Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APHRODISIES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 405).
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APHRODISIES. s. f. pl. Fêtes de Venus établies dans la plupart des villes grecques. Ἀφροδίσια. Aphrodisia. Les plus célébres se faisoient dans l’île de Chypre. Le Scholiaste de Pindare (Pyth. Od. 2) dit qu’elles y avoient été instituées par Cinyras, dans la famille duquel on choisissoit les prêtres de la Déesse qui en portoit le nom de Κινυραδαι. C’étoit durant cette fête, que l’on pouvoit se faire initier aux mystères de Vénus. Ceux que l’on y admettoit, offroient une pièce de monnoie à Vénus Courtisane, qui pour les récompenser, leur rendait une mesure de sel, & une figure impudique, appelée Phalle. S. Clément d’Alexandrie, in Protreptico. Arnobe, l. 5.

A Amathonte, ville de Chypre, on faisoit à Vénus des sacrifices solemnels, que, selon Hésychius, on appeloit Καρπώσεις, du mot Καρπός, fruit, peut-être à cause que cette Déesse présidoit à la génération.

Selon Strabon, l. 14, ces fêtes étoient célébrées par les habitans de l’ancienne & de la nouvelle Paphos, qui étoient éloignées de soixante stades.

Athénée, liv. 13, nous apprend qu’à Corinthe les honnêtes femmes & les Courtisanes célébroient séparement les aphrodisies. Erasme dans ses Adages, remarque que Corinthe abondoit en filles de joie, & que le verbe Κορινθιάζειν, signifioit proverbialement, se livrer à la débauche. Le Scholiaste d’Aristophane, ad Plutum, parle, de six fameuses courtisanes de cette ville : Laïs, Cyrènen, Leœna, Sinope, Pyrrhine & Sicyone. Vénus y avoit un temple magnifique, où l’on venoit de tous côtés apporter des offrandes.