Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Malesherbes (boulevart de)


Malesherbes (boulevart de).

Commence à la place de la Madeleine ; finit aux rues de Surêne et de la Madeleine. Pas de numéro impair ; un seul pair qui est 2. Sa longueur est de 100 m. — 1er arrondissement, quartiers du Roule et de la Place-Vendôme.

Dès le 19 pluviôse an VIII, Lucien Bonaparte, ministre de l’intérieur, approuva le projet de formation d’un boulevart, depuis la place de la Madeleine jusqu’à la barrière de Monceau. — Un décret impérial rendu à Saint-Cloud, le 10 septembre 1808, porte : « Art. 4e. Il sera établi un boulevart se dirigeant vers Monceau à angle correspondant au boulevart actuel dit de la Madeleine, etc. » En vertu d’une décision ministérielle de l’année 1819, ce nouveau boulevart, lors de son exécution, devait prendre le nom de boulevart de Malesherbes. — L’article 1er d’une ordonnance royale du 22 juin 1824, est ainsi conçu : « Sont approuvés les alignements tracés par les lignes noires sur le plan ci-joint dont les dispositions consistent… : 4o à former jusqu’à la rencontre de la rue d’Anjou un boulevart, sous la dénomination de boulevart Malesherbes, à angle correspondant au boulevart de la Madeleine, et sur une largeur de 43 m. pareille à celle de ce dernier boulevart. » L’ordonnance royale en date du 2 février 1826, qui autorisa MM. Hagerman et Mignon à ouvrir plusieurs rues sur leurs terrains (voyez rue d’Amsterdam), imposa à ces propriétaires l’obligation suivante : « de céder gratuitement le terrain indiqué au plan comme devant servir à la formation du prolongement du boulevart projeté depuis la place de la Madeleine jusqu’à la barrière de Monceau. » — La portion qui devait être concédée par MM. Hagerman et Mignon aurait servi à prolonger le boulevart, depuis la rue de la Bienfaisance jusqu’à la barrière. — Une ordonnance royale du 27 septembre de la même année déclara d’utilité publique l’exécution des dispositions consacrées par l’ordonnance du 2 juin 1824. Enfin, une ordonnance royale du 2 septembre 1829, vint encore modifier le projet primitif ; elle porte : « Vu la proposition faite par le conseil municipal, dans ses délibérations des 13 février et 24 avril 1829, tendant à limiter à la rue de la Madeleine le nouveau boulevart Malesherbes, qui devait s’étendre jusqu’à la rue d’Anjou, etc… Art. 1er. Le plan d’alignement des abords de la Madeleine à Paris, arrêté par notre ordonnance royale du 2 juin 1824, est rectifié en ce qui concerne le nouveau boulevart Malesherbes et la rue Chauveau-Lagarde, conformément au plan ci-annexé. » — C’est ainsi que de restriction en restriction, un projet grandiose, dont l’exécution aurait été peu onéreuse, alors que la ligne de ce magnifique boulevart ne traversait que des terrains non bâtis, a été complètement défiguré et n’a produit qu’une espèce d’impasse, aussi désagréable à l’œil que peu en harmonie avec le superbe monument de la Madeleine. — Le côté droit de ce boulevart est seul exécuté. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, né à Paris, le 16 décembre 1721, fut d’abord substitut du procureur général, puis conseiller au parlement de Paris, enfin premier président de la Cour-des-Aides en 1750. Il fut au nombre des trois défenseurs qui s’efforcèrent, mais en vain, de sauver l’infortuné Louis XVI. Traduit au tribunal révolutionnaire, avec sa fille et sa petite-fille, tous trois furent condamnés à mort ; un seul jour devait dévorer trois générations. En sortant de la Conciergerie pour monter sur la fatale charrette, Malesherbes heurta du pied le seuil très élevé d’une porte, et faillit tomber. — « Oh ! oh ! s’écria-t-il en souriant, voilà ce qu’on peut appeler un funeste présage. Un romain à ma place serait rentré chez lui. » Une demi-heure après l’auguste vieillard avait cessé de vivre.