Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATHANOR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 587-588).

ATHANOR. s. m. Terme de Chimie. C’est un grand fourneau immobile fait de brique ou de terre, qui a une tour au milieu, où l’on met le charbon, qui communique sa chaleur par des canaux ou ouvertures qui sont aux côtes du foyer, à plusieurs vaisseaux voisins dans lesquels on fait différentes opérations en même temps. On en voit plusieurs constructions & figures dans la Pharmacopée de Charas.

Ce mot vient des Arabes, qui appellent tanneron un four. Les Grecs le nommoient ἀκηδὴς, qui signifie, ne donnant aucun soin. On l’a nommé aussi, Piger Henricus, parce que quand on a empli la tour de charbon, il est assez long-temps à se consumer, & il n’est pas nécessaire de renouveler l’aliment du feu. On le nomme encore fourneau Philosophique, ou fourneau des Arcanes. D’autres le dérivent du vieux mot françois atta, qui signifioit fournaise, Borelli. D’autres d’ἀθάνατος, immortel, parce que ce fourneau est le plus propre à conserver le feu, dont on a besoin pour les opérations de Chimie.

D’autres disent que ce mot est originairement hébreu שגור, tannour, un four, une fournaise. De-là il a passé dans les autres langues, & sur-tout en arabe, ou tannour signifie un four, une fournaise, & avec l’article אלשגור, altannour, qui à cause du tesdit lambdale se prononce atthanour, d’où s’est fait notre Athanor, que les Chimistes ont pris apparemment des Médecins Arabes.