De la mort des persécuteurs de l’Église/Traité/40

Traduction par Abbé Godescard.
Chanoine de Ram (p. 31-32).

XL.

Il y avait une femme de qualité, assez avancée en âge, que Valérie aimait comme une autre mère. Maximin la soupçonnait d’être cause du refus de Valérie. Il chargea le président Eratineus de la faire mourir honteusement. À cette femme on en joignit deux autres également d’une naissance distinguée. La première, attachée secrètement à l’impératrice, avait laissé à Rome une de ses filles de chambre parmi les Vestales ; l’autre, non moins dans l’intimité de Valérie, avait épousé un sénateur. La beauté et la pudeur de ces deux femmes causèrent leur perte. On les traîne, non devant des juges, mais devant des assassins. On suborne un scélérat, juif de naissance, que l’on engage, en lui promettant grâce pour ses forfaits précédents, à déposer contre ces femmes. Le juge, connu pour ce qu’il était, craint d’être lapidé s’il instruit le procès dans la ville : il en sort accompagné de gens armés. Cette scène se passait à Nicée… Enfin on condamne ces femmes malgré leur innocence. Non-seulement le mari qui assistait sa vertueuse épouse, mais encore tous ceux qu’avait attirés la nouveauté de cette injustice fondaient en larmes. De peur que le peuple n’arrachat ces victimes infortunées des mains de leurs bourreaux, on les fit conduire au supplice par une garde armée. La frayeur ayant fait fuir leurs domestiques, elles auraient manqué de sépulture si des amies n’avaient secrètement pris soin de leurs funérailles. Le misérable juif, qui s’était dit complice de l’adultère, ne jouit pas de l’impunité promise ; il fut attaché à un gibet, où il découvrit le mystère d’iniquité ; et étant sur le point de rendre le dernier soupir, il déclara qu’on avait fait périr des innocentes.