Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADMIRER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 115).
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ADMIRER. v. a. Considérer avec surprise ; regarder avec étonnement une chose à laquelle nous attachons des perfections. Admirari, mirari. On n’admire rien tant qu’un homme qui sait être malheureux avec courage. Racin. Les hommes vains ne songent qu’à se faire regarder, & à se faire admirer. S. Evr. Nous aimons toujours ceux qui nous admirent ; & nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons. Rochef. La seule chose qui puisse rendre l’homme heureux, c’est de n’admirer rien ; parce qu’alors on ne désire rien. Dac. Les hommes n’aiment point à vous admirer ; ils ne cherchent qu’à être applaudis eux-mêmes. La Bruy. Biens des gens admirent un faux merveilleux enveloppé d’une obscurité qu’ils respectent. Fonten. Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. Boil. Nous admirons souvent ce qui est au-dessus de nos forces, ou de nos connoissances.

On dit aussi ironiquement & en mauvaise part : Pour moi je vous admire ; pour dire, je ne comprends pas à quel point va votre foiblesse : j’en suis surpris. N’admirez-vous pas la folie des hommes ; J’admire l’avarice de cet homme qui a des richesses immenses. On le dit dans ce sens des choses dont on blâme l’excès.

Il se met aussi avec le pronom personnel. Un sot, content de ce qu’il fait, s’admire lui-même. Boil.

ADMIRÉ, ÉE. part.