Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACHETER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 84).
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ACHETER. v. Ceux qui prononcent ajetter, prononcent très-mal. Acquérir quelque chose à prix d’argent dont on convient. Emere. Voyez Achat. Il a acheté une terre, & l’a bien payée : il l’a achetée à beaux deniers comptans. Il a acheté les droits de cette succession. Il a acheté beaucoup d’étoffes à crédit. J’achèterois cela au poids de l’or, pour dire, chèrement. Il est permis par le Droit civil, d’acheter l’espérance. De Roch. Voyez ESPÉRANCE. Celui qui achete des charges publiques, se met dans une nécessité de vendre en détail ce qu’il a acquis en gros. C’est ce que disoit autrefois l’Empereur Sévère. De Roch.

Dès que l’impression fait éclore un Poëte,
Il est esclave-né de quiconque l’achete. Boil.

On dit aussi, acheter des bans ; pour dire, obtenir la dispense de les publier. Quelques-uns dérivent ce mot de acceptare, parce que le consentement de l’acheteur est ce qui rend parfait le contrat de vente. Ménage & du Cange veulent qu’il vienne de accaptare, qui se trouve dans les Capitulaires, & signifie petere & acquirere. D’autres le dérivent de l’Italien cattare & accattare. Les Picards disent encore acater.

Acheter comptant. C’est payer sur le champ en monnoie réelle les marchandises qu’on vient d’acheter.

Acheter au comptant ou pour comptant. C’est une manière de parler des Négocians, qui semble signifier qu’on devroit payer comptant ; cependant elle signifie que quand on achete de cette façon, on a quelquefois jusqu’à trois mois de terme pour payer.

Acheter à crédit ou à terme. C’est-à-dire, acheter à condition de payer dans un certain temps dont on convient.

Acheter, partie comptant, & partie à temps, ou à crédit. C’est payer une partie sur le champ, & prendre du temps pour l’autre.

Acheter à crédit pour un temps, à charge d’escompte, ou de discompte, ou à tant pour cent par mois pour le prompt payement. C’est une convention par laquelle le vendeur s’oblige de faire une diminution ou rabais sur le payement des marchandises qu’il a vendues, supposée que l’acheteur veuille les lui payer avant le temps, & cela à proportion de ce qu’il en restera à expirer, à compter du jour du payement.

Acheter à profit. C’est acheter suivant le livre journal d’achat du vendeur, à tant pour cent de bénéfice.

Acheter pour payer d’une foire à l’autre, ou pour payer de foire en foire, C’est proprement acheter à crédit pour un temps.

Acheter pour son compte : c’est acheter pour soi-même.

Acheter par commission. C’est acheter pour le compte d’autrui, moyennant un droit que l’on appelle de commission.

On dit proverbialement : qui achete ce qu’il ne peut, vend après ce qu’il ne veut ; pour dire, qu’on ne doit rien acheter au-dessus de ses forces. Et en parlant du vin : qui bon l’achete, bon le boit.

On dit familièrement, acheter tête & queue ; pour dire, acheter bien cher.

Acheter, se dit figurément en morale, pour marquer les difficultés qu’il a fallu lever, les obstacles qu’il a fallu surmonter, les peines qu’il a fallu essuyer pour obtenir une chose. Redimere carè. Il m’a fait acheter bien cher la grâce que je demandois. Carè vendidit. Prenez garde d’acheter un bien imaginaire, aux dépens d’un vrai bien. Je n’achete point si cher des espérances. Dac. Les hommes sont tellement amoureux de la liberté, qu’ils l’achètent au prix de la vie. Dur. Ce partisan enrichi par les concussions, a acheté de la naissance, & un nom. La Bruy.

ACHETÉ, ÉE. part. Emptus, a.