De la mort des persécuteurs de l’Église/Traité/49
XLIX.
Licinius poursuivant sa victoire, Maximin se sauva dans les détroits du mont Taurus, et s’y retrancha pour fermer le passage aux ennemis. Mais ceux-ci, toujours victorieux, forcèrent ses retranchements et le contraignirent de se retirer à Tarse. Là, se voyant assiégé par mer et par terre, sans espérance de secours, accablé d’inquiétudes, troublé par la crainte, il regarda la mort comme le seul remède aux maux que la colère divine faisait tomber sur lui. Après avoir bu et mangé avec excès, à l’exemple de ceux qui veulent jouir de la vie pour la dernière fois, il avala une potion mortelle. L’estomac étant plein, la force du poison fut amortie ; il produisit une espèce de peste, afin que la prolongation de la vie de ce malheureux ne servit qu’à celle de ses douleurs. Cependant le poison, par son activité, commença à lui brûler les entrailles avec des angoisses qui le rendaient furieux ; en sorte que durant quatre jours il ramassait de la terre avec ses mains pour la manger. Dans les mouvements convulsifs qui l’agitaient, il battait la tête avec tant de violence que ses yeux sortirent de leur place. Devenu aveugle, il lui sembla que Dieu, accompagné de ses anges, le jugeait. Il s’écriait, comme ceux qui sont au milieu des tourments, que ce n’était pas lui qui était coupable, et qu’on devait s’en prendre aux autres. Ensuite il avouait ses crimes et priait Jésus-Christ avec larmes d’avoir pitié de lui. Ce fut par cet épouvantable genre de mort qu’il termina sa vie, au milieu des hurlements horribles qu’il poussait, comme si on l’avait brûlé.