Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASTROLOGUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 583-584).

☞ ASTROLOGUE. s. m. Astrologus. On nomme ainsi celui qui fait profession de l’Astrologie judiciaire, qui prétend connoître l’avenir par l’inspection, la position & l’influence des corps célestes, en dressant une figure du ciel. Le peuple confond mal-à-propos ce mot avec celui d’Astronome. Le premier s’occupe d’une science chimérique & le second d’une science très-belle & très-utile. Les anciens les confondoient souvent. Thalès & Pherecydes sont appelés Astrologues, quoiqu’ils fussent très-habiles Astronomes. Voyez Saumaise sur Solin, p. 641 & Vossius de Artibus Mathemat. Un Comique a appelé un Astrologue le truchement des étoiles. Si l’on en croit les Astrologues, le ciel est un livre où Dieu a écrit l’histoire du monde, & où un chacun peut lire sa destinée. Ce qui a maintenu si longtemps ses Astrologues en crédit, c’est qu’on oublioit aisément leurs bévues, & leurs fausses prophéties, & qu’on faisoit beaucoup valoir leurs oracles quand par hasard ils avoient dit vrai. On rapporte de Cardan, qu’ayant fixé sa mort à un certain jour, il se laissa mourir de Faim, pour confirmer la prédiction, & ne pas décrier le métier d’Astrologue. Pic de la Mirandole, Sextus ab Heminga, Alexander ab Angelis, le P. Mersenne, &c. ont fortement écrit contre les Astrologues. Ptolomée, Cardan, Jonctin, Jean de Montroyal, Argolus, Regiomontanus, ont été de grands Astrologues. Sous Tibère on fit des Edits pour chasser les Astrologues d’Italie. Tillem.

Ce mot vient du Grec ἄστρον, & λόγος.

On appele aussi Astrologues, tous les faiseurs d’Almanachs. Devins, & Charlatans qui se mêlent de prédire par le moyen des astres.

On dit proverbialement, qu’un homme n’est pas Astrologue ; pour dire, qu’il est ignorant en quelque profession que ce soit ; & ironiquement, c’est un grand Astrologue, il devine les Fêtes quand elles font venues.