Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BASTIDE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 790).
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BASTIDE. f, f. Vieux terme, qui signifioit autrefois une maison. Domus, villa. Il est encore en usage en Provence, & aux pays voisins. Tout le chemin qui conduit d’Aix à Marseille est plein de bastides, ou de maisons de plaisance. La Faille, dans ses Annales de Toulouse, p. 86, dit que c’étoient des forts, & non pas simplement des maisons. Anciennement, dit il, les Sénéchaux & les Gouverneurs de Province avoient accoutumé de bâtir des forts à la campagne, & autour des villes, pour les tenir en sujétion. Ces forts s’appeloient bastides, ou bastilles. Elles sont aussi appelées Populationes, du mot latin, Populatio, ou Populatus, qui veut dire tout le contraire de ce qu’on prétendoit lui faire signifier. Comme les Sénéchaux & les Gouverneurs de ce temps là étendoient fort leur pouvoir, ils donnoient aux habitans de ces nouveaux lieux de grands avantages, pour porter les sujets du Roi à s’y aller habituer. Mais aujourd’hui on n’entend par ce mot que des maisons de campagne, ou comme dit Nostradamus, dans son Histoire de Provence, de champêtres métairies, dont ce territoire (de Marseille) est merveilleusement populeux & fertile, n’étant réputé homme de bien, celui qui n’y possède une canne de bâtiment, sur l’étendue d’un méchant arpent de vigne.

Ce mot vient de bâtir ou de bastilles.

☞ BASTIDE-S.-AMAND. Ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Castres, ainsi nommée à cause de son assiette, vis-à-vis de la ville de S.-Amand de Val Toret.

☞ BASTIDE DE SERON. Petite ville de France, dans le gouvernement de Foix, sur une éminence.