Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APENNIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 403).
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APENNIN. s. m. Apenninus. C’est une des plus célèbres montagnes de l’Europe. On peut regarder l’apennin comme une branche des Alpes. Il s’en sépare aux confins du comté de Nice, & des terres de Gènes, traverse & partage en deux toute l’Italie jusqu’aux confins de la Basilicate, où il se divise en deux branches, qui aboutissent toutes deux à la mer Ionienne ; la branche septentrionale, en traversant les provinces de Barri & d’Otrante ; & la méridionale, en passant par la Basilicate & les deux Calabres. Dans son cours il prend différens noms en différens endroits, mais trop peu célèbres pour les rapporter ici. Strabon divise le mont Apennin en deux branches ; mais la seconde est le mont nommé vultur, qui ne s’étend pas loin. L’endroit où l’Apennin touche les Alpes maritimes est près de Savone.

En ce lieu l’Apennin au-dessus des nuages
Va porter son orgueil & braver les orages,
Elève jusqu’au Ciel le front de ses rochers ;
Voit toute l’Hespérie, & commande aux deux mers ;
De ses flancs spacieux il enfante des ondes,
Qui font au gré des Cieux les campagnes fécondes,
Qui traînent l’abondance, & qui font en tous lieux
L’ornement de la terre & le charme des yeux. Bréb .

L’Apennin n’est pas cependant si haut que les Alpes.

Jadis cette montagne alongeant ses confins
Unissoit la Sicile avecque les Latins :
Puis des flots conjurés les cruelles approches,
S’ouvrirent an passage au travers de ses roches,
Et le Sicilien détaché du Latin,
Pelore garde encor le reste d’Apennin. Brébeuf.

Isidore, Orig. Liv. 14, ch. 8. Servius sur le X Livre de l’Enéide, v. 13, & Paul Diacre, dans l’Histoire des Lombards, Liv. 2, ch. 18, tirent le nom Apennin de Alpes Pæninæ, Alpes Carthaginoises, & prétendent que ces montagnes ont été ainsi appelées, parce que c’est par-là qu’Annibal & les Carthaginois entrèrent en Italie. Mais il faut selon la remarque de Cluvier, ne connoître point l’Italie, & n’avoir point lû l’Histoire romaine, pour parler ainsi. Les Alpes carthaginoises, Pæninæ Alpes, ainsi appelées parce que ce fut par-là qu’Annibal s’ouvrit un passage en Italie, sont celles qu’on appelle aujourd’hui le Mont Saint-Bernard, comme nous l’avons dit au mot ALPES. On pourroit dériver le mot Apennin du mot celtique Pen, qui signifie le sommet d’une montagne, & qui avec l’article Ha, Π, se prononceroit Hapen, d’où se seroit fait apenninus. On trouve dans la vie de S. Calocet Alpes Tusciæ, les Alpes de Toscane, Acta SS. April. T. II, p. 526 & 527. Si la leçon est bonne, & qu’il ne faille pas dire Alpes Cottiæ, comme porte une autre vie du même Saint, il faut dire que c’est l’Apennin qu’on appelle ainsi.