Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALÉTIDES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 222).
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ALÉTIDES. s. f. pl. ou plutôt adj. employé substantivement. Fêtes & sacrifices solennels que l’on célébroit à Athènes par des chants en l’honneur d’Erigone, appelée autrement Aletis, fille d’Icare, laquelle conçut une douleur si vive de la mort de son pere, qu’elle se pendit de désespoir. Ce qui a fait donner à cette fête le nom d’ΑΙΩΡΑ, suspensio. On se balançoit, ou avec une corde attachée à un arbre, ou avec une solive. Festus fait mention de ces machines que l’on appeloit Oscilla. Erigone en mourant pria les Dieux de permettre que toutes les filles d’Athènes périssent d’une manière aussi honteuse, si leurs parens ne vengeoient la mort d’Icare. Les Athéniens ayant négligé cette vengeance, les vœux d’Erigone eurent leur effet. Car les jeunes filles d’Athènes pour la plûpart saisies d’un esprit de vertige, se donnerent la mort. Leurs parens effrayés de ces accidens, consulterent l’Oracle d’Apollon, qui leur ordonna d’instituer la fête dont je parle, pour appaiser les manes d’Icare. Hygin, Poët. Astronom. l. 2. c. 4.

Le nom de cette Fête vient du Grec ἀλάω, j’erre, parce qu’Erigone, accompagnée seulement de sa chienne, courut long-temps avant de trouver le corps de son pere.

Quelques-uns, comme Hésychius, croient que cette fête avoit été instituée en l’honneur du Roi Témale, ou d’Ægisthe & de Clytemnestre. D’autres l’attribuent à une fille de ces deux derniers, qui se joignant à son grand-pere Tyndare, alla à Athènes, pour accuser Oreste devant le tribunal de l’Aréopage ; mais ayant perdu sa cause, & s’étant pendue, les Athéniens, suivant l’Oracle, établirent cette fête à sa mémoire. Etymolog. Mag.