Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APATHIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 402).
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APATHIE. s. f. Terme de Philosophie. Impassibilité, imperturbabilité, insensibilité morale, constance, fermeté d’ame, qui empêche qu’on ne sente les mouvemens & le tumulte des passions, état de l’ame qui n’est troublée par aucune passion. Apathia, affectuum vacatio, vacuitas. Les Stoïciens se piquoient d’une entière apathie, jusqu’à n’être point sensibles à la douleur. Ils vouloient que l’ame de leur Sage fût dans une assiette calme & paisible, & toujours au-dessus des disgraces humaines. Qui ne sait que l’apathie des Stoïciens étoit l’abolition & le retranchement de toute passion ? L’impeccance des Pélagiens est, selon Saint Jérôme, l’apathie des Stoïciens. Dans les premiers siècles de l’Eglise les Chrétiens se servirent aussi de ce mot apathie, pour exprimer le mépris des choses humaines, & la mortification parfaite des passions que l’Evangile enseigne. C’est pour cela que ce mot est très-commun chez les Spirituels d’entre les Grecs ; & S. Clément d’Alexandrie le mit fort en vogue, afin d’attirer les Philosophes qui aspiroient à cette sublime vertu. Cassien appelle l’apathie des parfaits contemplatifs, leur immobile & continuelle tranquillité. Le Quiétisme est une espèce d’apathie masquée des apparences de la dévotion.