Dictionnaire de la Bible/Grand-Prêtre
Sommaire
(ne fait
pas partie du texte original)
- Son élection.
- Sa consécration.
- Ses vêtements.
- Ses fonctions.
- Ses obligations.
- Son rôle religieux et social.
- La série des grands-prêtres.
GRAND-PRÊTRE (hébreu : kohên hag-gadôl, kohên hâ-ro’š, et une fois simplement hâ-ro’š, II Par., xxiv, 6 ; Chaldéen : kâhǎnâ’ rabbâ’ ; Septante : ἱερεὺς μέγας, et une fois ἀρχιερεύς, Lev., iv, 3, nom qui devient commun dans le Nouveau Testament ; Vulgate : magnus ou maximus sacerdos, sacerdos summus, pontifex, princeps sacerdotum), titre porté par Aaron et par ceux qui lui succédèrent dans sa charge.
I. Son élection. — 1o Le premier grand-prêtre, Aaron,
fut choisi directement par Dieu. Exod., xxviii, 1, 2 ;
xxix, 4, 5 ; Hebr., v, 4. Voir Aaron. Il devait
avoir pour successeurs un de ses fils, Lev., vi, 22 (15), et
ensuite, l’un de ses descendants directs. Josèphe, Ant. jud., XX, x, 1, dit à ce sujet : « À la mort d’Aaron, ses
fils lui succédèrent et le même honneur fut ensuite
décerné à tous ses descendants. Aussi, d’après un usage
national, personne ne peut devenir pontife de Dieu, s’il
n’est du sang d’Aaron. Personne d’une autre famille,
fût-il roi, n’a le droit d’atteindre au pontificat. » Il ne
paraît pas cependant que le fils aîné du grand-prêtre
défunt ait été nécessairement son successeur. C’était
celui-là qu’on préférait d’ordinaire, mais le choix pouvait
porter sur un de ses frères plus jeunes. Siphra, f. 11, 2.
Ce choix dépendait sans doute des principaux prêtres.
Éléazar, le plus âgé des fils survivants d’Aaron, lui succéda ;
mais le souverain pontificat passa, pour une cause
inconnue, du temps d’Héli, à la branche d’Ithamar.
I Reg., ii, 23. Voir Éléazar, t. ii, col. 1649, et Héli.
Plus tard, nous voyons Salomon intervenir pour ôter le
souverain pontificat à Abiathar, coupable de trahison,
64. — Grand-prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux. Essai de
restitution, d’après J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebræorum,
p. 823.
et le remplacer par Sadoc, descendant d’Éléazar. III Reg.,
ii, 35. Voir Abiathar, t. i, col. 45. La dignité de grand-prêtre
passa ainsi de la famille d’Ithamar, quatrième fils
d’Aaron, à celle d’Éléazar, son troisième fils. I Par.,
xxiv, 2, 3. Sadoc paraît d’ailleurs avoir été associé en
une certaine mesure aux fonctions pontificales pendant
même qu’Abiathar était encore grand-prêtre, pour aider
ou suppléer ce dernier en certaines circonstances solennelles.
Cf. II Reg., viii, 17 ; xv, 24, 29, 35 ; xix, 11 ; xx,
25 ; I Par., xv, 11 ; xviii, 16. — 2o Après la captivité, la
succession au souverain pontificat se fit d’abord de père
en fils. Puis l’autorité civile s’arrogea le droit de nommer
le grand-prêtre. Ainsi le roi Antiochus IV Épiphane
désigna successivement, pour succéder à Onias III, son
frère Jason, puis un intrigant appelé Ménélas, qui furent
tous deux des pontifes indignes. Josèphe, Ant. jud.,
XII, v, 1. Voir Antiochus IV Épiphane, t. i, col. 695,
696. Josèphe fait de Ménélas, primitivement nommé
Onias, un frère du pontife Onias III. D’après II Mach.,
iii, 4 ; iv, 23, ce Ménélas était frère d’un intendant du
Temple, appelé Simon, de la tribu de Benjamin. Si ce
dernier texte n’a subi aucune altération, il faut reconnaître
que la nomination de ce Ménélas était absolument
contraire à la loi. De là le contentement des Juifs quand
ils virent arriver au pontificat Alcime, qui, au moins,
était de la race d’Aaron, sans être cependant de la famille
de Sadoc. I Mach., vii, 14 ; Josèphe, Ant. jud.,
XII, ix, 7. Voir Alcime, t. i, col. 338, et Ménélas. Les
pontifes machabéens, Jonathas, Simon, fils de Matathias,
etc., descendaient d’Aaron par Joarib, de la
famille d’Éléazar. I Mach., ii, 1. C’est le peuple qui élut
au souverain pontificat Jonathas, I Mach., ix, 28-31,
puis Simon. I Mach., xiv, 46, 47. Hérode le Grand nomma
successivement six pontifes et Archélaüs deux. Le légat
de Syrie Cyrinus, puis ses successeurs désignèrent les
suivants. Agrippa Ier, Hérode de Chalcis et Agrippa II en nommèrent onze à eux trois. Enfin le dernier de la
série pontificale dut sa nomination au peuple pendant
la guerre. — 3o On voit qu’avec le temps l’élection des
grands-prêtres était tombée sous la dépendance civile.
De plus, alors que primitivement le grand-prêtre était
nommé à vie et qu’avant la captivité on ne trouve qu’un
seul exemple d’un pontife privé de ses fonctions de son
vivant, celui d’Abiathar déposé à raison de sa révolte,
la résiliation du souverain pontificat, de gré ou par force,
devint chose commune dans les derniers temps. Josèphe,
Ant. jud., XV, iii, 1. Ainsi, dans les soixante ans qui
précédèrent la ruine du Temple, on compta presque autant
de pontifes qu’il y en avait eu d’Aaron à la captivité.
— 4o L’âge où l’on pouvait devenir grand-prêtre
n’était pas fixé. Probablement l’élu devait avoir atteint au
moins la vingtième année. I Par., xxxi, 17. Les défauts
qui écartaient du sacerdoce et que Moïse énumère au
nombre de onze, Lev., xxi, 17-23, ne comprenaient nullement
la trop grande jeunesse. Aristobule n’avait que
dix-sept ans quand Hérode le fit grand-prêtre, Josèphe,
Ant. jud., XV, iii, 3, contrairement d’ailleurs au droit
mosaïque, puisque cette nomination comportait la déposition
du prédécesseur. Le fils d’Onias, qu’on avait auparavant
écarté du pontificat, n’était encore qu’un νήπιος,
un enfant en trop bas âge à la mort de son père. Josèphe,
Ant. jud., XII, v, 1. — 5o Pour être élu au pontificat,
il fallait être de naissance légitime. C’est pour cela
qu’on tenait avec grand soin la généalogie des prêtres.
Josèphe, Cont. Apion., i, 7. Pour obliger Jean Hyrcan
à abdiquer le souverain pontificat, que quelques pharisiens
ne voyaient pas volontiers entre ses mains en
même temps que le pouvoir civil, un certain Éléazar
avança que la mère de ce grand-prêtre avait été prisonnière
chez les Syriens, jetant ainsi le doute sur la
légitimité de la naissance d’Hyrcan. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 5. Cette calomnie fit passer le grand-prêtre
dans le parti des sadducéens. — Le grand-prêtre Ananel,
en fonction à l’avènement d’Hérode, était originaire de
la colonie juive restée au delà de l’Euphrate. Hérode le
déposa, mais la naissance d’Ananel à l’étranger ne fut
pas un motif valable pour justifier cette déposition. Josèphe,
Ant. jud., XV, iii, 1.
Le Seigneur lui-même avait pris soin de régler les cérémonies de la consécration du grand-prêtre. Exod., xxix, 1-37. Ces cérémonies furent exécutées de point en point par Moïse, au nom du Seigneur, pour Aaron et ses fils, dont deux, Nadab et Abiu, allaient périr prématurément en punition d’un manquement grave à leurs devoirs sacerdotaux, Lev., x, 1-5, et dont les deux autres étaient appelés à hériter du souverain pontificat, Ithamar après Aaron son père, Éléazar dans la personne de ses descendants à partir de Sadoc. III Reg., ii, 35. La consécration s’accomplit devant le tabernacle, en présence de toute l’assemblée d’Israël. Exod., viii, 1-3. Elle comprit différents rites : 1o La purification. Moïse lava Aaron et ses fils, dans les conditions prévues précédemment, Exod., xxviii, 41-43, en signe de la pureté qu’ils devaient apporter dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Lev., viii, 6 ; cf. Is., lii, 11. — 2o L’imposition des vêtements, d’abord de ceux qui étaient spéciaux au grand-prêtre Aaron, puis de ceux qui étaient destinés à ses fils. Lev., viii, 7-9, 13. — 3o L’onction. Moïse prit l’huile d’onction et commença par oindre, « pour les sanctifier, » c’est-à-dire pour les consacrer totalement au service de Dieu, le sanctuaire, l’autel et tous les ustensiles. Sept fois il aspergea d’huile l’autel lui-même, comme étant en rapport plus direct avec le culte divin. Puis il versa l’huile sur la tête d’Aaron « pour le sanctifier » et en faire par excellence l’homme de Dieu. Lev., viii, 10-12 ; Ps. cxxxii, 2. Les mains furent aussi consacrées. Eccli., xlv, 18. En faisant les mêmes onctions sur l’autel et sur le grand-prêtre, Moïse donnait à entendre qu’ils devenaient comme inséparables dans le culte du Seigneur. Voir Huile, Onction. Bähr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 175. Le grand-prêtre ainsi consacré par l’huile sainte était appelé hak-kohên ham-mâšîah, « prêtre d’onction, » Lev., iv, 3. La tradition juive prétend que l’huile d’onction fut perdue à la ruine du premier temple et qu’on n’en avait pas dans le second, d’où la distinction que fait la Mischna, Maccoth, 2, 6, entre le « prêtre d’onction » et le « prêtre de vêtements », hak-kohên begâdîm, consacré seulement par l’imposition des vêtements pontificaux et, pour cette raison, d’après certains, Horayoth, iii, 4 ; Megilla, i, 9 ; Gem., Nazir, 47, 2, ne pouvant offrir le taureau dont il est question, Lev., iv, 3. D’autres ont nié cette impossibilité. — 4o Les trois sacrifices. 1. Le veau pour le péché, Lev., viii, 14-17. Aaron et ses fils imposèrent les mains à cette victime, puis Moïse l’immola, répandit de son sang autour de l’autel, brûla la graisse sur l’autel et consuma hors du camp tout le reste de l’animal. Ce premier sacrifice avait pour but de rappeler à Aaron qu’il était pécheur et qu’avant d’intercéder pour les autres il avait à songer à lui-même. Hebr., v, 3. — 2. Le bélier en holocauste. Exod., viii, 18-21. Quand Aaron et ses fils eurent imposé les mains au bélier, Moïse l’immola, répandit son sang autour de l’autel et brûla l’animal tout entier. Ce sacrifice signifiait que le grand-prêtre avait à offrir les victimes qui constituaient l’élément le plus expressif du culte de Dieu et de l’anéantissement de la créature humaine devant le Créateur. Voir Holocauste. — 3. Le bélier de consécration. Lev., viii, 22-32. Après les mêmes cérémonies préalables, Moïse immola ce second bélier, prit de son sang et en marqua l’oreille droite, le pouce droit et le gros doigt du pied droit d’Aaron et de ses fils. Il prit ensuite la graisse de l’animal avec différents gâteaux et l’épaule droite, les mit dans les mains d’Aaron et de ses fils, puis les brûla sur l’autel. Il aspergea avec le sang du bélier les nouveaux consacrés et leurs vêtements et, comme il s’agissait d’un sacrifice pacifique, Moïse et Aaron prirent leur part de la victime pour la manger. Tous ces rites prescrits par le Seigneur avaient leur signification. De même que l’huile sainte, le sang de ce bélier de consécration marquait pour le service du Seigneur les oreilles, les mains, les pieds, toute la personne du grand-prêtre, et ce premier sacrifice pacifique inaugurait tous ceux du même genre qu’il aurait à offrir. — 5o Les sept jours. Lev., viii, 32-36. La consécration ne pouvait être complète qu’en sept jours. Tout ce temps, Aaron et ses fils durent demeurer à l’entrée du tabernacle et garder « les veilles du Seigneur » jour et nuit. Chaque jour, les trois sacrifices se répétaient. Exod., xxix, 36 ; Lev., viii, 34. Toute une semaine était ainsi employée à la cérémonie, pour donner au grand-prêtre et au peuple une plus haute idée de la dignité pontificale. Tel fut le cérémonial qu’on eut à suivre dans le cours des siècles pour consacrer le grand-prêtre. Aussi plus tard Abia, roi de Juda, reprocha-t-il avec raison à ceux du royaume d’Israël d’avoir rejeté les fils d’Aaron et de s’être fait des prêtres « comme les peuples des autres pays », II Par., xiii, 9, c’est-à-dire sans la consécration prescrite par le Seigneur.
Le grand-prêtre portait de splendides vêtements (fig. 64), Exod., xxviii, 2-43 ; xxxix, 2-31, dont le Seigneur avait lui-même fourni la description et qui faisaient l’admiration des Hébreux. Eccli., xlv, 9-16 ; Sap., xviii, 24, 25 ; Josèphe, Ant. jud., III, vii, 4-6 ; Bell. jud., V, v, 7. Le grand-prêtre avait deux sortes de vêtements : — 1o Les vêtements pontificaux : l’éphod, voir Éphod, t. ii, col. 1865 ; le pectoral ou rational, voir Pectoral ; la tunique d’hyacinthe, voir Tunique ; la lame d’or portant écrit : « Sainteté à Jéhovah, » voir Lame ; une autre tunique de byssus, une tiare de même étoffe, voire Tiare ; une ceinture brodée, voir Ceinture, t. ii, col. 389. Le grand-prêtre revêtait un costume plus simple pour la fête de l’expiation. Lev., xvi, 4 ; voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. — 2o Les vêtements sacerdotaux communs au grand-prêtre et aux autres prêtres : les caleçons, voir Caleçon, t. ii, col. 60, les tuniques, les ceintures et la coiffure, voir Tiare. J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebræorum, Leyde, 1680, p. 134-157, 820-940 ; Bähr, Symbolik des mosaischen Cultus, t. ii, p. 97-165.
1o Le grand-prêtre, « établi pour les choses qui regardent Dieu et pour offrir les dons et les sacrifices, » Hebr., v, 1, avait l’administration supérieure de tout ce qui concernait le culte divin. — 2o Il offrait le sacrifice quotidien consistant en un dixième d’éphi de farine mêlée d’huile et cuite au feu. Lev., vi, 19-23 (12-19). Josèphe, Ant. jud., III, x, 7, dit que cette offrande se faisait deux fois le jour et aux frais du grand-prêtre. Le grand-prêtre n’était pas obligé d’officier toujours en personne pour ce sacrifice qu’il lui suffisait de faire offrir en son nom ; il ne le présentait lui-même qu’aux grandes fêtes. À sa mort, ses fils offraient ce sacrifice quotidien jusqu’à l’élection du successeur. Siphra, f. ii, 2. — 3o Le grand-prêtre officiait personnellement pour la fête de l’Expiation. Voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. — 4o C’est lui qui consultait Dieu par l’Urim et le Thummim. Num., xxvii, 21 ; I Esdr., ii, 62. Voir Urim et Thummim. — 5o Il pouvait seul entrer dans le Saint des Saints, au moins d’une manière solennelle. Lev., xvi, 2, 3, 17. — 6o Le grand-prêtre ne prenait point part à toutes les cérémonies du Temple ; mais il y montait pour le sabbat, la néoménie et les grandes solennités nationales qui attiraient le concours du peuple. Josèphe, Bell. jud., V, v, 7. — 7o Il pouvait exercer, au moins avant la royauté, les fonctions de juge suprême, au-dessus des simples prêtres qui faisaient eux-mêmes l’office de juges. Deut., xvii, 8-13. Les Juifs admettaient que la dignité royale avait seule la prééminence sur la dignité du grand-prêtre. — 8o Après la captivité, le grand-prêtre fit partie du sanhédrin et en fut souvent le chef. Voir Sanhédrin. C’est comme grand-prêtre en exercice que Caïphe présida l’assemblée qui condamna Notre-Seigneur. Matth., xxvi, 57. — 9o Il pouvait arriver que le grand-prêtre fût empêché de remplir ses fonctions, surtout pour la fête de l’Expiation où sa présence était indispensable ; la maladie, une impureté légale on tout autre accident pouvaient le frapper d’incapacité. On lui donnait alors un vicaire ou coadjuteur, un kohên mešammêš, « prêtre servant » ou sagan, qui remplissait l’office de grande prêtre pour cette occasion et en portait le nom. Gem. Joma, 47, 1 ; Hieros. Joma, 38, 4 ; Hieros. Megilla, 72, 1. Le fait se présenta en particulier pour Matthias, vers l’époque de la naissance de Notre-Seigneur. Josèphe. Ant. jud., XVIII, vi, 4. Ainsi doit peut-être s’expliquer la présence de deux grands-prêtres simultanés que l’on constate quelquefois. C’est probablement en ce sens que Sophonie est appelé kohên mišnêh, « second prêtre. » IV Reg., xxv, 18 ; cf. Jer., iii, 24. Il y avait aussi un autre prêtre qu’on appelait l’« oint de la guerre », presque égal au grand-prêtre, oint lui aussi de l’huile sacrée et chargé de faire l’exhortation avant la guerre, prescrite par la loi. Deut., xx, 3. Mais la Mischna, Sota, viii, 1, est seule à en parler. — 10o Une mutilation infligée au grand-prêtre le rendait incapable d’exercer ses fonctions. C’est ainsi qu’Antigone fit couper les oreilles à Hyrcan II, afin de lui interdire toute possibilité de retour à une dignité que lui-même convoitait, Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 10.
1o Le grand-prêtre n’avait droit de se marier qu’avec une vierge de sa nation. Il ne pouvait épouser ni une veuve, ni une répudiée, ni une jeune fille de basse condition. La loi du lévirat, qui obligeait à épouser la veuve de son frère, ne s’appliquait donc pas à lui. Lev., xxi, 13-15. Le texte hébreu dit qu’il doit prendre une vierge de son peuple, mê῾ammâu. Les Septante restreignent le sens de la loi, comme on le faisait peut-être de leur temps, en traduisant ἐκ τοῦ γένους αὐτοῦ, « de sa tribu. » Le grand-prêtre pouvait en réalité épouser une vierge quelconque de son peuple. Nous voyons ainsi Josabeth, fille du roi Joram, devenir l’épouse du grand-prêtre Joïada. IV Reg., xi, 2 ; II Par., xxii, 11. — 2o Il ne pouvait ni découvrir sa tête ni déchirer ses vêtements, comme on le faisait d’ordinaire dans les funérailles. Il ne devait se souiller au contact d’aucun mort, pas même de son père ou de sa mère. Il ne pouvait sortir du Temple pendant son deuil. Lev., xxi, 10-12. Cette loi rigoureuse montrait que le grand-prêtre n’existait plus que pour Dieu. Il continuait ses fonctions liturgiques pendant son deuil, mais il s’abstenait de participer aux victimes. Lev., x, 6, 7, 19, 20 ; Deut., xxvi, 14. La tradition juive interpréta ce qui est dit dans le texte de la loi sur la tête à ne pas découvrir et les vêtements à ne pas déchirer. Le grand-prêtre ne dut avoir la chevelure ni rasée ni négligée, et il ne put déchirer son vêtement que par le haut. Siphra, f. 227, 1. Voir Déchirer ses vêtements, t. ii, col. 1337. — 3o Le Seigneur avait réglé les redevances dont jouiraient Aaron et ses enfants, par conséquent les grands-prêtres. Num., xvii, 8-15. La loi ne les autorisait pas à réclamer davantage, et, pour l’avoir oublié, I Reg., ii, 12-17, les fils d’Héli attirèrent de terribles malheurs sur leur famille. Cependant le grand-prêtre, « selon les rabbins, devait jouir d’une fortune en rapport avec son rang élevé et être le plus riche de tous les prêtres ; s’il ne l’était pas, la caste était obligée de lui créer une position opulente. » Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 178. — La loi réglait que le meurtrier involontaire ne pouvait sortir de sa ville de refuge avant la mort du grand-prêtre. Num., xxxv, 25-28.
VI. Son rôle religieux et social.
1o Avant la captivité. — 1. Le ministère de l’enseignement religieux n’a pas été confié au sacerdoce lévitique. La part de vérités qu’il avait plu à Dieu de révéler à son peuple et l’intimation de ses volontés étaient contenues dans le Livre saint. Cette révélation devait suffire aux Hébreux pour de longs siècles. Quand Dieu voulut en dire davantage, il envoya les prophètes. Mais le grand-prêtre demeura exclusivement le ministre de la maison de Dieu, le préposé à l’exacte exécution des choses saintes, sans autre contact avec le peuple que pour recevoir de ses mains les offrandes et les victimes des sacrifices. Il était ainsi la figure, non pas de Jésus-Christ enseignant et poursuivant les âmes pour les sauver, mais de Jésus-Christ rendant à son Père ses devoirs d’adoration, d’action de grâces, de supplication et d’expiation. Cf. Bähr, Symbolik des mosaischen Cultus, t. ii, p. 156-160. Par la majesté de sa fonction, il frappait l’esprit de l’Hébreu d’une admiration religieuse et maintenait la foi en l’unité, la sainteté et la puissance de Dieu. Son influence n’allait pas au delà. Entre l’époque de Josué et celle de Saül, sauf Héli dans une certaine mesure, on ne voit aucun pontife prendre la direction de la nation. Sa place est au sanctuaire et le texte sacré ne dit nulle part que Dieu lui en ait attribué une autre. — 2. De temps en temps cependant, les grands-prêtres de cette première période se font remarquer par des interventions publiques funestes ou heureuses. Héli, par sa lamentable faiblesse paternelle, fut cause de la prise de l’arche par les Philistins et du désastre de son peuple. I Reg., iv, 1-18. Ce ne fut pas le grand-prêtre qui sacra Saül et David, mais un simple lévite, Samuel, dont Dieu fit le guide de son peuple pendant le passage de la théocratie pure à la royauté. I Reg., x, 1 ; xvi, 13. Achimélech favorisa la cause de David et périt, victime de son dévouement, par l’ordre de Saül. I Reg., xxii, 16-18. Son fils Abiathar servit d’abord David avec fidélité ; mais ensuite il travailla à assurer la royauté à Adonias, au détriment de Salomon, III Reg., i, 7, 8, qui lui ôta sa dignité pour l’attribuer à Sadoc, ii, 26, 27, 35. Celui-ci assista à la consécration du Temple, mais ce fut Salomon qui eut la part principale à cette solennité. III Reg., viii, 1-66. Les prophètes Élie et Élisée prirent plus tard la direction morale de la nation, sans que les grands-prêtres sortissent de leurs attributions purement liturgiques. Cependant le grand-prêtre Joïada joua le principal rôle dans la révolution politique qui substitua sur le trône de Jérusalem le jeune Joas, fils d’Ochosias, à l’usurpatrice Athalie. IV Reg., xi, 1-20. Une mésentente ne se produisit pas moins ensuite entre le roi et le grand-prêtre, au sujet des offrandes et des travaux d’entretien du Temple, xii, 4-16. Quand Achaz voulut introduire dans le Temple un autel et des ustensiles assyriens, à la place de ceux qu’avait établis Salomon, le grand-prêtre Urie s’y prêta docilement. IV Reg., xvi, 10-18. Mais déjà les grands prophètes étaient apparus pour annoncer la captivité et intimer les ordres du Seigneur. Sous Josias, le grand-prêtre Helcias découvrit dans le Temple le livre de la Loi, ce qui fut l’occasion d’une rénovation religieuse. IV Reg., xxii, 3 ; xxiii, 24. Enfin arrivèrent la ruine du Temple et la captivité. Durant toute cette période de la royauté, le souverain pontificat resta donc à peu près toujours confiné dans un rôle relativement secondaire, au-dessous du roi qui commandait, à côté des prophètes qui parlaient au nom de Dieu et exerçaient une influence prépondérante sur le mouvement des idées dans la nation.
2o Après la captivité. — 1. Le dernier grand-prêtre, Josédec, avait été emmené en captivité et mourut à Babylone. I Par., vi, 14, 15. Son fils Josué fut élu à sa place et travailla avec Zorobabel à la reconstruction du Temple. I Esdr., iii, 2 ; Agg., i, 1, 14 ; Eccli., xlix, 14. Le petit-fils de Josué, Éliasib, y travailla à son tour. II Esdr., iii, 1. Le fils d’Éliasib, Jonathan, II Esdr., xii, 23, eut pour successeur son fils Jeddoa, II Esdr., xii, 11, ou Jaddus, qui, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 4, 5, se présenta en habits pontificaux devant Alexandre à la porte de Jérusalem, comme fera plus tard saint Léon devant Attila aux portes de Rome, montra au conquérant la prophétie de Daniel qui concernait son empire et concilia à sa nation la bienveillance du roi macédonien. Les pontifes suivants se trouvèrent aux prises avec les rois de Syrie. Les successeurs immédiats de Jaddus, Onias Ier et Simon le Juste, Eccli., l, 1, furent à Sa hauteur de leur mission, continuant ainsi la série des dignes grands-prêtres qui avait commencé avec le fils de Josédec. Onias II, fils de Simon le Juste, fut sur le point d’attirer la vengeance de Ptolémée Evergète contre son peuple par son avarice. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 1. D’après III Mach., ii, 1-24, son fils Simon II aurait empêché le roi Ptolémée Philopater de pénétrer dans l’intérieur du Temple, tentation qui dut venir à plus d’un prince. Onias III, fils de Simon II, fut un saint et énergique pontife, qui eut la gloire de défendre le Temple contre l’agression d’Héliodore. II Mach., iii, 1-35 ; Eccli., l, 1. Ces pontifes furent donc presque tous remarquables par leur zèle pour la maison de Dieu et par leurs vertus. — 2. Avec la période suivante commença la décadence, que ne put enrayer l’héroïsme des grands-prêtres machabéens. Josué, frère d’Onias III, changea son nom en celui de Jason, pour lui donner une tournure grecque, et s’appliqua à introduire chez les Juifs les coutumes païennes. II Mach., iv, 7, 13, etc. Onias qui, en lui succédant, prit le nom grec de Ménélas, poussa encore plus loin sa fureur de paganisme. II Mach., iv, 23-29. Alcime, primitivement appelé Joachim, fut un homme de trahison, de sang et d’impiété. Les grands-prêtres descendants de Mathathias, Jonathas, Simon et Jean Hyrcan, relevèrent noblement le prestige de la dignité pontificale ; leur religion fut égale à leur bravoure et ils assurèrent pour quelque temps l’indépendance de leur nation. Pendant près de soixante-dix ans, ces princes asmonéens et leurs successeurs unirent dans leurs mains le pouvoir civil et la dignité pontificale. Mais les choses ne restèrent pas longtemps en bon état. Le fils même de Jean Hyrcan, Aristobule, fut le meurtrier de sa mère et de son frère. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 1-3. Alexandre Jannée, son autre frère, qui lui succéda, fut plutôt un guerrier ambitieux qu’un grand-prêtre. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 1-3. Hyrcan II, fils du précédent, ne fut d’abord que grand-prêtre pendant que régnait sa mère Alexandra. Devenu roi et soutenu par les pharisiens, il fut attaqué par son frère Aristobule et forcé d’abdiquer la royauté. Josèphe, Ant. jud., XIV, i, 2. Au cours de la lutte entre les deux frères, Pompée arriva en Judée, prit Jérusalem et pénétra jusque dans le Saint des Saints. La Judée fut alors réduite à l'état de simple ethnarchie sous la dépendance des Romains. Les discordes fraternelles des derniers princes asmonéens furent ainsi l’occasion de l’asservissement définitif de la nation. C’est à cette première catastrophe qu’aboutit l’action d’un pontificat devenu oublieux de sa mission nationale et religieuse. — 3. Nous avons vu qu’Hyrcan II était passé de la secte des pharisiens, « qui avaient pour eux la faveur populaire, » à celle des sadducéens, « qui constituaient le parti des riches. » Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 6. Les grands-prêtres sadducéens firent tomber le souverain pontificat au dernier degré de l’avilissement. Matérialistes, ils ne croyaient ni à l’âme ni à la vie future. Grands seigneurs, ils traitaient avec mépris le peuple et les simples prêtres, vivaient dans un luxe insolent, Pesachim, 57a, allant jusqu’à mettre des gants de soie pour toucher les victimes des sacrifices. Midrasch Echa, i, 16 ; Pesachim, f. 57a. Avides d’argent, ils commençaient par acheter leur dignité, comme avaient fait jadis Jason, II Mach., iv, 7-17, et Ménélas. II Mach., iv, 43-50. Pour rentrer dans leurs avances, ils vendaient aux marchands et aux agioteurs l’autorisation de profaner le Temple par leur trafic et changeaient à la lettre la maison de Dieu en « caverne de voleurs ». Joa., ii, 16 ; Matth., xxi, 13 ; Marc., xi, 17 ; Luc., xix, 46. Ils en vinrent, raconte Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8, « à ce degré d’impudence et d’audace qu’ils envoyaient sans honte leurs serviteurs dans les greniers pour saisir et emporter les dîmes dues aux simples prêtres. » À cette époque, le pouvoir civil s’efforçait de tenir les grands-prêtres sous sa dépendance, en gardant les vêtements pontificaux dans la tour Antonia et en ne les livrant qu’aux grandes fêtes. Il en fut ainsi depuis l’avènement d’Hérode. Ce fut le légat de Syrie, Vitellius successeur de Ponce Pilate, qui rendit aux grands-prêtres le libre usage des vêtements sacrés. Josèphe, Ant. jud., XI, xi, 4 ; XVIII, iv, 3. — Le pontificat avait alors complètement cessé d’être à vie. Le titulaire changeait fréquemment. En cent cinq ans, de l’avènement d’Hérode au siège de Jérusalem, on en compte vingt-huit. Sur ce nombre, on en trouve trois de la famille de Phabi, six de la famille de Boéthos, huit de la famille de Hanan et trois de la famille de Kamith. Les anciens grands-prêtres, quoique remplacés, conservaient leur titre, ἀρχιερεῖς, principes sacerdotum, que reproduit si souvent l’Évangile. Matth., ii, 4 ; Marc., x, 33 ; Luc, xix, 47 ; Joa., xii, 10. Outre Caïphe, grand-prêtre en fonction, il y avait dans le sanhédrin qui condamna le Sauveur, sept anciens grands-prêtres et six futurs grands-prêtres. Lémann, Valeur de l’assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ, Paris, 1876, p. 24-26. Le Talmud, qui d’ordinaire est plutôt partial en faveur des hommes de sa nation, caractérise ainsi ces familles pontificales : « Quel fléau que la famille de Simon Boétus : malheur à leurs lances ! Quel fléau que la famille de Hanan : malheur à leurs sifflements de vipères ! Quel fléau que la famille de Kanthéros : malheur à leurs plumes ! Quel fléau que la famille d’Ismaïl ben Phabi : malheur à leurs poings ! Eux-mêmes sont grands-prêtres, leurs fils trésoriers, leurs gendres commandants, leurs valets frappent le peuple de leurs bâtons. » Pesachim, f. 57a. — 4. La honte éternelle de ces grands-prêtres est de n’avoir pas voulu reconnaître le Messie, qui était la fin de leur sacerdoce, et de l’avoir fait crucifier. Un des derniers actes solennels de ce pontificat d’Aaron consista à rendre cet oracle dont il ne saisit pas la portée : « Il y a avantage à ce qu’un seul meure pour le peuple. » Joa., xi, 50. Il était encore dans son rôle quand il adjura le Sauveur de dire s’il était le Christ. Matth., xxvi, 63 ; Marc., xiv, 61. En mourant sur la croix, Notre-Seigneur abolit en droit la dignité des grands-prêtres et leurs sacrifices. Hebr., vii, 18-28. Ces grands-prêtres qui le rejetèrent et le firent condamner, Joa., xviii, 35, couronnèrent leurs crimes par le plus grand de tous, le déicide. S. Thomas, Sum. theol., IIIa, q. xlvii, a. 6. En fait, ils persistèrent encore quelques années, persécutèrent l’Église naissante, achevèrent de conduire leur nation à sa perte et s’ensevelirent à jamais sous les ruines de leur Temple.
VII. La série des grands-prêtres.
La Sainte Écriture n’a pas conservé le nom de tous les grands-prêtres. Les livres historiques en nomment un bon nombre, mais en laissant dans la liste beaucoup de lacunes. Pour les combler, on a cherché à s’aider des listes généalogiques qu’on trouve I Par., vi, 3-15, 50-53 ; I Esdr., vii, 1-5 ; II Esdr., xii, 10-11. Malheureusement ces listes indiquent la filiation, mais sans noter la fonction, renseignement qu’il serait pourtant utile de posséder, étant donné que les grands-prêtres ne se sont pas toujours succédé régulièrement de père en fils. Josèphe, Ant. jud., V, xi, 5 ; VIII, i, 3 ; X, viii, 6, donne des listes de grands-prêtres qui vont sans interruption d’Aaron à la captivité. Il compte en tout quatre-vingt-trois grands-prêtres, treize d’Aaron à l’érection du Temple, dix-huit de Salomon à la captivité, et cinquante-deux durant l’existence du second Temple. Ant. jud., XX, x. Enfin les traditions juives ont conservé d’autres listes. La série des grands-prêtres de Salomon à la captivité a été consignée dans la chronologie hébraïque appelée Séder olam zuta, communément attribuée au rabbin Joseph Ben-Chilpeta, dont le texte hébreu a été publié à Amsterdam, en 1711, mais dont des traductions latines avaient paru à Lyon, en 1608, et à Amsterdam, en 1649. Le même livre fournit, pour les périodes suivantes, des indications incomplètes, et inscrit des noms qui n’ont rien de commun avec ceux qu’on lit dans Josèphe. Ces noms paraissent plutôt désigner des docteurs que des grands-prêtres.
Dans les listes que nous reproduisons ci-dessous, nous mettons en majuscules les noms des personnages auxquels la Bible attribue formellement le titre de pontifes. Voir ces noms dans le cours du Dictionnaire. Les dates des pontificats ne sont pas connues avec précision : on sait seulement sous quels princes vivaient la plupart des grands-prêtres. Pour d’autres, on ne possède absolument aucun renseignement. Voir, pour l’approximation des dates, Chronologie, t. ii, col. 738-739. Les chiffres que nous donnons doivent donc être pris dans un sens très large.
1o D’Aaron à Héli. — Six pontifes se succèdent en ligne directe, I Par., vi, 3-5 :
1. Aaron, 1493. | 3. Phinées. | 5. Bocci. |
2. Éléazar, 1453. | 4. Abisué. | 6. Ozi. |
2o D’Héli à Salomon. — Le pontificat passe de la descendance d’Éléazar, qui, pourtant, se continue, I Par., vi, 6, 51, à celle d’Ithamar, quatrième fils d’Aaron. Josèphe, Ant. jud., V, xi, 5.
Bible.
|
Josèphe.
|
||
7. | héli | .............Héli............. | 1168 |
8. | Achitob I Par., ix, 11. |
............Achitob............ | 1148 |
9. | Achias arrière-petit-fils d’Héli. I Reg., xiv, 3. |
............Achias............ | 1125 |
10. | Achimélech frère d’Achias. I Reg., xxi, 1. |
..........Achimélech.......... | 1095 |
11. | Abiathar fils d’Achimélech. I Reg., xxiii, 6. |
...........Abiathar........... | 1050 |
Sur Achitob, voir t. I, col. 145. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, moururent avant leur père, I Reg., iv, 11, qu’il fallut d’ailleurs remplacer presque aussitôt après. Les petits-fils d’Héli, étant sans doute trop jeunes pour exercer le pontificat, on choisit Achitob, qui appartenait à la descendance d’Éléazar. I Par., vi, 7. D’après I Reg., xiv, 3, Achitob était frère d’un fils de Phinées, c’est-à-dire son cousin, autrement il serait appelé lui-même fils de Phinées. Achias, dont on a voulu parfois faire un même personnage avec Achimélech, en est différent : autrement, il faudrait attribuer à cet unique grand-prêtre, un pontificat extraordinairement long. Achimélech était frère d’Achias, mais, vraisemblablement, beaucoup plus jeune que son aîné.
3o De Salomon à la captivité. — Nous donnons la liste des pontifes de cette période, d’après la Bible, Josèphe, Ant. jud., X, viii, 6, et le Séder olam zuta, decur., 4-6.
Bible.
|
Josèphe.
|
Séder olam.
|
||
12. | Sadoc Ier III Reg., ii, 35. |
....Sadoc.... | ....Sadoc.... | 1015 |
13. | Achimaas fils de Sadoc. II Reg., xv, 36. |
...Achimas... | ...Achimaa... | 975 |
14. | Azarias Ier petit-fils de Sadoc III Reg., iv, 2. |
....Azarias.... | .....Azaria..... | 958 |
15. | » | .....Joram..... | .....Joas..... | 914 |
16. | Joiarib I Par., ix, 10. |
......Isus...... | .....Joarib..... | 896 |
17. | » | ....Axiomar.... | ....Josaphat.... | 884 |
18. | Joiada IV Reg., xi, 4. |
...... » ...... | .....Joïada..... | 882 |
19. | » | ....Phidéas.... | .....Pédaïa..... | 860 |
20. | » | .....Sudéas..... | ....Sédéchia.... | 838 |
21. | Azarias II II Par., xxvi, 16. |
......Juel ...... | ......Joel...... | 808 |
22. | » | ....Iotham.... | ....Iotham.... | 757 |
23. | Urie IV Reg., xvi, 13. |
....Urias.... | ....Urias.... | 740 |
24. | Azarias III II Par., xxxi, 10. |
....Nérias.... | ....Néria.... | 725 |
25. | » | ....Odéas.... | ....Osaias.... | 696 |
26. | Sellum I Par., vi, 12. |
....Sallum.... | ....Sellum.... | 642 |
27. | Helcias fils de Sellum. IV Reg., xxii, 4. |
....Elcias.... | ....Helchias.... | 630 |
28. | Azarias IV fils d’Helcias. I Par., vi, 13. |
.... » .... | ....Azaria.... | 609 |
29. | Saraias fils d’Azarias. IV Reg., xxv, 18. |
....Saréas.... | ....Saraias.... | 590 |
30. | Josédec I Par., vi, 14. |
....Josédec.... | ....Josédek.... | 570 |
Josèphe annonce dix-huit noms pour cette série, mais il n’en donne que dix-sept. Il est probable que le nom de Joïada, qu’il appelle Jodaos et dont il raconte l’histoire, Ant. jud., IX, vii, 1-5, a été omis par les copistes. La Bible ne nomme que treize grands-prêtres, et encore ne donne-t-elle cette qualification qu’à huit d’entre eux. Les listes de Josèphe et du Séder olam s’accordent sur la plupart des noms, ce qui est une garantie d’authenticité. Toutefois, il n’y a pas lieu de croire Josèphe quand il affirme que tous ces pontifes se succèdent de « fils à pères ». Ainsi, les trois premiers pontifes sont de la descendance d’Éléazar, et cette descendance ne reprend sa ligne directe qu’avec Sellum. I Par., vi, 12-14. Quatre pontifes de la série portent le nom d’Azarias. Encore faudrait-il en ajouter un cinquième petit-fils d’Azarias Ier, s’il n’y avait pas faute évidente de transcription dans le texte de I Par., vi, 10, qui le fait officier à la consécration du temple de Salomon. Azarias II et Azarias III sont représentés dans les listes de Josèphe et du Séder olam par des personnages portant des noms différents, mais qui, cependant, peuvent fort bien leur être identiques. Voir Azarias. Josédec ne fut pontife que pendant la captivité et n’eut pas à exercer sa charge. Il relie directement Saraias à Josué. Cf. de Broglie, Les généalogies bibliques, dans le Congrès scientifique international des catholiques, Paris, 1888, t. i, p. 140-142.
4° De la captivité à Hérode.
Les noms de cette série se retrouvent, liés les uns aux autres, dans les Antiquités de Josèphe. La Bible ne reproduit pas la série complète.
Bible.
|
Josèphe.
|
||
31. | Josué fils de Josédec. I Esdr., iii, 2. |
.......Jésus....... Ant. jud., XI, iii, 10. |
536 |
32. | Joacim fils de Josué. II Esdr., xii, 10. |
.......Joacim....... Ant. jud., XI, v, 1. |
487 |
33. | Éliasib fils de Joacim. II Esdr., iii, 1. |
.......Éliasib....... Ant. jud., XI, v, 5. |
440 |
34. | Joïada fils d’Éliasib. II Esdr., xii, 22. |
.......Judas....... Ant. jud., XI, vii, 1. |
404 |
35. | Johanan fils de Joïada. II Esdr., xii, 22. |
.......Joannes....... Ant. jud., XI, vii, 1. |
370 |
36. | Jeddoa fils de Johanan. II Esdr., xii, 22. |
.......Jaddus....... Ant. jud., XI, vii, 2. |
335 |
37. | » | .......Onias Ier....... fils de Jaddus. Ant. jud., XII, ii, 5. |
323 |
38. | Simon Ier Eccli., l, 1. |
.....Simon le Juste..... fils d’Onias. Ant. jud., XII, ii, 5. |
300 |
39. | » | .......Éléazar....... frère d’Onias. Ant. jud., XII, ii, 5. |
280 |
40. | » | .......Manassé....... oncle d’Éléazar. Ant. jud., XII, iv, 1. |
250 |
41. | » | .......Onias II....... fils de Simon le Juste. Ant. jud., XII, iv, 1. |
222 |
42. | » | .......Simon II....... fils d’Onias II. Ant. jud., XII, iv, 10. |
205 |
43. | Onias I Mach., xii, 7. |
.......Onias III....... fils de Simon II. Ant. jud., XII, iv, 10. |
185 |
44. | Jason II Mach., iv, 7. |
.....Jésus ou Josué..... frère d’Onias III. Ant. jud., XII, v, 1. |
174 |
45. | Ménélas II Mach., iv, 27. |
...Onias, dit Ménélas... Ant. jud., XII, v, 1. |
171 |
46. | Alcime I Mach., vii, 5. |
...Joachim, dit Alcime... Ant. jud., XII, ix, 7. |
164 |
47. | Jonathas frère de Judas Machabée. I Mach., ix, 28. |
.......Jonathas....... Ant. jud., XIII, ii, 2. |
161 |
48. | Simon frère de Jonathas. I Mach., xiv, 46. |
.......Simon....... Ant. jud., XIII, vi, 7. |
143 |
49. | Jean fils de Simon. I Mach., xvi, 23. |
.....Jean Hyrcan..... Ant. jud., XIII, viii, 1. |
135 |
50. | » | .....Aristobule Ier..... fils de Jean Hyrcan. Ant. jud., XIII, xi, 1. |
107
|
51. | » | ...Alexandre Jannée... frère d’Aristobule. Ant. jud., XIII, xii, 1. |
106 |
52. | » | .......Hyrcan II....... fils d’Alexandre. Ant. jud., XIII, xvi, 2. |
79 |
53. | » | .....Aristobule II..... frère d’Hyrcan II. Ant. jud., XIV, i, 2. |
70 |
54. | » | ..Hyrcan II (de nouveau).. Ant. jud., XIV, iv, 4. |
63 |
55. | » | .......Antigone....... frère d’Aristobule II. Ant. jud., XIV, xiv, 3. |
40 |
56. | » | .......Ananel....... Ant. jud., XV, ii, 4. |
37 |
Les quatorze premiers pontifes de cette série se rattachent, par Josédec, à Sadoc et à Aaron par Éléazar. Les neuf derniers remontent, par Mathathias, à Joarib, probablement le même que Joiarib, I Par., ix, 10, ou Jojarib, et par celui-ci à Sadoc et à Aaron.
5o D’Hérode à la ruine de Jérusalem. — Les noms des pontifes de cette dernière série sont donnés par Josèphe.
Sous Hérode | 56. | .......Ananel....... Ant. jud., XV, ii, 4. |
37 |
— | 57. | .......Aristobule III....... Ant. jud., XV, iii, 1. |
35 |
— | 57 bis. | ....Ananel (de nouveau).... Ant. jud., XV, iii, 3. |
34 |
— | 58. | ....Jésus, fils de Phabi.... Ant. jud., XV, ix, 3. |
27 |
— | 59. | ....Simon, fils de Boéthos.... Ant. jud., XV, ix, 3. |
24 |
— | 60. | ..Mathias, fils de Théophile.. Ant. jud., XVII, vi, 4. |
5 |
— | 60 bis. | ..Joseph, fils d’Ellem (?).. Ant. jud., XVII, vi, 44 (un jour). |
|
— | 61. | ..Joasar, fils de Boéthos.. Ant. jud., XVII, vi, 4. |
4 |
Sous Archélaüs | 62. | ..Éléazar, fils de Boéthos.. Ant. jud., XVII, xiii, 1. |
4 |
— | 63. | ....Jésus, flls de Séé.... Ant. jud., XVII, xiii, 1. |
2 ap. J.-C. |
— | 63 bis. | ....Joasar (de nouveau).... Ant. jud., XVIII, i, 1. |
4 |
Sous Cyrinus | 64. | ..Anne ou Hanan, fils de Seth.. Ant. jud., XVIII, ii, 2. |
6 |
Sous Valérius Gratus. | 65. | .....Ismaël, fils de Phabi..... Ant. jud., XVIII, ii, 2. |
15 |
— | 66. | .....Éléazar, fils de Hanan..... Ant. jud., XVIII, ii, 2. |
16 |
— | 67. | .....Simon, fils de Kamith..... Ant. jud., XVIII, ii, 2. |
17 |
— | 68. | ..Joseph Caïphe, gendre de Hanan.. Ant. jud., XVIII, ii, 2. |
18 |
Sous Vitellius | 69. | ....Jonathan, fils de Hanan.... Ant. jud., XVIII, iv, 3. |
36 |
— | 70. | ....Théophile, fils de Hanan.... Ant. jud., XIX, vi, 2. |
37 |
Sous Agrippa Ier | 71. | .Simon Kanthéras, fils de Boéthos. Ant. jud., XIX, vi, 2. |
41 |
— | 72. | ....Mathias, fils de Hanan.... Ant. jud., XIX, vi, 4. |
42 |
— | 73. | ..Élionaios, fils de Kanthéras.. Ant. jud., XIX, viii, 1. |
43 |
Sous Hérode de Chalcis | 74. | ....Joseph, fils de Kami.... Ant. jud., XX, i, 3. |
44 |
— | 75. | ....Ananias, fils de Nébédée.... Ant. jud., XX, v, 2. |
47 |
— | 75 bis. | .....Jonathan (de nouveau)..... Ant. jud., XX, viii, 5. |
52 |
Sous Agrippa II | 76. | .....Ismaël, fils de Phabi..... Ant. jud., XX, viii, 8. |
59 |
— | 77. | ....Joseph Kabi, fils de Simon.... Ant. jud., XX, viii, 11. |
61 |
— | 78. | ....Ananios, fils de Hanan.... Ant. jud., XX, ix, 1. |
62 |
— | 79. | .....Jésus, fils de Damnée..... Ant. jud., XX, ix, 4. |
62 |
— | 80. | ....Jésus, fils de Gamaliel.... Ant. jud., XX, ix, 4. |
63 |
— | 81. | ....Mathias, fils de Théophile.... Ant. jud., XX, ix, 7. |
65 |
Pendant la guerre | 82. | ....Phannias, fils de Samuel.... Bell. jud., IV, iii, 8. |
67 |
Josèphe ne compte que cinquante-deux grands-prêtres durant l’existence du second temple. Nous retrouvons exactement ce nombre en n’attribuant qu’un seul pontificat à Hyrcan II, Ananel et Joasar, qui sont rentrés dans leurs fonctions après un intervalle relativement court.
Les grands-prêtres Anne et Caïphe sont mentionnés dans l’Évangile. Ananias fit comparaître saint Paul devant lui. Act., xxiii, 2-5. Ananias, fils de Hanan, fit lapider saint Jacques le Mineur. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 1. Jonathan, fils de Hanan, apparaît de nouveau comme pontife après Ananias, fils de Nébédée. Peut-être rentra-t-il en charge quand Ananias fut envoyé à Rome par le légat de Syrie, Quadratus. Josèphe, Ant. jud., XX, vi, 2. Déjà une fois, il avait été question de rendre le pontificat à ce Jonathan. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, 4. En racontant la nomination par Agrippa II d’Ismaël, fils de Phabi. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8, contre son habitude, ne dit pas à qui ce pontife succéda. Le dernier pontife, Phannias, fut le triste couronnement de la série. « On fit venir une tribu de race pontificale, celle des Éniachim, pour choisir un pontife. Le sort tomba sur un homme bien propre à faire ressortir la malice des électeurs. Ce fut un nommé Phannias, fils de Samuel, du bourg d’Aphtha, non seulement indigne du pontificat, mais trop rustique pour comprendre seulement ce que c’était. On le tira malgré lui de sa campagne et on lui imposa son personnage, comme on fait au théâtre ; on lui mit les vêtements sacrés et on lui apprit ce qu’il avait à faire selon les circonstances. Une pareille infamie ne fut pour eux qu’un jeu et une plaisanterie. » Josèphe, Bell. jud., IV, iii, 8. — Voir J. Buxtorf, De pontificibus magnis Hebræorum, Bâle, 1685 ; Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1741, p. 72-87 ; E. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes, t. i, 2e édit., p. 65, 139, 179-294 ; t. iii, 1898, p. 214-224.