres princes, pour aller attaquer Gabaon ; mais il fut vaincu et mis à mort. Jos., x, 3, 23, 26 ; xii, 10. Josué vint alors assiéger la ville, qui fut prise, et dont les habitants furent passés au fil de l’épée. Jos., x, 36, 39 ; xi, 21. — Dans le partage de la Terre Sainte, elle fut donnée à Caleb, avec son territoire, et échut à la tribu de Juda. Jos., xiv, 13, 14 ; xv, 13, 54 ; Jud., i, 20. Plus tard, elle fut désignée comme "ville de refuge et assignée aux enfants d’Aaron. Jos., xx,

7 ; xxi, 11, 13 ; I Par., ti, 55, 57. — La seconde partie de son histoire, au point de vue biblique, comprend le rôle qu’elle joua sous David. Lorsque Saül eut succombé sur le mont Gelboé, David, après avoir consulté Dieu, vint à Hébron avecses compagnons d’armes, qui s’installèrent dans les bourgs et villages de la banlieue. II Reg., ii, 1, 3. Cette place forte, où il possédait des amis dévoués, I Reg., xxx, 31, et à laquelle se rattachaient tant de souvenirs de l’histoire patriarcale, était bien choisie pour lui servir de capitale temporaire. H y régna sept ans et demi, et sa famille s’y accrut. II Reg., ii, 11 ; m, 2, 5 ; v, 5 ; III Reg., ii, 11 ; I Par., iii, 1, 4 ; xxix, 27. C’est là qu’Abner vint le trouver pour entrer en pourparlers avec lui, et qu’il fut tué par Joab, puis enseveli. II Reg., iii, 19, 20, 22, 27, 32 ; iv, 1. C’est là aussi que Baana et Réchab apportèrent à David la tête d’Isboseth traîtreusement mis à mort, et qu’ils subirent un châtiment bien mérité : ils furent tués, et leurs mains et leurs pieds coupés furent suspendus au-dessus de la piscine d’Hébron. II Reg., iv, 8, 12. Après cela, les anciens et les tribus d’Israël vinrent reconnaître pour roi le fils d’Isaï, qui reçut l’onction royale pour la troisième fois. II Reg., v, 1, 3 ; I Par., xi, l, 3. Lorsque Absalom se souleva contre son père, c’est à Hébron qu’il se retira, sous prétexte d’y sacrifier au Seigneur, et il fit de cette place le centre de la révolte. II Reg., xv, 7, 9, 10. — Elle fut plus tard fortifiée par Roboam, II Par., xi, 10, puis, au retour de la captivité, elle fut réhabîtée par des enfants de Juda. II Esd., xi, 25. Mais elle tomba bientôt au pouvoir des Iduméens, qui s’y maintinrent jusqu’au moment où Judas Machabée parvint à les en chasser et détruisit les remparts et les tours de la ville. I Mach., v, 65. — Quelque temps avant la prise de Jérusalem par Titus, Céréalis, l’un des généraux de Vespasien, s’en empara et la livra aux flammes, après avoir égorgé toute la population valide. Cf. Josèphe. Bell, jud., IV, ix, 9. Au ive siècle, Eusèbe, Onomastica sacra, p. 209, la désigne comme un gros bourg, xcâfiv) vûv izyiaTr. Tombée au pouvoir des musulmans avec tout le reste de la Palestine, elle conserva toujours une partie de son antique importance, tant en vertu de sa position qu’à cause de la vénération dont les Arabes, aussi bien que les Juifs et les chrétiens, entourent la mémoire d’Abraham. Les croisés la désignent souvent sous le nom de castellum ou prsesidiwm. ad sanctum Abraham. En 1167, elle devint le siège d’un évêque latin. Vingt ans plus tard, elle retomba entre les mains des musulmans, et sa cathédrale fut convertie en mosquée. Depuis ce temps, elle n’a jamais cessé de leur appartenir. — Outre les auteurs que nous avons cités dans le corps de cet article et surtout V. Guérin, Judée, t. iii, p. 214-256 qui a en quelque sorte épuisé la matière sur Hébron, on peut voir principalement : E. Robinson, Bïblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 73-94 ; Survey of Western Palestine. Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 305308 ; 333-346 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, 1. 1, Southern Palestine, Londres, 1881, p. 268-282.

A. Legendre.
    1. HÉBRONA##

HÉBRONA (hébreu : ’Abrônâh ; Septante : Codex Vaticanus : Eeépwvà ; Codex Alexandrinus : ’E6pii)vô), un des campements des Israélites dans le désert, mentionné immédiatement avant Asiongaber. Num., xxxiii, 34, 35. Il est inconnu. D’après l’étymologie du nom, qui veut dire « passage », on suppose que cette station se trouvait sur le bord du golfe Élanitique, près d’un gué.

A. Legendre.
    1. HÉBRONI##


HÉBRONI, nom donné par la Vulgate à Hébron, fils de Caath, dans Num., xxvi, 58. Voir Hébron 1, col. 553.

    1. HÉBRONITES##

HÉBRONITES (hébreu : Hefemm ; Septante : 6 XeBpivv), famille de lévites, descendant d’Hébron, le fils de Caath. Num., iii, 27 ; xxvi, 58 ; I Par., xxvi, 23, 30, 31. Voir HÉ-BRON 1.

    1. HEDDAÏ##

HEDDAÏ (hébreu : Hiddaî, omis dans le Vaticanus, mais Codex Atexandrinus : ’A88aî)i un des vaillants guerriers de l’armée de David. II Reg., xxïii, 30. Il était du torrent de Gaas, Dans la liste parallèle, I Par., xi, 32, il est appelé Huraî.

    1. HÉDER##

HÉDER (hébreu : ’Âdér à la pause ; Septante : *ESep), descendant d’Elphaal, de la bu de Benjamin. I Par., viii, 15.

    1. HÉGÉMONIDE##

HÉGÉMONIDE (’Hyc|i, ov ! 8tiç), général syrien auquel Lysias « laissa » le commandement de la province de Palestine, depuis Ptolémaïde jusqu’au pays des Gerréniens (voir Gerréniens, col. 212), lorsque les troubles qui avaient éclaté à Antioche l’obligèrent de se rendre dans cette ville (162 avant J.-C). Voir Lysias. KaxÉ^iits arpa-r/ifàv…’Hye|i.ov(8T)v, porte le texte grec. II Mach., XIII, 24. La Vulgate a traduit dans un sens différent : « Il (le roi Antiochus V Eupator ou plutôt Lysias gouvernant pour le roi enfant) le fît (Judas Machabée) chef et prince depuis Ptolémaïde jusqu’aux Gerréniens. » Mais, pour avoir ce sens, elle ajoute au texte original le pronom « le », eum, et la conjonction « et ». De plus, elle fait de’Hyeiiovtériç un appellatif ; or le grec n’a pas d’appellatif en iSt}< ;. Enfin, la répétition d’un titre synonymique après oxpaxYiYiiv est complètement inutile et ne s’explique pas. Aussi, la version syriaque a-t-elle pris avec raison Hégémonide pour un nom propre. On ne connaît rien d’ailleurs de ce personnage. On peut supposer seulement, d "après les circonstances qui le firent choisir pour remplir son commandement, qu’il était bien disposé en faveur des Juifs. Voir W. Grimm, Dos zweite Buch der Maccabâer, Leipzig, 1857, p. 191.

    1. HEGENDORF Christophe##


HEGENDORF Christophe, philologue allemand, luthérien, né à Leipzig en 1500, mort à Lunebourg le 8 août 1540. Par sa parole et ses écrits, il fut un des plus actifs propagateurs des doctrines luthériennes. En 1525, il était professeur de littérature grecque à Francfort et en 1537 il fut nommé surintendant à Lunebourg. Parmi ses nombreux ouvrages nous n’avons à mentionner que les suivants réunis en un volume : Commentarius in historiam Passionis Christi secundum Matthssum ; Annotationes in Marci Evangelium ; In Acta Apostolorum ; Scholia in Epistolas ad Colossenses, in Epistolam ad Hebrseos, in I et II Epistolam Pétri, in8°, La Haye, 1525. — Voir Lelong, Biblioth. sacra, p. 767 ; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 641.

B. Hecrtebize.

H ÉG LA (hébreu : ’Eglâh, « génisse ; » Septante : ’Ey^â), fille de Salphaad dans la tribu de Manassé. Num., xxvi, 33 ; xxvii, 1 ; xxxvi, 11 ; Jos., xvii, 3. Elle réclama avec ses sœurs et obtint sa part d’héritage dans la succession de son père qui n’avait pas d’héritier mâle. Voir Héritage, col. 610.

    1. HEIDEGGER Jean Henri##


HEIDEGGER Jean Henri, polygraphe suisse, luthérien, né à Ursivellen, le 1 er juillet 1633, mort à Zurich le 18 janvier 1698. Fils d’un pasteur, il termina ses études à Marbourg et à Heidelberg sous J. H. Ottinger. II professa dans cette dernière ville la langue hébraïque et la philosophie et s’y fit recevoir docteur en théologie. En 1659, il était à Steinburg faisant des cours d’hébreu et de théologie qu’il enseigna ensuite à Zurich. Il fut le principal auteur de la Formula consensus ecclesiarum llelvelicarum reformatarum qui essaya inutilement d’unir toutes les églises réformées de la Suisse dans une seule profession de foi. Parmi ses écrits nous citerons : De historia sacra patriarcharum exercitationes selectæ, 2 in-4°, Amsterdam, 1661-K571 ; Enchiridion biblicum succinctius, quo analysis singulorum Veteris et Novi Testamenti librorum compendiose exhibetur ; adjiciuntur prœcipui exegetx, in-8°, Zurich, 1681 ; M yster ium

Babylonis, seu in divi Johannis theologi apocahjpseos prophetiam de Babylone magna diatribse, 2 in-4, Leyde, 1687 ; Labores exegetici in Josuam, Mathseum, Epistolas ad Romanos, Corinthios et Hebrœos, in-4°, Zurich, 1700 ; Dissertationes biblicæ, Capelli, Simonis, Spinosx sive aberrationibus, sive fraudibus opposïtæ de sacrorum librorum origine, de Scriptoribus sacris, de authentia S. Scriptural, de integritate, de perfectione, de pactibus ejusdem, de libris Veteris Testamenti, de Historia Veteris et Novi Testamenti, de chorographia sacra, in^i », Zurich, 1700 : l’éditeur de ce dernier ouvrage y a joint la vie de J. H. Heidegger. Dans les -Dissertationes eclectse sacram theologiam dogmalicam, historicam et moralem.illustrantes, 4 in-4°, Zurich, 1675-1690, de cet auteur, on remarque des dissertations De Paschate emortuali Christi ; De pseudo-Samuele a Pythonissa in Endor vocato ; De libris apocryphis ; De vitulo Aharonis qua historia sacra vituli aurei ab Aharor. e conflati exponitur ; De pœna Moschololatrise et reconciliatione populi. — Voir Hofmeister, Historia vitse J. H. Heideggeri, in-4°, Zurich, 1698 ; Nicéron, Mém. pour servir à l’hist. des hommes illustres, t. xvii, p. 143 ; Walch, Bibl. theologica, t. iii, p. 27, 28, 88, 83, 853 ; t. iv, p. 197, 468, 640, 673, 734, 774.

B. Heurtebize.

H EL À M (hébreu : Hêlam ; Septante : AiXdtpi, ), localité à l’est du Jourdain et à l’ouest de l’Euphrate, où se rassemblèrent les Araméens ou Syriens qu’Adadézer, roi dé Soba, avait appelés à son aide ; ils furent battus en cet endroit par David. II Reg., x, 16-17. Le nom d’Hélam se lit deux fois dans le texte original, ꝟ. 16 et 17, mais avec une orthographe différente, obm, jr. 16,

et riDNbn (avec hé locatif) ꝟ. 17. La Vulgate l’a pris pour

un nom commun, j^. 16, et a traduit « leur armée », comme avait déjà fait Aquila : sv fiuvâ|*et aùrûv ; mais il est plus naturel de voir le même nom de lieu dans les ; deux passages. Josèphe, Ant. jud., VII, VI, 3, transcrit Hêlà’mâh par Xoda[i « , et il fait de ce nom le nom propre du roi des Syriens qui habitaient au delà de l’Euphrate. Dans le Codex Vaticanus et l’édition sixtine des Septante le mot XaXa|jiâx est ajouté fautivement au ꝟ. 16 comme nom du fleuve qui est appelé simplement han-nâhâr dans l’hébreu ; ce fleuve ne peut être que l’Euphrate. — Le site d’Hélam est inconnu. Ptolémée, v, 15, 25, mentionne une ville appelée’AXâjjiaOa, Alamatha, sur la rive occidentale de l’Euphrate, près de Nicéphorium, mais il paraît peu vraisemblable que David ait porté la guerre si loin. On croit plus communément que la bataille dut se livrer sur le territoire compris entre Damas et le pays des Ammonites, et c’est là ce qui semble résulter de l’ensemble du récit de l’historien sacré, mais on ne peut pas préciser davantage. Hélam n’est pas nommé dans le récit de I Par., xix, 17.

    1. HELBA##

HELBA (hébreu : Kélbâh, « graisse, » c’est-à-dire région fertile ; Septante : Codex Vaticanus : Xeofii ; Codex Alexandrinus : S^eS(av), ville de la tribu d’Aser, dont les Chananéens ne furent pas chassés. Jud., i, 31. Elle n’est mentionnée qu’en ce seul endroit de l’Écriture et est restée complètement inconnue. Elle n’est pas comprise dans la liste des cités appartenant à la tribu. Jos., xix, 25-30. Peut-être se trouvait-elle sur la côte

phénicienne.
A. Legendre.
    1. HELBON##

HELBON (hébreu : Hélbôn ; Septante : Xe).6<àv), ville de Syrie, célèbre par ses vins. Ezech., xxvii, 18. La Vulgate a fait de Helbon un nom commun et a traduit in vino pingui, « un vin excellent, » au lieu de traduire par « vin de Helbon », mais saint Jérôme reconnaît lui-même, In Ezech., xxvii, 18, t. xxv, col. 257, que dans le texte original on lit Helbon. Cette ville porte aujourd’hui le nom de Helbun. Elle est située sur le versant oriental

de l’Anti-Liban, à 20 kilomètres environ au nord-ouest de Damas. Le prophète fezéchiel, xxvii, 18, nous apprend que Tyr achetait le vin de Helbon par l’intermédiaire des marchands de Damas. Ce vin était célèbre en Orient. Il en est parlé dans les textes cunéiformes. Nabuchodonosor (Cylindre de Bellino, col. I, ligne 23) énumère le karân, « viii, » parmi les tributs de Ifi-ïl-bu-nuv ou Helbon. La liste de vins du roi de Ninive Assurbanipal porte, entre autres, karân Biilbunuv, « le vin d’Helbon. » Eb. Schrader, Die Keïlinschriflen und das alte Testament, 2e édit., p. 425-426. Strabon, xv, 22, édit. Didot, p. 626 ; Athénée, Deipnosoph. ; i, 51, édit. Teubner, 1858, 1. 1, p. 49 ; Plutarque, De fort. Alexandri ; h, 11, édit. Didot, Oper. mor., t. i, p. 419, disent que les rois de Perse tiraient leur vin de Chalibon : ils l’appellent en effet XaXj8<ivio ; oïvoç. Chalibon n’est pas ! autre que Jfelbôn. « La contrée est comme faite exprès pour la culture de la vigne ; de vastes coteaux composés I de marne s’élèvent des deux côtés de la vallée. Ils sont encore en partie plantés de vignes, mais les récoltes ne servent qu’à faire des raisins secs. Bïelbon est situé à un détour de la vallée, au pied de hauteurs escarpées qui ne présentent que peu de verdure. Une petite vallée vient y aboutir du nord-ouest dans la vallée principale, dont le fond est couvert d’arbres. On y trouve dans les maisons et les murs des jardins des fragments de colonnes et d’anciennes pierres taillées. La mosquée au milieu du village se reconnaît à sa vieille tour. Une source abondante jaillit de dessous cette mosquée dans un bassin. On trouve des fragments d’inscriptions grec, ques. » A. Socin-Bœdeker, Palestine et Syrie, 1882, p. 518. Plusieurs commentateurs ont confondu à tort Helbon avec Alep. Voir Bérée 2, t. i, col. 1609. Cf. Wetzstein, dans la Zeitschrift der deutschen morgent ândischen Gesellschaft, t. xi, 1857, p. 490 ; Ed. Robinson, Biblical researches, 2e édit., t. iii, p. 471-472 ; J. L. Porter, Five years in Damasius, 2 in-12, Londres, 1855, t. ii, p. 330 ; Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, 1881, p. 281. F. ViGOimoux.

    1. HELCATH##


HELCATH, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xxi, 31, de la ville appelée Halcath dans Jos., xix, 25. Voir HALCATH, col. 403.

    1. HELCATH HASSURIM##

HELCATH HASSURIM (hébreu : gelqaf has-surîm), nom d’un champ situé près de la piscine de Gabaon où s’entretuèrent douze Benjamites et douze partisans de David, au commencement du règne de ce dernier à Hébron. II Reg., ii, 16. La Vulgate a traduit le nom hébreu comme un nom commun, Ager robustorum, « Champ des vaillants. » Voir Gabaon, col. 20-21. Les Septante ont fait dé même, mais l’ont interprété autrement : Mep ; Tûv êiit60ùXcûv, « part des assaillants. » Les modernes ont donné du nom des interprétations très diverses, et tontes sont douteuses. Tristram, Bible Places, in-8°, Londres, p. 115, rapproche le nom hébreu de celui d’une vallée proche de Gabaon, au nord-ouest, l’ouadi e-Aksar, « vallée des soldats. »

    1. HELCHIAS##

HELCHIAS (hébreu : Hâkalyâh ; Septante : XsXxia), père de Néhémie. II Esd., i, 1.

    1. HELCI##

HELCI (hébreu : lj.elqâï ; Septante : ’EXx~.t), chef de famille sacerdotale, du temps du grand prêtre Joacim. II Esd., xii, 15.

    1. HELCIA ou HELCIAS##

HELCIA ou HELCIAS (hébreu : lj.ilqiyyah, IJiiqiyydhû ; Septante : XeXxfac), nom de neuf Israélites.

    1. HELCIAS##


1. HELCIAS, père d’Éliacim, IV Reg., xviii, 18 ; Isaïe, xxii, 20 ; xxxvi, 22. Voir Éliacim 1, t. ii, col. 1666.

    1. HELCIAS##


2. HELCIAS, grand-prêtre, de la famille de Sadoc, père

d’Azarias et fils de Sellum, probablement un des ancêtres d’Esdras. I Par., vi, 13 ; I Esd., vii, l. Il fut souverain pontife sous le règne de Josias. IV Reg., xxii-xxiii ; II Par., xxxiv, 9-28 ; I Esd., i, 8. Ce fut sous son pontificat que l’on trouva le livre de la Loi, séfér (ôraf Yehôvâh : c’est-à-dire probablement le Deutéronome. Cette découverte excita Josias à rétablir le culte religieux dans toute sa pureté et à célébrer une Pàque solennelle. Voir Josias et Pentateuque, Deutéronome. — Depuis Clément d’Alexandrie, plusieurs historiens ont cru que le grandprêtre Helcias était le père du prophète Jérémie, Jer., i, 1, mais rien ne justifie cette identification.

    1. HELCIAS##


3. HELCIAS, lévite, fils d’Amazaï dans la branche de Mérari, fut un des ancêtres d’Éthan. I Chr., vi, 45 (hébreu, 30).

    1. HELCIAS (mikiahu)##


4. HELCIAS (mikiahu), lévite, second fils d’Hosa, dans la branche de Mérari. Il était un des portiers du Tabernacle au temps de David. I Par., xxvi, 11.

    1. HELCIAS##


5. HELCIAS, prêtre, contemporain d’Esdras. II Esd., vin, 4.

6. HELCI A8, prêtre d’Anathoth, père de Jérémie. Jer.,

    1. HELCIAS##


7. HELCIAS, un des ancêtres de Baruch le prophète. Bar., i, 1.

    1. HELCIAS##


8. HELCIAS, père de Gemaria, un des envoyés de Sédécias à Nabuchodonosor. Jer., xxix, 3.

    1. HELCIAS##


9. HELCIAS, père de Susanne. Dan., xiii, 2.

    1. HÉLEC##

HÉLEC (hébreu : Jfélêq ; Septante : XsX£y et KeXé^), second fils de Galaad et chef de la famille des Hélécites. Num., xxvi, 30 ; Jos., xvii, 2.

    1. HÉLÉCITES##

HÉLÉCITES (hébreu : Ha-gélqî ; Septante : <5 XeXev’) » famille descendant d’Hélec, fils de Galaad. Num., xxvi, 30.

    1. HÉLED##

HÉLED (hébreu : Ifêléb, II Reg., xxiii, 29 ; Bëlêd,

I Par., xi, 30, et Siélday, 1 Par., xxvii, 15 ; Septante, omis dans le Codex Vaticanus pour II Reg., xxiii, 29 ; X6aô8, 1 Par., xi, 30, et XoXSfa, I Par., xxvii, 15), un des vaillants guerriers de David. Il était fils de Baana, de la race de Gothoniel, et originaire de Nétophath. II Reg., xxiii, 29 ; I Par., xi, 30 ; xxvii, 15. On voit que l’hébreu orthographie différemment son nom ; il met un a, beth,

II Reg., xxiii, 29, à la place d’un t, dalefh, I Par., xi, 30.

    1. HÉLENI##

HÉLENI (hébreu : Blêlém), nom de deux Israélites.

1. HÉLEM (Septante : Bavris), â(i : ils font entrer le mot bén, fils, dans le nom propre), un des descendants d’Aser ; il est donné comme frère de Somer. I Par., vii, 35.

2. HÉLEM (Septante : toi ? ùnoiiévouui), personnage qui, revenant de captivité avec Tobie et Idaïe, est mentionné dans la prophétie de Zacharie, vi, 14. Ils doivent donner les couronnes qui seront mises sur la tête du grand-prêtre Jésus. Zach., vi, 11, 14. Au ꝟ. 10 du même chapitre, il est appelé Holdaï (hébreu : Iféldaï), sans doute par une faute de copiste dans l’un ou l’autre endroit.

    1. HÉLEPH##

HÉLEPH (hébreu : Déléf ; Septante : Codex Vaticanus : MooXâji ; Codex Alexandrinus : MeXIç), ville de la tribu de Nephthali, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., xix, 33. Les Septante ont maintenu au commencement du nom le mem hébreu, qui indique la préposition a de, depuis ». Cette localité est le premier

point d’où Josué fait partir les frontières de la tribu. Gn la trouve également citée dans le Talmud. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 224. Mais son emplacement n’est pas connu d’une façon certaine. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 320, propose de l’identifier avec Beit-Lîf, dans la Haute Galilée, au sud-est de Tyr. Voir la carte de Nephthali, ou celle d’AsER, t. i, col. 1084. Si le rapprochement onomastique laisse à désirer, la situation convient à la ville frontière. « Le village de Beit-Lîf est situé sur une colline, dont les pentes sont couvertes d’oliviers et de figuiers ; il en occupe lui-même le sommet et est très.grossièrement bâti. Sa population ne dépasse pas 80 Métualis. Au-dessus de la porte d’une petite mosquée on remarque un linteau antique brisé, sur lequel un lièvre a été sculpté. Cet animal est représenté sur d’autres anciens monuments de la Galilée. La bourgade à laquelle a succédé Beit-Lîf, dont le nom est très certainement antérieur à l’invasion arabe, s'étendait également sur une autre colline voisine, vers l’ouest, et appelée 'Azibéh, qui est maintenant couverte d’oliviers. » V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 415.

A. Legendre.
    1. HÉLÈS##

HÉLÈS (hébreu : Béléf, II Reg., xxiii, 26 ; et #êfc>?, I Par., xi, 57 ; xxvii, 10 ; Septante : XaXXiç, XsXXï]î), un des vaillants guerriers de David, II Reg., xxiii, 26 ; appelé Hellés, dans I Par., xi t 27, et xxvii, 10. Autre variante pour son lieu d’origine : dans II Reg., xxiii, 16, il est dit de Phalti (ou Bethphelet) ; hébreu : kap-Paltî ; dans I Par., xi, 27, et xxvii, 10, il est dit /lap-PeMni (Phalonite). Le nom de hap-Palti a sans doute été défiguré en celui de fiap-Pelônî. Il était Ephraïmite et chef de la 7° division de l’armée. I Par., xxvii, 10.

HÉLI, nom de deux personnages.

_, 1. HÉLI (hébreu : 'Êlî ; Septante : 'HXt'), juge d’Israël et grand-prêtre, descendant d’Aaron par Ithamar. I Reg., xiv, 3, comparé avec I Par., xiv, 3. Sa judicature fut l’avant-dernière de toutes, du moins si l’on s’en tient à l’ordre chronologique qui paraît indiqué par la Bible ; elle dura quarante ans. I Reg., iv, 18. Les Septante disent vingt ans, mais à tort. Elle dut, pour une partie de son cours, être contemporaine de celles de Jephté, d’Abesan, d’Ahialon et d’Abdon à l’est du Jourdain, et des commencements de celle de Samson au sud de la Palestine. Voir Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., t. ii, n° 450, p. 461. Le P. Hummelauer place dans la même année la mort d’Héli et l’inauguration' de la judicature de Samson, Comment, in librum Jud., Paris, 1888, p. 11. Héli se distingue des autres juges d’Israël par deux traits caractéristiques : il est d’abord le seul en qui se trouvent réunis le titre de juge et la dignité sacrée de grand-prêtre ; et c’est sans doute à raison de sa charge de souverain prêtre qu’il résidait à Silo, dans la localité où le tabernacle était établi, ce que n’avait (ait jusque-là aucun des autres juges. Nous savons d’ailleurs par

I Reg., iii, 2-16, qu’il habitait dans le sanctuaire même ou dans un appartement contigu et communiquant avec le lieu saint. En outre, il est le seul aussi qu’on ne nous montre pas comme libérateur du peuple de Dieu ; il ne prend même aucune part à l’unique guerre qui soit mentionnée pendant son administration et qui se termina par la double déroute d’Aphec. I Reg., iv, 1-11.

II est permis toutefois de conjecturer, pour expliquer son autorité en Israël et son titre de juge, qu’il avait dû se distinguer par quelque grand service rendu au peuple d’Israël et dont l’Histoire sainte ne nous a pas laissé le souvenir comme elle l’a fait pour tant d’autres faits. Cela expliquerait peut-être en même temps comment la souveraine sacriflcature avait pu passer de la lignée d’Eléazar, qui n'était pas éteinte, dans celle d’Ithamar en la personne d’Héli, car on croit que c’est lui qui fut

le premier pontife de la branche cadette de la famille d’Aaron.

L'écrivain inspiré ne nous signale aucun acte important de sa judicature, et ce qu’il nous dit de lui touche surtout à sa charge de grand-prêtre. Du reste les chapitres du premier livre des Rois dans lesquels il est parlé d’Héli sont évidemment écrits pour nous faire connaître les commencements de Samuel, dont ce pontife fut le maître religieux. Aussi les faits auxquels le grand-prêtre est mêlé sont-ils pour la plupart racontés comme des épisodes de l’histoire de son pupille. Ainsi c’est à l’occasion des prières d’Anne pour obtenir de Dieu la cessation de sa stérilité que nous voyons paraître Héli pour la première fois. Il est assis sur un siège placé à la porte du tabernacle, alors fixé à Silo, sans doute pour recevoir les réclamations des Israélites et juger leurs différends. I Reg., i, 9. C’est encore à propos de Samuel qu’il est fait mention d’Héli une seconde et une troisième fois : d’abord lorsque le futur libérateur d’Israël est présenté tout petit enfant au grand-prêtre, I Reg., i, 24-28 ; et plus tard, lorsque Héli bénit Elcana et sa femme et leur souhaite que Dieu leur accorde d’autres enfants en récompense de la générosité avec laquelle ils lui ont offert Samuel. I Reg., ii, 20.

L’unique point exclusivement personnel à Héli dans le récit sacré, c’est ce qui est dit de sa coupable faiblesse à réprimer les crimes de ses deux fils Ophni et Phinées, des avertissements sévères que Dieu lui adressa à ce sujet et du châtiment terrible qu’elle lui attira. Ophni et Phinées abusaient en effet de la manière la plus scandaleuse de leurs fonctions sacerdotales et du respect que les Israélites devaient naturellement avoir pour les enfants du juge et du pontife. 1 Reg., ii, 12-17. Non contents de profaner la sainteté du culte et de déshonorer les sacrifices, ils étalaient dans le sanctuaire même l’immoralité la plus révoltante. I Reg., ii, 23. Ces scandales affligeaient le peuple et soulevaient son indignation. Ce fut à la fin une clameur générale qui parvint jusqu’aux oreilles d’Héli. I Reg., ii, 23. Il adressa aux coupables des reproches appuyés sur des considérations inspirées par sa foi et sa piété ; mais quel succès pouvaient avoir des exhortations et des réprimandes auprès d’hommes dont la perversité lassait la patience morne de Dieu ? I Reg., Il, 23-25. Ce n'étaient pas des remontrances, mais des actes qui pouvaient porter remède au mal ; il aurait fallu sévir avec force et recourir à des mesures de rigueur pour réprimer de tels désordres et y mettre fin ; Héli n’eut pas le courage de les employer, I Reg., iii, 13, et cette coupable faiblesse fut la cause de sa propre perte et de la ruine de sa maison.

Le Seigneur résolut de punir à la fois les prêtres scandaleux et leur père, dont la nonchalance l’avait rendu leur complice. Mais il voulut faire connaître d’avance à celui-ci cette punition ; il lui fit entendre en conséquence deux avertissements solennels, l’un par l’intermédiaire d’un envoyé qui n’est pas nommé, l’autre par la bouche de Samuel. Le premier messager est appelé dans l’hébreu et les Septante « l’homme de Dieu », avec l’article, ce qui indiquerait un personnage connu pour être favorisé de communications divines et rendrait sa démarche d’autant plus remarquable ; car « en ces jours, la parole de Dieu était rare, et il n’y avait guère de visions manifestes ». 1 Reg., iii, 1. Dieu rappelle à Héli, par l’organe de son envoyé, la gloire qu’il a répandue sur Aaron et sa famille en leur confiant, à l’exclusion des autres membres de la tribu de Lévi, le pouvoir et les fonctions du sacerdoce ; il lui reproche l’abus que ses enfants ont fait de cette dignité et la préférence qu’il leur a donnée sur le Seigneur en les laissant l’outrager si criminellement. En punition de ce désordre, le dessein divin de conserver le souverain pontificat dans la famille d’Héli n’aura pas son effet. Cette famille va être affaiblie, humiliée ; Ophni et Phinées périront le même jour, la béoé

diction de longévité sera refusée à la postérité d’Héli, et ses descendants, tout en restant revêtus du sacerdoce, ne seront que des prêtres abaissés, objet de compassion pour leurs frères. Le Seigneur se. choisira dans la branche d’Eléazar, la rivale de celle d’Ithamar, un prêtre docile et fidèle auquel il assurera une longue postérité, et de cette postérité le suprême sacerdoce ne sortira jamais plus. I Reg., ii, 27-36. Cette menace eut son accomplissement dans les premiers temps du règne de Salomon. Le grand-prêtre Abiathar, descendant d’Héli, compromis une première fois vers la fin du règne de David dans le complot d’Âdonias, III Reg., i, 7, et continuant dans la suite de favoriser les visées ambitieuses de ce prince, fut relégué par Salomon dans sa terre d’Anathoth avec interdiction de remplir les fonctions sacerdotales, III Reg., ii, 26-27, bien qu’il continuât à porter le titre de grand-prêtre en même temps que Sadoc de la famille d’Eléazar. III Reg., iv, 4. Sadoc, depuis longtemps le collègue d’Abiathar dans le pontificat, exerça seul désormais cette charge et la transmit en héritage à ses descendants, à l’exclusion perpétuelle de ceux d’Ithamar et d’Héli. Voir Abiathar et Sadoc.

L’historien sacré ne dit rien qui puisse nous renseigner sur le temps qui s’écoula entre ce premier avertissement et celui dont fut chargé Samuel. Il nous raconte seulement comment cette mission fut confiée au jeune lévite et de quelle manière il s’en acquitta. Une nuit, appelé trois fois par une voix qu’il prit pour celle d’Héli, il accourut chaque fois auprès du pontife. Celui-ci reconnut dans ces appels réitérés une intervention de Dieu ; aussi après le troisième, recommanda-t-il à Samuel de répondre, si on l’appelait encore : « Parlez, Seigneur, votre serviteur vous écoute. » Samuel le fit, et Dieu confirma ses premières menaces contre Héli et sa famille, qu’il allait rejeter à tout jamais, après des événements tels que « les deux oreilles en tinteraient à quiconque en apprendrait la nouvelle ». Le matin venu, Héli appela Samuel qui n’osait se présenter ; il l’adjura de ne rien lui cacher ; puis, ayant entendu la sentence de Dieu, il dit : « Il est le Seigneur, que ce qui est bon à ses yeux soit fait. » I Reg., iii, 2-17.

Il semblerait, d’après I Reg., iii, 11, que le châtiment annoncé était proche ; mais le ꝟ. 19 tait supposer, au contraire, qu’il se fit encore attendre assez longtemps. Quoi qu’il en soit, à l’heure marquée par Dieu, il éclata comme un coup de foudre et atteignit à la fois Héli, sa famille et le peuple d’Israël. Attaqués et battus par les Philistins à Aphec, les Israélites envoyèrent prendre l’arche à Silo, comptant que sa présence serait pour eux un gage de victoire ; mais cette confiance fut cruellement déçue : quatre mille hommes avaient péri dans le premier engagement, vingt mille restèrent cette fois sur le champ de bataille, et parmi eux Ophni et Phinées. De plus, l’arche fut prise par les Philistins et resta entre leurs mains. I Reg., iv, 1-11. Pendant ce temps Héli, qui était devenu aveugle, attendait l’issue du combat, assis, probablement à la porte du sanctuaire selon sa coutume, et tourné vers le chemin d’Aphec ; il tremblait pour l’arche du Seigneur. Un homme de Benjamin, échappé au désastre, courut en porter la nouvelle à Silo ; toute la ville retentit alors de clameurs et de gémisse* ments. Héli demandait ce que voulaient dire ces plaintes et ce tumulte confus, lorsque le Benjamite arriva enfin jusqu’à lui et lui annonça successivement la défaite de l’armée, la mort de ses deux fils et la capture de l’arche. Cette dernière nouvelle le frappa au cœur, il tomba de son siège à la renverse et se brisa la tête. Il avait quatrevingt-dix-huit ans. I Reg., iv, 12-18.

On a porté sur Héli des jugements opposés. Certains, surtout parmi les anciens, considérant plutôt les réprimandes divines et le châtiment terrible qu’il s’attira, le jugent avec une grande sévérité ; quelques Pères vont même jusqu’à désespérer de son salut. Les autres com mentateurs en plus grand nombre, principalement les modernes, se montrent indulgents. Cf. S. Jean Chrysostome, Adv. oppttgn., iii, 3, t. XL vii, col. 352 ; Hom. lix in Gen., 5, t. liv, col. 519 ; ffo » i. xril inMatth., 7, t. lvii, col. 264 ; Hom. viii in Act., 3, t. lx, col. 73 ; Hom. de viduis, 8, t. li, col. 328. Sans justifier une faiblesse que Dieu a condamnée, ils voient dans le caractère violent de ces deux prêtres corrompus et incorrigibles, Ophni et Phinées, une circonstance qui peut excuser en partie la timidité avec laquelle Héli réprime leurs désordres et atténuer sa culpabilité. Ils font ressortir d’autre part les vertus réelles d’Héli que lui reconnaissent d’ailleurs ses censeurs les plus rigoureux. Il est certain en effet que le malheureux pontife nous apparaît doué des qualités les plus recommandables. Accessible à tous, doux et bienveillant, I Reg., 1, 17, 26 ; ii, 20, il parle d’ailleurs et agit toujours comme un homme profondément religieux, et la pensée de Dieu revient dans tous ses discours ; il s’incline humblement devant les arrêts du Seigneur, sans murmurer ni s’excuser, I Reg., ii, 27-36 ; iii, 18 ; il veille au respect dû au lieu saint, I Reg., i, 13-14, et ne s’en éloigne ni le jour ni la nuit, i, 9, 25 ; ii, 19-20 ; m, 2-3, 15 ; rv. On dirait qu’il ne vit que pour la maison de Dieu et pour l’arche sainte sur laquelle le Seigneur réside ; il est plus soucieux du sort de l’arche emmenée à Aphec que de celui de ses deux fils et, tandis qu’il avait appris leur mort sans défaillir, il ne put supporter la nouvelle que l’arche était tombée au pouvoir des ennemis de Dieu. I Reg., iv, 13, 18. On peut même dire que les jugements favorables à Héli sont implicitement confirmés par l’historien sacré, car d’après I Reg., i, 17, 19-20, et surtout d’après ii, 20-21, la bénédiction et les prières d’Héli paraissent avoir contribué à obtenir à Anne la fécondité si ardemment désirée. Dieu lui-même en confiant à Héli, par un dessein particulier de sa providence, l’éducation de Samuel, a rendu témoignage à la vertu du grand-prêtre. Pour former l’esprit et le cœur de celui qui devait, dans les plans divins, faire l’unité nationale d’Israël par l’établissement de la royauté et assurer en même temps l’existence de la théocratie par l’institution du prophétisme, les leçons d’un maître ne suffisaient pas ; il fallait en outre le spectacle prolongé et constant des vertus de l’homme privé et de celles du chef du peuple. E. Palis.

2. HÉLI (grec : ’HXt), donné dans saint Luc, iii, 23, comme le dernier des ancêtres de Notre -Seigneur, selon la chair. Il est regardé par plusieurs Pères et des exégètes comme le même que Joachim, le père de la Vierge Marie, selon les évangiles apocryphes et certaines traditions orientales. Voir Généalogie 2, col. 166.

    1. HÉLIODORE##

HÉLIODORE (’HM8wpoç, « don du soleil » ), ministre du roi de Syrie, Séleucus IV Philopator. Lorsque Apollonius, gouverneur de Cœlésyrie, à l’instigation de Simon, intendant du Temple, eut persuadé à Séleucus de s’emparer des trésors conservés dans l’enceinte sacrée, le roi envoya à Jérusalem Héliodore, son ministre des finances, avec ordre de s’emparer de l’argent. Héliodore se mit en route, en apparence pour visiter les villes de Syrie et de Phénicie, maisen réalité pour exécuter l’ordre du roi. Arrivé à Jérusalem et reçu cordialement par le grandprêtre Onias, il lui déclara le but de sa mission. C’était un usage commun dans l’antiquité de confier aux temples la garde du trésor des particuliers. Onias représenta à Héliodore que cet argent était en dépôt, que c’était la subsistance des veuves et des orphelins et qu’il était impossible de tromper ceux qui avaient eu confiance dans un temple honoré dans le monde entier pour sa sainteté. Héliodore passa outre et s’apprêta à exécuter les ordres du roi. Le jour où il entra dans le temple, les prêtres, les femmes et tout le peuple se mirent en prières pour demander à Dieu de protéger lui-même le dépôt

qui lui avait été confié. Lorsque le ministre syrien entra dans le lieu saint avec ses satellites, lui et sa troupe furent frappés d’impuissance et de terreur. Ils virent apparaître un cavalier revêtu d’une armure dorée et monté sur un cheval magnifiquement harnaché. Le « tieval s’élança avec impétuosité et frappa Héliodore de ses sabots de devant. En même temps, deux jeunes hommes richement vêtus le frappèrent à coups redoublés. Héliodore tomba à la renverse et on dut l’emporter sans connaissance dans une chaise à porteurs. Le peuple remercia le Seigneur de ces marques de la protection divine, mais quelques amis d’Héliodore vinrent prier Onias d’invoquer le Très-Haut pour qu’il sauvât la vie du ministre. Le grand-prêtre, pensant que le roi accuserait les Juifs d’avoir commis un attentat contre Héliodore, oflrit une victime salutaire pour obtenir sa guérison. Pendant qu’Onias priait, les jeunes gens qui avaient lrappé Héliodore s’approchèrent de lui et lui dirent : « Rends grâces au grand-prêtre Onias, car c’est à cause de lui que le Seigneur t’a donné la vie. Et toi, flagellé par Dieu, annonce à tous les merveilles de sa puissance. » Puis ils disparurent. Héliodore offrit une victime au Seigneur, remercia Onias et retourna auprès du roi à qui il raconta ce qui s’était passé. Le roi attribua sans doute à Héliodore l’insuccès de sa démarche, car il manifesta l’intention de la faire renouveler par un autre Séleucus demanda en effet à son ministre qui lui parais sait propre à accomplir cette mission. Héliodore lui répondit : « Si tu as quelque ennemi ou quelqu’un qui ait formé des desseins contre ton royaume, envoie-le là-bas et tu le reverras flagellé, si toutefois il en échappe, parce qu’il y a vraiment en ce lieu une vertu divine. » II Mach., iii, 7-40. — Héliodore est connu par deux inscriptions grecques trouvées à Délos en 1877 et en 1879. Ces inscriptions nous indiquent le nom de son père qui s’appelait Eschyle, et sa patrie, Antioche. La première lui donne le titre de aûvTpoçoç toî PacriXswç, « parent du roi, » qui était un titre de noblesse donne aux plus hauts personnages de la cour des rois de Syrie. Elle indique aussi ses fonctions sut tràv 7upaf| « iT<j)v TeTafi*ivov, « préposé aux affaires royales ; » ce sont les termes mêmes dont se sert le IIe livre des Mach., iii, 7. Bulletin de correspondance hellénique, 1877, p. 285 ; 1879, p. 361. Ct. F. Vigoureux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., in-12, Paris, 1891, t. iv, p. 621. Polybe, - svi, 39, 3, cité par Josèphe, Ant. jud., xiii, 3, 3, semble faire allusion au prodige opéré dans le Temple, mais renvoie à plus tard le récit des détails. Le IVe livre apocryphe des Machabées mentionne l’intervention miraculeuse des cavaliers célestes, avec des détails différents, mais il attribue la tentative de violation du femple à Apollonius lui-même. Plus tard Héliodore assassina Se leucus et essaya, mais sans succès, de s’emparer de son trône. Appien, Syriac., 45. E. Beurlier.

    1. HÉLIOPOLIS##


1. HÉLIOPOLIS, nom par lequel la Vulgate, après les Septante, désigne la ville de On dans la Basse-Egypte. Ceux-ci, en effet, traduisent ainsi, Exod., i, 11 : "ûv, îj i<mv’H5110Û710Xti ;. Le mot On lui-même, en hébreu j’iN, Gen., XLi 1 50, ou parcontractionj’K, XLi, 45 ; XL vi,

20, n’est pas autre que | Q, An, figurant dans les hiéroglyphes. H. Brugsch, Geographische Inschriften, 3 in-4°, Leipzig, 1857-1860, t. i, p. 254, observe que souvent en égyptien il faut prêter à l’a un son se rapprochant de Yo. Brugsch constate dans l’ouvrage que nous venons de citer, 1. 1, p. 254-255, que des deux villes portant le nom de An, celle de la Basse-Egypte ou du nord, Héliopolis, était appelée An-Mehlt, et celle de la Haute-Egypte ou du sud, Hermonthis, An-Res. On signifie « pilastre, colonne ». Cf. Jer., xuii, 13. Son nom sacré était Pi-Râ, « demeure du soleil. » C’est sans doute à ce nom sacré que fait allurion saint Cyrille d’Alexandrie, In Ose., s, 4, cxiii, t. lxxi.

col. 244, quand il dit que On signifiait soleil : *Ûv U ê<m xax’a-jToùç ô t^ioç. Les prophètes d’Israël ont fait plusieurs fois allusion à ce nom sacré dé « demeure du soleil », et de là est venu chez les Grecs et dans les Septante le nom d’Héliopolis.

1° C’est dans Gen., xii, 45, 50, et xlvi, 20, qu’il est question pour la première fois de On, la ville d’où était le prêtre Putiphar (Poti-Phéra), père d’Aseneth (voir t. i, Col. 1082), la jeune fille que le pharaon donne pour femme à Joseph, sauveur de l’Egypte et devenu grandmattre de la maison royale. On a observé à bon droit que le nom de Poti-Phéra ou Petephré, qui se trouve souvent dans les hiéroglyphes, convenait parfaitement à un prêtre d’Héliopolis. Il signifie : « Le donné (consacré) à Râ » et justement On était la ville où le Soleil, Râ, était

121. - Le sycomore (arbre de la Vierge), à Matariéh. D’après une photographie.

adoré. ^2° Dans la version des Septante, On ou Héliopolis est mentionnée Exod., i, 11, comme une des trois villes fortes, qui, avec Phithom et Ramsès, furent bâties par les Israélites sur l’ordre du pharaon oppresseur du peuple de Dieu. Le texte hébreu ne parle que des deux dernières et les qualifie, non pas de villes fortes, mais de magasins ou de docks royaux. La Vulgate suit l’hébreu et, si la leçon des Septante était la vraie, il faudrait dire qu’Héliopolis fut, non pas fondée, mais restaurée ou fortifiée par les fils d’Israël habitant les terres de Gessen et condamnés à exécuter, dans les districts voisins, de durs travaux sous le bâton d’impitoyables surveillants.

— 3° Plusieurs ont cru qu’lsaïe, xix, 18, voulant désigner une des cinq villes d’Egypte qui, selon sa prophétie, parleraient la langue de Chanaan, avait nommé Héliopolis, la cité du Soleil, ’îr-ha-ftérés. Et de fait Onias, le grand-prêtre des Juifs en Egypte, se prévalut de cet oracle pour obtenir la permission de bâtir un temple dans le district ou le nome d’Héliopolis que, selon lui, Isaïe avait clairement désigné. À vrai dire, le texte hébreu que nous avons porte’lr-ha-hérés, « cité de destruction, » au lieu de cité du Soleil ; mais il pourrait se faire que

cette corruption du texte fût l’œuvre tardive des Juifs palestiniens, jaloux de flétrir l’entreprise schismatique d’Onias, fondateur en Egypte d’un temple rival de celui de Jérusalem. — 4° En tout cas, c’est bien d’Héliopolis que parle Jérémie quand il dit, xmi, 13, de Nabuchodonosor : « Il s’enveloppera du pays d’Egypte, comme le berger de son vêtement. Il brisera les piliers ( « rrûXot, statuas ) de Be(SéméS au pays d’Egypte, et il brûlera par le feu les maisons des dieux de l’Egypte. » Ces piliers étaient certainement les superbes obélisques qui formèrent l’incomparable avenue du temple du Soleil. Voir Bethsamès 4, t. i, col. 1737. — 5° Ézéchiel, xxx, 17, nomme également la célèbre cité : « Les jeunes hommes d’On et de Pi-Béseth (la Vulgate dit : d’Héliopolis et de Bubaste) tomberont par l’épée et ces villes iront en captivité, s Seulement, par un changement de ponctua savants de tous pays allaient les consulter et Strabon nous dit, xvil, 27, que, quand il visita le temple d’Héliopolis, on lui montra les appartements où Platon et Eudoxe l’astronome avaient vécu durant trois ans. Il ajoute que, par malheur, de son temps, il n’avait plus trouvé là que des descendants fort déchus des anciens maîtres de la science, quelques prêtres pleins d’ignorance, et posant en cicérones ridicules. C’est dans le femeux temple de Râ qu’on élevait le boeuf Mnévis, et que le phénix était supposé venir, tous les cinq cents ans, rendre le dernier soupir sur un bûcher d’encens et de myrrhe où il retrouvait une vie nouvelle.

Nous avons visité deux fois les ruines d’Héliopolis. Un obélisque (voir fig. 528, t. i, col. 1737) en marque encore la place par de la les champs soigneusement cultivés, à une heure et demie au nord du Caire et à

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122. — Vue de la plaine d’Héliopolis. D’après Maspero, Histoire ancienne, t. i, p.507.

tion voulu, il transforme On en Aven qui signifie aussi « vanité », plus spécialement « vanité des faux dieux », et il stigmatise ainsi l’idolâtrie de la ville du Soleil. Voir Aven, 3°, t.i, col. 1288. — Le voisinage d’Onion ou Onias, dont on croit avoir retrouvé les ruines à Tell el-Yahoudéh, autorise à croire que de nombreuses corporations juives s’étaient établies dans le nome héliopolitain et elle peut paraître acceptable, la tradition supposant que Joseph et la Sainte Famille, obligés de s’expatrier pour [un temps, se réfugièrent dans ce milieu (fig. 121) où tout ouvrier juif était sûr de trouver avec du travail un refuge auprès de ses compatriotes.

2° Héliopolis fut, peut-être, la plus ancienne ville capitale de l’Egypte. Memphis la suivit de près. Thèbes ne vint qu’en troisième rang, si on en juge par les inscriptions hiéroglyphiques où les privilèges de ces cités sont consignés. On sait que le culte du soleil rendit de tout temps Héliopolis célèbre. Les prêtres, très nombreux, y étaient fort réputés pour leur science, ns formaient, auprès du temple, dans des locaux spacieux dont un manuscrit du British Muséum nous a donné la description, une sorte d’université puissante. Hérodote, ii, 3. — Les

cinq minutes de Matariéh (fig. 122), village qui a peut être conservé le nom d’Héliopolis, puisque Ma-tu-ra, en copte, signifie : « Maison du Soleil. » De l’antique cité il ne reste que des monceaux de décombres sans intérêt. Les arasements des murs construits en briques crues de forte dimension et mêlées de jonc et de paille, comme à Tanis et à Phîthom, mesurent en certains endroits jusqu’à quinze mètres d’épaisseur. Ce qui était en pierre dure ou en marbre a été, depuis longtemps, employé à bâtir les maisons du Caire ou à faire de la chaux. L’enceinte, correctement rectangulaire à l’orient, se ferme d’une façon assez irrégulière à l’occident. De ce côté était la porte principale. On y a trouvé des débris de sphinx. Comme l’obélisque qui subsiste est dans l’axe de cette porte, on peut supposer qu’une avenue de ces êtres fantastiques, ici comme dans les plus célèbres sanctuaires de l’Egypte, conduisait aux obélisques précédant le temple. De ce temple, si bien décrit par Strabon, on ne voit plus trace, probablement parce que le niveau du terrain se trouve exhaussé de plusieurs mètres par les alluvions du Nil. Ainsi l’obélisque, encore debout, est enfoui par sa base de près de

dix mètres dans le sol. Il mesure quand même dix-neuf mètres de haut. On sait qu’il est le frère de ceux qui furent portés à Rome, à Alexandrie et au cirque de Constantinople. Le cartouche d’Osortésen I er, de la xiie dynastie, établit qu’il est un des plus anciens de l’Egypte. Une inscription, répétée sur les quatre faces (en voir la traduction dans Notre voyage aux pays bibliques, t. i, p. 85), est en partie recouverte par des nids d’abeilles maçonneuses. Quelques pauvres fellahs ont créé, non lpin du superbe monolithe, le petit village de Tell el-Hesn, qui achève d’humilier ces tristes ruines. On éprouve une profonde tristesse à contempler ce que le temps et les hommes ont fait de la fameuse Héliopolis.

— Voir Strabon, XVII, i, 27-30 ; Description de l’Egypte, Paris, t. v, 1820, p. 66^67. E. Le Camus.

    1. HÉLIOPOLIS##


2. HÉLIOPOLIS, nom donné par les Grecs et les Latins à Baalbek, ville de Cœlésyrie. Les exêgètes ont identifié avec cette Héliopolis diverses villes appelées de noms différents dans la Sainte Écriture. Voir Baalbek, t. i, col. 1328.

    1. HÉLISUR##

HÉLISUR (hébreu : ’Èlisûr, « Dieu est mon rocher ; » Septante : ’EXt<roûp) ; fils de Sédeur et chef de la tribu de Ruben, dans le désert du Sinaï. Num., x, 18.

    1. HELLÉNISME##

HELLÉNISME (IXX : i]vi<nid( ;), adoption ou imitation des mœurs ou des manières grecques. Il fut introduit en Palestine par Jason : "Hv 8’oût » ç àxjiTj tîç IXXtivi<j[ioO xal npôdâamç àXXoçuXio-jioO, « l’hellénisme commença ainsi à fleurir et les mœurs étrangères à pénétrer par le fait de l’impie Jason. » II Mach., iv, 13.

I. Envahissement de la Palestine par l’hellénisme.

— Les rapports de la Palestine avec le monde grec remontent plus haut qu’on n’est généralement disposé à le croire. Quand les Phéniciens, les plus grands marchands et les plus habiles colons de l’antiquité, commencèrent à décliner, les Grecs héritèrent de leur commerce et de leur esprit colonisateur.

Avant Alexandre, il y avait déjà un établissement grec à Acre, près de cette plaine d’Esdrelon qui est le carrefour de la Palestine. Vers la même époque, les Grecs faisaient un commerce assez actif avec les villes de la côte palestinienne, Gaza, Ascalon et Dora. M. Frd. J. Bliss, dans le Palestine exploration fund, Quarterly statement, 1893, p. 53, croit avoir découvert, à Tell el-Hésy (Lachis), des vases de provenance grecque, datant du VIIe au rv » siècle avant J.-C. Cependant, l’invasion générale de l’hellénisme ne commence qu’avec Alexandre le Grand. Après avoir écrasé les forces de Darius au Granique (334) et de nouveau à l’Issus (333), le héros macédonien tomba comme la foudre sur la Phénicie et le pays des Philistins. Tyr le retint sept mois, Gaza deux mois encore. S’il vint à Jérusalem (comme Josèphe l’affirme et après lui — mais non pas nécessairement d’après lui — le Talmud), son passage dut être trop rapide pour laisser de traces. D’ailleurs, il semble s’être comporté avec les Juifs d’une façon très libérale et n’avoir pas appliqué chez eux le système d’hellénisation à outrance dont il était coutumier. En tout cas, dès cette époque ou un peu plus tard, le territoire juif fut cerné de villes helléniques, à l’influence desquelles il ne put se fermer totalement. Il n’est pas improbable que deux de ces villes, Pella et Dion, datent d’Alexandre (voir Etienne de Byzance au mot Aïov, édit. Dindorꝟ. 1825, t. i, p. 155), soit qu’il les ait créées, ces deux villes, soit qu’il les ait seulement restaurées et peuplées d’éléments grecs. Peu après Dion et Pella s’élevèrent Philadelphie, sur l’emplacement de Rabbath-Ammon, Gadara et Abila. Ces deux dernières étaient déjà des places importantes en 218 avant J.-C, puisqu’elles, sont mentionnées avec la Samarie, la Batanée et la Judée, au nombre des conquêtes éphémères d’Antiochus le Grand. Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3, d’après Polybe, xvi, 39. C’e^t en l’an 63, à

l’occasion des conquêtes, dé Pompée, que nous constatons tout à coup l’existence d’un grand nombre de villes grecques au delà du Jourdain. Pompée les affranchit, c’est-à-dire les délivra de la suzeraineté des Juifs, et la plupart d’entre elles consacrèrent la mémoire de cet événement par l’adoption d’une ère commune, connue sous le nom d’ère de Pompée. La mesure de leur liberté varia sans doute beaucoup suivant les villes et suivant les temps. En général, elles pouvaient s’administrer à leur gré, conclure des traités de commerce et des alliances défensives, elles avaient le droit d’asile, elles jouissaient du privilège de frapper des monnaies autonomes ; mais, pour la politique, elles étaient sous le contrôle de César et de son représentant, le gouverneur de Syrie ; elles étaient assujetties au service militaire, payaient l’impôt, et Auguste put en céder quelques-unes à Hérode le Grand. Parmi les villes délivrées par Pompée, Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4 ; Bell, jud., vil, 7, mentionne expressément Pella, Dion, Gadara, signalées plus haut, et Hippos ; il faut y joindre Abila, Canata, Cànatha, distincte de la précédente, et Philadelphie, qui toutes adoptèrent, sur leurs monnaies, l’ère de Pompée. C’est très vraisemblablement à cette même époque que se forma la Décapole. Voir Décapole, t. ii, col. 1333, confédération composée primitivement de dix villes helléniques, dans un but de défense contre l’élément sémitique environnant. Envahie à l’Orient par l’hellénisme, la Palestine l’était aussi, et peut-être encore plus, du côté de la Méditerranée. Dès les temps les plus anciens, Gaza s’était ouverte à l’influence grecque. Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., VI, 3, lui donne le nom icdXiç’EXXtivî ;. Cela datait de loin. Les monnaies de Gaza sont frappées au même titre et offrent les mêmes types que celles d’Athènes ; ce qui a fait croire qu’elles ont été adoptées bien avant Alexandre le Grand, au temps de l’hégémonie athénienne. On a des monnaies d’Ascalon frappées à l’effigie d’Alexandre. Dans cette ville, l’hellénisme put se maintenir intact et se développer à l’aise ; car, parmi les villes de la côte, Ascalon échappa seule aux conquêtes des Asmonéens. À partir de l’an 104 avant J.-C, elle est indépendante et frappe des monnaies autonomes en prenant cette année pour point de départ d’une ère spéciale. Joppé fut entraînée, elle aussi, dans le courant hellénique. L’influence des Ptolémées s’y fait surtout sentir. Sous les Machahées, elle fut, il est vrai, le théâtre d’une forte réaction judaïque. Mais, [à partir de Pompée, l’hellénisation reprit de plus belle pour ne plus s’arrêter. Raphia, sur la frontière de l’Egypte, était trop éloignée du centre de la Judée pour ne pas graviter dans l’orbite de la civilisation hellénique. D’autres villes de cette région, Azot, Jamnia, la Tour de Straton, Dora furent rendues à la liberté par Pompée, l’an 63 avant J.-C. Cela signifie qu’antérieurement aux conquêtes des Asmonéens, elles jouissaient d’une certaine autonomie et avaient adopté la constitution des cités grecques. Pour Anthédon et Apollonia, leur nom seul, à défaut d’autre document, serait une preuve de leur origine hellénique. En remontant le rivage, vers le nord, nous rencontrons encore Ptolémaïde, l’antique Accho, dont le nom primitif revit dans l’appellation actuelle de Saint-Jean d’Acre. Des marchands grecs y avaient déjà un comptoir au temps d’Isée, Orat., iv, 7, édit. Teubner, 1860, p. 52. et de Démosthène. Orat., lii, 20, 4e édit. Tsubner, 1889, t. iii, p. 196. Occupée par Alexandre. le Grand, elle frappa assez longtemps des monnaies à l’effigie du conquérant macédonien. Ptolémée II lui donna son nom. Les rois de Syrie et d’Egypte, qui la possédèrent tour à tour, la favorisèrent et l’embellirent à qui mieux mieux. Ainsi, à l’époque du grand soulèvement de la Judée, Ptolémaîs prit fait et cause pour les Romains et massacra tous lés Juifs qui l’habitaient, au nombre de2000. Josèphe, Bell, jud., ii, xviii, 5. II. Progrès de l’hellénisme sods Antiochus Épiphake. — Jusqu’en 174, date de l’avènement d’Antio

chus IVÉpiphane, l’hellénisme n’avait pénétré en Palestine que du dehors ; à partir de cette époque, il y eut à l’intérieur un mouvement si prononcé que c’en était fait du judaïsme si la violence même de la poussée hellénique n’avait déterminé la réaction des Asmonéens. Le fauteur le plus ardent de l’hellénisme fut le propre frère du grand-prêtre Onias III. Son nom hébreu était Jésus, mais il l’avait grécisé en Jason. Il avait acheté d’Antiochus TV le souverain pontificat. Il obtint au prix de 150 talents la permission de bâtir un gymnase et une salle d’exercices pour les jeunes gens, voir Éphébée et Gymnase, avec le titre de citoyen d’Antioche pour les habitants de Jérusalem. En même temps, il fit tous ses efforts pour décider ses compatriotes à se gréciser. EÙ6&1) ; lx tôv èXXvjvixov xapaxTtJpa toù ; <ip.o<pûÀou ; (iet^ys. II Mach., iv, 10. L’engouement subit des Juifs pour les coutumes nouvelles est inexplicable, à moins d’admettre antérieurement une lente infiltration d’esprit hellénique. Le terrain était prêt et la semence à peine jetée levait aussitôt. Profitant de l’autorisation reçue, Jason fit bâtir un gymnase sous la forteresse de la ville et força les plus nobles et lés plus forts des jeunes gens, à prendre part aux jeux et aux exercices. La Vulgate traduit : Ausus est optimos quosque epheborum in lupanaribus ponere ; mais cette version est inexacte. Le texte porte : ûm> tot<x<jov ifrev, II Mach., iv, 12 ; « il les mena sous le chapeau, » c’est-à-dire il leur fit prendre le chapeau à larges bords, itltados, qui abritait contre la pluie et le soleil les jeunes gens s’exerçant à la palestre, chapeau avec lequel est représenté Mercure, patron du gymnase et protecteur des jeux. Ainsi, par le fait du chef suprême de la religion hébraïque, du successeur d’Aaron, l’hellénisme fiorissait et les mœurs exotiques prospéraient dans la cité sainte. C’était au point que les prêtres, dédaignant le sanctuaire et négligeant le service de l’autel, couraient prendre part aux amusements inconvenants (x°P1T ! ’' ?) de l a palestre et se provoquaient mutuellement aux jeux du disque. Ils comptaient pour rien les gloires nationales et n’avaient d’estime que pour les honneurs de la Grèce. II Mach., iv, 14-15. Voyant avec quelle facilité ses concitoyens se faisaient aux mœurs étrangères, Jason crut pouvoir tout oser. Comme des jeux quinquennaux allaient se célébrer à Tyr, en l’honneur de Melcarth, il voulut offrir lui aussi des sacrifices à l’Hercule tyrien et envoya à cet effet une somme de trois cents drachmes. La Vulgate double ce chiffre : didrachmas trecentas, et la version syriaque fait plus que la décupler, elle ajoute trois mille drachmes. Le présent sans doute était minime, mais l’intention n’en restait pas moins sacrilège. Les députés de Jason eurent honte de leur mandat. Ils supplièrent le roi d’employer cet argent à un autre usage. On l’appliqua à la construction des trirèmes. Lorsque, peu de temps après, Antiochus traversa Jérusalem pour se rendre en Egypte, l’impie grand-prêtre lui fit, comme on pouvait s’y attendre, l’accueil le plus empressé et le plus enthousiaste. Le parti helléniste triomphait. II Mach., iv, 16-22.

Jason n’eut pas le temps d’achever l’hellénisation projetée. Il fut supplanté par un autre intrigant, son représentant auprès d’Antiochus, Ménélas. Voir Ménélas. II Mach., iv, 23-25. Jason, destitué, s’enfuit au pays d’Ammon. D’après Josèphe, dont le récit, pour toute cette période, est assez confus, Ménélas se serait engagé à renier la foi de ses pères et à se conformer en tout aux mœurs helléniques. En conséquente, lui et ses partisans se seraient évertués à effacer les traces de la circoncision afin que, au bain et au gymnase, on les prit pour des Grecs. Ant. jud., XII, v, 1. Cependant, Ménélas, à peine installé, fut incapable de payer au monarque syrien les énormes sommes promises. Il se rendit à Antioche pour s’entendre avec le roi. Pendant ce temps, son frère Lysimaque le suppléa, II Mach., iv, 27, et se lendit si odieux qu’il fut massacré, dans le temple

MCI. DE LA. BIBLE.

même, par les Juifs révoltés. Voir Lysimaque. À partir de ce jour, la persécution contre les Juifs fidèles à la foi de leurs pères devint atroce. Antiochus décréta l’abolition des cultes nationaux « afin que tous ses sujets ne fissent plus qu’un seul peuple ». I Mach., i, 43. Voir Antiochus IV, 1. 1, col. 697. Il essaya de réaliser ses desseins, mais sa violence même amena une réaction.

III. Réaction contre l’hellénisme sous les Machabées. — Le soulèvement des Machabées eut pour cause déterminante la religion et non la politique. Sans doute Matathias et ses cinq fils étaient d’ardents patriotes, navrés de voir l’humiliation et l’abaissement de la nationalité juive, mais s’il se fût agi seulement de payer le tribut à l’étranger, ils se seraient contentés de pleurer et de gémir dans leur terre de Modin. C’est quand on vint les sommer de sacrifier à Jupiter, quand sous leurs yeux un malheureux Juif s’avança vers l’autal pour y offrir de l’encens, que leur colère fit explosion. Ils tuèrent l’apostat ainsi que le délégué du roi et s’enfuirent au désert. Ils partaient au nombre de dix ; bientôt ils étaient six mille. C’était une révolution. Après les victoires répétées de Judas, la cause de l’indépendance juive était gagnée et l’œuvre de restauration pouvait commencer. Voir Judas Machabée.

La période asmonéenne fut signalée, d’un bout à l’autre de la Palestine, par un recul de l’hellénisme. Mais si le judaïsme gagnait, c’était surtout au point de vue religieux ; car l’infiltration grecque se faisait sentir de plus en plus dans le langage et dans les mœurs. Les noms grecs des derniers Asmonéens et leurs rapports fréquents avec Rome et la Grèce suffiraient seuls à le prouver.

IV. Reprise de l’hellénisme sous les Hérodes. — Hérode I er établit à Jérusalem des jeux quinquennaux en l’honneur d’Auguste. Il bâtit à l’intérieur de la ville un splendide théâtre et, au dehors, sur la route de Samarie, un amphithéâtre d’une égale magnificence. De Saulcy, Histoire d’Hérode, roi des Juifs, Paris, 1867, p. 179-182. Il y convoqua les lutteurs les plus habiles, les musiciens les plus renommés. Courses de chevaux, exhibition d’animaux curieux, combats de bêtes féroces entre elles ou avec des gladiateurs, rien ne manquait au spectacle. C’était rompre aùdacieusement en visière avec les traditions les plus respectées du judaïsme. Le scandale fut grand. Il fut porté à son comble par des mannequins revêtus d’armures que les Juifs prenaient pour des statues habillées. Pour calmer l’effervescence, Hérode fit démonter ces trophées aux yeux du public. Les rieurs furent de son côté, mais il comprit qu’il fallait procéder avec lenteur et prudence et ne pas heurter de front le préjugé populaire. Il le comprit mieux encore quand dix conjurés tentèrent de le poignarder en plein théâtre. L’attentat avorta, mais l’exaltation des complices et leur joie sereine au milieu des plus affreux tourments le glacèrent d’effroi. Il vit que le temps n’était pas venu d’implanter l’hellénisme dans la ville sainte et se rendit à Samarie. Il en fit une colonie militaire pour ses vétérans. La ville fut nommée Sébaste en l’honneur d’Auguste (en grec Seéaorôî) ; elle eut son temple (va<S ?) et son enceinte sacrée (Téjitvo ;). La Tour de Straton, qui devait servir de port à la nouvelle capitale, ne fut pas moins bien traitée. Elle s’appela désormais Césarée, en l’honneur de César. Ses splendides monuments, théâtre creusé dans le roc, amphithéâtre tourné vers la mer, etc., tout était éclipsé par le temple d’Auguste, construit sur des soubassements pour être aperçu de plus loin. À Césarée, ville à demi païenne, Hérode n’eut pas le scrupule qui l’avait arrêté à Jérusalem. Le temple achevé, il y plaça la statue de Rome et celle d’Auguste. Du reste, même à Jérusalem, il se départait peu à peu de la réserve qu’il avait affectée d’abord. En reconstruisant le temple, il fut obligé de suivre les formes et les dispositions traditionnelles, mais il ne craignit pas d’y placer l’image d’un aigle en pierre

III. - 18

Josèphe, Ant. jud., XVII, iii, 2 ; Bell, jud., i, xxxiii, 2. Des monuments pareils à ceux dont nous venons de parler s’élevèrent ailleurs. Tibériade eut son stade, Bell, jud., II, xxi, 6, Tarichée son hippodrome, Bell, jud., II, xxi, 3, Jéricho son théâtre, Ant. jud., XVII, vi, 3, son amphithéâtre, Bell, jud., 1, xxxiii, 8, et aussi son hippodrome. Ant., XVII, vi, 5. Au commencement de sa Guerre des Juifs, Josèphe donne le résumé des bâtimenis hellénistes d’Hérode, I, xxi, 11, qui fut imité par ses successeurs, spécialement par Hérode Antipas, Josèphe, Vila, 12, et les deux Agrippa, Ant., XIX, vii, 5 ; XX, ix, 4. Bethsaïde, de simple bourgade qu’elle était, fut érigée en ville par le tétrarque Philippe, et surnommée Julias en l’honneur de Julie, fille d’Auguste. Ant., XVIII, ii, 1. Au même Philippe est dû l’agrandissement et l’embellissement de Césarée, centre à peu près païen, où les Juifs étaient peu nombreux. Josèphe, Vita, 13. Le premier Hérode y avait déjà bâti un temple dédié à Auguste, Ant., XV, x, 3 ; Philippe lui donna son nom accouplé à celui de César, Césarée de Philippe, et Agrippa, suivant les traditions de famille, continua à l’orner de monuments, grecs de goût et de style. Ant., XX, ix, 4. Entièrement païenne fut également Tibériade, élevée sur une nécropole par Hérode Antipas, et peuplée de mendiants et d’aventuriers étrangers. Les renseignements précis nous manquent sur Sepphoris, reconstruite par le même Antipas, et qui était, au moment de la guerre de l’indépendance, la ville la plus grande et la plus forte de toute la Galilée. Les monuments de style grec dont nous venons de parler prouvent l’influence de l’hellénisme dans le domaine de l’art ; cependant, au point de vue de la culture générale, cette influence peut avoir été assez superficielle. Les monnaies ! à légendes grecques prouvent aussi un progrés de l’hellénisme dans les sphères administratives, mais, à la rigueur, rien de plus. Les princes Asmonéens, lorsqu’ils émettaient des monnaies purement hébraïques, n’y inscrivaient que leur nom hébreu ; dans les monnaies bilingues, la légende hébraïque contenait le nom hébreu, et la légende grecque le nom helléniste. Toutes les monnaies connues d’Antigone, rares d’ailleurs, sont bilingues. Celles d’Hérode n’ont plus que la légende grecque. Dans le champ, on voit des symboles variés empruntés à la tradition ou à la mythologie grecque, le casque, le bouclier, le trépied, la corne d’abondance, le caducée, et même, si l’on en croit de Saulcy, Bérode, p. 388, l’aigle de profil. Un moyen sûr et ingénieux de juger de la pénétration hellénique en Palestine, au temps du Christ, serait le compte et l’examen des mots grecs ou latins ayant reçu droit de cité dans l’idiome parlé à cette époque. C’est la méthode employée par Schùrer, Geschichte des jùdischen Volkes, 3° édit., t. ii, p. 42-67. Seulement, comme les mots étrangers ne sont guère connus que par la Mischna, on ne sait presque jamais à que ! moment ils sont entrés dans l’usage courant]. D’autre part, les précieux renseignements fournis par le Nouveau Testament sont en trop petit nombre. Enfin, un autre moyen serait d’étudier jusqu’à quel point le grec était parlé ou compris en Palestine, quand le Sauveur commença à prêcher la bonne nouvelle. Zahn a’traité à fond ce sujet, Einleitung in dos Neue Testament, Leipzig, 1897, 1. 1, p. 1-51. Voir Droysen, Geschichte des Hellenismus, 2e édit., Gotha, 1877-1878 ; Willrich, Juden und Griechen vor der makkabâischen Erhebung, 1895 ; Schùrer, Geschichte des jùdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 3e édit., Leipzig, 1898 ; t. ii, Verbreitung der hellenistischen Cultur, p. 21-67, et Die hellenistischen Stàdte, p. 72-175. F. Prat.

    1. HELLÉNISTE##

HELLÉNISTE (’EXXn]v « miç), nom donné aux Juifs qui, vivant au sein de la Dispersion (voir t. ii, col. 1441), avaient adopté peu à peu la langue et en partie les coutumes helléniques. Rentrés dans leur patrie ils

conservaient encore ce nom et se distinguaient ainsi des Hébreux plus fidèles aux traditions de leurs ancêtres.

I. Juifs hellénistes.

1° La dispersion des juifs a précédé de longtemps le triomphe de la civilisation hellénique. Théglathphalasar III, Sargon, Sennachérib, Nabuchodonosor en avaient transporté un grand nombre sur les bords du Tigre et de l’Euphrate. Une petite partie seulement rentrèrent à la suite de Zorobabel et d’Esdras. Les autres restèrent en Babylonie, en Perse, en Médie et en Mésopotamie, et ils y furent rejoints dans la suite par bon nombre de leurs compatriotes, chassés de leur pays par les guerres ou la famine. Sous la domination des Séleucides, ils s’imprégnèrent plus ou moins d’hellénisme. — 2° L’émigration forcée ou volontaire vers l’Egypte remonte presque aussi haut. Au dire du pseudo-Aristée, Psammétique (sans doute Psaminétique II, 594589 avant J.-C.) aurait employé des mercenaires juifs dans sa guerre contre les Éthiopiens. D’après le même Aristée, d’autres Juifs, de gré ou de force, auraient accompagné les Perses en Egypte. Toujours est-il que, durant l’invasion des Chaldéens, un grand nombre de Juifs se réfugièrent sur la terre des Pharaons. Le plus illustre était Jérémie. Avant de les rejoindre, le prophète écrivit à ceux qui avaient cherché un asile à Migdal, prés de Péluse, à Taphnis, à Memphis et à Phatures. Voir ces mots. Jer., xliv, 1. Plus tard, Alexandre, en fondant Alexandrie, y établit des Juifs avec droit de cité et divers autres privilèges, tel que celui de se choisir un ethnarque de leur nation. Josèphe, Ant. jud., XIX, v, 2 ; Contra Apion., ii, 4. Ptolémée, fils de Lagus, à la suite de son expédition victorieuse contre la Palestine, emmena, comme prisonniers ou otages, un certain nombre de Juifs — cent mille selon le faux Aristée. Josèphe, sans fixer le chiffre, dit qu’ils provenaient des montagnes de la Judée, spécialement des environs de Jérusalem et aussi de la Samarie et du mont Garizim, et que Ptolémée les mit en garnison dans ses places fortes à côté des Macédoniens. Il ajoute que beaucoup d’autres Juifs les suivirent spontanément, attirés soit par la fertilité du sol égyptien, soit par la libéralité du roi. Ant. jud., XIII, I. L’habile politique des Ptolémées porta ses fruits. Pendant les persécutions des Séleucides et les luttes héroïques des Asmonéens, les enfants d’Israël continuèrent à demander à l’Egypte le calme et la sécurité. Ils y trouvaient d’innombrables compatriotes qui formaient pour ainsi dire une nation dans la nation, occupaient à Alexandrie deux quartiers sur cinq, Philo, In Flaccum, édit. Mangey, 1742, t. ii, p. 527, jouissaient d’une sorte d’autonomie civile, avaient des synagogues dispersées sur tout le sol égyptien, avec l’entière liberté de pratiquer leur culte, et à Léontopolis, à dix lieues au nord de Memphis, le temple élevé par Onias. Peut-être Philon n’exagère-t-il pas outre mesure quand il avance qu’il y avait de son temps en Egypte un million de Juifs. In Flaccum, t. ii, p. 523. D’Egypte, ils [avaient débordé dans la Cyrénaïque (Tripolitaine actuelle) et selon Strabon, cité par Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2, ils formaient à Cyrène, du temps de Sylla, une des quatre classes de la population.

L’Egypte était pour les Juifs chassés ou persécutés un asile de prédilection, mais il n’était pas le seul. L’an 139 ou 138 avant J.-C, Rome expédia de divers côtés une circulaire défendant de molester les Juifs ou de fairecause commune avec leurs ennemis. Cette circulaire 1 était adressée par le consul Lucius aux rois Ptoléméed’Egypte, Démétrius de Syrie, Attale de Pergame, Ariarathe de Cappadoce, Arsace du pays des Parthes, ainsi qu’aux villes et contrées suivantes : Lampsaque, Sparte, Délos, Mynde, Sicyone, Carie, Samos, Pamphylie, Lycie, Halicarnasse, Cos, Sidé, Arad, Rhodes, Phasélis, Gortyne, Gnide, -Chypre et Cyrène. I Mach., xv, 22-23. La plupart de ces États sont très connus. Au lieu de Lampsaque, leçon de la Vulgate, le grec porte Saii^âjua

(quelques manuscrits ont EainJ’âxi’)) et le syriaque Samsonos. Ce doit être Samsoun, appelé aussi Amisus, à l’est de Sinope, sur la côte septentrionale de l’Asie Mineure. Ainsi se trouve vérifié le dire de Philon, d’après lequel les Juifs avaient pénétré jusque dans les coins les plus retirés du Pont. Leg. ad Caium, t. ii, p. 587. On voit que dès cette époque relativement ancienne les enfants d’Israël avaient déjà envahi tout le monde civilisé. Cf. Orac. Sibyll., 111, 271. Strabon atteste que, du temps de Sjlla (vers 85 avant J.-C), il n’était pas facile de trouver un endroit du monde où la nation juive ne se fût établie. Dans Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2. Cf. Bell, jud., II, xvi, 4 ; VII, iii, 3.

Les Juifs s’étaient portés de préférence vers la Syrie et les cités helléniques de l’Asie Mineure. À l’exemple d’Alexandre et des Ptolémées, les rois de Syrie aimaient à mêler, pour les mieux fondre ensemble, les peuples soumis à leur domination. C’est ainsi qu’Antiochus le Grand transplanta en Phrygie et en Lydie deux mille familles juives de Mésopotamie. Josèphe, Ant. jud., XII, m, 3. Pour peupler leur grande capitale, Antioche, ils y offraient volontiers asile aux étrangers. Les Juifs furent les premiers à en profiter : c’était, au témoignage de Josèphe, la ville de Syrie où ils résidaient en plus grand nombre, Bell, jud., VII, iii, 3. Cependant Damas en comptait 10000, Bell., II, xx, 2, ou, selon une autre donnée, 18000, Bell., VII, viii, 7, lorsque éclata la guerre de l’indépendance. L’Asie Mineure n’était guère moins bien partagée. Vers 346, Aristote y avait rencontré un Juif helléniste de langue et d’àme, d’après Josèphe, Cont. Apion., i, 22, se référant à Cléarque, disciple d’Aristote. Si les Juifs émigrés adoptaient peu à peu la langue et prenaient l’esprit de la population ambiante, ils n’oubliaient pas pour cela leurs devoirs envers le temple et la mère patrie. Ils devenaient hellénistes au dehors et même à la surface de l’Ame, mais au fond ils restaient Juifs, c’est-à-dire attachés invinciblement au culte de leurs ancêtres et à leur nationalité. Ils payaient toujours la capitation due au temple pour les frais du culte. Cicéron, Pro Flacco, 28, en 62 ou 61 avant J.-C. dans un éloquent plaidoyer, eut à justifier Flaccus qui avait trouvé commode de confisquer ce tribut volontaire : à Apamée cent livres pesant d’or, à Laodicée vingt, à Adramyttion et à Pergame une somme moindre. Pour une date un peu plus récente, Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 1-26, nous fournit de précieux renseignements sur la condition du judaïsme dans un certain nombre de villes de l’Asie Mineure. À Pergame, les pouvoirs publics assurent les Juifs de leur bienveillance, se fondant sur d’anciennes relations amicales entre les deux peuples. A Sardes, sur l’invitation d’Antoine (50 avant J.-C), on leur accorde une sorte d’autonomie et le libre exercice de leur religion. À Ephèse, où ils avaient depuis longtemps droit de cité, Josèphe, Cont. Apion., ii, 4, le consul Lentulus les dispense du service militaire (en 49) ; Dolabellà (en 43) et Junius Brutus (en 42) renouvellent ce privilège et y ajoutent celui d’une entière liberté religieuse. Tralles, Milet et Halicarnasse avaient accordé aux Juifs la même faveur, sur le désir ou l’ordre de Jules César. Voir aussi, pour le temps d’Auguste, Josèphe, Ant., XVI, vi, 2. On a trouvé à Phocée, à Magnésie du Sipyle ; à Smyrne, à Hypoepa au sud de Sardes, à Hiérapolis, en plusieurs endroits de l’ancienne province du Pont, en Bithynie, en Crimée et ailleurs, cf. Corpus inscriptionum hébraicarum, Saint-Pétersbourg, 1882, des inscriptions funéraires ou autres faites par des Juifs ou concernant des Juifs. Mais comme elles sont sans date, il se peut qu’elles soient postérieures à la destruction de Jérusalem. Pour la Grèce nous avons mieux que des inscriptions de date incertaine, nous avons le témoignage formel de Philon, Légat, ad Caium, 36, t. ii, p. 587, qui affirme l’existence des Juifs en Thessalie, en Béotie, en Macédoine, en Étolie, dans PAttique, à Argos, à Corinthe,

enfin dans la plupart des villes du Péloponèse. Saint Paul, dans sa seconde tournée apostolique, rencontre des Juifs en grand nombre à Philippes, à Thessalonique, à Bérée, à Athènes, à Corinthe. Act., xvi, 2-3 ; xvii, 1, 10, 17 ; xviii, 4, " 7. Ils étaient à Sparte et à Sicyone dès le temps des Machabées. I Mach., xv, 23. Quant aux îles, Philon, loc. cit., nomme l’Eubée, Chypre et la Crète. Josèphe mentionne en outre Paros, Ant. jud., XIV, x, 8, et Mélos. Ant., XVII, xii, 1.

Les relations diplomatiques des Juifs avec Rome remontent aux Machabées. I Mach., viii, 17-32 ; xil, 14 ; xiv, 24 ; xv, 15-24. D’après Valère Maxime, I, iii, 2, ils auraient été expulsés par le préteur Hispalus ou Hippalus pour cause de. propagande religieuse. Ce fait arrivé l’an 139 avant J.-C. se rapporterait à l’ambassade envoyée par Simon. Mais les Juifs ne devinrent nombreux à Rome qu’après la prise de Jérusalem par Pompée en 63. Les affranchis, qui pouvaient payer le prix de leur liberté ou que leurs maîtres renvoyaient libres, allaient au delà du Tibre grossir le noyau juif qui s’y trouvait déjà. Philon, Leg. ad Caium, t. ii, p. 568. À la mort de César, ils se signalèrent. par l’expression bruyante de leur deuil. Suétone, Csesar, 84. L’an 4 avant J.-C. plus de 8000 d’entre eux se joignirent à l’ambassade juive envoyée contre Archelaùs. Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 1 ; Bell., II, vi, 1. Lorsque, vingt-trois ans plus tard, ils furent chassés de Rome par Tibère, on en dirigea 4000 sur la Sardaigne pour y combattre les brigands. Tacite, Ann., ii, 85 ; Josèphe, Ant. jud., ’XVUI, m, 5 ; cf. Suétone, Tiber., 36. Ils ne restèrent pas longtemps éloignés de Rome. Ils y étaient plus nombreux que jamais sous Caligula et sous Claude qui les bannit de nouveau, Act., xviii, 2 ; cf. Suétone, Claud., 25, ou peut-être les contraignit moralement de quitter la ville en leur interdisant le libre exercice de leur religion. Dion Cassius, lx, 6. Quelle qu’en fût la teneur, redit fut bientôt rapporté ou ne reçut qu’une application restreinte et passagère. Sous Néron, Rome fourmillait de Juifs. — Voir Friedlànder, Dos Judenthum in der vorchristlichen griechischen Welt, Vienne, 1897 ; Id., De Judxorum coloniis, Kônigsberg, 1876 ; Pressel, Die Zerstreuung des Yolkes Israël, 1889 ; de Champagny, Borne et la Judée au temps de la chute de Néron, Paris, 1865, t. i, p. 107-154 ; Cless, De coloniis Judmorum in Mgyptum terrasque cum Mgypto conjunctas post Mosen deductis, Stuttgart, 1832 ; Remond, Versuch einer Geschichte der Ausbreitung des Judenthums von Cyrus bis auf den gànzlichen Untergang des Jûdischen Staats, Leipzig, 1789 ; Herzfeld, Handelsgeschichte der Juden des Alterthums, 1879 ; Huidekoper, Judaism at Borne, New-York, 1876 ; Hudson, History of the Jevis in Borne, 2e édit., Londres, 1884.

II. Les Juifs hellénistes dans le Nouveau Testament.

— Les Grecs appelaient barbares tous les peuples étrangers à leur race, Rom., i, 14 ; les Juifs qualifiaient de Grecs tous ceux qui n’étaient pas du sang d’Israël. De là cette expression très fréquente : les Juifs et les Grecs, pour désigner l’humanité entière au point de vue juif. Mais quand les Juifs palestiniens voulaient se distinguer de leurs coreligionnaires de la Diaspora, qui parlaient grec, ils les nommaient Hellénistes et se réservaient à eux-mêmes le titre d’Hébreux. Act., VI, 1. On comprend que dans la ville sainte ces Hellénistes qui, ayant longtemps vécu à l’étranger en avaient pris les habitudes et en parlaient la langue, fussent l’objet d’un certain mépris de la part des Hébreux de vieille roche. Ceux-ci devaient les considérer comme des frères dégénérés, s’ils les reconnaissaient pour frères, tout au moins les rangeaient-ils dans une catégorie inférieure. Peut-être ailleurs, dans les colonies grecques où ils étaient chez eux, les Hellénistes prenaient-ils leur revanche ; mais à Jérusalem, les Hébreux étaient l’aristocratie. Il est assez vraisemblable que, même dans l, jl 6’ise primitive, on

leur ait conféré la plus grande part des dignités hiérarchiques, car ils constituaient la majorité et de plus la classe influente. Prêtres et diacres auront été surtont pris dans leur sein et il est aisé de s’expliquer que leur impartialité ait été suspecte dans la distribution des secours. De là les murmures des Hellénistes. Ils se plaignent d'être laissés de côté dans le service quotidien fait par des diacres hébreux. Les apôtres font droit à leur requête. Les sept nouveaux diacres, choisis par les plaignants et ordonnés par les apôtres, ont tous des noms grecs : Etienne, Philippe, Prochorus, Nicanor, Timon, Parmenas, Nicolas. Cette circonstance, difficilement fortuite, avec l’occasion des murmures et le motif de leur élection, permet de Conclure qu’ils n'étaient pas Hébreux palestiniens. D’un autre côté la qualité de prosélyte, c’est-à-dire de Grec converti au judaïsme, expressément mentionnée pour l’un d’entre eux et pour un seul, Nicolas prosélyte d’Antioche, semblerait indiquer que les autres étaient Juifs de naissance. Ils étaient donc, eux aussi, Hellénistes, comme ceux dont les plaintes avaient nécessité leur choix. Plus tard, les. fauteurs de la persécution contre saint Etienne sont des Juife hellénistes. Act., VI, 9. La synagogue des Affranchis, comme le nom latin l’indique, comprenait probablement les Juifs, faits prisonniers de guerre par les Romains, qui avaient réussi à se racheter ou avaient reçu la liberté de leurs maîtres. Voir t. i, col. 255. Un doute subsiste au sujet du nombre de synagogues hellénistes mentionnées dans le passage des Actes. Les uns en trouvent jusqu'à cinq, une pour chacun des noms de Pénumération : Affranchis, Cyréniens, Alexandrins, Ciliciens, Asiatiques Plusieurs n’en voient qu’une seule dont les représentants des cinq nationalités différentes seraient des fractions. Les Hellénistes sont nommés encore à l’occasion de la conversion de saint Paul. À Damas, Paul récemment baptisé parlait et disputait contre les Hellénistes. Act., ix, 29. Dans la Vulgate : Loquebatur quoque gentibus et-disputabat cum G-rsecis, le mot gentibus est de trop car il ne répond à aucun mot grec et Grœcis doil s’entendre, selon le contexte, au sens d’Hellénistes. Une troisième et dernière fois les Hellénistes sont mentionnés dans le texte grec communément reçu. L'Évangile fut prêché à Antioche aux Hellénistes (texte grec reçu : itpo : toÙç *EX>, T)VKjTâ?). Act., xi, 19-20. À la suite de cette persécution, qui paraît avoir sévi principalement contre les Hellénistes convertis au christianisme, ceux-ci deviennent de moins en moins nombreux dans l'église-mère de Jérusalem. Cf. Gal., ii, 4 ; Act., xv, 5, 7, 24. Au moment où Paul visite pour la dernière fois la ville sainte ils semblent avoir perdu toute influence. Act., xxi, 20. Au contraire, dans les autres pays ils formèrent presque toujours le premier noyau des églises naissantes ; car saint Paul commençait d’ordinaire ses prédications dans les synagogues. Ses premiers disciples étaient donc à peu près partout des Juifs hellénistes. Ce n'était que lorsque les Juifs refusaient formellement de l'écouter ou de croire en Jésus-Christ, que l’apôtr% se tournait du côté des nations. Act., xiii, 46. — Voir Knabenbauer, Cornmentarius in Actus Apostolorum, Paris, 1899, p. 116 ; Wendt, dans Meyer’s Kritisch exegetisches Kommentar, Apostelgesckichte, 7e édit., 1888, p. 150-158 ; Lightfoot, Opéra, 2e édit., 1699, t. ii, p. 704-707.

F. Prat. H ELLES (hébreu : Rèléç et Uèléç ; Septante : XsXXrjç, nom de deux Israélites.

    1. HELLÈS##


1. HELLÈS, fils d’Azarias et père d'Ëlasa, de la tribu de Juda. I Par., ii, 39.

    1. HELLÈS##


2. HELLÈS, nom que la Vulgate donne I Par., xi, 27, et xxvii, 10, à Hélés. Voir Hélés, col. 367.

. HELMINTHIASE, maladie causée à l’homme par

l’action anormale des helminthes. 1° Les helminthes, plus communément appelés entozoaires (animaux du dedans), sont-de petits animaux qui appartiennent presque tous à l’embranchement des annelés et' dont beaucoup vivent à l’intérieur du corps humain. Les uns élisent domicile dans les intestins, comme les vers intestinaux, les autres habitent des cavités différentes ou la substance même des organes, le sang, les muscles, le foie, etc. Plusieurs d’entre eux sont à générations alternantes ; quelques-uns passent par diverses métamorphoses. On en compte plus de quarante espèces vivant dans le corps humain. Quelques-unes y sont comme à l'état normal et ne causent aucun préjudice à la santé ; les autres peuvent engendrer des désordres même mor 123. — 1. Filaire de Médine. — 2. Strongle géant. — 3. Trichocéphale de l’homme. — 4. Oxyure vermieulaire. — 5. Ascaride lombricoïde. — 6. Trichine.

tels, soit par leur multiplication excessive, soit par leur activité funeste à l’organisme. Enfin, parmi les helminthes, les uns sont microscopiques, tandis que les autres atteignent en longueur des dimensions considérables. Les helminthes qui causent les troubles les plus graves dansl’organisme sont les suivants. Les ascarides (fig. 123, 5) font leur séjour dans l’intestin grêle. S’ils sont peu nombreux j leur présence est sans inconvénient ; en se multipliant, ils peuvent obstruer l’intestin, y former des tumeurs douloureuses, perforer cet organe, pénétrer dang les voies respiratoires, occasionner des abcès, des vomissements et des convulsions épileptiformes. L’oxyure vermieulaire (fig. 123, 4) s’attaque de préférence aux enfants. Le trichocéphale (fig. 123, 3), qui atteint de 35 à 50 millimètres de long, est surtout l’helminthe des vieillards, mais on n’a pu lui assigner de symptômes qui lui soient propres. Les strongles (fig. 123, 2), dont la longueur varie de 40 centimètres à 1 mètre, s’attaquent aux reins de l’homme et finissent par les dévorer ; cette espèce géante est heureusement rare. Le strongle filaire qui n’atteint w

585

HELMINTHIASE — HEMAN

586

que 75 centimètres, compte quatre ou cinq espèces qui s’introduisent dans les chairs de l’homme. Le filaire de Médine (fig. 123, 1), en particulier, qui est très commun dans les parties les plus chaudes de l’Asie et de l’Afrique, finit par devenir un véritable sac contenant des myriades de vermicules qui vivent de ses organes et se répandent ensuite dans le corps humain. Cf. Éléphantusis, t. ii, col. 1662. Il faudrait encore citer parmi les helminthes nuisibles les trichines (fig. 123, 6), qui passent du corps du porc dans celui de l’homme, différentes espèces de tænias, etc. Beaucoup de ces vers, inoffensifs pour des tempéraments sains, peuvent se multiplier et devenir capables d’exercer de grands ravages dans des corps débilités par la débauche ou d’autres causes accidentelles. On a attribué aux vers plusieurs morts historiques, celles de Phérétine, princesse de Cyrène, Hérodote, iv, 205 ; de l’empereur Maximien, Eusèbe, H. E., viii, 16, t. xx, col. 789 ; de Julien, oncle de l’Apostat, Sozomène, H. E., v, 8, t. lxvii, col. 1236, etc. Cf. Van Beneden, Les commensaux et les jmrasites dans le règne animal, Paris, 1883, p. 87, 94, 139, 188, 207, 214 ; A. Mangin, Nos ennemis, Tours, 1884, p. 11-70.

2° Deux personnages nommés dans la Sainte Écriture périrent victimes de l’helminthiase. —1. Voici comment est décrite la fin d’Antiochus Épiphane : « Une violente douleur d’entrailles le saisit avec d’horribles tourments internes… Des vers pullulaient de son corps, ses chairs se décomposaient douloureusement de son vivant même, si bien que son armée était incommodée de son odeur fétide… Personne ne pouvait le porter, tant l’infection était insupportable… Ses douleurs redoublaient à chaque instant, et il ne pouvait lui-même souffrir sa propre puanteur. » H Mach., ix, 5, 9-12. Le texte grec dit également que les vers pullulaient du corps du roi impie : ix toO aii[i.cfcoi toû Suo-o-eëoOi ; oxtî>Xii)xa ; àvaÇefv. La maladie vermiculaire était donc nettement caractérisée, indépendamment des complications que permet de supposer le texte. — 2. Hérode Agrippa, le meurtrier de saint Jacques le Majeur, mourut du même mal : « Rongé par les vers, il expira. » Act., XII, 23. Dans le texte grec : yevôfievoi ; <rxti>)ij)x<5ëp<<>Toç, « dévoré par les vers. » Josèphe, Ant. jud., XIX, viii, 2, dit seulement qu’il fut emporté par un mal de ventre, tû tîjç yaa-cpbi ; àyr l i.ai- : i, sans entrer davantage dans le détail, tandis que saint Luc précise, en sa qualité de médecin. L’historien juif passe également sous silence les circonstances humiliantes de la mort d’Antiochus Épiphane. Ant. jud., XII, ix, 1. Par contre, en décrivant la mort d’Hérode le Grand, il mentionne les tortures abdominales dont souffrait ce prince et les vers qu’engendrait son mal : toO aîBoi’ou aîjiiç <rx<iXr)xaî èiirtowbaa. Ant. jud., XVII, VI, 5. Ce n’est donc pas sans raison qu’on a remarqué que l’hel- : minthiase avait parfois le caractère d’un châtiment divin et frappait les grands persécuteurs. On a quelquefois regardé la maladie d’Hérode Agrippa comme une phtiriase ou affection pelliculaire. Mais ce mal n’est point mortel ; de plus, l’auteur du livre des Machabées et saint Luc n’auraient pas donné le nom de « vers » à des poux qui sont si différents quant à l’origine, quant à la

lorme et quant à l’effet nuisible.
H. Lesêtre.
    1. HELMONDÉBLATHAÏM##

HELMONDÉBLATHAÏM (hébreu : 'Almôn Diblâfâyemàh ; Septante : reX|iiv Àe6X « 8a ! [i), une des dernières stations des Hébreux avant d’arriver au Jourdain. Num., xxxiii, 46, 47. Elle est mentionnée entre Dibongad ou Dibon, aujourd’hui Dhibdn, au-dessus du torrent d’Amon, et les monts Abarim ou la chaîne moabite qui domine à l’est la mer Morte, avec le Nébo comme l’un des sommets principaux. Elle est identique à Bêf Diblâfâim, Vulgate : donms Deblathaini, ville de Moab, dont parle Jérémie, xlviii, 22. Voir Déblathaïm, t. ii, 1. 1330. A. Legekdre.

    1. HÉLON##

HÉLON, nom d’un personnage et de trois localités.

1. HÉLON (hébreu : Hêlôn ; Septante : XaiXt&v), père d'Éliab, dans la tribu de Zabulon. Num., i, 9 ; ii, 7 ; vil, 24, 29 ; x, 16.

2. HÉLON (hébreu : Hîlên ; Septante : Codex Vaticanus : EeXvà ; Codex Alexandrinus : NtiXiôv), ville de la tribu de Juda, donnée avec sa banlieue aux enfants d’Aaron. I Par., vi, 58 (hébreu, 43 ; Septante, 57). Elle est appelée Hôlôn ; Septante : XaXoû ; Codex Alexandrinus : XtXou<i, , Jos., xv, 51 ; TeXXâ ; Codex Alexandrinus : 'ÛXtiv, Jos., xxi, 15 ; Vulgate : Olon, Jos., xv, 51 ; Holon, Jos., xxi, 15. Dans la liste des localités apparu tenant à la tribu, Jos., xv, 51, elle fait partie du premier groupe de « la montagne », et est mentionnée entre Gosen (hébreu : GôSén) et Gilo (hébreu : Gilôh). Dans les deux listes parallèles des villes sacerdotales, Jos., xxi, 15 ; I Par., vi, 58, elle est citée avec Jéther (hébreu : Yattir), aujourd’hui Khirbet 'Attîr, Esthèmo (hébreu : 'Éëtemôa'), Es-Semu’a, et Dabir (hébreu : Debir), peutêtre Edh-Dhaheriyéh, rangées dans le même groupe que les précédentes, et formant avec elles un district situé au sud-ouest d’Hébron. Voir la carte de la tribu de Juda. Mais aucun nom actuel ne la rappelle dans ces parages. Les identifications qu’on a proposées sortent toutes du cercle dans lequel il nous la faudrait chercher et n’offrent d’ailleurs aucune garantie sérieuse au point de vue onomastique : Beit 'Aûla, au nord-ouest d’Hébron (cf. Grove, Wilson dans Smith’s Diclionary of the Bible, Londres, 2e édit., 1893, 1. 1, part, ii, p. 1382) ; Beit 'Alâm, au sud-ouest de Beit 'Aula (cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 87) ; Khirbet 'Araq Ifâlâ, au nord de Beit-Djibrin (cf. F. Mûhlau et W. Volck, Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1890, p. 267).

A. Legendre.

8. HÉLON (hébreu : 'Ayyâlôn ; Septante : AîLwv ; Codex Vaticanus : 'EyXiii ; Codex Alexandrinus : 'HXwv), ville lévilique donnée aux fils de Caath. I Par., vi, 69 (hébreu, 54). Dans le passage parallèle de Jos., xxi, 24, elle porte son vrai nom, Aïalon. Là aussi elle est justement assignée à la tribu de Dan ; il y a une lacune dans le livre des Paralipomènès, vi, entre les versets 68 et 69. Voir Aïalon 1, t. i, col. 296, et la carte de la tribu de Dan,

t. ii, col. 1232.
A. Legendre.

4. HÉLON (hébreu : Hôlôn ; Septante : Codex Vaticanus : XaiXwv ; Codex Alexandrinus : XeX<iv), ville de Moab, mentionnée une seule fois dans l'Écriture. Jer. ; ' xlviii, 21. Elle est menacée du jugement divin avec plusieurs autres cités des « plaines » moabites, Jasa, Dibon, Cariathaïm, etc. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 114, 303, se contentent de la citer, sans aucun renseignement relatif à sa position, qui reste complètement inconnue. Elle n’apparaît ni dans la liste de Num., xxxii, 34-38, ni dans.

celle de Jos., xin.
A. Legendre.

HEM (hébreu : Bien ; Septante : e ! ç xâpaa). Saint Jérôme, In Zach., vi, 14, t. xxv, col. 1456, a lu Hen comme l’hébreu actuel. C’est un nom propre d’après la Vulgate et divers commentateurs. Le syriaque, à la place ; de Hen, met le nom de Josias, fils de Sophonie, et c’est en effet ce nom qu’on devrait lire ici. Zach., VI, 14. Cf. t. 10. Bien est donc une erreur de copiste ou bien doit seprendre comme un nom commun, « en faveur de. s Voir Josias, fils de Sophonie.

    1. HÉMAN##

HÉMAN (hébreu : Hêtndn ; Septante : Aîjjiav), nom de deux ou trois personnages.

1. HÉMAN, fils de Lotan et descendant de Séir l’Horréen. Gen., xxxvi, 22.

2. HÉMAN, fils de Mahol, un des quatre sages auxquels est comparé Salomon. III Reg., iv, 31. Plusieurs exégètes en font le même personnage qu’Héman, fils de Johel. Voir Héman 3, et t. ii, col, 2004. Dans la Vulgate, Ps. lxxxvii, 1, où il paraît comme auteur de ce Psaume, il est appelé Éman et est dit Esrahite : l’hébreu, Ps. lxxxviii, 1, a bien Hêrnàn. Les Septante au lieu d’Ezrahite dans le titre de ce Psaume ont : ’IapariXeiTïjç. Voir Éman et Ezrahite, t. ii, col. 1715, 2163.

3. HÉMAN, lévite, fils de Johel, de la branche de Caath. I Par., vi, 33. Sa généalogie est donnée. I Par., vi, 33-38. Il avait été choisi par David comme chef des chanteurs avec Asaph et Éthan ; sous leur conduite les musiciens étaient partagés en trois chœurs. I Par., vi, 31, 38 ; I Par., xv, 17 ; xxv, 1, 6. Ils avaient à diriger les chanteurs employés au sanctuaire de Gabaon. I Par., xvi, 41. Ils jouaient eux-mêmes des cymbales d’airain. I Par., xv, 19. Dans I Par., xv, 42, selon l’hébreu et la Vulgate, en. plus des cymbales, on donne à Héman et à Idithun (Éthan) la trompette et divers instruments de musique. Les Septante n’ont pas ce passage. Héman est appelé « voyant du roi ». I Par., xxv, 5. Il eut quatorze fils et trois filles. I Par., xxv, 4-5. Deux de ses descendants Jahiel et Séméi, sous Ézéchias, rassemblèrent leurs frères pour purifier la maison du Seigneur. II Par., xxix, 14. Nous retrouvons des chanteurs descendants d’Héman sous Josias. II Par., xxxv, 15.

    1. HÉMATH##


HÉMATH, orthographe, dans I Par., x, 3, 9, du nom de lieu que la Vulgate écrit ailleurs Émath. Voir Émath’Ij t. ii, col. 1715.

    1. HÉMOR##

HÉMOR (hébreu : IJâmôr ; Septante : ’E|i[u ! >p), prince de la ville de Sichem et père d’un jeune homme appelé aussi Sichem qui, par le rapt de Dina, fille de Jacob, attira sur son père et sur la ville de Sichem le ressentiment de Siméon et de Lévi, les frères de Dina. Ils engagèrent traîtreusement Hémor et les siens à se faire circoncire, et quand ils furent affaiblis par la blessure le troisième jour, Siméon et Lévi montèrent sans crainte à Sichem et les tuèrent. Gen., xxxiv, 2, 4, 6, 8, 18, 26. Avant ces événements, Jacob revenant de Mésopotamie s’était arrêté près de Sichem et avait acheté d’Hémor pour le prix de cent qesîtâh (voir Qesitah) la partie du champ où il avait dressé ses tentes. Gen., xxxiii, 18-19. C’est dans ce champ acheté des fils d’Hémor que furent ensevelis les ossements de Joseph ramenés d’Egypte. Jos., xxiv, 32. Dans le discours de saint Etienne, Act., vu, 16, c’est Abraham au lieu de Jacob qui achète le champ des fils d’Hémor. Voir Etienne, t. ii, col. 2034.

    1. HÉMORROÏDES##

HÉMORROÏDES (hébreu : ’ofalîm et tehorîm), maladie causée par des tumeurs sanguines qui se forment à l’anus, par suite de différentes causes internes ou externes, et qui sont souvent accompagnées de flux de sang. Les hémorroïdes ne sont pas dangereuses par elles-mêmes et elles peuvent se guérir ; elles ne deviennent mortelles que par complication, étranglement, gangrène, etc. — Le mot’ofél correspond à l’assyrien uplu, Buhl, Gesenim’Handwqfterbuch, Leipzig, 1899, p. 630, et à l’arabe’afal, qui signifie « tumeur à l’anus ». Dieu menace A"ofalîm ceux qui n’observeront pas ses commandements. Deut-, xxviii, 27 (Septante : elç ttjv êSpav ; Vulgate : partent corporu per quam stercora egeruntur). Il frappa de cette maladie les Philistins qui retenaient l’arche d’alliance. I Reg., v, 6-vi, 17 (Septante : elç TÔtç ESpaç ; Vulgate : ira secretiori parte natium) ; Ps.lxxvii (Lxxviii), 66 (Septante : eîç tô ôitt'<ra> ; Vulgate : ira posteriora). Les versions regardent’ofalîm, non comme le nom de la maladie, mais comme celui de la partie du corps qu’elle attaque. Voir’OfalIm. Les masso. rètes dans le qerî remplacent ce mot par tefrorim, pro bablement plus convenable ou plus usité pour désigner les tumeurs hémorroïdales. Cette inflammation pouvait prendiie un caractère particulièrement grave dans un pays chaud comme la Palestine. C’est pourquoi Dieu en menace les Israélites infidèles et en frappe les Philistins. À la maladie s’ajoutait d’ailleurs la honte d’être ainsi atteint. — La loi mosaïque mentionne aussi cette maladie sous sa forme de « flux de sang » et elle ne la mentionne que par rapport à la femme. Le flux anormal du sang constitue une impureté légale ; la femme atteinte de ce mal rend impurs le lit ou le siège sur lesquels elle prend son repos. On contracte une impureté pour toute la durée du jour quand on la touche elle-même. Quand le flux s’arrête, la femme doit se purifier durant sept jours et offrir un sacrifice le huitième jour. Lev., xv, 25-30. — Les hémorroïdes non accompagnées de flux de sang n’étaient pas visées par

cette loi. Voir Hémorroïsse.
H. Lesêtre.
    1. HÉMORROISSE##


HÉMORROISSE, femme dont l’Évangile raconte la guérison miraculeuse. Matth., ix, 20-22 ; Marc, v, 25-34 ; Luc, viii, 43-48. Cette femme est atteinte d’un flux de sang depuis douze ans. Saint Marc et saint Luc disent

124. — Le monument de Panéas. D’après une reproduction sur un sarcophage chrétien du Musée de Latran. Dans Grimouard de Saint-Laurent, Guide de tvrt cii, ien, t. ii, p. 214.

qu’elle avait eu recours à beaucoup de médecins et dépensé toute sa fortune pour se faire guérir, mais sans résultat. Saint Marc, qui n’a pas les mêmes raisons que saint Luc pour ménager les médecins, ajoute que cette femme avait eu beaucoup à souffrir de leur part et que leurs soins n’avaient fait qu’empirer son mal. Marc, v, 26. Lightfoot, Horse hebr. et talmud. in IV Evang., Leipzig, 1674, sur ce verset de saint Marc, énumère l’interminable série des remèdes prescrits par le Talmud, Babyl. Schabbat, ꝟ. 110, pour guérir la maladie en question. La malade entendit parler des miracles de Notre-Seigneur, mais, honteuse de son infirmité, elle n’osa solliciter sa guérison publiquement et se contenta de toucher la frange du vêtement du Sauveur, pendant

que la foule se pressait autour de lui. Sa foi était si vive que le miracle se produisit sur-le-champ. Notre-Seigneur alors la renvoya en paix. Le nom de « fille » qu’il lui donne incline à penser qu’elle était israélite. Marc, v, 34 ; Luc, viii, 48. — Eusébe, H. E.,

, 18, t. xx, col. 680, nous

apprend que l’hémorroïsse était de Panéas ou Césarée de Philippe, voir t. ii, col. 456, et qu’elle avait élevé dans sa ville natale un monument commémoratif de sa guérisou. « Devant la porte de sa maison, dit-il, se dresse sur une colonne de pierre une statue de bronze qui, à ce qu’on rapporte, représente cette femme ; elle est à genoux et tend les mains dans une attitude suppliante. En face, est une statue d’homme, du même métal ; il est debout, élégamment couvert d’un manteau et tendant la main àlafemme (fig. 124). À ses pieds, croît, dit-on, une plante inconnue qui, dès qu’elleatteintla frange

125. — Jésus-Christ et l’hémorroïsse. Sarcophage chrétien. D’après Bottari, Sculturee Pitture, t. i, p. xix.

du manteau de bronze, fournit un excellent remède pour toutes sortes de maladies. On prétendait que cette statue était le portrait de Jésus-Christ. Elle est restée en place jusqu’à notre époque, et, quand nous avons pénétré dans la ville, nous l’avons vue. » Eusèbe n’atteste ainsi personnellement que l’existence de la statue et ne rapporte les autres détails que d’après des on-dit. Dans la suite, Julien l’Apostat fit briser cette statue. Sozomène, ii, E., v, 11. Dans l’Evangile de Nicodème, voir t. ii, col. 2116, les Acta Pilati, vii, prétendent que l’hémorroïsse s’appelait Véronique, Bepovixï), et qu’elle vint déposer au tribunal de Pilate en faveur du Sauveur. Tischendorf, Evang. apocryph., Leipzig, 1853, p. 277-335. Cette assertion ne repose sur aucun fondement. — Les premiers artistes chrétiens ont aimé à reproduire la scène évangélique de la guérison de l’hémorroïsse (fig. 125). Voir Martigny, Dictionnaire des Antiquités chrétiennes,

Paris, 1877, p. 31t.
H. Lesêtre.
    1. HÉNADAD##

HÉNADAD (hébreu : Jfênâdâd ; Septante : ’HvaBôS, I Esd., iii, 9 ; et uloc’ASôS, II Esd., iii, 24), père de Bennui, lequel après la captivité rebâtit une partie desmurs de Jérusalem. II Esd., iii, 24. Les fils d’Hénadad furent employés à la reconstruction du Temple. I Esd., iii, 9.

    1. HENDERSON Ebenezer##


HENDERSON Ebenezer, exégète protestant écossais,

né à Dumferline le 17 novembre 1784, mort à Mortlake, dans le comté de Surrey, le 16 mai 1858. Il s’occupa beaucoup de la propagation de la Bible dans diverses contrées de l’Europe, et commenta divers livres de l’Écriture : Commentary on Isaiah witk a new translation, in-8°, Londres, 1840 ; Commentary on the Minor Prophète with a new translation, in-8°, Londres, 1845 ; Commentary on Jeremiah, in-8°, Londres, 1851 ; Commentary on Ezekiel, in-8°, Londres, 1855. Son livre sur l’inspiration des Écritures, Divine Inspiration, in-8°, Londres, 1836, a été souvent réimprimé. Voir Life of E, Henderson, in-8°, Londres,

    1. HENGEL (Wessel Albert van)##


HENGEL (Wessel Albert van), théologien protestant hollandais, né à Leyde le 12 novembre 1779, mort dans cette ville le 6 février 1871. Il y fit ses études et après avoir été pasteur dans diverses paroisses, il devint en 1815 professeur de théologie à Franeker, en 1818 à Amsterdam, et en 1827 à Leyde. Il a publié plusieurs commentaires : Annotationes in loca nonnulla Novi Testa.nenti, Amsterdam, 1824 ; Commentarius perpefuus in Epistolam Pauli ad Philippenses, Leyde, 1838 ; Commentarius perpetuus in prioris Pauli ad Corinthios Epistolse caput xv, Bois-le-Duc, 1851 ; Interprétatif Pauli Epistolse ad Romanos, Bois-le-Duc, 1854-1859.

    1. HENGSTENBERG Ernst Wilhelm##


HENGSTENBERG Ernst Wilhelm, théologien protestant allemand, né à Frôndenberg dans le comté de La Marck, le 20 octobre 1802. mort à Berlin le 28 mai 1869. Après avoir étudié à Bonn la philosophie et les langues orientales, il ne tarda pas à attaquer le rationalisme et l’hégélianisme et devint dans la suite le fondateur de la nouvelle orthodoxie luthérienne et prussienne. Il fut en 1826 professeur extraordinaire, et de 1828 jusqu’à sa mort professeur ordinaire à la Faculté de théologie de Berlin. En 1827, il créa VEvangelische Kirchenzeitung qui devint entre ses mains un organe religieux très influent. Voici la liste de ses publications sur la Sainte Écriture : Christologie des alten Testaments, 3 in-8°, Berlin, 1829-1852 ; 2e édit., 1854-1858 ; Beitrâge zur Einleitung ins Alte Testament, 3 in-8°, Berlin, 1831-1839 ; Die Bûcher Moses und Aegypten, in-8°, Berlin, 1841 (ouvrage de valeur pour son époque) ; Die Geschichte Èileam’s und seine Weissagungen, in-8°, Berlin, 1842 ; Commentar Hier die Psalmen, 4 in-8°, Berlin, 1842-1847 ; 2e édit., 1849-1852 (c’est son meilleur commentaire ) ; Die Offenbarung des heiligen Johannes erlâutert, 2 in-8°, Berlin, 1849-1851 ; 2e édit., 1861-1862 ; Die Opfer der heiligen Schrift. Die Juden und die christliche Kirche. Ein Vortrag auf Veranlassung des evangelischen Vereins in Berlin gehalten, in-8°, Berlin, 1852 ; 2e édit., 1859 ; Dos Hohelied Salomonis ausgelegt, in-8°, Berlin, 1853 ; Der Prediger Salomo, ein Vortrag, in-8°, Berlin, 1859 ; Dos Euangelium des heiligen Johannis erlâutert, 3 in-8°, Berlin, 1861-1863 ; 2e édit., 1867-1871 ; Die Weissagungen des Propheten Ezechiel, 2 in-8°, Berlin, 1867-1868. On a publié après sa mort ses cahiers de cours, œuvres imparfaites : Geschichte des Reiches Gottes unter dem alten Bunde, 2 in-8°, Berlin, 1869-1871 ; Dos Buch Hiob erlâutert, 2 in-8°, Berlin, 1870-1875 ; Vorlesungen ûber die Leidensgeschichte, in-8°, 1875. Tous ses ouvrages, écrits dans le sens orthodoxe, contiennent des observations justes, mais ils pèchent par leur diflusion. Il eut de chauds partisans et de violents adversaires qui l’attaquèrent dans de nombreux écrits. Voir sa biographie par J. Bachmann et Th. Schmalenbach, E. W. Hengstenberg, sein Leben und Wirken, 3 in-8°, Guterslohe, 18761892. F. Vigouroux.

    1. HENNÉ##

HENNÉ (hébreu : kôfér ; Septante : xûiupo ;  ; Vulgate : cyprus), nom venant de l’arabe donné à un arbrisseau et à la poudre provenant de ses feuilles desséchées.

. I. Description. — Le henné est un arbrisseau de la famille des Lythrariées, très glabre sur toute sa surface et dont les rameaux courts se terminent avec l’âgé en pointes épineuses. Les feuilles sont opposées, brièvement pëtiolées, à limbe entier et lancéolé. Des inflorescences courtes et multillores occupent le sommet des branches. Les fleurs montrent quatre divisions dans toutes leurs parties : quatre sépales étalés, persistants et soudés en tube à leur base, quatre pétales blancs et chiffonnes dans la préfloraison, huit étamines sur deux verticilles insérées avec la corolle vers la base du tube calycinal, enfin l’ovaire formé par la soudure de quatre carpelles, devenant une capsule globuleuse cachée au fond du calice, et dont les graines sortent à la maturité par quatre déchirures irrégulières (fig. 126). Linné distin 126. — Le henné.

guait deux espèces sous les noms de Lawsonia inermis et de Lawsonia spinosa, tout en faisant remarquer que la première pourrait bien n’être qu’une forme de la plante sauvage améliorée par la culture. En fait, les deux types linnéens méritent à peine le titre de variétés, puisqu’on les voit passer de l’un à l’autre, suivant les âges. Aussi Lamark les a-t-il réunis depuis dans son Lawsonia alba. A. de Candolle admet la spontanéité de cet arbrisseau dans l’Inde et dans la Perse : c’est seulement par la culture que son aire de dispersion se serait étendue vers l’ouest jusqu’en Afrique (Egypte, Nubie et Guinée). On sait, en effet, qu’il a été recherché de temps immémorial dans toute la région d’Orient pour les soins de la toilette des femmes. Outre le parfum de ses fleurs, il possède dans la poudre de ses feuilles desséchées un principe colorant rouge qui se fixe aisément, par simple dissolution aqueuse, sur toutes les productions épidermiques, spécialement les cheveux et les ongles. Le cuir et les fourrures prennent de même à son contact une belle nuance safranée. F. Ht.

II. Exégèse.

1° Le nom du henné en hébreu est kôfêr : on peut rapprocher ce nom de l’appellation égyptienne. Dans les hiéroglyphes, la fleur du henné

se dit. i pouqer : entre les deux mots il n’y a

qu’une simple transposition de lettres. La plante en copte se dit presque comme en hébreu kliouper ou kouper ; la transposition s’est faite là aussi. On la rencontre même déjà dans les textes démotiques qui nomment le henné kapra. Il y a donc parenté entre le nom égyptien et le nom hébreu, soit que les Israélites aient emprunté ce mot à la vallée du Nil, soit que plutôt les Égyptiens aient transporté le nom avec la plante de l’Orient. On ne trouve pas ce produit avant l’époque des Ramessides : son nom même ne se trouve que dans des inscriptions ptolémaïques. Les Arabes paraissent avoir emprunté le nom à l’égyptien pouqer, sans transposition, mais avec la chute du r final : faghou, fâghîah (cf. fàghirah s’appliquant à une espèce ou variété de henné). V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., in-8°, Paris, 1892, p. 80. Avec les feuilles desséchées, les Égyptiens fabriquaient une poudre rouge-orange, très employée dans la toilette des femmes et des momies. Cette substance servait à teindre les ongles des mains, des pieds, l’intérieur des mains. On a trouvé de nombreuses momies ainsi préparées, et dans les tombeaux des fragments du Lawsonia, feuilles ou poudre. D’après Dioscoride, De mat. med., i, 124, et Pline, R. N., xxiii, 46, avec cette poudre diluée dans du suc de saponaire, les Égyptiennes se teignaient les cheveux en blond. Le henné est cité quatre ou cinq fois dans Jes textes égyptiens, tous relatifs à des recettes de parfumerie. Il entrait en particulier dans la fameuse recette du kyphi.’Théophraste, Lib. de odoribus, 195 ; Pline, H. N., xii, 51 ; Prosper Alpin, De planlis Mgypti, xiii ; Celsius, Bierobotanicon, t. i, p. 122 ; V. Loret, La flore pharaonique, p. 80-81. L’usage du henné est aujourd’hui encore très commun en Orient.

2° Le kôfér n’est mentionné que deux fois dans la Bible, dans deux comparaisons du Livre des Cantiques, i, 13 ; iv, 13. Au premier passage l’époux du cantique est comparé à’une grappe de cypre dans les vignes d’Engaddi. Et au second, l’époux dit à l’épouse : « Tes plants sont tin jardin de délices rempli de grenades et de toutes sortes de fruits, de cypre et de nard. » Les fleurs jaunâtres réunies en grappe, po’Tpoç xûrcpov, répandent une odeur très vive : les vignes qui poussaient près de cet arbuste s’imprégnaient de son parlum. Le chaud climat d’Engaddi convenait admirablement bien à la culture du kôfér, planté au milieu des vignes si célèbres de ce pays ; de là la comparaison du Cantique, I, 13.

E. Levesque.

HENNEQU1N Claude, théologien catholique français, né en 1654, mort à Paris en 1738. Après avoir été vicaire général d’Albi, il fut nommé chanoine de Notre-Dame de Paris. Il a publié, entre autres choses, une édition de la Bible, selon la Vulgate, avec commentaire, sous ce titre : Biblia sacra vulgatse editionis Sixti V et Clementis VIII, ponl. niax., auctoritate recognita, una, cum selectis annotationibus ex optimis quibusque interprétions excerptis, tabulis chronologicis, historici » et geographicis illustrala indiceque epistolarum et evangelioruni aucta, 2 in-f*>, Paris, 1731.

A. Régnier.

    1. HENNISSEMENT##

HENNISSEMENT (hébreu : mishâlâh, de sâhal, g faire éclater sa voix ; » Septante : xpE(ieTttr(iôç ; Vulgate : hinnitws), série de cris éclatants que fait entendre le chevaL pour manifester son ardeur, appeler la jument, etc. — En entendant la trompette guerrière, le cheval crie : hëàh ! Job, xxxix, 28. Quand les Chaldéens marchent contre Jérusalem, on entend le hennissement de leurs chevaux du côté de Dan, parce qu’ils arrivent par les plaines de Saron, plus favorables aux mouvements de leur cavalerie. Jer., viii, 16. À Babylone, les habitants hennissent comme des chevaux fougueux, parce qu’ils sont tout à la joie. Jer., L, 11. L’ami moqueur est comparé à l’étalon qui hennit, quel que soit celui qui le monte, Eccli., xxxiii, 6, parce que le moqueur saisit toute

occasion de se livrer à son penchant. — Par deux fois, Jérémie, v, 8 ; xiii, 27, prend le hennissement comme symbole des convoitises de la chair. — Les versions parlent plusieurs fois de hennissements quand il n’est question que de cris de joie. Is., x, 30 ; xxiv, 14 ; uv, 1 ; 1er., rxxl, 7. Dans Job, xxxix, 19, elles traduisent par hennissement le mot rdmâh, qui veut dire « crinière

frémissante ».
H. Lesêtre.
    1. HÉNOCH##

HÉNOCH (hébreu : Jfânôk ; Septante : ’Ev<ix)> nom de quatre personnages et d’une ville.

    1. HÉNOCH##


1. HÉNOCH, fils de Caïn et père d’Irad. Caïn donna son nom à la première cité qu’il bâtit. Gen., iv, 17, 18.

    1. HÉNOCH##


2. HÉNOCH, fils de Jared. Il engendra, à l’âge de soixante ans, son fils aîné Mathusalem et eut ensuite d’autres fils et des filles. La*tmrée de son existence sur la terre fut de trois cent soixante-cinq ans, pendant lesquels « il marcha avec Dieu ». Gen., v, 21-23. Ces derniers mots, répétés au ꝟ. 24, sont une louange que l’Écriture ne donne qu’à un autre des patriarches antédiluviens, Noé. Gen., vi, 9. Cf. Gen., xvii, 1 ; xlviii, 15 ; Mal., ii, 6. Hénoch est encore loué par l’Esprit Saint, de longs siècles plus tard, dans l’un des derniers écrits inspirés de l’Ancien Testament et dans deux épîtres du Nouveau. L’Ecclésiastique dit que nul homme ne lui fut comparable, xlix, 16, et qu’il plut à Dieu, ou, selon la leçon du manuscrit hébreu récemment découvert, qu’il « fut trouvé juste et marcha avec Jéhovah ». L’Ecclésiastique, édit. Israël Lévi, in-8°, Paris, 1898, p. 88. Saint Paul nous donne une grande idée de sa foi en disant que c’est par elle qu’il plut à Dieu. Heb., xi, ’5. Saint Jude le montre comme un homme doué du don de prophétie pour annoncer le jugement de Dieu contre les méchants et les impies. Jud., 14-16. Il est à remarquer que cet Apôtre rappelle à ses lecteurs qu’Hénoch fut « le septième à partir d’Adam ». Cette place d’Hénoch dans la descendance d’Adam par Seth appelle naturellement la comparaison, toute à l’avantage d’Hénoch, entre lui et son correspondant, le septième dans la descendance d’Adam par Caïn, qui est Lamech, homme sensuel, le premier polygame connu, violent jusqu’à l’homicide. Gen., iv, 19-24. La vie sainte d’Hénoch eut pour récompense une faveur qui n’a d’analogue dans toute l’histoire du peuple de Dieu que ce qui arriva au prophète Élie. IV Reg., ii, 3, 5, 11-12. Après que l’auteur inspiré a donné le total des années d’Hénoch, au lieu de terminer par la formule « et il mourut », qui revient invariablement pour tous les autres patriarches depuis Adam jusqu’à Noé, il dit : « Et il marcha avec Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu le prit. » Gen., v, 24. L’Écriture fait entendre par là qu’Hénoch ne mourut point. Saint Paul rappelle sa « translation ». Cf. Heb., xi, 5. La Bible ne dit pas en quel lieu il fut transporté. On lit bien dans Eccli., xliv, 16 (Vulgate), « qu’il fut transporté dans le paradis, » ce que les uns ont entendu d’un endroit délicieux quelconque et les autres, en bien plus grand nombre, du paradis terrestre (voir S. Thomas, III », q. xlix, a.5, ad 2 om ; cf. I », q. cil, a. 2, ad 2um) ; mais les mots « dans le paradis », sur lesquels reposent princi-, paiement ces deux opinions, dont la seconde, du reste, offre de très graves difficultés, ne se lisent pas dans le texte grec, ce qui faisait déjà soupçonner que c’était une glose du traducteur latin ou de quelque copiste. Ce soupçon est devenu à peu près une certitude depuis la découverte du manuscrit hébreu, où ces mots manquent également. Nous ne pouvons donc rien affirmer touchant le lieu que ce patriarche habite. Cf. Estius, Annot. in prsecipua et difficiliora Sacrée Scriptural loca, Paris, 1684-, p. 7. — C’est une antique tradition dans l’Église, que Hénoch viendra avec Élie avant le jugement dernier pour annoncer le second avènement du Fils de Dieu, con vertir les Juifs, combattre par sa prédicajion l’Antéchrist et qu’il sera mis à mort par « cet homme de péché ». Voir Estius, In Sent. IV, xlvii, 10 ; S. Thomas, ID>, q. xlix, a. 5, ad 2° m. On a vu dans ces deux saints personnages les deux témoins de l’Apocalypse qui prêcheront la pénitence aux derniers hommes, les deux candélabres élevés devant le Seigneur comme pour éclairer les derniers joars du monde, les deux adversaires de l’Antéchrist qui, mis à mort par lui, ressusciteront bientôt après et monteront au ciel dans une nuée de gloire. Apoc., xi, 3-12. En ce qui regarde Fénoch, cette interprétation tradidionnelle de l’Apocalypse est comme le corollaire des divers passages de l’Écriture relatifs à ce patriarche. Puisqu’il n’est point mort, Heb., xi, 5, qu’il est représenté, Eccli., xliv, 16, comme un exemple (grec) ou un initiateur (Vulgate) de pénitence pour les nations, et que, en outre, il a été le prophète du jugement de Dieu, Jude, 14, les exégétes ont pu conclure à bon droit, de ces données réunies, que cet homme mystérieux avait été réservé par Dieu pour venir, à la fin des temps, préparer les hommes, par sa prédication et ses exemples, au jugement annoncé par lui tant de siècles à l’avance. E. Palis.

3. Hénoch, fils de Madian, le fils d’Abraham par Cétura. Gen., xxv, 4 ; I Par., i, 33.

    1. HÉNOCH##


4. HÉNOCH, fils aîné de Ruben. Gen., xlvi, 9 ; I Par., v, 3. Il fut chef de la famille des Hénochites. Exod., vi, 14 ; Num., xxvi, 5. Son nom est écrit Enoch, I Par., v, 3.

    1. HÉNOCH##


5. HÉNOCH, première ville bâtie par Caïn, qui lut donna le nom de son fils aîné. Gen., iv, 17. Le mot’îr ici ne doit signifier que la réunion de quelques habitations. Voir Caïn, t. ii, col. 37. Toutes les tentatives laites pour retrouver l’emplacement de cette ville sont complètement vaines ; elles ne reposent que sur des rapprochements onomastiques plus ou moins heureux, et elles manquent de base, puisque nous ne connaissons même pas la position exacte de l’Eden. C’est ainsi qu’on a pensé à Anuchta dans la Susiane, au pays des Hénioques dans le Caucase, à Kanodj ou Kanyâkubdscha dans l’Inde septentrionale, à Khotan, très ancienne ville sur les bords du désert de Gobi, etc. Cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 478 ; A. Dillmann, Die Genesis, 6e édit., Leipzig, 1892, p. 99.

A. Legendre.
    1. HÉNOCH (LIVRE APOCRYPHE D’)##


6. HÉNOCH (LIVRE APOCRYPHE D’). Voir t. i, col. 757-759.

    1. HÉNOCHITES##

HÉNOCHITES (hébreu : ha-Hânokî ; Septante : Sî^oç toO’Ev<J-/), famille descendant d’Hénoch, le fils aîné de Ruben. Num., xxvi, 5. Voir Hénoch 4.

    1. HENRY Matthieu##


HENRY Matthieu, théologien anglais, de la secte des non-conformistes, né à Iscoyd dans le Flintshire, le 18 octobre 1662, mort à Londres le 22 juin 1714. Pasteur à Chester, puis à Hackney, il a écrit An exposition of the Old and New Testament, 5 in-P>, Londres, 17071715, qui a eu de nombreuses éditions. — Voir Williams, Memoirs of the life, character and writings of the rev. M.Henry, 3 in-8°, 1828 ; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 417 ; W. Ormes, Biblioth. biblica, p. 240 ; Darling, Cyclopsedia bibliographica, col. 1440.

B. Heurtebize.
    1. HENSLER Christian Gottfried##


HENSLER Christian Gottfried, théologien luthérien

allemand, né le 9 mars 1760 dans le Holstein, mort à Halle le 24 avril 1812. Il fut professeur de théologie à Kiel de 1786 à 1809, époque où il résigna ses fonctions et se retira à Halle. On a de lui : Jesaias neu ûbersetzt mitvnmerktmgen, Hambourg, 1788 ; Bemerkungen ûber SteUen in den Psaknen und-in der Genesis, Hambourg, 1791 ; Eflâuterung des ersten Bûches Samuelis und der

Salomonischen Denksprûche, Hambourg, 1796 ; Bemerkungen ûber Stellen in Jereniias Weissagungen, Leipzig, 1805 ; Animadversiones in queedam duodecim Prophetarum minorum loca, Kiel, 1786 ; Der Brief des Apostels Jakobus ûbersetzt, Hambourg, 1801 ; Der Brief an die Galater und der erste Brief Pelri, Leipzig, 1805.

    1. HÉPHER##

HÉPHER (hébreu : JSlêfér), nom de trois Israélites.

— Une ville chananéenne, appelée Qèfér dans le texte hébreu, Jos., xii, 17, est appelée Opher dans la Vulgate. Voir Opher.

1. HÉPHER (Septante : ’Oç£p), fils de Galaad et père de Salphaad. Il fut le fondateur de la famille des Héphérites. Num., xxvi, 32, 33 ; xxvii, 1 ; Jos., xvii, 3.

2. HÉPHER (Septante : ’Qyata), de la tribu de Juda, fil » d’Assur, « père de Thécué, » et de Naara. I Par., iv, 5, 6.

3. HÉPHER (Septante : nom omis ou plutôt fondu avec le précédent : ©upoçâp), de Méchérath, un des vaillants guerriers de David. I Par., xi, 36. Dans le texte parallèle, II Reg., xxiii, 34, on lit « Aasbai, fils de Machati ». Voir Aàsbaï, t. i, col. 12.

    1. HÉPHÉRITES##

HÉPHÉRITES (hébreu : ha-Iféfrî ; Septante : ô’Oçepî), famille descendant d’Hépher. Num., xxvi, 32.

H ER (hébreu : ’Êr ; Septante : w Hp), nom de trois ou de quatre Israélites.

1. HER, fils que Juda eut d’une femme chananéenne. Gen., xxxviii, 3 ; xlvi, 12 ; I Par., ii, 3. C’est à ce premier-né que Juda donna une femme du nom de Thamar. Gen., xxxviii, 6. Il fut d’une conduite très corrompue, aussi le Seigneur le fit mourir d’une mort prématurée, Gen., xxxviii, 7 ; Num., xxvi, 19 ; I Par., ii, 3, dans la terre de Chanaan. Gen., xlvi, 12. Comme Her n’eut point d’enfant de sa femme Thamar, Juda la fit épouser à son second fils Onan. Gen., xxxviii, 8.

2. HER, fils de Gad. Num., xxvi, 10. Il est appelé ail leurs Héri. Voir Héri, col. 609.

3. HER, fils de Séla et père de Lécha. I Par., iv, 21.

4. HER, père d’Elmadan et fils de Jésus dans la généalogie de Notre-Seigneur donnée par saint Luc, iii, 28, 29. Son nom se trouve dans la période qui s’écoula de David à la captivité de Babylone.

    1. HERACLITE (’HpaxUîToç)##


HERACLITE (’HpaxUîToç), philosophe originaire d’Éphèse, florissait vers l’an 500. D’après lui, le feu est le principe universel, cause du mouvement, origine de la vie et de la destruction. La nature ressemble à un fleuve qui coule sans cesse. Rien n’est ni ne dure, tout s’écoule. On ne se baigne pas deux fois dans les mêmes eaux. Il y a lutte perpétuelle entre tout ce qui existe. Le destin règle tout. Quant à la certitude, elle a pour critérium la raison universelle. La morale, la théologie et la politique occupaient une certaine place dans ses spéculations. Son principal écrit était intitulé IlepV (fjætùi, « De la nature. » L’obscurité de son style était telle qu’elle lui valut chez les anciens le surnom de irxoTîivdc, « le ténébreux. » Il l’avait composé en prose ionienne, contrairement à l’usage adopté avant lui, qui était d’écrire en vers. Il n’en reste que quelques courts fragments, qui sont en partie des apophtegmes. Ce philosophe était considéré par les anciens comme le type de la mélancolie et de la misanthropie. — Saint Pierre, dans sa seconde Épître, ii, 22, cite deux proverbes. Le premier, « le chien revient à son vomissement, » est tiré du livre des Proverbes, xxvi, 11. Le second, u ; Xovrafiivi).

elî x-jX « 7[ ».a popêdpou, « le pourceau lavé se vautre de nouveau dans la boue, » remonte à Heraclite. Saint Pierre en ignorait sans doute la provenance et il le rapportait pour l’avoir entendu répéter parmi le peuple, mais d’après le témoignage des anciens, c’est le philosophe d’Éphèse qui en est l’auteur. — Voir G. A. Mullach, P/iiZosophorum grsecorum fragmenta, édit. Didot, t. i, p. 310329 ; J. Bywater, Heracliti Ephesii reliquise, 53-54, in-12, Oxford, 1877, p. 21 ; P. Wendland, Ein Wort des Heraklit im Neuen Testament, dans les Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1898, p. 788-796. F. Vigoiiroux.

    1. HÉRAN##

HÉRAN (hébreu : ’Êrân ; Septante : ’ESév), fils de Suthala dans la tribu d’Éphraïm, chef de la famille des Héranites. Num., xxvi, 36. Les Septante ontlu un daleth, -[, pour un resch, i, py pour py.

    1. HÉRANITES##

HÉRANITES (hébreu : hâ-Êrânî ; Septante : ô’KSevî), famille descendant de Héran dans la tribu d’Ephraïm. Num., xxvi, 36.

    1. HÉRAUT##

HÉRAUT (chaldéen : kârôz, de kraz, « crier ;. » Septante : x*jpu£ ; Vulgate : prxco), personnage chargé de faire en public une proclamation solennelle. Il diffère, par son importance, du simple mal’âk, porteur de nouvelles, de convocations, de renseignements, etc. Voir Messager. Le nom hébreu du héraut ne se trouve pas dans la Bible ; mais le verbe qâra, « proclamer, » y désigne plusieurs fois la fonction qu’il remplit. — 1° En Egypte, un héraut marche près du char de Joseph pour crier sur son passage : ’abrekl Gen., xli, 43 ; voir t. i, col. 90. — À Ninive, le roi fait proclamer par des hérauts l’ordre de se vouer à la pénitence. Jon., iii, 7. — A Babylone, Nabuchodonosor fait publier ses ordonnances par le kârôz. Dan., iii, 4. Sur l’origine araméenne de ce mot, voir Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., t. ii, n ? 1056, 1899, p. 765. — À S use, Aman est obligé de servir de héraut à Mardochée pour proclamer que le roi veut honorer ce dernier. Esth., vi, 12. — 2° Les prophètes se présentent parfois comme les hérauts du Seigneur, chargés de publier les choses qu’il veut faire connaître à tout le peuple. Is., XL, 2, 6 ; lvhi, 1 ; Jer., n, 2 ; vii, 2 ; xix, 2 ; Joël, iv, 9 ; Jon., i, 2 ; Zach., i, 14, 17. — 3° La sagesse parle aux hommes comme un héraut, Prov., 1, 21 ; viii, 1, et le Sauveur lui-même, empruntant les paroles d’Isaïe, lxi, 1, s’adresse aux hommes de Nazareth comme le héraut de la délivrance et de l’année de

grâce. Luc, iv, 19.
H. Lesêtre.
    1. HERBACÉES (PLANTES)##


HERBACÉES (PLANTES). -Suivant une classification populaire, la Bible distingue les végétaux en plantes ligneuses, arbres ou arbustes, ’es, en plantes à tiges non ligneuses ou herbacées dont la semence est visible, ’êiéb, et en herbes dont la germination n’est pas apparente, déSé’. La nomenclature des arbres a été donnée, t. i, col. 888 ; il reste à établir celle des deux autres classes, si rapprochées qu’il n’y a pas de raison de les séparer, et nous les comprenons sous le noni général de végétaux herbacés. Les voici dans l’ordre alphabétique :

Absinthe, hébreu : la’ândh. Prov., v, 4 ; Jer., ix, 15, xxiii, 15 ; Làm., iii, 15, 19, etc. Les Septante traduisent ce nom par xokri et la Vulgate par fel. L’Apocalypse, viii, 11, donne le vrai nom ôt+ivOoç ; Vulgate : absinthium. Voir t. i, col. 96.

Acanthe. Voir Chardon, t. ii, col. 587.

Ail, hébreu : Sûm ; Septante : tô <rx<ip8a ; Vulgate : allia. Num., xi, 5. Voir t. i, col. 310.

Algue, hébreu : $ûf ; c Septante : k<r%&.ti ; Vulgate : pelagus. Jon., ii, 5. Voir 1. 1, col. 365.

Alhagi, plante à laquelle on a attribué la production de la manne. Voir 1. 1, col. 366.

Anémone, hébreu : sôsannâh ; Septante : xpc’va ; Vul5Ô7

    1. HERBACÉES##

HERBACÉES (PLANTES)

gâte : lilium. Cant., ii, i, ii, 2 ; vi, 2 ; Ose., xiv, 6, etc. Voir 1. 1, col. 574.

Aneth, anis, Nouveau Testament- : âvrflm ; Vulgate : anethum. Matth., xxiii, 23. Voir Anis, t. i, col. 624.

Aspalathe, qui désigne le Convolvulus scoparius, d’où l’on tirait un parfum ; Septante* : àonâXaôo ;  ; Vulgate : balsamum. Eccli., xxiv, 20. Voir t. i, col. 1115.

Bardane, Vulgate : lappa. Ose., ix, 6, et x, 8. Mais l’hébreu porte : hôah, « chardon, » Ose., IX, 6, et qôs, s épine, » Ose., x, 8 ; Septante : axavOat. Voir 1. 1, col. 1458-Blé, hébreu : hiltâh, employé trente-deux fois ; Septante : irupdç, gïto ;  ; Vulgate : triticum, frumentum.Voir 1. 1, col. 1801.

Bugrane, hébreu : hdrûl ; Septante : ippuyavov, aypia ; Vulgate : sentes, spinse. Job, xxx, 7 ; Prov., xxiv, 31 Voir t. i, col. 1965.

Carie des céréales, champignon, hébreu : Hddâfôn ; Septante, àve[i.oopOop£a, è[Xirjp : <T[j.ô ;, nijpoxiii ;, ôçopîa ; Vulgate : serugo, aer corruptus, ventus urens. Deut., xxviii, 22 ; III Reg., viii, 37 ; II Par., vi, 28 ; Amos, iv, 9. Voir t. ii, col. 281.

Centaurée, hébreu : dardar ; Septante : TpfêoXoi ; Vulgate : tribulus, Gen., iii, 18 ; Ose., x, 8 ; et hébreu : galgal, Ps. lxxxii, 14 ; Is., xvii, 3 ; Septante : Tpoxô ? ; Vulgate : rota, Ps. lxxxiii, 14 ; Septante : xoviopTÔv TpoxoO ; Vulgate : turbo, Is., xvii, 13. Voir t. ii, col. 423. Céréales. Voir t. ii, col. 437.

Charbon des blés ou nielle, champignon, hébreu : ïiddâfôn, mot qui paraît s’appliquer au charbon comme à la carie des céréales. Voir t. ii, col. 580.

Chardon, hébreu : hôah ; Septante : êreav, IV Reg., xiv, 9 ; àxxoify, II Par., xxv, 18 ; xvfSr), Jos., xxxi, 40 ; àxavôai, Prov., xxvi, 9 ; Cant., Il, 2 ; Ose., ix, 6 ; Vulgate : carduus, IVReg., xiv, 9 ; II Par., xxv, 18 ; tribulus, Job, xxxi, 40 ; spina, Prov., xxvi, 9 ; Cant., ii, 2 ; paliurus, Is., xxxiv, 13 ; lappa, Ose., IX, 6. Voir t. ii, col. 587. Chicorée, une des plantes comprises dans les herbes arriéres (hébreu : merôrîm). Exod., xii, 8 ; Num., ix, 11. Voir t. ii, col. 697, et Herbes amères, col. 600.

Ciguë, designée selon quelques interprètes par le mot hébreu rô’S, Deut., xxix, 17, xxxii, 32, 33 ; Jer., viii, 14 ; Lam., iii, 5, 19, etc. ; Vulgate : fel. Voir t. ii, col. 758. Colchique, hébreu : hâbasséle’t ; Septante : c£v90 ;, Cant., ii, 1 ; xptvov, Is., xxxv, 1 ; Vulgate : flos, Cant., n, 1 ; lilium, Is., xxxv, 1. Voir t. ii, col. 831.

Coloquinte (hébreu : paqqu’ôt, IV Reg., iv, 39 ; Septante : m’iÙKrp « ypioev ; Vulgate : colocynthidas ; et hébreu : peqâ’îm ; Septante : rcXoxîi ;  ; Vulgate : tornaturas, III Reg., vi, 18 ; Septante : ûîto<roipiy[J.ata ; Vulgate : sculptura, III Reg., vii, 24. Voir t. ii, col. 829.

Concombre, hébreu : qissu’im ; Septante : afîtuo ;  ; Vulgate : cucumeres, Num., xi, 5. Voir t. ii, col. 890.

Coriandre, hébreu : gad ; Septante : xôpiov ; Vulgate : coriandrum. Exod., xvi, 31 ; Num., xi, 7. Voir t. ii, col. 973.

Corrète potagère, désignée selon quelques interprètes par le mot hébreu mallûah, Job, xxx, 4 ; Septante : âXi[ia ; Vulgate : herbas ; selon d’autres, ce sérail l’arroche halime. Voir t. ii, col. 1026.

Courge, traduction des Septante : xoXoxiivôi), pour le mot hébreu : qîqdyôn (Vulgate : hedera). Jon., iv, 6. Il s’agit en réalité du ricin. Voir t. ii, col. 1081.

Cumin, hébreu : kammôn ; Septante : xÛjaivov ; Vulgate : cyminum. Is., xxviii, 25, 27 ; Matth., xxiii, 23. Voir t. ii, col. 1158. Échalotte. Voir Ail, t. i, col. 310. Épeautre, hébreu : kussémêf ; Septante : oXvpa, Çéa ; Vulgate : far, vicia. Exod., ix, 32 ; Is., xxviii, ^ ; Ezech., rv, 9. Voir t n. col. 1821.

Épines, appartiennent partie aux arbres ou arbustes, partie à des plantes herbacées, comme la bugrane, la centaurée, le chardon, les orties, etc. Cf. t. ii, col. 1895. Férule. Voir Galbanum, col. 80.

Fève, hébreu : pôl ; Septante : xûau.o ;  ; Vulgate : faba-II Reg., xvii, 28 ; Ezech., iv, 9. Voir t. ii, col. 2228.

Foulon (Herbe du), hébreu : bôr, borip ; Septante : itoî et irotà tcXuvôvtwv ; Vulgate : borith et herba fullonum. Voir t. i, col. 1852.

Gaibanum, hébreu : helbenâh ; Septante : -/aXëàvïi ; Vulgate : galbanus. Exod., xxx, 34, 38 ; Eccli., xxiv, 21. Voir col. 80.

Gith, hébreu : qêsah ; Septante : (leXâvOtov ; Vulgate : gith. Is., xxviii, 25, 27. Voir col. 244.

Graminées, comprend des joncs ou roseaux, des céréales, comme le blé, l’orge, ï’épeautre, le millet et le sorgho (voir Céréales, t. ii, col. 437), aussi l’ivraie, puis un grand nombre de plantes désignées par le nom général d’herbe.

Herbe. roulante, hébreu : galgal ; Septante : xpox<iv, et xovtoptbv Tpoxoî ; Vulgate : rota, turbo, Ps. lxxxii, 14 ; Is., xvii, 13 ; est la Centaurea myriocephala. Voir t. ii, col. 426.

Herbes, nom général d’un grand nombre de plantes à tige non ligneuse. Voir col. 599.

Herbes amères, hébreu : merôrîm ; Septante : mxp£-Ceç ; Vulgate : lactuese agrestes, Exod., xii, 8 ; Num., ix, 11, terme comprenant surtout la chicorée et la laitue, qui se mangeaient au repas pascal. Voir col. 600.

Hysope, hébreu : ’ëzôb ; Septante : ûctuootoç ; Vulgate : fiysopus. Exod., xii, 22 ; Lev., xiv, 4, 6, 49, 51, 52 ; Num., xix, 6, 18 ; I Reg., v, 13 ; Ps. li, 9.

Ivraie, Nouveau Testament : Wctvtov ; Vulgate : zizania. Matth., xiii, 25-40.

Jonc, hébreu : ’agmôn ; Is., ix, 13 ; xix, 15 ; lviii, 5 ; Septante : t£Xo ;, xptxoç ; Vulgate : refrmnans, circulus ; — hébreu, ’dhû ; Septante : "A^ei ; Vulgate : locipalustres, pastus paludis, Gen., xli, 2, 18 ; Septante : PoOtqiaov ; Vulgate : carectum, Job, viii, 11 ; — hébreu : gômé’; Septante : ratmipo ;, eXoç ; Vulgate : scirpus, juncus, Exod., 11, 3 ; Job, viii, 11 ; Is., xxxv, 7 ; — hébreu : sûf ; Septante : ëXos, TOÎmipoç ; Vulgate : carectum, papyrio, juncus, Exod., n, 3, 5 ; Is., xix, 6. Voir Algue, Papyrus, Roseau.

Jonc odorant. Voir Roseau aromatique.

Laitue, une des plantes comprises dans les merôrim, « herbes amères. » Exod., xii, 8 ; Num., ix, 11. Voir Herbes amères, col. 600.

Lentille (hébreu : ’âdâsim ; Septante : ipaxA ;  ; Vulgate : lens. Gen., xxv, 34 ; II Reg., xvii, 28 ; xxiii, 11 ; Ezech., iv, 9.

Lierre, Septante : xktuô ;  ; Vulgate : hedera. II Mach., vi, 7. La Vulgate et le Codex Alexandrinus des Septante traduisent par lierre le qîqdyôn de Jon., IV, 6, 7, qui est le ricin.

Lin, hébreu : pistdh, pistéh ; Septante : Xivov ; Vulgate : linum. Exod., ix, 31 ; Deut., xxii, 11 ; Prov., xxxij 13, etc.

Lis, hébreu : Sûsan ; SôSanndh ; Septante : xpîvov ; Vulgate : lilium. III Reg., vii, 21 ; II Par., iv, 5 ; Cant., n, 1, 16, etc.

Lotus ou nénuphar blanc et nénuphar jaune, compris par quelques auteurs dans les lis ou sûsan de l’Écriture.

Mandragore, hébreu : dûdd’îm ; Septante : jiav^payôpai ; Vulgate : mandragores). Gen., xxx, 14 ; Cant., vu, 13.

Marjolaine. Voir Hysope.

Mauve. Quelques auteurs ont regardé la mauve sauvage comme répondant au mallûah de Job, xxx, 4 ; d’autres y ont vu la mauve de juif ou corrète potagère. Mais c’est plutôt l’arroche halime. Voir t. i, col. 1032.

Melon, hébreu : âbattihîm ; Septante : rcémsv ; Vulgate : pepones. Num., xi, 5.

Menthe, Nouveau Testament : 7|S150<rti.o{ ; Vulgate : mentha. Matth., xxiii, 23 ; Luc, xi, 42.

Millet, hébreu : dôhan ; Septante : %éyxP°<’Vulgate : milium. Ezech., iv, 9.

Moutarde, noire. Voir Sénevé.

Nard, hébreu : nêrd ; Septante : vâpîoc ; Vulgate : nardus. Gant., i, 12 ; IV, 13-14 ; Marc, xvi, 3 ; Joa., xii, 3.

Nielle ou nigelle. Voir Gith, col. 244.

Oignon, hébreu : besalîm ; Septante : xpô|i(i.uov ; Vulgate : cèpe. Num., xi, 5.

Orge, hébreu : èe’ôrîm ; Septante : xpt07) ; Vulgate : hordeum. Exod., ix, 32 ; Lev., xxvii, 16 ; Ruth, i, 22 ; 10, 17, etc.

Ornithogale, hébreu : fyiryônîm ; Septante : xdirpoc Tcepidreptiv ; Vulgate : stercus columbarum. IV Reg., vi, 25.

Ortie, (hébreu : qimôs et qimmôs ; Septante : axavOat ; Vulgate : urtica. Prov., xxiv, 31 ; Is., xxxiv, 13 ; Ose., lx, 6.

Papyrus, hébreu : gômê’; Septante : itâirupo ;, eXo ;  ; Vulgate : scirpus, juncus. Exod., ii, 3 ; Job, viii, 11 ; Is., xxxv, 7. Voir Jonc, Roseau.

Pastèque ou melon d’eau. Voir Melon.

Pavot, hébreu : ro’s ; Septante : xokrt, Sypumriç ; Vulgate : fel, amaritudo. Deut., xxix, 18 ; Ps. lxix (Vulgate : lxviii), 22 ; Jer., viii, 14 ; ix, 14 ; xxiii, 15 ; Lam., iii, 5, 19.

Poireau, hébreu thâsir ; Septante : npdùrov ; Vulgate : porrum. Num., xi, 5.

Pois, dans la Vulgate pour traduire qâlî de l’hébreu, répété une seconde fois dans le même verset. II Reg., xvii, 23. Les Septante et le syriaque l’omettent avec raison à la fin de ce verset.

Poivrette commune. Voir Gith, col. 244.

Pourpier de mer. Voir Arroche halime, 1. 1, col. 1032.

Ricin, hébreu : qiqâyôn ; Septante : xoXoxOvôi) ; Vulgate : hedera. Jon., iv, 6, 7.

Roseau, hébreu : qànéh ; Septante : xâXafioc ; Vulgate : calamus. Is., xxxvi, 6 ; xliii, 24 ; Ps. i.xviii (Vulgate, lxvii), 31. Voir Jonc, Papyrus.

Rosea.u aromatique, hébreu : qenêh bôsem, ou qâriéh ; Septante : xàXotiio ? sùtiSouç ou xâXano ;  ; Vulgate : calamus. Exod., xxx, 23 ; Cant., iv, 14 ; Is., xliii, 24 ; Jer., vi, 20 ; Ezech., xxvii, 19.

Rouille des céréales, hébreu : yêrâqôn ; Septante : &yj ?<* ; Vulgate : rubigo. Deut., xxviii, 22 ; III Reg., vui, 37 ; II Par., vi, 28 ; Amos, iv, 9.

Rue, Nouveau Testament : roiyavov ; Vulgate : ruta. Luc, xi, 42.

Safran, hébreu : karkôm ; Septante : xpoxoç ; Vulgate : crocus. Cant., iv, 14.

Salicorne serait, d’après certains exégètes, l’herbe à foulon, hébreu : bôr, borif ; Septante : nota, et nota itXuviivTeov ; Vulgate : borith et herbafullonum. Voir t. i, col. 1852.

Sais o la kali serait, d’après certains exégètes, l’herbe du foulon. Voir Borith, t. i, col. 1852.

Sénevé, Nouveau Testament : aivâitiç ; Vulgate ; sinapis. Matth., xiii, 31, 32 ; xvii, 20 ; Luc, xvii, 6.

Sorgho, hébreu : dôhdn ; Septante : xéyxpoi ;  ; Vulgate : milium. Ezech., it, 9

Spicanard. Voir Nard.

Tribule terrestre, selon quelques auteurs désigné par le TptêéXoi ;, Vulgate : tribulus, de Matth., vii, 16.

Vesce. Voir Fève, t. ii, col. 2228. E. Levesque.

1. HERBE, nom générique des plantes non ligneuses dont la tige tombe en hiver et qui couvrent les pâturages, les prairies et servent à la nourriture des chevaux, des bestiaux. En hébreu : désë, « herbe » et en particulier celles dont la semence est peu apparente ; êséb, herbe et nom générique des plantes herbacées, opposées aux plantes ligneuses, arbres ou arbustes ; hasîr, gazon, herbe des prairies ; Septante : (Jotâvi], ’/ipTo ;, y^^t « Ypwra ;  ; Vulgate : herba et aussi fœnum. On trouve encore le nom yéréq, « verdure ; » Septante : ^Xtopâ. On rencontre

tous ces noms réunis dans un seul verset, IV Reg., xix, 26. L’Écriture nous parle de l’herbe des champs, Gen., ii, 5 ; iii, 18 ; Exod., ix, 21, 25 ; x, 12, 15 ; de l’herbe des montagnes, Job, XL, 15 ; de l’herbe des vallées, II Reg., xvra, 5 ; de l’herbe des marais, Job, viii, 11 ; de l’herbe des toits, IV Reg., xix, 26 ; Is., xxxvii, 27. Au troisième jour de la création, la terre se couvrit d’herbes et d’arbres. Gen., i, 11, 12 ; ii, 5. La pluie fait germer l’herbe. II Reg., xxiii, 14 ; Job, xxxviii, 27 ; Heb., yi, 7. L’eau venant à manquer, elle se dessèche, Job, viii, 12 ;. Is., xv, 6 ; elle périt par la grêle, ix, 25, ou par les sauterelles, Exod., x, 12. Quand le blé pousse, on voit d’abord l’herbe, puis l’épi. Marc, iv, 23. Les herbes servent à la nourriture des hommes et des animaux. Gen., i, 29 ; iii, 18 ; xlvii, 4 ; Num., xxii. 4 ; III Reg., xviii, 5 ; Job, vi, 5 ; Ps. av (Vulgate, ciii), 14 ; cxlvi, 8 ; Jer., xiv, 5-6. Elle sert aussi de remède pour guérir. Sap., xvi, 12. — Elle entre dans un bon nombre de comparaisons et d’images : c’est un symbole de vie, de fraîcheur et de douceur quand elle est humide de pluie ou de rosée, Prov., xix, 12 ; Deut., xxxii, 2 ; Ps. lxxii, 6 ; un symbole de grâce et de richesse quand elle se couvre de fleurs, Matth., vi, 30 ; Luc, xii, 28 ; un symbole de brièveté et de vanité parce qu’elle se dessèche rapidement : les méchants se fanent et se dessèchent comme l’herbe, II Reg., xix, 26 ; Ps. xxxvii (Vulgate, xxxvi), 2 ; xc (Vulgate, lxxxix), 6 ; Is., xxxvii, 27 ; un symbole de nombre prodigieux : la race de l’homme que Dieu a éprouvé se multiplie comme l’herbe des champs, Job, v, 25 ; un symbole de la résurrection, Is., LXVI, 14. — Le mot herba, dans la Vulgate, sert à traduire plusieurs mots hébreux qui ont un sens moins général ou différent : ainsi yebûl, « produits, » Septante : xapnoOç, Jud., Vi, 4 ; ’ôrôf, « légumes verts ; » Septante : àpt<o8, IV Reg., iv, 39 ; mattûaht, « pourpier ou arroche haiime ; » Septante : âXtfia ; nâvéh, « pâturages ; » Septante : Tpûqpri ; Vulgate : herbx virentes, borith, « l’herbe du foulon. » Mal., iii, 2. Voir Foin, t. ii, col. 2298. E. Levesque.

2. HERBES AMÈRES (hébreu : merôrîm ; Septante : Tttxptàe ;  ; Vulgate : lactucss agrestes), herbes que l’on mangeait avec l’agneau pascal.

I. Description.

Ce sont diverses plantes de la tamille des Composées, tribu des Liguliflores, qui doi 127. — Cichorium Intybus.

vent leur saveur caractéristique à l’abondance du latex renfermé dans leurs tissus. Ce suc laiteux est chargé de 601

HERBES AMÈRES — HERCULE

G02

principes narcotiques qui seraient vénéneux à haute dose. Les principales espèces employées pour l’usage alimentaire appartiennent aux genres Cichorium et Lactuca. — 1° Les Cichorium ont des fleurs bleues ou roses avec des fruits dépourvus d’aigrette plumeuse, mais seulement couronnés par des écailles courtes. — 1. Le Cichorium Intybus Linné, ou chicorée sauvage (fig. 127), est une herbe vivace à tige rude, dressée et flexueuse, sillonnée dans sa longueur et divisée en rameaux raideset allongés. Les feuilles sont hérissées surtout en dessous sur la côte médiane. Les capitules floraux, solitaires et pédoncules au sommet des branches, sont rapprochés par petits groupes et sessiles le long des axes principaux. Elle croit abondamment le long des chemins et dans les lieux incultes. — 2. Le Cichorium Endivia Linné est l’espèce cultivée sous le nom d’endive ou de chicorée et originaire, dit-on, de l’Inde. Mais à l’exemple de Boissier et d’A. de Candblle il faut plutôt y voir la forme améliorée par la culture d’une espèce indigène de la région méditerranéenne, le Cichorium divaricalum Schousboë (Cichorium pumilum Jacquin),

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128. — Lactuca orientalis.

qui diffère de la chicorée sauvage surtout par sa tige annuelle et ses feuilles beaucoup moins velues. — 2° Le groupe des laitues (Lactuca) renferme de nombreuses espèces caractérisées par leur fruit comprimé, aminci en bec au-dessous d’une aigrette poilue, molle et blanche. On trouve en Palestine le Lactuca tuberosa Jacquin qui se reconnaît à sa souche renflée en tubercule parfois Tameux, ainsi qu’à ses capitules larges et multiflores ; les Lactuca scariola et saligna, plantes communes dans toute l’Europe, à racine verticale, grêle en forme de fuseau ; enfin les Lactuca orientalis (fig. 128) et triquetra qui ont une tige vivace, presque ligneuse, et diffèrent en outre de toutes les précédentes par leurs fruits à peine comprimés. La variété cultivée du Scariola, c’est-à-dire le Lactuca sativa, entre dans l’alimentation de temps immémorial. Enfin, certains genres voisins, tels que les Picris et les Crépis, renferment un grand nombre d’herbes douées de propriétés analogues aux précédentes, et dont les rosettes foliaires ont dû être récoltées jadis pour les mêmes usages. F. Hy.

II. Exégèse.

Meraj-im signifie « amertumes », choses

amères, et désigne un certain nombre de plantes amères, que l’on devrait manger dans le repas pascal. Exod., xir, 8 ; Num., ix, 11. Ce que comprend ce terme vague ne peut être déterminé que par la tradition. Malheureusement sur ce point les traditions ne sont pas trèsprécises ; l’usage du reste a pu varier avec les temps. La Mischna, Pesahim, ii, 6, indique cinq espèces de plantes : rnTn, hâzéréf, T » wViy, ’ûlSîn, nsdii, (amkd’, xaiamn, harhabînâ’, et ina, mdrôr. Bartenora et Maimonide entendent par là la laitue, les endives, la chicorée, la plante que les Arabes appellent qarsa’na (c’est-à-dire Véryngium, espèce de panicaut) et une variété très amère de coriandre. G. Surenhusius, Mischna, sive totius Hebrxorum juris, rituum, antiquitatum systema, in-f°, Amsterdam, 1698, part, ii, p. 141. — Si l’on en croit J. Lightfoot, Ministerium templi, dans Ugolinus, Thésaurus antiquit. sacrar., t. ix, col. dccccxxxviii, d’après un commentaire de R. Salomon sur Exod., xii, 8, les cinq espèces de plantes désignées par la Mischna seraient la laitue, les endives, la chicorée, la bette et la marrube. Mais les deux dernières plantes indiquées par R. Salomon, pas plus que les deux dernières de Maimonide, ne sont à proprement parler des plantes amères. Très vraisemblablement les herbes amères comprises sous le terme merôrim de la loi de Moïse sont les trois premières indiquées par ces deux commentateurs juifs, c’est-à-dire les laitues, les endives, la chicorée, qui se ramènent à deux, la laitue et la chicorée. Quant aux autres plantes, soit le panicaut, soit la marrube, soit la graine de coriandre, soit encore le cresson et le persil, comme l’indique Maimonide, De fermente et azymo, vii, 13, dans Crenius, Opuscula, in-18, 1696, fasc. vii, p. 889, elles devaient seulement tenir lieu d’assaisonnement et varier avec les temps et les lieux.

Les traducteurs grecs du Pentateuque qui connaissaient les usages juifs et la propriété des termes grecs ont rendu merôrim par icixpfôeç. Or icixpîç, d’après Aristote, Hist. anim., ix, 6, et Pline, H. N., viii, 41, désigne la laitue sauvage. Dioscoride, ii, 160, comprend sous ce nom la chicorée sauvage, Yintubus des Latins. La Vulgate a traduit le mot hébreu par lactuese agrestes. Ces termes généraux et populaires comprennent les laitues et les chicorées, communes en Egypte et en Palestine. On les trouve en abondance extraordinaire dans le Delta où elles croissent spontanément. — D’après l’usage, durant le repas pascal, on trempait ces herbes amères avec le pain azyme dans le charoseth, sorte de bouillie formée de figues, de dattes, d’amandes et de vinaigre ; on en mangeait aussi sans cet assaisonnement. Selon l’interprétation commune, elles étaient destinées à rappeler l’amertume de la servitude d’Egypte. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 227 ; Bochart, Hierozoicon, in-f°, 1692, t. i, p. 603 ; I. Lôw, Aramaïsche Pflanzennamen, in-#>, Leipzig, 1881, p. 173, 253. E. Levesque.

    1. HERCULE##

HERCULE (grec : ’HpaxXîjî ; Vulgate : Hercules), nom du dieu tyrien Melqart. Il est question de ce dieu dans II Mach., iv, 19-20. « Tandis qu’on célébrait les jeux quinquennaux de Tyr, en présence du roi, c’est-à-dire d’Antiochus IV Épiphane, l’impie Jason envoya de Jérusalem des hommes pervers qui portaient trois cents drachmes d’argent pour un sacrifice à Hercule. Ceux qui les apportaient demandèrent qu’elles ne fussent pas employées à ces sacrifices, parce que cela ne devait pas être, mais qu’on s’en servit pour d’autres dépenses. Ainsi elles furent offertes pour le sacrifice d’Hercule par celui qui les avait envoyées, mais à cause de ceux qui les apportaient, on s’en servit pour la construction de navires à trois rangs de rames. »

Melqart, « le roi de la cité, » était le dieu principal de Tyr, fondateur et seigneur de la ville, « le dieu fort qui parcourt la terre domptant les fauves et civilisant

les hommes, le dieu savant qui découvre et enseigne les arts utiles, le voyageur qui va fondant les colonies ; » c’est à lui que les Phéniciens et les Grecs, après eux, attribuaient l’invention de la pourpre, Pollux, Onomasticon, 1, 45 ;, V. Bérard, De l’origine des cultes arcadiens in-8°, Paris, 1894, p. 253. Hérodote, qui avait visité le temple construit en son honneur à Tyr, nous apprend qu’il était orné de riches offrandes et qu’il contenait

" ::mm

HfMKAElvpXHTETEI.il ! ’120. — Monument votif de Malte, avec inscription bilingue, dédié à Hercule. Musée du Louvre.

deux colonnes, l’une d’or pur, l’autre d’émeraude ou de jaspe qui jetait un. vif éclat pendant la nuit. Les prêtres tyriens faisaient remonter la construction de l’édifice à l’époque de la fondation de la ville. Hérodote, ii, 44. La colonne lumineuse était très vraisemblablement la représentation de Melqart. Nous savons en effet que les plus anciennes représentations de ce dieu sont des colonnes ou des obélisques. Il en est ainsi à Métaponte, Fiorelli, Notizie degli scavi, 1882, pl. xi, p. 120, à Hyettos (Pausanias, IX, , xxix, 2), à Malte et ailleurs. Les colonnes d’Hercule qui étaient au détroit de Gibraltar ne sont autre chose que des symboles du dieu. Les Grecs en contact avec les Tyriens identifièrent Melqart et Héra klès. Eusèbe, Prsep. Evang., i, 10, t. xxr, col. 81. Gn en a la preuve en particulier dans un texte de Pausanias, "VII, v, 5, qui parle d’un Hérakléion existant à Erythrée et où l’on adorait une antique idole égyptienne, venue mi 7 raculeusement de Tyr par mer. Cette identification apparaît encore nettement dans deux inscriptions bilingues, gravées à Malte par des Tyriens, en l’honneur de leur dieu représenté par un obélisque. Le texte phénicien porte : « À notre seigneur Melqart, seigneur de Tyr, » et le texte grec : ’HpaxXeï àpxiY^’- Corpus inscriptionum semiticarum, part, i, n. 122, 122 bis ; E. Ledrain, Notice sommaire des monuments phéniciens du Musée du Louvre, p. 77, n. 162 (fig. 129). De même les marchands tyriens établis à Délos demandent l’autorisation d’établir un témenos, c’est-à-dire une enceinte sacrée pour leur Melqart qui a rendu tant de services aux hommes et qui est roi de leur ville : tsu.evoc’HpaxXéouç toO Tupfou, u.eYio-Twv àyaf)tiv mxpanloi yêY ov< 5 t °C ™’C àv8pfÔ7toc ;, àpxiYÉ T0U T’)5 icottpiîoç.u7tâpxovTo<. Corpus inscript. Gr me., n. 2771. La conséquence de cette assimilation fut qu’on donna à Melqart les attributs d’Héraklès tout en lui conservant le caractère de dieu marin. Les monnaies de Tyr le représentent barbu et armé, tenant un arc à la main. Il est à cheval sur un hippocampe qui galope au-dessus des flots. Parfois un dauphin est figuré nageant au-dessous de l’hippocampe

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130. — Monnaie d’argent de Tyr.

Melqart à cheval sur un hippocampe ailé ; sous les flots, un dauphin. — i^. Chouette debout a droite portant le fléau et le sceptre égyptien.

(fig. 130). "Voir E. Babelon, Catalogue des monnaies de la Bibliothèque nationale ; les Achéménides, in-4°, Paris, 1893, p. 292-293, n. 1989, 1996. La vieille mythologie grecque donne au Melqart’de Tyr le nom de Mélicerte ou de Palaimon, nom qui paraît une transcription des mots phéniciens : Baal yam, « le seigneur de la mer. » Apollodore, I, IX, 1 ; III, lv, 3 ; Pausanias, I, xliv, 7 ; II, i, 3, 8. La fête principale du dieu s’appelait le Réveil ou la Résurrection. On la célébrait autour d’un bûcher où le dieu perdait sa vieillesse et retrouvait sa force. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 3. Hiram avait fixé la date de cette fête au second jour du mois de Péritios, qui correspond au 25 décembre du calendrier romain. Josèphe, Contr. Apion., i, 18. Les Tyriens montraient le tombeau de Melqart-Héraklès. Pseudo-Clément, Recognit. , x, 24, t. i, col, 1434. Les habitants de Gadès prétendaient de leur côté posséder ce tombeau (Pomponius Mêla, iii, 6) ; tandis qu’à Corinthe était celui de Mélicerte. Pausanias, II, i, 3. — On sacrifiait à Melqart-Héraklès des cailles, parce que l’odeur de ce gibier, qu’il avait beaucoup aimé pendant sa vie, l’avait ressuscité après sa mort. Athénée, Deipnos., IX, 47. — Les colonies phéniciennes envoyaient à Tyr des députations pour rendre hommage au dieu de la métropole. Arrien, Anab., ii, 24 ; Q. Curce, iv, 2 ; Polybe, xxi, 20. C’est une députation de ce genre qu’envoie Jason. — Le texte des* Machabées nous apprend aussi qu’au temps des rois de Syrie on célébrait en l’honneur de Melqart-Héraklès des jeux quiquennaux, c’est-à-dire renouvelés tous les quatre ans, selon la manière de compter des Grecs. — Voir F. Movers, Die Phônizier, in-8°, Bonn, 1841, t. i, p. 385389 ; V. Bernard, De l’origine des cultes arcadiens^ G05

HERCULE — HÈRES (MONTÉE DE)

606

in-8 « , Paris, 1894, p. 253-256 ; G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1885, t. iii, p. 77-78, fig. 28 ; p. 249-252, 424-425. E. Beurlier.

    1. HERDER (Johann Gottfried von)##


HERDER (Johann Gottfried von), poète et théologien protestant allemand, né à Mohrungen dans la Prusse orientale, le 25 août 1744, mort à Weimar le 18 décembre 1803. Après avoir essayé de divers emplois, il devint, en novembre 1764, professeur à la Domschule de Riga, prédicateur de faubourg et secrétaire de la loge maçonnique. En juin 1769, il quitta Riga et voyagea à Copenhague, à Nantes, à Paris, en Hollande, etc. À Strasbourg, il se lia d’amitié avec Gœthe. En avril 1771, il s’établit comme premier prédicateur à Bûckeburg ; puis il fut professeur et prédicateur de l’université de Gœttingue. En 1776, l’amitié de Gœthe l’attira comme pasteur principal, à Weimar, où il devint en 1793 vice-président, et en 1801 président du consistoire. Esprit inconstant et mobile, il unit les idées rationalistes à une sorte de mysticisme. Son activité littéraire, malgré une santé délicate, fut extraordinaire. L’édition de ses Sâmmtliche Werke, publiée à Stuttgart, 18251830, comprend 60 volumes in-18. Ses écrits relatifs à la Bible et à l’exégèse ont exercé une influence considérable en Allemagne. En 1774, il publia : Aelteste Urkunde des Menschengeschlechts, eine nach Jahrhunderten cnthaltene heilige Schrift, explication nouvelle dans un sens allégorique du premier chapitre de la Genèse ; en 1775, Briefe zweener Brûder Jesu in unserem Kanon ; il y prétend que Jacques et Jude, auteurs des deux Épîtres qu’il appelle ainsi, étaient de véritables frères de Jésus. La même année 1775, Herder fit paraître des Erlâuterungen zum Neuen Testament aus einer neu erôffneten rnorgent ândische Quelle. Cette source nouvelle est le Zend-Avesta. Le parsisme, d’après l’auteur, exerça une influence réelle sur le judaïsme et sur le christianisme naissant : c’est là que les auteurs dit Nouveau Testament ont puisé leurs idées sur la lumière, la vérité, la vie, le Fils de Dieu, etc. En 1778 parut Lieder der Liede, c’est-à-dire le Cantique des Cantiques, qui est présenté au lecteur comme le plus beau poème d’amour de l’antiquité, mais comme une œuvre purement profane. En 1779, MAPAN A©A, Das Buch der Zukunft des Herrn, des Neuen Testamentes Hiegel, explication de l’Apocalypse d’après laquelle les prophéties contenues dans ce livre ont été accomplies à la ruine de Jérusalem. La dernière publication scripturaire de Herder et la plus connue, surtout en France, fut son Vom Geist hebrâischer Poésie, 2 in-8°, Dessau, 17821783 (3e édit., publiée par Justi, 2 in-8°, Leipzig, 1825), ouvrage traduit en français par M me de Carlowitz sous le titre d’Histoire de la poésie des Hébreux, in-8° et in-12, Paris, 1845. Herder s’occupe plus du caractère de la poésie hébraïque que de son histoire, comme l’indique le titre allemand. Il étudie surtout les Psaumes et il fait ressortir mieux qu’on ne l’avait fait avant lui les beautés littéraires des Livres Saints. Il a rendu, dit sa traductrice, Histoire, in-8°, Paris, 1855, p. xix, « la poésie de la Bible avec toute sa naïveté sublime, sa simplicité imposante, ses images majestueuses et ses brillantes couleurs locales. » Mentionnons enfin de Herder ses Christliche Schriften, Riga, 1798, dans lesquels sont réunis plusieurs opuscules exégétiqués et théologiques : Von der Gabe der Sprachen am erslen christlichen Pfingstfest ; Von der Auferstehung als Glaube, Geschichte und Lehre ; Vom Erlôser der Mensclten nach den drei ersten Evangelien ; Von Gottes Sohn, der Welt Heiland, etc. Les Sâmmtliche Werke zur Théologie und Religion furent publiés en 12 in-8°, à Vienne, 1819-1823. Elles forment aussi les douze premiers volumes de l’édition de Cotta, publiée par Heyne et Mûller, 45 in-8°, Stuttgart, 1806-1820, — Voir Erinnerung aus déni Leben J. G. von Herders, gesorgt von seiner

Wittwe, herausgegeben von J. G. Mûller, Stuttgart, 1820 ; Herders Lebensbild von seinen Sohne, 3 in-8°, Erlangen, 1846 ; R. Haym, Herder nach seinem Leben und Wirken, 2 in-8°, Berlin, 1880-1885 ; Dibbits, Herder ah Verklaarder von der Bijbel, 1863 ; Ch. Joret, Herder et la renaissance littéraire en Allemagne, Paris, 1875 ; A. Werner, Herder ois Theologe, Berlin, 1871.

F. Vigouroux.

    1. HÉRED##

HÉRED, nom d’un Israélite et d’une ville.

1. HÉRED (hébreu : ’Ard ; Septante : ’A5âp), fils de Bêla dans la tribu de Benjamin, chet de la famille des Hérédités. Num., xxvi, 40.

2. HÉRED, orthographe, dans la Vulgate, JoS., XII, 14, de la ville dont le nom est écrit ailleurs Arad.’Voir Arad 1, t. i, col. 869.

    1. HÉRÉDITÉS##

HÉRÉDITÉS (hébreu : hâ-’Ardî ; Septante : 4’ASapf), famille de la tribu de Benjamin, issue de Héréd. Num., xxvi, 40.

    1. HÉRÉDITÉ (DROIT D’) et de succession##


HÉRÉDITÉ (DROIT D’) et de succession. Voir Héritage, col. 610. « 

    1. HÉREM##

HÉREM (hébreu : Hârim ; Septante : ’Hpify), Israélite dont les fils avaient pris des femmes étrangères pendant la captivité de Babylone et les répudièrent. I Esd., x, 3. Il était père de Melchias, lequel rebâtit une partie des remparts de Jérusalem. II Esd., iii, 11.

    1. HERENTHALS (Pierre d’)##


HERENTHALS (Pierre d’), théologien belge de l’ordre des Prémontrés, né vers 1320 à Herenthals, dans le diocèse d’Anvers, mort le 12 janvier 1391, à l’abbaye de Floreffe où il remplissait les fonctions de prieur. On a publié de ce religieux une Expositio super librum psalmorum regii prophétie, in-f », Cologne, 1483. Ses autres écrits sur les Psaumes de la pénitence, le Cantique des cantiques et les Évangiles n’ont pas été imprimés. — Voir Hugo, Annales sacri ord. Præmonstratensis, 1. 1, col. 102 ; V. André, Biblioth. Belgica, p. 744 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. x, p. 227 ; Fabricius, Biblioth. latina médise

œtatis (1858), t. iii, p. 219.
B. Heurtebize.
    1. HÉRÉS##

HÉRÉS (MONTÉE DE) (hébreu : ma’âlêh hé- Ildrés ; Septante : ànô èicâvcoŒv tîj ; TcaparaÇscoç’Api ;  ; Vulgate : ante solis ortum), endroit situé à l’est du Jourdain et qui ne devait pas être éloigné de Soccoth. Jud., viii, 13. C’est la montée que Gédéon franchit avant d’arriver à cette dernière ville, en revenant de son expédition contre Zebée et Salmana, rois madianites. La Vulgate a traduit l’hébreu : millema’âlêh hé-hârés, par « avant le lever du soleil ». Mais il est difficile de donner à la préposition min le sens de « avant ». D’un autre côté, le mot hérés pour désigner « le soleil » n’est guère usité qu’en poésie. Enfin, si l’on trouve, IV Reg., xx, 9, ma’âlôf employé pour indiquer les « degrés » du soleil sur le cadran, ma’âlêh signifie plutôt « montée ». C’est ainsi que l’ont compris les Septante, du moins d’après le Codex Alexandrinus, ànô àved5â<je<o ; ’Aps ;. D’après le Codex Vaticanus, ils auraient traduit littéralement millema’âlêh, irai èravwôev, « d’en haut » d’Ares, ce qui offre le même sens ; tîjç roepaTdciUw ; n’est qu’une répétition fautive de deux mots précédents, « la bataille. » Les anciennes versions grecques ont compris de même ma’âlêh, mais ont Indifféremment le mot suivant, à l’exception peut-être de Théodotion, qui est d’accord avec les Septante : « tcô àvaëàaeu) ; ’Apec (ou opouç) ; Symmaque : iiz6 ivaèâaean tû>v ôpûv, « de la montée des montagnes, » ce qui suppose la lecture hârîm au lieu de hérés ; Aquila : àitô &va6<x<TEca ; toû Spupoû, « de la montée de la forêt, »

EL

hôréS. La Peschito porte aussi : « de la montée de Blérés. » Il serait donc permis de voir ici un nom de lieu, mais sans aucune identification possible jusqu’à

présent.
A. Legendre.
    1. HERESBACH (Conrad d’)##


HERESBACH (Conrad d’), polygraphe allemand, protestant, né le 2 août 1496 à Heresbach dans le duché de Clèves, mort à Lorinsaulen le 14 octobre 1576. Il étudia la philologie et la jurisprudence à Cologne et à Fribourg et parcourut la France et l’Italie. Il fut en relations étroites avec Érasme, Sturm et Mélanchton. En 1523, il avait été nommé gouverneur du prince Guillaume, fils du duc de Clèves, dont il devint plus tard le conseiller. Parmi ses ouvrages, nous mentionnerons : Psalmorum Davidis simplex et ditucida. expositio. Vulgtita translata cum grseca LXX interpretum versione ad hebraicam veritatem collata castigataque, scholiis brevibus quidem, sed perquam eruditis, illuslratw. Adjectse sunt preces hebdomadariee suis sihgulis Psalmis slipatse, in-4°, Bàle, 1578. — Voir A. G. Schweitzer, Dissertalio de C. Heresbachii vita et scriptis, in-8°, Bonn, 1849 ; Lelong, Biblioth. sacra, p. 772 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. xxxvii, p. 72. £. Heurtebize.

    1. HÉRÉSIE##

HÉRÉSIE (afpetriç ; Vulgate : hæresis). Le sens étymologique d’appeau est « action de prendre », par exemple une ville, et il se rencontre parfois dans cette acception chez les classiques. Hérodote, iv, 1 ; Thucydide, ii, 58. Mais le sens ordinaire est métaphorique : « choix, préférence, inclination, goût particulier ; » par suite : « préférence pour une doctrine, une opinion, un parti ; » d’où enfin : « école philosophique, littéraire ou politique. » La langue des Septante et des écrits deutérocanoniques de l’Ancien Testament ne paraît pas s’éloigner de l’usage classique ; elle restreint même la valeur du mot aêpe<Ti «  au premier sens figuré. Lev., xxii, 18, xarà itSuav aîpetrsv ccùtûv, « selon leur libre choix ; » I Mach., viii, 30, luori]<rovTat’il aipêffsuv âO™v, « ils agiront à leur gré, » comme ils l’entendront. Dans Josèphe, nous voyons poindre une acception nouvelle qui n’est cependant qu’une simple extension du dernier sens classique. A"pe<ri< ; veut dire « secte religieuse », mais sans désapprobation ou blâme. Ant. jud., XIII, v, 9 ; Bell, jud., ii, 8. Dans ce dernier passage, les trois sectes entre lesquelles se partageaient les contemporains de Josèphe, Pharisiens, Sadducéens et Esséniens, sont qualifiées plusieurs fois de aipitnit ;, et les adeptes de chacune de ces trois écoles sont nommés aipiziazal ; Judas le Galiléen, qui faisait bande à part, y est signalé comme <jo<pt<rrï)i ; iStaç aipéaewç, ayant ses’opinions particulières. L’hérésie au sens de Josèphe répond donc parfaitement, appliquée aux choses religieuses, à la définition d’Athénée, Qusest. 38 de Parab. : Tô alpeîcrôai xà ?Stov xat toûtm êijaxoXouOsîv, « embrasser des vues particulières et s’y attacher ; » où à celle de Diogène Laërce, i, 19 : A"pe<jiv XéY<>|j.ev tt)v Xôytù « vi àxoXouOoûuav, « nous appelons hérésie le fait de s’inféoder à une opinion. » Chez Philon, autant qu’on peut en juger dans cette langue vaporeuse qui semble redouter la lumière, aîpztnt ; signifierait peut-être moins l’acte d’embrasser une doctrine ou d’y adhérer que la doctrine elle-même. S’il en était ainsi, nous ferions un pas en avant et nous nous rapprocherions de l’usage du Nouveau Testament.

Exégèse. — Atpetru ; se lit neuf fois dans le Nouveau Testament : Act., v, 17 ; xv, 5 ; xxiv, 5, 14 ; xxvi, 5 ; xxviii, 22 ; I Cor., xi, 19 ; Gai-, v, 20 ; 2 Petr., ii, 1 ; il est rendu en latin par hæresis quatre fois : Act., v, 17 ; xv, 5 ; xxiv, 14 ; I Cor., xi, 19. — 1° Le mot hérésie dans les Actes.

— Dans saint Luc, ee mot veut dire parti religieux, comme dans Josèphe, mais avec une arrière-pensée défàcorable. La secte, au point de vue chrétien, est le fruit du sens particulier, de l’esprit personnel, d’une dispo sition schismatique. Elle n’est donc pas chose libre et indifférente. Cela est surtout manifeste dans les cas où la Vulgate conserve hæresis dans sa traduction. Act., v, 17 (des Sadducéens) ; Act., xv, 5 (des Pharisiens) ; Act., xxiv, 5 ; cꝟ. 14 (dit par les Juifs, des chrétiens). Le sens défavorable est moins accusé dans Act., xxviii, 2, et XXVI, 5. — 2° Le mot hérésie dans les Épîtres de saint Paul.

—’1. I Cor., xi, 19. L’apôtre vient de parler des dissensions intestines (axitjLaza, scissurœ) de l’église de Corinthe, dissensions qu’il croit vraies en partie : « Car, ajoute-t-il, il faut qu’il y ait même des hérésies parmi vous, afin que ceux d’entre vous qui sont (chrétiens) sincères soient reconnus à l’épreuve. Aet yàp xa alpiati ; èv û[n, ïv tïvat. Les commentateurs grecs ne distinguent pas ici entre tr/Japatti et tûpiætç. S. Chrysostome, Hotn. xxvii in 1 Cor., xi, 19, t. lxi, col. 225 ; Théodoret, Comment., in 1 Cor., X. lxxxii, col. 316, et Théophylacte, lnICor., i. cxxiv, col. 701. Il est indubitable qu’en soi (Txiffjiaxa pourrait être synonyme de alpiae.it ;. La langue ecclésiastique n’avait pas encore réalisé le progrès qu’elle fit plus tard quand, on put définir l’hérésie scliisma inveteratum comme saint Augustin, Cont. Cresconium Donatistam, ii, 7, t. xmi, col. 471, ou, adultéras doctrine, comme Tertullien, De prescript. hæret., 6, t. ii, col. 18. Nous croyons néanmoins que l’explication des Pères latins et de la plupart des interprètes est la seule admissible. S/t(r|j.aTa signifie des dissentiments passagers, des manières de voir différentes, mais limitées à un point spécial, et qui n’affectent pas tout l’ensemble de la conduite, sdpiae.it ; marque une différence de vues plus radicale s’étendant à toute la vie. — 2. Gal., v, 20. Au nombre des seize œuvres de la chair (opéra camis) l’Apôtre compte les dissensions (St^otTratriai) et les hérésies (alpÉtreiç). Le mot aîpstru ; n’est pas pris ici au sens classique d’opinion indifférente, puisque c’est une œuvre de la chair, un fruit des ténèbres. Il désigne des dissentiments religieux ou des coteries à propos de religion. La seule question est de savoir s’il forme gradation avec le mot qui précède : cela est très probahle mais impossible à démontrer. At^otTTatri’a signifierait alors un désaccord passager, né d’un fait accidentel ou d’un malentendu ; a’petrtç dénoterait une rupture de l’unité plus profonde. Le premier répondrait à trfiayjxta. et pourrait se traduire par coterie religieuse ; le second retiendrait son sens ordinaire de secte. — 3° Le mot hérésie dans saint Pierre.

En dehors de

saint Luc et de saint Paul, at’petrtç ne se rencontre qu’une seule fois, II Petr., ii, 1 : « Il y eut de faux prophètes dans le peuple comme il y aura chez nous de faux docteurs qui introduiront des hérésies (aipétretç) de perdition et, reniant le Maître qui les a rachetés, s’attireront une prompte perdition. » Que peuvent bien être ces sectes, ces hérésies ? — 1. C’est quelque chose que l’Apôtre ne nomme qu’avec horreur. Il les appelle des hérésies de perdition parce que, non contentes de damner leurs auteurs, elles séduisent et perdent les âmes". — 2. Elles consistent en une doctrine erronée, puisqu’elles sont introduites par ceux qui s’arrogent le droit d’enseigner et la qualité de docteurs (^euSoSiSocrxaXot).

— 3. Enfin elles vont jusqu’à renier le Rédempteur (tîiv ês<jn6Tï]v àpvoû|isvoi), soit en paroles, soit en actes. Si ces fauteurs d’hérésie ne refusent pas de reconnaître la divinité du Sauveur, ils le renient par le fait qu’ils repoussent les moyens de salut mis par lui à notre disposition, ou qu’ils rompent le lien de l’unité, dont il a fait une condition nécessaire du salut. Après ce qu’on vient de lire, on ne’s’étonnera plus de voir le sens actuel du mot hérésie fixé de très bonne heure dans toutes les églises. Il avait été employé par les apôtres dans une acception analogue sinon identique à celle que l’usage ecclésiastique universel allait lui donner. Saint Ignace écrit aux Tralliens, 6, t. v, col. 681 : ’AXXoxpfai ; 8è Poxivr) ; àire-/etrŒ, ?, t : ç éotVv aîpzmç, « abstenez-vous de cette plante G09

HÉRÉSIE - HÉRITAGE

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étrangère (il parle du docétisme) qui est une hérésie, s C’est là, en dehors des passages de saint Paul et de saint Pierre, le témoignage le plus ancien en faveur du sens moderne d’hérésie. Voir Hérétique, Judaïsants, Nicolaïtes. F. Prat.

    1. HÉRÉTIQUE##

HÉRÉTIQUE (AlpeTix<5 ? ;. Vulgate : hæreticus), employé seulement une fois, Tit., iii, 10. « invite l’homme aipettxdv après un ou deux avis, sachant qu’un tel homme est perverti et qu’en péchant son propre jugement le condamne. » Les protestants sont généralement enclins à ne voir dans cet hérétique qu’un fauteur de discordes et un semeur de zizanie. Cf. Meyer, Kritischexeget. Kommentar, 6e édit., 1894y part, xi, p. 405. Cependant Holtzmann dit, Lehrbuch der neutestam. Théologie, 1897, t. i, p. 501 : « L’hérétique, Tit., iii, 10, est celui qui, au lieu de se soumettre à la vérité enseignée par l’Église, se forme sur Dieu et les choses divines des idées arbitraires et personnelles, d’où résultent facilement des coteries et des partis. » L’hérétique de saint Paul n’est pas tout à fait ce que nous appellerions hérétique ; il ne subit pas seulement l’erreur, il la propage et la défend ; il répond assez bien à ce que nous nommons maintenant hérésiarque. Ces fauteurs d’hérésie qu’il faut éviter après une ou deux admonestations, sont des judaïsants, tout dans cette Épître l’indique. Cf. Tit. i, 10, 13, 14. Cf. S. Jean Chrysostome, Hom., vi, in Tit., iii, 10, t. lxii, col. 696 ; Théodoret, Comment, in Tit., iii, 10, t. lxxxii, col. 869. F. Prat.

HÉRI (hébreu : ’Érî ; Septante : Aï]Se<xç. Gen., xlvi, 16 ; ’A83 :, Num., xxvi, 16), fils de Gad, chef de la famille des Hérites. Gen., xlvi, 16 ; Num., xxvi, 16. Dans ce dernier passage la Vulgate l’appelle Ber. Voir Her 2.

    1. HÉRISSON##

HÉRISSON (Septante : ê^îvoç ; Vulgate : ericius, herinacius), mammifère de l’ordre des insectivores. — 1° Le hérisson est un petit animal dont la taille atteint de vingt à trente centimètres. Il a un museau pointu, les yeux petits, les oreilles arrondies, la queue courte et les quatre pieds armés d’ongles assez forts. Le dessous du corps est couvert de poils ; le dessus porte une multitude de longues épines, habituellement rabattues

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131. — Le hérisson.

en arrière, mais qui ont la propriété de se hérisser, quand l’animal a besoin de se protéger contre un ennemi, et présentent une masse inabordable. En pareil cas, le hérisson seroule en boule, de manière à mettre à l’abri les parties moins bien défendues de son corps. H se nourrit d’insectes, de mollusques et d’autres petits animaux qu’il chasse pendant la nuit. Durant le jour, il se tient caché dans le creux des arbres ou dans des trous quelconques. Sa démarche est d’ailleurs très lente. Il passe tout l’hiver en état d’engourdissement. — L’erinaceus europœus est très commun dans le nord de la Palestine (fig. 131). Dans le sud, on trouve une autre espèce plus mince et de couleur plus claire. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 101. Les Arabes confondent quelquefois le hérisson avec un


animal analogue, leporc-épic. Voir Porc-épic. La collection égyptienne M acgregor possède un hérisson en faïence. H. Wallis, Egyptian ceramic Art, in-4, Londres, 1898, fig. 181, p. 84 — 2° Bon’nombre d’auteurs pensent que le hérisson est désigné par le mot hébreu qippôd, que les versions ont traduit par ê’/îvoç, ericius. Mais les caractères que le texte sacré suppose au qippôd ne conviennent nullement au hérisson. Le qippôd est un oiseau, le butor, voir Butor, t. i, col. 1979, et le hérisson, bien que connu en Palestine, n’est pas mentionné dans le texte original, mais seulement, et à tort, dans les versions. — La Vulgate nomme une fois les hérissons, herinacii, Ps. ciii, 18, dans un passage où l’Hébreu et les Septante parlent des chærogrylles ou damans. Voir Chærogrylle, t. ii, col. 714. — Enfin les Septante et la Vulgate traduisent par « hérisson » le mot qippôz, Is., xxxiv, 15, probablement confondu avec qippôd, comme le donne d’ailleurs à supposer la leçon de quelques manuscrits. Lé qippôz n’est ni un hérisson, puisque le texte sacré le représente comme un ovipare, ni le même animal que le qippôd, déjà nommé quatre versets plus haut dans la même énumératîon. Is., xxxiv, 11, 15. On a cru qu’il fallait voir dans le qippôz une espèce de serpent, l’àxovrtaç ou serpens jaculus. Bochart, Rierozoicon, Liepzig, 1796, t. iii, p. 19. C’est plus probablement un oiseau, le petitduc.

Voir Duc, t. ii, col. 1509.
H. Lesêtre.
    1. HÉRITAGE##

HÉRITAGE (hébreu : gôrdl, hébél, yeruSMh ; Septante : xXîjpoç, xXïipovo|ii’a ; Vulgate : hæreditas, funis, sors), bien en possession duquel on entre à la mort de celui qui en jouissait. Cette entrée en possession se fait en vertu du « droit d’héritage », mispat yeruîSâh, Jer., xxxii, 8, consacré par la coutume ou par la loi. L’héritier s’appelle yôrês, « l’occupant. » II Reg., xiv, 7 ; Jer., xlix, 1. Les mots gôrdl, « caillou, » et hébél, « corde, » qui ont aussi le sens d’« héritage », indiquent la manière dont on tirait au sort les parts d’héritage au moyen de cailloux, et dont on les mesurait au moyen de cordes. De là les traductions quelquefois trop littérales des versions, <r/oîvi<ryia, funiculus, I Par., xvi, 18 ; Ps. civ, 11, <7xotvta, funes. Ps. xv, 6, etc.

I. Lois et coutumes.

Coutumes patriarcales.


Le fils de l’épouse reçoit l’héritage, à l’exclusion du fils de la concubine. Gen., xxi, 10 ; xxiv, 36 ; xxv, 5. Ce dernier n’a que des présents. Gen., xxv, 6 ; Gal., iii, 30. Il peut toutefois être mis sur le même rang que le fils de l’épouse, Gen., xxx, 3, la concubine étant une épouse de second rang régulièrement introduite dans la famille. Voir Concubine, t. ii, col. 906. C’est ainsi qu’on voit les douze fils de Jacob également traités, bien qu’issus de mères de rangs différents. Gen., xlix, 1, 28. Le père conserve cependant le droit d’avantager l’un de ses fils ; Jacob lègue à Joseph une part de plus qu’à ses frères, mais en faisant remarquer que cette part provient de son œuvre personnelle et non du patrimoine des ancêtres. Gen., xlviii, 22. L’ainé des fils reçoit aussi une bénédiction spéciale qui le constitue chef de la famille. Mais ce droit pouvait être conféré à un autre qu’à l’aîné. Rébecca le fit attribuer par Isaac à Jacob, au détriment d’Ésaù, Gen., xxvii, 6-29, et Jacob, malgré Joseph, le conféra à Êphraïm au détriment de Manassé. Gen., xlviii, 13-20 ; I Par., v, 1. Le droit du père de famille était donc souverain en matière d’héritage. — Les filles n’ont point d’héritage. Gen., xxxi, 14. Quand Lia et Rachel deviennent les épouses de Jacob, Laban se contente de leur donner à chacune une esclave. Gen., xxix, 24, 29. Cette manière d’agir s’explique par ce fait que les filles n’avaient pas besoin de dot pour se marier et qu’elles jouissaient des biens de leur nouvelle famille. Voir Dot, t. ii, col. 1495. Cependant la liberté du père restait entière à cet égard, et, dans la terre de Hus, les trois filles de Job héritent aussi bien que leurs frères. Job, xui, 15.

— À défaut d’enfants un esclave peut hértier de son

m. - 20

maître. Gen., xv, 2. On trouve par la suite plusieurs cas de ce genre. I Par., ii, 34, 35 ; Prov, , xxx, 23. Un esclave peut même prendre rang parmi les fils héritiers. Prov., xyii, 2. 2° Législation mosaïque.

Le premier-né a droit à

une double part dans l’héritage ; ce premier-né doit être les « c prémices de la vigueur » du père, par conséquent non celui de ses enfants qu’il lui plaît de choisir, comme firent parfois les patriarches, mais le fils premier-né du père. Deut., xxi, 17. Si le premier enfant du père est une fille, il n’y a pas alors de premier-né ayant droit à la double part. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 207. Peu importe du reste de quelle mère est né ce fils, ni quel rang il occupe parmi les enfants de sa mère. — Quand un homme meurt sans fils, d’après une loi portée par Moïse lorsque la question fut soulevée dans le désert, son héritage passe à sa fille, à défaut de fille à ses frères, à défaut de frères à ses oncles paternels ou enfin à ses parents lès plus proches du côté paternel. Num., xxvii, 8-11. — La fille qui est ainsi devenue héritière doit se marier dans sa tribu : car il est de principe qu’aucun héritage ne doit passer d’une tribu dans l’autre. Num., xxxvi, 6-9 ; Jos., xvii, 3-6 ; Tob., vi, 12. Si elle se marie avec un homme d’une autre tribu, elle doit renoncer à son héritage pour le laisser dans la tribu paternelle. Cette dernière prescription n’est pas formulée par la loi, mais elle en est une conséquence probable que note Josèphe, Ânt. jud., IV, vii, 5, et qui ne dut se produire que fort rarement. — Le fils illégitime, c’est-à-dire celui qui ne provient ni des épouses nî des concubines, est exclu de l’héritage. C’est ce qui arrive à Jephté. Jud., xi, 2. — Il n’est pas question d’héritage laissé à un père par ses enfants, parce que le père demeurait seul propriétaire des biens de la famille tant qu’il vivait. Un fils mourant avant son père n’avait donc rien à léguer. — Le testament proprement dit était inconnu des anciens Hébreux. Voir Testament. La coutume n’en fut introduite chez les Juifs qu’à la suite de leurs rapports avec les Grecs et les Romains. — Le fils prodigue qui demande à son père la part de son héritage agit avec autant d’illégalité que d’ingratitude. Luc, xv, 11-12. Il faut remarquer d’ailleurs qu’il ne reçoit pas une part des biens fonciers (xXïipovopiioc), mais des biens mobiliers (oùai’a).

II. Remarques bibliques.

Dieu bénit l’homme de bien jusque dans sa descendance ; aussi son héritage passe-t-il aux enfants de ses enfants. Prov., xiii, 22. — L’Ecclésiaste, ii, 18, 19, maudit la peine qu’il s’est donnée, parce qu’il ne sait si son héritier sera un sage ou un insensé. — L’épouse qui, par l’adultère, introduit dans la famille un héritier illégitime, est vouée à l’infamie et au châtiment. Eccli., xxiv, 32-36. — Il y avait parfois des contestations pour le partage des héritages. Deux frères vinrent un jour trouver Notre-Seigheur pour lui demander de diviser entre eux l’héritage qu’ils avaient reçu. L’aîné avait droit à la double part : de là peut-être le désaccord. Notre-Seigneur refusa de se mêler d’une affaire qui regardait les juges. Luc, xii, 13.

— Quand il n’y avait qu’un héritier, on pouvait plus aisément le faire disparaître et s’emparer de l’héritage sans soulever de réclamations. C’est le calcul que font les vignerons homicides. Matth., xxi, 38 ; Marc, xii, 7 ; Luc, xx, 14. — Il faut observer que dans un très grand nombre de passages les versions parlent d’héritage là où il est simplement question de possession. Deut., iii, 18 ; I Par., xvi, 18 ; Lam., v, 2, etc. La confusion se comprend ; chez les Hébreux, toute propriété foncière était nécessairement un héritage ; même aliéné par vente ou saisie, l’héritage revenait au possesseur primitif l’année jubilaire. Lev., xxv, 10.

III. L’héritage spirituel. — 1° Le peuple d’Israël est appelé bien souvent l’héritage du Seigneur, c’est-à-dire sa propriété, son peuple particulier. Deut., IX, 26 ; I Reg., x, 1 ; II Reg., xx, 19 ; Ps. xxvii, 9 ; xxxii, 12 ; Is., xix,

. 25 ; Jer., x, 16 ; Joël, ii, 17, etc. — 2° Dieu lui-même est

le seul héritage des lévites, Num., xviii, 20, Deut., xviii, 2, et celui de ses fidèles serviteurs. Ps. xv, 6, 7. — 3° La gloire céleste et les moyens d’y parvenir constituent l’héritage du serviteur de Dieu, Dan., xii, 13 ; Ps. xxxvi, 37, et spécialement du chrétien. Eph., v, 5 ; Col., - iii, 24 ; Heb., i, 14 ; I Pet., i, 4. — 4° En droit, Notre-Seigneur, en sa qualité de Fils de Dieu, est le seul héritier du Père, non seulement par sa nature divine, qui possède éternellement tout ce que possède le Père, mais par sa nature humaine associée personnellement à la divinité. Heb., i, 2 ; Joa., x, 29, 30. Par la grâce, le chrétien rendu participant de la nature divine, II Pet., i, 4, devient fils adoptif du Père, Gal., IV, 7, cohéritier de Jésus-Christ, Rom., viii, 4.7, et par conséquent appelé à partager l’héritage du Père, la grâce en ce monde et la gloire dans l’autre. Rom., viii, 17 ; Gal., iv, 7 ; TH., iii,

7 ; Jacob., ii, 5 ; I Pet., iii, 22.
H. Lesêtre.
    1. HÉRITES##

HÉRITES (hébreu : hâ-’Êri ; Septante : à’A88î), famille descendant de Héri. Num., xxvi, 16.

    1. HERMA##

HERMA, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xii, 14, de. la ville appelée ailleurs Horma et Harma. Voir Horma.

    1. HERMAS (’Epiiâc)##


HERMAS (’Epiiâc), chrétien de Rome à qui saint Paul envoie ses salutations. Rom., xvi, 14. Ce nom, forme abrégée des noms propres grecs Hermagoras, Hermodore, Hermogène, est un dérivé d’Hermès, le dieu Mercure. Voir Mercure. Hermas, quoique habitant Rome, devait être d’origine hellénique. Sa fête est marquée au 9 mai dans le Martyrologe romain. Les Grecs la célèbrent le 8 mars et le font évêque de Philippopolis en Thrace. Voir Acta sanctorum, maii t. H (1680), p. 360. Origène, Comm. in Rom., xvi, ib x, 31, t. xiv, col. 1282 ; Eusèbe, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217 ; saint Jérôme, De vir. ill., 10, t. xxiii, col. 625, identifient l’Hermas de l’épître aux Romains avec l’auteur du livre du Pasteur, mais cette opinion, fondée sur la simple similitude des noms, est généralement rejetée aujourd’hui. On croit que l’auteur du Pasteur est le frère du pape Pie I er qui vivait vers 150. O. de Gebhardt, A. Harnack et Th. Zahn, Patrumapostolicorwm opéra, 3e édit., 1877, t.- iii, p. lxxxiii ; Fr. X. Funk, Opéra patrum apostolicorum, 5e édit., Tubingue, 1878-1881, t. i, p. cxvii.

    1. HERMÉNEUTIQUE (spp##


HERMÉNEUTIQUE (spp.Y]veuTixTi tix^ ou Siga^), art d’interpréter les Livres Saints. À s’en tenir à l’étymologie, herméneutique aurait le même sens qu’exégèse, qui vient de éÇr]YSt<j6ac. Mais l’usage a donné à ces deux termes dès significations différentes. Tandis que l’exégèse désigne l’interprétation elle-même de l’Écriture, l’herméneutique s’entend des règles de l’interprétation ; elle est la science de l’interprétation, la théorie des principes et des méthodes, dont l’exégèse est l’application pratique. Elle est à l’explication du texte sacré ce que la logique est à l’étude de la philosophie. Elle est nécessaire pour ne pas se tromper dans la recherche et l’exposition du véritable sens de l’Écriture. L’exégète, en effet, n’a pas le droit de faire dire aux textes ce qui lui plaît, de les entendre à son gré et de les interpréter suivant son caprice ; il doit rechercher ce qu’a pensé l’écrivain dont il explique le texte. S. Jérôme r Epist. XLVin, ad Pammachium, Yl, t. xxii, col. 507. H doit le faire avec d’autant plus de soin, quand il interprète les Livres Saints, que la pensée n’est pas seulement des écrivains inspirés, mais encore de l’esprit inspirateur, auteur premier et principal des Écritures. Voir Inspiration. Il a donc besoin, comme l’écrivait saint Jérôme à Paulin, Epist. un, 6, t. xxii, col. 544, d’un guide qui le précède et lui montre la voie. Il en a d’autant plus besoin que, selon l’enseignement de Léon XIII, encyclique Providentissimus Deus, 1. 1, p. xx, « outre les.

causes ordinaires de difficulté qui nuisent à l’intelligence de presque tous les livres anciens, il en est certaines qui se rencontrent spécialement dans les livres sacrés. Car le Saint-Esprit a renfermé sous leurs paroles beaucoup de choses très supérieures a la force et au regard de la raison humaine, savoir : les mystères divins et beaucoup d’autres vérités connexes ; et cela parfois avec un sens plus ample et plus caché que la lettre ne semble l’exprimer et que les lois de l’herméneutique ne paraissent l’indiquer ; de plus, le sens littéral luimême appelle certainement d’autres sens qui se superposent à lui, soit pour éclairer les dogmes, soit pour recommander les préceptes de conduite. » C’est donc à tort que les chefs de la Réforme protestante avaient posé en principe l’intelligibilité de la Bible pour tout homme de bon sens, livré à ses seules lumières ou aidé du secours du Saint-Esprit. On ne peut douter que les Livres Saints ne soient enveloppés d’une certaine obscurité qu’il est nécessaire de dissiper. C’est à quoi sert la science des règles d’interprétation ou l’herméneutique. Si elle ne fait pas à elle seule le bon exégète, pas plus que la connaissance des lois de l'éloquence ne rend orateur, elle doit être acquise par quiconque veut s’exercer à l’art délicat et difficile de l’exégèse sacrée. Avec saint Augustin, De doctrina Christiana, i, 1, n. 1, t. xxxiv, Col. 19, on donne ordinairement à l’herméneutique un double but et un double objet : elle doit fournir à l’exégète les moyens de découvrir et d’exposer exactement le véritable sens des Livres Saints. Mais les diverses manières d’exposer le texte sacré, versions, paraphrases, gloses, scholies, postilles, questions, chaînes, homélies, commentaires, sont traitées dans des articles spéciaux de ce Dictionnaire. Nous n’avons donc ici qu'à exposer les règles qui aident à découvrir les sens scripturaires. I. Règles d’interprétation. — La Bible est un livre à la fois humain et divin. Elle a été rédigée par des hommes qui, sous l’inspiration du Saint-Esprit, - ont donné à la pensée divine qni leur était communiquée, une expression qui était nécessairement en rapport avec leur intelligence, leur caractère et leur milieu historique. Au point de vue de la langue et des circonstances de sa composition, elle participe donc à la nature de toute œuvre littéraire et elle doit être étudiée à ce titre, d’après les règles ordinaires d’interprétation des textes anciens. Mais elle a, de plus, Une origine divine. Le Saint-Esprit, qui a inspiré les écrivains humains, n’a pas seulement garanti de toute erreur les pensées exprimées, il les a faites siennes et leur a donné parfois une signification plus étendue que celle des mots employés. Pour saisir exactement la pensée divine, pour découvrir en particulier les sens plus cachés, il faut d’autres principes et d’autres règles que ceux de l’herméneutique ordinaire ; il faut tenir compte des explications que le Saint-Esprit, auteur principal de l'Écriture, a données de sa pensée, soit par lui-même, soit par ses organes attitrés. Il suit de là que l’herméneutique impose aux exégètes deux sortes de règles : les unes qu’on peut appeler générales, conviennent aux Livres Saints, en tant qu’ils sont des œuvres humaines et en ce qu’ils ont de commun avec tous les livres anciens ; les autres, qui sont spéciales à l'Écriture sainte, la concernent et l’envisagent comme livre inspiré et divin. On a justement nommé les premières, les lois rationnelles, et les secondes, les lois chrétiennes et catholiques de l’interprétation biblique, parce que celles-ci, considérant la Bible en tant qu’elle est un produit de l’esprit humain, se fondent sur les principes ordinaires d’interprétation de toute œuvre littéraire, et celles-là, la considérant en tant que livre inspiré et divin, s’appuient sur les enseignements de la foi et de la théologie. Les unes et les autres sont nécessaires et l’exégète qui en négligerait quelqu’une, n’embrasserait pas l'Écriture dans toute sa réelle compréhension et se priverait volontairement d’une

lumière utile ou nécessaire pour en saisir exactement le sens véritable et total.

1. RÈGLES GÉNÉRALES OU RATIOHHBLLBS.

Suivant le

conseil de Léon XIII, encyclique Proindenlissimm Deus, t. i, p. xx, l’exégète catholique devra connaître et « observer avec d’autant plus de soin et de vigilance les règles d’interprétation communément reçues que nos adversaires mettent à nous attaquer la plus grande énergie et la plus grande obstination », et le Souverain Pontife, résumant brièvement ces règles, ajoute : « C’est pourquoi il faut d’abord peser avec soin la valeur des mots eux-mêmes, considérer l’enchaînement des pensées, comparer les endroits parallèles et autres choses de ce genre. » Ces règles, dit-il ailleurs, t. i, p. xxx, seront surtout d’un grand secours pour l’interprétation des passages scripturaires dont le véritable sens reste douteux.

i" règle : L’exégète doit expliquer le texte sacré d’après les lois ordinaires du langage. — Voulant communiquer aux hommes ses pensées et ses volontés, Dieu a dû nécessairement se mettre à la portée de l’intelligence humaine et se servir, pour la composition des Livres Saints, du langage parlé par les écrivains qu’il inspirait et compris de leurs contemporains. Il ne pouvait pas employer une langue inconnue, ni recourir à des caractères indéchiffrables, mais il lui fallait adopter un idiome parlé et se conformer aux règles de sa grammaire autant qu’aux mots de son dictionnaire. S. Hilaire, Explanat. in Ps. CXXVI, n. 6, t. ix, col. 695 ; S.Augustin, De Trinitate, I, xii, 33, t. xlii, col. 837 ; S. Chrysostomè, Hom. xiii in Genesim, n. 4, t. un, col. 109. De fait, les livres sacrés ont été rédigés en trois langues : l’hébreu, le chaldéen et le grec. Or, la connaissance de ces langues, dites saintes, est nécessaire à l’exégète de profession. Saint Jérôme, Epist. lxxi, ad Lucinum, 5, t. xxii, col. 671-672 et Saint Augustin, De doctrina Christ., n, 11, t. xxxiv, col. 42, la recommandaient. Au xme siècle, Roger Bacon, Opus tertium, édit. Brewer, in-8°, Londres, 1840, p. 434, insistait davantage. Au concile de Vienne, tenu en 1311, Clément V a ordonné la création, de chaires d’hébreu, d’arabe et de chaldéen à Rome et dans les universités de Paris, d’Oxford, de Bologne et de Salamanquè. Corpus juris, Clément., t. V, tit. i, c. i, Lyon, 1624, t. iii, p. 258-259. Plusieurs évêques de France demandèrent au concile du Vatican l'établissement, dans les grands séminaires, de cours d’hébreu et de grecvcto et décréta concilii Vaticani, dans la Collectio Laceneis, t. vii, in-4°, Eribourg-en-Brisgau, 1892, p. 833. Dans l’encyclique Providentissimus Deus, t. i, p. xxvii, Léon XIII a affirmé qu’il est « nécessaire aux professeurs d'Écriture sainte et convenable aux théologiens de connaître les langues dans lesquelles les hagiographes ont primitivement rédigé les livres canoniques, et qu’il est excellent qu’elles soient cultivées par les élèves ecclésiastiques, surtout par ceux qui aspirent aux grades académiques en théologie ». D’après le même pontife, t. i, p. xx et xxvii, le recours aux textes originaux et aux anciennes versions de la Bible est utile pour comprendre et commenter la Vulgate latine, au moins dans les passages ambigus ou mal traduits, et il doit y avoir dans toutes les universités catholiques des cours d’autres langues anciennes, principalement des langues sémitiques, à l’avantage de ceux qui sont destinés à l’enseignement des lettres sacrées. Cf. Melchior Cano, De loris theologicis, ii, 15, in-4°, 1704, p. 90-97.

L’application de cette règle précède toutes les autres et doit être d’un usage constant. L’interprétation d’un livre est avant tout grammaticale : « D faut d’abord peser avec soin la valeur des mots eux-mêmes, » dit Léon XIII. Les versions les plus parfaites ne rendent jamais complètement la force de l’original ; il y a même des nuances de la pensée qu’elles sont incapables d’exprimer. S. Augustin, De doctrina Christ., ii, 12 et 13, t. xxxiv, col. 43

44. Les lexiques et les dictionnaires donnent, mais pas toujours exactement, le sens des mots. Il faudra tenir compte en particulier des idiotismes des textes originaux. Voir Tirin, Explicatio idiotismorum seu proprietatum linguæ hebraicse et grsecss, dans.Comment, in sac. Script., in-f°, Lyon, J736, t. i, p. 59-64 ; Vorstius, De hebraismis N. T. comment., in-8°, Leipzig, 1778 ; Schilling, Commentarius exegetico-philologicus in hebraismos N. T., in-8°, Malines, 1886. La lecture fréquente de l’Écriture accoutume l’esprit à ces particularités du style biblique. Pour saisir le véritable sens des mots, il est nécessaire de connaître le génie de la langue. Il faut se rappeler constamment que la Bible est un produit littéraire de l’Orient et que les langues orientales, surtout les langues sémitiques auxquelles appartient l’hébreu, ont une richesse d’images originales, pittoresques, très frappantes de vivacité et d’expression, d’une hardiesse étonnante et d’une énergie parfois étrange. L’exégète saura reconnaître des métaphores, partout où il les rencontrera, surtout dans les écrits poétiques, et il n’expliquera pas tous les textes au sens littéral propre. Il n’imitera pas les manichéens qui, prenant à la lettre la parole : Ego $um lux mundi, Joa., viii, 12, soutenaient que Jésus-Christ était le soleil, S. Augustin, Tract, xxxiv in Joa., 2, t. xxxv, col. 1652, ni ces moines égyptiens qui, pour pratiquer le précepte de Notre-Seigneur : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il porte sa croix, » Matth., xvi, 24, portaient sur leurs épaules de petites croix de bois. Cassien, Collât, viii, 3, t. xlix, col. 726727. Par un excès opposé, il ne verra pas des métaphores là où il n’y en a pas. Les paroles de l’Écriture doivent se prendre ordinairement dans le sens propre. L’exégète obéira donc à la règle sagement posée par saint Augustin, De Genesi ad litter., viii, 7, n. 13, t. xxxiv, col. 378, de ne s’écarter nullement du sens littéral et obvie, si quelque raison ne défend de s’y arrêter ou si quelque nécessité n’oblige à l’abandonner, « règle d’autant plus utile à garder fermement, ajoute Léon XIII, Encyclique Providentissimus Deus, t. i, p. xxiii, qu’à notre époque où l’on est si désireux de nouveauté, où la licence des opinions est si grande, le péril est plus imminent de s’égarer. » Il n’adoptera le sens métaphorique que lorsque la nature du sujet l’exigera et que la métaphore sera justifiée par les usages de la langue originale. Ainsi, l’interprétation figurée que les protestants ont donnée aux paroles de la consécration du pain et du vin à la dernière cène, est contraire au génie de la langue hébraïque. Wiseman, Dissertations sur la présence réelle, dans Migne, Démonstrations évangéliques, t. XV, col. 1185, 1189. Les, règles pratiques, tracées par saint Augustin, De doctrina Christiana, iii, 15-16, t. xxxiv, col. 74, pour discerner les locutions propres des passages métaphoriques, s’appliquent à un certain nombre de cas. Tant que le sens littéral propre n’est pas contraire au règne de la charité, dit ce saint docteur, il n’y a pas lieu de recourir à la métaphore. Un précepte qui ordonne une action bonne ou utile, ou qui défend un acte criminel ou dommageable, doit être pris à la lettre ; à l’inverse, s’il commandait le mal ou interdisait le bien, il devrait être interprété métaphoriquement.

S’règle, : Dans l’interprétation du texte sacré, l’exégète doit considérer le contexte grammatical et logique, c’est-à-dire l’enchaînement des idées et des propositions. — Les phrases bibliques, sauf dans les livres sapientiaux, ne sont pas des sentences isolées ; elles forment un tout, une sorte de trame dans laquelle elles se lient, se rattachent l’une à l’autre, dépendent l’une de l’autre et se complètent pour la période et pour le sens. Afin de saisir la pensée des écrivains sacrés, dans toute sa teneur, l’interprète doit suivre" le lien grammatical qui relie les propositions et le lien logique qui unit les idées. Les Pères avaient déjà recommandé cette règle. S. Hilaire, De Trinitate, ix, 2, t. x, col. 282 ;

S. Jérôme, In Matth., xxv, 13, t. xxvi, col. 186 ; S. Augustin, Sermo ii, 13, t. xxxviii, col. 332 ; S. Chrysostome, Hom. in Jerem., x, 23, t. lvi, col. 156. Le contexte grammatical concerne les propositions ; leur construction se détermine d’après les règles ordinaires de la syntaxe et leur dépendance, au moyen des particules qui les relient. Mais il ne faut pas oublier que la construction de toutes les phrases n’est pas parfaite et qu’on rencontre dans la Bible des irrégularités, des anacoluthes, des ellipses, qui rompent la trame grammaticale. Toutefois, les phrases sont généralement simples, juxtaposées plutôt que coordonnées ; on ne trouve guère, sinon dans les Épitres, de constructions rares, de périodes compliquées. La simplicité des règles de la syntaxe hébraïque et la rareté des particules facilitent l’intelligence des Livres Saints. Dans les écrits poétiques, le parallélisme servira à saisir la signification de beaucoup de passages obscurs et difficiles. Le contexte logique est l’enchaînement des pensées. Il est prochain ou éloigné. Le contexte prochain rattache les idées qui se suivent immédiatement. Aucun écrivain, s’il est sain d’esprit, n’exprime ses pensées d’une façon incohérente, sans lien et sans rapport. Il groupe ses idées, les coordonne et les énonce dans l’ordre suivant lequel son intelligence les conçoit et les relie. Les écrivains sacrés ont écrit d’après les règles de la logique naturelle et du bon sens ; ils savaient ce qu’ils disaient, l’inspiration ne leur ravissant pas le libre exercice de leurs facultés rationnelles. A la lumière du contexte prochain, l’exégète expliquera facilement les ambiguïtés apparentes d’une phrase, d’un passage, d’un discours. Il ne devra pas toutefois exagérer le degré d’enchaînement qui existe entre plusieurs propositions pour donner au contexte plus d’importance qu’il n’en a réellement. Le contexte éloigné relie une série de propositions et les diverses parties d’un morceau ou d’un livre. Un écrivain sérieux ne se contredit pas d’une page à l’autre, dans les divers chapitres d’un même livre. L’accord des idées fera disparaître certaines contradictions apparentes d’un même écrit. Parfois cependant, les écrivains sacrés, aussi bien que les profanes, rapprochent et assemblent des idées au premier abord disparates, parce que leur esprit découvre entre elles quelque analogie, ou parce qu’elles reviennent simultanément à leur mémoire. Il faut tenir compte de ce rapprochement pour expliquer certaines liaisons ou de brusques transitions, si fréquentes chez les prophètes. Ceux-ci ont vu parfois, en effet, plusieurs événements, distants les uns des autres, sur le même plan et pour ainsi dire sous le même rayon visuel. Ils les ont annoncés en les mélangeant plus ou moins intimement ou’en les juxtaposant comme si aucun intervalle de temps ne les séparait. On doit se souvenir de ce fait pour comprendre et expliquer ces tableaux sans perspective, la prédiction réunissant des faits distincts vus dans la même vision.

3e règle : L’exégète doit considérer les circonstances de la composition du livre qu’il a à expliquer.

— Les Pères en faisaient déjà la recommandation expresse. S. Augustin, De doct. Christ., iii, 4, n. 8, t. xxxiv, col. 68 ; S. Chrysostome, In Jerem., x, 23, t. lvi, col. 156 ; In Joan. hom. XL, 1, t. lix, col. 229 ; S. Jérôme, In epist. ad Ephes., præf., t. xxvi, col. 470472. Les circonstances influent, en effet, sur la rédaction du livre et, bien connues, elles peuvent servir à pénétrer dans la pensée de l’écrivain. On les a ramenées à sept qui sont indiquées dans ce distique latin :

Quis, scopus, impellens, sedes, tempusque locusque . Et modus : hscc scptem Scripturæ attendito, lector.

L’auteur.

n est important de connaître sa biographie,

ses qualités, son instruction, son caractère, son génie, son âge, son langage, son style, ses pensées habituelles, ses préjugés même, son état d’âme et ses dis

positions morales au moment de la composition de son livre. Tout cela a influé sur l’expression donnée à la pensée et se reflète dans l’ouvrage. Si on a pu dire : « Le style, c’est l’homme, » la connaissance de l’auteur aidera à découvrir le sens de ses écrits. Pour arriver à connaître le caractère des écrivains sacrés, on consultera tous les documents qui parlent d’eux. Malheureusement, on ne connaît pas tous les auteurs des Livres Saints ; beaucoup des écrits de l’Ancien Testament sont anonymes.

Le but proposé.

Il n’importe pas seulement de

savoir qui écrit, mais encore pourquoi il écrit. Le dessein ou la fin qu’un auteur s’est proposé en écrivant, exerce une influence indéniable sur la disposition des idées et des matériaux, sur leur enchaînement, et sur la manière de les énoncer. L’auteur a-t-il voulu démontrer une thèse, il a choisi parmi les matériaux dont il disposait ceux qui allaient à son but. La connaissance de ce but fera mieux pénétrer le lecteur dans la trame, dans le rapport des parties au tout et dans le sens des principales propositions. Les écrivains sacrés indiquent parfois leur but, comme les évangélistes saint Luc, i, 3-4, et saint Jean, xx, 31, par exemple. Cette indication servira de guide à l’exégète pour l’explication de l’ensemble. Quand le dessein poursuivi n’est pas ainsi explicitement énoncé, on peut le déterminer par l’étude du document ; mais il faut prendre garde alors d’excéder, en prêtant à l’écrivain un but qui n’était pas dans sa pensée, ou en voulant ramener nécessairement tous les détails du livre au dessein réel ou fictif de son auteur.

L’argument général du livra ou le sujet traité.


L’argument général d’un livre correspond au but de l’écrivain, qui traite son sujet de manière à atteindre la fin qu’il se propose. D’autre part, un écrivain sensé conforme toujours son langage aux choses dont il parle. L’exégète doit, par conséquent, savoir ce que l’auteur veut dire, déterminer le sujet de son livre et adopter le sens qui y correspond le mieux. L’écrivain lui-même renseigne parfois sur le sujet qu’il veut traiter et il l’indique au début d’un livre, Eccle., i, 1-2, ou d’un morceau. Exod., xv, 1 ; Ps. xliv, 2 ; lxxvii, 2-3 ; cxxxi, 1. D’autres fois, on peut le déduire facilement des termes employés, et une lecture attentive du passage le fait découvrir, comme dans les Psaumes l et lxii par exemple. L’argument, une fois connu, servira à déterminer le sens de bien des passages, à restreindre la portée de certaines hyperboles et à dégager l’accessoire du principal. Entre plusieurs interprétations possibles d’un passage, on choisira celle qui cadre le mieux avec l’ensemble du livre.

L’occasion.

La circonstance qui a déterminé un

écrivain à prendre la plume, a certainement exercé quelque influence sur sa composition. Sa connaissance facilitera donc aussi l’interprétation de son écrit. Par suite, il faut s’efforcer de l’acquérir. Parfois, l’écrivain renseigne lui-même sur l’occasion qui l’a amené à écrire ; ainsi, saint Luc, i, 1-2 ; saint Paul, Gal., i, 6-7. Les titres de certains psaumes indiquent les circonstances de leur composition. La tradition chrétienne fournit des renseignements sur l’occasion qui a déterminé la rédaction des Évangiles. L’étude des Épitres desaint Paul permet, dans certains cas, de la découvrir avec certitude. Observons que l’occasion est parfois multiple et diverse, comme dans le Psautier et les livres prophétiques qui sont des recueils d’hymnes ou d’oracles d’époques différentes. Observons enfin que l’occasion qui donne naissance à un écrit n’a pas, avec les pensées et les paroles de l’écrivain, un rapport aussi étroit que le sujet de l’ouvrage et le dessein de l’auteur.

Le temps.

Un écrivain partage toujours, plus ou

moins, les idées de ses contemporains ; U expose son sujet de manière à être aisément compris par ses lecteurs immédiats ; il parle leur langage ; il emploie

les mots dont il se sert dans le sens usité de son temps. L’interprète doit donc tenir compte de l’époque du livre qu’il explique, s’il veut donner aux mots et aux expressions leur véritable signification. Il ne saisira exactement le sens de certaines phrases qu’autant qu’il se reportera aux circonstances du temps où elles furent écrites. Il devra donc connaître les variations qu’a subies la langue hébraïque, les archaïsmes de l’âge mosaïque, les aramaïsmes de l’âge de la captivité, aussi bien que les caractères du grec biblique et les provincialismes de saint Paul. Il se servira utilement de l’usus loquendi pour déterminer le sens précis de bien des propositions bibliques.

lie lieu.

Le milieu historique dans lequel vit un

écrivain influe nécessairement aussi sur ses idées et sur son style. Il sera bon, par suite, d’étudier les dialectes de la langue, et surtout les usages, les coutumes, les lois religieuses, civiles et politiques du pays, même sa géographie. Les auteurs inspirés ont souvent fait allusion aux idées, aux mœurs et au régime politique et social de leurs contemporains ou des pays où ils vivaient, où s’étaient accomplis les événements qu’ils racontaient. Pour saisir fidèlement ces allusions, il faut être au courant de la religion, de la législation et des habitudes des contrées bibliques. L’exégète étudiera donc les antiquités hébraïques, l’archéologie et la géographie sacrées et fera servir ces connaissances utiles à l’intelligence des textes qu’il doit expliquer.

Le mode de composition.

Le genre littéraire

adopté par l’écrivain influe aussi sur sa manière d’ex- : poser son sujet et d’exprimer ses pensées. Un historien emploiera pour la narration des faits un style simple et naturel ; un poète ornera son œuvre d’images brillantes et de termes choisis ; un prophète donnera à sa phrase plus de vivacité, plus de feu et d’enthousiasme ; un écrivain didactique sera clair et précis. Une épitre différera d’une ode, et un écrit apocalyptique n’aura pas la simplicité et la clarté d’un récit historique. L’interprète intelligent saura tenir compte de ces circonstances et en tirer parti pour son travail d’exégèse. — I) résulte de tout ce qui précède, que l’interprétation biblique doit être historique et psychologique. Il en résulte aussi qu’avant de commencer l’explication d’un livre en particulier, il faut étudier une bonne introduction à ce livre. Si une introduction scientifique ne remplace pas, comme on l’a dit, un commentaire, elle le prépare et en facilite soit la rédaction soit l’étude.

4e règle : Quand il se rencontre des passages parallèles par analogie ou par opposition, l’exégète doit les comparer et les expliquer l’un par l’autre. — Ongène, In Num. hom. xxiv, 3, t. xii, col. 761, recommandait déjà d’expliquer l’Écriture par l’Écriture, Parfois, en effet, les écrivains sacrés citent des paroles écrites par d’autres écrivains sacrés, ou. bien racontent les mêmes laits ou exposent les mêmes doctrines. — 1° Citations. — La comparaison du passage où la citation est faite, avec celui d’où elle est tirée, est toujours utile. Il faut d’abord examiner si c’est l’auteur inspiré lui-même qui fait la citation, ou si c’est un autre dont il rapporte les paroles. Dans ce dernier cas, il faut ensuite se demander si on doit admettre ou récuser l’autorité de celui qui parle ; il a pu, en effet, mal comprendre ou mal reproduire le passage cité, comme faisaient parfois les Juifs dans leurs discussions avec Jésus-Christ. Matth., xvii, 10 ; xix, 7 ; Joa., vil, 41-42, 52 ; xii, 34. Dans le premier cas, et lorsque la citation est produite par une personne autorisée, il reste à examiner si elle est apportée comme preuve ou simplement dite en passant. Elle pourrait être faite par pure accommodation, ou, au contraire, par interprétation, comme cela arrive quand elle tait partie d’une argumentation directe ou indirecte. On trouve dans le Nouveau Testament des exemples de ces deux sortes de citations. — 2° Parallèles proprement dits. —

Les passages parallèles sont ceux qui peuvent se comparer sons quelque rapport, soit par identité ou analogie des faits ou des doctrines, soit par contraste et opposition. Le parallélisme est complet lorsque la comparaison permet de déterminer le sens des passages. L’analogie amène à proposer une signification identique. L’antithèse fait ressortir, par contraste, le sens des expressions ou des faits opposés. Si les faits et les doctrines répétés semblent se contredire, l’exégète a le devoir d’expliquer ces antilogies apparentes. Voir t. i, col. 665669. La comparaison des lieux parallèles ! dûment établie, facilite beaucoup l’intelligence du texte sacré ; elle permet de préciser le sens des mots, de décider si on doit les prendre au propre ou au figuré, en restreindre ou en étendre la portée, en tirer des conclusions plus ou moins étendues. Mais il faut bien se garder de forcer la comparaison ou l’opposition. Les concordances réelles ou verbales sont un excellent instrument d’étude des passages parallèles.

5° règle : Dans les endroits obscurs et difficiles, il est utile de recourir aux anciennes versions et aux commentateurs de l’Écriture. — Les anciennes versions ne sont pas utiles seulement pour aider le critique à rétablir le texte primitif, altéré parfois par les copistes ; elles servent aussi à saisir le sens exact de l’original, surtout celles qui sont faites dans des langues apparentées à la langue originale. Elles sont toujours des essais plus ou moins heureux, plus ou moins réussis, d’inter-r prétation scripturaire. Elles peuvent aider à découvrir le véritable sens ou faire éviter une erreur d’explication. Les commentaires sont, eux aussi, des tentatives pour saisir le plus exactement possible le sens biblique. Ils répondent aux exigences variables de l’esprit humain et peuvent servir plus ou moins de points de départ et de guides à ceux qui veulent conserver les résultats acquis et tendre à une meilleure explication du texte sacré, surtout dans les passages dont on n’s pas encore trouvé l’intelligence complète. Dans l’encyclique Providentissimus Deus, t. i, p. xxiv, Léon XIII recommande l’étude des commentaires catholiques de préférence à ceux des hérétiques. Bien que l’autorité des interprètes soit moindre que celle des Pères, il ne faut pas négliger leurs travaux. Les études bibliques, en effet, ont fait dans l’Église des progrès continus, et on peut emprunter aux commentaires catholiques plus d’un argument pour réfuter les adversaires et résoudre les difficultés.

II. RÈGLES SPÉCIALES ET CATHOLIQUES.

La Sainte

Bible n’étant pas un livre ordinaire, remarquable seulement par son antiquité, l’excellence de son contenu et la beauté de sa forme littéraire, mais un livre inspiré, écrit sous l’action du Saint-Esprit, contenant la parole divine et confié par Dieu à l’Église qui a charge de l’interpréter comme monument de la révélation, l’exégète catholique doit l’étudier avec foi, humilité et respect. Il l’acceptera comme l’œuvre de Dieu qui ne peut se tromper ni nous tromper, et par suite comme absolument exempte de toute erreur, au moins dans le texte primitif. Voir Inspiration Il se tiendra en garde contre « un certain genre d’interprétation téméraire et par trop libre », Lettre de Léon XIII au ministre général des frères Mineurs, en date du 25 novembre 1898, et « contre des tendances inquiétantes qui cherchent à s’introduire dans l’interprétation de la Bible, et qui, si elles venaient à prévaloir, ne tarderaient pas à en ruiner l’inspiration et le caractère surnaturel ». Lettre encyclique au clergé de France, du 8 septembre 1899. Pour éviter ces écueils, il n’aura qu’à suivre les principes d’interprétation sanctionnes par l’autorité des pères et des conciles, renouvelés par le concile du Vatican et rappelés par Léon XIII dans l’Encyclique Providentissimus Deus.

i re règle : En interprétant l’Écriture, l’exégète catholique doit adopter le sens admis par l’Église.

— 1° Légitimité de cette règle. — Elle est fondée sur le

droit qu’a l’Église de juger du véritable sens et de l’interprétation de la Sainte Écriture. En vertu de son pouvoir d’enseigner les vérités révélées, l’Église peut déterminer infailliblement la pensée divine qui est exprimée dans les livres inspirés et juger les explications que les exégètes donnent à la Bible. Les Pères ont reconnu ce droit de l’Église et ont reçu pratiquement ses interprétations. Ils ont dit qu’il fallait apprendre la vérité des successeurs des apôtres, qui avaient mission de l’enseigner, parce qu’ils expliquent l’Écriture sans danger d’erreur. S. Irénée, Cont. heeres., iv, 26, 5, t. vii, col. 1056 ; Clément d’Alexandrie, Strom., yi, 15, t. ix, col. 338 ; S. Jérôme, In Is., vi, 13, t. xxiv, col. 101 ; S. Augustin, De utilitate credendi, 17, n. 35, t. iui, col. 91. Saint Vincent de Lénns, Commonitorium, 2, t. l, col. 640, affirme qu’en raison des interprétations diverses et erronées que les hérétiques donnent de l’Écriture, l’exégète doit suivre la règle du sens ecclésiastique et catholique et ne tenir que ce qui est cru partout, toujours et par tous. Le concile de Trente, sess. IV : Decretum de editione et usu sacrorum librorum, afin de contenir les excès des interprètes, a décrété « que sur les choses de la foi et des mœurs qui entrent dans l’édifice de la doctrine chrétienne, personne n’ose, appuyé sur sa propre science, plier l’Écriture à ses propres sentiments et l’interpréter contrairement au sentiment qu’a tenu et que tient notre sainte mère l’Église, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l’interprétation des saintes Écritures ». La profession de foi, imposée par Pie IV aux ecclésiastiques gradués ou ayant charge d’âmes, les oblige à n’interpréter l’Écriture que suivant le sens qu’a tenu et que tient la sainte Église. Denzinger, Enchiridion symbolorum, 5e édit., Wurzbourg, 1874, p. 192. Le concile du Vatican renouvela et précisa, comme nous allons le dire, la portée et la signification du décret de Trente. Dans l’Encyclique Providentissinius Deus, t. i, p. xxi, Léon XIII a rappelé la doctrine des Pères et des conciles et a présenté l’Église c< comme un guide et un maître très sûr dans la lecture et l’étude des paroles divines ».

Valeur et conséquences de cette règle.

1. Cette

règle n’est pas purement disciplinaire, comme quelques-uns le prétendaient ; ils disaient que le décret de Trente n’était pas absolu et perpétuel, mais qu’il n’avait d’autorité que tant que dureraient les circonstances qui l’avaient fait porter. Pour réfuter cette erreur, Je concile du Vatican renouvela le décret de Trente dans une constitution dogmatique, afin de montrer qu’il ne s’agit pas d’une question changeante de discipline, mais bien d’un dogme immuable. Acta et décréta concilii Vaticani, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 143, 523. On peut dire toutefois avec Ubaldi, Introductto in Sac. Script., Rome, 1881, t. iii, p. 260, que le décret du concile de Trente n’était pas une définition dogmatique, puisqu’il n’était pas suivi de l’anathème, mais une loi disciplinaire, qui imposait des peines canoniques aux contrevenants, pourvu qu’on ajoute qu’il renfermait une déclaration doctrinale La violation du décret n’est donc pas, de soi, un acte d’hérésie, mais seulement une désobéissance à un précepte grave. Toutefois, ne pas admettre l’interprétation de l’Église serait un acte d’hérésie ou un péché contre la foi, lorsque l’interprétation rejetée aurait été directement ou indirectement proposée par les organes officiels de l’Église dans l’exercice au magistère solennel ou ordinaire. Newmann, L’inspiration de l’Écriture Sainte, dans Le Correspondant, t. cxxxv, 1884, p. 678^681, 684-686. — 2. Cette règle n’est pas seulement négative, elle est positive. En prohibant toute interprétation contraire à celle de l’Église, - le concile de Trente avait certainement voulu imposer aux interprètes catholiques l’obligation de suivre dans leurs expositions et commentaires le sens tenu par l’Église. L’examen attentif du texte et des rao621

HERMÉNEUTIQUE

G22

tifs du décret le montre bien. Quoique rédigée sous une forme négative, la décision était positive. Quelques critiques catholiques prétendaient le contraire. Jahn, Introductio in libros sacros V. F., 2e édit., revue par Ackermann, Vienne, 1839, p. 88-89, soutint que le concile de Trente avait seulement défendu aux exégètes de mépriser le magistère de l’Église catholique et par conséquent de détourner l’Écriture à leur propre sentiment. Arigler, Hermeneutica Bibl. generalis, Vienne, 1813, p. 31-34, et Lang, Patrologie, Bude, 1859, p. 279, distinguaient entre l’interprétation dogmatique, que l’Église fait d’un texte de la Bible, et le dogme même qui, au jugement de l’Église, serait exprimé dans ce texte. Selon eux, l’interprète catholique ne contrevenait pas au décret de Trente, lors même qu’il rejetait l’interprétation dogmatique de l’Église, pourvu qu’il ne rejetât pas Qe dogme lui-même défini par l’Église. Ainsi, il pourrait soutenir que le texte de saint Jacques, v, 14, interprété par l’Eglise comme affirmant le sacrement de l’extrèmeonction, ne contient pas ce dogme, à condition qu’il ne nie pas le dogme lui-même. C’est pour proscrire cette erreur que le concile du Vatican précisa le décret de Trente. La formule, de négative qu’elle était, devint positive et on décida qu’il faut tenir pour le vrai sens de l’Écriture celui qu’a tenu et que tient notre sainte mère l’Eglise. Après avoir ainsi affirmé le caractère positif et obligatoire de la règle, on reproduisit, sous forme de conclusion, la défense d’interpréter l’Écriture contrairement à ce même sens. Cf. Acta et décréta concilii Vaticani, p. 144-146, 523 ; Franzelin, Tractatus de divina traditione et Scriptura, 3e édit., Rome, 1882, p. 217^26 ; Didiot, Logique surnaturelle subjective, Paris et Lille, 1891, p. 144-146. Dans son Encyclique Providentissimus Deus, t. i, p. xxii, Léon XIII en a conclu que « l’exégète catholique regardera comme son devoir principal et sacré d’adopter exactement le sens donné à certains passages scripturaires par une déclaration authentique (de l’Église). Il emploiera aussi les ressources de sa science à démontrer que cette interprétation est la seule qui puisse être réellement approuvée, suivant les lois de la saine herméneutique ».

Applications de cette règle.

Le caractère positif

et obligatoire de cette règle étant démontré, il reste à déterminer quelles sont les interprétations de l’Église qui s’imposent à l’exégète catholique, et à dire quels sont leurs formes et leur objet. — 1. L’Église, assistée par le Saint-Esprit, peut déclarer authentiquement le sens de certains passages scripturaires, en se prononçant par un jugement solennel ou par son magistère ordinaire et universel. C’est la doctrine rappelée par Léon XIII dans l’encyclique Providentissimus Deus, t. i, p. xxii. On ne saurait donc restreindre ces interprétations obligatoires à celles qui sont exprimées par des définitions solennelles. Voir le P. Corluy, L’interprétationde la Sainte Écriture, dans La Controverse, juillet 1885, p. 423. Des conciles ont parfois, à l’occasion des hérésies, défini expressément quel était le sens d’un passage de l’Écriture. Ainsi le concile de Sardique, Mansi, Conc. nova Collect. , t. ii, p. 693-696, a décidé contre les Ariens que les paroles : Ego et Pater unum sumus, Joa., x, 30, ne signifient pas une simple concorde de volontés, mais l’identité de nature entre le Père et le Fils. De même, le concile de Trente, à rencontre des protestants, a défini, sess. V, c. ii-iv, que saint Paul, Rom., v, 12, parle du péché originel ; sess. VII, c. ii, De baptismo, que le passage Joa., iii, 5, doit être pris au sens propre et s’entendre d’une eau naturelle, matière du baptême ; sess. XIV, c. iii, De pœnitentia, que les paroles de Notre-Seigneur, Joa., xx, 22-23, expriment le pouvoir de remettre et de retenir les péchés ; sess. XIV, c. i, iii, iv, De Extrema Unctione, que le textede saint Jacques, v, 14, 15, promulgue le sacrement de l’extrême-onction ; sess. XXII, c. ii, que les paroles : Hoc facile in meam

commemorationeni, Matth., xxvi, 26, signifient l’institution du sacerdoce dans la personne des apôtres et de leurs successeurs. D’autres fois, les organes infaillibles de l’Église ont condamné solennellement une fausse interprétation de l’Écriture. Le cinquième concile œcuménique a réprouvé l’interprétation que Théodore de Mop sueste donnait à plusieurs prophéties messianiques de l’Ancien Testament. Mansi, Concil., t. ix, p. 211-213. Cf. P. L., t. lxiï, col. 123, et Kihn, Theodor von Mopsuestia, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 160-161. Les propositions 75e et 76e de Baius contenaient des interprétations fausses que l’Église a rejetées. Denzinger, Enchiridion symbolorum, n. 955, 956, 5e édit., Wurzbourg, 1874, p. 207. Pie VI a réprouvé l’explication qu’Isenbiehl donnait à la prophétie d’Isaïe, vii, 14. Voir t. i, col. 395. Dans ces cas et d’autres analogues, l’exégète catholique est tenu de rejeter l’interprétation condamnée, mais il reste libre de choisir parmi les autres explications, dont le passage est susceptible, celle qui lui paraîtra être la véritable. Les papes et les conciles définissent indirectement le sens des textes bibliques, quand ils les citent comme preuves des vérités dogmatiques ou morales qui sont l’objet de leurs définitions directes. Ainsi ont fait le concile de Trente, sess. VI, c. v, citant Zach., i, 3, et Jérem., Lament., v, 21, et le concile du Vatican, Const. Dei Filius, c. iii, rapportant Heb., xi, 1. Le sens de ces textes n’est pas défini directement puisque les motifs de la définition et les preuves dont on l’appuie ne sont pas l’objet de la définition ; il est cependant fixé avec certitude, car en invoquant ce sens comme preuve du dogme défini, les papes et les conciles reconnaissent que ce sens est admis comme indubitable par l’Église. Il faut donc, en vertu du magistère ordinaire de l’Église, admettre, au moins, que ces textes prouvent la vérité définie. Si les papes ou les conciles, dans leurs définitions solennelles, citent l’Écriture, non comme preuve, mais simplement sous forme d’exhortation, à la manière des prédicateurs, pour en tirer une instruction dogmatique ou morale, ou par pure accommodation, pour exprimer en style biblique leurs pensées personnelles, ils ne sont plus alors des juges de la foi, ils parlent en leur propre nom et leur autorité ne dépasse pas celle des pères et des commentateurs pris individuellement. Cf. Corluy, L’interprétation de la Sainte Écriture, dans La Controverse, juillet 1885, p. 423-426 ; S. di Bartolo, Les cri~ tères théologiques, trad. franc., Paris, 1889, p. 273-275 ; A. Vacant, Études théologiques sur les Constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 545-550. Le P. Corluy, loc. cit., ajoute que le nombre des textes dont le sens a été défini directement par l’Église est relativement fort restreint. « Nous doutons qu’il soit possible d’en énumérer une vingtaine. Il y en a beaucoup plus qui furent l’objet d’une définition indirecte. Pour s’assurer si un texte dogmatique donné est dans ce cas, il suffira ordinairement de consulter quelque grand commentaire du passage auquel le texte appartient. »

2. Quant à l’objet des interprétations que les décrets de Trente et du Vatican présentent comme obligatoires, il est déterminé par ces mots : In rébus fidei et morum ad œdificationem doctrinal christianse pertinentium, « dans les choses de foi et de mœurs qui entrent dans l’édifice de la doctrine chrétienne. » La signification de ces termes a été beaucoup discutée par les théologiens. Plusieurs les ont entendus dans un sens restrictif et ils ont soutenu qu’en vertu de ces décrets, l’exégète catholique n’était tenu de donner à l’Écriture le sens que l’Église lui donne que dans les textes dogmatiques ou moraux. Bossuet, Instructions sur la version du N. T. imprimée à Trévoux, 1™ instruct., 1™ remarque, vu ; Œuvres complètes, Besançon, 1836, t. vil, p. 127-128 ; Patrizi, Jnstitutio de interpretatione Bibliorum, 2e édit., Rome, 1876, p. 58-61 ; Ubaldi, Introductio in sac. Script., Rome, 1881, t. iii, p. 259 ; Trochon, Introduction gênéV3

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HERMENEUTIQUE

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raie, t. i, Paris, 1886j p. 520 ; Corluy, L’interprétation de la Sainte -Écriture, dans La Controverse, juillet 1885, p. 430, et dans le Dictionnaire apologétique de la foi de Jaugey, Paris, 1889, p. 957, 959 ; S. dï Bartolo, Critères théologiques, trad. franc., Paris, 1889, p. 264-265 ; Schôpfer, Bibel und Wissenschaft, Brixen, 1896, p. 97114 ; Nisius, Kirchliche Lehrgewalt und Schrïftauslegùng, dans la Zeitschrift fur katholische Théologie, 1899, p. 288311, 460-500. Ils excluent donc de l’objet des décrets les endroits de l’Écriture où il s’agit de choses étrangères par elles-mêmes au dogme et à la morale, telles que l’histoire, la géographie, les sciences naturelles, par rapport auxquelles, disent-ils, l’Église n’a pas coutume de se prononcer. Mais la difficulté est de déterminer d’une façon précise les’passages doctrinaux et de les distinguer de ceux qui ne le sont pas. Pour tracer la ligne de démarcation, on a essayé différentes distinctions arbitraires et dépourvues de toute base doctrinale. L’abbé Motais, Le déluge biblique devant la foi, l’Écriture et la science, Paris, 1885, p. 118126, a regardé comme pouvant être l’objet de l’interprétation de l’Église, les sujets d’une portée profonde, d’un rapport immédiat et frappant avec les bases du dogme catholique, à savoir, la divinité de Jésus et la vie divine de l’Église. Les mille choses diverses qui, dans la Bible, sont sans connexion nécessaire ou même apparente avec ces vérilés premières, n’entrent point, par elles-mêmes, dans le patrimoine divin des doctrines que l’Église, par le magistère traditionnel, a reçu la mission de distribuer et de maintenir infailliblement dans l’humanité. L’écrivain allemand anonyme dont Franzelin, Tractatus de divina traditione et Scriptura, 3e édit., Rome, 1882, p. 564-583, a réfuté l’opinion sur l’étendue de l’inspiration, prétendait que l’Église n’était infaillible que dans les seules choses qui concernent, de soi, la foi et les mœurs et il ne regardait comme inspirés que les passages bibliques énonçant les vérités religieuses ou les faits sans lesquels la vérité religieuse ne peut subsister. M. Diâiot, Logique surnaturelle subjective, 1891, p. 103 ; Traité de la Sainte Écriture, Paris et Lille, 1894, p. 161170, 238-248, a enseigné une doctrine semblable et a cru que l’Église et la Bible n’étaient infaillibles que dans les choses de foi et de morale ; pour les matières secondaires que Dieu n’a pas voulu enseigner et dont la Bible parle simplement, elles ne sont pas l’objet de l’infaillible magistère de l’Église. Le cardinal Newmann, L’inspiration de l’Écriture —, Sainte, dans le Correspondant, t. cxxxv, 1884, p. 682-683, reconnaissait que l’Écriture était inspirée et que l’Église était infaillible, en l’interprétant, « non seulement en ce qui regarde la foi et les mœurs, mais dans toutes les parties qui ont rapport à la foi en y comprenant les faits. » Le P. Corluy, L’interprétation de la Sainte Écriture, dans La Controverse, juillet 1885, p. 432-433, admettait cette explication . et pensait que les faits historiques, qui avaient un rapport direct avec la doctrine révélée, étaient seuls doctrinaux, ceux qui n’avaient qu’un rapport indirect, n’étant pas l’objet de l’interprétation doctrinale de l’Église. Cf. Le Prêtre, t. iv, 1892-1893, p. 1381-1385.

Mais d’autres théologiens ont donné une explication différente des décrets de Trente et du Vatican. Le P. Granderath, Constitutiones dogtnaticæ sac. œcum. conc. Vaticani, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 54-61, a remarqué que, dans ces décrets, les choses concernant la foi et les mœurs ne sont pas opposées aux faits historiques en eux-mêmes, puisque certains dogmes de la plus haute importance, comme la mort de Jésus-Christ sur la croix, sont des faits historiques. D’où, selon loi, aux choses concernant la foi et les mœurs s’opposent les choses qui ne sont pas religieuses, qui n’ont point de rapport avec Dieu et la religion, qui n’appartiennent pas " » ux matières dont est construit l’édifice de la doctrine chrétienne. Or il y a dans l’Écriture des choses qui ne

concernent pas la religion, non pas les obiter dicta mais des vérités telles que celle-ci : Le soleil se lève, contenue dans Matth., v, 45 : c Dieu fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants. » L’Église pourra être l’interprète de la parole de Notre-Seigneur, elle ne le sera pas de la vérité : « Le soleil se lève, » qui y est contenue. L’Église pourrait encore, mais seulement par un jugement solennel, et non dans son magistère ordinaire, interpréter l’Écriture même au sujet d’une vérité qui n’est pas, de soi, religieuse, si celle-ci avait quelque connexité avec la révélation, si, par exemple, une interprétation différente aboutissait à nier l’inspiration du passage faussement expliqué. Cf, le Katholik, octobre et novembre 1898, p. 289, 383. Le R. P. abbé Crets, De divina Bibliorum inspiratione, Louvain, 1886, p. 326331 ; M. Vacant, Études théologiques sur les Constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. 524545 ; J. Vinati, De Sacræ Scripturee assertis ab Angelicodictis, « de fi.de per accidens, » dans le Divus Thomas, 1886, n. 4, p. 53, et Msr F. Egger, Streiflicher Uber die freiére Bibel forschung, Brixen, 1899, p. 5, ne restreignent pas le pouvoir que l’Église possède d’interpréter infailliblement l’Écriture aux matières de foi et de mœurs. Les termes in rébus fidei et morum ad œdificationem doctrines christianx pertinentium ne sont pas restrictifs ; ils expriment seulement une des conditions requises pour que l’interprétation biblique, donnée par l’Église, soit infaillible et s’impose à l’exégètecatholique. Il faut que l’interprétation porte sur une doctrine concernant la foi et les mœurs qui doit être tenue par toute l’Église. Or l’Église est infaillible non seulement dans la définition des vérités formellement révélées, mais encore de toutes les questions philoso- # phiques, morales ou historiques, qui sont en connexité avec ces vérités. Ces questions, il est vrai, n’appartiennent pas par elles-mêmes au domaine de l’Église ; elles y rentrent indirectement, et leur définition peut être nécessaire pour l’enseignement et la défense de la révélation. D’ailleurs, les deux conciles ne parlent pas. du sens que l’Église croit comme de foi catholique ou comme révélé, mais de celui qu’elle tient ou admet comme certain. Ils ne disent pas que l’exégète catholique doit accepter l’interprétation de l’Église dans lès choses de foi et de mœurs qui constituent la révélation chrétienne, mais dans celles qui appartiennent, d’une manière quelconque, à la doctrine chrétienne, non passeulement à l’essence de cette doctrine, mais aux élémentsqui peuvent servir à l’édifier et à la construire. L’interprétation donnée par l’Église à l’Écriture est donc obligatoire, pour ce qui est révélé, et aussi pour ce qui touche à la révélation et rentre dans la doctrine chrétienne. M9 r Gasser, évêque de Brixen, rapporteur de la Députation de la foi au concile du Vatican, expliqua dans ce sens la clause in rébus fidei et morum. Pour répondre à un Père qui en demandait la suppression pour cette raison que « l’Église interprète infailliblement toute la révélation, et par conséquent toutes les parties de l’Écriture, aussi bien celles qui sont historiques que celles qui sont dogmatiques », le rapporteur reconnut « que l’Église a le droit de juger du vrai sens de l’Écriture, non seulement dans les choses de foi, c’est-à-diredans les dogmes spéculatifs et dans les choses de morale, mais encore dans celles qui regardent la vérité historique ». Acta et décréta concilii Vaticani, Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 240.. L’Église est donc infaillible dans toutes les interprétations doctrinales qu’elle donne de l’Écriture, dans celles qui font ressortir les énoncés révélés et la doctrine religieuse, exprimés par un passage. Elle ne l’est pas pour interpréter d’autres éléments, exprimés ou, supposés, par un texte des Livres Saints. D’ailleurs, tous les énoncés de la Bible appartiennent certainement à là révélation chrétienne. Cf. A. Vacant, . Études théologiques, 1. 1, p. 507-516.

Concluons. Quelle que soit l’importance théorique de cette discussion, la diversité des solutions n’entraîne pas des conclusions pratiques différentes. En effet, que le pouvoir interprétatif de l’Église soit complet ou incomplet, qu’il soit positif et direct ou seulement négatif et indirect, le nombre des interprétations infaillibles de passages scripturaires que l’Église a déjà données, n’en est pas augmenté. Quant à celles qui pourront se produire dans l’avenir, l’exégète catholique doit être toujours disposé à les recevoir et à se soumettre au pouvoir de l’Église, car il sait que l’Église ne peut se tromper sur l’étendue de son pouvoir. Si elle interprétait une proposition qui lui aurait paru étrangère à son domaine, tel qu’il l’entendait, il conclurait simplement qu’il existait, entre elle et la révélation, un rapport jusqu’alors’mal perçu. Cf. Lagrange, L’interprétation de la Sainte Écriture par’l’Église, dans la Revue biblique, t. ix, 1900, p. 140. Dès lors, un champ immense reste ouvert à l’exégèse, et nous pouvons ajouter avec Léon XIII, Encycl. Providentissimus Deus, t. i, p. xxi-xxii : « Par cette loi pleine de sagesse, l’Église ne retarde ni ne restreint nullement les investigations de la science biblique ; elle les préserve plutôt de toute erreur et les aide considérablement à faire de vrais progrès. Car chaque docteur privé a devant lui un champ immense, dans lequel il peut s’avancer avec sécurité et déployer son habileté d’interprète, pour son honneur et pour l’utilité de l’Église. D’abord, quant aux passages de la Sainte Écriture non encore exposés d’une façon certaine et définie, on peut ainsi arriver, par une suave disposition de la Providence divine, à préparer, pour ainsi dire, l’étude de l’Église et à hâter son jugement. Ensuite, quant aux textes déjà définis, le docteur privé peut également se rendre utile, soit en les expliquant plus clairement au peuple fidèle, soit en les proposant’d’une manière plus ingénieuse aux savants, soit en les défendant plus brillamment contre les adversaires. »

2e règle : Dans l’interprétation de la Sainte Ecriture, l’exégète catholique doit adopter le sens admis par le consentement unanime des Pères. — Au sens précis du mot, les Pères de l’Église ne sont pas tous les écrivains ecclésiastiques, mais seulement ceux qui, par leur doctrine, leur sainteté et leur antiquité, ont reçu ce titre spécial. Ils sont nombreux du 1 er au xiie siècle, de saint Clément de Rome à saint Bernard. Or, leur sentiment, commun en matière d’exégèse s’impose parfois à notre assentiment.

Légitimité de cette règle.

l.LesPères eux-mêmes

l’ont reconnue et suivie. Saint Jérôme, In Dan., xi, 45, t. xxv, col. 575, dit qu’on ne peut acquérir l’intelligence de l’Écriture sans la grâce de Dieu et l’enseignement des anciens. Il observe lui-même cette règle. Epist. XLYlll, ad Pammach., 15, t. xxii, col. 505 ; Epist. cviii, ad Eustochium, ’2Q ; ibid., col. 902. Saint Augustin, Deutilitate credendi, 17, n. 35, t. xlii, col. 91, traite d’orgueilleuse la pratique contraire. Au rapport de Rufin, H. E., il, 9, t. xxi, col. 518, saint Basile et saint Grégoire de Nazianze interprétaient l’Écriture d’après les écrits et l’autorité des anciens. Saint Vincent de Lérins, Commonitorium, 27, t. l, col. 674, expose très nettement cette loi et après lui, saint Grégoire le Grand, Exposit. in 1 Reg f ^ îv, 5, n » 13, t. lxxix, col. 289-290, et saint Léon le Grand, Epist. lxxxii, n. 1, t. liv, col. 918. Cf. R. Simon, Réponse aux sentiments de quelques théologiens de Hollande, Rotterdam, 1686, p. 32-43. — 2. Les décrets des conciles de Trente et du Vatican, la profession de foi de Pie IV joignent le Consentement unanime des Pères à l’autorité de l’Église et font une loi à l’exégète d’adopter le sens scripturaire admis ainsi par tous les Pères, aussi bien que celui qui est proposé par l’Église. D’ailleurs, la loi d’interpréter l’Écriture conformément à l’autorité des Pères, avait déjà été reconnue au concile in trullo, c. xix, Labbe, Collect. cône., t. vi, p. 1355, au concile de

Vienne, Contra errores Olivi, Denzinger, Enchiridion, n. 408, p. 147, et au cinquième concile de Latran. Labbe, Collect. conc., t. xix, p. 946. L’instruction de Clément VIII, reproduite en tête des éditions de VIndex, signale aux évêques et aux inquisiteurs qui sont chargés de corriger et d’expurger les livres, les paroles de l’Écriture détournées du sens unanime de la tradition catholique. — 3. Enfin, en matière de doctrine dogmatique ou morale, le consentement unanime des Pères n’est qu’un mode particulier de manifestation de la foi de l’Église et de son magistère ordinaire, de telle sorte que cette règle ne diffère de la précédente que pour la forme, suivant laquelle l’enseignement ecclésiastique est donné, et non pour le fond. Aussi, dans les congrégations particulières et générales du concile du Vatican, on discuta la suppression ou le maintien du consentement unanime des Pères après le sens admis par l’Église. Plusieurs membres de la commission voyaient un pléonasme dans sa mention, qui avait, par suite, disparu du texte de la Constitution. On l’y rétablit cependant, pour ne pas paraître abandonner ce que le concile de Trente avait déclaré. Acta et décréta conc. Vaticani, p. 144-146. C’est pourquoi Léon XIII, Enc. Providentissimus Deus, t. i, p. xxiii, a reconnu aux saints Pères « une autorité souveraine chaque fois qu’ils expliquent tous d’une seule et même manière quelque témoignage biblique, comme appartenant à la doctrine de la foi et des mœurs ; car, de cet accord même, il apparaît nettement que les apôtres ont ainsi enseigné ce point comme de foi catholique ».

2° Conditions requises pour que cette règle soit obligatoire. — Des termes de l’encyclique pontificale, il résulte que, pour être souveraine et s’imposer à l’exégète catholique,-torité des Pères doit remplir deux conditions : il faut un consentement unanime, qui témoigne d’un enseignement infaillible du magistère ordinaire de l’Église. — 1. L’unanimité est requise. On ne peut évidemment exiger une unanimité absolue et mathématique, puisque le nombre des Pères n’est pas fixé mathématiquement, puisque tous n’ont pas interprété la sainte Écriture, puisque enfin les ouvrages de ceux qui l’ont fait ne nous sont pas tous parvenus. Il suffit que cette unanimité soit relative et morale. Elle existera certainement, lorsqu’une partie notable des Pères aura affirmé la même interprétation, sans qu’il se soit élevé aucune réclamation dans les rangs des catholiques, même lorsqu’un petit nombre de Pères s’accordent à proposer comme certaine et indubitable une interprétation biblique, pourvu que d’autres n’y aient pas fait d’opposition. Dans ce dernier cas, ceux qui ne disent rien sont présumés être d’accord avec ceux qui expriment le sentiment de l’Église. — 2. Il est surtout nécessaire que les Pères s’accordent unanimement à proposer leur explication comme appartenant à la doctrine que l’Église impose sur la foi ou les mœurs. Leur consentement ne doit pas être un accord accidentel de pensée sur une interprétation libre ; il doit être l’accord formel dans l’affirmation certaine de la doctrine de l’Église sur ce point. Cette affirmation certaine ne doit pas reposer exclusivement sur des raisons d’herméneutique, mais sur l’acceptation traditionnelle dans l’Église. Ils présentent alors leur interprétation comme obligatoire et entrant dans l’édifice de la doctrine chrétienne sur la foi et les mœurs. On dit qu’en ce cas, ils parlent comme témoins de la foi de l’Église et non pas comme docteurs particuliers. Cf. A. Vacant, Études théologiques, t. i, p. 550552. Ainsi comprise, l’autorité souveraine des Pères s’étend à toutes leurs interprétations doctrinales, quel qu’en soit, d’ailleurs, l’objet, qu’elles portent sur un dogme ou sur un fait historique en connexité plus ou moins directe avec le dogme. Il n’y a pas lieu à distinction ; dès lors qu’elle est doctrinale et proposée à l’unanimité, l’interprétation de l’Écriture par les Pères s’impose.

Mais il est évidemment nécessaire que tes deux conditions soient vérifiées et qu’il y ait accord réellement unanime dans une interprétation réellement doctrinale. Cf. Revue biblique, t. ix, 1900, p. 140-141.

Quant à l’autorité des Pères comme exégètes, écoutons Léon XIII : « La pensée des mêmes Pères doit encore être fort estimée, quand c’est à titre de docteurs, pour ainsi dire privés, qu’ils traitent de ces mêmes vérités. Car, non seulement ils sont recommandables par leur science de la doctrine révélée, et par leur connaissance de bien des choses utiles pour l’intelligence des livres des apôtres ; mais Dieu lui-même a aidé par de très amples grâces de lumière ces hommes aussi distingués par la sainteté de leur vie que par leur amour de la vérité. Par conséquent, l’exégète regardera comme son devoir, et de s’attacher respectueusement à leurs traces, et de profiter, par un choix intelligent, de leurs travaux. Qu’il ne croie cependant point que par là même la voie lui soit fermée, et qu’il ne puisse, pour une juste cause, pousser plus loin ses recherches et ses commentaires. .. L’exégète aura également soin de ne pas négliger ce que les mêmes Pères ont expliqué dans un sens allégorique ou autre semblable, surtout quand de telles interprétations découlent du sens littéral et s’appuient sur l’autorité de beaucoup d’entre eux. Car l’Église a reçu des apôtres cette manière d’interpréter, et l’a elle-même approuvée par son exemple, comme on le voit dans sa liturgie : non point que les Pères aient prétendu démontrer formellement par là les dogmes de la foi ; mais ils avaient appris par expérience combien cette méthode était fructueuse pour nourrir la vertu et la piété, s Encycl. Providentissimus Deus, t. i, p. xxiii. S’agit-il des interprétations, non plus doctrinales, mais scientifiques, que les Pères ont données de l’Écriture dans les matières des sciences naturelles, le souverain pontife observe justement qu’il n’est pas nécessaire « de soutenir toutes les opinions émises par chacun des Pères et des exégètes postérieurs. Ces hommes ont subi l’influence des opinions qui avaient cours de leur temps, en expliquant les passages des saintes Écritures qui font allusion aux choses naturelles, ils ont pu mêler à la vérité des jugements qu’on n’accepterait pas aujourd’hui. Aussi, faut-il soigneusement mettre à part, dans leurs interprétations, les points qu’ils donnent réellement comme touchant à la foi ou comme étroitement unis à elle, ainsi que les vérités qu’ils présentent d’un consentement unanime ; car « sur tout ce qui n’appartient pas au domaine de la foi, les saints ont eu le droit, « comme nous l’avons dit, d’émettre des avis différents », selon la pensée de saint Thomas, In Sent., ii, dist. II, q. I, a. 3°. Voir t. i, p. xxix.

Sur l’autorité exégétique des Pères : ouvrages catholiques : B. Germon, De veterum hæreticorutn codice eccl. corrupto, Paris, 1713, p. 558 ; F. Bonaventure, chartreux, De optima melhodo legendi Ecclesise Patres, Augsbourg, 1756 ; A. J. Dorsch, De auctoritate SS. Ecclesise Patrum, Mayence, 1781 ; Fessler-Jungmann, Jnstitutiones patrôlogiæ, Inspruck, 1890, t. i, p. 48^50. Ouvrages protestants : Daillé, De usu Patrum, Genève, 1666 ; Whitby, De S. Scripturse interpretatione secundum Patrum comment., Londres, 1714 ; C. Alétophile, De S. Script, atque antiq. eccl. in theologia usu et auctoritate, Iéna, 1735 ; Ribovius, De oeconomia Patrum, Gcettingue, 1748 ; Rœsler, De varia disputandimethodo vet. eccl., Tubingue, 1784 ; J. G. Rosenmùller, De traditione hermeneutica, Leipzig, 1786.

3’règle : Dans les passages dont le sens n’est pas défini par l’Église, l’exégète catholique « suivra l’analogie de la foi et prendra comme règle suprême la doctrine catholique’telle que la fixe l’autorité de l’Église s. Enc. Providentissimus Deus, t. i, p. xxii. — Léon XIII ajoute aussitôt la raison théologique et l’emploi de cette règle, t En effet, dit-il, Dieu étant simul tanément l’auteur des Livres Saints et de la doctrine confiée à l’Église, il est impossible qu’une légitime interprétation tire de ceux-là un sens opposé en quelque manière à celle-ci. Par où l’on voit qu’il faut rejeter, comme inepte et fausse, toute interprétation de laquelle il résulterait que les auteurs inspirés seraient, d’une façon quelconque, en contradiction soit entre eux, soit avec l’enseignement de l’Église. » Le nom d’analogie de la foi, emprunté au texte grec, Rom., xii, 6, désigne la convenance et l’harmonie des dogmes entre eux, en vertu desquelles ils se soutiennent, s’éclairent et se défendent mutuellement. Saint Augustin, Dedoct. christ., m, 2, n. 2, t. xxxiv, col. 65, y faisait déjà appel. On pourra distinguer l’analogie de la foi biblique ou l’accord des vérités contenues dans l’Écriture, et l’analogie de la foi catholique, ou l’accord de ces mêmes vérités avec celles que contiennent la tradition et l’enseignement ecclésiastique. Afin de maintenir cet accord, l’interprète catholique n’admettra aucune explication qui serait contraire soit à un autre passage de la Bible, soit avec la doctrine révélée, telle que l’Église la propose ; il la tiendra pour fausse, car la vérité ne saurait être opposée à la vérité. La règle de l’analogie de la foi aura donc généralement sur l’exégèse une influence plutôt négative que positive ; elle écartera les erreurs et les contradictions de doctrine. Quoiqu’une interprétation ne soit pas véritable, par le seul fait qu’elle est conforme à l’analogie de la foi, cette règle peut cependant diriger parfois l’exégète, surtout dans l’explication des passages doctrinaux obscurs. C’est pourquoi, conclut Léon XIII, l’exégète catholique « doit avoir le mérite de posséder à fond l’ensemble de la théologie et d’être versé dans les commentaires des saints Pères, des docteurs et des meilleurs interprètes ». Voir t. i, p. xxii.

II. Principaux traités d’herméneutique sacrée. — L’antiquité chrétienne n’a pas eu ; à proprement parler, de traités spéciaux, exposant les lois de l’interprétation de la Sainte Écriture. Dans leurs écrits exégétiques ou homilétiques, les Pères se bornaient à énoncer, à l’occasion et en passant, quelqu’une des règles qu’ils appliquaient pour comprendre et exposer la parole divine. Certains écrivains cependant ont groupé diverses observations qui sont une sorte d’ébauche d’herméneutique sacrée. Citons Origène, De principiis, iv, 8-27, t. xi, col. 356, etc. ; le donatiste Tichonius, Liber de seplem regulis, t. xviii, col. 15-66 ; S. Augustin, De doctrina christ., t. IV, t. xxxiv, col. 15-122 ; Junilius, De partibus divines legis, t. II, t. lxviii, col. 15-42 ; cf. Kihn, T.heodor von Mopsuestia und Junilius Africanus, Fribourg-, en-Brisgau, 1880, p. 465-528 ; Adrien, Eiffayiofri eïç Taç fleiat fpaçâç, t. xcviii, col. 1273-1311, édit. et traduction allemande par F. Gôssling, Berlin, 1887, p. 69-135 ; cf. t. i, col. 241 ; Cassiodore, De institutione divinarum litterarum, t. lxx, col. 1105-1150 ; cf. t. ii, col. 337-338 ; au moyen âge, Raban Maur, De clericorum institut., iii, 8-15, t. cvii, col. 384-392 ; Hugues de Saint-Victor, Erudit., didascal., t. V, t. clxxvi, col. 789-798. Pour les Pères et écrivains latins, consulter l’Index scripturarius, vm, de la Patrologie latine, t. ccxix, col. 7984. C’est à l’époque de la Réforme du xvie siècle que se multiplièrent les traités spéciaux d’herméneutique. Cependant, au XVe siècle, Jean Gerson avait déjà donné, d’excellents principes d’interprétation dans ses Proposi-’tiones de sensu litterali Scripturse sacr se ; Opéra, Paris, 1606, t. i, p. 515. Nous grouperons séparément les ouvrages postérieurs selon qu’ils ont été composés par des catholiques ou des protestants.

Traités catholiques.

Santé Pagnino, Isagoges

seu introductionis ad sacras litteras liber unus, Lyon^ 1528, 1536, puis avec Isagogse ad sacras litteras et ad mysticos Scripturse sensus, Lyon, 1536 ; Cologne, 1543 ; voir t. ii, col. 1480. Ambroise Catharin, Claves duse ad aperiendas intelligendasve sac. Script, perquam necesHERMENEUTIQUE

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sarise, in-8°, Lyon, 1543 ; voir t. ii, col. 349, 1480. Bernard Guillaume, De Sacrarum Litterarum communications et sensu, Paris, 1544. Màur Saracêno, De modo interpretandi Sacram Scripturam, xw siècle. J. Hoffmeister, Canones sive claves aliquot ad interpretandum SS. Bïbliorum Scripturas, Mayence, 1545. Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, Venise, 1566, 3° pars. F. Ruiz, Régulée 333 intelligendi Sac. Scripturas ex mente SS. Patrum, in-8°, Lyon, 1546 ; Paris, 1547 ; Cologne, 1588 ; Constance, 1598. J. Oleaster, Comment, in Moysis Pentateuchum, Lisbonne, 1556-1558, etc., dont les prolégomènes contiennent des règles d’interprétation. Lindanus, De optimo génère interpretandi Scripturam, Cologne, 1558. Martin Martinez, Hypotheseon theologicarum sive regularum ad divinas Scripturas intelligendas, in-f°, Salamanque, 1565 ; 2e édit. corrigée, Salamanque, 1582. P. A. Beuter, Adnotationes decem ad Sac. Script., Valence, 1566. J. 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    1. HERMES##

HERMES (’Ep(iT| ;), chrétien de Rome à qui saint Paul envoie ses salutations. Rom., xvi, 14. Ce nom était très commun et porté surtout par des esclaves. T. Pape, Wôrterbuch der griechischen Eigennamen, 3e édit., 1863-1870, t. i. p. 382-384. D’après les traditions des Grecs, qui célèbrent sa fête le 8 avril, il fut un des soixante-douze disciples du Sauveur et devint évêque de Salone en Dalmatie.

    1. HERMOGÈNE (’EpuoyévTiç)##


HERMOGÈNE (’EpuoyévTiç), disciple de saint Paul qui %’élpigna de lui avec Phigellius. II Tim., i, 15. Il était originaire de la province d’Asie, peut-être d’Éphèse. On ignore s’il abandonna simplement l’Apôtre, quand celui-ci était prisonnier, ou si, comme Hyménée et Philète, II Tim., ii, 18, il était tombé dans l’erreur. Tertullien, qui a écrit un traité contre un hérétique de son temps nommé aussi Hermogène, appelle le premier apostolicus Hermogenes, pour le distinguer de l’Africain (Adv. Herraog., 1, t. ii, col. 198) ; il le range parmi les hérétiques, De præscripl., 3, t. ii, col. 15, et, d’après lui, il aurait nié la résurrection de la chair. De Resurrect. carn., 24, t. ii, col. 828. Le livre apocryphe d’Abdias raconte qu’Hermogène était un magicien qui avait été converti avec Philète par saint Jacques le Majeur. Fabricius, Codex apocrypkus Novi Testamenti, p. 517. Cette conversion est mentionnée dans le Bréviaire romain, dans les leçons (leçon v) de l’office de l’apôtre saint Jacques au 25 juillet.

    1. HERMON##

HERMON (hébreu : Hérmôn ; Septante : ’Aepi « Sv), chaîne de montagnes, prolongement méridional de l’Anti-Liban, et constituant, à l’est du Jourdain, la frontière nord du pays d’Israël. Deut., iii, 8 ; iv, 48 ; Jos., xii, 1. Elle fermait ainsi le royaume d’Og, roi de Basan, et le territoire de Manassé oriental. Jos., xii, 4 ; xiii, 11 ; 1 Par., v, 23 (fig. 132).

I. Noms.

L’hébreu jlDin, Hérmôn, d’après Gesenius,

Thésaurus, p. 521, se rattache à l’arabe rffà », harm, qui désigne « un pic élevé de montagne ». D’autres le font plutôt dériver de la racine mn, hâram, d’où hérénx, « chose consacrée, » Septante : âvâBsua, <& 1 u i serait une allusion au culte de quelque divinité honorée sur le mont. Cf. Reland, PaUestina, Utrecht, 1714, 1. 1, p. 323. L’Hermon s’appelait primitivement chez les Sidoniens, V~lv, Siryôn ; Septante : Eavuip ; Vulgate : Sarion, et, chez les Amorrhéens, "V », Senîr ; Septante : Savfp, Vulgate : Sanir. Deut, iii, 8. On donne généralement aux deux mots la même signification, celle de i cuirasse »

ou « cotte de mailles ». S’appliquait-elle à la forme de la montagne ou à l’éclat éblouissant de ces cimes reflétant, comme une cuirasse polie, les rayons du soleil ? On ne sait. Ce qui est certain, c’est que ces deux noms se retrouvent dans les inscriptions assyriennes, le premier sous la forme Si-ra-ra, le second sous celle de Sa-ni-ru. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 159, 184, 209. Le djebel Sanir est aussi mentionné par Âbulfeda, Tabula Syrise, édit. Kohler, Leipzig, 1766, p. 164. La Bible donne encore à l’Hermon le nom de jt »  » W, Si’ôn ; Septante : Srjtiv ;

Vulgate : Sion, qui veut dire « élevé ». Deut., iv, 48. Ces appellations ont pu désigner également certains sommets du massif principal ; le Sanir, en effet, est distingué de l’Hermon en deux endroits : I Par., v, 23 ; Cant., IV, 8. C’est de là sans doute que vient la forme plurielle : Hémiônîm ; Septante : ’Epuuvteiij. ; Vulgate : Hermoniim, Ps. xli (hébreu, xlii), 6 (héb., 7). Les Targums et les Talmuds nomment la montagne ( « Sri "ma, Tûr taïga’, « la montagne de neige. » Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 39. Les géographes arabes l’appellent de même Djebel et-Teldj, « montagne de la neige. » Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 79, 418, 419. Enfin le nom actuel estDjébel esch-Scheikh, « la montagnedu Scheikh, » parce qu’elle sert de résidence au chef religieux des Druses, ou « montagne du vieillard », ce qui est peut-être aussi une allusion à la couronne de neige dont la blancheur orne là tête du Grand Hermon. Cette dernière épithète sert à le distinguer aujourd’hui du Petit Hermon ou Djebel Dâhy, qui se trouve à l’est de la plaine d’Esdrelon, entre le Gelboé au sud, et le Thabor au nord. Cette petite montagne a reçu cette dénomination par suite d’une fausse interprétation du Ps. lxxxviii, 12 (hébreu, lxxxix, 13).

II. Description.

L’Hermon est une chaîne longue de 28 à 30 kilomètres et courant du sud-ouest au nordest. Elle se compose de roche calcaire recouverte en plusieurs endroits de craie tendre, avec des veines de basalte dans les contreforts du sud et près d’Hasbéya. Séparée de l’Anti-Liban par une profonde dépression, elle a trois sommets : le plus élevé est au nord et domine la plaine de Beqâ’a ou de Cœlésyrie ; le second, à 300 mètres environ, au sud du premier, domine la plaine de Damas et surplombe l’espèce d’entonnoir où se trouve la source du Pharphar ; le troisième, à 400 mètres à l’ouest du second, est le moins élevé et domine la vallée du Jourdain. Le point culminant est à 2800 mètres environ au-dessus de la Méditerranée, et ainsi à plus de 3000 au-dessus du Ghôr, ce qui fait de l’Hermon la seconde montagne de la Syrie. De cette cime, l’œil jouit d’un des plus beaux panoramas qu’il soit donné à l’homme de contempler, embrassant une grande partie de la Palestine, tant au delà qu’en deçà du Jourdain. La vue s’étend au nord sur la longue et haute chaîne du Liban, la vallée de Cœlésyrie et l’Anti-Liban ; à l’est, sur l’immense plaine de Damas et la verdoyante ceinture de jardins qui entourent la cité, sur le grand désert de Syrie et les montagnes du Hauran ; au sud, sur la vallée du Jourdain, les lacs de Houléh et de Tibériade, et, au sud-ouest, sur la Galilée et la Samarie, jusqu’au Carmel ; à l’ouest enfin, l’on aperçoit la Méditerranée, du cap Carmel au promontoire de Tyr. L’Hermon est, en hiver, couvert d’énormes masses de neige, dont il reste quelques amas en été, dans les combes les plus abritées. On y trouve plusieurs sortes de bêtes sauvages : des loups, des renards, des ours de l’espèce appelée par les naturalistes ursus syriacus, mais gui ressemble beaucoup à notre ours brun. Les plantes qui y sont cultivées sont celles des montagnes de Syrie en général. La vigne, dont la culture est assez considérable, s’élève jusqu’à une altitude de 1440 mètres au-dessus de Raschéya. À partir

d’une certaine zone, on rencontre çà et là des bouquets de chênes (quercus cents), puis de grands espaces couverts de gommiers à feuilles épineuses. À une hauteur de 1150 à 1650 mètres, une végétation toute spéciale et assez rare comprend des arbres fruitiers sauvages dont les fruits sont bons à manger. Sur tout le flanc occidental de la montagne, l’arbre le plus commun est le véritable amandier. On trouve aussi deux espèces de genévriers fort intéressantes pour les naturalistes. Audessus de ces arbres, en somme très clairsemés, s’étend une maigre végétation, de petits buissons épineux qui appartiennent tous à la flore des steppes de l’Orient, mais parmi lesquels il y a encore des espèces particulières au pays, comme l’astragale, l’acantholimon, etc.

le dieu Baal, ou peut-être la montagne elle-même, divinisée et confondue’avec la divinité dont le nom était quelquefois accolé au sien, comme le prouve la désignation de Baal-Hermon, par laquelle la Bible la signale en deux passages différents (voir Baal-Hermon, 1. 1, col. 1339). Cet endroit, en effet, est l’un des points culminants du Djebel esch-Scheikh. À l’angle sud-ouest de ce même cône, gisent sur le sol les débris renversés d’un temple qui avait été construit avec des blocs d’un bel appareil et qui doit être celui dont parle saint Jérôme (cf. Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 90), comme étant encore en grand honneur de son temps parmi les païens. Ce cône, ce temple et l’enceinte circulaire qui l’enferme étaient jadis, comme maintenant, ensevelis sous une

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132. — L’Hermon vu de Rascheya. D’après une photographie.

Près des neiges on voit fréquemment le ranunculus demissus. Enfin, le flanc méridional, qui est un peu plus vert que les autres, présente sur de vastes pentes des bouquets d’une grande ombellifère, qui est une espèce de ferula et que les Arabes nomment Soukerân, C’est des flancs de l’Hermon que sortent le Jourdain et les rivières qui arrosent la plaine au-dessous de Damas.

Un des sommets de la montagne est couronné par des ruines, que les uns appellent Qasr Antar, d’autres Qasr Schebib. « Ces ruines, dit V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 292, consistent en une grande enceinte circulaire, dont les arasements seuls sont visibles ; elle avait été bâtie en belles pierres de taille, les unes complètement aplanies, les autres légèrement relevées en bossage, et environnait un cône tronqué et rocheux dont les flancs ont été jadis exploités comme carrière, et au centre duque a été creusée une sorte’de chambre à ciel ouvert, qu’on peut regarder comme un sanctuaire païen d’une époque très reculée. Là, à mon avis, était primitivement adoré

épaisse couche de neige pendant les trois quarts au moins de l’année, et c’était là le haut lieu le plus élevé et de l’accès le plus difficile que fréquentaient les anciens. Chananéens. » Sur les flancs inférieurs du massif, à Thelthatha, Hibbâriyéh, Aiha, Deir el-Aschair, Rukhlch, etc., il y a aussi d’anciens temples, dont on peut voir la description et les plans dans le Survey of Western Palestine, Jérusalem, Londres, 1884, Appendix, p. 491-507.

III. L’Hermon dans l’Écriture. — Dans les livreshistoriques, l’Hermon n’est guère mentionné que comme frontière. Il est opposé comme limite septentrionale à l’Arnon, limite méridionale des possessions israélites, à l’est du Jourdain. Deut., iii, 8 ; iv, 48 ; Jos., zii, 1. Il fut occupé par les Hévéens, Og, roi de Basan, et la demitribu de Manassé oriental. Jos., xi, 3 ; xii, 4 ; xiii, 11 ; I Par., v, 23. Une ville, Baalgad, est signalée au pied de la montagne. Jos., xi, 17 ; xiii, 5. Voir Baalgad, t i, col. 1336. Dans le Ps. lxxxviii (hébreu lxxxjx), 12.

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HERMON — HÉRODÉ LE GRAND

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(héb. 13), l’Hermon est uniauThabor ; tous deux chantent les louanges du Seigneur, dont le poète sacré célèbre la puissance en disant :

C’est toi qui as créé le nord et le midi ;

Le Thàbor et l’Hermon tressaillent à ton nom.

Le premier à l’ouest du Jourdain, le second à l’est, marquent les deux autres points cardinaux. Témoins des merveilles divines dans la création et des prodiges opérés en faveur d’Israël, ces monts, par leur riant aspect, semblent se réjouir et tressaillir d’allégresse. Le Ps. cxxxii (hébreu Cxxxili), 3, pour exprimer les charmes de l’union fraternelle, emprunte une gracieuse comparaison à la rosée qui descend de la montagne :

C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend Sur les monts de Sion.

Van de Velde, Reise durch Syrien und Palàstina, Leipzig, 1855, t. i, p. 97, montre bien comment c’est au pied du mont même, que la comparaison s’explique admirablement. Là, on comprend comment les masses d’eau qui montent de ces hauteurs couvertes de forêts, et de ces gorges élevées, remplies de neige toute l’année, lorsque les rayons du soleil les ont réduites en vapeur et ont saturé l’atmosphère, tombent le soir sur les montagnes inférieures qui entourent le Djebel esch-Scheikh comme ses rejetons. Il faut avoir vu l’Hermon, avec sa , couronne d’un blanc éclatant qui resplendit dans’l’azur du ciel, pour bien saisir cette image. En nul autre endroit, dans toute la contrée, il n’existe une rosée aussi abondante que dans les régions qui avoisinent ce massif. Enfin, le Cantique des Cantiques, iv, 8, mentionne l’Hermon avec l’Amana et le Sanir, « les tanières des lions et les montagnes des léopards. » A.Legendre.

    1. HERMONIIM##

HERMONIIM (hébreu : Hérmônîm, Septante : ’Epii.Mvts.tu.), nom de l’Hermon au pluriel et ainsi appelé « les Hermons » à cause de ses trois principaux sommets. Voir Hermon. Il est mentionné une seule fois sous cette forme, dans le Ps. xli (hébreu xlii), 6 (héb., 7). Le poète sacré, exilé au delà du Jourdain, et voulant montrer que, plus il est affligé, pli ? s il se retourne vers Dieu, comme vers son unique consolation, s’écrie :

En moi se trouble mon àme, aussi je pense à toi, Du pays du Jourdain, des Hermons et du mont Mis’àr.

A. Legendre.
    1. HERNIE##


HERNIE, tumeur qui se produit à certaines parties du corps quand, par suite d’une perforation accidentelle de l’enveloppe intérieure qui le contient, un viscère tend à s’échapper. Cette tumeur ne présente aucun autre’caractère que son volume plus ou moins considérable. Le plus souvent, c’est l’intestin qui s’échappe de l’épiploon et produit une grosseur anormale à la base de 1 abdomen. D’après la Vulgate, le hernieux, hemiosus, est exclu des fonctions lévitiques. Lev., xxi, 20. Dans le texte hébreu, le terme correspondant est merôafy’ésék. Ce dernier mot ne se lit pas ailleurs. Il se retrouve en assyrien, ièku, en syriaque, en éthiopien et dans le Targum, avec le sens indubitable de testiculus. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 77. Ce sens est adopté par les Septante : (lovopx’S (vnius testiculi). ; Quant au mot merôal), le Targum et le syriaque le tra^ duisent par contritus, en se référant à la racine arabe tnârah, qui veut dire « écraser ». Mais dans rénumération du Lévitique, il n’est question que d’infirmités ou de difformités apparentes, qui atteignent l’intégrité extérieure du corps. L’infirmité du contritus testiculis ne rentre pas dans ce cas. De Hummelauer, In Exod.et Levït., Paris, 1897, p. 508. Si, au contraire, on fait venir merôah de râitafi, « large, » on a le sens de ditotatus testiculis, qui caractérise très bien l’apparence que donne à un homme la hernie abdominale la plus commune.

C’est ce sens que la Vulgate a exprimé par le seul mot hemiosus.Cf. Rosenmûller, In Lei>iJ v Leipzig, 1798, p. 124.

H. Lesêtre.
    1. HÉRODE (FAMILLE DES)##


1. HÉRODE (FAMILLE DES), famille iduméenne qui régna en Palestine à partir de l’an 47 avant J.-C., jusqu’à la prise de Jérusalem par Titus. Les titres que portèrent les Hérodes furent variés et l’étendue du territoire soumis à leur puissance changea souvent. On trouvera l’histoire de ces modifications dans les articles consacrés à chacun de ces princes.

L’histoire de la famille des Hérodes est celle de la nation juive depuis les derniers temps de la dynastie àsmonéenne jusqu’à la ruine de la nation. Elle forme la transition entre l’Ancien et le Nouveau Testament. C’est pourquoi il est indispensable d’entrer dans le détail de la vie de ses membres. Les renseignements que npns donnent les auteurs sur l’origine des Hérodes sont en complet désaccord les uns avec les autres. D’après [Nicolas de Damas, cité par Josèphe, Ant. jud., XIV, i, 5, ils descendaient d’une des nobles familles revenues de la captivité de Babylone. Au contraire, les chrétiens les représentent comme étant d’origine servile. Jules, Africain, dans M. J. Routh, Reliquiæ sacrx, in-8°, Oxford, 1846-1848, t. ii, p. 235. Il est certain qu’ils étaient iduméens de race et juifs de religion, depuis que les lduméens avaient été conquis et convertis au judaïsme par Jean Hyrcan en 180 avant J.-C. Josèphe, Ant. jud., XIII, ix, 1. — La politique de la famille des Hérodes tendit toujours à constituer un royaume indépendant dont le judaïsme assurerait l’unité. Pour réaliser ce dessein, ils ne pouvaient se passer de la protection de Rome et toujours ils travaillèrent à se l’assurer, mais ils voulaient être des rois indépendants et non des sujets. Chacun d’eux travailla dans ce sens, selon son caractère particulier. D’autre part, sous leur domination, le souverain sacerdoce perdit tout son prestige. Ils nommèrent et déposèrent les grands-prêtres selon leurs caprices ou les vicissitudes de leur politique. Enfin les Hérodes, tout en professant le judaïsme, introduisirent les mœurs et les coutumes païennes dans la Palestine, ce que les rois syriens n’avaient pu faire. Le tableau suivant (col. 639) indique la généalogie des Hérodes. Ceux qui sont mentionnée dans la Bible sont : 1° Hérode le Grand, voir Hérode 2 ; 2° Hérode Antipas, voir Hérode 3 ; 3° Hérode Philippe I « , voir Hérode 3 ; 4° Hérodiade ; 5° Hérode Philippe II, voir, Hérode 4 ; 6° Hérode Agrippa I er, voir Agrippa 1, Hérode 6 ; 7° Hérode Agrippa II, voir Agrippa 2, t. i, col. 286 ; 8° Bérénice, voir Bérénice 2, t. i, col. 1612 ; 7° Drusille, voir Drusille, t. ii, col. 1505. Voir aussi Archélaûs, t. i, col. 927.

E. Beurlier.

2. HÉRODE LE GRAND (grec : *Hpt181]ç ; latin : Hérodes), second fils d’Antipater, roi des Juifs (fig. 133).

I. Ce qu’en dit l’Évangile. — Hérode régnait sur la Judée au temps où Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, fut averti par un ange du Seigneur que sa femme Elisabeth, stérile jusque-là, lui donnerait un fils, malgré leur âge avancé à tous deux. Luc, I, 5. C’est vers la fin de son règne que naquit Notre-Seigneur Jésus-Christ. Matth., ii, 1. Lorsque les Mages vinrent d’Orient en Judée pour adorer le Sauveur, Hérode s’émut en apprenant la naissance d’un enfant à qui ils donnaient le titre de roi des Juifs. Après qu’il eut interrogé les prêtres et qu’il eut su par eux que l’enfant devait être né à Bethléhem, il fit appeler les mages et s’enquit auprès d’eux du temps où l’étoile leur était apparue. Puis il leur demanda, lorsqu’ils auraient trouvé celui qu’ils cherchaient, de le lui faire savoir afin qull aille lui-même l’adorer. Matth., ii, 2-8. Avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils revinrent chez eux par un autre chemin. Le prince résolut alors de faire mettre à mort tous les enfants au-dessous de deux ans nés à Bethléhem et dans les environs, afin d’être sûr de ne pas