Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACHEMINER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 83).
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ACHEMINER. v. a. On disoit autrefois acheminer quelqu’un, le mettre dans son chemin. Aliquem in viam deducere. Aujourd’hui on ne le dit au propre qu’avec le pronom personnel. Se mettre en chemin. In viam se dare, contendere, tendere, pergere. Iter instituere, intendere. Ces voyageurs se sont enfin acheminés. Il s’achemina vers la Cappadoce. Vaug. Il s’achemina par les déserts, pour surprendre l’ennemi à l’improviste. Ablanc. Les Croisés s’acheminoient gais & gaillards à l’entreprise de la guerre sainte, comme assurés d’acquérir le paradis. Pasq.

Acheminer. v. a. se dit figurément en parlant des affaires, des entreprises, pour signifier les avancer, les mettre en bon train, en état de pouvoir réussir. Le gain d’une bataille peut acheminer la paix. Mon Avocat a bien acheminé mon affaire, il l’a mise en bon train. Perducere, procurare, administrare.

☞ Je trouve dans le grand Vocabulaire acheminer son entreprise jusqu’à la fin. Les termes d’acheminer & de fin paroissent pas faits pour aller ensemble. On achemine une affaire, une entreprise ; c’est-à-dire, qu’on la met en bon train ; on en prépare le succès ; & on la conduit jusqu’à la fin, on la finit, on la termine, mais acheminer jusqu’à la fin présente des idées non-seulement in-cohérentes, mais même qui s’excluent l’une & l’autre.

☞ Au reste, quoique le Dict. de l’Acad. ne dise rien de l’usage de ce mot, je ne crois pas qu’il puisse entrer dans le style noble.

Acheminer un cheval. Terme de Manège. Accoutumer un poulain à aller droit devant lui. Voy. Acheminé.

ACHEMINÉ, ÉE. part.

On appelle en termes de Manège, un cheval acheminé, celui qui est accoutumé à aller droit devant lui, qui connoit la bride, & répond aux éperons ; qui est dégourdi, & rompu. Aptus, idoneus. Ces mots se tirent du primitif chemin.