Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique/Bajoyers

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BAJOYERS, ſ. f. pl. Terme d’Architecture Hydraulique. Ce ſont les aîles de Maçonnerie qui revêtiſſent la chambre d’une écluſe, fermée aux deux bouts par des portes ou des vannes qu’on léve a l’aide des cables. (Voyez Ecluſe.) Il eſt d’abord très-important que ces aîles ayent des fondemens ſolides, parce que ſi elles s’affaiſſoient elles cauſeroient un grand dérangement dans les parties de l’écluſe. Auſſi leur parement doit ſe faire de la pierre de taille la plus dure. On en choiſit pour cela deux échantillons différens : l’un pour les boutiſſes qui ne doivent point avoir moins de trois pieds de queue, & l’autre pour les pannereſſes, auxquelles on donne depuis 20 juſqu’à 24 pouces de lit : les unes & les autres ayant 12, 15 à 18 pouces de hauteur, poſées alternativement une pannereſſe & une boutiſſe (ce ſont deux ſortes de pierre.) Les plus dures de ces pierres ſe réſervent pour les encoignures & les angles, & ſur-tout pour les endroits des jambages & battées des portes.

On n’a point encore bien déterminé la maniere de bâtir les Bajoyers. La méthode la plus ſuivie, eſt de poſer leur premiere aſſiſe ſur le plancher du radier, afin de l’enclaver dans la maçonnerie. Mais M. Belidor, dont la capacité ſur ces matières eſt très-connue, a fait voir que cette méthode ne vaut rien. Il lui ſubſtitue cette regle : c’eſt de poſer ſur les traverſines une plate-forme de grandes pierres dures d’une épaiſſeur uniforme de neuf à dix pouces, les plus longues qu’on pourra trouver, ayant au moins quatre pieds de largeur, qui eſt la dimenſion que preſcrit M. Belidor à cette plate-forme, afin qu’elle réponde à la longueur des boutiſſes. Il faut voir dans ſon Architecture hydraulique, tom. i. de la II. part. liv. i. ch. ii. toutes les vûes de cet habile homme, & tous les détails utiles dans leſquels il entre pour la conſtruction des Bajoyers. Afin de donner une idée de ſa maniere d’inſtruire, nous allons tranſcrire les regles qu’il preſcrit pour bien conſtruire le maſſif de ces aîles d’une écluſe ; ce que nous pouvons faire ſans figures. Et quelque court que ſoit, malgré cela, cet article, nous le croirons aſſez important, ſi nous avons fait ſentir la conſéquence de la conſtruction d’un bon Bajoyer, & combien méritent de conſidération les avis de M. Belidor. Nous terminerons donc cet article par ſes conſeils ſur la conſtruction des maſſifs, en avertiſſant auparavant que c’eſt dans les Bajoyers qu’on pratique des pertuis pour communiquer l’eau d’une écluſe des deux côtés, ſans être obligé d’ouvrir les portes. « A meſure que l’on éleve chaque aſſiſe de parement, il faut, (dit M. Belidor) bien garnir le derriere en maçonnerie de brique, toujours avec mortier de ciment, ſur l’épaiſſeur d’environ trois pieds ; le reſte peut ſe faire de moilon, de même que les maſſifs des contre-forts ; cette maçonnerie bien liée avec celle de la brique, dont on pourra encore, pour plus de ſolidité, faire des chaînes par intervalle dans toute l’étendue de l’ouvrage ; mais il en faut néceſſairement derrière le parement, pour empêcher que par la ſuite l’eau de la retenue ne pénetre dans l’épaiſſeur du mur, quand les joints viendront à ſe dégrader. » (Arch. Hydr. vol. i. de la ſeconde partie, pag. 215.)

Bajoyers. Terme des Ponts & Chauſſées. Ce ſont les bords d’une riviere près les culées d’un pont.