Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 82).

ACHE. s. f. ou bien API. s. m. Plante ombellifére dont les racines sont chevelues, fibreuses & blanchâtres ; les feuilles approchent de celles du persil ordinaire, mais sont plus amples, plus épaisses, & d’un autre vert ; les tiges sont branchues, médiocrement hautes, & portent à leurs extrémités des bouquets de fleurs disposées en parasol. Ses semences sont menues, arrondies, & cannelées sur le dos. Cette plante croît dans les marais & le long des ruisseaux ; transportée dans les jardins, d’âcre & d’amère qu’elle étoit, elle devient douce, & d’un âcre aromatique fort agréable. Le port de toute la plante change aussi par la culture ; c’est ce qui a trompé ceux qui ont cru que l’ache de marais & l’ache cultivée, étoient deux plantes différentes. On nomme en Latin l’ache de marais, ou ache simplement, Apium palustre ; & l’ache cultivée, ou api, & plus ordinairement céleri, Apium dulce, Celeri Italorum. L’ache est apéritive, diurétique, & bonne pour le scorbut. Ses deux espèces, la blanche & la jaune, dans l’extrémité de leur tige, forment un grand panache rempli de fleurs semblables à celles du lilas. Elles fleurissent dans le printemps, & sentent fort bon. La jaune a les racines rougeâtres, & en forme de glands. La blanche les a toutes blanches. Elle se plante de la profondeur de trois doigts à un demi-pied de distance. On la lève tous les trois ans pour en ôter le peuple. L’ache demande médiocrement le soleil, avec une terre grasse & humide. Quelques-uns distinguent quatre sortes d’ache. D’autres en comptent six. 1o L’ache de Macédoine, Apium Macedonicum, 2o L’ache de jardin, Apium hortense, qui est le persil ordinaire. 3o L’ache de montagne, Apium montanum. 4o L’ache de marais, Apium palustre. D’autres ajoutent, 5o l’ache de Smyrne, Apium Smyrnicum, 6o celui qu’ils appellent Hipposclinum. Les Grecs en certains jeux donnoient une couronne d’ache au vainqueur. De-là vient que sur les médailles de Néron on trouve Isthmia dans une courone d’ache. Voyez Patin, Vaillant dans ses Colonies, & M. Spanheim, p. 314, de l’édit. de Londres.

Néanmoins cette plante étoit de celles que les Anciens regardoient comme funèbres ou fatales. Ils en répandoient dans les sépulcres. De-là est venu le proverbe:Il ne lui faut plus que de l’ache, Apio eget, lorsque l’on parloit d’un malade désespéré. Dans les Jeux Néméens institués en mémoire de la mort d’Achemorus, c’étoit l’ache qui couronnoit les vainqueurs, pour conserver l’origine de cette fête lugubre. Plin. Hist. Nat. l. 19. c. 8.