Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALGARADE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 225).
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ALGARADE. s. f. Insultatio. Ce mot, qui ne doit être employé que dans le style simple & familier, signifioit autrefois, course imprévue sur l’ennemi : aujourd’hui il signifie seulement les injures qu’on fait à quelqu’un qu’on méprise, une insulte faite avec bravade. Il s’est absenté de cette maison, parce qu’on lui faisoit mille algarades.

Plusieurs croient que ce mot est venu d’Alger, parce que de tout temps les Algériens ont fait des invasions subites, des courses & des pillages dans le Détroit de Gibraltar, & sur les côtes de France & d’Espagne.

Covarruvias dit que ce mot signifie proprement une espèce de stratagème pour tromper l’ennemi, qui consiste à faire un grand nombre de feux, & faire plusieurs passades tout autour en jetant de grands cris, pour faire croire qu’il y a plus de gens, qu’il n’y en a en effet ; ce qui épouvante quelquefois les ennemis d’une telle façon, qu’ils délogent au plutôt. Cet Auteur croit que ce mot vient de l’italien garada, qui vient de garrire ; ce stratagème ne réussissant, comme nous avons dit, que par le grand bruit qu’on fait à l’entour de ces feux. Cette étymologie se prouve par une loi d’Espagne qui défend de vendre aux Infidèles du fer, ou du bois pour faire des Algarades aux Chrétiens. Nébrissensis explique ce mot par celui de tumulte.