Des Humeurs (trad. Littré)/Argument

Argument du livre Des Humeurs
Traduction par Émile Littré.
(p. 470-474).

ΠΕΡΙ ΧΥΜΩΝ.

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DES HUMEURS.


ARGUMENT.

Je donnerais volontiers à l’opuscule Sur les humeurs le nom de huitième livre des Épidémies ; non pas que cet opuscule renferme des cas particuliers (à peine quelques malades y sont-ils indiqués) ; mais il offre une série de remarques détachées qui ont de grands rapports avec les notes consignées dans plusieurs des livres des Épidémies. Ces remarques, réduites souvent à une brièveté excessive, appartiennent toutes à la doctrine hippocratique, c’est-à-dire à la doctrine de la crâse, des crises et des mouvements humoraux, et aussi à l’observation attentive des influences qui agissent sur l’organisme vivant ; double point sur lequel j’ai appelé l’attention t. IV, p. 660 et suivantes.

« Il faut considérer, dit l’auteur du livre Des humeurs, § 14, en quelle disposition sont les corps au moment où les saisons les reçoivent. » Cette proposition est importante dans la pathologie ; il résulte de l’action antécédente d’une saison un certain état qui se prolonge dans la saison suivante et qui influe sur les manifestations morbides. C’est une sorte de disposition latente, créée par une cause qui a agi avec force et durée. Ce point a été très-bien mis en lumière par M. Fuster : « Les affections des saisons, dit-il, se compliquent de plusieurs manières, au commencement et à la fin de leur évolution. Ces complications se forment par la pénétration réciproque des affections contiguës. Au commencement, elles reçoivent en combinaison les affections précédentes ; au terme de leur course, elles se combinent elles-mêmes avec les affections sion et l’effet. La durée de cette période diffère selon une foule de circonstances, en tête desquelles il faut placer la nature même de la cause pathogénétique. Ainsi, tandis que la durée de l’état de latence ne dépasse pas, en général, un petit nombre de jours dans la variole ou la siphilis, on voit, au contraire, cette période se prolonger au delà de plusieurs mois, et je dirai même au delà d’une année pour le bouton d’Alep et les maladies de marais.

« La fièvre typhoïde, dont l’étiologie est encore entourée de tant de ténèbres, possède-t-elle aussi sa période de latence ? on serait fortement tenté de le croire, si l’on considère qu’elle se rencontre dans les localités habituellement et actuellement exemptes de cette maladie, chez des individus qui souvent ont quitté depuis plusieurs mois un foyer de fièvres typhoïdes. Ainsi, un régiment vient-il à quitter une garnison de France sujette à l’entérite folliculeuse pour se rendre à Alger, on voit alors ordinairement cette maladie se développer chez un certain nombre d’individus pendant la traversée ; d’autres n’en sont atteints qu’à leur débarquement, ou quelques semaines, rarement quelques mois plus tard ; enfin, la constitution typhoïde, de plus en plus masquée, puis débordée par l’influence paludéenne, finit par s’éteindre complètement, à tel point qu’il n’existe peut-être pas un seul exemple de fièvre typhoïde chez un individu ayant habité, sans interruption et pendant un an, le littoral marécageux du nord de l’Afrique. En un mot, de même que les régiments venant de la partie fiévreuse conservent en France, pendant un temps plus ou moins long, la constitution médicale de leur séjour antérieur, de même aussi, les régiments quittant la France restent en Afrique, et pendant un temps d’une durée variable, sous l’influence de la constitution qui dominait au point de leur départ…

« Un régiment arrive-t-il, au contraire, du littoral africain à Marseille, où les maladies de poitrine et l’entérite folliculeuse constituent les maladies dominantes de la garnison, loin de produire immédiatement ces formes nosologiques, aux questions du médecin (Essai de géographie médicale, Paris, 1843, p. 59). »

La modification produite par la saison antécédente et la modification produite par le séjour antérieur sont deux éléments considérables dans la pathologie.


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BIBLIOGRAPHIE.


MANUSCRITS.

2253=A, 2255=E, 2144=F, 2141=G, 2142=H, 2140=I, 2143=J, 2145=K, Cod. Serv.=L, Imp. Corn. (dans Mack)=K′, Imp. Samb. (dans Mack)=P′, Cod. Fevr.=Q′.

ÉDITIONS, TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES.

Nic. Vigoræi, Melodunensis, in Hippocratis De humoribus librum et in eum Galeni commentarii interpretatio, Lutetiæ, Mich. Vascosan, in-4o 1555.

Claudii Galeni commentaria in secundam et sextum Hippocratis librum De vulgaribus morbis, in libros De humoribus, De alimento, etc., latine expressa per J. B. Rasaiuum, Cæsareæ Augustæ, in-4o, 1567.

In Hippocratis magni librum De humoribus purgandis et in libros tres De acutorum diæta Ludovici Dureti commentarii. Adjecta est ad calcem accurata constitutionis primæ libri secundi Epidemiorum ejusdem auctoris interpretatio, Petro Girardeto editore, Parisiis, in-8o, 1631. — Item recensuit, paraphrasin, notas, præfationem et indicem novum adjecit Just. God. Günz, Lips. 1745, in-8o.