Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre XXXIII

Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 269-272).

CHAPITRE XXXIII
RÈGLES CONCERNANT LES PROHIBITIONS PENDANT CERTAINES TITHIS. ASTÉRISMES SIDÉRAUX LUNAIRES ET JOURS

Pendant la septième Tithi, on ne doit pas toucher d’huile, porter des vêtements noirs, se laver avec les fruits de l’Emblic myrobolan, se quereller ou manger sa nourriture dans des vases de cuivre.

Pendant les Tithis joyeuses (telles que la première, la sixième et la onzième), on ne doit pas s’oindre d’huile.

Pendant les mauvaises Tithis (la quatrième, la neuvième et la quatorzième) on ne doit pas se raser les cheveux.

Pendant les Tithis victorieuses (la troisième, la huitième et la treizième), les Shudras et autres basses castes ne doivent pas manger de viande.

Pendant les Tithis pleines (la cinquième, la dixième et la quinzième de Pleine Lune), on doit s’abstenir de rapports sexuels.

Les dimanches il faut éviter de s’oindre d’huile.

Les mardis il ne faut pas se raser les cheveux.

Le mercredi on doit s’abstenir de relations sexuelles.

Pendant les astérismes sidéraux lunaires de Ćitra, Hasta et Shravana on doit éviter l’huile ; pendant ceux de Vishākhā, comme aussi pendant la première Tithi des deux demi-mois, on ne doit pas se raser la figure. Dans ceux de Magha, Kṛittikā, Uttarāphalguni, Uttarāshādhā et Uttarābhādrapada, on doit s’abstenir de relations sexuelles.

Pendant la septième Tithi, on ne doit pas manger de sésame, ni faire de libations avec de l’eau mélangée de sésame.

Pendant la huitième Tithi, on ne doit pas manger de noix de coco. Pendant la neuvième Tithi, ou ne doit pas manger de courges. Pendant la dixième Tithi, on ne doit pas manger de concombres Patol. Pendant la onzième Tithi, on ne doit pas manger la plante légumineuse Phaseolus Radiatus.

Pendant la douzième Tithi, on ne doit pas manger de lentilles, pois chiches.

Pendant la treizième Tithi, on ne doit pas manger du légume Solanum Melongane.

Celui qui emploie l’huile, a des relations avec une femme, ou mange de la viande pendant les Dates de la pleine lune et de la nouvelle lune, pendant le jour d’une conjonction solaire et pendant la quatorzième et huitième Tithi, renaîtra dans la matrice d’une femme de basse caste.

Pendant les Dates de la pleine lune et de la nouvelle lune, pendant le jour d’une conjonction solaire et celui d’un rite de repas aux brahmanes en l’honneur des ancêtres morts, on ne doit pas tordre ses habits (après le bain). Pendant la nuit, on ne doit pas porter de la terre, de la fiente de vache ou de l’eau. Pendant le crépuscule du soir ou ne doit pas porter de l’urine de vache.

Pendant la Date de la nouvelle lune et les autres dates de changement de lune, on doit absolument faire des offrandes de sésame et accomplir le rite de donation pour son propre salut. À ces dates, on ne doit pas étudier (les Védas), mais on doit accomplir le rite de purification[1], la cérémonie du buvotage[2] et le rite Brahmāćārya[3].

Pendant la première Tithi, pendant la Date de la nouvelle lune, à la sixième et à la neuvième Tithi, pendant le jour d’un rite de repas aux brahmanes en l’honneur des ancêtres décédés, pendant son propre jour de naissance, pendant les jours de sacrifices, de jeûne, les dimanches et au temps de bain de midi, on ne doit pas nettoyer ses dents avec une brindille ; (voir note 86).

Pendant les jours où l’on ne peut pas avoir de brindilles, ou pendant les jours où il est défendu de se nettoyer les dents avec une brindille, on doit se laver la bouche avec douze gorgées d’eau ou avec des feuilles d’arbre.

Ces prohibitions ne concernent que le temps de la Tithi ou de la conjonction sidérale lunaire, ou les jours pendant lesquels quelque chose est défendu.

Tel est le trente-troisième chapitre de l’Océan des rites religieux, liste de prohibition, concernant certaines Tithi, la conjonction sidérale lunaire, etc.


Ce n’est pas pour les savants, les sages, les industrieux, qui sont versés dans le Mimānsa[4] et le Dharmashāstra[5], et peuvent par leur connaissance des anciens auteurs accomplir leurs devoirs (religieux), que j’ai écrit ce livre facile, appelé le Dharmasindhu, mais plutôt pour les simples, les paresseux, les ignorants, qui cependant, désirent connaitre les règles de (leur propre) religion.

Puisse le grand Viṭṭhala (voir note 1), qui est si l)on pour le fidèle, être satisfait de mon ouvrage.

Ceux qui veulent connaître et étudier les textes originaux employés ici doivent lire le Kaustubha, le Nirnayasindhu, les livres du grand Mādhava et autres.

Quoiqu’il puisse y avoir des fautes de grammaire ou autres dans cet ouvrage, il est cependant digne d’être reçu avec bonté et examiné par les savants, car Vishnu lui même, n’a-t il pas accepté la poignée de riz du pauvre brâhmane Sudāma, bien qu’elle fût mélangée de balle[6].

Ceci est la fin de la première partie du livre appelé Océan des Rites religieux écrit (par moi), le prêtre Kāshinātha et le fils du prêtre Ananta (voir note 15).

Puisse-t-il être comme un holocauste au Grand Rāma !
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.
  1. Ce rite consiste à s’éloigner d’au moins un mille de sa maison pour ses évacuations. Il faut se placer près d’un arbre et sur de l’herbe sèche. En rentrant on doit se frotter le corps avec de la terre et se baigner.
  2. La cérémonie du buvotage consiste à buvoter de l’eau avec des incantations en l’honneur des dieux, des ancêtres décédés, des anciens sages, etc.
  3. Le rite de Brahmacharya consiste à s’abstenir de relations sexuelles.
  4. Mimānsa est une des grandes divisions de la philosophie Indoue. Elle se divise en deux sections : Purva Mimânsa et Uttara Mimânsa. Notre texte s’applique à la première section Purva-Mimânsa qui est plutôt une interprétation du rituel védique qu’un ouvrage philosophique.
  5. Sous ce nom sont compris tous les livres qui traitent de la loi et des coutumes indoues.
  6. Ceci se rapporte à une anecdote racontée dans le Mahabhārata : Un pauvre brâhmane qui était venu trouver Krishna à Dvārakā pour lui demander la richesse et le bonheur obtint ce qu’il désirait quoiqu’il n’eût apporté pour se rendre favorable à Vischnu incarné qu’une poignée de riz grossier mêlé de balle.